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Les pyramides 20 juin, 2021

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , trackback

Les pyramides

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Très récemment, quelqu’un m’a posé des questions sur les pyramides, à savoir le mode de construction, le savoir pour y parvenir, et pourquoi la structure pyramidale se retrouve ailleurs dans le monde.

La plupart de ces sujets sont encore âprement discuté, tout le monde a sa théorie sur le sujet, très souvent au mépris des récentes découvertes et tout un chacun veut avoir raison, certains vont même jusqu’à falsifier/arranger des résultats pour justifier/prouver leurs conclusions.

Mais avant toute chose, il serait intéressant de se pencher sur l’origine de ce mot « pyramide ».

1. Un peu d’étymologie

Le mot « pyramide » vient du grec ancien « puramîs-dos », latinisé en « pyramis-idis ». Le mot grec « puramîs » veut dire « gâteau » et il est un dérivé du mot grec « puros » qui veut dire « froment », désignant ainsi un gâteau à la farine de froment. Ce type de gâteau (à base de miel également) était offert par les grecs lors de leur cérémonie mortuaire. Cette recherche étymologique a été faite par Wladimir Brunet de Presle (10/11/1809 – 12/09/1875), helléniste byzantiste et historien, en 1850.

C’est Platon (427 avant J-C à 347 avant J-C) qui donna le mot de « puramîs » au polyèdre formé en reliant une base polygonale de plusieurs côtés à un point, ce qui est quand même plus court. Puis Euclide (vers 300 avant J-C) reprit le mot pour désigner le même solide.

A ce stade étymologique, il est inutile de faire un (fallacieux) rapport entre les « pyramides » en tant que tombeau et le fait que le mot d’origine grecque désignait un gâteau offert lors des cérémonies mortuaires. Platon s’est juste contenté de donner un nom à un solide et non à un monument par analogie de forme.

Hérodote (480 avant J-C – 425 avant J-C) mentionne la « pyramide de Khéops » comme « le plus haut monument du plateau de Gizeh attribué à Khéops », il n’utilise pas le mot pyramide…

C’est grâce à Hérodote, dans sa description des ouvrages extraordinaires, que la « pyramide de Khéops » est rangée parmi les « sept merveilles du monde », même si à son époque il n’y avait aucune liste établie. Cette fameuse liste a été établie entre le 2ème siècle avant J-C et 14ème siècle, d’ailleurs Jean-Pierre Adam (né le 24/11/1937), architecte et archéologue, a dénombré un peu plus de 19 variantes de cette liste.

Gaston Maspero (23/06/1846 – 30/06/1916), égyptologue, a avancé la théorie que les grecs se seraient inspirés du mot égyptien « pr-m-ous » (peremous) qui désigne la hauteur de l’édifice en partant du centre de la base quadrangulaire jusqu’à son point le plus haut (apex).

Les égyptiens, à l’époque, les nommaient toute par un nom qui leur étaient propre précédé du symbole hiéroglyphique égyptien qui se prononce « mer », qui représente une pyramide avec une base rectangulaire. La pyramide de Khéops (en grec) ou de Khoufou (en égyptien) avait pour nom « aht-xwfw » (l’horizon de Khoufou).

2. Pas une mais plusieurs pyramides

Généralement quand on parle des pyramides, nous avons tous en image le complexe de Gizeh avec ses trois pyramides monumentales et nous avons tendance à croire qu’elles sont les seules et uniques pyramides d’Egypte, alors qu’elles ne sont juste que les plus connues.

Rien que sur le plateau de Gizeh, on ne dénombre pas moins de onze pyramides, même s’il est vrai que les huit suivantes sont plus petites que les trois grosses, elles n’en restent pas moins des pyramides.

Actuellement, nous dénombrons au moins cent-vingt-trois pyramides en Egypte, la dernière ayant été découvertes par une équipe d’archéologues belges en 2013. Ce décompte n’est bien entendu que provisoire parce que nous savons (d’après des anciens écrits égyptiens) que des souverains (et souveraines) se sont fait construire leurs propres pyramides mais elles n’ont juste pas encore été découvertes à ce jour.

Dans ce décompte, il y a les pyramides qui se sont effondrées, celles qui ont été saccagées et celles qui n’ont pas été finies.

Pour l’instant (donc de nos jours), la plus ancienne pyramide connue est celle de Djoser (pharaon de la 3ème dynastie qui a régné au 27ème siècle avant JC), la fameuse pyramide à degrés et la plus récente pyramide connue est celle d’Ahmosis (pharaon de la 18ème dynastie qui a régné au 16ème siècle avant J-C).

Donc, après un rapide calcul, on peut voir que les égyptiens ont construit des pyramides pendant près de onze siècles.

3. Avant les pyramides

Si la plus ancienne pyramide connue est celle du pharaon Djoser, la question à se poser est de se demander comment les pharaons d’avant se faisaient enterrer.

Avant les pyramides (et même pendant et après), les pharaons se faisaient ensevelir dans des mastabas qui étaient des constructions rectangulaires d’un ou deux étages. Ces constructions ont pris le nom mastaba au 19ème siècle, c’est un terme arabe qui signifie « banc ».

La (première) pyramide est d’ailleurs à degrés et l’on pense (mais « on » n’en n’est pas sûr) qu’elle a été construite comme un empilement de différents mastabas.

Il faut voir dans le mastaba une évolution des tertres funéraires (tumulus) qui étaient élevés au-dessus des fosses mortuaires.

Ce tertre est une symbolisation de la butte primordiale (benben en égyptien) qui émergea de l’océan primordial (Noun en égyptien) et sur lequel apparut le soleil pour la première fois.

Ce tertre était entouré d’une infrastructure. Le tertre servant de lieu de sépulture et le reste de l’infrastructure au culte rendu au défunt.

4. Pharaon

Le mot pharaon vient du latin chrétien « pharao-onis » emprunté au grec ancien « pharao » et à l’hébreu biblique « par’oh » qui vient de l’égyptien « per-aä » (grande maison ou palais) puis par métonymie « l’occupant du palais/grande maison ».

Il est le souverain qui règne sur la haute et basse Egypte. Il est à la fois le chef religieux, chef militaire, chef politique, chef administratif, etc., il est l’un et le tout.

La nature de Pharaon est double, à la fois humaine et divine. Cependant la nature divine de Pharaon a évolué selon les différentes périodes de l’histoire égyptienne. A l’époque de l’ancien empire (2.700 à 2.200 avant J-C), il est le fils du Dieu et il est chargé de maintenir en ordre la création divine. Après la première période intermédiaire (2.200 à 2.030 avant J-C), sous le moyen empire (2.065 à 1.735 avant J-C), il est choisi par le Dieu Rê. Sous le nouvel empire (1.580 à 1.077 avant J-C), il est le fils charnel du Dieu.

La divinité de Pharaon n’est acquise que lorsque sa forme humaine fusionne avec sa part d’immortalité, lors de son couronnement. Pharaon ne devient un dieu que lors de son sacre, quand il prend place sur le trône d’Hor (fils d’Usere et de Rê), quand il s’identifie à lui, quand il devient lui.

5. C’est quoi une pyramide ?

La pyramide, étant une évolution architecturale du tumulus initial, s’inscrivait dans un complexe funéraire complexe avec un temple bas, centre d’accueil des processions funéraires et/ou cérémonielles (c’est dans ce temple qu’était pratiqué le rite d’embaument puis, après l’enterrement, c’était l’endroit où l’on apportait les offrandes), une chaussée, ceinte de murs (c’est le parcours qu’empruntait le corps momifié et sa procession, puis après l’enterrement servait de passage vers le temple haut), un temple haut (au départ une simple chapelle qui s’est agrandie au fur et à mesure du temps jusqu’à devenir un temple à l’architecture complexe), quelques pyramides secondaires (destinées à des cérémonies et/ou à des proches comme les mères et/ou épouses et/ou enfants) et la pyramide. Dans certains complexes, on peut aussi trouver des fosses à barques.

La fonction de ce gigantesque complexe n’est pas que d’être un lieu de sépulture pour celui qui était l’incarnation même du Dieu, mais aussi une structure qui servirait à lui vouer un culte avec des prêtres qui lui seront dédiés. Ce culte pouvant dépasser plusieurs générations.

Donc il faut appréhender la pyramide comme un élément d’une structure complexe et excessivement codifiée.

6. Quand construisait-on une pyramide ?

Après la mort de Pharaon, le lendemain matin (donc après la fin du cycle solaire d’une journée) il y avait une prise de pouvoir du futur Pharaon (qui est considéré comme l’année zéro de son règne), puis celui-ci laissait passer un délai de 70 jours (temps nécessaire à la momification) pour organiser la cérémonie funéraire de son prédécesseur. A la suite de quoi, il préparait sa cérémonie de couronnement (qui devint de plus en plus complexe au fil du temps) dont la date était généralement fixée à une date symbolique dans le calendrier ou bien dans le cycle des récoltes ou bien celui lunaire (cela a varié en fonction des époques).

Peu de temps après son sacre (couronnement), Pharaon s’attelait à la construction de sa future dernière demeure. Pourquoi si tôt, parce que les temps de construction étaient longs et que les égyptiens s’avaient que la vie sur terre pouvait être courte. Plus la construction était monumentale, plus cela durait longtemps et plus le risque que la dernière demeure ne soit pas achevée à la mort de Pharaon était grand (pour preuve les quelques pyramides inachevées (généralement au début de la construction) et les témoignages d’autres pharaons qui ont expliqué avoir terminé la construction du complexe de leurs prédécesseurs).

La première cérémonie était celle du choix du lieu du futur complexe (selon des critères avec lesquels aucun spécialiste n’est d’accord). La deuxième était celui du tracé au sol de la future pyramide. Et uniquement après venaient les travaux de préparation du terrain afin d’en recevoir la base, puis la construction jusqu’à l’achèvement finale du complexe dans son intégralité.

7. Des méthodes de construction de plus en plus précises

L’erreur faite par de nombreuses personnes (surtout les récents égyptophiles amateurs autoproclamés) est de vouloir chercher/percer le secret de la construction des pyramides en se focalisant sur celle de Khoufou (Khéops en grec). De la première pyramide connue qui est celle de Djoser (qui a régné au 27ème siècle avant J-C) et jusqu’à celle de Khoufou (qui a régné au 25ème siècle avant J-C), on peut dénombrer (en fonction des découvertes actuelles) 16 pyramides construites.

Si celle de Khoufou (à Gizeh) est la plus haute avec 146,6 mètres pour une base carrée de 230,3 mètres de côté, vient celle de Khafrê (Khephren en grec) (à Gizeh) qui mesure 143,5 mètres de haut sur une base carrée de 215,2 mètres de côté, vient celle de Snéfrou (à Dahchour) 109,5 mètres de hauteur pour une base carrée de 219,1 mètres de côté, puis celle encore de Snéfrou (à Dahchour) 104,7 mètres de hauteur pour une base carrée de 189,4 mètres, puis celle de Houni (à Abou Rawash) d’une hauteur estimée (ce ne peut être qu’une estimation, elle n’a pas été terminée) de 105,0 mètres sur une basse carrée de 215,0 mètres de côté, puis celle de Snéfrou (encore lui) (à Meïdoum) de 91,9 mètres de hauteur pour une base carrée de 144,3 mètres, et ainsi de suite…

La pyramide de Menkaourê (Mykérinos en grec) (à Gizeh) parait bien petite avec ses 65,6 mètres de haut et sa base rectangulaire de 102,2 mètres par 104,6 mètres, mais dont les dimensions seraient à rapprocher de celle de Djéser (à Saqqarah) qui mesure 62,0 mètres de haut sur base rectangulaire de 109,0 mètres par 121,0 mètres.

En moins de deux siècles, on peut (quand même) considérer que les égyptiens avaient progressé en matière de construction de pyramide. Cela reviendrait à essayer de déduire les méthodes de construction de l’arc de Triomphe (à Paris et dont la construction a duré de 1806 à 1836) en analysant celles de la tour Montparnasse (à Paris toujours et dont la construction a duré de 1969 à 1973), ou bien de déduire celles de la villa Godi Malinverni (en Italie à Lugo di Vicenza et dont la construction a duré de 1537 à 1542) en analysant celles de l’hôtel des invalides (à Paris encore et dont la construction a duré de 1670 à 1679).

Mis à part l’exemple (très moqueur, je le concède) de comparer la tour Montparnasse avec l’arc de Triomphe, il est évident qu’en un laps de temps aussi long, on peut penser que les différents ouvriers aient perfectionné leurs méthodes de construction.

Ou alors, il faut faire comme certains adeptes de la pyramidologie (les pyram-idiots comme on les nomme aussi) qui font des spéculations pseudo-scientifiques et dont la plus amusante est celle qui considère que les pyramides sont l’œuvre des atlantes et plus récemment des extra-terrestres.

8. L’organisation du travail

Un élément qui est souvent oublié quand on aborde le sujet de la construction des pyramides, c’est celui de l’organisation administrative et excessivement hiérarchisée de ce pays. C’est sans doute pour cette raison que ce pays (l’Egypte) a pu rester pendant tant de millénaires une des grandes civilisations dans le monde.

Nous avons retrouvé des écrits (d’époque en plus) qui mentionnent les noms, les fonctions et les « grades » des ouvriers qui opéraient sur les chantiers des pyramides. Il y avait une hiérarchie et une organisation très perfectionnées pour l’époque (n’oublions pas que nous parlons du 3ème millénaire avant J-C).

Nous savons qu’il y avait des équipes sur le chantier de construction, des équipes pour l’extraction et la taille des pierres et des équipes pour le transport des pierres. Il a été estimé qu’il y avait en permanence sur le chantier 5.000 personnes qui étaient hautement spécialisés et à peu près 15.000 personnes qui travaillaient de manière temporaire sur le chantier. Le personnel du chantier était divisé en brigades de 1.000 hommes, elles-mêmes divisées en cinq équipes (dont chacune avait un nom différent) de 200 hommes. Les équipes ne travaillaient pas toutes en même temps et se relayaient.

Nous avons pu retrouver les restes du village des ouvriers (et les tombes de certains) sur le plateau de Gizeh et nous savons aussi que les ouvriers avaient droit à des soins médicaux, qu’ils vivaient avec leur famille, qu’ils étaient bien nourris et qu’ils venaient de toute l’Egypte. Il y a fort à penser que c’étaient les femmes qui s’occupaient de l’intendance et de l’approvisionnement alimentaire.

L’analyse des squelettes des ouvriers a également montré (en plus de la riche alimentation et des bons soins médicaux) que le travail y était particulièrement pénible et dure. On peut estimer que l’espérance de vie était de 40 ans.

Il faut voir ce chantier de complexe funéraire comme l’œuvre d’un pays entier, après tout il s’agissait de la construction d’un ouvrage destiné à un Dieu. Il faut voir aussi cette construction comme un instrument de la cohésion sociale du pays et du régime politique.

C’est Hérodote qui nous a raconté que les pyramides avaient été construites en trente ans avec 100.000 hommes qui étaient des esclaves. Quand Hérodote a visité l’Egypte, cela faisait plus de 2.000 ans que les pyramides du plateau de Gizeh avaient été construites. Le nombre d’hommes avancé aurait correspondu au 10ème de la population de l’Egypte. La notion d’esclave est en contradiction avec le résultat des dernières fouilles.

N’oublions pas que c’est Hérodote qui a colporté la légende selon laquelle Khéops (là je laisse le nom en grec) aurait prostitué sa fille et où chaque client la payait avec une pierre. La pyramide représentant 6 millions de tonnes, cela aurait fait quelques passes pour la jeune fille, et je vous laisse imaginer la prestation sexuelle à laquelle le monsieur a eu droit quand il l’a payé avec un bloc de 60 tonnes (tout ceci laisse rêveur !!!).

En fonction des derniers éléments connus sur le nombre estimé des ouvriers sur le chantier, il a été calculé qu’il aurait fallu 4 ans pour la préparation du chantier, 10 ans pour la construction de la pyramide, 4 ans pour le polissage des faces et le démontage des rampes et 2 à 4 ans pour la construction des petites pyramides, des temples et de la chaussée. Mais tout ceci n’est qu’une estimation…

9. Les blocs de pierre de la pyramide

La pyramide (celle de Khoufou pour cet exemple) est constituée de pierres. Les nombreuses analyses ont permis de les classer en cinq catégories, ce qui va permettre de répondre à quelques questions.

- Des quartiers de pierre équarris grossièrement en calcaire nummulitique (au moins 85% du volume de la pyramide). Ces pierres provenaient d’une carrière située sur le plateau de Gizeh (à une centaine de mètres de la grande pyramide).
– Des gradins bien taillés en calcaire nummulitique (de la même provenance que les pierres citées ci-dessus) qui sont encore visibles sur les faces de la pyramide de Khoufou.
– Des blocs de parement extérieur en calcaire fin provenant des carrières de Tourah et d’El-Maasara (au sud du Caire et à moins de 20 kilomètres de Gizeh), que l’on peut encore voir sur la 1ère assise de Khéops, sur le sommet de Khephren ou bien sur la Rhomboïdale de Dahchour.
– Des blocs de parement intérieur, qui sont minutieusement taillés et ajustés, en calcaire fin provenant aussi des carrières de Tourah et d’El-Maasara. Certains sont aussi en granit.
– Des blocs mégalithiques (de plusieurs dizaines de tonnes) en syénite qui proviennent des carrières d’Assouan.

Quand on nous représente les transports des blocs de pierre ayant servi à la construction des pyramides, on nous fait voir une image avec une cohorte de bateaux longeant le Nil, toutes voiles dehors. Cette image ne peut s’appliquer que pour les pierres issues des carrières d’Assouan en rajoutant qu’en plus de la navigation par la force du courant et des voiles, le halage était fréquent.

D’après les comptes rendus des carriers d’Assouan, nous savons qu’il fallait à peine une semaine pour rejoindre le plateau de Gizeh en bateau. Nous savons également, qu’afin de livrer au plus près les gigantesques blocs, que les égyptiens avaient construits des canaux qui allaient presque au pied de la grande pyramide. Une théorie récente envisage que le quai de déchargement aurait servi par la suite aux fondations du temple bas.

Quant aux blocs extraits des carrières de Tourah et d’El-Maasara, il a surement été plus rapide de transporter les différents blocs par voie de terre, plutôt que de les descendre jusqu’au Nil pour les charger dans un bateau, les faire voyager en bateau, puis les décharger, puis de nouveau les transporter.

Le transport des carrières de Gizeh au site de construction, même si les distances sont courtes (une centaine de mètres), fait encore l’objet de questionnement. Mais à priori, des différentes méthodes envisagées (j’évite d’aborder celles délirantes du transport par télékinésie ou bien par des soucoupes volantes), celles utilisant des chariots en forme de traineau, celles envisageant de faire glisser les blocs sur des rondins de bois et celles de blocs montés sur un chariot glissant sur des rondins ont dû toutes être utilisées. Les découvertes de dessins nous ont permis de comprendre que ces chariots étaient tirés ou poussés par la force humaine et/ou la force animale (comme des bœufs).

10. Comment les blocs ont-ils été taillés ?

Quand on aborde le sujet des outils des égyptiens (à l’époque des pyramides de l’ancien empire), on nous explique que la majorité des outils était héritée du néolithique. Et nous imaginons donc des hommes en train de tailler des pierres avec d’autres pierres… Mais ce n’est pas aussi simple que cela.

Depuis le néolithique, les artisans avaient perfectionné leurs outils, ils étaient nombreux et complexes (même si nous les qualifions encore de rudimentaires). Les artisans avaient également développé une connaissance des différentes échelles de dureté des matériaux et plus précisément des pierres, et tout ceci bien avant la création de l’échelle de Mohs en 1812 ou bien celle de Knoop en 1939 (ce sont les deux échelles de dureté des pierres les plus utilisées de nos jours).

Nous avons pu retrouver quelques outils en cuivre sur les différents sites des chantiers de l’ancien empire. Le minerai de cuivre extrait à l’époque pourrait être aujourd’hui considéré comme n’étant pas pur à cause des pourcentages d’arsenic et de bismuth contenus à l’intérieur. Si ce taux d’impureté rend ce métal moins précieux, il a la particularité d’en faire un alliage très dur. Donc ce n’était pas une volonté des égyptiens de trouver un alliage dur, il l’avait déjà sous la main du fait du hasard…

Mais les découvertes des outils sont rares (surtout en métal) sur les sites archéologiques et pour cela il faut y avoir quelques raisons.

La première est que les ouvriers étaient employés d’un chantier à l’autre et les ouvriers spécialisés se déplaçaient (comme de nos jours) avec leurs outils qui étaient leurs propriétés personnelles. Je connais un tailleur de pierre qui m’a raconté avoir perdu une truelle sur un chantier et il en rêve encore la nuit. A part le fait qu’un bon ouvrier finit par avoir bien dans sa main son propre outil, leur fabrication devait être onéreuse, surtout pour les outils avec du métal (cuivre ou autre).

La deuxième est que les professions se transmettaient d’une génération à l’autre et généralement dans la transmission/héritage il y avait les outils de la génération précédente. Et si l’ouvrier/artisan n’avait pas de descendance (ou bien une descendance qui avait choisi une autre voie), il léguait ses outils à son meilleur apprenti. Le même tailleur de pierre, que je citais plus haut, a dans sa besace des outils ayant appartenus à son grand-père.

Donc, on peut en déduire que les outils (re)trouvés ont été égarés ou bien trop abimés pour être réparables.

Pour comprendre la rapidité d’exécution et la précision des gestes des tailleurs de pierre de l’époque égyptienne, je vous recommande d’aller sur un chantier pour voir nos tailleurs de pierre contemporains (en plus ce sont des gens charmants et très ouverts qui aiment faire partager leur métier). Vous verrez qu’avec de nombreuses années de pratique, on apprend à tailler avec une économie de geste et une grande précision. Et vous pourrez voir que leur sac à outils contient aussi des outils que l’on pourrait qualifier de rudimentaires…

11. Comment les blocs ont-ils été montés ?

Quand on aborde le sujet de la construction des pyramides, c’est surtout la manière dont les pierres ont été montées au fur et à mesure de la construction qui focalise l’attention (alors qu’il y a une multitude d’autres problèmes à résoudre aussi). Les égyptologues avancent des théories, les ingénieurs en démontrent d’autres, etc. et finalement « on » ne trouve aucune solution qui puisse satisfaire tout le monde.

Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, cet affrontement sur le hissage des pierres est très ancien. Hérodote (480 avant J-C – 425 avant J-C) est à l’origine de la théorie « machiniste » puisqu’il avait expliqué qu’on lui avait raconté que les pierres avaient été montées à l’aide de systèmes de levier. Diodore de Sicile (vers le 1er siècle avant J-C) est à l’origine de la théorie « rampiste » qu’on lui aurait également raconté lors de son voyage en Egypte où les pierres étaient montées par glissement le long d’une rampe de terre.

Pour les « rampistes », les hypothèses sont nombreuses d’autant que l’on a retrouvé au pied de quelques pyramides des vestiges de rampes, tout comme pour les « machinistes » où l’on a retrouvé des vestiges de leviers. La réalité doit surement se trouver sur un mélange et/ou l’utilisation de ces deux théories.

12. Les autres pyramides

Si effectivement on peut constater que, de part le monde, la forme pyramidale a toujours fasciné, il serait très hasardeux d’en tirer des conclusions trop hâtives.

Comme nous l’avons vu plus haut, les égyptiens voyaient dans la structure pyramidale une représentation stylisée et parfaite de la butte primordiale, mais les autres civilisations ont pu y voir la même chose (à condition que leur mythe de la création s’en rapproche), ou bien une manière de s’approcher au plus près des dieux, ou bien du soleil, ou de la lune, ou des étoiles, ou bien juste dans la volonté de donner un caractère imposant et magistral aux monuments.

S’il devient de plus en plus évident (en fonction des découvertes archéologiques) que les pyramides aient été des tombeaux (même si pour certaines, nous savons qu’elles étaient des cénotaphes), ce n’est pas toujours le cas des pyramides dans le reste du monde.

13. Les pyramides chinoises

Le décompte des pyramides de Chine n’est pas encore terminé, mais on les estime (de nos jours) à plus de deux-cents.

Certaines de ces pyramides sont des collines naturelles dans lesquels on a creusé, d’autres sont des monticules de terres ou bien de briques recouvertes de terre.

La construction de pyramides en Chine s’étale sur une période qui va du 3ème siècle avant J-C au 16ème siècle. A contrario, nous savons que chaque pyramide abritait une sépulture (et même là, il y a des controverses).

14. Les pyramides nubiennes

On dénombre un peu plus de 220 pyramides en Nubie qui sont les tombeaux des rois et reines de Napata et de Méroé. Les dates estimées pour les constructions vont du 7ème siècle avant J-C jusqu’au 1er siècle avant J-C.

Si la structure pyramidale (et la fonction de tombeaux) est directement empruntée à la culture égyptienne, elle ne fait pas référence aux pyramides de l’ancien empire égyptien mais à la culture égyptienne et essentiellement les pharaons qui étaient rentrés dans le mythe.

Les pyramides nubiennes ont cette particularité d’être très pointues (une pente d’à peu près 70°) et d’être moins imposantes.

15. Les pyramides amérindiennes

Quand on parle des pyramides, on fait souvent (surtout les pyram-idiots) le parallèle avec celles du Mexique et celles du Pérou.

Si effectivement la construction est en forme pyramidale, les dimensions, les inclinaisons, les méthodes de construction, la finalité n’ont pas de rapport avec celles que l’on trouve en Egypte et en plus il y a un problème de date. On confond les cultures (qui étaient très nombreuses sur le continent américain), les religions et les dates.

Il y a aussi d’autres pyramides dans le monde entier, des petites comme des grandes, des anciennes comme des récentes. La plus récente a été construite au Kazakhstan à Astana, c’est le palais de la paix et de la réconciliation qui a été achevé en 2006.

16. Conclusion

Il est malhonnête intellectuellement (même si certains ne s’en privent pas) de vouloir comparer l’incomparable, de vouloir faire des liens avec des civilisations qui justement n’en avaient aucun (sauf à moins de vouloir faire des raccourcis stupides avec des hypothèses fantaisistes sur des transports aériens ou même spatiaux), etc.

Il y a bien une quête d’un savoir perdu et cette discipline a un nom, elle se nomme l’archéologie. Cependant l’archéologie n’est considérée comme une science que depuis la fin du 19ème siècle. Si l’archéologie utilise de plus en plus des techniques modernes pour l’aider dans la compréhension du passé, elle passe parfois plus de temps à poser des questions qu’à y répondre, et les réponses ouvrent souvent sur de nouvelles questions encore plus difficiles.

Les archéologues essaient d’avoir une démarche scientifique en appliquant le principe de la preuve démontrable, mais cela n’est pas facile à appliquer quand les preuves sont peu nombreuses, qu’elles ont disparues ou bien ont été détruites (pour de nombreuses raisons).

Mais il ne faut pas prendre la réflexion d’un archéologue qui vous répondra, en toute honnêteté intellectuelle, « je ne sais pas » ou « nous ne savons pas » pour une porte ouverte à tous les délires dont l’origine est souvent une quête du merveilleux et de l’irrationnel (dans le meilleur des cas).

La tendance actuelle (surtout utilisée par des personnes peu scrupuleuses) est de considérer les archéologues comme des vieux (alors que certains sont jeunes) messieurs (alors qu’il y a aussi des dames) imbus de leur personne et qui savent tout. Les archéologues ne savent qu’une seule chose avec certitude, c’est qu’ils ne savent pas tout et ce qu’ils ne savent pas encore, ils le sauront un jour (ou bien les générations suivantes…) et surtout ils savent qu’une superbe théorie peut être démontrée et invalidée à tout moment. Rien n’est acquit, ni ferme, ni définitif… et encore moins les théories…

De nombreuses découvertes ont été faites par des amateurs (donc des non professionnels de l’histoire et/ou de l’archéologie) mais surtout de nombreuses découvertes sont le fruit du hasard…

Mais avant de prendre les historiens et/ou les archéologues en défaut, il faut savoir faire preuve de rigueur dans les recherches et une théorie basée sur des hypothèses tronquées (quand ce ne sont pas de purs mensonges) n’est pas une théorie mais une escroquerie intellectuelle.

Frédéric de Villard – Aubaud

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