Loges de recherche … 12 février, 2009
Posté par hiram3330 dans : Chaine d'union,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire
Loges de recherche ...
trouvées par la R:. L:. Mare Nostrum
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R:. L:. Mare Nostrum
n°1306 GLDF
à l’Or:. d’Arles
Juste et Bon 9 février, 2009
Posté par hiram3330 dans : Digression , ajouter un commentaire
« Ne vous laissez pas impressionner par le poids des traditions, même honorées en de nombreux lieux et par plusieurs générations.
Ne croyez pas quelque chose parce que beaucoup de gens en parlent.
Ne vous en remettez pas à l’autorité des sages d’autrefois.
N’accordez pas foi à votre imagination en croyant qu’un Dieu vous a inspiré.
Ne croyez rien qui dépende uniquement de votre maître ou des prêtres.
Ne croyez, après examen, que ce que vous avez vous-même mis à l’épreuve et avez trouvé juste et bon ».
BOUDDHA
Protégé : Sacré rituel – 1° - 8 février, 2009
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.Protégé : L’acacia m’est connu – 3° - 7 février, 2009
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.L’Exclamation Ecossaise
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Humour , ajouter un commentaireL’Exclamation Ecossaise
Vénérable Maître et vous tous mes frères en vos grades et qualités
Ce soir je vais vous parler de l’histoire véridique, et authentique de l’exclamation écossaise
Ceci se passe en 1716 ( bien avant Ménilmontant ) dans le comtat Venaissin et particulièrement Avignon, qui fut (vous le savez) jusqu’en 1792 enclave papale, donc hors du territoire national français.
Les Ecossais, les vrais écossais, (eh oui ! avec kilt, calot, et tout et tout le reste) venaient d’arriver dans la bonne ville d’Avignon en compagnie du prétendant au trône des Stuart. C’était la bonne et vieille garde Ecossaise comme chacun sait.
Il furent chargés de garder le pont d’Avignon (vous savez ! celui à qui il manque des arches ! ). A cette époque le pont était entier
Les péages existaient déjà, ce qui est peut être inutile de rappeler, mais un rappel historique est souvent nécessaire car il n’y a rien de nouveau sous le soleil comme le dit l’ecclésiaste qui n’était pas écossais lui!
Il fallait payer son écot (sa cote part) pour aller d’Avignon en France et inversement (traverser le Rhône vers Villeneuve LEZ Avignon).
Arrive un de ces anciens bateliers du Rhône comme on en rencontrait autrefois, le garde Ecossais lui demande oseille, oseille, oseille .(oseille écrit en très vieil écossais ozaï..) ( il lui répète trois fois car l’homme était un peu sourd de l’oreille il compris d’ailleurs oreille ! oreille
Il faut ici ajouter une précision importante, ce mot oseille en français, désignait aussi bien une plante bonne à faire la soupe ( d’où l’écot, exigé lors des agapes ), mais aussi populairement une tromperie ( expression : « il veut nous la faire à l’oseille » ce qui n’a rien à voir avec la soupe )
Ajoutons que dans la vieille, très, très vieille langue écossais, mais alors très très vieille ! il traduisait surtout une exclamation de la part de ceux qui n’avaient pas un radis. ( ce n’était pas une acclamation ! parole d’écossais dur du radis)
Ce terme traduit d’ailleurs ( et d’ici) plusieurs choses ; la plante connue pour sa racine que l’on mange crue ( ce qui n’a rien à voir avec celle du Rhône) en langue d’Occitanie ( libre) c’était des rameaux entrelacés dans une claie pour abriter des vaches, et en vieil écossais pauvre « ne pas avoir de pécule » ( en un mot sans cela c’est une autre expression); Et chacun connaît le coté un peu thésauriseur et pingre des écossais d’Ecosse!
Cela dit le vieux batelier du Rhône un peu sourd, jetant son chapeau en l’air et tapant du pied lui répondit ( c’est ce con rapporte ) : « A bas la cagnotte ! sans peur vivra »,( peut être « sans père vivant » ou « sapeur vivra »on ne sait plus) ce qui fut traduit en vieil écossais par : « à bas la calotte semper vivat » car le garde avait vu le chapeau à bas.
Il faut ajouter qu’en langue d’Oc le mot calota désigne aussi bien le béguin qui fut autrefois une petite coiffe s’attachant sous le menton par une bride ( d’où l’expression la bride sous le cou), c’est aussi une passion amoureuse, ainsi qu’un terme (qui n’est pas une fin en soi) désignant le prépuce,( ce qui la met en relation avec la circoncision ) mais c’est aussi un groupe de personnes formant une sorte de clan, ou de club comme on en rencontre encore chez les écossais anciens qui n’acceptent pas n’importe qui, de plus ce terme sert aussi à désigner la fiente attaché aux poils des animaux ou à celui des calots( on ne sait pas si le chapeau du vieux batelier en avait …)
Par contre l’histoire précise qu’un jour tous les écossais, après avoir bu( beaucoup…ne dit –on pas boire comme un écossais ?), non pas du whisky, mais du bon vin de France ( de Châteauneuf du Pape pour être précis) se mirent à faire une ronde sur le pont d’Avignon, non pas en chantant les paroles folkloriques que l’on connaît, mais en criant , gueulant, levant la gigue haut, gesticulant braillant très fort : « oseille oseille, oseille sans peur vivra» jetant leurs calots en l’air ils s’exclamèrent : « à bas la calotte » et tapant du pied (gauche), ce qui devait arriver! arriva une arche s’écroula ?
Eh oui depuis ce jour le pont fut amputé, de sa « royale arche » (eh oui d’où toutes ces expressions et termes que l’on connaît…..
Car il ne faut pas croire ceux qui disent que c’est une crue du Rhône qui emportât une partie du Pont. Ce ne sont pas non plus les écossais qui l’emportèrent, non plus. Ce n’est pas exact .non ! non ! non ! ne le croyez la véridique histoire. est celle là .
Depuis tous les francs maçons de France de Navarre et d’ailleurs reprirent dit-on ce qui devint l’exclamation écossaise. Exclamation prononcée par celui qui est depuis devenu le trésorier de la Loge et qui criait en fin de tenue ( à l’époque) : Oseille, Oseille oseille ! ( invitant les écossais radins à payer leur écot) les autres FF désorientés (ceux du grand Dez Orient) excédés et réactionnaires ajoutèrent : A bas la cagnotte » afin de ne pas trop thésauriser ; depuis cette exclamation devint chez eux par substitution de mots au lieu de abat la calotte ( c’est à dire le chapeau ) devint « à bas la cageotte » exclamation sans aucun sens commun ….
Vous connaissez la suite
Tiré des Archives de la Bibliothèque du musée Guillemets à l’Orient de Parenthèse
Bernard du R E Gard le 5 août 6005
PS : pour mémoire la mairesse d’Avignon a essayé de faire reconstruire les arches manquantes, les Ecossais radins ont toujours refusés, car sur le pont d’Avignon on n’y danse plus en rond, mais on y fait des ronds sur le dos des touristes…comme quoi tout n’est pas perdu, même pas l’honneur
Publié dans : FRANC MASSONS
Propos de celui qui aurait voulu être sage 1 février, 2009
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire
Propos
de celui qui
aurait voulu être sage
Les jours s’en vont, sans que je puisse mieux que quiconque savoir où, et le sens de la vie m’échappe comme à tout le monde! l’immensité du ciel où brillent les étoiles pèse comme une énigme sur la lumière de la vie. Et nous allons sans savoir où, jouets de nous-même et des autres, avec la fragile boussole de nos illusions et de nos espoirs.
Quelles colossales hécatombes ont nourri l’humanité et ses chimères sans que jamais soit percée cette immensité vide de sens! Pourquoi attendons-nous une réponse ? Quel orgueil nous pousse à croire que pour nous un coin du voile sera soulevé, et que nous percevrons la raison de nos destinées ?
Cette histoire que l’on nous raconte, de la filiation qui remonte des cellules primaires de la bactérie et de l’amibe, que nous apporte-t-elle, comme assurance d’une assomption? Et cependant, comment ne pas croire que cela va quelque part ?
Si l’on y réfléchit – et qui n’y a pas réfléchi – comment justifier que quelque chose soit ? Et qu’est-ce que justifier sinon chercher une réponse à la présence à partir d’une autre présence.
Mais quelle dérision de croire que cette présence avant la présence est celle d’un Dieu à notre image, comme si cet univers tournait autour de nous ?
Il me semble que la sagesse consiste à ne pas chercher au-delà de nous-même une réponse à notre propre vie. Et quelle réponse nous peut être donnée qui ne soit pas un artifice, une convention, dont nous arrêtons les termes comme une sorte de contrat avec l’inconnu ?
Goethe, qui savait fermement réduire les recherches humaines aux données positives n’en a pas moins affronté le grand mystère avec Faust, et sa quête ne l’a mené nulle part, si ce n’est aux honneurs dérisoires d’une petite cour de province.
Que notre cerveau soit capable d’embrasser le monde, ou qu’il réduise ses capacités au travail quotidien et aux besoins de l’heure, la vie ne s’en écoule pas moins au delà de nous comme un grand fleuve dont nous ne pouvons explorer toutes les rives, ni connaître l’embouchure. Ou plus exactement, nous poursuivons du regard dans la nuit l’imense flux des forces vivantes, sans pouvoir. imaginer qu’un jour elles combleront ce vide où des soleils se perdent à jamais.
Savoir borner ses regards aux choses immédiates, c’est une leçon que l’on ne donne plus nulle part. Et cependant; quelle leçon serait plus utiles aux hommes et aux enfants, de nos jours.
L’orgueil du savoir est-il à ce point une sauvegarde que nous ayons à nous féliciter d’en entretenir les vertus ?
La force de borner son regard aux choses immédiates est sans doute la vertu la plus haute .de celui qui cherche le vrai savoir. Mais c’est sans doute contrairement à nos illusions prétentieuses, la souveraine capacité du sage. S’abstenir de répondre à la tentation du vide et continuer son métier d’homme, y a-t-il en définitive d’autre solution ?
Le philosophe jadis, devait tout connaître des sciences de son temps. Il devait même, d’une façon traditionnelle, en assumer la synthèse, et dégager les grandes lois de l’être, à travers les données des aventures de l’esprit, et des observations sensibles.
Dégager les constantes déterminant la condition humaine c’est, d’une certaine façon ce que les sciences dites dures (celles qui s’attachent à la connaissance de ce que l’on désigne sous le nom de matière) tentent de faire en dégageant de l’observation, et selon une formulation mathématique, les constantes des rapports entre les choses que l’on nomme lois.
Ce que les sciences dites dures fournissent à la connaissance, en fait, ce sont des invariants, et comme couronnement de la connaissance scientifique, une évidence s’est faite jour: la constance de l’instable.
Ce n’est pas une découverte récente, Parménide en avait fait le pivot de sa philosophie. Mais quand les chercheurs d’absolu se sont trouvés devant cette contradiction fondamentale: l’évidence de l’être en fonction de son évolution, et la constance de la manifestation, conditionnée par le changement, une sorte de blocage s’est produit qui a provoqué un retournement des ambitions, et, les sciences dures se sont interrogées sur l’opportunité de retourner aux formulations anciennes pour définir les lois de l’être. Elles ont, en quelque sorte, après l’avoir historiquement occultée, fait un retour à la philosophie.
Mais l’évolution, la constante du changement n’ont pas pour autant résolu les difficultés de la connaissance, dans la mesure où le changement, comme l’évolution impliquent un sens. Et c’est par là que, dans le cadre de la recherche, ont fait irruption toutes les hypothèses de la théologie, et toutes les propositions de la métaphysique.
Devait-on s’attendre à ce retournement, ou n’est-il qu’un signe de la défaillance momentanée de la démarche cognitive ? Le fait est que la science est apparue un temps comme un succédané de la religion, et même, a été proposée comme possible fondement de l’éthique. Indiscutablement, les règles scientifiques offrent une rigueur qui justifie leur ‘prise eri considération dans le cadre des rapports humains. Mais cette rigueur, parce qu’elle n’est justifiée par aucune pratique viable, parce qu’elle exclut l’inaccessibilité des apparences dernière et la profonde connaissance des réalités ultimes, ne permet pas de définir une conduite susceptible de développements humanitaires.
L’expérience prouve que toutes les organisations humaines étroitement inspirées par une rationalité méthodique (considérer les technologies systématisées) se sont déchirées et ont débouché sur la ruine et le désordre.
D’où le recours à une philosophie qui n’est plus comme celle de jadis une synthèse des connaissances, mais une sagesse, c’est-à-dire, un empirisme. Empirisme qui se trouve, par suite des habitudes de pensées, cohabiter avec une sorte de domaine particulier de la: philosophie: les sciences dites humaines, sciences que l’on pourrait caractériser par une conjonction des instruments mathématiques de la science dure, et une prise en compte des données empiriquement, quoi que systématiquement ou statistiquement rassemblées, sur le comportement humain.
Mais il serait dangereux de négliger le fait que les sciences humaines tout comme les sciences dites dures, participent de la stratégie du pou- voir, dont la philosophie est la médiocre antithèse. Il semble qu’en effet, les sciences, qui n’ont à priori aucune vocation normative, mais se nourrissent d’observations et de formulations descriptives, il semble que les sciences suscitent, dès les premiers moments de leurs réussites, des ambitions dominatrices.
Il est vrai que la connaissance des ordres naturels peut développer les tentations éternelles de l’homme: le désir de maîtriser, de dominer, de prévoir et de déterminer l’avenir. Mais les constats soit, factuels, soit légaux qui sont le fait de l’observation scientifique ne peuvent, sinon par un abus dans les termes, permettre une régulation normative, et, sont hors d’état d’établir une régularisation définitive.
Le constat le plus clair, établi par la science contemporaine c’est le caractère irréductible de la liberté, qui se manifeste par l’indétermination même si cette indétermination est corrigée par les grandes lois statistiques de la probabilité.
La philosophie ne peut sans doute pas se passer des faits. Et si les sciences humaines ont pris une telle extension, c’est que l’humanité consciente s’est étendue à toutes les régions de la planète et exige des planifications. Il n’est plus possible à l’heure actuelle de prendre une vue du paysage humain sans l’aide des moyens mathématiques et statistiques. La connaissance que nous avons de l’homme est fonction effectivement des informations les plus étendues, et les modifications qui surviennent dans les rapports humains, du fait des grands nombres, jouent un rôle indétournable dans l’élaboration d’un donné sur l’espèce.
Reste, et c’est là le point d’ancrage de la philosophie que l’individu se trouve toujours confronté, en tant que tel, aux évidences de la vie de l’espèce, et n’a pour les surmonter quand elles font obstacles à son équilibre moral, que le secours de la raison, ou de la prière.
Faut-il désormais situer la prière comme un facteur dérisoire dans la conjuration des assauts permanents de la vie ? Certains le pensent, qui n’ont jamais éprouvé le besoin de s’humilier. Et le fait est que la prière est un appel à soi qui désarme les plus audacieux. Mais la raison nous arme, elle, contre les attentats commis sur notre persaMe par les tenants des certitudes imaginaires de la techno- science. Et le temps de la philosophie, qui fut un temps de doute, est à l’heure actuelle revenu, non pas comme une compensation dans l’ordre de la connaissance, comme elle le prétendait jadis, mais comme une approche de la sagesse, nécessaire pour dépasser les orgueilleuses pré- tentions des scientistes, désarmés par leurs propres trouvailles.
Sans doute la philosophie n’ apparaîtra-t-elle plus comme l’unique régulatrice et l’universelle langue, mais peut-être jouera-t-elle encore un rôle dans la quête de sens qui est notre lot commun!
Le propos du philosophe n’est plus celui de donner à la connaissance le caractère absolu qui justifierait son autorité. Et cette mutation, à l’évidence, per1met de comprendre à la fois les deux orientations de l’attitude philosophique. L’une de ces orientations, par l’épistémologie, par l’heuristique, par la critique scientifique. Elle apporte à la quête savante des garanties éthiques, et ses références méthodologiques.
Mais il y a une autre philosophie, la philosophie banale, et celle de tous, qui, pour n’être pas aussi technique dans ses expressions, ni aussi précise dans ses méthodes, n’en constitue pas moins une constante du patrimoine humain.
Cette philosophie, c’est celle qui est une quête de sagesse, c’est-à-dire la réflexion sur les conditions possibles d’une existence dont rien d’autre ne justifie le sens, ni la valeur absolue, mais qui prend sens et valeur en fonction des nécessités profondes de l’équilibre spirituel dont chacun éprouve la nécessité.
La vie de tous les jours peut sans doute apporter, par la succession des obligations qui en découlent, une paix intérieure suffisante pour écarter les troubles et les angoisses devant les grands problèmes qui s’affichent au bout du regard, et dans le cours de toute existence: je veux parler du mystère de l’infini et de celui de la mort.
Si limité que soit le regard des hommes, ils ne peuvent manquer de se trouver face aux mystères irrésolus. A cette confrontation, la plupart répondent par une fin de non recevoir, par une attitude de réserve et en fait, par un refus d’examen. L’attitude philosophique, implique, non pas le refus d’examen, mais assurément une méditation sur les conditions de la vie, et de la coexistence collective.
La réponse traditionnelle, qui fut longtemps affaire collective, et organisation rituelle confrontée à la diversité des formulations, semble devoir être régénérée, par le fait précisément de l’étendue des rapports humains, qui ont cessé d’être locaux, pour couvrir l’étendue de la: planète. Les religions, toutes marquées du sceau de leur origine, et aussi bien par le climat que par la faune et la flore, les religions subissent une crise d’adaptation,. et doivent s’élargir pour prendre en compte la diversité des créatures. C’est à ce travail d’élaboration que la philosophie doit s’attacher, compte tenu des apports des sciences humaines, qui peuvent déterminer les relations entre les idées et les conditions matérielles de la vie, et justifier les hypothèses particulières répondant aux interrogations banales et quotidiennes des humains. Nous avons le sentiment que, de ce point de vue, la raison, les rituels, les figurations symboliques, et la discipline des corps, doivent pouvoir contribuer à dépasser le formalisme religieux, pour susciter une démarche humanitaire fondée sur la relativité des données particulières et sur l’identité des conditions intimes de l’aventure vitale. C’est à ce prix que l’humanité pourra trouver sa cohérence transcendantale.
Quand commence la philosophie pour un individu moyen? Voilà une question que l’on se pose rarement, et qui cependant permet de comprendre un certain’ nombre d’attitudes qui ne sont nullement aberrantes, mais qui peuvent, pour les esprits non philosophiques, précisément, susciter l’étonnement.
Un esprit fin a formulé à ce propos une boutade non dépourvue d’intérêt. Il a dit: la philosophie commence quand on se pose des questions sur ce qui n’en appelle pas.
Il situe la philosophie du côté de l’étonnement, mais de l’étonnement systématique, de principe. Il tente de suggérer l’idée que philosopher c’est aller au delà des choses telles qu’elle sont. Et c’est là, me semble-t-il que nous pouvons trouver matière à réflexion. Car il s’agit de concilier les sens: et de se souvenir que «philosophe» signifie à la fois, ami de la sagesse et chercheur de vérité. Or, la conciliation de ces deux orientations de l’attitude philosophique s’opère si l’on établit clairement l’origine du propos philosophique.
Le commencement de la démarche philosophique est lié à l’étonnement produit par cette découverte banale: l’apparence est trompeuse. L’apparence est un masque derrière lequel se cachent des aspects tenus pour plus fiables de la réalité. Ainsi donc, la philosophie commence par un refus de croire aux donnée sensibles, un refus de tenir les choses pour ce qu’elles sont au premier regard. Et le philosophe se situe au moment où devant l’évidence d’un double visage de l’être, se pose la question de la valeur de l’un et de l’autre de ces visages.
Toutefois, toute quête conduit à la découverte d’une autre condition de l’être: sous tous les visages l’on trouve un visage plus profond, et qui donne sens aux visages antérieurs. Comme si d’apparence en apparence se dévoilait un paysage d’abord sensible, puis figuré, traduisant les profondeurs de l’être des choses manifestées. Et l’esprit philosophique, après avoir commencé par une réflexion sur l’apparence, et le doute quant aux données sensibles, l’esprit philosophique pose la succession des apparences comme constante de la manifestation du réel.
Après avoir posé la nécessité du doute concernant l’apparence sensible, il étend alors la nécessité de ce doute à toutes les manifestations de l’Être. Et cette systématisation conduirait à l’agnosticisme et même à une conception beaucoup plus décevante, si l’esprit logique n’épaulait l’esprit’ philosophique.
Si le monde n’est qu’une succession d’apparences, la réalité est inaccessible, et plus exactement, n’est jamais qu’une apparence, un aspect provisoire et éphémère de l’Être. Seule demeure la constante fonctionnelle de l’esprit, le jugement.
A cette attitude s’oppose celle du croyant qui reçoit le discours comme témoignage du vrai. Et qui adhère au discours, même s’il tâche de comprendre comment il s’accorde avec la manifestation sensible, par une rectification verbale continue.
Le croyant refuse l’apparence par référence au discours, assuré que l’apparence est en effet trompeuse, mais que la réalité profonde lui est révélée par le verbe, dont le caractère sacré lui est reconnu par l’adhésion affective. Ainsi donc, le philosophe se trouve-t-il désarmé face au croyant dans la mesure où ce dernier sait ce que dissimule l’apparence, et possède la clé de la vérité. Mais la possède-t-il vraiment ?
J’imagine volontiers qu’une des ruptures culturelle les plus éprouvantes, pour les chercheurs et les philosophes, fut celle qui s’opéra à la suite de la découverte de la notion d’infini.
Il est certain que ce n’est pas là une notion aisément conciliable non plus avec le concept sécurisant d’un Dieu créateur des choses de la terre, et veillant sur l’humanité comme sur un troupeau nourricier.
La notion d’infini, qui prend en charge aussi bien l’espace que le temps est liée à la reproductivité des opérations. C’est également une ouverture sur l’imaginaire, qui balaie tout ce que la construction patiente peut figurer. L’infini s’impose à nous aussi bien rationnellement que par les voies intuitives et, comme le néant peut-être, qui lui aussi défie l’imagination, l’infini repousse toute prise en compte de l’esprit humain comme objet.
Et nous nous retrouvons devant une ambiguïté décisive.
Je note que cette idée de l’infini fut liée à celle de la divinité. et sans doute fut-ce là le passage de l’anthropomorphisme au déisme et à une conception spiritualiste de la connaissance du monde.
Mais l’ambiguïté de la notion d’infini subsiste, et sous la figure de Janus, s’ouvre aussi bien sur le passé que sur l’avenir, et s’identifie à la vie, éternelle dynamique de l’être.
Peut-on se refuser à penser l’infini ?
Il me semble que dès que l’idée d’Un plus Un est formée, rien ne peut plus arrêter la machine, et ce qui offre précisément l’ouverture paradoxale c’est le fait que l’indétermination est fondée par l’opération la plus immédiate et la mieux définie.
Toutefois, nous remarquerons que l’opération qui consiste à associer un et un est une opération dont le caractère spirituel. pour n’être pas généralement souligné, est cependant essentiel. Ce sont les opérations de l’esprit qui donnent sens aux opérations concrètes. Le rapprochement de l’Un et de l’Un implique une ascèse de la pensée et une vision des rapports qui ne sont pas spontanées, mais qui établissent un sens sinon volontairement défini, du moins nécessairement intégré dans l’ordre des choses.
Qu’est-ce qui nous impose l’addition de Un et de Un ? En quoi avons-nous besoin de cette réduction constructive ? Il faut prendre en compte cette interrogation pour découvrir ce qu’il y a d’insolite dans l’addition. La soustraction est plus facilement justifiée, par l’absence et le manque. Mais la soustraction ne débouche pas sur la notion d’infini, sauf par artifice. Elle a des limites objectives.
Penser l’infini, est-ce penser ou trahir la pensée ? C’est la question qui s’impose quand on tente de comprendre comment nous affrontons l’existence, et nous percevons là le passage des rapports entre la morale et la philosophie.
On sait que certains affirment qu’il n’y a pas de morale sans Dieu. C’est une vision sociologique des choses. Mais je suggère de méditer le fait d’une morale fondée sur la nécessité, et d’une morale ordonnée en tenant compte de la notion d’infini. L’éternité et l’universalité. On me dira: nécessité plus infini égale Dieu ? Je peux comprendre cette définition. Mais ce dont je pense pouvoir m’assurer également, c’est qu’il n’y a pas de réponse au besoin de sens, sinon celle qui s’inspire de l’addition, et qui repousse la soustraction, c’est-à-dire le néant et la mort. C’est la vie qui donne sens à la vie. Et vivre, c’est construire et donc, donner un sens.
Le devoir humain consiste à se persuader que la vie a un sens, sous peine de laisser les jours et le temps s’écouler sans perspective. Mais de là à se persuader que le sens que nous lui attribuons est le sens absolu, il y a toute la distance qui sépare la foi de la sagesse.
Toutefois, on ne peut avancer sans introduire ici une autre observation : la vie porte elle même le monde. Je veux dire que ce monde existe par nous, en nous, en tant que nous sommes fils du monde. Fils de ce monde qui nous a fait ce que nous sommes et que nous portons à travers le temps et l’espace.
Ainsi, connaître, c’est une certaine autre façon de dire: vivre. En toute rigueur, vivre c’est connaître. Seulement, nous voulons objectiver la connaissance, c’est-à-dire, nous séparer d’elle, et c’est nous séparer du monde; cette opération implique un refus de l’instant présent, impose une fixation des données, et une formalisation de la turbulence des choses.
D’où la relativité de toute connaissance objective, ce qui est, il faut l’admettre, le paradoxe moderne, puisque la connaissance dans l’instant, récuse toute notion de détermination, et que l’objectivité, qui est le critère de la connaissance humaine se trouve récusée par l’évidence.
La science traditionnelle, avec ses suites causales peut apparaître de ce point de vue, comme un catalogue de vérités mortes, en fait, comme une histoire. L’invention est au cœur du temps, et tout arrêt du temps est un artifice qui occulte la réalité.
Toutefois, l’on se trouve à nouveau devant une question, et une question double. La première c’est: comment se fait-il que la science réussisse à prévoir. Et la seconde: comment se fait-il que la connaissance vécue n’apporte pas de point d’appui sur lequel nous pourrions construire autre chose ?
D’une autre façon, c’est dire: je peux construire le monde avec du savoir approximatif, et je ne peux rien sur le monde quand je le prends en charge par ma vie même ?
La loi des choses me donne prise, c’est vrai, sur le monde, mais la notion d’effet pervers, connue dès longtemps déjà, et celle de catastrophe, qui s’impose, nous avertissent. Avertissement superflu pour ceux qui dès les temps premiers avaient fait leur part au déluge, ou au feux .de Sodome et Gomorrhe, au diable, si l’on préfère (non celui de la tentation) (et encore) mais à celui de la perversion, le « déjoueur » de projets, et l’initiateur des holocaustes.
Ce monde est double, comme depuis longtemps les manichéens l’avaient reconnu. Reste à savoir si les deux faces de cette dualité ‘offrent à l’examen, des modalités de « fonctionnement » identiques. Et c’est là où les recherches scientifiques ont buté. Les phénomènes microscopiques ne fonctionnent pas comme les phénomènes macroscopiques. L’indétermination se retrouve au cœur de l’être. Et cette indétermination débouche sur la régularité, sur la loi, sur le formalisme du macrocosme.
C’est ce passage qui est difficile à conceptualiser. Les notions d’origine et de fins, perdent toute signification dans l’ordre de la connais- sance scientifique. En auront-elles encore une dans l’ordre des relations humaines?
Je crois cependant que nous ne sommes pas sans ressources si nous savons puiser dans le patrimoine les enseignements que le pragmatisme des anciens avaient su constituer.
Il se peut que nous nous fassions une idée fausse du Moyen Age, mais je retire de mes lectures l’impression que c’était d’une culture couvrant l’ensemble des relations humaines et cosmiques qu’il s’agissait, culture qui déterminait les comportements, et présidait aux rapports politiques, juridiques et moraux.
Une pyramide hiérarchique disposait les humains sur des plans différents, mais également respectés, depuis les manouvriers, les « vaguants », qui servaient occasionnellement les laboureurs, jusqu’aux clercs qui servaient les princes et Je Roi. consacré par l’onction divine, c’est-à-dire, en fait par une légitimité collectivement assumée.
L’ordre établi recevait des croyances admises la justification indispensable. Mais encore fallait-il que cet ordre apparaisse comme tel et les prêches ne suffirent pas à en assurer la durée.
Les expéditions en Moyen Orient, pour les croisades ébranlèrent la foi. Les conflits entre le pouvoir religieux et le pouvoir impérial déchirèrent l’unité spirituelle. Le doute se fit et la Quête commença d’une autre vérité unificatrice. La trouverait-on dans les textes anciens réactivés, et dans les enseignements de la tradition des premiers âges du christianisme (néoplatonicien) ? La trouverait-on dans la découverte des techniques modernes, l’exploration de l’espace et la connaissance de la nature ? Cette double interrogation, nous devons le constater, est toujours actuelle, et de fait l’unité spirituelle n’est pas réalisée. L’unité du paysage culturel n’a jamais pratiquement été reconstituée depuis la fin du Moyen Age, si tant est que cette unité n’ait pas été le fait d’une illusion rétrospective.
Ce qui apparaît à l’évidence, c’est que les deux quêtes entreprises, pour découvrir une référence justificatrice s’avèrent décevantes: la science ne nous a pas donné la connaissance susceptible de réguler, ni de fonder nos comportements sociaux et moraux. Les guerres fratricides ont démontré que la raison ne présidait pas aux rapports entre les hommes. Le capitalisme n’était pas seul en cause, on l’a compris aujourd’hui mais plus sûrement les constantes dans le comportement humain.
Or, d’autre part, le recours à la tradition qui a pris1e caractère d’un retour aux sources laisse encore bien des insatisfaits, dans la mesure où ce recours est occulté par des emprises partisanes.
La tentation d’aller chercher en Orient des leçons de conduite est grande. Tout ce qui vient de loin est en effet gratifié d’un préjugé favorable. Et le fait est que ce détour permet de mettre l’accent sur un certain nombre de principes qui semblent bien constituer l’essentiel de ce qui est nécessaire à une bonne administration de la vie personnelle et collective.
D’abord, la conviction que la maîtrise des équilibres organiques, la discipline du corps par l’activité mesurée est un facteur déterminant de la santé spirituelle, et de l’harmonie des rapports.
Ensuite, la nécessité, pour assurer le développement individuel d’une confrontation entre les esprits et la rencontre entre les autres individualités, pour permettre à chacun d’évaluer la relativité de ses engagements. Enfin, l’évidence, liée à la condition humaine qui ne trouve jamais de borne à son développement, et s’ouvre sur l’infini, dans une démarche progressive vers la lumière et la liberté par le dépouillement.
Ces exigences qui conditionnent notre comportement ne se rapportent nullement à une conception métaphysique et comme telles, peuvent être adoptées par tous, sans considération d’à priori fidéiste. C’est seulement un constat qui prend en compte l’expérience humaine telle qu’on peut la reconnaître à travers les témoignages laissés par les sages de tous les temps et de tous les payS. Et c’est pourquoi, il importe de constituer, autant que faire se peut, des groupes de réflexions, ouverts tant aux apports du passé qu’aux promesses de l’avenir, en assurant à chacun des membres de ces groupes une sécurité affective permettant de cultiver le sentiment de la liberté absolue de conscience.
Il semble bien que cette perspective ait été, sans qu’ils en aient rigoureusement conscience, ouverte par la tentative de dépassement religieux opérée par les initiateurs de l’institution maçonnique.
Sans revenir sur les aléas déterminés par les influences historiques on peut considérer que l’époque actuelle découvre une vocation qui n’est pas’ apparue dès l’abord avec toute sa singularité, quoi que les tentatives pour absorber l’expérience humaine dans le cadre des rites et des enseignements développés aient de tous temps été nombreuses. Rappelons seulement pour mémoire, les références mythiques à l’Égypte, et les ressourcements gnostiques.
Ce qui est clair aujourd’hui, c;est que le courant qui définit la quête maçonnique par rapport à la sagesse traditionnelle, courant qui fut celui qui inspira les esprits les plus pénétrants dans le cours des deux derniers siècles, et qui s’est enrichi des tentatives plus ou moins positives de restituer les cheminements initiatiques de l’antiquité, est actuellement pris en compte par un certain nombre de maçons.
Sont-ils minoritaires, majoritaires ? La question ne se pose pas en ces termes. La question est seulement de savoir.:. s’ils sont susceptibles d’apporter une réponsf et satisfaire à une attente.
De ce point de vue, je crois personnellement que s’impose une réflexion sur les rapports entre le Grand Collège des Rites et les institutions maçonniques constituant les loges dites bleues, rapports qui ont de tous temps fait l’objet d’une attention mêlée d’incompréhension de la part des maçons qui dépendent, pour leur équilibre moral d’une certaine conception plus ou moins imaginaire, et qui ordonnent leurs préoccupations à propos des pouvoirs dans la société.
A la limite d’ailleurs, les ambitions sont vides de contenu et cela seul importe aux yeux de certains, qui est la considération accordée à des personnages investis à tort ou à raison d’une certaine auréole, parmi lesquels ils aspirent à se compter un jour.
Ajoutons que naturellement, étant donné la nature humaine, des réactions négatives se manifestent, qui ne sont pas mieux justifiées tant que la nature même du propos maçonnique n’est pas acceptée dans sa clarté libératrice.
Certes, connaître une autorité installée confère prestige, et justifie un engagement, mais c’est le jeu des pouvoirs et des masques, et c’est un jeu. Et beaucoup d’hommes n’ont pas assez de toute une vie pour comprendre en quoi il est pure vanité.
Le prestige des rangs, outre qu’il inspire de la considération parfois injustifiée devrait impliquer une certaine capacité à donner une ouverture, et à offrir une perspective enrichissante et salutaire.
La part de vanité qui entre dans les relations sociales les plus banales est certes considérable, mais le véritable propos, quand on pèse les réalités de la vie, c’est la capacité acquise de justifier la mission que l’on assume.
Et c’est pourquoi il importe de comprendre le rôle qui incombe à chacun de ceux qui sont en situation de prévoir, de pressentir et d’ins- pirer les moyens de répondre aux appels entendus.
La plupart des hommes occupant des postes de responsabilité sont l’objet de sollicitations qui les engagent souvent au delà du possible, par la griserie de l’importance. Et c’est contre cette dégradation des fonctions que le sage doit se prémunir. Le choix des hommes est certainement la tâche la plus redoutable qui échoit à un homme en place. La plupart du temps, il ne put choisir que parmi ceux qui l’entourent, et ceux là sont rarement des individus solides, et détachés des contingences de l’autorité.
Il faut faire te départ entre tes hommes qui vivent par eux-mêmes, de ceux qui ne tiennent que grâce à l’appareil et à l’institution.
La vieille sagesse savait parfaitement distinguer l’homme sous les habits. Et d’une façon générale, celui qui dépend d’une institution est sans doute armé pour faire aussi bien le mal que le bien, mais rarement pour apporter le secours moral dont les individus ont besoin dans les circonstances les plus déterminantes de leur cheminement intellectuel et moral.
Aussi, convient-il de travailler à ce que le Grand Collège des Rites assure non seulement les formules exposant les principes, mais par le choix de ses membres le désintéressement et l’écoute attentive des hommes de notre temps.
Et pour ce faire, que le choix soit opéré parmi les frères qui ont renoncé à la course aux places, dont la régulation des comportements est évidente, et qui sont capables de vivre une aventure égalitaire dans le sens le plus profond du terme: celui qui reconnaît à chaque individu sa valeur singulière et exceptionnelle.
Platon évoque un Jugement des morts: le jugement des morts est le jugement auquel chacun de nous doit se soumettre en toute occasion. Ce n’est que dans la mesure où nous n’avons pas besoin, pour être en paix avec nous-même, d’une consécration extérieure, que nous approcherons de la vertu suprême, et que nous pourrons témoigner.
L’humilité, ingénue, celle que l’évangile prête aux enfants, est assurément le signe de la plus haute vertu. Que sommes nous au regard de l’infini et de l’éternel ?
Mais nous attendons des souverains terrestres une éternité et un pouvoir qu’ils ne peuvent pas nous conférer. C’est pourquoi nous devons puiser dans la tradition ancienne les enseignements d’une sagesse qui de nos jours est la condition de la survie de l’humanité fraternelle.
Et de ces enseignements, non seulement nous en possédons le trésor mais nous en avons la clé.
Jean MOURGUES