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LE SYMBOLISME DU SABLIER 25 février, 2021

Posté par hiram3330 dans : Contribution , trackback
LE SYMBOLISME DU SABLIER
 
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LE SYMBOLISME DU SABLIER

Le sablier est le plus communément symbole du temps et de la mort : Le sable qui s’écoule et mesure la durée suggère en effet le temps sous son aspect irréversible et fatal, ce glissement inexorable que rien ne peut retenir et dont personne ne peut annuler les échéances. En outre, la stérilité du sable évoque le néant des choses en tant que simples accidents terrestres, et l’arrêt du mouvement nous rappelle l’arrêt du cœur et de la vie.
Le symbolisme du sablier se dégage en premier lieu de la forme même de l’objet : Les deux compartiments dont il est fait représentent respectivement le haut et le bas, le ciel et la terre et le mouvement du sable indique un pôle d’attraction celui du bas, le seul que le plan physique puisse nous offrir ; mais il y a en réalité deux pôles, l’un terrestre et l’autre céleste, si bien que l’attraction céleste devrait être représentée par le mouvement ascendant du sable vers le compartiment supérieur ; comme ce mouvement est physiquement impossible, ce qui le symbolise en fait est le renversement du sablier, geste essentiel qui manifeste en un sens la raison d’être de l’appareil. Un mouvement vers le haut spirituellement parlant, est du reste toujours un renversement d’une part parce que l’âme se détourne du monde qui à la fois l’emprisonne et la disperse et d’autre part parce qu’elle inverse le mouvement de sa volonté ou de son amour.
L’expression « pôle d’attraction » évoque l’image de deux foyers magnétiques, l’un situé en haut et l’autre en bas, ce qui pourrait donner lieu à l’objection que la terre et le ciel ne sont pas des « points » mais des « espaces »; la réponse est que le haut et le bas et par extension l’intérieur et l’extérieur comportent chacun deux aspects, réductif l’un et expansif l’autre : Le monde attire comme un centre magnétique, mais en même temps il est divers et il disperse ; le « Royaume des Cieux » attire lui aussi comme un aimant, mais en même temps, il est illimité et il dilate. Ce qui s’oppose à l’espace « monde » est le point, «esprit » la « porte étroite »; et ce qui s’oppose à l’espace «esprit» au « Royaume des Cieux » qui « est au-dedans de vous » est le point « monde », le péché, la contraction passionnelle et luciférienne : ( le péché n’est rien d’autre, de la part de la créature, que le fait de se détourner du Bien inchangeable et de se tourner vers le bien changeable). Il y a un rapport d’analogie entre le «haut» et l’«intérieur », d’une part et le « bas » et « l’extérieur » d’autre part : ce qui est intérieur se manifeste par la hauteur et inversement, suivant les plans ou les circonstances, et de même mutatis mutandis, pour l’«extériorité » et la « bassesse » ces mots pris dans leur sens cosmique. La hauteur suggère l’abîme entre l’homme et Dieu, car le serviteur est en bas, et le Seigneur en haut, l’intériorité, elle, se réfère plutôt a L’Ipséité ou au Soi : L’extérieur est l’écorce ou la forme, et l’intérieur est le Noyau ou l’Essence.
Tendre vers le haut, c’est donc en même temps vivre vers l’intérieur ; or l’intérieur se déploie à partir d’une certaine abolition de l’extérieur, ou à partir d’une « concentration » mentale ou morale.
La « porte étroite » est tout d’abord un anéantissement sacrificiel, mais elle signifie également d’une manière profonde, un anéantissement béatifique. On se souviendra ici de l’analogie entre la mort et l’amour, mors et amor : la mort est comme l’amour un abandon de soi, et l’amour est généreux comme la mort. Chacun est le modèle ou le miroir de l’autre. L’homme doit « mourir au monde » mais il arrive aussi que le monde «meure à l’homme» lorsque celui-ci a trouvé le mystère béatifique de la « porte » est alors la semence du Ciel, elle est l’ouverture vers la Plénitude. La «porte étroite» révèle sa qualité béatifique quand elle apparaît non comme un passage obscur, mais comme le Centre ou le Présent, c’est-à-dire comme le point de contact du monde ou de la vie avec la « Dimension divine » : Le Centre est le point bienheureux qui se situe sous l’Axe divin, et le Présent est l’instant béni qui nous ramène à la divine Origine.
Comme le montre le goulot du sablier, cette contraction apparente dans l’espace et le temps, laquelle semble vouloir nous anéantir, débouche en réalité sur « un nouvel espace » et un « nouveau temps, et transmue ainsi l’espace qui nous entoure et nous limite et le temps qui nous entraîne et nous ronge » : L’espace se situe alors comme en nous-mêmes, le temps devient un fleuve circulaire ou spiroïdal autour d’un centre immobile. Dans le sablier, un compartiment se vide, l’autre se remplit : C’est l’image même du choix spirituel, lequel s’impose parce que « nul ne peut servir deux maîtres». Un autre aspect- cosmologique celui-ci – du symbolisme du sablier est le suivant : l’écoulement des grains de sable est comme le déroulement de toutes les possibilités incluses dans un cycle de manifestation : une fois les possibilités épuisées, le mouvement s’arrête et le cycle est clos. On pensera ici, non seulement aux cycles cosmiques, mais aussi et même avant tout, au Cycle divin, lequel s’achève, après des myriades de cycles subordonnés, dans l’Apocatastase ; dans cette acception la pluie des grains de sable marque à la fois l’épuisement des possibilités et inversement, leur intégration finale et totale dans la Dimension divine ou nirvânique.
La doctrine-clef du sablier est en somme la suivante : Dieu est Un ; or le nombre un est quantitativement le moindre de tous, il apparaît comme l’exclusion de la quantité, donc comme l’extrême pauvreté ; mais au-delà du nombre, dans l’ordre des principes que le nombre reflète en sens inverse, l’Unité coïncide avec l’Absolu et par conséquent avec l’Infini et c’est précisément l’indéfinité numérique qui reflète à sa manière la divine Infinitude. Toutes les qualités positives que nous constatons dans le monde son limitées, elles sont comme les pointes extrêmes et sous un certain rapport inversées, d’essences qui se déploient au-delà de ce que nous livrent nos sens et même toute notre conscience terrestre.
La « porte étroite » est à la fois inversion et analogie, obscurité et lumière, mort et naissance.
Extrait de « Logique et Transcendance » (Schuon)
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