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Les trois lois de la divination 31 août, 2010

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Les trois lois de la divination

 

Après vous avoir présenté le grand Paracelse, le bon abbé Julio et la très protestante Mary Baker Eddy, changeons de style. Le texte qui suit est traduit de Magick, du mage provocateur Aleister Crowley. Ce texte résume de façon géniale les principes qui sous-tendent n’importe quel art divinatoire.

 

Il est donc utile de posséder un art par lequel on puisse obtenir à l’instant toute information pouvant s’avérer nécessaire. Cet art est la divination. Les réponses aux questions que l’on pose en divination ne sont pas véhiculées directement, mais par l’intermédiaire d’une série adéquate de symboles. Ces symboles doivent être interprétés par le devin dans le contexte de son problème. Il n’est pas praticable de bâtir un lexique dans lequel  la solution de chaque difficulté serait donnée en jouant

sur une multitude de mots. Ce serait difficile à manier ; d’ailleurs, la nature ne fonctionne pas de cette manière-là.

La théorie de tout processus de divination peut être exposée en quelques principes simples.

 

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1. Nous postulons l’existence d’intelligences, qu’elles se situent à l’intérieur ou à l’extérieur du magicien, et dont celui-ci n’est pas directement conscient. (Que l’intelligence avec laquelle la communication s’établit soit une entité objective ou une partie cachée du mental du devin n’importe pas dans le cadre de cette théorie). Nous supposons que de telles intelligences sont capables de répondre correctement, dans le cadre de certaines limites, aux questions posées.

2. Nous postulons qu’il est possible d’élaborer un compendium de hiéroglyphes suffisamment élastique dans ses significations pour inclure toute idée possible, et qu’un ou plusieurs d’entre eux peut toujours être pris pour représenter une idée. Nous supposons que ces hiéroglyphes seront compris par les intelligences avec lesquelles nous souhaitons communiquer, de la même manière qu’ils seront compris par nous-mêmes. Nous disposons donc d’une sorte de langage. On peut le comparer à une lingua franca peut-être défectueuse lorsqu’il s’agit d’exprimer des nuances subtiles, langage par cela inadapté pour la littérature, mais qui peut encore servir pour la conduite des affaires quotidiennes dans ces lieux où de nombreuses langues sont parlées. L’hindoustani en est un exemple. Mais l’analogie avec les signes et symboles utilisés par les mathématiciens est encore meilleure, qui peuvent ainsi transmettre parfaitement leurs idées sans parler un mot de la langue de l’autre.

3. Nous postulons que les intelligences que nous souhaitons consulter veulent, ou peuvent être poussées, à nous répondre de manière fiable.

Considérons en premier lieu la question du compendium de symboles. L’alphabet d’un langage est une manière plus ou moins arbitraire de transcrire les sons utilisés pour le parler. Les lettres elles-mêmes ne possèdent pas nécessairement une signification particulière. Mais dans un système de divination, chaque symbole évoque une idée précise. Cela ne perturberait pas la langue anglaise si nous ajoutions quelques lettres nouvelles.

En réalité, quelques systèmes de sténographie l’ont fait. Mais un système de symboles adapté à la divination doit être une représentation complète de l’univers, chaque symbole étant absolu, et l’ensemble ne pouvant être réduit. Un tel système constitue en fait techniquement un pentacle au sens le plus complet du terme.

Considérons quelques grands exemples de tels systèmes. Nous pouvons observer qu’un mode habituel de divination consiste à interroger des livres en plaçant le pouce au hasard entre les pages. Les Livres Sybillins, les œuvres de Virgile, et la Bible ont très fréquemment été utilisés pour ce but. Pour justifier cette pratique du point de vue théorique, on suppose que le livre employé est une représentation parfaite de l’univers. Mais, même si c’était le cas, c’est une forme inférieure de construction, parce que la seule conception raisonnable du Cosmos est mathématique et hiéroglyphique plutôt que littéraire…

Les principaux moyens de divination dans l’histoire sont l’astrologie, la géomancie, le Tarot, la Sainte Kabbale et le Yi-King. Il en existe des centaines d’autres; de la pyromancie, oeiromancie, augures tirés des sacrifices, et le défilé de quelques anciens oracles aux présages tirés du vol des oiseaux et  des prédictions tirées de feuilles de thé.

 

 

Denis Labouré

3 avenue de la Libération

42000 Saint-Étienne

www.spiritualite-occidentale.com

www.astrocours.fr

A quelles conditions peut-on ou doit-on désobéir aux lois ? 29 août, 2010

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A quelles conditions peut-on ou doit-on désobéir aux lois ?

 

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Convent 2010 de la Fédération française du Droit Humain. Paris, les 27, 28 et 29 août 2010. Le Droit Humain autorise ce jour la diffusion publique de sa Question Sociale annuelle.

A quelles conditions peut-on ou doit-on désobéir aux lois ? Question de philosophie politique plus que question sociale à proprement parler, mais question relative aux fondements juridiques de la société néanmoins.

Cette question vient à un moment où l’on assiste en France à une forme d’inflation législative, clairement identifiée, parfois dénoncée.
Phénomène qui pourrait à lui seul justifier que l’on se demande ce qui aujourd’hui fait loi, et surtout ce qui fonde le recours du gouvernement à la loi. Mais l’opportunité de notre question peut aussi être envisagée dans une perspective plus longue, moins conjoncturelle : qu’est-ce qui, dans un pays aux institutions démocratiques, fonde l’autorité de la loi, et comment le citoyen doit penser son propre rapport à la loi ?

La question peut à première vue être qualifiée de subversive dans la mesure où son intitulé pose comme une évidence que l’on peut, voire que l’on doit, désobéir aux lois, du moins dans certaines conditions. Il faut pourtant d’emblée réaffirmer l’attachement des membres de la Fédération Française le Droit Humain au principe de la légalité.
Attachement qui ne relève pas d’une docilité passive mais qui est fondé sur la croyance dans les vertus de la loi votée par les représentants du peuple souverain. La loi votée par les représentants du peuple est bien un ciment nécessaire à l’ordre et à la cohésion sociale, et la principale garantie de la liberté. C’est donc en conscience que cette question est posée, comme une question saine sur les fondements de l’autorité légitime.

La question paraît ambitieuse et bien périlleuse en raison même de son caractère général, mais nous allons y répondre d’un point de vue philosophique pour une éthique politique, renvoyant à chacun le choix des modalités pratiques de son action.

* * *

La mémoire sélective de l’histoire donne raison à de grandes figures subversives au regard des institutions de leur époque ou de leur pays. Braver l’autorité apparaît avec le recul comme un des moyens majeurs de faire valoir les droits les plus essentiels. De la mythique Antigone, à Gandhi, Rosa Parks, Martin Luther King ou aux Justes de la dernière guerre, les exemples ne manquent pas. Ils forcent l’admiration tant il paraît a posteriori évident qu’ils ont œuvré au progrès de l’humanité à leurs risques et périls.

Mais la question de la désobéissance aux lois n’a de véritable intérêt que posée dans un contexte où l’ordre établi et préservé par les institutions qui le fondent paraît légitime. La question qui nous est posée doit ainsi concerner notre ici et maintenant. Elle concerne une nation réputée démocratique, appuyée sur des institutions clairement établies, qui ne procèdent pas de l’arbitraire d’un homme ou d’une minorité mais d’un régime constitutionnel vivant.

On peut cependant retenir de l’histoire quelques grands enseignements. Le premier est que par l’obéissance aveugle à un gouvernement né de l’État de droit, il est possible de laisser advenir un État autocratique. Le second est que dans toutes les situations de non droit, désobéir c’est d’abord avoir du courage. La propension naturelle des peuples paraît être l’obéissance. L’obéissance déresponsabilise et en ce sens elle protège. S’attaquer à un État de non droit, c’est accepter de sortir du confort de l’immobilisme et de la soumission facile, c’est prendre parfois des risques immenses. Peut-on désobéir aux lois ? serait donc forcément au moins une question de courage.

Le troisième enseignement qui peut être tiré d’une référence à des situations de non droit (ségrégation, dictature ou régime autoritaire) est qu’il est simple en ces circonstances de légitimer la désobéissance en invoquant simplement le besoin de justice. D’ailleurs, notre constitution, se référant à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, reconnait comme droit imprescriptible la résistance à l’oppression.

Il faut donc du courage pour faire advenir une société juste. Tout est dit et rien n’est dit.

* * *

Alors ici et maintenant, qu’est-ce qui peut rendre possible et nécessaire la désobéissance aux lois ? Nous parlons bien des lois inscrites dans le droit positif.

Considérons tout d’abord ce qui rendrait la désobéissance à ces lois en vigueur inenvisageable, injustifiable par principe. Elle ne le serait qu’à deux conditions : si l’on considérait que la loi réalise l’idéal de justice dans son état actuel, qu’elle est parfaite au regard de cet idéal, ou, si l’on avait une préférence absolue pour l’ordre, fut-il imparfait.

Mais parce que la démocratie est un idéal à atteindre, la loi sera toujours perfectible, et parce que l’obéissance aveugle serait un abandon de notre libre arbitre et une démission de notre conscience, la question de la désobéissance peut se poser.

Certes nous sommes dans un Etat de Droit, c’est à dire que la puissance publique est elle-même soumise au Droit, et l’existence d’une hiérarchie des normes constitue une des plus importantes garanties de l’Etat de Droit. Pour autant, il faut reconnaître l’imperfection essentielle des lois. Nous ne sommes pas dans une démocratie idéale et parfaite. Il faut admettre sa perfectibilité et l’évolution permanente des lois témoigne de cette dynamique. La règle majoritaire a ses vertus et ses limites, elle ne garantit pas un idéal de justice. « Renoncer à la désobéissance c’est mettre la conscience en prison » aurait en substance dit Gandhi.

Il faut donc considérer la désobéissance comme possible, par principe, au nom de la liberté. Cependant cette liberté ne saurait s’exercer qu’en conscience et avec responsabilité. Entendu comme un acte politique, la désobéissance à la loi ne saurait être envisageable qu’à la condition où son but ultime est de faire évoluer la loi et non de s’y soustraire.

Retenant cette finalité politique comme condition à une désobéissance légitime, on écartera alors d’emblée deux modes de désobéissance, sans toutefois les confondre. La première est la transgression criminelle ou délictuelle de la loi dans la perspective d’un intérêt particulier. Elle n’a bien sûr pas de justification.

La seconde est plus délicate car il s’agit de l’objection de conscience, entendue dans un sens plus large que l’objection de conscience légale prévue pour ceux qui refusent de servir militairement. L’objection de conscience est sur une frontière complexe. Elle est une des voies pour un individu singulier d’exprimer son refus moral de se soumettre à une loi. Elle exprime une position individuelle, régie par une philosophie subjective qui n’a pas nécessairement un caractère universel. Elle a pour objectif de garantir la conscience de celui qui objecte à la loi mais ne prétend pas à l’universalité de cette position et n’entend pas nécessairement la faire prévaloir pour autrui. Sans disqualifier par principe l’objection de conscience, au contraire, car l’envisager c’est faire valoir un principe de tolérance, il est difficile de la promouvoir sans connaître des clauses de conscience qui sont invoquées.

Ainsi, retenons comme justification première de la possibilité de désobéissance aux lois, la poursuite d’un objectif citoyen d’améliorer la loi elle même. Un certain nombre de conditions découlent alors de ce principe de finalité quant aux modalités de la désobéissance.

* * *

Tout d’abord, la désobéissance à la loi ne doit intervenir qu’en dernier recours, une fois épuisés tous les moyens légaux de faire valoir une revendication, une contestation. Il y a les recours auprès des instances de contrôle des libertés et tous les recours juridiques, jusqu’à l’utilisation de la question prioritaire de Constitutionalité possible depuis le 1er mars 2010. Lors d’un contentieux, un justiciable (particulier, entreprise,…) peut désormais arguer qu’une disposition législative est contraire à la Constitution. Il y a par ailleurs l’ensemble des moyens de pression légaux qui ne valent que dans la limite des rapports de force qu’ils produisent : la publicité via la libre expression, la pétition, la mobilisation syndicale, l’interpellation des élus, la mobilisation associative, les différents droits d’opposition : grève, manifestation, …tous moyens légaux qui sont le signe que nous sommes en démocratie.

Implicitement : on comprend que la désobéissance civile, parce qu’elle suppose avoir épuisé toutes ces modalités de contestation, implique un niveau de conscience et d’information citoyenne élevés.

Restent les modalités de la mise en œuvre de la désobéissance. Elles sont exposées par les théoriciens de la désobéissance civile, qui empruntent la notion à Henri-David Thoreau, poète et philosophe américain de la fin du XIXe siècle qui le premier a théorisé la résistance passive au gouvernement. Cette doctrine, sans être figée, semble caractériser la désobéissance civile légitime au travers principalement de six conditions :

1. l’acte de désobéissance doit être une infraction consciente et intentionnelle,
2. il doit être un acte public (Gandhi a prôné d’avertir par avance les autorités de l’intention de l’acte),
3. il doit s’agir d’un mouvement à vocation collective même s’il est éventuellement initié par une personne seule,
4. cela doit rester une action pacifique,
5. son but ultime doit bien être de modifier le Droit,
6. enfin, il engage la responsabilité civile et pénale de son auteur.

Ainsi, toutes ces conditions posent le désobéissant comme un dissident et non comme un délinquant, mais elles ne donnent bien sûr aucune garantie de bonne fin, et l’infraction expose le ou les désobéissants aux sanctions prévues par la loi.

* * *

Les conditions de ce qui rend possible une désobéissance citoyenne aux lois ainsi posées, il reste à tenter de définir ce qui peut la rendre nécessaire. Or un constat s’impose : le devoir de désobéissance renvoie à un impératif moral dont la définition positive est très délicate.

Une vision idéaliste du droit défend qu’au delà de ce qui est juridiquement établi dans le droit positif il y a ce qui est juste. Il existerait un droit « naturel », équivalent d’un droit idéal qui définirait un ordre juridique supérieur. Ce droit naturel est une idée qui rend possible la remise en cause du principe selon lequel le droit positif définit à lui seul ce qui est juste.

La hiérarchie des normes est présente dans notre système constitutionnel et inclut le droit naturel dans la constitution. Notre système juridique prévoit bien qu’au dessus des lois ordinaires et organiques, il est des principes qui définissent un ordre supérieur du droit : ainsi la constitution de la Vème République pose comme principes de droit ceux qui sont établis par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, complétés par le préambule de la constitution de 1946 ainsi que depuis quelques années par les droits et devoirs de la Charte de l’environnement. La constitution entend ainsi garantir entre autres droits fondamentaux des droits imprescriptibles et naturels de l’homme définis comme : la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.

Lois et règlements peuvent être contestés au nom des principes portés par ces textes fondateurs, et ils peuvent désormais l’être légalement grâce à la toute nouvelle question prioritaire de constitutionnalité que nous avons évoquée. Si cette réforme donne de nouvelles garanties, il est cependant difficile de penser qu’elle peut les donner toutes.

En pratique, il faut donc préserver toute notre vigilance et considérer qu’en certaines circonstances, la nécessité de la désobéissance à la loi viendra de l’urgence à agir : quand la dignité de l’homme est menacée, quand les libertés fondamentales sont bafouées, quand la loi paraît servir des intérêts particuliers, quand l’inacceptable advient.

Comme dans l’objection de conscience, cette désobéissance en dernier recours, sera guidée par l’intime conviction de ce qui est juste. Mais à la différence de l’objection de conscience, elle entendra rendre public le procès de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. Elle entendra engager un rapport de force salutaire avec les institutions pour faire valoir le sens supérieur du droit ainsi défendu. Cette urgence à agir contre la loi se fera d’abord pour autrui.

* * *

En conclusion

Réfléchir aux conditions qui rendent possible et nécessaire la désobéissance aux lois dans un État de Droit traduit notre souci d’un idéal démocratique qui requiert le progrès continu des lois vers plus de justice.

Désobéir aux lois est un acte grave mais nécessaire en certaines circonstances exceptionnelles. Grave parce qu’il est la preuve d’un défaut de la démocratie institutionnelle, grave parce qu’il engage la responsabilité des désobéissants. Il ne s’agit certainement pas de prôner la désobéissance. Mais l’envisager comme dernier recours c’est avoir le courage d’engager tous les moyens pour être collectivement responsable de la loi.

Paradoxalement, il faut sans doute considérer la tolérance d’un régime démocratique à une certaine dose de désobéissance comme le signe de la vitalité de l’esprit démocratique et l’expression ultime de la souveraineté d’un peuple qui entend rester vigilant pour défendre la liberté, l’égalité et la fraternité.

http://www.droithumain-france.org/index.php

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Protégé : Scoutisme et Franc-maçonnerie : à l’école de la vie – 1° -

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Le scoutisme, école initiatique inventée par un général franc-maçon ? 25 août, 2010

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Le scoutisme, école initiatique inventée par un général franc-maçon ?

 

 

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Article paru dans le numéro 7 de mai 2001 du trimestriel « Histoire du Christianisme Magazine »

jeudi 11 mars 2004 , par Jean-Jacques Gauthé

 

Lord Baden Powell of Gilwell ? Un homme dangereux. Motif : il a inventé le scoutisme ! Une institution inutile et dangereuse, voire « pire que les soviets », pour ses plus ardents détracteurs. Au début du XXe siècle, échaudés par les luttes qui les opposent à l’Etat, beaucoup de catholiques français ne voient dans le scoutisme qu’une invention protestante et franc-maçonnne. Bref, une école initiatique pour les enfants et les adolescents.

 

 

 

  Sommaire  

« Nous supplions nos amis de repousser énergiquement cette société, [les Éclaireurs de France] qui n’est qu’une franc-maçonnerie déguisée pour enfants. (…) Nous adjurons nos amis qui seraient invités à souvenir cette œuvre de la combattre énergiquement (…) Leur but [celui des fondateurs du scoutisme] est d’enlever l’adolescence à l’Église catholique et de préparer des générations de futurs francs-maçons. » C’est en ces termes inquiets que la revue catholique L’Idéal présente le scoutisme dans son numéro d’octobre 1912.

Cet article n’est que l’un de la multitude de ceux qui vont être publiés sur ce sujet entre 1911 et 1914, dans pratiquement toute la presse catholique. Dans la dénonciation du scoutisme, les Semaines religieuses, hebdomadaires publiés par les évêques, seront souvent à l’avant-garde du combat. C’est l’une d’entre elles, la Semaine religieuse de Cambrai, dirigée par Mgr Henri Delassus, infatigable dénonciateur de la conjuration antichrétienne, qui le 21 octobre 1911, publie le premier article dénonçant le scoutisme. La Semaine religieuse ne cache pas l’origine de ses informations sur le scoutisme : il s’agit d’articles publiés par la Correspondance de Rome. Ce bulletin est l’organe de la Sapinière [1], actif réseau intégriste, qui depuis Rome combat par tous les moyens les ennemis de l’Eglise ou ceux qu’il juge tels. Jusqu’à sa disparition, fin 1912, la Correspondance de Rome ne mentionnera pas moins de dix-sept fois des articles hostiles au scoutisme publiés dans la presse en France, en Belgique, en Allemagne, au Canada, aux Etats-Unis. L’Agence internationale Roma qui succèdera à ce bulletin continuera à publier jusqu’en 1914 de nombreuses dépêches de dénonciation du scoutisme dans le monde entier, des Philippines à l’Uruguay. La presse catholique va abondamment reprendre ces informations. Plusieurs évêques prennent officiellement position contre le scoutisme.

Ainsi, Mgr Gieure, évêque de Bayonne, publie, le 10 mai 1914, dans son bulletin diocésain, une circulaire de seize pages A l’occasion des boy-scouts qu’il qualifie « d’institution suspecte, dangereuse, inutile, réprouvée par l’Eglise ». Mgr de Cormont, évêque d’Aire-et-Dax consacre tout un développement condamnant le scoutisme dans son mandement de Carême 1913. Plus d’une trentaine d’autres Semaines religieuses publieront ou reproduiront des textes hostiles au scoutisme. Les congrès diocésains des œuvres de jeunesse vont aussi le dénoncer vigoureusement.

 Le dieu de Baden Powell

La principale critique faite au scoutisme par les catholiques est sa neutralité religieuse. Baden-Powell (1857-1941), général anglais inventeur de cette méthode éducative en 1907 est, circonstance aggravante pour eux, protestant. Certes, l’un des buts du scoutisme est la découverte de Dieu. Mais le dieu de Baden Powell est plus une divinité supérieure que celui d’une religion déterminée. D’autre part, les membres des Unions chrétiennes de jeunes gens [2] sont des promoteurs actifs du scoutisme en France. Et dès fin 1911, une association de scoutisme protestant, les Éclaireurs unionistes, a été fondée. Ne s’agit-il pas d’une tentative de prise de contrôle de la jeunesse catholique par les protestants ?

Parallèlement aux Éclaireurs unionistes, deux autres associations ont été fondées à la même époque, la Ligue d’éducation nationale et les Éclaireurs de France. Celles-ci sont neutres au plan religieux, par volonté d’union nationale. Elles se veulent ouvertes à tous les jeunes français, quelle que soit leur religion. Et elles les encouragent à la pratiquer. Un certain nombre de catholiques font de plus partie du comité directeur des Éclaireurs de France aux côtés de personnalités d’autres sensibilités. Mais pour les catholiques d’avant 1914, neutralité religieuse signifie opposition au catholicisme. Dans le passage de son mandement sur le scoutisme, Mgr de Cormont n’hésite pas, à propos de la neutralité, à citer l’Évangile : « Qui n’est pas avec moi est contre moi. »

Certains aspects étranges du scoutisme choquent également les catholiques : « Afin de se reconnaître entre eux et de distinguer les grades, les patrouilles, il existe tout un code de signes secrets, d’habillements divers, d’insignes, de cris d’animaux qui semblent bien puérils (…) et ont un vague relent de franc-maçonnerie « , affirme la Correspondance de Rome. L’uniforme scout, inspiré de celui du corps de police créé par Baden Powell en Afrique du Sud en 1900, apparaît d’une grande étrangeté ainsi que les cris de reconnaissance « des patrouilles » (unité de base de la troupe scoute). Et les trois grades du scoutisme (aspirant à la promesse, scout de 2e classe, de 1re classe) qui permettent à l’enfant de mesurer sa progression personnelle ne sont-ils pas un démarquage des trois grades maçonniques d’apprenti, compagnon et maître ?

 Apprenti franc-maçon

La promesse scoute, engagement de l’adolescent à suivre la loi scoute, code moral en dix articles, apparaît tout aussi suspecte. Qu’est-ce que ce serment qui n’évoque pas Dieu, au moins chez les Éclaireurs de France et à la Ligue d’éducation nationale ? Ce serment n’est-il pas celui d’une obéissance passive envers les chefs scouts ? N’y a-t-il pas un parallèle avec le serment fait par l’apprenti franc-maçon ?

Enfin, la place que le scoutisme accorde à la nature semble bien suspecte aux catholiques. N’est-ce pas tout simplement du naturalisme, courant philosophique s’opposant à l’existence de Dieu 7 Pour nombre de catholiques, ces éléments signifient clairement que le scoutisme est contre les catholiques puisque créé à côté d’eux. De plus, ceux-ci rappellent que le pape Léon XIII dans son encyclique du 20 avril 1884 Humanum genus a condamné la franc-maçonnerie et les sociétés secrètes. Or, celles-ci sont celles où il y a la loi du secret et le serment de ne rien révéler. Donc, on retrouve dans le scoutisme une partie des éléments qui caractérisent les sociétés secrètes condamnées par l’Eglise.

La situation des catholiques dans la société française d’avant 1914 explique largement ces prises de position. Depuis les lois contre les congrégations et surtout la loi de séparation des Églises et de l’État de décembre 1905, l’Église catholique a le sentiment d’être attaquée sur tous les fronts. Et c’est un fait que les anticléricaux et les francs-maçons ne lui font aucun cadeau. Les associations anti-maçonniques, souvent liées au monde catholique, sont d’autant plus actives que le pape a officiellement condamné la franc-maçonnerie.

L’Église réagit donc avec une mentalité de forteresse assiégée. Dans le combat qu’elle mène contre les forces du mal, la jeunesse représente un enjeu important. Si un général anglais a créé une nouvelle structure un peu étrange pour la jeunesse, religieusement neutre, encouragée par les protestants, c’est bien qu’il s’agit de faire contre-poids à la puissante fédération des patronages catholiques, la Fédération gymnique et sportive des patronages de France (FGSPF) crée en 1898 qui regroupe trois cent mille jeunes.

 Écho dans l’Église

A partir de ces éléments, les associations de lutte contre la franc-maçonnerie vont rivaliser dans la polémique contre le scoutisme. Leur discours va trouver un écho dans l’Église avant 1914 et se prolongera jusqu’à la fin des années 30. Les révélations les plus étonnantes se succèdent : c’est le convent maçonnique [3] de septembre 1909 qui a décidé de la création des Éclaireurs de France. Ce qui n’est pas étonnant puisque Baden Powell est un franc-maçon de haut grade. De plus, parmi les membres du bureau de la Ligue d’éducation nationale, se trouvent « un juif, trois francs-maçons dont l’affiliation maçonnique est certaine et deux membres éminemment suspects d’affiliation maçonnique ». Des polémistes incisifs, tels Paul Copin-Albancelli, Joseph Santo, avant 1914, Mgr Ernest Jouin ou l’abbé Paul Boulin, après 1920 vont multiplier brochures et articles.

En 1921, Mgr Jouin découvre ainsi que le scoutisme est l’un des éléments du complot juif contre la chrétienté. En 1924, l’abbé Boulin signale gravement : « Les Soviets font peur. Un danger plus pressant parce que plus subtil, c’est le boy-scoutisme dont personne ne s’alarme. » En 1924, un religieux lié à la Sapinière prépare un dossier très argument en vue d’aboutir à la condamnation du scoutisme par Rome. Il tente de démontrer comment le scoutisme n’est qu’une création de la Société théosophique, organisation ésotérique empruntant au bouddhisme et à la franc-maçonnerie. La tentative échouera mais inquiétera vivement les scouts catholiques.

 Action française

La méfiance de l’Église vis-à-vis du scoutisme explique qu’il faut attendre 1920 pour qu’un mouvement de scoutisme catholique, les Scouts de France, puisse se créer. Les changements d’évêques qu’induiront le renouvellement des générations et la condamnation de l’Action française en 1926 permettront de rattraper le retard initial et un développement rapide du scoutisme catholique en France.

Deux exceptions notables doivent toutefois être notées : celle du Sillon et celle du diocèse de Nice. Marc Sangnier, fondateur du Sillonboy-scouts. Pourquoi n’y aurait-il pas des boy-scouts catholiques ? », écrit-il dans un éditorial de son quotidien La Démocratie le 28 avril 1912 intitulé Boy-scouts catholiques. Ce journal présente avec sympathie le scoutisme et l’engagement des catholiques en son sein. C’est ainsi qu’il détaille longuement la création à Nice d’un groupe de scouts catholiques au sein d’un patronage catholique animé par des prêtres proches du Sillon. En juillet 1913, ce groupe se constitue en association sous le nom d’Éclaireurs des Alpes. Dès janvier 1914, il regroupe cent cinquante jeunes à Nice et s’organise dans tout le diocèse, appuyé par l’évêque, Mgr Chapon, évêque proche du Sillon. La Semaine religieuse de Nice rend compte également avec sympathie de leurs activités. Enfin, dans un certain nombre de villes (Montélimar, Avignon, Sète, Paris, Mâcon…), des initiatives locales de jeunes catholiques ou de prêtres, souvent liés au Sillon, sans coordination entre eux, tendent à créer des scouts catholiques dès avant 1914. Ce n’est qu’après 1920 que leurs efforts seront couronnés de succès. C’est donc dans les milieux catholiques les plus avancés que l’idée d’un scoutisme catholique chemine d0s avant la Première Guerre mondiale. prend en effet très tôt nettement position en faveur de la création de scouts catholiques. « Il me semble que les catholiques auraient mieux à faire que de critiquer et de rejeter en bloc l’institution des

 Vénérable de la loge

L’idée du scoutisme constituant une franc-maçonnerie pour enfants a donc semblé relever du fantasme… jusqu’au jour où un scout franc-ma¿on publie des textes allant dans ce sens. En effet, en 1938, la revue maçonnique La Chaîne d’union publie un texte de Pierre Deschamps, commissaire Éclaireurs de France, vénérable de la loge Les Amis du Travail du Grand Orient de France, analysant précisément les points communs entre scoutisme et franc-maçonnerie. En 1952, il revient sur le sujet, toujours dans le même sens, en publiant dans cette revue un autre texte sous le pseudonyme maçonnique de Ben-Hiram. « Quand un franc-maçon s’intéresse au scoutisme, il ne fait que veiller sur la croissance d’un enfant dont les liens de parenté avec la franc-maçonnerie sont certains et que les adversaires de notre Ordre voudrait lui ravir », écrit-il. Il remarque de nombreuses analogies entre la franc-maçonnerie et le scoutisme et définit celui-ci comme une société préinitiatique. Les deux méthodes emploient des gestes rituels et des symboles communs, telle la chaîne d’union [4]. Mais surtout, la méthode de formation du caractère du scoutisme s’apparente à la méthode ésotérique de la franc-maçonnerie : nul ne s’initie réellement que par lui-même. La promesse scoute est considérée comme le début d’une initiation. Quant à la place de Dieu dans le scoutisme, elle est très comparable à celle qu’elle a dans la franc-maçonnerie britannique : Dieu est indispensable mais chacun adore le sien. D’autre part, le scoutisme et la franc-maçonnerie se définissent tous deux comme des fraternités mondiales animées du désir de servir. Et Deschamps revendique la qualité de franc-maçon de Baden Powell.

Il pourrait être tentant de voir dans ces textes un phénomène marginal aujourd’hui dépassé. Or, dans les pays anglo-saxons, des loges de francs-maçons scouts existent très officiellement. C’est le cas notamment en Grande-Bretagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, au Canada.

 Compas et fleur de lys

Rassemblant des cadres ou des anciens du scoutisme et des maçons s’intéressant à la jeunesse, ces loges combinent dans leur emblème l’équerre et le compas maçonniques avec la fleur de lys du scoutisme. Leurs noms font généralement référence à des éléments du scoutisme : la boussole, la fleur de lys, le foulard, voire à Baden Powell lui-même. Celui-ci, toutefois, n’était pas franc-maçon quoiqu’il ait pu être dit ou écrit. C’est pourquoi aucune loge scoute anglaise ne porte son nom. Cet usage n’est toutefois pas suivi dans les autres pays. La première loge scoute a été créée le 29 septembre 1930 en Australie, à Victoria. Elle prit le nom du fondateur du scoutisme et fût baptisée Baden Powell Lodge 488. Baden-Powell lui a rendu visite le 12 mai 1931 et a dédicacé le volume de la Loi sacrée de la loge en y notant : « Avec les meilleurs vœux pour le succès de la loge dans son bon travail, Baden Powell of Gilwell. » Son petit-fils David Michael Baden-Powell est membre de cette loge. En juillet 1944, la première loge de ce type a été créée en Grande-Bretagne. Les activités de ces loges scoutes peuvent facilement être suivies sur Internet.

Le scoutisme, une franc-maçonnerie pour enfants et adolescents ? Le débat ne présente plus aujourd’hui qu’un intérêt limité. Mais avec le recul, il est manifeste qu’un certain aspect ésotérique existe dans le scoutisme. Des francs-maçons y ont (ont cru ?) retrouver une partie de leur spiritualité. Mais, bien évidemment, le scoutisme n’a pas été créé par la franc-maçonnerie pour combattre l’Église catholique ou protestantiser la jeunesse. Dans les deux cas, des jeunes ou des adultes se sont rassemblés pour, à la fois, venir en aide aux autres et pour se développer sur le plan personnel. Il n’est donc pas étonnant que malgré leurs différences, leurs routes comportent un tronçon commun.

 

Notes

[1]Fondé en 1907 par un prélat de la curie romaine, Mgr Benigni, ce réseau secret international antimoderniste a beaucoup frappé les imaginations. Regroupant une centaine de membres en Europe, il lutte contre tous les adversaires de l’Église et constitue le noyau de l’intégrisme catholique jus-qu’à sa disparition en 1921. Utilisant une correspondance codée, diffusant La Correspondance de Rome jusqu’en 1912, puis les dépêches de l’Agence internationale Roma et Les Cahiers Romains, la Sapinière est soutenue par le pape Pie X.
Elle entretient des polémiques impitoyables avec ses adversaires, notamment les catholiques libéraux. A partir de 1911, elle mène un combat incessant contre le scoutisme naissant. « Quant au bar anglais (le scoutisme dans le langage rodé de la Sapinière), il faut lui faire une guerre sans pitié (…) mais avec beaucoup d’adresse », affirme une correspondance de Mgr Benigni du 3 février 1913, Cette campagne aura de nombreuses retombées dans les milieux catholiques.

[2]Les Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG) sont un grand mouvement international de jeunesse protestant créé en 1855.

[3]Assemblée générale de francs-maçons.

[4]Les bras croisés devant lui, chaque scout (ou franc-maçon !) donne la main à ses voisins au moment de la fin d’un rassemblement, ce cérémonial s’accompagnant en général du chant des adieux. Elle symbolise l’union fraternelle autour du monde.

 

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Source : http://www.scoutunjour.org/spip.php?rubrique43

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