PARACELSE 1493-1541 5 novembre, 2017
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L’un des plus grands médecins de tous les temps
Paracelse (Théophraste Bombast von Hohenheim 1493-1541), l’un des plus grands médecins de tous les temps, naquit voici plus de 500 ans, le 10 novembre 1493, près d’Einsiedeln, en Suisse. Excepté Hippocrate, peu de praticiens laissèrent de monument comparable au sien.
Il eut pour amis quelques célébrités de la Renaissance, tel le grand humaniste Érasme ou l’éditeur Johann Froben.
Ambroise Paré et Giordano Bruno portèrent un vibrant hommage à son enseignement. Pourtant, il fut souvent incompris par ses contemporains, méprisé par les officiels, et les mandarins des Universités le traitèrent en charlatan. Sa vie de chercheur solitaire, à contre-courant des idées reçues, en fit un éternel contestataire, un errant.
Il utilisa la langue allemande commune plutôt que le latin dans ses écrits afin de rendre la science accessible au plus grand nombre. Basés sur l’expérimentation, ses travaux l’amènent à décrire et pratiquer l’homéopathie et le magnétisme deux siècles avant Hahnemann et Messmer.
Sa pharmacopée est l’une des premières, il invente l’asepsie, pressent la psychanalyse, découvre les maladies psychosomatiques. Toute sa vie il luttera contre les Diafoirus. Même s’il se complaît à l’étrange et aux extrêmes, tandis que les autres parlent et paradent, Paracelse, lui, guérit…
Jeunesse
Théophraste Bombast von Hohenheim, plus connu sous le nom de Paracelse, naît le 10 novembre 1493, près d’Einsiedeln (Suisse), où son père exerce la médecine. Il semble que Mme Hohenheim mourut peu après la naissance de son fils.
Cette mort prématurée touche profondément le jeune garçon qui gardera durant toute sa vie la nostalgie d’une mère trop tôt disparue. «Un enfant n’a besoin ni de constellation ni de planète. Sa mère est sa planète et son étoile.» dira-t-il plus tard.
Théophraste restera longtemps d’une nature fragile. Élevé par son père, qui lui communique son goût de l’étude et de l’observation, il court la campagne en sa compagnie, étudie les plantes et les minéraux dont les vertus, bien connues des paysans et des guérisseurs de l’époque, n’étaient pas encore codifiées. Nous sommes en pleine Renaissance et la première pharmacopée scientifique ne date que du XVIIIe siècle.
Le jeune Théophraste apprend donc la physique (du grec phusis, nature), dans le grand livre de la Nature, et découvre les rudiments de la médecine sous la houlette de son père.
L’adolescent
Lorsque son fils atteint l’âge de 9 ans, Wilhelm von Hohenheim quitte la Suisse pour s’établir dans la ville minière de Villach, en Carinthie (Tyrol autrichien), où il demeurera le restant de sa vie. Les mines de fer, de plomb, de cuivre des environs de Villach appartiennent aux Fugger, banquiers devenus puissants, qui prêtent aux papes et aux rois (Charles Quint qui leur doit son trône les fera Comtes d’ Empire).
Le docteur Hohenheim s’installe sur la place du Marché, donne des consultations et dispense des cours à l’École des Mines, tout en poursuivant des recherches alchimiques dans son petit laboratoire.
Théophraste va à l’école chez les Pères, sa santé s’améliore, et le gamin souffreteux se transforme en adolescent volontaire et sûr de lui. Il aime profondément l’étude et rendra plus tard hommage à ses maîtres qui, à côté de l’enseignement de la Bible, à laquelle il restera fidèle toute sa vie, entrouvriront pour lui la porte de la science et de la philosophie.
Au contact de son père, des ingénieurs des mines et des mineurs, le jeune homme acquiert des connaissances concrètes, un savoir pratique, auxquels il appliquera les raisonnements abstraits des effets et des causes appris à l’école.
C’est donc ici, en Carinthie, que le jeune Théophraste découvre, après celles des plantes, la valeur et la richesse des métaux, dont en habile expérimentateur il décèle les vertus thérapeutiques. On trouve en effet, dans la région, du minerai de plomb, de fer, de cuivre, de l’or et du zinc, alors très rare, sans compter l’alun, le vitriol, le cinabre ou le mercure.
Il est aux premières loges pour observer les techniques d’extraction du minerai, sa transformation, sa fonte. Il verra sous ses yeux se liquéfier l’or et le fer, il assistera à la composition des alliages. Et, en vrai fils d’alchimiste, Théophraste mettra la main à la pâte, manipulera lui-même les métaux.
L’alchimiste
Est-ce en dorant des pièces de métal qu’il rêvera de transmutation ? En ce temps là, la chimie ne s’était pas encore séparée de l’alchimie. Pourtant ce n’est pas cela qui l’intéresse. «L’alchimie ne consiste pas à faire de l’or et de l’argent, dira-t-il, son but est de produire les essences souveraines et de les employer pour guérir les maladies.» Il ira jusqu’à appeler les alchimistes qui cherchaient à fabriquer de l’or, des « imbéciles qui battent la paille vide. »
A Villach, Paracelse n’est encore qu’un adolescent, mais il a déjà l’intuition de son système futur : un système d’interaction, où tout se tient, où tout agit et réagit, le ciel, les étoiles, les signes, les éléments, l’homme et la matière.
Tout correspond, et l’intelligence consiste à retrouver le petit signe qui trahit l’union secrète de deux choses. Par exemple, l’une sera la maladie, l’autre le remède. Ce monde des correspondances est le fondement même de sa doctrine.
A Villach, Paracelse fut remarqué par Joachim von Wadt, le principal du collège, ami de son père et futur réformateur de St Gall. Nommé recteur à Vienne, von Wadt fit venir son protégé auprès de lui dès 1509, et c’est dans cette ville que Théophraste sera reçu au grade de « bachelier de médecine » (1511) seul diplôme qu’il ait jamais officiellement reçu. C’est à cette époque que, selon l’usage du temps, il décida de latiniser son nom, Hohenheim devenant Paracelse, appellation sous laquelle il passera à la postérité.
Mais autant l’enseignement primaire et secondaire lui plurent, autant, dans ses écrits, il avoue que l’enseignement traditionnel dispensé dans les universités, trop axé sur un savoir livresque, lui déplaît. Il prend en sainte horreur les scoliastes, ces « bonnets rouges », les mandarins rabâcheurs, qui tiennent le haut du pavé dans les universités d’alors.
Entièrement soumis aux règles de la scolastique, l’enseignement supérieur n’accordait aucune place à l’observation de la nature ou aux investigations de type expérimental. Aussi, déçu par ces « maîtres imbéciles », Paracelse alla chercher ailleurs un enseignement plus proche de son intelligence intuitive.
L’initié
On prétend que Paracelse abandonna l’université pour devenir l’élève de l’Abbé Tritheim, à Wurzbourg *. On prétend également que l’influence de ce nouveau maître fut décisive dans l’élaboration de la doctrine de Paracelse.
Moine bénédictin, Tritheim avait réalisé une synthèse entre la Kabbale (tradition ésotérique juive), l’hermétisme (révélations du dieu Hermès dont alchimie et astrologie sont des disciplines majeures) et d’autres courants de pensée que l’église tenait pour hérétiques.
Le supplice de Savonarole, brûlé en 1498, montrait combien serait difficile la vie de ceux qui s’engageaient sur ces voies interdites. Or Tritheim, renouant avec la tradition gnostique et hermétique, affirmait l’unité du monde et la possibilité pour l’homme d’évoluer vers une spiritualité plus haute, doctrine en contradiction avec la notion chrétienne de péché originel, de jugement dernier et de damnation éternelle.
Imprégné de son enseignement, Paracelse quitte son maître en 1515, prêt à accomplir son destin. Il a 22 ans. Il va connaître une longue suite de voyages, parcourant l’Europe en tous sens, rencontrant les plus grands esprits de son temps.
Reconnu par ses pairs, souvent jalousé par les médiocres, il fut reçu par quelques grands de ce monde et des peintres célèbres firent son portrait en diverses villes qu’il visita.
Le voyageur
Il commence son périple par la cité minière de Schwatz, où il vérifie les propriétés thérapeutiques des métaux. « Il produit un corps en laboratoire, observe les conditions dans lesquelles il l’obtient, répète l’expérience.
Ensuite il essaie le médicament sur lui-même. Dans un dernier stade seulement, il réfléchit, essaie d’en tirer une théorie. » Il étudie des préparations de fer, de zinc, d’antimoine, de mercure et de plomb, utilisant le soufre et l’acide sulfurique dans ses amalgames. Le bismuth retient particulièrement son intérêt. Il en découvre certaines propriétés curatives encore utilisées de nos jours.
Parallèlement à cette démarche scientifique, il s’intéresse aussi à l’astrologie (dont l’astronomie ne s’est pas encore séparée), à la magie opératoire. Pour un esprit de notre temps la magie exclut la science. On est savant ou charlatan.
Mais à l’époque de Paracelse, la Science et la Magie, sont des connaissances de même ordre. La magie donne la raison des choses, comme la raison en dévoile la magie. Alors, ne nous étonnons pas que ce perpétuel chercheur effectue des incursions dans l’irrationnel, qu’il passe du réel à l’imaginaire, d’un plan purement terrestre à un plan « autre », comme s’il avait l’intuition d’une réalité cachée, imperceptible à nos cinq sens. C’est à ce titre que Paracelse peut être considéré comme un adepte de la médecine hermétique.
La rédaction de son premier ouvrage, l’Archidoxa, date de son séjour à Schwatz.
Puis il part pour l’Italie, soignant et herborisant en chemin, apprenant en autodidacte ou fréquentant les universités en auditeur libre. En 1516, l’année où Charles-Quint succède à Ferdinand d’Aragon, où Erasme publie son « Nouveau Testament », Thomas More « Utopia » et Machiavel « Le Prince », année aussi de la mort de l’abbé Tritheim, voici Paracelse à Ferrare. On a dit que ce fut dans cette ville qu’il reçut son diplôme de médecin. L’a-t-il jamais reçu ?
Sans que la preuve ne puisse en être apportée de manière formelle, il semblerait que Paracelse fût affilié à une de ces sociétés secrètes d’initiés qui couvraient l’Europe et facilitaient les voyages de leurs adeptes.
On prétendit même que ce furent les Fugger qui commanditèrent les voyages de Paracelse et ses visites aux « maîtres occultes » !
Lors de son passage à Genève durant l’hiver 1517, il guérit la fille d’un notable qui souffrait de surdité depuis sa naissance, par une simple « imposition des mains ». La rumeur de ce « miracle » s’étant répandu dans la ville, des dizaines de sourds l’assiégèrent dans la modeste auberge où il séjournait. Ce désordre mal vu des autorités genevoises, il fut prié de quitter la cité et fut contraint de gagner la Savoie.>
En 1517 il vint à Paris où il prendra connaissance des travaux des alchimistes et des médecins français. Ensuite il rejoint Montpellier où la Faculté restait influencée par la médecine arabe et le mouvement kabbaliste. Il y lit le Zohar. Il retourne en l’Italie, mais le climat intellectuel n’y est plus de son goût et il s’embarque pour l’Espagne avant de rejoindre Lisbonne.
Son but
Son but reste toujours d’améliorer ses connaissances et il ne cessera jamais d’étudier et d’expérimenter. Du Portugal, il prend la mer vers l’Angleterre. Apprenant qu’on se battait aux Pays-Bas, il obtient un poste de chirurgien-barbier dans l’armée hollandaise. Puis il contracte un autre engagement, au même titre, dans l’armée danoise.
Partout où il séjourne il ne manque pas d’étudier les traditions médicales populaires. Ainsi qu’il le mentionnera dans son livre De Defensiones: « Les Universités n’enseignent pas toutes choses; il faut au médecin rechercher les bonnes femmes, les bohémiens, les tribus errantes, les brigands et autres gens hors la loi, et se renseigner chez tous. Nous devons, par nous-mêmes, découvrir ce qui sert à la science, voyager, subir maintes aventures, et retenir en route ce qui peut être utile. » Il restera fidèle à ce programme jusqu’à la fin de sa vie.
En 1522 il est à Venise comme chirurgien militaire dans le cadre de la guerre qui oppose Charles-Quint et François Ier pour la possession de Naples. Il y acquiert une grande notoriété, ayant guéri « dix-huit princes abandonnés par leurs médecins ».
Il choisit le mauvais camp
En l’an 1524, Paracelse sera mêlé aux révoltes paysannes de l’Empire. Il soignera les plus malheureux. Mais il a choisi le mauvais camp, et il doit fuir. L’année suivante, il retourne une dernière fois auprès de son père, à Villach, avant de chercher à s’établir.
En 1526, le voici à Strasbourg, inscrit à la guilde de « La Lucerne ». Il soigne et guérit le margrave de Bade qui souffre de dysentrie chronique. Il y gagne une bague, mais aussi la jalousie de ses confrères qui l’accusent de sorcellerie, incitant le margrave à lui refuser les honoraires convenus. Il est furieux et le proclame.
Le professeur
Froben, le grand éditeur bâlois chez qui s’est retiré Erasme, appelle Paracelse à son chevet. Une de ses jambes paralysée ne répondant plus, les médecins officiels veulent l’amputer. Grâce à son art, Paracelse évite l’amputation et Froben retrouve l’usage partiel de ce membre.
Théophraste fait coup double en soignant les troubles hépatiques d’Erasme. Ses deux nouveaux amis lui proposent de s’installer à Bâle où le poste de médecin de la ville est vacant. Grâce à leur influence, Paracelse est nommé médecin municipal, poste important, car il comprend une chaire de médecine à l’Université et la surintendance des apothicaires.
En 1527, il commence son cours à l’université de Bâle, rejetant le décorum vestimentaire des professeurs du temps et l’usage du latin au profit de l’allemand. Dans le climat révolutionnaire de l’époque, l’accueil des étudiants est enthousiaste.
Paracelse confirme son rejet de l’enseignement rétrograde et sclérosé des anciens « pour étudier les maladies sur les malades et rechercher les remèdes dans la nature »
La tradition hermétique
Il rejette la philosophie scolastique qui répartit l’univers en catégories, montre Dieu et le Monde séparés, l’âme et le corps formant chez l’homme un dualisme irréductible. Il dira que: « toutes les choses ont été et sont venues d’Un, ainsi toutes les choses sont nées de cette Chose Unique par adaptation. ». Il s’agit d’intégrer l’homme dans l’univers car tout ce qui existe vit et possède une âme. Ainsi « Le Macrocosme et le Microcosme (l’homme) ne font qu’un. ».
Il inaugure l’étude de la pathologie de la nutrition en soulignant que notre corps absorbe les poisons joints aux aliments. Sous le nom de « maladies du « Tartre » il analyse la rétention des déchets qu’engendre une digestion incomplète. Il observe les intoxications d’origine respiratoire et insiste sur la nécessité d’aérer les chambres des malades et des hôpitaux.
Pour Paracelse, l’homme et l’univers sont unis par une synergie parfaite. Notre corps est formé d’éléments qui existent dans l’univers et l’interaction entre l’environnement et la créature est constante. Enfin notre entité spirituelle peut être sujette à l’influence de celle des autres hommes : la suggestion (hypnose) et la persuasion (envoûtement), sont de simples projections d’une volonté.
Les maladies mentales
Paracelse perçut clairement la nature des maladies mentales. Il étudia en particulier l’épilepsie (le « haut mal » du Moyen-Age), et rejeta toute influence diabolique dans leur apparition. Abordant l’étude de la psychiatrie, il distingue l’inconscient du conscient (qu’il désigne respectivement par le terme d’âme animale et d’âme spécifiquement humaine). Son insistance pour protéger les personnes atteintes de folie est proportionnelle à la dureté des moeurs du temps à leur égard (prison, tortures et bûcher sont monnaie courante).
Il indique la fonction cathartique (2) du rêve que Freud redécouvrira quatre siècles plus tard, mais soutient aussi l’existence de rêves prophétiques ou surnaturels.
Sa pratique thérapeutique consiste à s’en remettre avant tout à la nature. Il faut soumettre l’expérience au crible de la vérité. Mais on ne doit pas procéder de manière aveugle. La guérison est la résultante d’un processus naturel: le fluide vital. Après Hippocrate, Paracelse enseigne que « Les semblables guérissent les semblables… ».
Il suit la règle de similitude et, pour établir le lien entre un médicament donné et un certain état morbide, il développe la notion de « signature » (l’activité vitale des objets naturels ou leurs apparences demeure en relation étroite avec les particularités de chaque maladie). Il faudra attendre trois siècles et les travaux de Hahnemann pour voir cette notion se constituer en doctrine: l’homéopathie.
Le précurseur
Ce sont des considérations « magiques » analogues qui conduisent Paracelse à développer l’organothérapie (utilisation des organes animaux pour soigner certaines maladies des mêmes organes humains, technique aujourd’hui très à la mode). Il recommande le sérum sanguin pour contrer les hémorragies. Imprégné d’alchimie, il heurte les théories du temps en préconisant le premier l’usage de sels métalliques (que les médecins de son époque regardaient comme de dangereux poisons).
Il n’ignore pas l’importance du dosage, ni même de son aspect infinitésimal dont l’homéopathie fera le plus grand usage. Il est aussi le précurseur de la thérapeutique magnétique, utilisant l’aimant contre certaines maladies. Toutes ces découvertes nous autorisent à considérer Paracelse comme le plus grand novateur de l’histoire médicale occidentale.
Mais, si ses étudiants le suivent avec enthousiasme, Paracelse voit bientôt se dresser contre lui une puissante cabale animée par les médecins bâlois, qui le contraignent à l’exil. Il s’installe à Colmar en 1528, puis, un an plus tard à Esslingen où, en marge de ses consultations et de ses expérimentations médicales, il se livre à des travaux occultes. Médecin reconnu par ses pairs, Paracelse est également un ésotériste qui étudie et expérimente toutes les recettes possibles, entretenant des liens étroits avec les plus grands initiés de son temps. Il pratique toujours l’alchimie qu’il considère comme la médecine suprême, capable de rétablir la santé tout en opérant la transmutation spirituelle de l’être.
On prétend que ses travaux l’amenèrent très loin. Une belle légende voudrait qu’il ait découvert comment « redonner corps aux objets ayant perdu leur substance matérielle », et même réussi à créer un homuncule sans l’aide d’une matrice humaine !
Occultiste et prophète
Si l’expérimentation demeure pour Paracelse la seule méthode d’arracher les secrets de la nature physique, la Magie est le moyen de développer l’intuition spirituelle (clairvoyance) et d’agir sur le monde extérieur en faisant appel à d’autres énergies: « De même que le monde n’est qu’un produit de l’imagination de l’âme universelle, l’imagination de l’homme (qui est un petit univers) peut créer ses formes invisibles et celles-ci se matérialiser ».
Pour lui, les opérations de magie procèdent de forces naturelles: il va jusqu’à décrire dans les moindres détails le processus d’envoûtement avec figurine de cire, utilisation du lien de « sympathie » entre le sujet et son image.
Il va même jusqu’à supposer que nombre d’entités occultes généralement invisibles nous entourent, et que certaines modifications de notre sensibilité (par l’usage de drogues ou suite à la maladie) peuvent nous les rendre visibles sur un autre plan, qu’il appelle éthérique.
Il parle aussi de la possibilité d’évoquer les morts et de faire apparaître leur corps sidéral (et non l’intégralité de la personne). N’est-ce pas l’ectoplasme des Spirites ?
Dans ses traités philosphiques, il fait passer l’illumination avant la science, renouant ainsi avec la Gnose, doctrine reprise par les théosophes.
Imprégné de tradition ésotérique et professant la notion d’illumination directe, Paracelse ne prit guère parti dans la querelle entre catholiques et protestants. Il critiqua l’Église avec prudence, vitupérant l’ignorance de ses prêtres et le trafic des reliques, considérant que seul un saint peut, de son vivant, accomplir des miracles grâce à son pouvoir spirituel. S’il montra au début quelque sympathie à l’égard de la Réforme, il la qualifia vite de « ramassis de sectes ».
La mort de son père en 1534 le ramène à Villach où, après avoir réglé la succession, il reprend son errance sur les routes d’Europe, tout en continuant la rédaction de ses ouvrages. Le plus étrange reste ses «Pronostications», comparable, plusieurs décennies avant leur parution, aux Centuries de Nostradamus. Il y annonce entre autres la Révolution française et la chute de la monarchie absolue.
Suite à la publication de sa «Grande Chirurgie» dédiée au roi Ferdinand, Paracelse est reçu à la cour de Vienne avec tous les honneurs, en 1537.
La même année, il rencontrera fortuitement dans une auberge au cours d’un voyage, Jérôme Cardan avec qui il s’entretiendra durant plusieurs heures et dont il dira dans un de ses ouvrages qu’il fut l’un des plus éminents esprits de son temps.
Si la majeure partie de sa vie fut marquée par des persécutions, il connut malgré tout de son vivant, la gloire et la reconnaissance de ses pairs. Il meurt à Salzbourg le 24 septembre 1541 dans des circonstances restées obscures. Enterré avec les honneurs, il le sera, selon ses voeux, dans le cimetière des pauvres de cette ville.
Une œuvre immense
Ce jour-là, le Bouddha, ayant réuni un grand nombre de ses disciples sur le Pic des Vautours, près de Rajagriha, ne prononça pas un mot, mais se contenta de montrer une fleur qu’il tenait entre ses doigts. Personne ne comprit le sens de ce geste, sauf Mahâkasyapa qui sourit.
Il fut de ceux qui établirent le lien entre les mystères de l’antiquité, les ordres secrets et les confréries du Moyen âge, dans le sens d’une compréhension occulte du monde. Selon l’opinion d’un de ses biographes: « Son oeuvre constitue encore la plus vaste synthèse philosophique, religieuse, sociale, médicale et scientifique jamais réalisée par un esprit humain. » (Dr. Allendy). Si Paracelse eut peu de disciples, il inspira jusqu’à nos jours de nombreux chercheurs. D’une certaine manière il est toujours vivant et se révèle, par delà les siècles et le nouvel obscurantisme des orthodoxies scientifiques, le véritable prophète du Nouvel-Age.
Documentation : André Jimenez
NOTES
- (1) A cette époque, les chimistes étaient encore alchimistes. Leurs analyses et leurs combinaisons appartenaient aux traditions occultes. Ils cherchaient les secrets de la nature avec des rites magiques, observant les jours et les heures propices, les influences astrales, faisant usage d’invocations, de signes cabalistiques, se préparant à leurs expériences par le jeûne, la méditation et la prière.
- (2) A l’exception d’une seule allusion où Paracelse traite l’abbé Tritheim de « chercheur faustien », ce qui n’est pas une preuve d’admiration, il n’a jamais fait mention dans son oeuvre de ce séjour, ni de l’enseignement supposé reçu de la part du célèbre occultiste. Mais cela ne saurait démontrer qu’il ne l’ait jamais rencontré.
- (3) Méthode thérapeutique induisant une crise émotionnelle artificielle qui résoudra le problème de l’intérieur. (Gestalt)
Ce qu’il a dit
- L’homme propose mais c’est dieu qui guérit. Dieu ne fait rien sans l’homme S’il opère un miracle Il le fait à travers l’homme qui n’est qu’un canal.
- Tout ce qu’il y a dans les livres a moins de valeur que l’expérience d’un seul médecin qui pense et qui raisonne. (Citation de Rhazès reprise à son compte par Paracelse)
- L’homme a en lui une force magnétique sans laquelle il ne peut exister.
Pour en savoir plus
- Dr René Allendy : Paracelse, le médecin maudit (Dervy)
- Guy Bechtel : Paracelse (Tchou)
- Pierre Genève : Paracelse mage et médecin (Euredif 1972 )
- Anna M. Soddart : La Vie de Paracelse (Maloine)
- Béatrice Whiteside et Serge Hutin : L’homme, le médecin, l’alchimiste (La Table Ronde)
© Pierre GenèveSOURCE : http://www.science-et-magie.com/
Discours sur le symbolisme du nom d’Isis 4 novembre, 2017
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Article publié par EzoOccult le Webzine d’Hermès et mis à jour le : 31 décembre 2015
Prononcé par le F. Jules Doinel à l’inauguration de la R.L. Les Adeptes d’Isis-Montyon, à l’Or. d’Orléans
TT. CC. FF.,
Dieu se manifeste par le soleil, voilà le fond de la doctrine secrète de Misraïm. Un Dieu abstrait, tel que l’a conçu la pensée subtile des Platon, des Aristote, des Descartes, des Spinoza, des Hegel, n’a jamais été compris de l’Humanité ; elle cherchait un Dieu vivant, dont elle sentît la lumière et constatât la vigueur. Les Loges Egyptiennes, nos aïeules vénérables, adoraient l’énergie du monde, l’unité des forces physiques, sous l’emblème du père de la clarté, de l’astre étincelant qui règle le jour et dirige les saisons. L’Unité, le Monisme, comme on dit aujourd’hui, constituaient l’étoffe du dogme, et cette Unité, ce Monisme, se cachait sous la multiplicité des formes hiératiques. Phthah, Sokhar, Râ, Osiris offraient des aspects variés de la substance primordiale.
On multipliait ces formes, on pluralisait ces noms divins. La substance demeurait une et immuable. Les apparences sacrées étaient le vêtement de la pensée des sages. Comme nous, les initiés des hypogées ne reconnaissaient que l’Énergie, le mouvement unique, voilés sous les divins personnages du Panthéon mystique.
Prêtons l’oreille aux échos de l’ancienne initiation : « II traverse l’éternité, il est pour toujours », disent les maximes d’Anî. « II est le Maître de l’Éternité sans bornes », répond le Todtenbucb, et il ajoute : « On ne le saisit point par les mains. » Le papyrus Harris nous révèle « qu’il est le prodige des formes sacrées que nul ne comprend ; que son étendue se dilate sans limites ». Et le Todtenbuch dit encore : « Ce qui est, est dans son sein. Ce qui n’est pas, vit dans son flanc. » Aussi le secret des mystères était-il imposé aux adeptes. On lui ordonnait de couvrir d’un voile tout ce qu’ils avaient vu dans les assemblées.
Mariette-Bey, l’illustre égyptologue, a déchiffré sous les hiéroglyphes du monument d’Abydos cette pensée remarquable : « La société des dieux se totalise en un seul cœur. » Le mot vérité, « Ma », l’idée que ce mot renferme, étaient représentés par un signe maçonnique : la règle, « Maat ». Et le nom d’ « œuvres de vérité » était donné aux ouvrages parfaits des Compagnons Egyptiens.
Le soleil était donc la manifestation divine, le corps de Dieu. Dieu, dit le papyrus magique cité plus haut, Dieu se cache dans la prunelle de l’astre et rayonne par son œil lumineux. Et Dieu ainsi figuré se nommait Ammon-Râ. Le soleil exprimait le mouvement éternel par son aurore et par son couchant glorieux. Le drame solaire, c’était l’histoire de Dieu. Et à chacune des phases de ce drame, quand l’astre se levait à l’Orient, quand il flamboyait dans son Midi, ou quand il s’ensevelissait dans les pourpres de l’Occident, l’initiation faisait correspondre une appellation différente du Principe absolu.
Le soleil engendrait ses phases diurnes et nocturnes « en forniquant en lui-même », dit le Todtenbuch. Il s’appelait Apis, Mnévis, Phthah, Noum, Anouké, Sati, Thoth, Safek, Selk, Shou, et se balançait entre Nout et Seb, c’est-à-dire entre le ciel immense et la terre féconde. Les vertus productives de l’astre prenaient des noms de déesses : Sekhet, Efnout, Menhit, Bast, et surtout Isis.
Étudions le symbolisme de ce nom mystérieux dont l’attrait captiva les générations disparues qui le proclamaient comme le nom de la Reine du Ciel. Le Dieu-soleil, sous le nom de Râ, achève sa course éclatante ; il entre dans le crépuscule du soir, sous le nom de Toum ou d’Atoum. À peine a-t-il disparu dans son abyme occidental, que l’horizon est encore teint de ses couleurs violettes, que les adeptes s’écrient dans les Loges ou sous les portiques, à côté des sphinx de granit rosé : « Adoration à Toum qui se couche dans le pays de la vie. Salut à toi, père des dieux ! va rejoindre ta mère et cache-toi dans ses bras ! » Et cette déesse mère de Dieu, c’est le ciel de la nuit, c’est Hathor. Du sein de la nuit, des entrailles d’Hathor, s’élance le soleil levant, l’œil lumineux d’Horus. Il recommence sa course éternelle à travers l’étendue.
Chaque être s’écrie : C’est lui ! c’est le jour ! C’est lui ! c’est la vie ! C’est lui ! c’est l’amour !
Le soleil ressuscité, voilà Horus ! Tant qu’il est demeuré dans les bras de la nuit, il s’appelait Osiris, le soleil nocturne, fils de Seb, c’est-à-dire fils de la Terre enveloppée dans les ténèbres. Il éclairait la demeure des morts. Sa légende est illustre, et par plusieurs points rappelle la légende du Maître tyrien Hiram.
Osiris régnait sur les mondes. Set, son frère, obscur et jaloux, l’attira dans un festin, lui demanda le mot de la vie, et, sur son refus, le tua. Il divisa le corps en vingt-six parties qu’il dispersa dans toutes les directions cardinales. Isis, femme et sœur d’Osiris, s’élança à sa recherche. Échevelée et les seins meurtris, elle suivit les bords du Nil, demandant aux fleurs de lotus bleu ou était le corps du dieu trahi, Elle rassembla enfin les membres mutilés et les fit embaumer par Anubis, « le guide des chemins d’outre-tombe ».
Le dieu ressuscita comme Hiram ; mais il ressuscita sous la forme d’un radieux enfant, le bel Horus, à la fois époux et fils de la déesse. Horus immola Set, le meurtrier, et fit régner la justice dans les trois mondes.
Telle est la sainte légende maçonnique des Égyptiens. Osiris mort, c’est le soleil couchant ; c’est aussi l’homme décomposé par le trépas. Mais le soleil couchant se lève dans les lueurs frissonnantes de l’aube, et l’enfant succède au vieillard disparu. La mort est vaincue par l’immortalité, comme Set est vaincu par Horus. Isis est le principe féminin, le réservoir qui recueille la mort et fait germer la vie. Ainsi la terre absorbe la semence et rend l’épi doré qui nourrit la race humaine. Isis est symbolisée dans nos temples par le G., qui luit sur l’Orient.
Isis était la grande déesse d’Égypte ; son culte passa en Grèce, de Grèce en Italie ; d’Italie, les légions romaines le transportèrent dans notre Gaule, sur notre terre Carnute, dans les plaines d’Izy et d’Ezy (Beauce), à Iseure (Allier), et dans les localités nombreuses de la patrie celtique. Aujourd’hui, son vocable vénéré décore notre Loge nouvelle, et le Grand Orient associe son éclat à l’éclat traditionnel de ce grand nom. Salut à leur double lumière ! Mais ce n’est pas, RR. FF., pour relever les autels de la divinité chassée par Jésus le Nazaréen que nous avons ouvert un Atelier sous les auspices d’un nom jadis plein de prestige. Nous n’adorons pas les symboles. Ils ne sont pour nous que le voile transparent des idées.
Isis figure la femme, l’être gracieux, puissant et doux, par qui l’espèce intelligente se continue dans ce monde.
Elle est la Veuve de la légende hiramique. Ceux à qui « l’acacia est connu » n’ignorent pas le sens et le secret de son influence souveraine.
Elle symbolise la Nature, la génératrice des choses, la grande mère universelle, la source de la vie, la matière et le mouvement. Et cette force immanente que notre langue secrète appelle le Grand Architecte de l’Univers, Apulée, l’hiérophante, la célébrait dans ses Métamorphoses. Enfin, elle représente pour nous, dans cette lutte incessante que nous soutenons centre toutes les erreurs et contre tous les préjugés, la recherche de la Vérité : Vérité dispersée dans le Cosmos et dans l’intelligence, comme les parties du corps immolé d’Osiris,
Vérité que la raison cherche le long des fleuves du Savoir, comme Isis cherchait les membres du dieu le long du Nil couvert de lotus.
Vérité dont nous recueillons les fragments épars comme la déesse recueillait ceux de son époux divin. Vérité enfin qui s’anime à la vie, sous les baisers passionnés de la Science, comme l’enfant Horus sous les baisers et les larmes de la déesse.
Voilà, RR. FF., notre religion maçonnique ! Cette Vérité, nous la demandons à l’expérience, à la réflexion, à l’étude, à la matière, à l’esprit ; nous scrutons les lois du monde physique, les lois du monde moral. Nous plongeons dans l’Océan de l’idée, non pas comme le plongeur de la ballade pour rapporter des profondeurs la coupe d’or du vieux roi de Thulé, mais pour rapporter, s’il est possible, le secret de la Philosophie.
Voilà notre Isis, voilà notre culte ; RR. FF., voilà le but de nos travaux. Que cette fête solennelle soit un jour de triomphe et d’espoir, un jour de fraternelle aspiration vers le progrès que consacrera l’avenir.
T. Ill. Délégué du Grand Orient, vous êtes le représentant de la Vraie Lumière ; nous vous saluons, et nous inaugurons nos travaux sous votre heureuse direction. T.C.V., vous siégez à cet Orient sous le G., symbolique ; nous vénérons votre personne et vos fonctions augustes. Vous tous, mes FF., Apprentis, Compagnons et Maîtres, aimez les symboles de vos grades, étudiez leur sens profond, leur secret intime. Hiram, VV.MM., c’est la Liberté tuée par les tyrans, comme Osiris, c’est la Vérité tuée par les fanatiques. La Science a ressuscité Osiris, comme la Révolution a ressuscité Hiram. Le soleil de 1789 illumine notre Orient. Nous avons donné sa formule à la Révolution française : Liberté ! Égalité ! Fraternité ! ces trois sœurs républicaines sont sorties des Loges des Maçons. Apprentis, Compagnons et Maîtres ! nous avons un but, la délivrance du monde profane de toutes les ignorances et de toutes les servitudes. Saluons donc, au sein de cet Atelier qui s’honore de porter son nom, la grande figure symbolique d’Isis. Son sein superbe est ouvert aux fortunés Enfants de la Veuve. Vérité ! Liberté ! passion des âmes fières, amour des esprits virils ! Vous serez les présidentes de nos tenues ; et nous plaçons sous votre égide, au point géométrique où nous sommes réunis, à l’Or., du vieil Orléans, cette R. L. Les Adeptes d’Isis-Montyon, son rite, ses mystères et son temple : Vivat ! Vivat ! Semper Vivat !
Jules Doinel. Ce discours, prononcé en 1885, a été repris par la revue La Gnose, dans le numéro 5 (mars 1910).
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