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Grand orient du Luxembourg 30 juin, 2009

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 Grand orient du Luxembourg

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Le soleil 27 juin, 2009

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Le Soleil

 

Ô Toi soleil mage des temps

Ô Roi de tous les sangs

Tu agites les plus déments

Et réveilles les plus pensants

 

Ô Toi soleil, sage des vents

Ô Roi de tous affluents

Tu observes l’œil patient

Tu sévis les insolents

 

Ô Toi prince de faisceaux clairs

Ô Roi des récoltes fruitières

Aujourd’hui comme hier

Tu es chaleur et lumière

 

Ô Toi espoir chimère

Ô Roi des cercles fiers

La lune mise en bière

Renaît par toi de la poussière

 

Ô Toi soleil au Zénith

Ô Roi de toutes pépites

Tu es le feu qui crépite

Au spirituel qui agite

 

Ô Toi grand astre divin

Ô Roi de tous les saints

Adulé de tous les vins

Et craints de tous mutins

 

Ô Toi force cosmique

Ô Roi si magnétique

Rien ne semble classique

En tes apparitions magiques

 

Ô Toi Grands parmi les pères

Ô Roi de toutes les sphères

Humble centre de l’univers

Rejoints nous ce soir en frère

 

Gwemaline…

 

www.gwemaline.unblog.fr

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Aperçus sur l’initiation féminine 25 juin, 2009

Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Aperçus sur l’initiation féminine

Initier la femme, c’est lui permettre de prendre conscience de sa richesse intérieure, de prendre la mesure de sa dignité, de lui faire comprendre la place vitale qu’elle occupe dans le cosmos parce qu’elle est l’un des pôles de l’humanité. Sans elle, pas de lumière, puisqu’elle naît de l’union des deux pôles, positif et négatif, chacun aussi nécessaire à l’un qu’à l’autre.

 

Par Jeanine Augé

Jeanine Augé

Mes soeurs, mes frères en franc-maçonnerie, en bouddhisme ou en humanité, je voudrais d’abord faire une première remarque en préambule. Je n’ai pas été avertie que Michel Barat et Bernard Besret avaient eu la charmante idée de me laisser disposer du temps qui leur était imparti. Je m’en suis tenue, avec discipline, à ce qui avait été convenu lors des réunions préparatoires, c’est à dire 25 minutes d’intervention. Cela peut sembler léger pour aborder l’initiation féminine. Mais celle-ci a été traitée en filigrane pendant tout ce colloque, comme si elle allait de soi, alors que ce fut et reste encore une longue et dure conquête.

Ma deuxième remarque est que, passant après de talentueux orateurs, je crains que mon discours ne soit un peu terre à terre et ne détonne, avec l’excuse que je ne suis pas encore bouddhiste. Mais je vous rassure tout de suite, si mon propos démarre sur des chapeaux de roues résolument féministes, cela ne dure qu’une page et demie (rires…).

Parler de l’initiation de la femme en faisant l’impasse sur les divergences concernant son initiabilité pourrait sembler outrecuidant si mon propos ne se situait pas dans l’espace de la modernité. Celle-ci consistant, à mon sens, à faire évoluer la tradition pour l’adapter au présent sans en altérer l’essentiel. Je n’ai pas tellement développé cela parce que je pensais que Bernard Besret allait s’exprimer très brillamment là-dessus. Moi, je pars de l’idée simpliste que nous créons, aujourd’hui, la tradition de demain. Autour de l’amande, va se concrétiser la coque qui est faite des acquis, que l’on ne peut ignorer, d’une civilisation qui évolue tant sur le plan du droit que sur celui de la technologie.

Dire que la femme est initiatrice, par essence, est une échappatoire que l’on utilise assez régulièrement. Elle fait référence à une mythologie qui a longtemps confiné la femme dans une fonction de reproductrice. En outre, la sacraliser comme déesse-mère, comme déesse des moissons, comme déesse de l’amour renvoie en quelque sorte la femme à la nature passive de terre fécondable qu’on lui prête. Il y eut dans le Parnasse traditionnel trop de Déméter, trop de Junon, et pas assez, à mon avis, d’Athéna. La déification de la femme lui a été bien moins profitable que de lui permettre de retrouver le divin en elle.

C’est donc de la quête initiatique de la femme moderne, et plus particulièrement de celle que j’ai moi-même entreprise, que je voudrais parler. Je ferai toutefois un retour, plus ou moins bref, sur les difficultés que les femmes ont rencontrées sur leur route et qui perdurent pour certaines d’entre elles dans les milieux religieux et intégristes. Nous savons par nos soeurs turques que certains pays font un retour en arrière considérable. Toute l’histoire de l’humanité est marquée par la difficile reconnaissance de la complémentarité et de l’égalité qualitative de la femme par rapport à l’homme.

Si Jésus et Bouddha acceptèrent volontiers que les femmes suivent leurs enseignements, leur reconnaissant ainsi le droit à la spiritualité, à la connaissance, l’Eglise catholique porte la lourde responsabilité d’avoir mis la femme pendant très longtemps à l’écart du monde de l’esprit. Les références constantes aux origines judéo-chrétiennes de la nécessité d’un fondement religieux m’ont beaucoup gênée.

C’est contre ces conceptions que s’est, en effet, bâtie la franc-maçonnerie féminine. Le patient travail de recherche de Uta Ranka Heineman dans son livre Des Ennuques pour le royaume des cieux, en est un témoignage accablant. Depuis le célèbre verset de St Paul dans l’épître aux Corinthiens : « Que les femmes se taisent dans les assemblées », aux positions prises par les papes sur l’ordination des femmes en passant par les déclarations de St Augustin : « Combien plus agréable est la cohabitation de deux amis, comparée à celle d’un homme et d’une femme ! » -je ne sais pas si vous êtes toujours d’accord- (rires…) ou la crainte exprimée par St Thomas de la féminisation du coeur humain, la femme a été longtemps présentée comme source de troubles, une incitation au péché, parfaitement inutile, sinon nuisible à la spiritualité de l’homme. L’enseignement ne sied pas au sexe féminin, précise St Thomas d’Aquin.

Est-ce pour les mêmes raisons moyenâgeuses que le pape actuel rejoint, dans son refus du sacerdoce des femmes, le canoniste de l’église orthodoxe du XIIe siècle, Théodore de Balsamo, qui le justifiait par l’impureté du flux menstruel ! Refuser l’ordination, c’est refuser le droit de transmettre, d’initier, car qui dit initiation dit transmission du contenu d’une tradition que l’on a intégrée et revivifiée. A mon avis, ce n’est ni dans la religion catholique, ni dans les religions refusant le sacerdoce des femmes que celles-ci peuvent prétendre à une totale initiation.

Même si c’est un peu folklorique, je vais passer rapidement sur les jugements, pour le moins surprenants à l’époque moderne, qui dénièrent à la femme toutes les qualités requises pour être initiée. « Femme inapte et ridicule », selon Erasme, femme passive, femme coupable, qui conduisit Adam et toute l’humanité hors de l’Eden, vers la dualité et la mort. Le cher Beaudelaire y va de son interrogation : « J’ai toujours été étonné qu’on laissât les femmes entrer dans une église, quelle conversation peuvent-elles avoir avec Dieu ? » (rires…). Au XIXe siècle, Julien-Joseph Vire perd tout sens du ridicule -il faut quand même que je vous le lise, même si c’est un peu long- quand il écrit dans L’Histoire naturelle du genre humain : « La force vitale développe les organes supérieurs du corps de l’homme et les organes inférieurs du corps de la femme. Il y a, dans le premier, une tendance à la supériorité et à l’élévation. Dans la seconde, on remarque une impulsion inverse. La vie s’épanouit vers la tête de l’homme. Elle se concentre vers la matrice de la femme. L’un donne. L’autre accepte. La femme est donc destinée par la nature à l’infériorité et à vivre en second ordre. »

Et Françoise Collin, de nos jours, écrit : « Lorsque les femmes ne sont pas déclarées inférieures mais différentes, c’est pourtant toujours la masculinité qui fait norme. Les femmes sont certes des êtres humains raisonnables, mais leur raison est celle du sentiment dont le règne reste confiné entre les murs du privé. Aux femmes, les méandres de la subjectivité ; aux hommes, la voie royale de l’objectivité, de l’espace public. »

Je ne peux passer sous silence le poids que l’exclusive prononcée par le Pasteur Anderson contre les femmes assimilées à des irresponsables dans ses Constitutions, fait peser sur la franc-maçonnerie féminine. Quel est ce centre de l’union qui, tout de même, exclut la moitié de l’humanité ?

Si je me suis un peu étendue, et je vous prie de bien vouloir m’en excuser, sur les condamnations que les périodes successives ont prononcées contre la femme, c’est parce qu’elles touchaient au vif sa capacité à vivre une initiation spirituelle telle que nous prétendons la réaliser par exemple en franc-maçonnerie, puisque c’est de cette expérience dont je peux me prévaloir. En effet, je ne saurais aborder ici d’autres formes d’initiation, telle l’initiation tribale qui concerne surtout le passage des adolescents d’un âge à l’autre ou l’initiation magique qui est censée doter l’impétrant de pouvoirs surnaturels.

L’initiation à laquelle je consacre le meilleur de moi-même est un long chemin qui a commencé avec une mort symbolique et la prise de conscience d’une reconstruction de l’être à réaliser. Il y a la cérémonie de l’initiation qui met sur la voie. Il y a le parcours initiatique avec ses épreuves, ses méandres et, au bout l’initiation suprême, qui attend tout vivant, le terme où l’existence prend tout son sens avec les trois pas, le trépas. . .

Se faire initier, c’est accepter la quadruple purification des éléments pour mieux progresser, allégés vers la plénitude de la connaissance. Aucun dogme n’est imposé. Mais la transmission ininterrompue de l’influence spirituelle est nécessaire. La communication se fait selon le rituel des grades. On vous en a déjà amplement parlé.

L’initiation conduit l’initié à prendre conscience des possibilités latentes au plus profond de lui-même. D’étape en étape, les symboles, les rites et les mythes peuvent réveiller en chacun le souvenir d’une sagesse perdue, d’une unité occultée par l’agitation chaotique de la vie profane. La réconciliation de l’individu condamné au binaire avec l’unicité du tout, est ce que la franc-maçonnerie peut réaliser dans le silence qui s’impose au chercheur de vérité.

Pour certains, on peut dire que ce parcours restera dans le domaine du mental et de la philosophie. Pour d’autres, l’enseignement ésotérique du symbole aboutira au sacré qui relève non de la pensée discursive mais de l’expérience directe. La loge, les maîtres n’interviennent que pour aider l’initié à trouver son maître intérieur. L’enseignement oral et le silence répondent au désir d’ignorer toutes les limites qu’impose la manifestation existentielle afin d’atteindre l’infini universel du non-manifesté. Les mots sont réducteurs et l’essentiel n’est pas transmissible par leur truchement, c’est là le secret maçonnique.

On fait référence trop souvent à la facilité avec laquelle on trouve les rituels en librairie. Il y a autant de différence entre la lecture d’un rituel et une tenue qu’entre la vision d’une photographie de vacances et le goût du sel marin face à l’infini maritime ou l’indicible de la splendeur d’un soleil rougeoyant qui décline sur les cimes enneigées.

Il m’apparaît que la finalité de l’initiation est la même pour tous les êtres, homme ou femme. Les méthodes de travail en revanche, diffèrent pour s’adapter à la nature masculine ou féminine de l’initié ou de l’initiable.

Je suis convaincue que ce ne sont pas tellement les sources opératives de la franc-maçonnerie que l’on nous oppose si souvent qui posent problème. La plupart des frères francs-maçons, j’en suis sûre, seraient bien en peine d’utiliser les outils du constructeur de cathédrale dont ils se réclament ou de dresser les plans d’un édifice. Les outils sont les symboles concrets de principes et de concepts. A telle enseigne que nos soeurs africaines, qui n’ont pas les mêmes règles de construction, assimilent fort bien la symbolique des outils maçonniques comme le fil à plomb, le niveau et l’équerre . . . La différence fondamentale réside, à mon avis, dans les valeurs à la fois opposées et complémentaire du yin et du yang, à ceci près que, finalement, l’homme et la femme participent de la même nature, du moins j’ose l’espérer. J’en veux pour preuve que le sang qui véhicule l’essence de l’être n’est pas sexué. Parmi les nombreuses incompatibilités qui existent entre donneur et receveur, celle du sexe est à ce jour inconnue.

Il s’agit bien plus, pour moi, d’une proportion que le symbole du Tao To King exprime fort bien. Quand le yang domine, les valeurs solaires et masculines dominent avec leur cortège de combativité, d’éclats lumineux qui procèdent de la nature du ciel et se rapportent à l’esprit actif et à la raison. Là où le yin prédomine, c’est la référence à la terre qui donne son caractère de passivité mais aussi de potentialité, ce qui, selon Guénon est « la racine de toute existence ».

Lumière et ombre sont indissolublement liées sans y voir, comme dans le mazdéisme, un quelconque jugement de valeur entre le bien et le mal. Le yang n’est jamais sans le yin, le yin n’est jamais sans le yang puisqu’ils participent tous les deux à la fois du ciel et de la terre.

Le caractère yin, prédominant chez la femme, lui facilite la démarche évolutive qui correspond plus précisément à l’apprentissage, à l’oeuvre au noir. Dans le féminin de l’être, Annick de Souzenelle écrit : « Les nuits de l’âme sont entrailles de mutation, matrice sainte, athanor alchimique de résurrection. » La femme, par sa capacité à donner la vie, est en phase étroite avec l’univers des cycles et l’ordre du monde. Cet ordre qu’elle intègre rythme sa vie intime tous les mois comme pour rappeler son implication dans la marche cosmique. Sa condition n’est pas la passivité mais bien plutôt la complicité, l’empathie avec les lois de l’univers qui en fait sa dépositaire. D’où son intelligence avec le coeur des choses et de sa force de résistance qui lui permettent de passer outre les avanies et les secousses de la vie triviale pour aller souvent à l’essentiel.

Initier la femme, c’est lui permettre de prendre conscience de sa richesse intérieure, de prendre la mesure de sa dignité, de lui faire comprendre la place vitale qu’elle occupe dans le cosmos parce qu’elle est l’un des pôles de l’humanité. Sans elle, pas de lumière, puisqu’elle naît de l’union des deux pôles, positif et négatif, chacun aussi nécessaire à l’un qu’à l’autre.

Tout système vivant est à la fois fermé structurellement et ouvert énergétiquement pour expérimenter, progresser, se reproduire. La femme sensible à l’émotion peut, par l’initiation, transformer cette faiblesse en une aptitude à la compréhension, à la compassion, à la perméabilité à tout ce qui relève de l’esprit, de l’immatériel.

Le compas lié à l’équerre, que tout le monde connaît comme les deux symboles récurrents de l’initiation maçonnique, lui sont nécessaires et familiers dans ses fonctions d’éducatrice, de gardienne des valeurs familiales et de citoyenne humaniste. Particulièrement intuitive, la nature féminine vit de manière plus globalisante le triple aspect de la vie, corps, esprit, âme ou, si l’on préfere, corps, coeur, esprit .

L’initiation, c’est aussi pénétrer au-delà des apparences pour essayer d’atteindre à l’essence.

Visionnaire, la femme ? Non, sûrement pas, mais réceptive, perméable, lunaire dans le sens positif. moins emprisonnée dans le carcan de la logique et du mental. Elle aborde les manifestations de la vie avec l’optique de l’artiste, de l’esthète, du poète qui sont des initiés à leur manière.

L’initiation, c’est aussi dominer la souffrance ou, tout au moins, l’intégrer comme une épreuve nécessaire à la sublimation. Si Jéhovah fit sortir la femme de la côte de l’homme, elle a rendu la politesse à ce dernier depuis la nuit des temps, au prix de bien des souffrances tant physiques que morales. Et son sens des valeurs en a été magnifié, parce qu’elle met au monde, nourrit, éduque tout en défendant ses droits contre son compagnon, son fils, son frère, le poids de la tradition, de la politique et des religions intégristes.

La femme initiée a été avertie que son chemin est semé d’embûches, que son engagement la place dans une dynamique de construction avec tous les dangers et souffrances que cela peut comporter. Les outils blessent, le matériau résiste, la construction échappe au concepteur maladroit. Il faut faire et refaire, mais la femme connaît la patience et les aléas de la gestation. L’initiation se vit à chaque moment de l’existence, ici et maintenant. Bien des femmes suivent la voie initiatique comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. C’est pour cela que je me pose, que je vous pose ces questions.

Et si l’initiation des femmes passait par leur libération économique, leur conférait l’autonomie nécessaire, la liberté de mouvement qu’offre l’indépendance monétaire ?

Et si l’initiation des femmes passait par un partage équitable de tous les pouvoirs lui permettant de se réaliser dans tous les domaines et d’aborder ainsi tous les aspects de l’implication de l’humain dans les phénomènes universels ?

En un mot, et si l’initiation de la femme passait par la conviction, confortée par les structures religieuses, sociales et politiques, qu’elle est un être humain à part entière ?

Pour qu’il y ait initiation, il faut qu’il y ait éveil et que la conscience de cet éveil replace chaque action, chaque pensée, dans une direction qui donne sens à la vie. Pour ce faire, il faut que la femme ait enfin droit de vivre pour elle-même et ne vienne pas à l’initiation seulement pour reprendre, ce que j’ai trop souvent entendu lors des auditions, lorsqu’elle est à la retraite, les enfants partis, le mari moins exigeant ou disparu. Je dois reconnaître que si, statistiquement, la moyenne d’âge de nos soeurs était très élevée, il y a encore 8 à 10 ans, elle a tendance actuellement à baisser, ce qui est très encourageant

La femme a des devoirs envers ce qu’elle incarne. Ce que nous rappelons dans le testament philosophique que l’impétrante doit rédiger dans le cabinet de réflexion. On lui demande les devoirs envers la patrie mais aussi envers elle-même et envers l’humanité. Je pense que l’évolution que connaît actuellement notre société va ouvrir la voie aux valeurs féminines qui s’avèrent de plus en plus nécessaires pour contrebalancer une mondialisation fondée sur la finance, l’économie, le pouvoir des banques et la technocratie. Parallèlement, la synthèse se fait entre les notions de matière, d’esprit et de psychisme et Schodengger va jusqu’à énoncer : « Ne nous trompons-nous pas en pensant qu’il y a autant d’esprit que de corps ; peut-être n’y a-t-il qu’un seul esprit ? »

Une nouvelle manière d’appréhender et d’agir sur le monde en découle, mettant l’accent sur l’importance donnée au monde associatif, à la communication, à la solidarité, à la croissance de l’économie de service, tous domaines que connaît bien l’activité féminine et qui, peut-être, fonde ce qui est la modernité.

Je dirai en conclusion que les femmes ont tout à gagner à préserver leur identité et les qualités qui leur sont plus particulièrement dévolues. L’initiation leur permet de les affermir, de les développer, mais qu’elles ne refusent pas ce qu’il y a de solaire, de yang en elles. Qu’elles sachent le reconnaître et le cultiver sans perdre leur spécificité car, ainsi, elles pourront tendre à l’universel.

Si l’homme initié fait de même et accepte d’être aussi lunaire, alors tous deux retrouveront sur le plan spirituel et initiatique les vertus de l’endroginat. Le retour au centre, à l’unité, est au terme de cette descente dans les profondeurs car on sait bien que les parallèles finissent quand même par se rejoindre, dans l’infini du cosmos.

Je terminerai sur cet extrait d’un poème du Tao des femmes qui est publié chez Trédaniel :

« Les hommes et les femmes sont le miroir du Tao.

L’homme n’est pas plus grand, la femme n’est pas plus belle.

Les fleuves suivent chacun leur lit uniquement pour se rencontrer dans l’océan.

La terre accueille le soleil à la fin de chaque jour.

Le soleil à l’apogée se lève ou se couche.

C’est vous qui décidez du sens ! »

Questions-réponses

Christian Bodson

 

D’abord un témoignage que j’ai plaisir à vous lire.

« J’ai toujours pensé que la maçonnerie m’avait pennis de développer cette part de féminité qui sommeille en moi. Elle a permis de libérer mon coeur, moteur de la main tendue. Même si mon obédience n’accepte pas les femmes en loge, de par ma fréquentation de la tradition celtique, je suis persuadé que la femme est soleil et l’homme, lune. Il n’y a que les hommes en mal de masculinité pour penser le contraire. »

Lama Denys

 

Cela me donne l’occasion de faire un petit rappel. En fait, nous sommes d’accord avec les Celtes sur ce point. Dans la tradition des tantras, d’un côté le féminin rouge et de l’autre le masculin blanc correspondent respectivement au soleil et à la lune. La femme est solaire et l’homme est lunaire. Il y a aussi, dans cette vision, le féminin qui est intelligence -prajna- qui est la sagesse, l’ouverture, la matrice omniprésente, toute englobante, accueillante, qui est fécondée, qui est habitée par le principe masculin… En tout cas, vacuité, sagesse, intelligence, c’est féminin. Tout ce qui est de l’action gouvernée par la compassion est masculin. Cela étant, blanc et rouge sont des principes complémentaires qui sont aussi les équivalents du yang et du yin. On retrouve cela dans nombre de traditions primordiales et pas seulement chez les Celtes. . .

Jean-Pierre Pilorge

 

Ces couleurs, blanche et rouge, on les retrouve aussi lorsque le pontife romain est vêtu selon la manière qui convient en symbolisme, de la cape rouge qui est celle du pouvoir royal, et de la robe blanche qui est celle du pouvoir sacerdotal, tel que nous l’avons évoqué hier avec l’arche royale, étant entendu que la fonction prophétique, elle, n’a pas de couleur, car elle ne peut pas s’institutionnaliser.

Un intervenant. Est-ce-que la Grande Loge Féminine de France a accès aux émissions radiotélévisées ?

Jeanine Augé

 

Oui, le dimanche matin. Est posée la question de l’obédience alors, pour te dédouaner, et comme cela le doute continuera à planer sur mon appartenance, je dirai que cette émission a lieu le dimanche matin sur France-Culture à 9 h 40. Ainsi, on ne saura pas si je suis le roi Salomon ou la reine de Saba.

Un intervenant. Entre l’homme et la femme, qu’en est-il de l’identité, de l’égalité, selon vous ?

Jeanine Augé

 

C’est une question qui est tout un monde à elle toute seule !

Identité, non, égalité, oui. Il y a évidemment une part biologique très fondamentalement identique. Quand à l’égalité, elle se conquiert tous les jours. Sur le plan des droits que nous n’avons pas, par exemple. Mais sur les plans de la culture, de l’intelligence et de la réalisation de l’être, je pense que c’est chose faite. Mais peut-être pas avec les mêmes références que les hommes.

Un intervenant. Personne ne conteste l’initiabilité des femmes. Mais pourquoi se cantonner à la pratique du rite masculin ?

Jeanine Augé

 

Je ne pense pas que le rite soit masculin. Le rite est traditionnel et les rites que nous pratiquons sont des rites de tradition avec des outils qui, je le répète, ne sont pas des outils d’hommes mais des outils principes. Je ne vois vraiment pas pourquoi nous irions mettre une machine à coudre sur l’autel des serments. Certes, cela a été suggéré même par des femmes. Mais me gène considérablement. Cela ne prouve qu’une chose, c’est que l’on a pas compris ce qu’était vraiment un outil symbolique.

Un intervenant. Pouvez-vous développer davantage votre affirmation concernant l’ouverture nécessaire vers les voies féminines de l’initiation pour compenser les effets de la mondialisation et de la technocratie ?

Jeanine Augé

 

Là, c’est tout un programme. Je pense qu’actuellement notre société est absolument féroce. Elle est bâtie sur la compétitivité, sur la technocratie. Lorsque l’on voit des fortunes s’édifier en un rien de temps par le jeu d’internet, des échanges -je ne suis pas très lancée là dedans- mais quelques coups de téléphone entre Tokyo et New York et des fortunes se font ou s’effondrent en quelques minutes. Tout cela, ce sont des valeurs qui, pour moi, représentent ce qu’il y

a de pire dans la nature masculine, c’est-à-dire un désir d’hégémonie. Je pense que les femmes, par le sort qu’on leur a fait et qu’elles ont peut-être accepté trop facilement, sont beaucoup plus tournées vers les notions de solidarité, d’effort, de lente construction.

Actuellement, l’industrialisation a gommé les différences qui existaient en la force musculaire de l’homme et de la femme. La femme, dans le monde du travail, se retrouve, dans nos sociétés industrielles, je parle en personne privilégiée, à égalité avec l’homme. Mais elle peut justement y faire ressortir une philosophie de solidarité dont elle n’a pas l’apanage mais qu’elle pratique plus facilement.

Je suis toujours gênée lorsque je parle de la femme parce que je parle en femme privilégiée et je n’oublie pas dans les discours que l’on fait ici ce qui ce passe en Afghanistan, en Algérie. Et là, je dis que c’est l’horreur et je me demande justement ce qui est fait par les hommes et par les femmes pour sortir de cette géhenne.

Un intervenant. Ma très chère soeur, j’ai apprécié ta plaidoirie en forme de réquisitoire -oh non, ce n’était pas un réquisitoire, mais un constat !- à l’encontre d’un ennemi imaginaire, l’homme. Lequel, merci pour lui, est dénué, selon toi, de toute sensibilité et de toute capacité à aimer. Ce langage, ce combat d’arrière-garde, me semble un peu dépassé, du moins chez nous.

Jeanine Augé

 

Eh bien oui ! Quand je parle de la femme, je ne parle pas uniquement de là femme tirée d’affaire. Je parle, je le répète, des valeurs féminines dans ce monde. Je crois que la maçonnerie est quelque chose qui s’ouvre, qui doit s’ouvrir et prendre en compte tous les problèmes planétaires. C’est pour cela que je suis un peu dure, mais enfin, quand on voit en plein XXe siècle, des femmes se déplacer sous un drap de lit avec juste un petit quadrillage pour respirer, on se dit quand même qu’il y a quelque chose qui ne va pas du tout.

Un intervenant. Ta présence à la tribune ainsi que celle d’Anne-Françoise Rey n’en est-elle pas la preuve ?

Jeanine Augé

 

Si, mais vous remarquez que nous sommes deux, trois, contre quantité d’hommes. (rires…) Alors, je dis qu’il ne faut pas croire que je suis une ennemie de l’homme. J’ai quatre petits-fils. J’ai deux fils dont l’un et maçon et, croyez-moi, j’apprécie les valeurs masculines. Je sais aussi que lorsqu’on éduque ses enfants, et ses fils en particulier, d’une certaine manière, on met un peu plus d’amour dans le monde. Je crois que les femmes sont souvent piégées par la propre éducation qu’elles donnent à leurs enfants.

Alain Lorand

 

Là, c’est tout un plaidoyer que je vais vous lire.

« Il existe une maçonnerie dont les quatre principes fondateurs sont l’internationalisme, l’égalité essentielle de la femme et de l’homme, la laïcité dans le respect absolu des modes de pensée à l’exclusion de ceux qui prônent le racisme et l’exclusion et, ce qui est moins important, la continuité initiatique du 1° au 33°. L’égalité essentielle des deux sexes humains y est vécu au quotidien.

Il existe des hommes, et pas seulement au Droit Humain, qui, depuis trente ans, prônent et se battent pour l’égalité des sexes comme de ce que l’on appelait les races. Alors, marchons, progressons, faisons circuler le message et je souhaite, pour ma part, que le discours en faveur de la femme perdure mais qu’il soit dirigé vers les bonnes cibles. Il y a à faire, nous avons hérité de plusieurs dizaines de siècles d’inégalité. L’avenir n’est pas dans le conflit mais dans la fraternisation universelle y compris et surtout entre les sexes. »

Jeanine Augé

 

Je vais vous lire une question à laquelle je ne répondrai pas mais qui vous prouvera que je n’ai peut-être pas tort de dire que les femmes ne sont parfois pas très bien comprises par les hommes.

« Ma sœur, explique-nous pourquoi aucune femme n’est un compositeur de musique de renommée mondiale dans l’histoire ! »

Eh bien, je ne répondrai pas ! (applaudissements…)

Une voix dans l’assistance  : « Il y a Hildegard de Bingen, que l’on redécouvre. »

Un intervenant. Jéhovah n’a pas fait sortir la femme de l’homme. Il a dit que ce n’était pas bon pour l’homme d’être seul. Il a donc créé un être différent de l’homme. Un autre coté de l’homme, un côté intériorisé. Il faut donc réaliser le côté féminin qui est en chaque être humain.

Jeanine Augé

 

C’est une façon de s’exprimer quand j’ai dit que l’on avait sorti la femme de l’homme parce que je me souviens d’avoir ouvert un colloque avec mon frère et mon ami Michel Barat en disant que ce n’était pas la côte d’Adam, c’était le côté. Il m’avait reprise en disant : « Si, si, si, Bossuet disait l’os surnuméraire ! »

Un intervenant. Que pensez-vous d’une maçonnerie féminine qui se fonderait sur un rituel et un symbolisme du tissage plutôt que sur celui de la maçonnerie opérative des constructeurs de cathédrales, comme le suggère Guénon ?

Jeanine Augé

 

Je dirai que moi, le tissage, je n’ai pas connu. En revanche, j’ai fait de la sculpture. Je crois bien qu’il y ait, à la cathédrale de Strasbourg, des oeuvres d’une femme qui a en particulier produit la statue de la foi. Alors pourquoi pas ? Ca reste à créer ! Mais, pour l’instant, je suis très bien dans mon obédience avec mes rituels.

Un intervenant. Si statistiquement, l’âge des soeurs diminue en loge, je vois là une volonté d’ouverture des loges qui, jusqu’ici,manifestaient en la matière une grande frilosité à voir trop de jeunes femmes bousculer la tradition. Les choses auraient-elles tendance à bouger ?

Jeanine Augé

 

Je ne pense pas que cela soit la frilosité des soeurs. Je pense que les femmes n’étaient pas disponibles parce qu’une des premières choses que l’on demande, lorsqu’elles se présentent, c’est d’être assidues. Or, une femme qui a des enfants en bas âge, -on le sait dans le monde du travail, c’est toujours la même chose qui se produit- est sujette à l’absentéisme. Cet absentéisme des femmes est très souvent critiqué, alors que c’est l’organisation de la société qui ne leur fournit pas les moyens de faire garder les enfants. Tout cela s’est amélioré et je pense que telle est la cause de cette prétendue frilosité.

Un intervenant. La maçonnerie accepte l’entrée à l’âge légal, à 18 ans. Je peux dire, elle n’est pas là et je ne porte pas son nom, donc je ne la trahis pas, que ma fille est entrée à 18 ans et s’en porte très bien. Elle a été très bien acceptée, comme mon fils qui est entré à 23 ans et s’en trouve aussi très bien. Non, il n’y avait pas cette peur. Je crois que les femmes n’étaient pas disponibles.

Un intervenant. Initier la femme, c’est prendre la femme comme objet et non comme actrice unique de son initiation qui, ne l’oublions pas, dure toute la vie maçonnique.

Jeanine Augé

 

Je ne pense pas avoir laissé entendre qu’il y avait chez nous quelqu’un qui surveillait l’initiation. Au contraire, j’ai dit que l’on avait à trouver le maître intérieur. Mais il y a quand même la cérémonie d’initiation qui s’appelle initiation, que voulez-vous !

C’est un point de départ. Ensuite, le chemin est plus solitaire qu’ailleurs puisque nous disons en maçonnerie que le maçon s’initie lui-même. Nous refusons toute idée de gourou ou de maître à penser dans la maçonnerie actuelle. Je ne pense pas avoir dit que, dans son travail, l’on tenait quelqu’un par la main pour le traiter comme un objet. Au contraire, le but de l’initiation féminine, c’est de lui donner une indépendance. C’est la prise de conscience de sa propre valeur qui va la rendre indépendante de tout : des idées, des préjugés, et, disons, des compagnies trop dures dans son entourage…

Octobre 1997

 

Jeanine Augé


http://www.buddhaline.net/spip.php?article304


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Fleurs & Planètes

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Dans la médecine ancienne

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, médecins et pharmaciens connaissaient les plantes. Chaque plante était gouvernée par une des sept planètes. Ce qui les aidait à choisir le traitement adéquat. Certaines plantes ont conservé le nom de la planète : la mercuriale, le souci (du latin sol sequium, qui suit le Soleil), le tournesol (du latin sol, Soleil), l’héliotrope (du grec helios, Soleil).

De nombreux praticiens des médecines naturelles n’ont aujourd’hui jamais entendu parler de ces correspondances. Je vous propose donc ces critères qui permettent, instantanément, de connaître la planète dont relève chaque plante.

Á quelle planète correspond cette plante ?

Saturne : les plantes de Saturne ont des feuilles sèches, chevelues et des fleurs vert sombre, blanc sale ou rouge pâle. Leur goût est aigre, acide et leur odeur désagréable. Elles sont constipantes, calmantes, et agissent sur la peau et les os. La jusquiame a des feuilles vert grisâtre cotonneuses, les fleurs sont jaune terne aux veines pourpres. Son odeur est lourde et offensive. En emploi externe, elle traite la goutte et les rhumatismes, mais son emploi interne est toxique. Les arbres de Saturne ont l’écorce grosse, âpre et rude.

Jupiter : les plantes de Jupiter sont douces et astringentes, avec des goûts et des odeurs agréables. Les feuilles pointues et douces sont grises ou bleu-vert. Beaucoup, comme le pissenlit ou l’aigremoine, sont bénéfiques pour le foie. Le nom latin de la sauge, salvia (de salvus, sauf), évoque son pouvoir curatif.

Mars : les plantes martiennes sont épineuses, toxiques et suscitent les larmes, comme l’oignon, ou des gonflements, comme l’ortie. Les feuilles à longues pointes emportent la bouche. Les racines sont fibreuses et rampantes. Elles poussent dans des lieux secs et ont une odeur âcre et oppressante. Les plantes de Mars sont chaudes, sèches et stimulantes. On les utilise souvent pour les troubles musculaires. Le poivre de Cayenne stimule la circulation, aide à vaincre les rhumatismes et les engelures. L’ail relève de Mars.

Soleil : les plantes solaires ont un goût vif mêlé de douceur. Leurs fleurs dorées évoquent le Soleil. Leurs feuilles sont grasses et leurs racines profondes. Leur odeur est âcre et agréable. Elles renforcent la vitalité et la vue. Selon l’herboriste Culpeper (1610-1654), le souci, en correspondance avec le Soleil en Lion, « renforce et conforte le cœur ». Les plantes solaires ont le pouvoir de repousser le poison, les démons et la foudre. La grande chélidoine a des fleurs d’or. Si vous cassez la tige, un jus doré éclatant s’en écoule.

Vénus : les plantes de Vénus sont nourrissantes et émollientes. Elles agissent sur les reins, les veines, la gorge et les organes génitaux. Leur goût est doux, onctueux et délicieux. Les épices doux et les fruits en relèvent. Culpeper attribue la mûre à Vénus en Bélier et écrit « si quelqu’un demande pourquoi Vénus est si épineuse, dites-lui qu’elle est dans le domicile de Mars ». Les plantes de Vénus ont de grandes feuilles et des fleurs blanches ou bleues agréables. Leurs racines sont superficielles et leur odeur est subtile. Le tussilage répond à ces critères. Les feuilles sont grandes, les racines petites, mais les fleurs sont jaunes. L’odeur est douce et subtile et cette plante est apaisante pour les poumons. La verveine est attribuée à Vénus. Culpeper décrit ses pouvoirs pour renforcer et épurer la matrice. Son usage dans le traitement des reins renforce la correspondance avec Vénus.

Mercure : les plantes de Mercure ont des feuilles et des fleurs très diverses, des racines qui s’étendent loin, une odeur rafraîchissante et pénétrante. Leur goût est variable et curieux. Leur utilisation ôte les obstructions. Elles agissent sur le système nerveux. Le persil, la réglisse et la lavande sont bien connus. Tous ont des odeurs et des goûts distincts. Le persil ouvre les obstructions du foie et de la rate, dégage le passage pour l’urine et brise les calculs. La réglisse est laxative. La lavande débarrasse des maux de tête occasionnés par les tensions nerveuses.

Lune : les plantes lunaires sont rafraîchissantes et calmantes. Elles régularisent les fluides du corps et favorisent la digestion. Elles ont un goût humide, insipide et une odeur terreuse. Leurs fleurs, pâles, sont jaunes ou vertes. Leurs feuilles sont arrondies, pâles et grasses, comme pour la laitue ou le mouron blanc, ou foncées aux veines fortement marquées, comme pour le chou. Fréquemment, les plantes lunaires poussent près de l’eau et elles pourrissent facilement. Le groseillier à maquereau est une plante lunaire excellente pour épurer le système lymphatique, régi par la Lune. Comme plantes lunaires, citons la courge, le concombre, le melon, la pastèque, la laitue, l’endive.

 

Denis Labouré

3 avenue de la Libération

42000 Saint-Étienne

laboure@wanadoo.fr

www.astrocours.fr et www.devenir-astrologue.com

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Protégé : La Pierre d’Agate – 14° - 21 juin, 2009

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Le Nombre d’Or 18 juin, 2009

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 Le Nombre d’Or

 

 

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Protégé : « Temples maçonniques, ces maisons de tolérance. » – 3° - 15 juin, 2009

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L’anarchie : une utopie maçonnique ? 14 juin, 2009

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L’anarchie : une utopie maçonnique ?

 

 

« La liberté comme base, l’égalité comme moyen, la fraternité comme but« .

Ricardo Mella in « El idéal anarquista »

V... M...,

 

Avant de commencer, V... M..., permettez-moi un avertissement (pré)liminaire : mécréant en raison, mais pas en cœur, je n’ai aucun respect pour les idées, pas même les miennes ! Mon propos, ce midi, à certains égards, pourra être « jugé » outrancier, provocateur… et il est vrai qu’il se veut… perturbateur et, sinon pertinent, du moins… impertinent, non pour démontrer mais pour… montrer que l’on peut voir autrement de soi-disant évidences et que l’on peut aussi voir des… non-évidences !

 

*

* *

 

Notre très illustre F... Léo Campion avait coutume de dire que : « Si les Maçons anarchistes sont une infime minorité, la vocation libertaire de la Maçonnerie est indéniable (…) elle est la seule association à laquelle puisse adhérer celui qui n’adhère à rien ».

Les Maçons anarchistes… une infime minorité ? rien de surprenant car nous savons tous que les anarchistes ne sont pas un sur cent, ce qui ne les empêche pas… d’exister. Mais, au fait, est-ce que les maçon(ne)s sont plus qu’un sur cent ? et n’existent-ils-elles pas pour autant ?

Je ne reviendrai pas sur ce point historique curieux, bien mis en évidence par notre F... Léo Campion dans son excellent ouvrage « Le drapeau noir, l’équerre et le compas », à savoir que TOU(TE)S les grands noms de l’anarchisme ont été… maçons alors que, au XIXème siècle, aucun d’entre eux-elles n’a été membre de la Charbonnerie quand tant de maçons s’étaient faits charbonniers.

Cette présence constante, et toujours d’actualité, d’anarchistes sur les colonnes des LL... pourrait laisser à penser que la véritable question, la question autant impertinente que pertinente, n’est pas de savoir comment peut-on être maçon(ne) ET anarchiste – à moins que cela ne soit anarchiste ET maçon(ne) – que : comment peut-on ne pas être maçon(ne) ET anarchiste – ou, là encore, anarchiste ET maçon(ne) -.

A une telle question, pour faire dans le « politically correct », de nombreux-euses maçon(ne)s, n’hésitent pas à parler d’une honteuse infiltration de la maçonnerie, à son corps défendant, par de vilains et méchants anarchistes, ce qui, au passage, n’est pas flatteur quant à l’intelligence des maçons infiltrés et fort peu « gentil » à l’égard du Tuileur, du Couvreur et autre F\ terrible.

Ainsi, la F... M... ne serait qu’une sorte de maison de tolérance à l’égard de ces squatters que sont les anarchistes. Une maison, sorte de club de débats, d’échanges – ou d’ébats… échangistes ? – qui, justement parce qu’elle est tolérante, se refuserait à faire appel à la force publique – alors qu’elle compte bon nombre de ses représentants sur ses colonnes ! -, pour chasser de son sein ces « vipères lubriques » que sont les anarchistes. A moins que, dans la tradition libertine du XVIIIème siècle, elle soit un lieu d’amoralité où les élites bien pensantes se plairaient à s’encanailler avec ces « voyous » que sont les anarchistes !…

Et s’il en était autrement ?

 

*

* *

 

V... M...,, avant de nous interroger sur l’éventuelle similitude entre le projet des maçon(ne)s et celui des anarchistes, rappelons brièvement comment les maçon(ne)s s’organisent pour réaliser leur projet.

Sur le frontispice du portail de la F...M... belge on peut lire que le maçon est un homme (ou une femme) qui a la tête dans les nuages, l’amour dans le cœur, mais les pieds bien sur terre. Je reviendrai sur cette « définition » pour rappeler d’abord que, selon l’acception reprise dans les Constitutions d’Anderson, un maçon est un homme (au sens générique d’être humain) libre dans une loge libre. Il en résulte qu’une obédience (ou « ordre »)est une fédération de loges libres et que la F... M... universelle est une « république » universelle de loges et de maçon(ne)s libres.

Association, associationnisme, fédération et fédéralisme… ne sont-ce point là, si l’on s’en réfère aux FF... Michel Bakounine, Pierre Kropotkine et Pierre-Joseph Proudhon des modes relationnels et organisationnels… anarchiques ?

Les maçon(ne)s élisent des… officiers qui ne sont pas des « gouvernants », des « mandataires », des « représentants » mais des pairs qui, conformément au mandat impératif, révocable et « tournant » qui les a désignés et dont ils doivent rendre… compte, ont la… charge de tenir certains offices, d’exécuter certaines « missions » dans l’intérêt de cette communauté maçonnique qu’est la L....

Ces Officiers, s’ils sont détenteurs d’autorité (au sens d’aptitude à attirer le respect, l’estime, la confiance en raison des connaissances acquises et de la « sagesse » retirée) n’ont point pour autant de… pouvoir sur leurs pairs. Ne peut-on voir en ces Officiers les délégué(e)s de l’Internationale libertaire « jurassienne », les « élu(e)s » des Communard(e)s ou, de nos jours, de la C.N.T. ?

Les maçons sont les amant(e)s passionné(e)s de la liberté de conscience au motif que c’est d’une conscience libre que naît l’humanité qu’ils-elles revendiquent ; ce faisant, ils ne professent d’autre interdiction que celle d’interdire ou d’œuvrer à interdire. En refusant autant l’intolérant que l’intolérable les maçons, comme ces étudiants qui, en 1968, décoraient la Sorbonne du drapeau noir de leur révolte, ne découvrent-ils pas la mer sous le pavé mosaïque que d’autre jettent dans la marre pour condamner au trouble de l’aveuglement la clarté d’une conscience libre.

Libres de conscience, les maçon(ne)s sont adogmatiques [du moins celles et ceux qui assument leur liberté dans… l'irrégularité !] : qui pourrait dire que l’anarchisme est dogmatique quand c’est au nom du dogme d’une nouvelle religion – le marxisme – que les communistes libertaires ont été… excommuniés de l’Association Internationale des travailleurs ? Et y a-t-il courants de pensée plus traversé de discussions, de débats, de controverses que l’anarchisme mais, également, la F... M... ?

Les anarchistes, on le sait, n’ont pas leur langue dans la poche : leurs écrits et chansons en attestent. Mais y a-t-il beaucoup de lieux où, à l’instar du temple maçonnique, la liberté d’expression soit non seulement la règle mais aussi la pratique dès lors qu’elle est respectueuse de le personne (et non des idées) ?

Nous avons vu que les anarchistes comme les maçon(ne)s votent, notamment aux fins d’élection. Dans les LL..., comme dans la plupart des Obéd..., les votes se font à la majorité. Parce qu’ils-elles sont très attaché(e)s au respect de l’Autre, les maçon(ne)s, outre qu’ils-elles reconnaissent le « droit de retrait », de ce que je sais et j’ai pu vivre, n’ont jamais à cœur d’écraser une minorité d’un vote majoritaire surtout si cette minorité, même réduite à UN(E) seul(e) individu, fait preuve d’une opposition… véhémente, irréductible et s’efforcent toujours, comme les anarchistes, de rechercher et de trouver sinon l’unanimité, du moins le consensus.

En effet, les maçon(ne)s, comme les anarchistes, ne professent aucun dogme. Dès lors, débarrassé(e)s qu’ils-elles sont de leurs métaux, ils-elles ne détiennent aucune vérité et, humbles, modestes, « laborieux » considèrent que l’on peut et doit d’autant plus douter de tout, à commencer par un point de vue… majoritaire, que, minoritaires, ils-elles ont toujours eu à se battre pour se défendre contre l’oppression… majoritaire mais aussi pour faire avancer leurs idées de progrès contre une réaction, une inertie… majoritaires.

Société initiatique, la F...M... « recrute » par cooptation après enquêtes et passage sous le bandeau (que l’on peut qualifier sinon d’interrogatoire, du moins d’ »entretien d’embauche »), possède des signes, mots et attouchements de (re)connaissance, pratique le symbolisme, notamment des signes et des mots, détourne le vocabulaire usuel, crypte ses écrits… Certes, par souci… initiatique mais, pour certaines pratiques, par souci de… sécurité afin de se préserver de l’inquisition, voire de la répression dont elle a fait et continue de faire l’objet. N’est-ce point là un autre point commun avec ces sociétés secrètes qu’ont constitué et que constituent les anarchistes ?

A titre anecdotique pour ne pas dire humoristique, je rappellerai que les maçon(ne)s professent et revendiquent l’universalisme de leurs idées, de leurs principes, de leurs valeurs, de leur action… Et, pourtant, la F... M... n’est pas UNE mais… multiple, pour ne pas dire… divisée, voire même opposée. A l’instar de l’anarchisme dont les mauvaises langues disent qu’ils se divisent dès lors qu’il réunit trois individus pour pouvoir tenir ses réunions dans… une cabine téléphonique et, ainsi, faire l’économie d’une… L [Ô pardon, ma langue a fourché, d'un… local]. Questions de sensibilité, de sentiment, d’appréciation, de cheminement… Mais, comme il existe une véritable frontière entre le communisme libertaire et le communisme marxiste (avec tous ces avatars : stalinien, maoïste…), il existe une frontière entre la F\ M\ libertaire (Ô pardon, libéral) et la F... M... « régulière » (ou… « orthodoxe » !!!): celle de la Liberté, une Liberté qui se trace fraternellement dans l’égalité des gens.

Dans les deux cas, à l’origine, il y a nécessairement un choix, le choix de s’engager. Les engagements anarchique et maçonnique sont scellés par la liberté : la liberté du choix de l’individu d’abord qui, un jour, décide d’entrer en anarchisme ou en Franc-Maçonnerie – voire, en l’un ET en l’autre – ; la Liberté ensuite, avec un grand « L », constitutive à la fois de l’humaine condition : l’humanité par différenciation d’avec le non-humain, le pré-humain, l’a-humain, l’in-humain, du projet anarchique et maçonnique : la libération des individus et de la Société humaine et, enfin, de la fin anarchiste et maçonnique : l’achèvement de l’humanité, c’est-à-dire l’avènement d’une Société véritablement humaine.

Ayant la même devise – Liberté – Égalité – Fraternité -, Anarchisme et Franc-Maçonnerie n’ont d’autre culte que la Liberté. L’un comme l’autre sont donc sinon anti-dogmatiques, du moins a-dogmatiques. Et pourtant, des anarchistes et des Francs-Maçons, amants déchirés par l’illusion que l’un(e) trompe l’autre (?), font régulièrement dans le dogmatisme et, usant d’ukases, de lettres de cachets, de fatwas, de bulles…, condamnent et… excommunient l’autre sans se rendre compte que, ainsi, ils déchirent, trahissent, renient… leur engagement et, ainsi, piétinent, bafouent, molestent, violentent,… et même… assassinent la Liberté dont ils se réclament : leur liberté mais, aussi et surtout, celle de l’Autre, celle de l’humaine condition.

Je cite un illustre anarchiste et franc-maçon, Léo Campion :

« Aussi est-il regrettable que des anarchistes sectaires excommunient la Franc-Maçonnerie au nom d’un pseudo-dogme de l’Anarchie (comme si l’Anarchie était anti-tout alors quelles est à-tout) et que les Maçons sous-évolués excommunient l’Anarchie au nom d’un pseudo-dogme de la Maçonnerie (comme si la Maçonnerie n’était que tradition, alors qu’elle est tradition, dialogue et progrès). Ces attitudes sont d’autant moins admissibles qu’au contraire l’Anarchie comme la Franc-Maçonnerie, anti-dogmatiques par essence, sont l’une comme l’autre tout le contraire d’un dogme. Elles qui ont en commun le culte de la Liberté et le sens de la Fraternité, avec comme but l’émancipation de l’Homme ».

En fait, s’ils s’entendent sur le point de départ et sur la destination du chemin, Anarchistes et Francs-Maçons, en revanche, ne font pas nécessairement le même choix d’itinéraire, certains des premiers admettant le recours à l’action illégale, certains des seconds n’acceptant que l’action légale. Et cette différence, si elle est bien une ligne de partage de méthodes, n’est pas véritablement une fracture de valeurs, de principes, de philosophie, d’éthique et, in fine, un schisme de l’humanisme.

En effet, la légalité et l’illégalité sont des concepts et des réalités juridiques . Elles sont donc tributaires du Droit en vigueur et, en définitive, de l’Autorité en place qui a le pouvoir d’imposer SON Droit et donc SA conception de ce qui est licite et de ce qui est illicite, notions, elles, éthiques, philosophiques, politiques, voire idéologiques. En la matière, la relativité est donc… la règle : le « ici » et le « maintenant » ne peuvent appeler à aucun… dogmatisme quand on se donne tant soit peu la peine de lire – et comprendre – l’Histoire et, plus simplement, d’être attentif à l’actualité, être curieux des us et coutumes et que, de surcroît, on se revendique anar ou maçon !

Comment un anar ne pourrait pas se sentir chez lui dans une Loge où, par définition, le maçon y est un homme libre ? Et comment, un maçon, parce que, justement, homme libre dans sa loge, pourrait ne pas accepter un anar qui vient librement à sa loge ?

Pourtant, les arguments avancés par certain(e)s FF... et SS... pour considérer que les anarchistes n’ont pas leur place au sein de leurs loges . Je n’en citerai que deux :

ü      les anarchistes sont, par nature et dans leurs actes, des… illégalistes alors que, comme le recommandent les Constitutions d’Anderson, un(e) maçon(ne), homme libre mais aussi… de bonnes mœurs, de respecter la Loi ; outre que l’accusation d’illégalisme couvre, en fait, une imposture intellectuelle qui consiste, à l’instar de la C.I.A. et d’Europol, à assimiler anarchisme et terrorisme, je rappellerai que, c’est au nom même de leur engagement maçonnique, que des maçon(ne)s parfois, et plus souvent qu’on ne le pense, considérant qu’au-dessus des contingences politiques, économiques, sociales… des lois il y a des lois universelles, comme celles des Droits des humains, désobéissent à la Loi. Je donnerai trois exemple de désobéissance maçonnique : un ancien, les lois racistes et fascistes de Vichy ; un plus récent, l’objection de conscience, en particulier lors de la guerre d’Algérie et un d’actualité, l’entêtement à faire œuvre de fraternité en portant assistance aux demandeurs d’asile et, plus généralement, aux sans papiers alors que, désormais, l’acte de solidarité peut être constitutif d’un délit et passible de prison.

ü      l’apprenti(e) jure d’être dévoué(e) à sa patrie alors que, c’est bien connu, les anarchistes n’ont pas… de patrie puisqu’ils – elles se disent internationalistes. Là encore, il s’agit d’une grossière erreur, délibérée ou involontaire, par ignorance : les anarchistes ne sont pas des internationalistes mais des… anationalistes et leur patrie est… l’humanité. L’humanité, une et indivisible, sans considération de nationalité et, bien entendu, de race, de sexe, de métier…, dont le dévouement envers laquelle relève d’un patriotisme bien particulier… la fraternité !

Différence de méthode ai-je dit ; une différence d’action dans et sur le monde profane. Mais cette différence disparaît, s’évanouit au franchissement de la porte du temple puisque, ensemble, FF... et SS..., anarchistes ou non, travaillent ensemble en toute liberté, en pleine égalité, en véritable fraternité.

Les chroniques de l’Histoire comme les archives des Obédiences, du moins pour celles qui ne revendiquent pas une… régularité dont, soit dit en passant, on peut s’interroger sur sa conformité avec le principe de Liberté constitutif de la F... M... , du maçon comme celle de l’humain, attestent de ce que, de la seconde moitié du XIXème siècle à la fin de la première moitié du XXème, quasiment TOUS les grands noms de l’Anarchisme et de l’Anarcho-syndicalisme, sont ceux de FF... et de SS.... [J'ai à votre disposition une liste d'autant plus impressionnante qu'elle est loin d'être exhaustive].

A la différence des marxistes-léninistes, des trotskistes, des maoïstes…, les anarchistes n’ont jamais fait dans l’entrisme. Il ne viendra donc à l’idée de personnes que les anarchistes qui sont entrés en maçonnerie l’ont fait par entrisme, pour la phagocyter. Considérant que la F... M... n’est ni un lobby – politique, économique, social…, pour ne pas dire affairiste, voire maffieux -, ni le tremplin d’aspirations personnelles de pouvoir, de renommée, de prestige, d’avantages divers et variés…, personne ne considérera non plus que l’engagement maçonnique des anarchistes obéissait à un intérêt… intéressé. De telles idées seraient d’ailleurs d’autant plus fallacieuses que, souvent, l’engagement anarchiste est la résultante – la conséquence logique, l’achèvement – de l’engagement maçonnique.

Entre eux-elles, les maçon(ne)s s’appellent frères et sœurs ; cela ne gêne aucunement un anarchiste maçon d’appeler ainsi celui-celle qui, dans le monde profane, est juge, policier, patron… car, outre que, se refusant à considérer que la carte fait le territoire et que, à cet instar, l’institution, la fonction, le titre, la classe…et, en somme…. le hasard de la naissance, font – ou défont – l’individu, l’anarchiste, comme le maçon, voit en tout individu ce qui échappe à l’aveuglement ou l’ignorance de certain(e)s : l’humain, c’est-à-dire à la fois l’humanité qu’il partage, malgré leurs différences, même si celles-ci sont, parfois, oppositionnelles, et l’être humain en lequel il se reconnaît fraternellement, en dépit d’éventuelles dissemblances du paraître, et même si cet autre n’est pas véritablement libre, à raison, par exemple, de son aliénation.

Entre eux, et notamment dans leurs actes et propos publics, les anarchistes s’appellent compagnons et compagnonnes. Pour deux raisons essentielles : d’abord, parce que ce terme renvoie au compagnonnage des métiers, manière de s’ancrer dans la tradition ouvrière et d’affirmer son statut de… prolétaire et, ensuite, parce que ce terme, du latin populaire « companio » et du latin classique « cum » et « panis », signifie celui-celle avec le-la-quel-le on partage le pain, c’est-à-dire… la vie. S’agissant de ce second motif, quel plus beau symbole de la fraternité que celui du partage du pain ? quel(le) maçon(ne) ne se retrouve pas dans cette symbolique ? ne peut-on considérer que, d’une certaine manière, pour ne pas dire d’une manière certaine, le terme de compagnon(ne) est la version… profane de celui de frère-sœur, même si, en dehors de la scène publique, les anarchistes n’hésite pas à se donner du frère et de la sœur.

Le partage de la vie… Les anarchistes sont des amant(e)s passionné(e)s de la vie. La vie qu’ils-elles aiment à en mourir quand c’est là le prix à payer pour rester debout, autrement dit libre et donc… humain ou bien encore pour la liberté d’un(e) autre. Les anarchistes aiment la vie avec passion et pourtant leur drapeau est… noir car :

[…] Pourquoi ce drapeau teint en noir ?
Est-ce une religion suprême ?
L’homme libre ne doit avoir
Pour penser nul besoin d’emblème !
- L’anarchiste n’accorde pas
A ce drapeau valeur d’idole,
Tout au plus n’est-ce qu’un symbole,
Mais en lui-même il porte son trépas
Car annonçant la fin des oripeaux
Il périra comme tous les drapeaux.
En Anarchie où régnera la Science,
Pour tout drapeau, l’homme aura sa conscience.

[Extrait du Chant du drapeau noir, Chanson de Louis Loréal (1922)]

ou bien encore :

[…] Les anarchistes
Ils ont un drapeau noir
En berne sur l’Espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l’Amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier
Qu’y’ en a pas un sur cent et qu’ pourtant ils existent
Et qu’ils se tiennent bien bras dessus bras dessous
Joyeux et c’est pour ça qu’ils sont toujours debout
Les anarchistes
(Extrait de Les Anarchistes, paroles et musique de Léo Ferré, 1966]

Au fait, avez vous remarqué que le fond des bannières maçonniques, malgré la lumière, voire les dorures de leurs décors est quasiment toujours… noir ?

Les médias ont fait des gorges chaudes sur les affaires qui ont impliqué des maçon(ne)s, sachant que les errements de quelques individus n’ont pas manqué d’être utilisés pour armer le bras de la croisade anti-maçonnique, née, comme de bien entendu, avec la F... M... elle-même. Il a existé, il existe et il existera de mauvais(es) maçon(ne)s donc, mais quelle société humaine, quel groupement d’individus peut se targuer d’être exempt de faux-frères et fausses-sœurs ; le mouvement anarchiste, dans sa dimension organisationnelle ou sa forme individualiste, compte aussi de faux compagnons et de fausses compagnonnes ? Cette similitude qui existe en matière d’hiatus entre la déclaration de principe – la revendication de l’identité maçonnique ou anarchique – et les propos tenus et, surtout, les actes posés, n’est-elle pas une passerelle de rapprochement entre les tenant(e)s de l’opposition irréductible entre Anarchisme et F... M... ? Un rapprochement, non de compromis – et encore moins de compromission -, pas même une paix des braves, non, juste le partage d’un questionnement : Pourquoi, depuis l’aube des temps, les plus beaux idéaux et, notamment, ceux s’inscrivant dans la tradition et le mouvement humanistes, invariablement, finissent toujours par être salis par certain(e)s d’entre ceux et celles qui s’en revendiquent ?

Je pourrai continuer longtemps encore cette litanie de ressemblances, frappantes, entre maçon(e)s et anarchistes avant d’aborder le projet maçonnique proprement dit. Le temps nous étant compté, je vais l’arrêter avec une ultime similitude pour pointer, malgré tout, une différence entre l’anarchiste et le-la maçon(ne).

Il existe en effet une différence importante entre l’anarchisme et la Franc-Maçonnerie : un(e) anarchiste peut militer, être anarchiste de façon isolée, sans adhérer à quelque structure que ce soit. Il-elle sera reconnu(e) comme tel(le) dès lors qu’ils professent les valeurs anarchiques essentielles et que son comportement comme son action sont conformes à son engagement et à ses valeurs. En revanche, un(e) maçon(ne) ne peut être véritablement maçon(ne) que pour autant qu’il-elle est membre d’une L... car c’est en ce lieu « sacré », plus que dans le monde profane, qu’il-elle est reconnu(e) comme tel(le) par ses pairs. Serait-ce parce que les anarchistes sont un peu plus individualistes que les maçon(ne)s et/ou que les maçon(ne)s sont un peu plus communistes que les anarchistes ?

 

*

* *

 

Venons-en à présent, V... M... , au projet maçonnique, c’est-à-dire au but que les maçon(ne)s se donnent ou bien encore à l’ »utopie » que la F... M... se propose de réaliser.

Dans le préambule de sa Constitution le G... O... D... B... stipule que : « A l’extérieur du temple, dans la volonté d’assurer la libre expression de la pensée humaine, l’Assemblée du Grand Orient pose comme ultime devoir à l’Obédience l’honneur de sauvegarder toujours, en dépit de toutes les menaces ou contraintes, les aspirations des hommes à la liberté, à l’égalité et à la fraternité » tandis que dans l’article 1er de sa Constitution le G... O... D... F... précise que : « La F M, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité ; elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité« .

Se référant à la triptyque révolutionnaire de 1789, la F...M..., que les Anglais « orthodoxes » et gardiens de l’ordre… établi – celui de la société bourgeoise, dont ils sont les enfants, autrement dit du… capitalisme – considèrent comme… irrégulières, la F... M... donc appelle ses « adeptes » à travailler, dans le temple et hors du temple, pour l’avènement d’une société de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.

Il ne me semble pas que le caractère révolutionnaire d’un projet de changement ou d’un changement résulte du recours à la violence physique (insurrection, coup d’état, lutte armée…) mais, au contraire, de la… radicalité du changement. Ainsi, dans le domaine des connaissances et de la Science, Galilée, Copernic, Einstein, Freud… ont bien causé des révolutions sans pour autant recourir à la force. En politique, l’extension du suffrage universel aux femmes, l’abolition de la peine de mort pour ne prendre que ces exemples peuvent être considérés comme de véritables révolutions qui n’ont pas forcément été accouchées par la violence.

La radicalité d’un changement sociétal, comme, autre exemple, la reconnaissance des Droits de l’Enfant, peut donc résulter du seul fait du… progrès des mœurs, des pensées, des idées, des lois… Une telle voie de changement est usuellement qualifiée de réformisme pour l’opposer à une autre radicalité de changement qui, violente celle-ci, est qualifiée, du moins en politique, de… révolution.

Outre qu’elle ne repose que sur une différence de moyens, c’est-à-dire d’action ou, pour reprendre un terme maçonnique, de… travail et non de finalité, cette distinction occulte le fait qu’un changement radical, même s’il est recherché et obtenu pacifiquement, légalement, légitimement dans l’intérêt général tel qu’il peut s’incarner dans l’ »écrasante majorité » d’une population donnée, est toujours… forcément imposé à des intérêts particuliers – individus, groupements, communautés, classe… – qui ne se retrouvent pas dans le changement radical en question. Pour ces intérêts particuliers, le changement radical n’est pas une réforme mais une révolution, une révolution illégitime, expropriatrice, usurpatrice…

Permettez-moi une citation V... M... : « Le constat face aux injustices sociales, celles que l’on subit personnellement ou celles faites à autrui, provoque notre révolte et l’on se dit qu’on ne peut pas rester sans rien faire devant une telle situation… Mais le seul sentiment de révolte ne veut pas dire grand chose: il est tout relatif. Ce qui vous semblera inacceptable ne le sera pas forcément aux yeux d’un autre. Par soumission, par inconscience ou par idéologie, certains ne voient hélas rien d’abject dans le racisme; ou estiment “normal” d’être soumis aux ordres d’un chef ! En fait, tout dépend de notre vécu, de notre réflexion, de notre éthique, de ce que nous considérons comme possible. Pour notre part, si nous contestons radicalement la société actuelle, c’est parce que nous sommes convaincus qu’une société de liberté, d’égalité et de fraternité est réalisable ».

Cette citation pourrait être extraite du projet de création d’une L. ou d’une planche ou revue maçonnique. En fait, elle est tirée du programme de… l’Union Régionale Rhône-Alpes de la Fédération Anarchiste

D’aucuns, V... M..., ne manqueront pas de dire que le propos de ce texte est trop… ouvert, marqué et pas assez mesuré pour que le-la maçon(ne) lambda puisse s’y retrouver et que, surtout, il fait implicitement appel à la violence comme facteur de changement radical.

Examinons donc un autre texte, celui de la page d’accueil de la F...M... belge, « œuvre » collective du Grand Orient de Belgique (G.O.B.), de la Grande Loge Féminine de Belgique G.L.F.B.), de la Grande Loge de Belgique (G.L.B.) et de la Fédération belge du Droit Humain (D.H.), portail, est-il nécessaire de le souligner, est ouvert au public profane :

 

« Ces quatre Obédiences,

ont décidé d’ouvrir ce site Web afin d’informer le monde profane que la Franc-Maçonnerie adogmatique belge s’inspire des principes suivants :

Ce même texte précise que :

Propos… anodins. Aucunement révolutionnaires. Encore moins anarchistes. Et pourtant !

En effet, est-ce que le projet maçonnique de travailler à l’avènement d’une société de Liberté, d’Égalité et de Fraternité est… réformiste ? que nenni. Bien au contraire, ce projet est… révolutionnaire car n’est-ce pas vouloir faire la Révolution, au sens d’introduire un changement radical, que de vouloir instaurer la Liberté, l’Égalité et la Fraternité dans une société qui, en raison même de sa structuration économique et donc politique n’est ni libre, ni égale, ni fraternelle ? une société qui favorise l’accumulation des richesses de quelques un(e)s aux dépens de la misère d’une majorité sans cesse croissante ? le gain immédiat au prix de la (sur)vie de la planète et donc de l’humanité ? une société, disé-je, qui se construit sur et se nourrit de l’absence de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.

En travaillant à l’évènement d’une société de Liberté, d’Égalité et de Fraternité les maçon(ne)s font œuvre d’… utopisme au sens où ils aspirent à la réalisation de leur idéal dans un contexte économique, politique, social, culturel, éthique… qui est l’antithèse de cet idéal.

Ce travail les maçon(ne)s le font dans le secret – que d’aucuns préfèrent qualifier de « simple discrétion » – de leurs loges. Au sens strict de « rassemblement de personnes ayant le projet, concerté et secret, de changer, transformer radicalement un ordre établi », c’est-à-dire une « société policée », les maçon(ne)s sont donc des… comploteurs – euses, terme qui, quelque peu désuet et désormais réservé aux seuls militaires, peut se traduire par… terroristes !

[Au passage, un bref rappel historique : Originellement (1794), le terme de terroriste a un sens particulier : celui d'une personne appliquant la politique de la Terreur pendant la Révolution française, ladite Terreur étant l'"ensemble des mesures d'exception prises par le gouvernement révolutionnaire depuis la chute des Girondins (juin 1793) jusqu'à celle de Robespierre (27 juillet 1794, 9 Thermidor de l'An II) ou, selon le mot de Robespierre "la justice prompte, sévère, inflexible". A l'origine donc, le terrorisme, sous la forme précise de "Terreur" fut sinon légitime, du moins… légal, cela est souvent oublié pour cause, sans doute, d'Alzheimer historique !].

Tout le monde s’accordera à dire que, de nos jours, peu de maçon(ne)s, à la différence de ceux qui, nombreux, au XIXème siècle firent le choix de la Charbonnerie en France, en Belgique, en Italie…, fomentent un complot qualifiable de terroriste pour arriver à leur fin : le changement radical de la société et que la plupart travaillent à ce changement en planchant sur l’étude et la critique de la société mais également en exerçant des… pressions, pas toujours amicales et fraternelles, sur et auprès des parlementaires, des gouvernants, des chefs d’entreprise…

Il existe un autre « art royal » de ce travail maçonnique : la… « propagande par l’exemple, la parole et les écrits » qui, dans le vocabulaire anarchiste peut se traduire par… « l’action directe » ou bien encore par… la propagande par le fait.

La société idéale dont « rêvent » les maçon(ne)s est une utopie comme l’est l’anarchie que les anarchistes attendent au lendemain du « Grand soir ». Ce rêve partagé est souvent payé au prix fort, celui de la répression. Pourtant, il continue d’être fait. Par entêtement ? Non, je ne le pense pas. Ce rêve continue d’être fait, parce que, voyez-vous, V... M... , le choix d’être anarchiste et/ou maçon, n’est pas… anodin : il est celui que font des individus qui, ayant fait le choix de naître à leur humanité, tout simplement, dans leur action quotidienne – leur travail en somme -, leurs faits, leurs propos et leurs gestes s’efforcent de rester humains pour eux-elles mêmes et pour les autres. On ne naît pas maçon ou anarchiste. On le devient par choix. Dans l’un et l’autre cas, ce choix, pour la plupart du temps, est la conséquence d’une… révolte, celle du refus de l’injustice, c’est-à-dire de l’aliénation, l’inégalité, de la bestialité.

[24], vénèreraient comme d’autres vénèrent des… reliques, histoire de s’assurer qu’ils restent bien dans la châsse du passé et que, surtout, ils ne viennent pas perturber le sommeil pantouflant des vivants

Non, « Liberté – Égalité – Fraternité » constituent bel et bien la quintessence d’un programme, celui du projet maçonnique d’une société (enfin) véritablement… humaine.

Ces trois mots peuvent être mis en musique sous un air de phrase et, ainsi, donner :

« La liberté comme base, l’égalité comme moyen, la fraternité comme but« .

Dans ce libellé, quel(le) maçon(ne) ne se reconnaît(ra) pas ? Son auteur n’est portant pas maçon mais… anarchiste. Il s’agit de Ricardo Mella qui, dans « El idéal anarquista », résuma le projet de société de la C.N.T. pour lequel des dizaines de milliers d’anarchistes moururent et sous la bannière duquel se rangèrent de nombreux maçon(ne)s contre la machine de guerre autant franquiste que stalinienne.

Des FF... ne manqueront pas de dire que les maçons, conformément au serment prononcé lors de leur initiation, sont respectueux de la Loi quand les anarchistes ne le sont pas. Mais, V... M..., à ces FF..., je pose la question suivante : de quelle Loi parlez-vous ? quelle Loi respectez-vous ? celle, par exemple, qui issue d’un suffrage démocratiquement majoritaire, instaure l’apartheid, l’état d’exception privatif de libertés individuelles et irrespectueux des droits fondamentaux, le délit de vagabondage pour un sans abri, un sans papier… ou bien celle de votre engagement maçonnique qui vous exhorte à lutter contre l’injustice, soutenir le faible, protéger la victime…, bref vous reconnaître en l’Autre, fût-il hors-la-loi de l’État, et le respecter autant que vous vous respectez ?

Face à un tel dilemme, de quel côté penche le cœur et l’action du maçon: celui, par exemple, de Thiers, boucher des Communard(e)s au nom du maintien de l’ordre et du respect de la Loi ou du F... communard et, peut-être anarchisant, même si cela importe peu de savoir qu’il le fût ou non, Félix Pyat qui proclama :

« Frères, citoyens de la grande partie universelle, fidèles à nos principes communs : Liberté, Égalité, Fraternité, et plus logique que la Ligue des Droits de Paris, vous, Francs-Maçons, vous faites suivre vos paroles de vos actions. Aussi, après avoir affiché votre manifeste – le manifeste du cœur – sur les murailles de Paris, vous allez maintenant planter votre drapeau d’humanité sur les remparts de notre ville assiégée et bombardée. Vous allez protester ainsi contre les balles homicides et les boulets fratricides, au nom du droit et de la paix universelle ».

Dans les différents forums, colloques, manifestations… organisés un peu partout, les anarchistes martèlent leur aspiration à une triple émancipation :

Ainsi, les anarchistes refusent le modèle sociétal, oppresseur et exploiteur, qui est la négation de l’individu et de ses aspirations. Ils cherchent par tous les moyens à montrer qu’il est possible et souhaitable de vivre dans une société libre, égalitaire (et donc égale) et fraternelle, gérée directement et librement par ses diverses composantes : individus, groupements sociaux, économiques, culturels, et ce dans le cadre due l’associationnisme et du fédéralisme libertaires.

Pour arriver à leurs fins, les anarchistes s’interdisent d’user de certains moyens car, comme le disait Errico Malatesta :  » ces moyens ne sont pas arbitraires, ils dérivent nécessairement des fins que l’on se propose et des circonstances dans lesquelles on lutte. En se trompant sur le choix des moyens, on n’atteint pas le but envisagé, mais on s’en éloigne, vers des réalités souvent opposées et qui sont la conséquence naturelle et nécessaire des méthodes que l’on emploie ».

Ne retrouve-t-on pas dans tout cela, même si dit autrement, le projet maçonnique ?

Les maçon(ne)s travaillent à l’avènement d’une société de Liberté, d’Égalité, de Fraternité qu’ils-elles ne… nomment point sauf à la qualifier de (véritablement) humaine et, parfois, d’…utopie, au sens d’idéal, de société idéale à bâtir. Pourtant, V... M... , une société de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, si elle est bien (véritablement) humaine, a, d’un point de vue historique, politique, philosophique et éthique, un nom : l’Anarchie.

En effet, sans multiplier à l’infini les définitions de l’Anarchie, j’en prendrai trois tirées de la toile :

Et une dernière de Pierre Kropotkine qui, lors de son procès à Lyon, le 1er janvier 1883, déclara :

Les anarchistes, messieurs, sont des citoyens qui, dans un siècle où l’on prêche partout la liberté des opinions, ont cru de leur devoir de se recommander de la liberté illimitée.(..) Nous voulons la liberté, c’est-à-dire que nous réclamons pour tout être humain le droit et le moyen de faire tout ce qui lui plaît, et de ne faire que ce qui lui plaît; de satisfaire intégralement tous ses besoins, sans autre limite que les impossibilités naturelles et les besoins de ses voisins également respectables.

Nous voulons la liberté et nous croyons son existence incompatible avec l’existence d’un pouvoir quelconque, quelles que soient son origine et sa forme, qu’il soit élu ou imposé, monarchiste ou républicain (…)

Le mal, en d’autres termes, aux yeux des anarchistes, ne réside pas dans telle forme de gouvernement plutôt que dans telle autre. Il est dans l’idée gouvernementale elle-même, il est dans le principe d’autorité.

La substitution, en un mot, dans les rapports humains, du libre contrat, perpétuellement révisable et résoluble, à la tutelle administrative et légale, à la discipline imposée, tel est notre idéal. Les anarchistes se proposent donc d’apprendre au peuple à se passer de gouvernement comme il commence à apprendre à se passer de Dieu.

Il apprendra également à se passer de propriétaires. Le pire des tyrans, en effet, n’est pas celui qui vous embastille, c’est celui qui vous affame. (..)

Pas de liberté sans égalité ! Pas de liberté dans une société où le capital est monopolisé par les mains d’une minorité qui va se réduisant tous les jours et où rien n’est également réparti, pas même l’éducation publique, payée par les deniers de tous.

Nous croyons, nous, que le capital, patrimoine commun de l’humanité puisqu’il est le fruit de la collaboration des générations passées (…) doit être à la disposition de tous (…)

Nous voulons. en un mot, l’égalité : l’égalité de fait, comme corollaire ou plutôt comme condition primordiale de la liberté de chacun selon ses facultés, à chacun selon ses besoins,- voilà ce que nous voulons sincèrement ».

Toutes ces définitions de l’anarchie, V... M... , ne sont-elles pas la traduction… politique du projet philosophique et éthique de la société idéale des maçon(ne)s ? Autrement dit, l’anarchie ne serait-elle pas le décryptage profane du symbolisme maçonnique de la triptyque, révolutionnaire en 1789, rappelons-le, de « Liberté – Égalité – Fraternité ».

En somme, V... M..., n’y a-t-il pas meilleure définition de l’anarchisme et de la F... M... que celle d’une utopie d’action et en action qui travaille à la construction d’un temple que d’aucuns se (com)plaisent à démolir sans cesse, le temple de l’humanité, parce que les anarchistes comme les maçon(ne)s ont pour précepte : « La liberté comme base, l’égalité comme moyen et la fraternité comme but ».

Ordo ab chaos – transformer le chaos en ordre, extraire l’ordre du chaos-, est-ce que cette devise maçonnique n’est pas la réplique (« sismique » ?) de ce mot de notre F\ Élisée Reclus « l’anarchie est la plus haute idée de l’ordre », mot que je me plais, en souvenir de notre S... Louise Michel, de compléter par « car elle est l’ordre sans le pouvoir » ?

 

*

* *

 

Comme je l’ai dit en préalable, V... M... , mon propos de ce midi n’aura pas été de démontrer quoi que ce soit et, encore moins, d’asséner quelque vérité que ce soit. Bien qu’impertinent et, pour certains, irrévérencieux, provocateur, voire même choquant, offusquant, outrageant, il aura été, plus humblement, de montrer que l’indéniable relation historique qu’il y a entre la F... M... et l’anarchisme et la non moins indéniable histoire d’amour passionné qui unit ces deux voies de l’humanisme peuvent être examinés en toute liberté de conscience et, ce faisant, qu’un chantier de travail, autant maçonnique qu’anarchique, peut et même doit être ouvert.

Et, pour étayer ma modeste invite, permettez-moi, V... M... , de faire appel à notre très illustre et non moins anarchiste F... Léo Campion :

« Aussi est-il regrettable que des anarchistes sectaires excommunient la Franc-Maçonnerie au nom d’un pseudo-dogme de l’Anarchie (comme si l’Anarchie était anti-tout alors quelles est à-tout) et que les Maçons sous-évolués excommunient l’Anarchie au nom d’un pseudo-dogme de la Maçonnerie (comme si la Maçonnerie n’était que tradition, alors qu’elle est tradition, dialogue et progrès). Ces attitudes sont d’autant moins admissibles qu’au contraire l’Anarchie comme la Franc-Maçonnerie, anti-dogmatiques par essence, sont l’une comme l’autre tout le contraire d’un dogme. Elles qui ont en commun le culte de la Liberté et le sens de la Fraternité, avec comme but l’émancipation de l’Homme ».

J’ai dit V... M...

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Additif

Petites réflexions personnelles sur une lecture comparée

des Constitutions du G...O...D...F... et du G...O...D...B...

 

 

Je note que, dans l’article 1er de sa constitution, le G...O...D...B... se dit Obéd...… masculine, ce qui justifie non l’exclusion des femmes mais la « réservation exclusive » de l’Obéd... aux hommes. Ce n’est pas seulement une nuance. C’est une disposition qui, d’un point de vue juridique, ne tombe pas sous le coup de la Loi et, notamment, de celle sanctionnant la ségrégation à raison du sexe.

En effet, les diverses dispositions législatives et réglementaires qui instituent le délit de « ségrégation » sous toutes ses formes (racisme, sexisme, sexualisme…) condamnent l’exclusion d’un individu à raison de sa « particularité » mais n’interdisent pas la constitution d’une association (d’une « communauté ») à raison d’une… particularité.

Jésuitisme peut-on penser. Certes. Mais cette différence met le G...O...D...B... dans une position plus facile que le G...O...D...F... à l’égard des femmes dans la mesure où ce dernier, ne se revendiquant pas Obéd...… masculine n’a aucun motif statutaire à opposer à l’initiation de femmes et tombe donc sous le coup de la ségrégation à raison du sexe !

Par ailleurs, le G...O...D...B..., dans l’article 1er de sa Constitution, se qualifie d’initiatique et progressive ET de cosmopolite et progressiste.

Le G...O...D...F..., dans l’article 1er de sa Constitution, se qualifie d’institution philanthropique, philosophique et progressive.

Le lien que le G...O...D...B... fait entre les caractères initiatique et progressif est cohérent en ce que ces deux « traits » caractérisent bien une institution initiatique qui ne se contente pas d’initier (d’accueillir) des profanes mais qui, l’initiation effectuée, offre un parcours, un chemin, un… perfectionnement. Dans ce cas, le terme « progressif » (du latin « progressus », 1372) est pris dans son acception propre « qui porte à avancer, à mouvoir » (exemple : une faculté progressive), qui s’accroît, se développe, progresse, qui suit une progression, un mouvement par degrés, qui s’effectue d’une manière régulière, constante et graduelle et, accessoirement, qui participe du progrès.

Au rit français, lors de l’ouverture des travaux le F... Orat..., en commentant l’article 1er de la Constitution du G... O... D... F..., indique que ce terme de (institution) « progressive est pris dans son sens propre de « qui ne se confine pas dans le passé ». Cette acception, si elle est correcte, selon notre F... Littré, ne prend en compte que la notion de mouvement, d’avancement (et d’avancée) mais pas nécessairement de… progression, de graduation.

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Jacob Boehme 7 juin, 2009

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Jacob Boehme

 

 

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Protégé : L’Esotérisme – 1° -

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