Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie 10 mars, 2018
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , trackbackQu’est-ce que la Franc-maçonnerie ?
La Franc-Maçonnerie d’aujourd’hui est le fruit d’un long mûrissement qui commença au Moyen-Âge sur les chantiers des abbayes romanes et des cathédrales gothiques.
Alors, les bâtisseurs étaient de simples artisans, détenteurs d’un savoir de métier qui leur avait été pieusement transmis, qu’ils gardaient hermétiquement secret et qu’ils transmettraient un jour à ceux qui reprendront leur flambeau.
Ce savoir est leur fond de commerce : pas question de le livrer à celui qui n’appartiendrait pas au métier. Aussi, pour être sûr de ne pas commettre de bévue, les maçons reçoivent-ils, lors de leur admission dans l’ordre maçonnique, des mots, signes et attouchements qui leur permettront, toute leur vie durant, de « re-connaître » un homme comme l’un des siens, comme l’un de ses frères dans cette vaste famille universelle qui regroupe tous les constructeurs authentiques, détenteurs des secrets des outils des tailleurs de pierre et de la géométrie des architectes. Là est l’origine de ce fameux « secret maçonnique » qui a fait couler tant (trop) d’encre.
Le Franc-Maçon d’aujourd’hui est l’héritier de ceux-là.
Mais il a quitté le chantier opératif (de « operare » : travailler de ses mains) des cathédrales pour s’engager dans le chantier spéculatif (de « speculare » : travailler avec sa pensée) de l’humain.
Aujourd’hui, la seule cathédrale à construire est l’homme lui-même, mais rien ne change quant aux méthodes, aux outils. Les tours de main d’antan deviennent des tours d’esprit et de cœur, voilà tout.
Cette mutation de l’opératif au spéculatif a commencé dès les XVIIème siècle, et s’est parachevée durant le XVIIIème siècle, spécialement en Angleterre.
Mais laissons là l’histoire : elle n’est que l’apparence externe des choses.
Mieux vaut plonger dans la chair de la Franc-Maçonnerie pour voir et comprendre sa place dans le monde d’aujourd’hui.
La Franc-Maçonnerie est, à la fois, une foi, un ordre et une fraternité.
FOI
Elle est une foi …
Foi en l’existence d’un Grand Architecte de l’Univers.
Par là, les Maçons indiquent qu’ils ne croient pas en un univers fruit du seul hasard matérialiste : l’univers est le fruit, la manifestation, l’expression de quelque chose qui le dépasse infiniment. La nature de ce « quelque chose » importe peu : elle est et restera mystère et c’est très bien ainsi. Au moins, les Maçons ne se querellent-ils pas entre eux, comme les profanes (les non-Maçons) sur le sexe des anges ou les attributs divins. C’est là probablement, la source profonde de cette « tolérance » maçonnique dont on nous rabâche parfois les oreilles. Les Maçons ne sont pas spécialement tolérants ; ils sont simplement lucides et ne disent pas savoir alors qu’ils ne savent pas mais qu’ils savent qu’ils ne sauront jamais.
En affirmant leur foi en le Grand Architecte de l’Univers, les Maçons récusent tout humanisme : l’homme n’est ni le centre, ni le sommet, ni le but de l’Univers. L’homme est un moyen, un instrument, un artisan sur le chantier du monde au service de l’Architecte suprême.
Le monde est un chantier. L’homme est un chantier. Tout reste à construire, à créer, à édifier. Mais pas n’importe comment : il existe un Architecte suprême qui indique la voie, celle de l’harmonie universelle ou, encore, de la beauté, de la sagesse et de la force créatrices … Nietzsche dirait peut-être : de la Volonté de Puissance », Bergson : « de l’Elan Vital », Teilhard de Chardin : « du point Omega ». Cette voie est un mystère … Il faut donc sortir de son état natif d’homme aveugle et aller à la rencontre de la Lumière qui éclairera le chemin à suivre.
C’est le rôle de l’initiation que d’offrir cet accès à la Lumière.
La Franc-Maçonnerie est, en effet, initiatique c’est-à-dire qu’elle s’élabore sur base d’une méthode pédagogique bien particulière, à l’exact opposé de l’exposé dogmatique ou du cours ex-cathedra …
Cette méthode initiatique passe par un rituel qui exprime, sous forme du mythe et du symbole, les clés d’une connaissance à découvrir. Ces mythes et symboles sont des graines que le rituel sème à profusion dans le terreau d’un foi naissante. Et ces graines, si le terreau est fertile et bien arrosé de sueur méditative, germeront et pousseront jusqu’à engendrer l’arbre de la vie intérieure de chacun, chacun pour soi, en soi, par soi. La Franc-Maçonnerie, en ce sens, est une forêt où aucun arbre n’est semblable aux autres mais où la vie de l’esprit s’épanouit et s’accomplit dans la différence et l’harmonie. Cette harmonisation organique des différences s’appelle « fraternité », mais nous y reviendrons …
En somme, devenir Franc-Maçon (on n’est pas Franc-Maçon, on le devient indéfiniment …), c’est surtout avoir cette foi inébranlable en ceci que la vocation ultime de l’homme est de construire un Temple qui le dépasse infiniment, un Temple qui le transcende radicalement, en ceci que l’homme n’a de sens qu’au service de ce qui le dépasse (Nietzsche dirait que l’homme ne devient homme qu’en étant pont vers le Surhumain, c’est-à-dire vers ce qui dépasse l’homme).
La Franc-Maçonnerie offre les outils pour tracer le plan de ce Temple et pour en édifier les structures. Et cette offrande est initiatique, c’est dire qu’elle s’adresse bien plus au cerveau droit (celui de l’intuition, de l’imagination, du qualitatif, du global, de la sensibilité, de l’herméneutique, du visuel …) qu’au cerveau gauche (celui de la rationalité, du calcul, du quantitatif, de l’analytique, de la logique, du verbal, …).
En ce sens, la Franc-Maçonnerie est un anti-rationalisme, comme un pont entre Moyen-Âge et contemporanéité, par dessus de ces cinq siècles de matérialisme rationaliste et scientiste qui s’étalent de la Renaissance italienne à la Chute du mur de Berlin.
ORDRE
« Là tout n’est qu’ordre et beauté
Luxe, calme et volupté » (Baudelaire)
La Franc-Maçonnerie est un ordre. Cela signifie qu’elle est ordonnée, qu’elle est régie par une Règle (la règle est aussi un outil d’architecte …), qu’elle doit être régulière, donc.
Cette règle, cet ordre repose sur quelques principes intangibles que l’on appelle les « landmarks » (les limites du terrain, le cadre de l’épure, en quelque sorte).
Outre la foi incontournable en l’existence d’un Grand Architecte de l’Univers, le nombre et le contenu des « landmarks » connaissent différents recensements.
Les principaux sont les suivants.
L’ordre initiatique se construit sur trois degrés qui sont, dans l’ordre : celui d’Apprenti où l’on n’est pas encore initié aux secrets du métier, mais où l’on est admis aux « travaux », à l’essai en quelque sorte ; celui de Compagnon où l’on apprend les outils de la Franc-Maçonnerie (le « comment ») ; et celui de Maître où l’on découvre la vocation profonde de la Franc-Maçonnerie (le « pourquoi »).
Les Francs-Maçons appartiennent tous à une Loge, c’est-à-dire à une structure de base, à une cellule du réseau. Chaque Loge porte un nom. C’est elle le lieu de la rencontre et de l’initiation des Francs-Maçons. L’ensemble des Loges d’un même Etat est fédéré au sein d’une Grande Loge (aussi appelée « obédience ») qui est une structure purement administrative ne détenant aucun pouvoir initiatique ou hiérarchique autre que d’être le garant que toutes les Loges qu’elle fédère respectent bien les « landmarks » exprimés dans sa constitution et ses règlements.
Ma Loge s’appelle « La Parfaite Fraternité », elle est située à Mons en Belgique, elle appartient à la Grande Loge Régulière de Belgique.
Depuis la fin du XIXème siècle, sous pression positiviste et scientiste, des Loges ont fait dissidence par rapport à la Règle universelle commune et ont voulu s’affranchir de certains « landmarks », spécialement ceux concernant la foi en l’existence d’un Grand Architecte de l’Univers (ouvrant ainsi la porte à une tendance matérialiste, athée, humaniste et rationaliste) et concernant la pure masculinité (on parlera plus loin). Ces dissidences, présentes essentiellement en France et en Belgique, vivent leur vie de leur côté et pratiquent une Maçonnerie non spirituelle, essentiellement laïque, politique et lobbyiste, n’ayant gardé de la Franc-Maçonnerie régulière que quelques apparences rituéliques et formelles. Ces obédiences dissidentes s’appellent généralement « Grand Orient » ou « Droit Humain », etc …
Originellement, le métier de maçon étant très physique, on n’y trouvait guère de femmes. Parfois, des veuves de maçon étaient accueillies sur les chantiers afin d’y gagner leur pitance, mais elles n’étaient jamais initiées aux secrets du métier : nous sommes alors dans la société très machiste du Moyen-Âge chrétien, ne l’oublions pas. Depuis, cette règle de la pure masculinité s’est maintenue non pas tant « contre » la femme que comme aveu de faiblesse des hommes à être incapables de se concentrer sur leur travail sur soi en présence du beau sexe.
Cela dit, les Loges régulières, purement masculines, ont suscité des structures maçonniques parallèles destinées à accueillir les femmes, en Europe comme aux USA. Les Grandes Loges Féminines, descendantes des Loges d’Adoption souchées au XVIIIème siècle sur des Loges masculines régulières, sont de celles-là.
Chaque Loge est dirigée par un Vénérable Maître élu par l’ensemble des Maîtres.
Ce Vénérable fait office de président de séance. Il dirige les rituels et détient l’autorité sur les Frères présents. Il faut ici ne jamais confondre : faire autorité n’est pas détenir un pouvoir !
Un Vénérable fait autorité : il est respecté et écouté parce qu’il est le plus apte à diriger les travaux en vertu de sa Connaissance du métier et de ses talents sur le chantier.
Dans sa tâche, le Vénérable est entouré d’Officiers dignitaires ayant chacun leur rôle précis. Il y a un Premier Surveillant qui s’occupe des Compagnons, un Second Surveillant qui s’occupe des Apprentis, un Secrétaire qui est la Mémoire de la Loge, un Orateur qui est le garant de l’orthodoxie, un Maître des Cérémonies qui règle tous les mouvements en Loge, un Couvreur qui empêche quiconque de pénétrer dans la Loge sans en avoir reçu la permission expresse, etc …
Les « travaux » de la Loge consistent essentiellement à préparer ou à exécuter les rituels initiatiques qui jalonnent la vie intérieure de chaque Maçon.
Il s’agit d’entendre les « planches » de « demande d’augmentation de salaire » de Frères Apprentis ou Compagnons qui demandent à être reçu au grade supérieur au leur ; il s’agit d’exécuter les rituels de ces réceptions ; il s’agit de recevoir un Frère conférencier qui parlera d’un sujet exclusivement maçonnique, d’une méditation, d’une herméneutique personnelles qu’il souhaite partager ; il s’agira de « tenue administrative » d’élection du nouveau Vénérable ; etc …
Mais jamais il ne faut jamais oublier que le travail du Maçon, de chaque Maçon, ne se fait pas en Loge, mais en lui-même, à tout moment.
La Loge n’est pas le Chantier.
La Loge n’est qu’un lieu de transmission et de ressourcement. Le travail est ailleurs. Le travail maçonnique est dans l’accomplissement de soi, au service du Grand Architecte de l’Univers, sur le chantier du monde.
La Loge nourrit ce processus et ce travail, mais elle ne s’identifie jamais à lui.
FRATERNITE
La Franc-Maçonnerie, enfin, est une Fraternité : tous les Maçons réguliers du monde sont des Frères, fils de la même Veuve (la mère de l’architecte Hiram qui construisit le Temple de Jérusalem pour le Roi Salomon en Israël).
Cette Fraternité est bien plus que du copinage ou de l’amitié : « on choisit ses amis, pas ses frères ! ».
La Fraternité maçonnique répond parfaitement à Saint-Exupéry : l’amour, ce n’est pas se regarder dans les yeux, c’est regarder ensemble dans la même direction ».
Et cette direction unique, c’est précisément le service du Grand Architecte sur le chantier de l’Univers et de l’homme dans le monde.
Ce qui unit les Franc-Maçons, bien au-delà des sympathies et amitiés interpersonnelles, c’est le processus d’accomplissement que chacun expérimente à chaque heure de sa vie d’homme en quête de perfectionnement et de création de soi.
Cette Fraternité n’est pas une fraternité de comptoir ; elle est une Fraternité de combat. Combat contre soi, contre sa paresse, contre la bêtise et la barbarie, contre l’orgueil et la suffisance.
Cette Fraternité nourrit une vraie solidarité entre Maçons.
Mais cette solidarité n’est jamais copinage, affairisme, complicité malsaine, collusion, sous peine de sanctions et d’exclusion.
L’histoire des obédiences dissidentes qui ont sombré dans la politique et dans le politique, a démontré à suffisance, surtout en France, combien la Fraternité se prostitue et s’avilit dès lors qu’elle se met à servir des intérêts humains, même si parfois ils furent louables.
La Fraternité maçonnique appelle chaque Maçon a vivre sa vie en étroite connivence avec ses Frères comme l’on vit en famille sans plus ni moins.
Elle convie à sortir des schémas mercantiles du donné et du rendu, de la comptabilité des plaisirs et des douleurs : « il faut laisser ses métaux à la porte de la Loge » dit-on en Maçonnerie, ce qui signifie que le Maçon doit s’efforcer de fonctionner avec ses Frères en communauté d’esprit et en rabotant son ego.
Au « Connais-toi toi-même » socratique, répond un « Oublie-toi toi-même » maçonnique.
Seule l’œuvre importe.
Seul le chantier et le travail qui s’y fait importent, et les individualités qui y évoluent s’effacent devant le Temple qui s’érige peu à peu.
Le travail est anonyme !
Merci à toi mon F:. Jean-Claude de cette communication
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