Charbonnerie et Franc-Maçonnerie 31 janvier, 2021
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireCharbonnerie et Franc-Maçonnerie
Pour beaucoup, la Charbonnerie est une société secrète de comploteurs – certains diraient « terroristes » de nos jours – plus ou moins liée avec la F...M.... Qu’en est-il exactement ?
Les historiens s’accordent à dire que la Charbonnerie, qui est restée Européenne et, plus précisément continentale et ouest-européenne, est née en Italie comme une sorte de résurgence des carbonari du XIIIème siècle, c’est-à-dire de ces conspirateurs guelfes –favorables au pouvoir pontifical – qui se réunissaient dans des cabanes de charbonniers et qui conspiraient-luttaient contre l’Empire dont les partisans étaient appelés les Gibelins.
Ces conspirateurs, pour pouvoir conspirer à l’abri des yeux et des oreilles de la police, se réunissaient donc dans des huttes de charbonniers aménagées au cœur de forêts. Depuis plusieurs siècles, des charbonniers vivaient à l’écart des villes et même des villages pour produire du charbon de bois. Mais qui étaient donc ces charbonniers dont les conspirateurs guelfes ont sollicité l’hospitalité ?
La charbonnerie comme industrie :
La charbonnerie, comme activité de production de charbon de bois, n’était pas la seule activité pratiquée en forêt. Depuis des temps forts anciens, en effet, les forêts étaient le cadre de nombreuses activités : coupe des arbres (bûcheronnage), confection de fagots, préparation des échalas de châtaignier ou de chêne pour les vignes, travail du bois pour la fabrication d’objets usuels… La plupart de ces activités étaient saisonnières puisque liées aux conditions climatiques et au rythme de la végétation. Pendant les périodes d’inactivité, ces hôtes des bois n’en continuaient pas moins d’habiter dans les forêts, ce qui ne manquait pas de faire courir à leur sujet de nombreuses légendes mais aussi de nombreux préjugés. Ces rumeurs, pour la plupart, tournaient autour de la sorcellerie, de la magie, de diableries diverses et variées…, ce qui ne manquait pas de frapper d’ostracisme celles et ceux qui se livraient à ses activités. Ostracisme né de la peur sans aucun doute mais une peur teintée de jalousie car, en pleine époque féodale par exemple, les forestiers étaient des gens libres, c’est-à-dire dégagés de toute servitude.
Sans doute pour préserver leur liberté, les forestiers, de leur côté, ne faisaient rien pour briser la peur qu’ils inspiraient et, pour ce faire, les charbonniers prenaient grand soin à ne pas se défaire de leur noirceur, laquelle, comme on peut s’en douter, était la preuve du pacte qu’ils avaient passé avec certaines puissances et, en même temps, de la puissance qu’ils tiraient personnellement de la maîtrise du feu. Il est à noter, et c’est là deux points importants, que, même situées sur des terres féodales propriété d’un suzerain ou de l’Église, les forêts, à cause de la peur qu’elles inspiraient, étaient des espaces de liberté pour celles et ceux qui s’y réfugiaient (proscrits, serfs en fuite, lépreux…) d’une part et que, d’autre part, et en particulier dans les régions celtes, les forêts avaient été le cœur – voire même le temple et/ou le lieu de culte – de nombreuses religions primitives (le druidisme en particulier). Ainsi, parce qu’elles étaient justement des espaces de liberté, les forêts permettaient la survivance de pratiques religieuses pré-chrétiennes et pouvaient, au besoin, servir d’abri, à des sectes, c’est-à-dire aux hérésies ponctuant régulièrement le développement de la religion dominante.
Pour certains gros travaux comme le bûcheronnage et le débardage, les charbonniers recouraient souvent à des manouvriers, c’est-à-dire à des paysans qui, rémunérés en nature (bois de chauffe, charbon, ustensiles de bois…) ou en monnaie, n’entraient pas pour autant, à la différence, par exemple, d’un apprenti, dans l’ordre des métiers auxquels ils louaient leur concours. Ces manouvriers n’étaient donc pas… initiés aux arts des forestiers et, en particulier, des charbonniers.
La charbonnerie… une F...M... de… bois ?
Initiation… Le mot est lâché. Mais est-ce que cette initiation était seulement professionnelle (le droit d’entrer dans un métier et d’engager ensuite le long processus d’apprentissage des savoir-faire et des connaissances nécessaires à la maîtrise dudit métier) ; s’agit-il d’une initiation au sens d’admission aux mystères, d’affiliation, d’admission à un ordre dans son acception ésotérique ? ou bien, enfin, des deux à la fois ? Et, au-delà, y aurait-il eu une sorte de F...M... du bois à l’image de la F...M... de la pierre ?
En 1747, Charles François Radet de Beauchesne, affirmant détenir ses pouvoirs de Maître de Courval, grand maître des Eaux et Forêts du comté d’Eu, seigneur de Courval, est le promoteur d’un rite maçonnique forestier spéculatif. Selon Jean-Marie Ragon de Bettignies (1781 – 1866), ce rite aurait tenu sa première assemblée – le « Chantier du Globe et de la Gloire » -, à Paris, dans un parc du quartier de La Nouvelle France (actuellement Faubourg Poissonnière) le 17 août 1747. Pour cet auteur, le rituel, qui n’avait pas de caractère judéo-chrétien mais païen, provenait des forêts du Bourbonnais où des nobles proscrits avaient trouvé refuge, puis avaient été initiés par des bûcherons, pendant les troubles qui marquèrent les règnes de Charles VI et Charles VII. D’aucuns estiment que l’initiative de Beauchesne fut prise suite à la création à Londres, le 22 septembre 1717, par John Toland, de l’Ancient Druid Order ou de la diffusion en 1720 de son ouvrage Pantheisticon mais ils n’en apportent pas vraiment de preuves convaincantes.
Jacques Brengues, quant à lui, dans » La Franc-Maçonnerie du bois » Editions du Prisme 1973, accrédite la thèse d’une F...M... du bois qui, d’opérative, serait devenue spéculative en raison de l’initiation de non-forestiers et, singulièrement, de nobles. Il cite ainsi plusieurs rituels forestiers en leur reconnaissant un caractère chrétien :
§ Rituel compagnonnique de l’Ordre des Fendeurs (début du XVIIIème),
- Rituel du grade de Fendeur ou de Bûcheron (1747),
- Rituel des Bons Compagnons Fendeurs de la Forêt de la Vente de Macon (1751) ;
- Rituel de l’Ordre de la Fenderie dit du Grand Alexandre de la Confiance (seconde moitié du XVIIIème) ;
- Rite des Compagnons Fendeurs de Bois (fin du XVIIIème) ;
- Rituel(s) des bons cousins charbonniers de la vente de la forêt du Jura (fin du XVIIIème) ;
- Rite des Compagnons Fendeurs-Charbonniers des Forêts du Roi d’Arras (1812), ;
- Rituel de la Vente de la Haute-Marne (1834),
- Rituel des Fendeurs du Devoir (fin du XVIIIème). ..[1]
Pour plusieurs auteurs, la F...M... du bois, en raison à la fois du développement de la F...M... de la pierre avec, en particulier, le G...O...D...F... mais aussi du déclin des activités des industries forestières et, en particulier, charbonnières, serait tombée en désuétude. Pour eux, et malgré l’orthodoxisme andersonien, elle perdura et perdure toutefois dans certains rites, notamment au niveau des hauts grades : Chevalier Royal Hache ou Prince du Liban du 23ème degré du Rite de Memphis ainsi que du 22ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté et du Rite de Perfection. Toujours selon ces auteurs, des tentatives d’union de ces deux F...M... eurent même lieu avec, par exemple, le Devoir des Fendeurs, corpus de Tours tandis que, plus ou moins sporadiquement, des résurgences d’une F...M... du bois ont pu être relevées, comme par exemple, Les Ventes de Roland en 1833, les Brothers fendeurs en Angleterre, le Grand Chantier Général de France régulièrement constitué en 1983 au centre des Forêts, sous les auspices de la Nature, …
En France, peu après la seconde guerre mondiale, on a assisté à un essai de restauration de l’antique initiation forestière avec la création du « Chantier de la Grande Forêt des Gaules » dont les symboles majeurs étaient l’arbre, la cognée, le coin et la hache et dont l’initiation était réservée aux maîtres des degrés de la « Holy Royal Arch of Jerusalem ». Cette initiative ne connut pas véritablement le succès mais, plus tard, en 1976, elle aurait présidé à la création de la Grande Loge Indépendante et Souveraine des Rites Unis (Humanitas).
Plus près de nous, en 1993, le druide de la Gorsedd de Bretagne, Gwenc’hlan Le Scouëzec tenta d’instaurer un rite forestier au sein de la F...M... de pierre.
En 1999, A. R. Königstein dans « Les Braises sous la Cendre », Montpeyroux, Les Gouttelettes de Rosée, prône le retour d’un carbonarisme initiatique et insurrectionnel et propose un rituel de Charbonnerie opérant un transfert vers un paganisme et se détachant de la maçonnerie traditionnelle mais refusant le recours à la violence et au terrorisme
Même si cette dernière initiative prétend renouer avec la tradition initiatique et insurrectionnelle des carbonari, il me semble que la Charbonnerie, qui a beaucoup fait parler d’elle en Europe au XIXème siècle, n’a pas de filiation avec une quelconque F...M... du bois car elle avait d’autres sujets de préoccupation que le paganisme, un ésotérisme plus ou moins druidique, la philosophie, le symbolisme… pour se consacrer à des sujets plus…explosifs ! De mon point de vue, la référence à la F...M... du bois que fit la Charbonnerie ne fut qu’un alibi, conceptuel, méthodologique, organisationnel…, pour, sous cette couverture légale, conduire des projets essentiellement politiques, même si, à l’évidence, par ailleurs, ils étaient portés par des valeurs humanistes, comme celle des Lumières et des Révolutionnaires du XVIIIème siècle. J’ajoute que, mais ce n’est là qu’un point de vue personnel, le souci apporté à mettre en évidence une autre tradition maçonnique que celle de la pierre, telle qu’elle était alors incarnée par les Obédiences établies, avait sa raison d’être dans le refus de la complaisance dont celles-ci pouvaient faire preuve à l’égard des autorités politiques (monarchies et empires, autrement dit… la Réaction) et religieuses (vaticanes essentiellement) quand, tout simplement, elles n’acceptaient pas d’être instrumentées par elles.
Comme je l’ai dit précédemment, les historiens considèrent que la Charbonnerie est née en Italie. Dirigeons donc nos pas vers ce pays.
La Carboneria italienne :
Sous la houlette de l’empire austro-hongrois, le Congrès de Vienne de 1815 s’est attaché à faire en sorte que le poison révolutionnaire particulièrement virulent en Italie ne contamine pas l’Europe et mette en danger, voire à bas les trônes en place. Pour ce faire, les diplomates ont appliqué deux adages bien connus : « Diviser, pour régner » et « Une main de fer dans un gant de velours ».
C’est ainsi, que tournant le dos au principe des nationalités né de la Révolution française et répandu en Europe par les Armées napoléoniennes, l’Italie a été découpée en fonction des enjeux et des intérêts des seules monarchies, sans la moindre attention aux populations ainsi… partagées ! L’Empire autrichien possède le Trentin et l’Istrie et occupe la Lombardie et la Vénétie tandis que le reste de l’Italie est sous son hégémonie en raison de nombreux et étroits liens militaires et dynastiques : le duché de Parme et Plaisance est donné à Marie-Louise, fille de François 1er d’Autriche et épouse de Napoléon; le duché de Modène et Reggio à François IV de Habsbourg-Este; le Grand-Duché de Toscane au frère de l’empereur d’Autriche… De leur côté, le Royaume de Naples, sous la dynastie des Bourbons, et l’Etat pontifical ont conclu des traités d’alliance militaire avec Vienne. Ainsi, la Restauration italienne a provoqué l’arrêt du processus de développement civil et d’unification territoriale qui avait débuté avec l’invasion napoléonienne.
Pourtant, même si elle fut courte et mouvementée, l’épopée napoléonienne a permis la formation d’une génération de militaires, d’administrateurs du bien public et une nouvelle classe dirigeante qui, toutes deux, n’ont pas eu l’heur de plaire aux tenants de la… réaction monarchique et qui ont rapidement été muselées avec l’interdiction qui leur a été faite de manifester, légalement et, notamment, par la voie électorale, leur opposition à ce partage dynastique et leur aspiration contraire à l’unité de la nation italienne. C’est pourquoi, l’opposition ayant dû entrer dans la clandestinité, on assista alors au pullulement de sectes et de sociétés secrètes qui se proposaient toutes de propager les idéaux libéraux et participaient donc du Risorgimento.
Au passage, on ne manquera pas de noter ce pied de nez que les carbonari firent au pouvoir pontifical et, plus largement, aux autorités catholiques, en reprenant ce nom de carbonari qui, au XIIIème siècle, était celui qu’avaient pris les Guelfes dans leurs conspirations contre le pouvoir impérial et pour le pouvoir papal, dés lors que ces nouveaux carbonari luttaient aussi contre le Vatican qui était un obstacle majeur à l’unification italienne ! On relèvera également que, au XIIIème siècle, s’il y avait bien des carbonari, il n’y avait pas pour autant de Carboneria même si, comme nous l’avons vu précédemment, il pouvait exister une F...M... du bois et donc un rituel, une organisation, une initiation… charbonniques.
Un carbonaro est, au sens propre, un fabricant de charbon de bois. Au début du XIXème siècle, les carbonari sont encore nombreux dans les montagnes forestières de l’Italie du Sud. Pendant l’occupation française du royaume de Naples, de1806 à 1815, de nombreux irréguliers, mi-bandits mi-soldats, les ont rejoint pour y être plus en sécurité et pouvoir ainsi mener leur combat contre la domination étrangère ; tout naturellement, ils ont pris le nom de carbonari, étant précisé que, eux, étaient en odeur de sainteté auprès des monarchistes, des autorités religieuses et de l’Empire autrichien puisqu’ils luttaient contre l’envahisseur. Toutefois, avec la restauration des Bourbons sur le trône de Naples, la Carbonaria devient une société secrète, car, désormais, son but est d’abattre l’absolutisme monarchique et de conquérir des libertés politiques par le biais d’une constitution.
En fait, la Carboneria politique, en tant qu’organisation, est née en 1806 avec l’installation de la première vente par Buonarroti, sur lequel je reviendrai plus loin. Elle rassembla de grands noms, à commencer par Giuseppe Garibaldi, le père de la nation italienne. Si elle a un rituel similaire à celui de la maçonnerie, elle n’est pas, contrairement à l’affirmation de certains historiens maçons, un essaimage de la F...M..., sachant que cette thèse sera reprise par les autorités, politiques et religieuses, pour condamner et combattre et l’une et l’autre.
Dans un ouvrage publié en 1950, l’historien A.Saita décrit la Carboneria comme « une société secrète aux buts éminemment démocratiques, qui ne séparait pas l’égalité des fortunes de la liberté politique » mais dont la structure était fortement hiérarchisée et cloisonnée du fait de son caractère nécessairement clandestin.. Parce que conspiratrice, la Carboneria procédait par voie occulte et donc secrète avec un goût marqué pour les formes symboliques. En effet, pour Buonarroti : « les hommes ont besoin, pour former une association politique efficace et permanente, d’être liés entre eux par des signes et des mystères qui flattent leur amour propre et donnent à la société dont ils font partie un air d’importance et de consistance que toute la moralité et l’estime réciproques des individus ne sauraient obtenir »[2].
La Carboneria comportait 9 grades et la direction était composée d’un petit nombre d’initiés qui dirigeaient tous les autres tout en prenant soin, pour des raisons de sécurité, de leur demeurer inconnus, d’où l’usage courant de pseudonymes[3]. Elle tirait ses symboles et ses rituels des charbonniers et donc des métiers du bois et non de la pierre : c’est ainsi qu’elle était organisée en ventes qui se regroupaient en ventes mères. Comme pour le compagnonnage, la F...M... et, plus généralement, toutes les sociétés secrètes, elle utilisait des mots et des signes secrets de reconnaissance et, sous prétexte de symbolisme, voire d’ésotérisme, une écriture cryptée pour les correspondances entre les ventes, les messages et plans confiés à des émissaires… L’organisation verticale et fortement cloisonnée faisait correspondre les différents degrés d’initiation à autant de niveaux différents de projets politiques. Entre eux, les carbonari s’appelaient « Bons Cousins » ou « Bons Amis ».
Une couverture fréquente de la Carboneria était la F...M... ce qui a amené certains auteurs à dire que la seconde était la vitrine légale de la première. Ainsi, pour J.Kuypers : » On pourrait dire que la Charbonnerie était une maçonnerie particulière, organisée au sein de la maçonnerie traditionnelle à l’insu des dirigeants de celle-ci. Peut-être serait il plus exact de dire qu’il s’agissait d’un groupement militant, constitué selon des affinités particulières au sein d’une maçonnerie officielle qui évitait soigneusement de se mêler aux choses de la rue; dont les membres poursuivaient leurs fins égalitaires tout en remplissant normalement leurs devoirs maçonniques ». Cette couverture était pratiquée de deux manières : soit, au sein d’une Loge, des carbonari, à l’insu des FF..., s’organisaient parallèlement en une vente occulte, soit une Loge entière, en fait, était une vente.
La Carboneria se développa principalement dans le Mezzogiorno, où elle fut la première tentative significative d’organisation politique rassemblant des intellectuels, des étudiants, la bourgeoisie du commerce et des professions libérales et, surtout, des militaires et dont le but était l’unification et l’indépendance de la nation italienne.
Les carbonari, du moins au début, participaient d’un libéralisme modéré, c’est-à-dire constitutionnaliste et légaliste. Toutefois, les militaires, sous-officiers et officiers formés pendant la période napoléonienne, exercèrent rapidement une influence dominante dans la mesure où ils étaient mieux organisés et plus disciplinés que les autres libéraux. Etant militaires, ce sont eux qui très rapidement transformèrent la Carboneria en ce que, pour eux, le recours à la violence, aux armes, aux coups de force… était une voie naturelle d’action.
Ainsi, durant l’été 1820, à Naples, encouragés par la révolution qui avait éclaté en Espagne, les carbonari, sous la conduite du général Pepe, se soulevèrent pour réclamer une constitution que le roi Ferdinand 1er finit par leur accorder. Toutefois, ce dernier, dès mars 1821, sollicite et obtient le concours des armées autrichiennes pour rétablir l’absolutisme. Cette première révolte carbonique ne se transforma pas en une véritable… révolution et se solda, in fine, par un échec du fait que, sous l’influence vaticane, la Sicile se rebella contre le gouvernement napolitain ainsi mis en place, que les révolutionnaires s’entredéchirent entre démocrates (les ultras) et modérés (les monarchistes constitutionnalistes) et que les troupes révolutionnaires ne firent pas le poids devant les troupes régulières de l’Empire autrichien.
Toutefois, cette date de 1820 est importante car c’est à partir d’elle que la Carboneria s’étendit à toute l’Italie.
En Lombardie-Vénétie, la découverte en octobre 1820 d’un magasin carbonaro entraîne l’arrestation de Silvio Pellico[4] et une répression féroce des milieux libéraux, carbonari et Fédérés[5], alors même qu’il n’est pas établi qu’il y avait véritablement un projet d’insurrection.
Dans le Piémont, la révolte éclata en mars 1821 avec la rébellion de la garnison militaire d’Alessandria dont le commandement était entre les mains des carbonari. Pour ne pas accorder la constitution promise par le régent Carlo Alberto, Victor Emmanuel 1er préféra abdiquer. Aussitôt, les armées fidèles au nouveau roi, Carlo Felice, avec le concours des troupes autrichiennes, affrontèrent les troupes constitutionnalistes qui, par manque d’organisation et, en particulier, de liaisons coordonnées entre les différentes unités, mais également et surtout, en raison de l’absence de tout lien avec les masses populaires, furent rapidement défaites. Là aussi il s’ensuivit une répression féroce.
En 1831, l’échec de l’insurrection de Bologne menée par des carbonari sonna le glas de la Carboneria qui disparut alors au profit de nouvelles organisations révolutionnaires aux structures moins lourdes aux idées politiques et sociales plus avancées, et, surtout, au recrutement plus populaire.
La Charbonnerie française :
Historiquement, en France, les germes du carbonarisme furent semés par Benjamin Buchez, fondateur de la Société Diablement Philosophique qui, en 1818, se transforma en loge maçonnique, Les Amis de la Vérité.
Mais l’existence de la Charbonnerie n’est avérée qu’à partir de 1821. Son apparition est, pour une large part, imputable à Joseph Briot, ancien député aux Cinq-Cents, qui, envoyé en mission au Royaume de Naples en 1810, avait découvert la Carboneria, y avait été initié et avait contribué à la propagation de la Carboneria sur l’ensemble du territoire italien à partir du Mezzogiorno. En effet, il semble bien que, de retour en France, il se servit du réseau de sa compagnie d’assurance, Le Phénix, pour propager la Charbonnerie en implantant des ventes dans son département et qu’il fut d’autant plus aidé dans son prosélytisme que, ancien Bon Cousin Charbonnier et adepte du Rite Égyptien de Misraïm, il put associer nombre de ses symboles et de ses formes d’organisation à la tradition locale des Bons Cousins Charbonniers, à savoir les travailleurs forestiers de Franche-Comté regroupés dans une association de secours mutuel structurée en plusieurs sections ou ventes et qui s’inscrivait dans la tradition de la F...M... du bois évoquée précédemment.
Nous sommes alors sous un régime monarchique censitaire auquel s’oppose un courant libéral fortement présent dans la F...M... Très rapidement, soucieux d’aller plus loin que le simple travail de réflexion, de recherche…, de nombreux FF... voient alors dans la Charbonnerie l’opportunité de réaliser leur projet politique d’émancipation de la société française des différents absolutismes qui la dominent – monarchie, religion… – ; c’est pourquoi, ils furent nombreux à la rejoindre[6]. En outre, il convient de ne pas oublier que, à cette époque, toute opposition politique était interdite et que la Restauration – la réaction -, de ce fait, suscita, en France mais aussi en Europe, la floraison entre 1815 et 1830 de sociétés secrètes à vocation explicitement politique préparant dans la clandestinité le renversement de la tyrannie. Précédée par les Illuminés de Bavière (1776-1785), par les Bons Cousins Charbonniers de Franche-Comté à la fin du XVIIIème siècle, par les carbonari italiens à partir de 1810, par l’Union de Joseph Rey à partir de 1816, enfin par la loge maçonnique des Amis de la liberté créée en 1820, la Charbonnerie s’inscrivit donc dans un mouvement général de libéralisme assez disparate en définitive puisqu’il comprenait à la fois des monarchistes constitutionnalistes, des républicains et des révolutionnaires.
Parmi les loges maçonniques les plus impliquées dans la constitution de la Charbonnerie française, il faut citer Les Amis de /’Armorique et, surtout, Les Amis de la Vérité dont étaient membres Dugied et Joubert qui, pour échapper à la police, suite à la tentative du coup de force de Vincennes de la nuit du 19 au 20 août 1820, s’étaient un moment réfugiés à Naples où ils avaient été initiés à la Carboneria et dont le Collège d’Officiers se rapprocha des députés et des notables libéraux familiers de La Fayette[7] pour les aider dans la réalisation de leur projet.
Comme beaucoup d’autres, ces Loges attestaient d’une pratique subversive à l’égard de l’ordre – le Grand orient de France – qui consistait à prendre de nettes distances à l’égard des directives obédientielles et à pratiquer une maçonnerie plus politique que… philosophique.
Briot, Dugied, Joubert et d’autres maçons font officiellement œuvre de propagande en faveur d’un rituel allégé – c’est-à-dire débarrassé de toute sa poussière traditionaliste, voire rigoriste, pour ne pas dire intégriste et dogmatique – et, surtout, laïcisé. En fait, leur projet est soit d’instaurer une nouvelle maçonnerie, la Charbonnerie, sous le couvert de la maçonnerie traditionnelle du G...O...D...F..., soit de transformer celle-ci, de l’intérieur, en une Charbonnerie. Dans les deux cas, les intentions sont claires : la constitution d’une organisation politique permanente nouvelle comme support d’une action conspiratrice et, sinon révolutionnaire, du moins insurrectionnelle.
Compte tenu du contexte national d’alors, leur projet se développe facilement et une véritable Charbonnerie française est organisée sous la forme d’une structure cloisonnée, occulte ou secrète, hiérarchisée en trois niveaux[8]. L’héritage maçonnique est toutefois assumé dans ce qui peut être utile au projet politique et aux mesures de sécurité à prendre : mots d’ordre qui font office de mots de passe, saluts et de signes de reconnaissance, procédure d’admission dans une vente par cooptation, initiation[9], grades, observation du serment et du secret jusqu’à la mort[10]…
La structure de base de la Charbonnerie est la vente particulière qui comprend, au plus, 20 personnes, pour échapper aux dispositions de l’article 294 du Code pénal de 1810 qui interdit les groupements d’un effectif supérieur. Au deuxième niveau se situe la vente centrale à la tête de laquelle se trouve un député qui est le seul à avoir des relations avec le Comité directeur qui, sous l’appellation de haute vente, est le troisième niveau de la Charbonnerie.
Les lieux de réunion s’appelaient baraques et le vocabulaire était emprunté aux termes techniques du métier de charbonnier.
Au-delà de ses similitudes de forme, il y avait des différences profondes entre la F...M... officielle et la Charbonnerie. C’est ainsi que la sociologie de la Charbonnerie était beaucoup plus disparate : si les militaires y sont prédominants (40% des effectifs)[11], d’autres milieux socioprofessionnels sont présents : boutiquiers, artisans, enseignants et, dans une moindre mesure, ouvriers, c’est-à-dire les… républicains qui; grosso modo, se ralliaient autour de la Constitution de l’An III. Autres différences notoires : l’initié jurait d’obéir aveuglément aux ordres venus d’en haut et… conservai chez lui les armes et munitions qui lui étaient confiées à son admission et les ventes ne produisaient aucun… écrit.
La prédominance militaire est assurément à l’origine de l’action insurrectionnelle privilégiée par la Charbonnerie : le complot débouchant non sur l’émeute, la grève ou même… la révolution mais sur la rébellion d’unités militaires[12]. Toutefois, cette prédominance n’empêcha pas que bien des complots furent montés avec un piètre amateurisme et que, faute de coordination et, surtout, d’enracinement populaire, ils se soldèrent tous par de cuisants échecs comme ceux qui eurent lieu de décembre 1821 à juillet 1822. Ainsi, à la fin de 1821, l’échec du soulèvement militaire prévu à Belfort mais ajourné entraîna l’arrestation de nombre de conspirateurs qui, pour la plupart étaient également maçons. Parmi huit des accusés traduits devant les tribunaux, il y avait deux FF... des Amis de la Vérité, Bûchez et Brunel. À Saumur, une tentative d’insurrection, elle aussi avortée, fut menée par le lieutenant Delon, vénérable de L’Union Fraternelle, atelier, qui, composé d’une cinquantaine de militaires, était une véritable officine de recrutement de la Charbonnerie. Le complot prévu à la fin de l’année 1821 fut hâtivement différé à la dernière minute. Le deuxième essai, dirigé par le général Berton, échoua, et ce dernier, impliqué dans la prise de Thouars le 24 février 1822, fut arrêté puis guillotiné en octobre 1822[13]. En février 1822, se déroula le complot le plus retentissant, celui de La Rochelle, plus connu sous le nom de « complot des 4 Sergents de La Rochelle »[14] : Bories[15], Goubin, Pommier et Raoulx.
En Provence, la Charbonnerie échoua aussi dans sa tentative de soulèvement de Toulon qui, pourtant, était une ville réputée pour être républicaine. Armand Vallé, ancien capitaine des Armées napoléoniennes, dénoncé fut arrêté et exécuté le 10 juin 1822. Les ultimes tentatives de ces complots manqués eurent lieu dans l’Est, à Strasbourg (avril 1822) et à Colmar (juillet 1822).
La constance de ces échecs entraîna une crise de conscience chez les Charbonniers et contraignit leurs dirigeants à l’autocritique dont la conclusion fut que, à l’évidence, l’abolition de l’absolutisme monarchique et l’instauration de la République ne passaient pas par le complot militaire. Mais, cette analyse intervint trop tardivement : à partir de 1823, les divergences politiques, exacerbées par la férocité de la répression et de nombreuses délations, éclatèrent au sein de la Charbonnerie et, après le raz de marée électoral des ultras en février-mars 1824, le mouvement vit ses membres s’éparpiller, un nombre non négligeable ralliant les saint-simoniens[16]. Après 1830, d’anciens charbonniers se retrouvèrent dans les orientations libérales de la monarchie de Juillet[17] et un des derniers avatars de la Charbonnerie fut la création en 1833, sous l’impulsion de Philippe Buonarroti et du libraire Charles Teste, de la Charbonnerie Démocratique Universelle qui n’avait plus qu’un rapport lointain avec les conspirations militaires de la Restauration.
Selon de nombreuses sources convergentes, la Charbonnerie française compta jusqu’à 40 000 affiliés dont de nombreuses célébrités : La Fayette[18], Manuel, Dupont de L’Eure, Buchez… mais aussi des savants illustres comme Edgar Quinet, Augustin Thierry ou Victor Cousin…[19], le peintre Horace Vernet, le banquier et homme politique Jacques Lafitte, Bazard, propagateur du saint-simonisme[20] …
D’emblée, la Charbonnerie se donna pour objectif l’élection d’une Assemblée Constituante destinée à restaurer la souveraineté populaire ; toutefois, et sans doute sous l’influence dominante des militaires mais aussi d’une conception caporaliste – pré-léniniste, en somme -, c’est-à-dire élitiste de la conduite du changement social et politique, elle opta pour la voie du complot et de l’insurrection militaires et non de la révolution. Se faisant, elle se coupa du peuple, sans lequel il ne pouvait pas y avoir de changement… révolutionnaire. Par ce choix, elle était vouée à l’échec ou au… retournement de veste !
La Charbonnerie n’aboutit pas dans son projet insurrectionnel. Il n’en demeure pas moins qu’elle constitua l’un des rares pôles de résistance à la tentative de Restauration de l’absolutisme monarchique, même si, selon Pierre Leroux elle ne fut jamais qu’une « grande conjuration du Libéralisme adolescent », et qu’elle s’inscrivit dans une « nébuleuse culturelle et politique » qui, pour une large part, fut le creuset de la renaissance – le Risorgimento – d’une F...M... qui, sans s’interroger davantage sur sa nature de pierre ou de bois, renoua (enfin) avec un projet humaniste universel.
J’ai indiqué les liens étroits entre la Charbonnerie et la F...M..., celle-ci, le plus souvent, n’étant que la couverture de celle-la. Mais, la Charbonnerie eut d’autres avatars ou couvertures :
En premier lieu, il faut citer les réseaux de conspirateurs connus sous les noms de Philadelpes[21], eux-mêmes issus d’une résurgence des Illuminés de Bavière et d’Adelphes[22] dont les programmes étaient, à peu de choses près, celui des Égaux de Gracchus Babeuf et qui étaient coiffés par une autre société secrète, le Grand Firmament, lequel se subdivisait en Eglises, Synodes et Académies.
On doit également mentionner la société des Familles où chaque famille était composée de 5 initiés dirigés par un Chef de Famille et qui se divisa par la suite pour donner la Société des Saisons et les Phalanges Démocratiques. La société des Saisons était organisée en Semaines regroupant chacune 6 hommes et un chef, quatre Semaines formant un Mois (comptant 28 initiés et un chef), trois Mois, une Saison et quatre Saisons, une Année. On trouve trace d’au moins trois Années dirigées par Blanqui, Barbes et Martin Bernard, dont on sait qu’ils étaient Charbonniers par ailleurs. Les Phalanges Démocratiques, quant à elles, étaient dirigées par Mathieu D’Epinal, Pornin et Vilcocq et avaient pour programme l’abolition de la propriété et de la famille, la communauté des femmes, l’éducation gratuite, la destruction des objets de luxe, la dictature populaire…
Je citerai enfin Félix Delhasse, Charbonnier belge, dont nom secret était Gracchus Babeuf, qui écrivit en 1857, dans « Ecrivains et hommes politiques en Belgique »- « Peut-être un jour raconterons-nous cette aspiration mystérieuse [La Charbonnerie] qui réunissait dans l’ombre les adeptes de la vérité, comme autrefois les réformés dans leurs conciliabules nocturnes en plein champ, loin des villes et des autorités constituées, comme les chrétiens dans les catacombes. Il est bien permis au peuple d’avoir son action secrète, comme la diplomatie a la sienne, comme le clergé a la sienne, avec cette différence que ce n’est pas la faute du peuple s’il n’agit pas toujours à ciel ouvert. Ces épisodes peu connus, où la jeunesse se risque à l’aventure dans les chemins inexplorés, où le peuple s’essaye à la vie collective, cette histoire intime qui se retrouve en tout temps et en tout pays, n’est pas la moins curieuse et la moins expressive: c’est elle qui donnerait la mesure véritable des tendances, du caractère, du génie incompressible de chaque peuple, et qui s’impose dans les faits officiels et finit par passer du souterrain au grand jour. »
Avant d’aborder le point suivant de ce travail, et comme il y a des FF... corses, permettez-moi de faire une petite digression vers l’Île de Beauté en espérant qu’il ne me sera pas tenu rigueur de mon accent qui, je le sais, ne saura pas rendre la musicalité de la langue.
Petite digressions corse :
En Corse, alors sous forte influence italienne, notamment culturelle et linguistique, les sociétés secrètes et, parmi elles, la Carboneria se localisent essentiellement sur l’actuel canton du Campuloro-Moriani.
D’une présence attestée depuis 1818, les carbonari portaient le nom de « I pinnuti » sans doute parce qu’ils évoluaient la nuit comme les chauves-souris, c’est-à-dire « i topi marini » ou « topi pinnuti« . Les carbonari corses sortent ouvertement de l’ombre en 1847 lorsque, en Italie, commence la Révolution de 1847 dite de 1848 car ils souhaitent alors porter secours aux patriotes italiens qu’ils reconnaissent pour… frères.
Mais la Carboneria corse se distingua de ses consœurs italienne et française en ce qu’elle était composée à la fois de républicains et de bonapartistes qui, comme Sampieru Gavini, aspiraient au rétablissement de l’Empire même si, par ailleurs, elle était en osmose étroite avec la F...M... locale.
Reprenons le cours du travail :
J’ai indiqué que la Carboneria fut fondée en Italie, en 1806, par Philippe Buonarroti. Il me semble nécessaire de s’arrêter quelque peu sur ce personnage, quasi de légende en ce qu’il fut le premier révolutionnaire… de métier, pour encore mieux comprendre l’origine et le projet de la Charbonnerie.
Né à Pise d’une noble famille toscane, Philippe Buonarroti fervent admirateur de Rousseau, commence sa carrière publique par la publication d’un journal, la Gazetta universale, ce qui lui vaut, dés lors, d’être sous une surveillance policière constante ! F...M... initié jeune, il s’affilie aux Illuminés de Bavière[23]. Enthousiaste, il va à Paris pour y soutenir la Révolution ; de là, il se rend en Corse pour y propager l’esprit révolutionnaire ; en étant rapidement expulsé, il rejoint la Toscane qui l’accueille pendant quel temps dans ses geôles ; libéré, il retourne en Corse puis, en 1793, après la victoire des paolistes, gagne Paris. Il fréquente alors Robespierre, qui l’apprécie et même l’estime, l’admet parmi ses familiers et le charge de former des agitateurs révolutionnaires pour l’Italie, ce qu’il fait en créant une véritable d’école de cadres révolutionnaires à la frontière de Nice, école dont les diplômés s’illustreront dans tous les coups, révolutionnaires des années à venir et qui, plus tard, fourniront une partie des cadres des troupes garibaldiennes.
Après le 9-Thermidor, il est arrêté à Menton comme robespierriste et transféré à Paris, Buonarroti, qui croit toujours en l’Être Suprême et voue une admiration sans faille à l’Incorruptible, se lie en prison avec Babeuf qui, antirobespierriste de longue date, applaudit à la chute du tyran et fait profession d’athéisme. Bien qu’ainsi politiquement et philosophiquement opposés, les deux hommes deviennent inséparables ; ensemble ils seront l’âme de cette conspiration des Égaux, c’est-à-dire du communisme égalitaire, que Buonarroti, vers la fin de sa vie, retraça dans son Histoire de la Conspiration de l’égalité (1828).
Arrêté avec Babeuf par la police de Carnot ; Buonarroti est condamné à la déportation, mais voit sa peine commuée en de nombreuses années de détention puis de résidence surveillée. En 1806, Fouché, protecteur discret mais efficace des babouvistes, obtient sa grâce en contrepartie de son exil à Genève. Sur place, Buonarroti retrouve le jeune frère de Marat et commence une nouvelle activité clandestine de révolutionnaire.
Durant les tes trente dernières années de sa vie, toujours poussé par l’idéal babouviste du communisme égalitaire[24], sous le couvert de la F...M... et la fondation de la loge les Sublimes Maîtres Parfaits, il contribue activement à l’instauration de la Charbonnerie française et organise des réseaux de sociétés secrètes à travers la France, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, la Russie…
C’est ainsi que, en 1833, à Bruxelles, il créa la Charbonnerie Démocratique Universelle, dont la vocation internationaliste sans conteste préfigura la future Association Internationale des Travailleurs et qui était en correspondance étroite avec la Societa Dei veri Italiani, d’inspiration et de finalité babouvistes. La Charbonnerie Démocratique Universelle étaient organisée non plus en ventes mais en phalanges et placée sous la direction occulte des loges de Misraïm. Son plus haut degré connu était celui de Frère de la Racine. Elle reprit le but des Illuminés mais dans un vocabulaire et selon un programme moins ésotérique, philosophique, moral, quasi-religieux… et plus révolutionnaire, pragmatique, stratégique et tactique…
De même, lorsque, en 1835, Blanqui, aidé de son ami Barbès, fonda, sur le modèle de la Charbonnerie, la société secrète la Société des familles, c’est l’ombre de Buonarroti qui plane, même si, pas une seule fois, son nom n’est avancé. Même chose avec la Société secrète des Saisons. Et ainsi de suite…
Durant toute sa vie, Buonarroti a orchestré la majeure partie des sociétés secrètes européennes et, partant, les complots, insurrections, rébellions, révoltes, révolutions… non du pupitre qui est sous le feu de l’éclairage des musiciens, du public, des critiques et… de la police, mais du trou invisible du souffleur anonyme.
F...M..., Buonarroti fut donc le maillon actif de plusieurs chaînes d’union entre l’Italie et la France, la révolution démocratique de Robespierre et la révolution sociale de Babeuf, l’ancienne maçonnerie des Lumières et le carbonarisme, la révolution de 1789 et celles du XIXème (en particulier de 1830 et 1848, mais également la Commune de Paris)… Si par choix autant que par nécessité, il resta la plupart du temps dans l’obscurité, changeant fréquemment de domicile et de pays, Buonarroti, de comploteur né, devint révolutionnaire professionnel, le premier de l’Histoire[25].
Ce professionnalisme de la révolution, il l’enseigna dans les cours qu’il donna à Nice, les initiations auxquelles il intervenait, les conférences qu’il donnait, les consignes et recommandations qu’il prodiguait… mais, surtout, il le pratiqua et le fit pratiquer[26]. Pour lui, être révolutionnaire, c’était :
· pousser le pouvoir à des répressions iniques afin de révéler la véritable nature du pouvoir et amener le peuple à se soulever ;
- utiliser les sociétés secrètes existantes pour sélectionner et forger des révolutionnaires ;
- dérouter la police politique et démasquer les mouchards en multipliant les sociétés secrètes protéiformes et en les intoxiquant par de faux renseignements ;
- laisser dans l’ombre les vrai dirigeants des sociétés secrètes ;
- faire la révolution mais, celle-ci faite, ne confier le pouvoir au peuple qu’après l’avoir éduqué[27].
A l’évidence, Buonarroti eut une influence prépondérante sur et dans la Charbonnerie européenne, même si, parce qu’elle était discrète, occulte, bon nombre, pour ne pas dire la plupart des charbonniers, même ceux de premier plan, n’en avaient pas conscience. Cette influence fut de deux ordres : son esprit d’abord qui était celui du communisme égalitaire et, ensuite, sa méthode organisationnelle qui était celle du secret, du cloisonnement, de la sécurité…, bref de l’organisation révolutionnaire secrète.
Toutefois, en raison de la prépondérance des militaires et du libéralisme limité de la plupart des recrues, le projet révolutionnaire de Buonarroti, conçu à l’échelle européenne, ne put aboutir : la Charbonnerie, à l’image de la plupart des autres sociétés secrètes se contenta de tenter, vainement d’ailleurs, par la voie du complot et de l’insurrection militaires, d’abattre l’absolutisme monarchique pour instaurer, non la Révolution, mais une monarchie constitutionnelle ou, à la rigueur, une république modérée que d’aucuns qualifient, à juste titre, de mon point de vue, de république monarchique[28].
Une autre évidence est que la méthode prônée par Buonarroti, parce qu’elle reléguait le travail d’éducation après la révolution et qu’elle faisait donc du peuple, non un acteur mais un enjeu et, au besoin, un instrument, portait en elle le germe de la dérive de l’autocratie révolutionnaire, celle de la tyrannie de la masse par une élite !
S’agissant de la F...M..., l’influence de Buonarroti, à travers, en particulier, la Charbonnerie fut tout aussi importante et, à mon sens, salutaire puisqu’elle la contraignit, du moins pour celle ne s’attachant pas à faire dans la… régularité, à prendre conscience de ce que son projet humaniste de travailler à l’amélioration matérielle et morale ainsi qu’au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité est nécessairement politique tant il est vrai que la Loge est dans la Cité et non hors d’elle sur le nuage de l’apolitisme !
[1] En 1999, il a été publié, chez Montpeyroux, Les Goutelettres de Rosée, un fac-similé de l’édition de 1813 des « Constitutions de la Vente Charbonnière ».
[2] A. Saita: « Filippo Buonarroti. Contributi alla Storia della sua Vita e del suo Pensiero ».
[3] Nom secret ou nomen mysticum. Félix Delhasse , charbonnier belge, se faisait ainsi appeler Gracchus Babeuf.
[4] Écrivain et patriote piémontais, Silvio Pellico fit partie des cercles libéraux et romantiques milanais et travailla pour le journal Conciliatore. Condamné à mort en 1820 comme carbonaro, avec son ami Piero Maroncelli, il vit sa peine commuée en vingt années de prison. Incarcéré dans la forteresse autrichienne du Spielberg, à Brno, Pellico sera gracié à la moitié de sa peine, en 1830.
[5] Les Fédérés, menés par le comte Confalonieri, réclamaient l’union de la Lombardie et du Piémont.
[6] L’adhésion, plus ou moins simultanée, à la FM et à une ou plusieurs autres sociétés secrètes étaient alors choses courantes. C’est ainsi que, par exemple, de nombreux FF... adhérèrent à la très libérale société « Aide-toi, le Ciel t’aidera », présidée par Guizot.
Pour mémoire :
Guizot, François Pierre Guillaume (1787-1874), homme politique et historien français. Né à Nîmes, de parents protestants, François Guizot émigre en Suisse avec sa famille pour fuir la Terreur sous laquelle son père a été exécuté. En 1805, il quitte Genève pour Paris où il entreprend de brillantes études. Reconnu pour son érudition et sa capacité de travail, il devient professeur d’histoire moderne à la Sorbonne dès 1812. Lors de la Restauration, il rallie le parti du « juste milieu » (favorable au libéralisme et à la monarchie constitutionnelle), et s’oppose alors aux « ultras » désireux d’un retour à l’Ancien Régime et dirigés par le frère de Louis XVIII (le futur Charles X). Les convictions de Guizot le rapprochent du roi qui cherche à concilier les intérêts de la bourgeoisie libérale et des royalistes. Laissant de côté ses activités d’enseignant, il occupe de 1816 à 1820 le secrétariat général du ministère de l’Enseignement, puis de la Justice, avant d’entrer au Conseil d’État. Revenu à l’histoire après la chute du cabinet Decazes (février 1820), il retrouve pour un temps la Sorbonne. En effet, avec l’avènement de Charles X, Guizot passe dans l’opposition et ses attaques contre le ministère Villèle lui valent une suspension de 1822 à 1828. Il profite de cette retraite forcée pour publier ses critiques dans le Globe, prônant la doctrine libérale et le credo « Aide-toi, le ciel t’aidera ». En 1830, François Guizot participe au renversement de Charles X — notamment en signant l’ »adresse des 221″ —, avant d’être élu député de Lisieux. Le parti de la Résistance, dont il est le fondateur, est hostile à toutes les concessions démocratiques et défend une monarchie bourgeoise garantissant l’État contre les républicains ; c’est dans cet état d’esprit que Guizot entre au gouvernement. Après avoir occupé l’Intérieur (1830), il obtient le portefeuille de l’Instruction publique (1832-1837) et réorganise l’enseignement primaire : loi de juin 1833, complétée par celle de 1841 restreignant le travail des enfants. En charge des Affaires étrangères (1840-1847) — après une ambassade à Londres —, Guizot poursuit une politique de rapprochement avec la Grande-Bretagne. Quoique sous l’autorité nominale du président du Conseil Soult, il est de fait, dès 1840, le véritable chef du gouvernement et, depuis le retrait de Thiers, l’unique chef de file de la « Résistance ». Soutenu par la France des notables et de la bourgeoisie d’affaire, il concourt à l’essor de l’industrie, du commerce, du crédit et lance la révolution du chemin de fer ; son maître mot, révélateur de son option capitaliste est sa célèbre formule, prononcée en 1843 lors d’un banquet en province : « Enrichissez-vous par le travail, par l’épargne et la probité ». Ayant délaissé la condition ouvrière et refusant toute réforme électorale (sur la baisse du cens), Guizot doit affronter la critique conjuguée des ultras et des républicains. Son gouvernement devient de plus en plus autoritaire, et vire vers un ultraconservatisme que la crise économique de 1846 rend difficilement supportable à l’opposition, que ce soit celle de la petite bourgeoisie ou du prolétariat urbain. Ses élans d’autoritarisme scellent son destin : lorsqu’au début de l’année 1848, Guizot interdit de nouveau les réunions publiques de l’opposition, il déclenche un mouvement révolutionnaire que sa démission ne peut enrayer et qui aboutit à la fin du règne de Louis-Philippe (voir campagne des Banquets). Exilé en Belgique puis en Grande-Bretagne, Guizot revient en France en 1849. Il choisit alors de vivre à l’écart du pouvoir, se consacrant à la rédaction de ses mémoires (Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps) et reprend ses recherches historiques. En 1820, il a déjà rédigé un manifeste monarchiste et parlementariste, Du gouvernement de la France, tout en publiant plusieurs études sur l’histoire de France et de l’Angleterre (notamment des Essais sur l’histoire de France). Professeur de formation et pédagogue, il rédige, à la fin de sa vie, une Histoire de France racontée à mes petits enfants. Membre de l’Académie française à partir de 1836, Guizot, qui n’a jamais cessé d’être homme de lettres, reste l’un des principaux historiens du XIXe siècle et participe à la grande tradition contemporaine des hommes politiques, tels Thiers, Blanc ou Quinet, versés dans la science historique. L’ensemble de l’œuvre historique de Guizot reste marqué par l’empreinte de son engagement politique, ce qui a plus tard incité l’historien Gabriel Monod à dire de lui que, en dépit de son pragmatisme et de ses contributions scientifiques, Guizot a été une « personnalité » plus qu’un « savant ».
[7] D’aucuns estiment que, dans le plus strict secret, La Fayette fut, en fait, le grand maître, tactique, de la Charbonnerie française.
[8] La hiérarchisation en trois niveaux de la Charbonnerie est également similaire à d’autres sociétés, comme celle des Illuminés.
[9] Lors de l’initiation, le postulant est introduit, les yeux bandés, dans une pièce obscure et, au terme de la cérémonie, avant qu’on lui enlève le bandeau, prête solennellement le serment de garder le silence absolu sur la Charbonnerie.
[10] A titre d’exemple de ce respect absolu du secret et du serment : les 12-13 mai 1839 eut lieu la tentative insurrectionnelle d’Armand Barbès, Martin Bernard, Auguste Blanqui et de la Société des Saisons. Le premier, blessé, est arrêté ; les deux autres parvinrent provisoirement à échapper à la police, respectivement jusqu’aux 21 juin et 14 octobre. 692 interpellations intervinrent en suivant et des procès furent engagé contre plus de 750 inculpés. Lors du procès de 19 inculpés, du 11 juin au 12 juillet 1839, Armand Barbès et Martin Bernard, fidèles à leur serment de charbonniers, refusèrent de se défendre ; le premier fut condamné à mort et le second à la déportation. A son insu, et malgré ses protestations, Barbès, sur intervention de sa sœur auprès du roi, vit sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité, puis en déportation.
[11] Malgré la présence de quelques haut gradés en poste comme les généraux Berton et Dermoncourt, il s’agit essentiellement d’anciens cadres des armées napoléoniennes qui ont été évincés par la Restauration.
[12] C’est sans doute l’exclusivité donnée à cette forme d’insurrection, constitutive d’un éventuel coup d’état, qui est à l’origine de l’adhésion de ce comploteur professionnel que fut Louis Napoléon Badinguet Bonaparte !
[13] Avant d’être exécuté il cria : »Vive la Liberté ! ».
[14] Prévoyant le soulèvement du 45e régiment de ligne transféré de Paris à La Rochelle, des soldats ont dénoncé leurs camarades qui sont jugés devant la cour d’assises de Paris. Fidèles à leur serment, quatre sergents choisissent de se sacrifier lors du procès en refusant de révéler à la justice bourbonienne les secrets de la conspiration carbonariste. Ils sont guillotinés le 21 septembre 1822, à Paris, Place de grève. Les quatre « martyrs de la Liberté » comptaient trois membres des Amis de la Vérité. Les traces de leur passage dans la Tour de La Rochelle sont encore visibles et leur geôle donne lieu à de véritables pèlerinages. Il existe une importante iconographie à leur sujet et de nombreuses chansons dites populaires leur ont été consacrées.
[15] Selon certains auteurs, les quatre sergents furent arrêtés et le complot déjoué parce que Bories avait été trop bavard dans une diligence, dont l’un des passagers était un indic de la police.
[16] La dernière action officielle de la Charbonnerie fut de tenter de gagner le corps expéditionnaire français en Espagne. Ce nouvel échec conduisit, de fait, à la liquidation de la Charbonnerie.
[17] Si la Charbonnerie instrumentalisa beaucoup, à commencer par la FM, elle fut elle-même souvent instrumentalisée. L’exemple le plus significatif est celui de Louis-Napoléon Bonaparte, qui fut membre de la Carboneria mais non de la Charbonnerie. Le ralliement d’un nombre conséquent de charbonniers à la monarchie orléanaise m’amène personnellement à considérer que cette dernière l’instrumentalisa également dans son opposition aux Bourbons aux fins de récupération du trône de France !
[18] Voir note ci-dessus.
[19] Cette présence de savants est, sans doute, à l’origine du choix que firent certains charbonniers de rallier le saint-simonisme lorsque la Charbonnerie disparut.
[20] Dont on dit qu’il était l’âme de la Charbonnerie dont la tête était La Fayette.
[21] Essentiellement implantés en milieu militaire. Cf. de Charles Nodier « les Philadelphes. Histoire des sociétés secrètes de l’armée », 1815[21]
[22] C’est-à-dire les « Frères ».
[23] Les Illuminés de Bavière :
Adam Weishaupt naît à Ingolsadt en 1748. A 20 ans, il occupe la chaire de droit canon à l’université d’Ingolstadt. Désireux de régénérer la société allemande, et en s’inspirant des constitutions et de l’organisation maçonniques, il fonde, avec le baron de Knigge, une société secrète : l’Ordre Secret des Illuminés Germaniques. Il partage l’ordre en 13 grades répartis en 2 classes :
Edifice inférieur : novice, minerval, illuminé mineur, illuminé majeur
Edifice supérieur : apprenti, compagnon, maître, écuyer écossais, chevalier écossais, epopte, prince, mage-philosophe et homme-roi.
A côté des grades connus, Weishaupt institue les Insinuants dont le rôle était d’espionner les profanes et… les membres de l’Ordre.
Chaque affilié portait un nomen mysticum, ainsi Weishaupt s’était attribué celui de Spartakus. Weishaupt initia Goethe, Herder, Schard, von Fritsch, Metternich.
Le but ultime des Illuminés était de renverser les monarques et d’éradiquer l’Eglise. On peut lire dans les notes de Weishaupt une des phrases les plus connues de Bakounine : « Nous devons tout détruire aveuglément avec cette seule pensée : le plus possible et le plus vite possible ». Et c’est parce que ce but était en définitive universel que les Illuminés rayonnèrent sur de nombreux pays européens en y exerçant une influence, directe ou indirecte, importante.
Weishaupt influença la pensée de personnages tels que Babeuf, Buonarroti, Elisée Reclus, Bakounine, Kropotkine,…
[24] Dans toutes les sociétés et organisations où il est intervenu, Buonarroti avait à cœur, d’introduire Le chant des égaux, chant de ralliement au Club du Panthéon sous le Directoire :
PREMIER COUPLET
Un code infâme a trop longtemps
Asservi les hommes aux hommes.
Tombe le règne des brigands !
REFRAIN
Réveillez-vous à notre voix
Et sortez de la nuit profonde.
Peuple ! Ressaisissez vos droits :
Le soleil luit pour tout le monde !
DEUXIEME COUPLET
Tu nous créas pour être égaux,
Nature, ô bienfaisante mère !
Pourquoi des biens et des travaux
L’inégalité meurtrière ?
TROISIEME COUPLET
Pourquoi mille esclaves rampant
Autour de quatre ou cinq despotes ?
Pourquoi des petits et des grands ?
Levez-vous, braves sans-culottes !
[25] Même si, pour certains orthodoxes (intégristes ?), ces révolutionnaires oeuvraient pour une pseudo-révolution, voire même la contre-révolution, la… révolution bourgeoise. Cf. L. Netter in Introduction à La Gazette Rhénane de Karl Marx et Friedrich Engels : « Conquérant peu à peu la suprématie économique, la bourgeoisie accentue son effort pour s’emparer du pouvoir politique. Le libéralisme et le mouvement révolutionnaire gagnent du terrain : la Maçonnerie et ses sectes se multiplient, la Charbonnerie dispose en Italie et en France d’un réseau de « ventes » fortement hiérarchisé; en Allemagne, les libéraux intensifient leur activité et le mouvement révolutionnaire tente de s’organiser (développement de la « Burschenschaft », activité de la Jeune Allemagne, premiers pas du mouvement ouvrier, publication de la Gazette rhénane avec la collaboration de Marx en 1842-1843) ».
[26] C’est ainsi, par exemple, que Blanqui le reconnut comme son mentor en disant qu’il n’aurait jamais été ce qu’il devint s’il n’avait pas rencontré et fréquenté assidûment Buonarroti.
[27] En 1946, Husson, sous le nomen mysticum de Geoffroy de Charnay, s’inspirant de la biographie de Buonarroti et de son Histoire de la Conspiration de l’égalité publia la Synarchie politique dans laquelle il distinguait 3 catégories de sociétés secrètes :
- « Les sociétés secrètes « inférieures » : ce sont les sociétés publiques telles la FM bleue, la Société Théosophique, les groupuscules extrémistes politiques…On retrouve dans ces sociétés les militants de base, souvent sincères et désintéressés. Ce sont des viviers dans lesquels on puisera les « gros poissons » pour les mener vers d’autres cercles plus élevés. Ces sociétés représentent un paravent et, si besoin est, un bouclier pour les vrais initiés.
- Les sociétés de cadres ou intermédiaires : ce sont des sociétés authentiquement secrètes car elles ne sont connues que par un cercle restreint de personnes. Les membres en sont cooptés et doivent se soumettre entièrement à l’autorité de la société. On peut citer le Martinisme et les Illuminés de Bavière. Ces sociétés contrôlent, ou tentent de contrôler les rouages de l’État. De plus, elles jouent un rôle de gestion et d’exécution.
- Les sociétés secrètes « supérieures » : elles sont totalement secrètes, ignorées des sociétés inférieures et contrôlent les sociétés intermédiaires. Leurs buts sont la domination du monde et la réalisation d’objectifs qui nous sont inconnus ».
[28] Ce fut donc par d’autres voies et, notamment celles des Révolutions, bourgeoises pour la plupart, que l’absolutisme monarchique fut abattu, même si le concours des masses populaires fut sollicité et obtenu, sachant que, ces Révolutions faites et le pouvoir bourgeois instauré ou restauré, la réaction s’abattit toujours avec la plus grande férocité sur les peuples pour que ceux-ci ne fassent pas… leur révolution !
Source : http://jccabanel.free.fr/index.htm
Digression … Annick de Souzenelle – L’initiation
Posté par hiram3330 dans : Digression , ajouter un commentaireDigression … Oui, nos cathédrales sont au nombre d’or, par Thierry de Champris
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Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireSymbole Vivant… le puits des âmes
27 Mars 2016 , Rédigé par Lurker
« Le symbole enseigne avant tout la modération nécessaire à celui qui s’y confronte ; il n’y comprend que ce qu’il est capable de réaliser dans une lente ascension au plus profond du sommet intérieur. «
Marie-Louise AUCHER1
L’étude et la tentative de compréhension des symboles reposent sur beaucoup d’ambiguïtés. La première et la plus importante restant d’être convaincu d’œuvrer pour le Bien alors que cette notion n’existe que par l’affirmation individuelle et seulement individuelle de sa nature intrinsèque. Nous le savons tous. Le Bien est ce qui est bon pour moi et si ma conscience de l’autre me conduit à faire ce qui est bien pour lui, c’est surtout mon empathie qui m’y conduit afin que j’en tire le bénéfice d’une conscience en repos. Le bien pour l’autre reste le bien pour moi. Alors, la nature du Bien n’est-elle pas uniquement consubstantielle à l’œuvre plus qu’à une possible singularité morale et sociale ? Et puis, aujourd’hui, le mal a toujours un nom, un visage… une forme inquiétante qui nous permet de nous comparer, de nous dire que nous en sommes très éloigné… Mais, ce visage, Hitler, Mao, Staline… nous rassure et nous guide… ce n’est jamais Roosevelt ou Kennedy… notre environnement reste ce qui nous forge et notre environnement nous donne la voie de la bonne pensée en oubliant qu’un journal n’est pas uniquement composé de sa Une, en oubliant que les prophètes donne la Voie et gomment la réalité. Le swastika, spirale circumambulatoire, reste, avant tout, un symbole bénéfique de bonheur et de paix alors… y a-t-il eu détournement ou appropriation d’un fétiche qui devait conduire sur la voie de la Connaissance ? Ou est-ce le symbole qui s’est approprié leur conscience
La seconde ambigüité portée par les symboles reste de se convaincre, si ce n’est pas déjà fait, que les signes qui nous entourent n’ont pas de véritable sens intrinsèque et qu’ils peuvent s’abreuver de la valeur sémantique que chacun viendra leur offrir, que seule la dimension que l’on peut leur donner leur confère une signification. En fait, c’est l’inverse qui se produit.
Ce sont, avant tout, ces éléments, porteurs d’une mémoire collective, souvent oubliée, qui parlent à ceux qui les partagent et donnent l’illusion de dispenser une même conception spirituelle emprunte d’une illusoire sagesse bénéfique, qui permettrait d’éveiller une idée, une forme progressive d’humanité. Le symbole permet de percer l’essence des choses, de retrouver des jalons sur la voie initiatique. Il n’a rien d’humain. Chacun peut y puiser selon sa conception du moment, selon son propre degré de réalisation spirituelle. Cette forme de raisonnement reste incomprise pour beaucoup car le symbole est un véhicule particulièrement jaloux et possessif de la pensée, la survivance d’une conscience qui s’est approprié l’Homme bien avant qu’il naisse à la cognition. Il en a, alors, fait une science sacrée.
La signification incluse derrière le symbole contient à la fois le passé et l’avenir en gestation. Le présent reste alors éphémère, disparait le temps de le dire. Il occupe tout l’espace de l’immédiat. Il est, selon nos concepts, le Mal absolu qui donne l’illusion de maitriser le monde et d’accepter l’inéluctable. Nous n’avons, dans le présent, aucun autre choix que de le voir fuir sans jamais tenir ses promesses.
l est ainsi plusieurs possibilités de définitions suivant le degré de l’homme et le divin. Cette affirmation n’est que le commencement. Elle connaissance de qui l’interprète. Le symbole peut être est le lien entre les sens et entraine la soumission à l’idée que rien ne puisse être atteint. Le symbole, le Symbolus, « signe de reconnaissance », du grec sumbolon, qui désigne un morceau d’objet partagé entre deux personnes pour servir entre elles de signe de reconnaissance. « Mes Frères et mes sœurs me reconnaissent pour tel Vénérable Maître » diton dans les rites continentaux…
Tous ces signes forment un vocabulaire, une fonction communicante adaptée à l’homme et à son environnement. L’Homme crée l’écriture pour véhiculer sa pensée. La Nature, la Création… voire, on ne sait trop quoi… créent les symboles pour communiquer avec l’Homme mais ces signes sont aussi inscrits en lui depuis l’origine, dans la mesure où la Nature préexistait au concept même de temporalité… comme le Chat de Schrödinger, le symbole n’existe que si on le constate… autrement, il reste en stase.
Il faut du temps pour l’intégrer car c’est un signe énigmatique, le symbole est ce qui se cache sous notre lit, ce qui nous observe dans l’ombre, une expression mystérieuse débarrassée de toute humanité. Le symbole est le véhicule d’un langage universel, il n’impose rien mais suggère, il montre du doigt le fatum. Le chemin de chacun, ses tortures, se regrets, ses hontes, ses remords. Toute son expression reste rigoureusement personnelle et siège sur notre ventre durant le sommeil … Il est difficile d’en parler, car il est la profondeur même du gouffre. Son sens reste incommunicable car sa signification se situe à la racine même de l’universel, il ne peut que suggérer et l’on ne peut que le traduire, c’est à dire « mettre sur le chemin, l’illusion, de l’éveil ». Ses sens sont multiples et apparaissent sous divers aspects, cependant finalement ils n’ont qu’une seule interprétation, profonde et éternelle : le visage de la Mort.
Il est inutile d’essayer de « sentir »», de « s’ouvrir » à la Connaissance, car cette énergie n’existe nulle part ailleurs qu’en chacun de nous, elle participe du Soi et le seul moyen de l’atteindre est le silence intérieur, cette certitude que ce silence que nous observons nous observe lui-même et nous maîtrise.
Il est important de comprendre que l’étude de l’ombre sémiotique qui nous manipule, pour être efficace, doit permettre de répondre à deux questions fondamentales : qui tenait la plume aux origines de l’écriture, aux origines de l’infiltration des signes au cœur de nos consciences et ensuite… ensuite seulement, mais aussi, avant toute chose à quoi ME servent les symboles. A quoi me servent-ils « à moi », moi qui aie pour ambition d’en maitriser le sens… ??? Et puis, il y a Dieu… soit, mais, comme le disait Cyrano : « c’est un peu court, jeune homme… ». Qu’est-ce qui nous empêche de parler à Dieu pour lui demander des réponses ? La démarche est très Ashkenase… allongezvous là et racontez moi tout… si je parle à Dieu, ma foi, tout est permis, mais s’il répond, le monde replonge dans la schizophrénie. Comme je ne suis pas schizophrène, je peux vous rassurer de suite : nous allons tous bien.
De plus, ce genre de réponse en cul de sac signifie la fin de la quête… en effet, pourquoi se fatiguer à découvrir les desseins de Dieu qui, par essence, sont impénétrables ?
Il y a là toute sorte d’excuses allant du déni de responsabilité au constat d’une impossible évolution. En effet, si ce qui est écrit l’a été par Dieu, il est inutile de chercher un sens, un message, car, par définition, Dieu ne peut être approché et l’affirmation péremptoire du dualisme donne à constater qu’il est impossible à l’Homme d’atteindre la sagesse qui préside à l’écriture et encore moins aux Ecritures ! Mais le Bien y réside-t-il ?
La réponse « Dieu » est, en fait, une injonction à la soumission, à accepter la « vérité » telle qu’elle est donnée. Cela est incompatible avec la recherche du Bien puisque cela impliquerait son intemporalité, son immanence, son impossibilité à se mouvoir, à évoluer, à se transformer… le Bien est immuable, ce qui se transforme et change de visage et de sens, c’est le Mal, ce qui nous détourne du droit chemin de l’immobilisme c’est le Mal…
La seconde interrogation est la suite de la première. En effet, si l’on se convainc qu’il est possible de remettre en cause, de comprendre et de s’expliquer les termes des rituels, des textes sacrés et des symboles, il est naturel de se demander à quoi ils peuvent être utile aujourd’hui. C’est une question à laquelle il est difficile de répondre et cette difficulté amène certains à revendiquer la nécessité de « moderniser » les symboles. L’argument est évident : si l’on ne peut pas accorder les symboles à nos besoins aujourd’hui c’est tout simplement parce qu’ils sont obsolètes diront certains… les mêmes ne se pencheront jamais sur la présence ponérologique, c’est-à-dire porteuse de la nature du mal à des fins politiques, d’une continuité mouvante. Il est bien évident que cela ne vient à l’idée de personne de se dire « je n’ai rien compris ». D’abord parce que je suis Maître Maçon et que je comprends tout et, ensuite, je me propose à moderniser le symbolisme donc, cela prouve que j’ai tout compris.
Dès lors que le tableau prend forme, avec l’éloignement, on distingue l’immense écart entre l’ego et le Soi. L’immense fossé entre la maîtrise de notre conscience et la Possession.
C’est en quelque sorte un tableau à exorciser qui amène, à la suite de Nicolas Grimaldi, à penser que « souhaiter vivre dans l’absolu, c’est comme vouloir habiter l’horizon. L’horizon, on y va, mais on n’y parvient jamais« . User des outils qui se trouvent à nos pieds permet de mieux avancer… n’est-il pas ? Sur des cases de quelle couleur ?
Alors, nous n’existons que dans une salle vide et l’étoffe de nos vies, pour paraphraser Shakespeare, n’est que la guenille dont sont faits nos rêves. J’ai bien peur qu’une telle démarche ne justifie pleinement l’idée qu’une cérémonie ne suffit pas à faire un initié.
Truthlurker
Étude sur le symbolisme de la franc-maçonnerie
Digression … Hildegard de Bingen, la guérisseuse – Les Grands Occultistes 4/12
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INRI et le symbolisme de la lettre N inversée
Posté par hiram3330 dans : Contribution , ajouter un commentaireINRI et le symbolisme de la lettre N inversée
I.N.R.I., dit titulus crucis, est l’acronyme de l’expression latine : Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm, généralement traduit par : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ».
Nous savons par les Evangiles que Pilate fit graver l’expression en trois langues :
Hébreux, Grec et Latin.
Mais ces quatre initiales I.N.R.I. sont sources de bien d’autres interprétations comme nous allons le voir ci-dessous.
I.N.R.I. représente les noms des quatre éléments en Hébreu :
- Iam, l’eau
- Nour, le feu
- Ruach, l’esprit ou air vital
- Labeshah, la terre.
C’est la clé occulte du mystère de la crucifixion, car ces éléments symbolisent tout d’abord le Sel, le Soufre, le Mercure et l’Azote employés par les anciens alchimistes pour fabriquer la Pierre Philosophale, le solvant universel, l’élixir de vie.
Les deux lettres (Iam et Iabeshah) représentent l’eau, élément lunaire: a) à l’état liquide, avec du sel en solution; sous forme d’extrait coagulé de cette eau, le « sel de la terre ».
En d’autres termes, il s’agit des véhicules fluidiques subtils de l’homme et de son corps dense.
En hébreu, N, Nour, signifie le feu et les éléments combustibles dont les principaux sont le soufre et le phosphore, si nécessaires à l’oxydation et sans lesquels le sang chaud ne saurait exister.
Sans eux, l’Ego (=âme) ne pourrait donc pas se servir du corps et la pensée ne pourrait pas trouver une expression matérielle.
Quant à R, Ruach, c’est l’équivalent en hébreu de l’esprit ou azote des alchimistes fonctionnant dans l’intellect mercurien.
Ainsi les quatre lettres I.N.R.I, apposées sur la croix du Christ selon les Evangiles, représentent l’homme composite, le Penseur, au point de son développement spirituel où il se prépare à se libérer de la croix de son véhicule dense.
Poursuivant notre interprétation dans le même sens, nous pouvons noter que I.N.R.I est le symbole du candidat crucifié, pour les raisons suivantes:
Iam est le mot hébreu signifiant eau, l’élément fluidique lunaire, qui forme la principale partie du corps humain, et ce mot est aussi le symbole des véhicules fluidiques plus subtils des désirs et des émotions.
Nour, le mot hébreu signifiant feu, est la représentation symbolique su sang rouge producteur de chaleur, chargé de fer martien, de feu et d’énergie, que l’occultiste voit circuler comme un gaz à travers les artères et les veines du corps humain, lui infusant énergie et ambition, et sans lequel il ne saurait y avoir de développement spirituel, ni progrès matériel.
Il représente aussi, comme nous l’avons déjà dit, le soufre et le phosphore nécessaires à la manifestation matérielle de la pensée.
Rouach, le mot hébreu qui veut dire Esprit ou air vital, est le symbole de l’Ego revêtu de l’intellect mercurien qui fait de l’homme un Homme et lui permet de contrôler et de diriger ses véhicules et ses activités physiques d’une manière rationnelle.
Iabeshah est le mot hébreu qui veut dire terre; il représente la partie de chair solide dont se compose le corps terrestre cruciforme, cristallisé à l’intérieur des véhicules plus subtils à la naissance, et séparé d’eux dans le cours ordinaire des choses à l’heure de la mort, ou dans l’événement extraordinaire qui consiste à apprendre à mourir d’une mort mystique pour atteindre momentanément à la gloire des sphères supérieures.
Ce degré de développement spirituel du Chrétien Mystique implique donc un renversement de la force créatrice qui descend habituellement le long de la moëlle épinière tripartite dont les trois segments sont gouvernés par la Lune, Mars et Mercure.
C’est le rayon de Neptune qui allume alors le feu régénérateur spirituel de l’épine dorsale qui se dirige vers le haut et fait vibrer le corps pituitaire et la glande pinéale.
Cette vibration ouvre la vue spirituelle et frappe le sinus frontal; elle fait palpiter de douleur les points symbolisés par la couronne d’épines.
C’est le lien avec le corps physique qui est brûlé par le feu sacré de l’esprit éveillant ce centre de son long sommeil aux pulsations d’une vie qui finit par gagner les autres centres de l’étoile stigmatique à cinq branches .
Ils sont ainsi vitalisés et le véhicule entier devient brillant dans une auréole d’or.
Les livres hermétiques nous éclairent sur une autre signification :
I (Iod) symbolisait le principe créateur actif et la manifestation du principe divin que féconde la substance.
N (Naïn) symbolisait la substance passive, moule de toutes les formes.
R (Rasit) symbolisait l’union des deux principes et la perpétuelle transformation des choses créées.
I (Iod) symbolisait à nouveau le principe créateur divin, pour signifier que la forme créatrice qui en est émanée y remonte sans cesse pour en rejaillir toujours.
« La rose-croix, formant ainsi un bijou précieux, était l’attribut des anciens mages, qui le portaient suspendu au cou par une chaîne d’or. Mais, pour ne pas laisser livré aux profanes le mot sacré I.N.R.I., ils remplaçaient ces quatre lettres par les quatre figures qui s’unissent dans le sphinx : la tête humaine, le taureau, le lion et l’aigle. »
Voici quatre sens de ces quatre lettres :
- Sens matériel. – Jesus Nazaraeus Rex Judaeorum
(Jésus le Nazaréen Roi des Juifs) - Sens majeur. – Igne Natura Renovatur Integra
(La Nature purifiée est renouvelée – régénérée – par le feu). - Sens supérieur. – Inefflabile Nomen Rerum Initium
(Le Nom ineffable est le commencement des choses).
Lire aussi, au sens psychique : Intra Nobis Regnum Jehovah (Au dedans de nous est le règne de Jéhovah). (Jean Tabris)
À titre anecdotique, quelques autres explications qui ont été relevées de ces quatre lettres :
- Igne Nitrium Roris Invenitur
(Par le feu se découvre le Nitre de la Rosée) (hermétique). - Jamaïm, Nor, Rouach, Jabashah
(Eau, Feu, Air, Terre) (hébraïque). - Justum Necare Reges Impios
(Il est conforme à la justice de mettre à mort les rois impies)(jésuitique). - Ignatii Nationum Regumque Inimici
(Les disciples d’Ignace (sont) les ennemis des nations et des rois) (antijésuitique). - Indefesso Nisu Repellamus Ignorantiam
(Que par l’effort infatigable nous repoussions l’ignorance). - Infinitas Natura Ratioque Immortalitas
(La Nature (révèle) l’immensité et la raison l’immortalité). - Insignia Natures Ratio Illustrat
(La raison dévoile les merveilles de la Nature) - Justicia Nunc Reget Imperia
(Maintenant la justice régira les empires).
Enfin une autre des plus significatives :
D’où venez-vous ? De la Judée.
Par quelle ville avez-vous passé ? Par Nazareth.
Qui vous a conduits ? Raphaël.
De quelle tribu êtes-vous ? De Juda.
A travers mes recherches, j’ai été frappé par le grand nombre de N inversés, soit en solitaires sur des murs d’églises, des tombes, soit au sein de noms propres, de signature d’œuvres …
Le premier réflexe est de supposer une faute d’orthographe, ou plus exactement une erreur d’inattention, ou encore une erreur typographique de gaucher. Mais la présence, comme nous le verrons, de N inversés dans des signatures d’œuvres d’art ne peut se satisfaire de cette simple explication. La majorité de ces N inversés sont trouvés sur des lieux religieux ou à caractères religieux. Cet état de fait se verra toutefois troublé par la découverte de N inversés dans l’édition d’un jeu de tarot de Marseille. Auquel cas, nous pouvons affirmer que le N inversé n’est pas limité à un statut religieux mais plus généralement spirituel.
Ci-dessous quelques exemples :
Sur plusieurs tableau de Signol, dans l’église Saint-Sulpice de Paris.
Sur le tableau les Bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin. (ET IN, le N est inversé)
Sur la signature de livres de Jules Verne.
Le INRI de la pierre tombale de l’abbé Saunière à Rennes-le-Château a son N inversé. On en trouve beaucoup dans cette région de l’Aude.
L’inverse de N peut se lire en langue des oiseaux, l’inverse de Haine. Or l’inverse de haine est l’Amour. Or il n’y aurait rien de plus normal que de retrouver l’Amour dans le symbole du Christ et donc dans les églises et les cimetières. Cette explication si lumineuse nous semblait suffisante au premier abord. Jusqu’à ce que nous nous soyons penché sur les 2 cartes de tarot, qui ont beaucoup plus à dire.
Après vérification, aucune autre carte de ce jeu de tarot n’a de N inversé. Les autres N sont tous à l’endroit. En conclusion, l’inversion du N associée à ces deux cartes l’est pour des raisons précises.
Le renversement de N, l’Amour donc, associé à la carte de la Roux de la Fortune, ou Centre du Monde, nous amène à réfléchir à un symbole très connu:
En effet le symbole commun à l’Amour et au Centre du Monde est le Cœur.
En rapport à notre démonstration, la carte VI du tarot, dont les chiffres romains forment un N inversé.Ce n’est pas un hasard puisqu’il s’agit justement de la carte de l’Amoureux et que l’Eros-archer vise le coeur du personnage central. A noter qu’il n’existe pas de carte IV (que l’on peut autrement appeler carte « Haine ») dans le tarot, la quatrième arcane majeure étant en effet notée IIII.A remarquer aussi que, dans notre jeu ancien, « Amoureux » est écrit « Amourex », Rex signifiant le Roi en latin: il semblerait donc bien qu’il s’agisse là de l’élu par l’Amour… |
Nous allons maintenant essayer de décrire ce que dit l’ésotérisme chrétien sur l’Amour, ainsi que son pendant dans l’imagerie alchimique.
Ainsi, l’être humain, nous dit la Bible, est composé d’un corps, d’une âme, et d’esprit. L’alchimie dit la même chose pour toute la matière de l’univers.
Le corps est la manifestation matérielle de notre esprit.
L’âme est le centre de nos émotions: l’amour, la haine, l’envie, la joie, la tristesse, etc…
Ces émotions, nous les visualisons et ressentons communément dans notre cœur. Ce qui a amené d’ailleurs l’antiquité a déclarer que l’âme, se trouvait logé dans le cœur.
Enfin l’esprit est le moteur de notre âme. C’est l’étincelle de Dieu en nous. Et elle se trouve localisée au sein de l’âme, derrière la couche bien humaine des sentiments. Ressentir son esprit serait ainsi découvrir la Grâce, l’Amour de Dieu.
« Connais-toi toi-même »
Atteindre son esprit, qui se trouve cachée derrière les sentiments de l’âme, c’est atteindre le Centre du Monde, canal direct avec Dieu.
Or cet esprit se trouve en nous derrière les sentiments corporels de notre cœur.
L’Esprit se trouve donc réellement au Centre de notre Cœur.
D’où la différence entre l’amour (âme) et l’Amour (esprit). L’un est sentiment humain, l’autre est état surhumain.
L’Amour est le moteur du monde et chacun d’entre nous en a une étincelle (Sel d’Etain?) dans son cœur. L’atteindre, la Bible et les philosophes alchimistes le disent, est un jeu d’enfant. Mais c’est aussi de façon contradictoire le jeu le plus difficile, car il faut apprendre à dissocier ses sentiments humains de l’Amour véritable.
D’où aussi la nécessité des chevaliers de nos légendes d’avoir un cœur pur pour aboutir à leurs quêtes spirituelles, car toute pollution du cœur par l’âme (l’envie, l’amour pour une femme, la haine) ferme le canal vers l’esprit au centre du cœur. Ainsi des échecs de Perceval, coupable de la mort de sa mère, de Lancelot, coupable d’un amour interdit envers Guenièvre, etc… Seul Galaad, nouvel archétype du Christ, sans la moindre attache sur terre, parvient au but ultime.
Pour revenir à l’état de Grâce, le canal avec l’esprit ainsi créé lors de l’atteinte du Centre du Cœur permet les intuitions illuminatrices, les révélations, les coïncidences inexplicables. L’atteinte du Centre du Monde permettrait de reproduire cet état « surhumain » à volonté.
Le travail de l’initié, revient à créer les conditions qui permettent d’atteindre cet état, voire même ultimement de s’y fondre et disparaitre (c’est ce que dit la légende, voir en particulier la disparition mystérieuse de Fulcanelli).
Aussi nous devinons la signification du N inversé sur les tombes : Le mort déclare ainsi avoir atteint la Grâce et dépassé l’état de mortel … Et Jésus en qu’émanation de Dieu sur Terre justifie bien l’emploi du N inversé dans le terme I.N.R.I.
Celui qui appose un N renversé sur sa tombe ou sur ses œuvre, déclare sa condition d’élu.
Thierry Ronat
SOURCE : https://rflexionssurtroispoints.blogspot.fr/
La Voûte Etoilée
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , ajouter un commentaireLa Voûte Étoilée
(…)
Ainsi, l’une de nos premières tâches au sein de notre Temple, fut de construire la Voûte et, avec le recul, le début de beaucoup d’interrogations fussent-elles conscientes ou inconscientes.
Plusieurs possibilités s’offraient à nous, nous avions la possibilité de tout faire en peinture ou de faire quelque chose de plus travaillé par le biais de lumières et de peinture.
Le premier dilemme se posait à nous et nous devions trancher entre une voie facile et une autre qui l’était moins.
La première solution apparaissait comme celle étant la plus simple en mise en œuvre, mais bien moins travaillée. Le but n’était évidemment pas de faire du tape-à-l’œil, mais bien une voûte sous laquelle nous serions tous fiers de travailler.
Le choix fut vite fait, nous mêlerions donc peinture et leds.
Nous avons donc parcouru Internet à la recherche d’un tutoriel et, une fois trouvé, nous nous sommes engouffrés dedans.
La partie électrique n’allait pas être aisée, mais nous étions confiants dans les écrits, nous avions un support, la personne qui avait rédigé le mode d’emploi avait déjà fait la chose, alors pourquoi pas nous ?
La remise en cause du résultat et de la démarche ne nous a alors pas effleuré l’esprit, nous n’avions qu’à reproduire ce qui avait déjà été fait…
Le support de la voûte ne fut pas trop sujet à questionnement : il serait en bois.
En effet, le bois est un matériau qui se prête assez bien au travail manuel ; il se coupe bien, se perce et peut se peindre.
La question aurait plutôt dû être de savoir si le substrat était prêt à recevoir…
Il en est de même avec nous et les Hommes au sens large. Pour recevoir la Lumière, il faut être prêt, si nous ne le sommes pas, elle ne percera pas le voile qui nous aveugle.
Ainsi, le bois choisi était une planche de mélaminé et, une chose est sûre, le mélaminé n’offre pas ou peu d’accroche sans une certaine préparation.
C’est un peu comme si, du fond de la caverne de Platon, nous prenions un prisonnier pour le sortir à la lumière sans qu’il s’y soit préparé ou qu’il se soit questionné ; elle lui ferait un tel mal, qu’il la refuserait.
Ainsi, la peinture ne tenait pas sur notre planche, elle glissait, au fur et à mesure que nous passions le rouleau ; la peinture se décollait, il a fallu insister, être patient et ne pas chercher la perfection sous peine d’avoir un résultat bien pire que celui que nous avons actuellement.
Le support était donc là, il fallait maintenant arriver à reproduire les étoiles et notamment les constellations sur celui-ci.
Là encore, nous avons cherché dans la documentation et trouvé un dessin qui nous semblait correspondre à notre besoin.
Le dessin reprenait les 12 constellations, voire même quelques-unes en plus, mais cela ne nous perturba pas plus que cela (ou du moins le pensait-on !).
Avec le recul, c’est un peu comme lire un ouvrage alchimique sans en connaître les clés de lecture. On trouve l’ouvrage intéressant, mais la finalité et la raison d’être nous échappent.
La reproduction nous inquiéta un peu, il fallait retranscrire le plus fidèlement possible et dans les proportions. Cette tâche nous semblait hasardeuse, mais la lumière nous vint en aide et ce n’est pas qu’une vue de l’esprit.
A l’aide d’un calque et d’un projecteur, nous avions la possibilité de projeter la voûte sur notre support.
En fait, là, tout est dit : la lumière sert à projeter les corps célestes sur notre support !
Ainsi, ce qui est en haut, dans la lumière, est comme ce qui est en bas, sur notre support.
L’image et le symbole sont bien là, éclairés par la lumière, notre tâche est plus facile à accomplir.
Une fois tracée, il fallait percer pour faire rayonner la lumière au travers la planche.
Le perçage fut une formalité.
Pour le rayonnement, il en était tout autre. Nous avions les 200 leds, autant de résistances pour faire varier l’intensité et le câble électrique.
Nous nous sommes réunis et nous avons pris peur face à l’ampleur de la tâche. Il nous fallait jouer avec le feu (pour les soudures), mais nos connaissances et savoirs étaient bien limités en la matière (électrique et électronique).
Face au doute, nous avons préféré reculer et réfléchir à autre chose tout en conservant l’idée de départ. Il a fallu penser par nous-même, nous écarter du tutoriel de départ, de la littérature existante que nous prenions pour argent comptant, prendre un angle de vision différent et penser à une autre voie…
Et là, ce fut un peu comme une évidence, la guirlande de leds, celle-là même que nous allions mettre sur nos sapins servirait à faire rayonner notre voûte en nous affranchissant de certaines difficultés qui nous semblaient quasi insurmontables.
Tout devint plus simple et le fardeau du départ, cette tâche qui nous avait fait douter, apparaissait subitement comme un jeu d’enfant.
Voilà, nous y étions, la voûte était quasiment terminée.
Il ne vous aura pas échappé que certaines étoiles sont phosphorescentes et en cela, elles se révèlent uniquement lorsque nous sommes dans le juste temps et que la lumière est idéale…
Ainsi se termine la première partie de ma Planche qui se veut être le fruit de ma réflexion sur le travail effectué.
La seconde partie sera plus orientée sur le symbolisme de la voûte étoilée.
De tout temps, le ciel et plus particulièrement les astres ont guidé les Hommes, que ce soit par le biais des mythes dans lesquelles le ciel est le domaine des Dieux, mais également pour s’orienter.
Quand nous parlons d’orientations, c’est au sens large que nous les évoquons.
Il y a l’orientation temporelle où la succession des événements a permis de quantifier des cycles et de permettre la vie. L’alternance nuit / jour est vitale dans le cycle de vie des Hommes et de toutes vies.
Notre calendrier n’est rien d’autre que la transposition des rythmes célestes.
L’étude des cycles a permis de planifier les différents temps, celui de planter, celui de couper, celui de récolter.
Il y a l’orientation géographique ou de nombreux navigateurs sont arrivés à bon port en se basant sur la position des étoiles.
Tous les astres sont en mouvement, mais forment un tout cohérent qui a permis de modéliser des concepts et des sciences.
Très tôt les astronomes se sont aperçus qu’en reliant les étoiles entres elles, elles matérialisaient des formes diverses, qui furent appelées constellations. Les plus connues sont celles des 12 maisons du zodiaque que nous parcourons parfois dans nos lectures quotidiennes.
L’année a donc été répartie sur ces 12 signes et c’est ainsi qu’a débuté le découpage en 12 mois.
Un élément fut attribué à chaque signe afin de l’orienter, ainsi nous avons :
- Le Feu pour les Bélier, Lion et Sagittaire ;
- La Terre pour les Taureaux, Vierge et Capricorne ;
- L’Air pour les Gémeaux, Balance et Verseau ;
- L’Eau pour les Scorpion, Cancer et Poissons.
Parallèlement à cela, nous avons vu dans l’antiquité, la naissance du calendrier lunaire qui permit de planter, traiter, récolter durant les périodes les plus propices.
Le Feu est donc rattaché au fruit, à la semence ; le feu et la chaleur sont le symbole de la régénérescence, le principe actif masculin.
La terre est rattachée aux racines, à l’écorce ; c’est le symbole de la féminité, de la fécondité.
L’air est rattaché aux fleurs ; c’est le symbole de l’élévation, de l’envol, le souffle de la vie.
L’eau est rattachée aux tiges, aux feuilles ; c’est le symbole de l’origine, de la source de la vie.
En se basant sur ce calendrier, nous sommes en capacité d’agir au mieux dans les champs.
Sur le plan plus humain, les constellations ont orientées les Hommes dans leurs actes. Ne dit-on pas qu’untel est né sous une bonne étoile, qu’un autre est dans la Lune, que notre journée sera plus ou moins bonne en fonction de notre horoscope ?
Tout ceci pour dire que les astres ont une place prépondérante dans notre quotidien.
Vous aurez certainement remarqué que la voûte sous laquelle je me trouve comporte plus que les 12 constellations que nous connaissons tous.
Cela est dû à une divergence d’opinions sur les zodiaques.
Un premier, dit sidéral, est composé des 13 constellations qui jalonnent l’écliptique (qui est la trajectoire du Soleil autour de la Terre).
Alors que le second, dit tropical, reprend l’écliptique, mais le divise en 12 secteurs égaux de 30 degrés chacun et ayant pour origine le point vernal qui se trouve à l’intersection de l’écliptique et de l’équateur céleste. C’est ce zodiaque dit tropical qui est le plus répandu.
Du fait que la Lune, le Soleil et la Terre n’ont pas la même orbite, et qu’entre autres la Lune n’étant pas sur l’écliptique, il en résulte une légère perturbation dans la précession.
À cause de la précession des équinoxes, la durée du cycle des saisons (année tropique) est d’environ 20 minutes plus courtes que le temps que met la Terre pour occuper la même position par rapport aux étoiles dans une année sidérale.
Ce mouvement relatif de toupie, en forme d’entonnoir, produit un décalage qui croît régulièrement, à raison d’une minute d’arc de cercle par an ou d’un degré tous les 72 ans, ou encore d’un tour complet en 25 800 ans, ou d’un signe zodiacal tous les 2 150 ans.
La précession des équinoxes induit donc un agrandissement du zodiaque tropical et laisse ainsi une place à la constellation du Serpentaire qui s’insère entre celle du Scorpion et celle du Sagittaire.
Ainsi nos actes seraient orientés et fonctions de notre signe zodiacal !
Cela aurait pour conséquence de nous lier indéfectiblement avec les astres, nous dépendrions tous d’un ordre divin et, de ce fait, nous aurions tous une place juste à occuper pour compléter le tableau stellaire.
Pour ce faire, il nous faudrait rassembler ce qui est épars, procéder au remembrement pour reconstruire l’Homme Zodiacal, qui sera en symbiose avec les astres.
A titre individuel, il nous faut nous dépasser, sortir de notre carcan zodiacal pour nous élever, pour aspirer à tendre vers les cieux pour nous rapprocher des étoiles et de la Lumière.
Suite à une remarque de notre V:. M:., je me suis interrogé sur notre place d’Apprenti en Loge, sous la Voûte. Cela ne fut pas aisé et je ne suis pas certain d’avoir tout saisis, mais dans ce que j’en ai retenu, l’apprenti siège au septentrion, sous les Septen Triones que sont les sept Bœufs qui composent la constellation de la Charrue ou plus connue sous le nom de la Grande Ourse.
Cette charrue, symbole du labeur et du travail de la terre, est accompagnée de la constellation du Bouvier et de celle des deux chiens.
Dans la mythologie grecque, le bouvier est le conducteur de la charrue qui, accompagné de ces deux chiens, guide les sept bœufs.
J’aime à croire qu’ainsi, les astres nous aident (les apprentis) dans notre quête, que nous avons un Gardien qui, tout comme notre F\ Sec\ Sur\ nous guide dans notre travail.
Son perpétuel mouvement, mais aussi son immuabilité nous ramène à notre rituel que nous répétons inlassablement et qui nous permet de nous mettre au travail.
Alors, nous sommes dans le temps Juste et dans l’Éternité.
L’échelle du temps est respectée, car nous travaillons en adéquation avec les astres, nous ouvrons nos travaux à midi, là où la lumière est la plus forte, jusqu’à minuit où Nout, déesse égyptienne du ciel et mère de tous les astres, avale le Soleil pour le faire renaître le lendemain. Nous inscrivons nos Travaux au mieux dans le parcours de la Lumière.
En langage des oiseaux, la voûte étoilée serait la voûte des étoiles, mais également un toit voûté.
Ainsi, depuis l’entrée du Temple, la voûte représente bien notre toit qui repose sur des murs représentés par nos colonnes.
Mais n’oublions pas que nous ne sommes qu’une partie du Tout et qu’à ce titre notre voûte étoilée n’est pas forcément l’unique.
Gardons à l’esprit que, tout comme nous avons su créer une voûte avec un projecteur et un calque, peut-être ne sommes-nous qu’une manifestation du même ordre dans un Plan qui nous échappe.
C’est notre porte des étoiles, celle qui nous permet de plonger le Temple dans l’immuabilité, mais également dans le mouvement perpétuel. Elle nous sépare des Puissances célestes, mais nous n’avons qu’à l’ouvrir pour recevoir les Puissances créatrices de l’Univers.
De cette voûte commune à tous, nous sommes reliés par le fil à plomb, cet axis mundi qui descend à la verticale, symbole de l’introspection, de la perpendicularité, de l’expression tangible de l’axe immuable autour duquel la création se cristallise. Il descend de la voûte pour venir se centrer sur le tableau de la Loge.
Comme pour Thésée, ce fil pourrait être celui qui nous montre le chemin à suivre pour sortir de nos individualités, de nos contraintes matérielles pour accéder à l’Unité.
Cette verticalité représente bien la finalité de notre Travail, il nous faut réfléchir, travailler notre matière afin de nous donner les moyens de faire remonter notre conscience le long de cette verticalité pour que nous puissions la sublimer au contact des Puissances célestes.
Le plomb qui s’y trouve à son extrémité nous rappelle que nous avons abandonné nos métaux, que notre tâche est de transformer ce plomb en or. Il nous rappelle que nous devons passer par le vitriol pour accéder à notre pierre cubique.
Cette voûte, souvent représentée en cercle (symbole de la spiritualité, de l’infini, de la puissance céleste) en opposition à notre pavé mosaïque (symbole entre autres du tellurique, de la matière, du physique ou encore du labyrinthe que nous sommes amenés à parcourir), n’est pas sans nous rappeler la complexité de la Quadrature du cercle, problème insoluble, mais qui tend à nous rapprocher vers l’harmonie, vers la perfection.
En comprenant cela et en nous inscrivant dans cette projection, alors tout ce qui est en Haut sera comme tout ce qui est en Bas et nous serons dans le Grand Œuvre.
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O:. C:.
R.°. L.°. « Roses et Croix d’Écosse »
O.°. de Saint Etienne