Savoir et connaissance 13 janvier, 2019
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , trackbackSavoir et connaissance
Le savoir nous l’utilisons tous. Rappelons-nous l’école et la façon d’apprendre. Il s’agit d’accumuler des informations, de les mémoriser, pour ensuite les réutiliser dans notre vie. Beaucoup de nos actions dépendent de ce type de mécanisme : au travail, nous nous souvenons de ce qui a été dit à la dernière réunion et que nous appliquons. Nous utilisons les mêmes procédés pour apprendre à parler, pour apprendre une langue étrangère. Le savoir est donc une accumulation d’informations qui influe sur notre comportement, ces informations font appel à la mémoire, et, se situent, temporellement, en amont de l’utilisation qui en est faite. On le voit, le savoir est nécessaire. Sans lui, la vie deviendrait vite impossible. Il ne s’agit donc pas d’opposer savoir et connaissance mais de reconnaître l’utilité de l’un et de l’autre.
Le savoir scientifique a considérablement fait progresser la condition humaine. Elle repose sur une accumulation de données, sur l’expérimentation. La science croit qu’elle est la mieux placée pour dire ce qu’est la réalité. Mais considère l’homme comme observateur extérieur à la démarche du savoir. A la différence de la connaissance et donc de la Franc Maçonnerie, qui place l’homme au centre de ses recherches. Où, d’observateur il devient acteur. « Connait toi même et tu connaitras l’univers et les Dieux ». Ce concept se retrouve dans toute l’ antiquité et dans la culture chrétienne jusqu’à la renaissance où la vision scientifique du monde sépare radicalement le sujet de l’objet de cette connaissance. Le monde est alors perçu comme une réalité que l’homme explore et exploite à son profit. Il est ainsi devenu, petit à petit étranger au monde et à lui même. C’est peut être une des explication qui fait que ce sont des hommes bien diplômés, plein de savoir qui ont jeté des avions contre les tours de New York. Cette analyse appartient, peut être, maintenant au passé car les progrès de la physique quantique semblent remettre en cause ce savoir. Jean Staune écrit « Un des grands enseignements de la physique quantique est que les particules élémentaires sont indéterminées en dehors de l’observation. Elles ne sont pas fixes mais dépendent de la façon dont les observe. Cela récuse l’idée d’une objectivité intrinsèque de la matière». Ainsi, nous découvrons que l’homme est un acteur, même pour le savoir scientifique, qui du coup trouve des corrélations entre les grandes traditions, en particulier orientales, et la science.
Ce que l’on appelle communément religion, c’est-à-dire une forme de croyance, appartient aussi au champ du savoir. Elle fait référence à des dogmes, l’expérience d’un saint ou d’un gourou, à un livre, pour que le croyant calque son comportement sur ces éléments du passé, qui sont présentés comme une vérité absolue. L’église a toujours été consciente du danger qu’est le connait toi toi même. Dans une encyclique, le Pape Jean Paul II précisait : «La conscience n’est pas une source autonome pour décider ce qui est bon et ce qui est mauvais car la vérité n’est pas créée par l’être humain, elle est établie par la loi divine, norme universelle et objective de la moralité. » Un concile, par ailleurs déclarait que « c’est Dieu qui révèle et qu’il faut apporter l’obéissance de la foi. Et ainsi, la vérité que la révélation nous fait connaître n’est pas le fruit mûr ou le point culminant d’une pensée élaborée par la raison ». L’église a tellement combattu cette approche que ce n’est qu’en 1945 que l’on a retrouvé les principaux textes gnostiques à Nag Hammadi. Gnose. Il s’agit, selon wikipedia, « d’un concept dans lequel le salut de l’âme passe par une connaissance directe de la divinité, et donc par une connaissance de soi. Le mot Gnose a notamment été utilisé de façon polémique, par des théologiens chrétiens pour désigner certains mouvements du christianisme ancien dénoncés comme hérétiques.
Les cathares qui sont souvent présentés comme inspirés par la gnose » ont subit le sort que l’on connaît. D’autre part, il aura fallu attendre 750 ans pour qu’en 2010 Maître Eckart soit réhabilité.
Un savoir plus subtil est celui qui concerne notre psychologie. Nous accumulons des sentiments, des plaisirs, des blessures, une éducation, des jugements, en bref tout un conditionnement qui agit sur nous de façon plus ou moins consciente. Henri Michaux dit cela d’une façon poétique et humoristique : « Je suis habité, je parle à qui je fus et qui je fus me parlent. Parfois, j’éprouve une gêne comme si j’étais étranger. Ils font à présent toute une société et il vient de m’arriver que je ne m’entend plus moi même ». Nous croyons entendre, voir, être en contact avec le monde, mais, le filtre de notre conscience fait que nous ne voyons le plus souvent qu’une projection de nous même, de notre mémoire. Il en résulte une erreur de perception qui fait que le monde extérieur n’a pas le caractère de réalité absolue que nous lui accordons. C’est donc ainsi, que nous sommes dans l’impossibilité de voir le monde tel qu’il est. Les psychologues, les psychanalystes ont beaucoup travaillé pour libérer l’homme de cette forme de savoir.
Voici, donc, 3 descriptions de savoirs. On pourrait en trouver d’autres. Le savoir sépare, il appartient, à un groupe humain, on peut ainsi parler d’un savoir scientifique, religieux, philosophique ou psychanalytique. Il a ses mots, son schéma de pensée, ses communautés. C’est pour dépasser les limites que nous accueillons des hommes de toutes nationalité, de toute religion et que nous laissons nos métaux à la porte du temple. Le savoir est comme des pommes que l’on met dans un panier, chaque pomme est une part de notre culture, de notre expérience mais qui, malgré le panier, restent toujours séparé, fragmenté, prêt à susciter l’opposition, le conflit. C’est notre pavé mosaïque. Le savoir à pris dans nos sociétés une place importante, en envahissant le champ de la conscience. Il fonctionne comme une sorte de comblement en réaction à la peur, l’isolement, une recherche du plaisir, une façon de se sentir vivre, peut être, pour conjurer la peur de la mort. Les nouvelles technologies de communication on accentué cette emprise. C’est quand l’Esprit se détache de cette emprise qu’apparaît alors ce qui a toujours été là mais que le savoir cachait. La connaissance a quelque chose à voir avec le silence et le vide. Si le savoir fonctionne par accumulation, la connaissance fonctionne par épuration comme lorsque l’on taille une pierre brute. L’ignorance spirituelle n’est pas un manque d’accumulation de faits, de données, mais, un manque de connaissance de soi. Savoir c’est apprendre de l’autre, connaître est apprendre de soi. Il y a, donc, à l’intérieur de nous quelque chose à découvrir, qui nous met en relation avec le tout, avec les autres hommes par un sentiment de compassion, avec l’univers par la reconnaissance d’un ordre à la fois individuel et cosmique. C’est ce que dit, abondamment notre rituel avec Vitriol, le fil à plomb, la pierre brute, la voute étoilée… La connaissance unit les oppositions du pavé mosaïque qui recouvre la loge, réunit se qui est épars, jusqu’à l’Orient, jusqu’au sommet du delta lumineux, jusqu’au Principe, à la non dualité. La connaissance est relation. Elle est intérieure à l’individu. Elle est unique. Elle demande une introspection, mais, se réalise aussi dans la relation: « si tu as un véritable ami, tu n’as pas besoin de miroir » dit un proverbe indien. D’où l’importante de la bienveillance, de la fraternité, du dialogue que notre rituel régit.
Une autre bonne représentation de ce qu’est le savoir est l’ordinateur. Cette machine a la capacité d’apprendre beaucoup plus vite et infiniment plus de choses que le cerveau qui l’a pourtant inventé. Avec sa mémoire vive et son disque dur, il fait, toujours référence à la mémoire, il croise un fait, une information avec ce que sa mémoire contient et cela ne fonctionne que si sa mémoire contient quelque chose en relation à cette information.
Donc le savoir n’est jamais neuf, il fait toujours référence au passé. Il ne peut découvrir que ce qu’il contient. Le savoir, par définition est inapte au renouveau, ne connaît pas la fraicheur. Le savoir, ne peut donc fonctionner que dans le champ du connu et pas au delà. Pozarnik écrit : «Du vieil homme, nous ne pouvons créer que du vieux. L’inconnu est toujours ce qui se trouve au-delà du connu, des certitudes. Là où nous refusons d’aller voir. Il faut vraiment oser aller vers l’inconnu en nous, même s’il est contraire à notre personnalité habituelle, et ainsi aborder aux rives de notre essence oubliée. » Et Krishnamurti disait : « Le passé et l’inconnu ne peuvent se rencontrer. Aucun acte, quel qu’il soit, ne peut les rassembler. Le passé doit cesser pour que puisse être cette immensité. » Le savoir ne pourra donc pas approcher le Grand Architecte, car l’infini, la spiritualité et plus sûrement le sacré, c’est l’inconnu, l’inimaginable, l’informulé. Le passage du savoir à la connaissance est vécu comme une mort suivie d’une naissance. Cette naissance est l’entrée dans l’inconnu, dans le neuf, dans un autre monde de pensée. C’est ce qu’indique ce que l’on prend souvent pour l’étymologie de co naitre. Naître avec. En fait, il s’agit d’un jeu de mot, qui rend bien compte de ce dont il s’agit, que l’on trouve dans plusieurs écrits. L’Etymologie du mot « Connaissance » nous vient du latin et du grec, et au delà du mot sanskrit « jna » qui donne le mot « janati » qui signifie « connaître ». Cette racine sanskrite à évolué pour donner to know en anglais, gnose, ignorance, et connaitre en français. Le jnana yoga est encore aujourd’hui une part importante de la pensée hindou. Sa philosophie, l’Advaita, trouverait son origine dans les Védas dont les premiers écrits dateraient d’il y a 15000 ans. La plupart des maîtres hindous ont sont issus. Le contemporain le plus connu est Ramana Maharshi. Ce concept spirituel s’est propagé à tout le monde oriental : bouddhisme, taoïsme, puis au monde occidental avec Platon, les stoïciens, les néoplatoniciens, la gnose, le soufisme, Spinoza, maître Eckart, Jean de la Croix, Jung. Il a conservé le principal de cette philosophie en se propageant et il est intéressant de constater que l’étymologie en garde le souvenir.
Jean Pierre Bayard disait « que la Sagesse ne s’enseigne pas « . En effet, la connaissance ne se transmet pas, car comme la plus belle fille du monde, nous ne pouvons donner, transmettre que ce que l’on a, ce que l’on possède. La connaissance n’appartient à personne. Elle ne s’enseigne pas. Elle est de ce fait inaltérable. Nous ne pouvons transmettre que la façon de la reconnaître. Et, cette transmission est toute relative car il s’agit d’abord d’une enquête personnelle.
Le prologue de Jean présent dans la loge dès le début des travaux nous dit : « Au commencement était le logos, la parole. En elle était la vie, la lumière des hommes. Et les ténèbres ne l’ont point saisie ». Le Logos nous vient de la Grèce antique et selon le dictionnaire : » il est parole, discours, raison, relation »(Wikipedia) Il s’agit de la raison divine, raison organisatrice, explicative de l’univers. Logos, c’est la manifestation de l’être ou de la raison suprême. C’est la « loi du monde »(CNRTL). Pour Héraclite le logos est à l’origine de la pensée humaine. Il est dans le non manifesté, il est le principe, l’un, qui gouverne le cosmos, le tout. La source de toute activité, de toute création. Le logos, but de recherche initiatique, ne se reconnait pas par la croyance, mais par la connaissance qui suppose le doute. En FM, en loge de St Jean, nous devons retrouver la lumière et la parole. Cela rejoint cette phrase d’Aurobindo qui pourrait être un résume de la symbolique d’une loge maçonnique, et, qui conclura cette planche : « Mais quand fut le commencement ? A nul instant dans le temps, car le commencement est à tous les instants ; le commencement toujours fut, toujours est et toujours sera. »
M. D.
Source : http://www.masoniclib.com/
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