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Hommage à Albert BALAGUE 19 avril, 2008

Posté par hiram3330 dans : Chaine d'union,Contribution,Recherches & Reflexions , trackback


Extrait de : Le Triangle n°7

 

du Cercle Mémoire et Vigilance (cmv.emedina.org)

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BIOGRAPHIE D’ALBERT BALAGUE

Albert BALAGUÉ est né le 19 Septembre 1919 à Barcelone, dans une famille de Libres Penseurs. Son père était l’un des dirigeants des « Jeunesses Radicales » de Barcelone, surnommées « Les révolutionnaires » ou « Les jeunes barbares » par la réaction catalane. Son grand-père maternel, Martin Marti, ainsi que ses deux fils, Manuel et Jaime, étaient communistes libertaires. Son oncle Manuel était connu dans le mouvement anarchiste sous le pseudonyme de « Ascaso ». Ayant participé à un attentat contre le roi Alphonse XIII en 1929, Ascaso dut se réfugier en France.

A 15 ans, Albert Balagué commence à militer dans les « Jeunesses Libertaires » de Barcelone.

En avril 1931, le grand-père d’Albert fut l’un de ceux qui, les premiers, hissèrent le drapeau de la toute jeune République sur le balcon de l’Hôtel de ville de Barcelone. Le grand-père d’Albert fut assassiné sur un lit d’hôpital par la police politique de Franco, le 23 Mars 1939.

En Juillet 1936, Albert Balagué, âgé de 17 ans, prend part avec ses oncles aux premiers combats contre la rébellion fasciste, notamment place de Catalogne, ainsi que dans l’assaut contre la caserne Atarazanas, assaut au cours duquel son oncle Ascaso trouva la mort, à l’âge de 35 ans. L’ancienne caserne Atarazanas abrite l’actuel musée de la marine. Ascaso était très lié à Buenaventura DURRUTI, un autre leader anarchiste catalan. Léo CAMPION les avait hébergés à Bruxelles au début des années trente, alors qu’ils étaient en fuite et recherchés par la plupart des polices européennes.

Ascaso repose au cimetière de Montjuic, à côté de Francisco FERRER et de B. Durruti.

Ferrer était un pédagogue libre penseur, créateur de « l’Ecole Moderne » que la réaction cléricale surnomma « l’école sans Dieu ». Il fut fusillé en 1909.

B. Durruti était à la tête de la colonne de miliciens anarchistes qui participa aux actions de choc les plus critiques et se rendit célèbre sous le nom de « colonne de fer », puis de « colonne Durruti ». Il fut tué en 1936, au cours des combats visant à défendre Madrid.

Dans son livre Le drapeau noir, l’équerre et le compas, Léo Campion nous explique que dans le cimetière de Montjuic, les tombes d’Ascaso, de Durriti et de Ferrer sont dénuées de toute inscription, le quartier général de Franco ayant fait effacer en 1939 toute trace permettant de les identifier.

Fin Août 1936, au sein de la « colonne Liberté », Albert Balagué combat à Talavera de la Reina pour empêcher les fascistes d’avancer vers Madrid. Blessé à la jambe droite, il fut évacué sur l’hôpital des Brigades Internationales de Tarazona de la Mancha , dans la province d’Albacete. Au Quartier Général des Brigades Internationales, il eut le plaisir et la chance d’y connaître des hommes comme André MARTY et André MALRAUX.

André Marty et André Malraux se prirent de sympathie pour lui, car c’était alors le plus jeune blessé de l’hôpital. C’est ainsi qu’il passa sa convalescence au camp d’aviation commandé par André Malraux, où il connut aussi Corniglion MOLINIER, plus tard grand résistant, député RPF et Secrétaire d’Etat à la défense sous De Gaulle.

En décembre 1936, lors de la première offensive sur Madrid, Albert demanda son incorporation dans les Brigades Internationales qui comptaient déjà pas mal d’Espagnols. Il fut incorporé dans la 13 e B.I. DONMROWSKY, composée essentiellement de Polonais, de Hongrois et de Juifs. Avec elle, il défendit Madrid dans les batailles de Guadalajara, Brunete et Teruel, ainsi que dans l’offensive sur l’Ebre, au cours de laquelle il fut de nouveau blessé.

Après la chute de Barcelone, il passa la frontière le 21 Février 1939 et se retrouva au camp d’Argelès, en Roussillon. Quand éclata la seconde guerre mondiale, Albert fit partie des milliers de jeunes Républicains Espagnols qui s’engagèrent dans la Légion Etrangère afin de continuer la lutte contre la fascisme. Persuadés que la défaite de l’Allemagne permettrait ensuite, avec l’aide des alliés, de restaurer la légalité républicaine en Espagne, ils firent la guerre avec enthousiasme et efficacité, grâce à leur expérience de quatre années de combats. Ils étaient motivés et se voyaient rapidement à Berlin.

Dans une citation datée du 8 Septembre 1941, le Général HUNTZIGER proclame à propos du 11 e Régiment Etranger d’Infanterie, qui comptait environ 68 % de républicains espagnols : « Régiment d’élite qui ne s’est jamais laissé entamer par l’ennemi. Le 27 Mai 1940 aux Bourgs d’INOR et de NEUDANT, a, au prix de lourdes pertes allant jusqu’à 50 % de l’effectif de certaines Compagnies, mais en infligeant de plus lourdes pertes encore à l’ennemi, brisé deux très violentes attaques et maintenu intégralement ses positions. Au cours de la retraite ordonnée à partir du 10 Juin, a mené de très durs combats retardataires à UNGY S/MEUSE puis à St. GERMAIN S/MEUSE. Le 22 Juin, bien qu’ayant perdu les trois quarts de ses effectifs, formait encore une unité cohérente et prête au combat ».

L’ampliation officielle de ladite citation précise qu’Albert Balagué a appartenu au 11 e Régiment Etranger d’Infanterie pendant la période envisagée.

Albert est capturé par les Allemands près de Verdun. Il s’évade.

Il est repris près de Nancy et envoyé au Stalag XVII B.

Il y entreprend des sabotages, ce qui lui vaut d’être déporté au camp de concentration de MUTHAUSEN le 28 Novembre 1941. Il avait alors 22 ans. Il n’en sortira que lors de la libération du camp par les américains, le 5 Mai 1945. Albert portait à Mauthausen le matricule 4504.

A Mauthausen, Albert fait la connaissance, entre autres, du Révérend Père RIQUET.

Dans son livre L’histoire de Mauthausen, José Borras raconte, à la page 299 :

« Chaque matin avant l’appel, il y avait distribution générale de coups de nerf de bœuf ou de câble torsadé pour chaque lit mal fait. L’interprète (J. Borras) obtint du chef de baraque de pouvoir faire l’inspection des lits pour éviter des désagréments aux copains. Il remarqua durant quelques jours un lit non fait, qu’il refaisait complètement. A la recherche de l’intéressé, il tomba sur un jeune, malade et affaibli au point de ressembler à une loque humaine, qui lui répondit qu’il s’en moquait car il allait crever. Il contacta Termens, le « médico » espagnol, lequel trouva dans Le jeune Santisteban celui qui offrit son sang plusieurs fois. Avec le supplément de nourriture reçu du chef de baraque et les transfusions intraveineuses, faites directement à la seringue de bras à bras sansconnaître le groupe sanguin, Albert Balagué fut sauvé »..

A la libération, Albert vient à Nîmes, où des cousins de sa mère possédaient un grand jardin route de Générac.

C’est à Nîmes, dans le monde des anciens déportés qu’il rencontre Pierre GANOEL, rescapé de Buchenwald, qui l’aida beaucoup par la suite.

Il rencontra aussi Edmond BRUNE et Roger VOLPELLIERE, avec lequel il partagea une amitié plus que fraternelle.

Données recueillies par J. A. Martin / Octobre 1997

Bibliographie

- Hispania .- Bulletin de la FEDIP. 27, Rue de Saint Pétersbourg. 75008 Paris.

- Fréderic Rossif et Madeleine Chapsal.- Mourir à Madrid. Editions Marabout Université.

- José Borras : L’histoire de Mauthausen.

- Christian Bernadac : Déportation (4 tomes plus un volume d’illustrations etdocuments. Le Tome 3 est exclusivement consacrés à Mauthausen et seskommandos). Editions France Empire.

- Louis Stein : Par delà l’exil et la mort. Editions Mazarine.

- Stanley G. Payne : Histoire du fascisme espagnol. Stanford University Press.

- Leo Campion : Le drapeau noir, l’équerre et le compas. Edition Alternative Libertaire.

- José Peirats : Dictionnaire de l’anarchisme. Editions Dopesa, Barcelone.

Albert, mon ami,

par Françoise Flaisler

J’ai perdu un ami auquel je tenais énormément : il s’agit d’Albert Balagué. Je ne l’ai connu que tardivement, alors qu’il était déjà souffrant, mais une affection réelle nous a liés dès le départ. Nous avions en commun des valeurs. J’étais d’origine juive, ma famille comptait des déportés. Albert était un tsadik : un juste, et il rayonnait de bonté. Il était du côté de tous les opprimés, du côté de tous ceux qui souffrent, d’où qu’ils viennent. Il est un exemple pour tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, ou de le connaître mieux. Il a accompli des exploits, sans jamais s’en vanter. Il ne parlait qu’avec des mots simples, sans jamais vouloir briller, sans paroles superflues. Depuis l’âge de 15 ans, jusqu’à 80, il a combattu contre l’injustice avec tous les moyens à sa disposition. Même âgé, il militait pour ses idées. Il m’a convaincue de la nécessité de poursuivre l’œuvre de la transmission. Il fallait que des plus jeunes prennent la relève pour transmettre ses idées d’universalité. Il en aura donné envie à beaucoup. Et c’est pourquoi je suis attentive au Cercle Mémoire et Vigilance, dont il m’a tant parlé, et qui a été si présent lors de son inhumation tout à l’heure.

J’ai perdu un père, un ami, un frère. Qu’il repose en paix, au paradis des Justes.

Octobre 2000

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Commentaires»

  1. Mon oncle Albert quelqun de merveilleux avec qui j’ai de très bon souvenir à mon oncle

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