Protégé : Bouddhisme et Franc-maçonnerie, pourquoi les FM vont-ils vers l’Orient ? – 2°- 31 juillet, 2021
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.Digression … Je me suis plongé au coeur des francs-maçons (oui, vraiment) 29 juillet, 2021
Posté par hiram3330 dans : Digression , ajouter un commentaireProtégé : Le testament philosophique – 1°- 28 juillet, 2021
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.La Franc-Maçonnerie Militaire 27 juillet, 2021
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireLa Franc-Maçonnerie Militaire
La Franc-Maçonnerie militaire a joué un rôle essentiel dans l’apparition en France de la Maçonnerie spéculative. Avant 1789, les Loges militaires qui existaient dans la plupart des régiments de l’armée royale initiaient au hasard des déplacements, d’une garnison à l’autre, des aristocrates, des bourgeois, des commis d’administration, des avocats, des religieux qui allaient devenir un peu plus tard les animateurs des Loges sédentaires.
Plus tard, sous le Premier Empire, ce furent les Loges militaires de la Grande Armée qui propagèrent la Franc-Maçonnerie dans toute l’Europe, notamment en Belgique, en Allemagne, en Autriche, en Pologne, en Italie, en Espagne, initiant un peu partout dans les territoires occupés et y donnant naissance à une Maçonnerie locale là où elle n’existait pas encore, réveillant ailleurs de vieilles Loges qui étaient en sommeil depuis un certain temps. Par un étrange paradoxe, ce furent ainsi les militaires francs-maçons de l’armée impériale qui propagèrent à travers l’Europe l’idéal de la Révolution française de 1789.
Officiers et hommes de troupes se retrouvaient fraternellement unis dans la Loge, sans aucune distinction de grades. Ainsi, en 1779, La Parfaite Union du régiment du Vivarais avait comme Vénérable le simple soldat Dupred, alors que le capitaine Charles de Roux l’assistait comme Secrétaire.
En 1773, la Loge Saint-Charles des Amis Réunis, installée au sein du régiment de Saintonge, avait pour Vénérable le fourrier Labouisse. Elle comptait parmi ses membres le comte de Bérenger, mestre de camp.
Il n’est pas inutile de rappeler que, bien avant la création en 1717 de la Grande Loge de Londres, la Franc-Maçonnerie dans sa forme spéculative, avait été introduite en France par des militaires. Lorsque la reine Henriette, fille du roi de France Henri IV, épouse du roi d’Angleterre Charles r, s’était réfugiée au château de Saint- Germain, la plupart des officiers écossais de sa suite appartenaient à des Loges anglaises qu’ils s’étaient empressés de reconstituer en exil.
Dès 1689, à Saint-Germain-en-Laye, une Loge jacobite, La Bonne Foi, existait au régiment de Dillon des gardes écossais. Plusieurs autres Loges stuartistes furent ouvertes en France dès 1690. Dans des conditions identiques, des marins et des soldats participèrent à la fondation des premières Loges spéculatives en territoire français. Ainsi, en 1732, des officiers de marine anglais séjournant à Bordeaux y ouvrirent la Loge L’Anglaise qui existe encore de nos jours.
De nombreux officiers français furent initiés à cette époque. En 1736, plus de deux cents officiers de hauts grades assistaient à la Tenue maçonnique pour laquelle le chevalier de Ramsay écrivit son célèbre Discours, premier essai de réforme de l’Ordre maçonnique. Ce fut à ce moment que fut initié le Maréchal d’Estrées.
Le premier Grand Maître français, Louis de Pardaillan de Gondrin, duc d’Antin et d’Epernon, élu le 24 juin 1738, était lui-même colonel du régiment de Royal-Marine.
Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont, qui fut appelé à lui succéder en 1743, avait fait ses preuves sur le champ de bataille. Il fut désigné par ses Frères de préférence au prince de Conti et au Maréchal de Saxe.
Il y eut ainsi une longue période pendant laquelle les militaires exercèrent l’autorité suprême dans l’Ordre maçonnique en France. Au tableau des Grands Officiers pour l’année 1773 figurent ainsi le Frère de Montmorency-Luxembourg, brigadier des armées du roi ; le colonel d’infanterie de Buzançais ; le mestre de camp de cavalerie Rohan-Guéménée ; le colonel d’infanterie de Lauzun ; le colonel d’infanterie Bacon de la Chevalerie ; le colonel du régiment de Champagne Colbert, marquis de Seigneley ; le maréchal de camp prince de Tarente ; le mestre de camp des dragons prince de Pignatelly ; le colonel d’infanterie vicomte de Rouait ; le colonel d’infanterie chevalier de Launey ; le lieutenant-colonel Giraud-Destours ; le colonel comte d’Ossun ; le mestre de camp de cavalerie marquis de Clermont-Tonnerre, d’autres encore.
Tous les régiments possédaient alors une ou plusieurs Loges maçonniques.
Il suffit par ailleurs de consulter les tableaux des Loges parisiennes avant 1789 pour y trouver en très grand nombre des militaires de toutes les armes et de tous les grades.
Tout naturellement, les soldats francs-maçons prirent fréquemment l’initiative de créer des Loges civiles et sédentaires dans les villes où ils étaient affectés. Ce fut ainsi que le capitaine Frignet, du Royal-Lorraine-Cavalerie, fut en 1748 le fondateur à Rennes de La Parfaite Union, une Loge qui devait devenir plus tard la Mère- Loge de la Maçonnerie bretonne. De même, en 1756, ce fut la Loge militaire Les Frères Unis, au régiment de Thianges-Dragons, qui installa à Laval la Loge sédentaire L’Union, composée essentiellement de petits bourgeois.
En 1768, lorsque L’Heureuse Rencontre fut installée à Brest, elle comptait parmi ses fondateurs une majorité d’officiers.
Les archives de la Franc-Maçonnerie française permettent de suivre les régiments dans leurs successifs déplacements. Prenons l’exemple de La Parfaite Union, Loge militaire du régiment Royal Roussillon-Cavalerie. Elle se trouve en garnison à Hesdin en 1774 lorsqu’elle ouvre ses travaux sous la direction du capitaine de Moreton-Chabrillant. En 1775, lorsqu’elle initie le comte des Rieux et le comte de Carné, elle tient ses assises dans le Temple de la Loge de Rennes.
De la même façon, nous pouvons suivre pendant plus de vingt ans dans ses déplacements la Loge militaire de l’Orléans-Dragons. Des noms connus figurent sur les tableaux des Loges militaires. Le sous-lieutenant Alexandre de Musset, grand-oncle du poète, appartenait à La Concorde, Loge du régiment d’Auvergne. Le baron de Montboissier-Beaufort-Canillac, gendre de Malesherbes, fut Vénérable de L’Amitié à l’Epreuve, la Loge de l’Orléans-Dragons. Le duc de Richelieu, futur Premier ministre du roi Louis XVIII, fut l’orateur des Dragons Unis, au régiment des Deux-Ponts-Dragons. Percy, l’un des rénovateurs de la chirurgie militaire, fut le Secrétaire des Frères Unis, au régiment de Berry-Cavalerie. Le célèbre Choderlos de Laclos, l’auteur des « Liaisons dangereuses «, fut le Vénérable de L’Union, au corps d’artillerie de Toul.
Lafayette et Rochambeau étaient eux-aussi francs-maçons.
Axel de Fersen, colonel du Royal Suédois, l’homme qui organisa la fuite à Varennes de la famille royale, appartenait à L’Olympique de la Parfaite Estime. Dans cette Loge il retrouvait un lieutenant- général qui se nommait… Charles d’Estaing.
Le célèbre mathématicien Gaspard Monge fut en 1779 l’Orateur de L’Union Parfaite du Corps du Génie où il avait été initié. La Tour d’Auvergne, le premier grenadier de France, tombé au champ d’honneur le 27 juin 1800, appartenait à une Loge bretonne.
Il demeure que la période la plus faste de la Maçonnerie militaire, ce fut indéniablement celle du Premier Empire, avec les francs-maçons Junot, Pichegru, Mac Donald, Beurnonville, Kléber, Brune, Joseph.et Jérôme Bonaparte, Sérurier, Kellermann, Mortier, Ney, Lannes, Lefebvre, Murat, Augereau, Moreau, Exelmans, Suchet, Oudinot, Bernadotte, Molitor, sans oublier le général Hugo, père de Victor, qui appartenait à L’Amitié d’Aix-en-Provence et à La Concorde de Bastia.
Faire aujourd’hui le tour de Paris par les boulevards extérieurs c’est s’offrir l’occasion de saluer l’un après l’autre les plus grands noms de la Maçonnerie militaire.
N’oublions pas le maréchal Masséna, duc de Rivoli, qui avait été initié à Toulon en 1784 par la Loge Les Enfants de Minerve. Quant à Grouchy, celui de Waterloo, il appartenait à La Candeur de Strasbourg.
Dans toute l’histoire de la Franc-Maçonnerie universelle aucune date n’est plus douloureuse que celle du 18 juin 1815. Ce jour-là, dans la plaine de Waterloo, se retrouvèrent face à face les francs- maçons français du Frère Grouchy, les francs-maçons anglais du Frère Wellington, les francs-maçons prussiens du Frère Blücher. La fine fleur des Loges militaires de la Grande Armée disparut dans la charge héroïque de la Haie-Sainte que commandait le franc-maçon Lassale.
Quelques-uns des plus grands noms de la Marine figurent également sur les tableaux des Loges, notamment ceux du corsaire Surcouf et du corsaire Bompard, du bailli de Suffren, de l’amiral Villaret de Joyeuse, de l’amiral Bruix, de l’amiral Magon de Médine qui trouva la mort à Trafalgar.
Les marins français participèrent activement à l’implantation et au développement de la Maçonnerie aux Antilles, à Saint-Domingue, aux Indes, au Moyen-Orient et en Amérique Latine. Un militaire comme le comte de Grasse-Tilly propagea de la même façon et organisa dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Belgique et en Espagne, le système des Hauts Grades du Rite Ecossais Ancien et Accepté.
La liste est longue des soldats francs-maçons qui, sous les différents régimes, furent élevés à la dignité de Maréchal de France. Les plus connus sont Augereau, Bernadotte, Exelmans, Joffre, Kellermann, Lefebvre, Masséna, Murat, Ney, Soult et Suchet. Pendant la guerre de 1914-1918, le Grand Maître de la Grande Loge de France était le général Peigné. Une Loge parisienne de son Obédience porte aujourd’hui son nom.
Entre 1919 et 1940, et depuis 1944, de nombreux officiers d’active furent Vénérables de Loges écossaises et plusieurs d’entre eux furent appelés à siéger au Conseil Fédéral de la Grande Loge de France.
Ainsi, la tradition de la Franc-Maçonnerie militaire se prolonge. Elle constitue à coup sûr l’une des plus belles pages de l’histoire de la Franc-Maçonnerie française.
MAI 1982 Publié dans le PVI N° 46
Protégé : L’Amour courtois – 18°- 26 juillet, 2021
Posté par hiram3330 dans : Chaine d'union,Contribution,Rouge , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.VIDEO. Le conte enluminé de l’Indrien Jean-Luc Leguay 25 juillet, 2021
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Protégé : Confucius, un Frère précurseur ? – 2°- 24 juillet, 2021
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Silhouette , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.Digression … Histoire des Wisigoths avec Alexis Seydoux 23 juillet, 2021
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Protégé : Cosmogonie gnostique – 3°- 22 juillet, 2021
Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.Historique du rite ancien et primitif de Memphis – Misraïm 21 juillet, 2021
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireHistorique du rite ancien et primitif de Memphis – Misraïm
15 Février 2016 , Rédigé par RAPMM
La Franc-maçonnerie est une institution pluri centenaire, car les premières révélations historiques remontent au XIIIème siècle. Cette association de métier, à l’origine dite opérative…, au caractère corporatiste autant que moral et spirituel, devient, dès le Carrefour de 1723, un « centre d’union » où se retrouvent, en toute fraternité, des hommes qui, sans elle, ne se seraient pas reconnus… Adopter une vision tranchée et univoque de la Franc-maçonnerie moderne, dite spéculative.., semble difficile, car celle-ci, selon les temps et les lieux, a revendiqué des origines et des finalités bien différentes, bien qu’elle s’inscrive dans le courant judéo-chrétien. En outre, sa philosophie ne s’exprime que par le truchement des symboles : or leur sens dépend de la tradition initiatique à laquelle se rattache chaque Rite, qui représente l’Esprit de chaque Ordre existant Ainsi, les différentes Obédiences françaises couvrent un large spectre, allant du social au spirituel, de l’athéisme au déisme ; elles ont toutes cependant en commun leur essence initiatique et leurs trois premiers degrés représentent un centre adogmatique de perfectionnement individuel, intellectuel, moral et de travail sur soi. Ce n’est que par la suite que l’empreinte du Rite, propre à chaque Obédience se manifeste dans toute son amplitude : il donne à ses cérémonies une qualité, une densité, une stabilité, une impulsion et une prégnance à nulle autre pareille. De telle sorte que cette juxtaposition de mille et une nuances dans l’Art Royal entrouvre l’accès à une voie adaptée à la nature du Cherchant et à ses exigences, dans le respect le plus strict de sa liberté absolue de conscience. La Franc-maçonnerie du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm possède ses spécificités propres, qui font d’elle une Maçonnerie peu connue, mais d’une grande richesse à la fois rituelle et historique. Parmi celles-ci, se distinguent entre autres :
Son orientation spiritualiste et déiste dans le cadre de la Voie Initiatique.
Sa volonté de donner l’accès à la Connaissance Essentielle par l’alliance de l’intelligence du cœur à celle du mental ;
Sa représentation en tant que gardien des traditions de l’ancienne Egypte, berceau de toute initiation. Sa vocation de conserver et de développer une Tradition intacte (comprise comme la Tradition Primordiale transmise dans les courants hermétiques, gnosticistes, kabbalistes, templiers et rosicruciens), propre à libérer l’homme de ses chaînes matérielles, au travers de son évolution spirituelle. Cette Tradition se veut dépositaire des antiques initiations de la vallée du Nil, perpétuées au travers de divers mouvements, parmi lesquels se retrouvent les pythagoriciens (qui détiennent l’héritage d’une Géométrie d’essence sacrée), les Hermétistes Alexandrins (dont les ouvrages de référence sont le Corpus Hermeticum et La Table d’émeraude attribués à Hermès Trismégiste), les Néo-platoniciens, les Sabéens de Harrân, les Ismaéliens, les descendants d’Abraham, les Templiers et les Rose Croix. Pour une Obédience spiritualiste comme celle du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, le Rituel est donc l’occasion d’une régénération spirituelle, d’une réintégration métaphysique, de la personne qui y participe et joue le rôle de catalyseur sur le sentier de l’évolution intérieure. Mais en même temps, il reste attaché à son héritage humaniste, profondément engagé au côté des valeurs de la dignité, du droit, et de la défense de l’opprimé. C’est là sa grande force, son côté insolite, et la raison pour laquelle, peut-être, il attire autant qu’il intrigue…
LE RITE DE MISRAÏM
Il faut ici commencer à mi-chemin entre l’histoire et la légende… Peut-être par « il était une fois »…en présentant l’énigmatique personnage que fut Alexandre Cagliostro, de son vrai nom Joseph Balsamo, aigrefin de renom un peu souteneur et un peu espion pour les uns, Grand Initié sans attache, magicien et enchanteur pour les autres…en tout cas acteur occulte de la Révolution Française pour l’ensemble -, et certainement un être moralement indéfinissable, tant ce Rite attire des caractères trempés dans une eau qui n’a pas grand-chose à voir avec l’eau plate. Notre homme, très proche du Grand Maître de l’Ordre des Chevaliers de Malte Manuel Pinto de Fonseca avec lequel il aurait effectué des expériences alchimiques…, fonde en 1784 le « Rite de la Haute-Maçonnerie Egyptienne »… Bien que celui-ci n’ait eu que trois degrés (Apprenti, Compagnon et Maître Egyptien), le Rite de Misraïm semble lui être directement relié. On sait encore mal, aujourd’hui, où Cagliostro fut réellement initié (sans doute à Malte) et comment il bâtit son Rite : selon Gastone Ventura, il reçoit entre 1767 et 1775 du Chevalier Luigi d’Aquino, frère du Grand Maître National de la maçonnerie napolitaine, les Arcana Arcanorum, trois très hauts degrés hermétiques, venus en droite ligne des secrets d’immortalité de l’Ancienne Egypte, afin qu’il les dépose dans un Rite maçonnique d’inspiration magique, kabbalistique et divinatoire. Ce qu’il semble avoir fait en 1788, non loin de Venise, en y établissant une Loge où il opère le transfert des Arcana Arcanorum dans le Rite de Misraïm. Ce Rite, à demi-centenaire lorsque Cagliostro en fait le dépositaire du Secret des Secrets, est un écrin idéal pour le joyau qu’il reçoit, nourri de références alchimiques et occultistes, il attire alors de nombreux Adeptes. Il se réclame de plus d’une antique tradition égyptienne, le terme « Misraïm » signifiant ou « les Egyptiens » ou « Egypte » en hébreu…et possède 90 degrés… Dans l’état actuel des recherches, il apparaît surtout que les sources du Rite de Misraïm se situent dans la République de Venise et dans les Loges Franco-italiennes du Royaume de Naples de Joachim Murat, et qu’il a subi douloureusement à la fin du siècle l’occupation autrichienne qui en interdit la pratique. Les trois frères Bédarride, dont les plus marquants, Marc et Michel, auraient été initiés dans le Rite de Misraïm en 1803, l’introduisent en France à Paris en 1814 et 1815, à l’époque où les Ordres maçonniques sont interdits en Italie. Le Rite recrute aussi bien de hautes personnalités aristocratiques, que des bonapartistes et des républicains, parfois des révolutionnaires, Carbonari, comme Pierre Joseph Briot, – membre de la société secrète républicaine des Philadelphes…, ou bien encore Charles Teste, frère cadet du baron François Teste, lieutenant de Philippe Buonarrotti, le célèbre conspirateur qui utilisa la Charbonnerie pour servir la cause de son pré communisme, et qui fut, avec Babeuf, le coauteur du Manifeste des Egaux. Or, dès 1817, le Grand Orient, qui n’apprécie guère le système des Hauts Degrés, devient un vigoureux opposant au Rite de Misraïm. Ainsi, en 1822, alors que les affaires semblent florissantes, le Grand Orient, à cette époque monarchiste et catholique, profite de l’affaire des Quatre Sergents de La Rochelle et de l’inquiétude suscitée par les Carbonari pour dénoncer aux ordres de police, l’Ordre de Misraïm comme un repaire de séditieux « antimonarchiques et antireligieux » prêts pour l’insurrection armée. L’essor de ce nouveau Rite plein de promesses est ainsi stoppé net. En tant que Rite interdit, il devient tout naturellement un espace de rencontre pour tous les opposants au régime. Mais déjà il commence à péricliter. Vers 1890, les derniers Maçons du Rite attachés à leurs principes déistes et spiritualistes, se retrouvent bientôt dans une seule Loge, la fameuse Loge Arc-en-Ciel… Le Rite de Misraïm reviendra presqu’un siècle plus tard, lorsque Robert Ambelain, ancien Grand Maître ad vitam, démissionnaire du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, le ravive en 1992, malgré ses engagements pris de ne jamais le ranimer. (cf. les correspondances Robert Ambelain / Gérard Klopp el)
LE RITE DE MEMPHIS
Le Rite de Memphis est une variante du Rite de Misraïm, constitué par Jacques-Etienne Marconis de Nègre en 1838. Pour autant, s’il reprend la mythologie égypto-alchimique du Rire, il la fortifie d’emprunts templiers et chevaleresques…les références à la légende d’Ormuz et à la Chevalerie de Palestine sont là-dessus très significatives…Robert Ambelain estime pour sa part, …mais l’information demande encore sa confirmation définitive…que ce Rite serait né de la fusion de divers rites ésotériques d’origine occitane, notamment le Rite Hermétique d’Avignon, le Rite Primitif de Narbonne, le Rite des Architectes Africains de Bordeaux, et un Rite Gnostique d’origine Egyptienne… Là où Misraïm est le Rite des Adeptes entre Ciel et Terre, des révolutionnaires insaisissables, et des comploteurs libertaires…selon ce qu’en disent les documents de police de l’époque Memphis durcit la ligne des références mythiques, et veut conquérir des hommes de force, à l’idéal chevaleresque. Le Rite connaît un succès certain, justement du côté des Loges militaires, tant et si bien qu’en 1841, les frères Bédarride le dénoncent à leur tour aux autorités, et le Rite de Memphis est contraint de se mettre en sommeil… Il faudra attendre 1848 et la destitution de Louis-Philippe pour que le Rite de Memphis reprenne une vigueur toute relative, luttant pour ne pas péricliter… Mais c’est plutôt Outre-manche, que le Rite perdure… A partir des années 1850, des Loges anglaises, travaillant en français au Rite de Memphis, se multiplient. Elles sont restées célèbres pour avoir été essentiellement composées d’ardents républicains ayant fui la France après le coup d’Etat du 2 décembre 1851. On y retrouve Louis Blanc, Alfred Talandier, Charles Longuet le gendre de Karl Marx, et Joseph Garibaldi membre d’honneur dont nous reparlerons par la suite. En 1871, l’écrasement de la Commune attire en Grande-Bretagne de nouveaux réfugiés… Ceux-ci contribuent à la vivification du Rite, mais toutes ces Loges s’éteignent en 1880, lorsque le nouveau gouvernement républicain déclare l’amnistie. Parallèlement, le Rite de Memphis semble avoir connu un important développement en Egypte à partir de 1873, sous l’impulsion du Frère Solutore Avventore Zola, nommé Grand Hièrophante… Jusqu’à l’époque du roi Farouk, il ne cesse de se développer, en tant que continuateur des anciens Mystères Egyptiens, à telle enseigne que les frères de Memphis sont unanimement appréciés et respectés. Le Rite de Memphis s’implante également aux Etats-Unis vers 1856-57, lors du voyage à New-York de Marconis de Nègre… Il connaît un certain essor, notamment sous la grande maîtrise de Seymour en 1861, et sera reconnu, un temps, par le Grand Orient de France.
LE RITE DE MEMPHIS – MISRAÏM
Survient en fin décembre 1870 un événement, apparemment anodin, mais qui aura de grandes conséquences : le 28 décembre, quatre Maçons menés par Robert Wentworth Little, qui avait crée quatre ans auparavant la S.R.I.A. (Societas Rosicruciana In Anglia)…invoquent une prétendue consécration pour établir en Angleterre, auprès de Yarker, un « Suprême Conseil Général 90ème du Rite de Misraïm », Yarker associe donc au Rite de Memphis qui lui fut transmis par Seymour en 1872, le Rite de Misraïm introduit par Little puis légitimé par la Charte de Pessina en 1881… Et pour affermir cette alliance de Memphis et de Misraïm, il place à la tête du Rite la figure emblématique du chef des Camissia Rossa, Garibaldi, premier Grand Hiérophante des deux Rites en 1881, qui, trop âgé, ne put exercer ses fonctions et mourût peu après en 1882… …La réunification de la maçonnerie de Rite Egyptien fût brève, et des dissensions successives éclatèrent quant à la succession au titre de Grand Hiérophante entre les Souverains Sanctuaires des différents pays, principalement l’Egypte… Finalement, Yarker devient le Grand Hiérophante de Memphis-Misraïm pour tous les pays d’Europe seulement, de 1903 à 1913, date de son trépas. La fusion définitive des deux Rites ne devait réellement se faire, en fait, qu’en 1989…
LE RITE DE MEMPHIS-MISRAÏM en France
Il nous faut maintenant parler d’une autre figure mystérieuse et étrange, agaçante pour certain, fascinante pour d’autre, et dont le profil rappellera Cagliostro : le célèbre Docteur Gérard Encausse, alias Papus. Celui qu’Anatole France pressentait pour une chaire de Magie, si d’aventure elle se faisait, laissa un profond sillage dans cette France entre deux siècles. On suppose que Papus fut initié par des Frères dissidents de la Loge Souveraine L’Arc en Ciel avant la fin du siècle, mais on n’en a aucune preuve… En tout cas, en 1901, John Yarker lui délivre une patente, pour ouvrir son Chapitre I.N.R.I… Une Charte la transformera en « Suprême Grande Loge de France du Rite Swedenborgien » en 1906… Ce « Temple de Perfection » ne l’autorise pas cependant à initier aux trois premiers degrés… En 1906, Papus réussit à obtenir de Villarino del Villar, Grand Maître de la Grande Loge Symbolique Espagnole du Souverain Grand Conseil Ibérique, une charte du Rito National Espanol, Rite en sept degrés dérivé du Rite Italien de Memphi-Misraïm de Pessina et contesté par la Maçonnerie régulière. Celle-ci lui permet d’ouvrir une nouvelle Loge Symbolique Humanidad et d’y travailler aux trois premiers degrés du « Rite Ecossais ».Enfin, en juin 1908, Papus constitue à Paris un Suprême Grand Conseil et Grand Orient du Rite « Ancien et Primitif de la Maçonnerie», mais ce dernier n’a cependant pas le Statut de Souverain Sanctuaire et ne peut créer de Loges. Le Rite évoqué est vraisemblablement le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm en 97 degrés créé avec l’impulsion de John Yarker lors de la fusion des Rites de Memphis et de Misraïm entre 1881 et 1889. C’est donc par les initiatives de Papus que le Rite a pu revenir en France, par l’intermédiaire de sa Loge Mère Humanidad, pour les trois premiers degrés et de son Chapitre INRI converti au Rite Ancien et Primitif des Hauts-Degrés. Jean Bricaud, successeur de Papus, prend en main les affaires de l’Ordre, en 1919, et cherche à faire gagner à son Obédience une respectabilité maçonnique qu’elle négligeait un peu pendant les années d’avant-guerre. Il enrichit les Rituels, avec malheureusement un mélange d’apports gnostiques, ouvre le Rite vers les profanes, fait disparaître l’efflorescence des innombrables sociétés occultes atomisées du début du siècle en ouvrant l’accès à son Ordre Martiniste, à l’Ordre de la Rose Croix Kabbalistique et Gnostique, et à l’Eglise Catholique Gnostique. Quand Jean Bricaud s’éteint en 1934, Constant Chevillon est choisi pour lui succéder. Hélas, la menace de l’holocauste plane bientôt sur le monde. Le Rite, alors en pleine expansion subit de plein fouet la violence de la barbarie nazie. George Delaive, qui fut l’un des Grands Maîtres du Rite en Belgique, est emprisonné et bientôt assassiné par les nazis à la prison de Brandebourg, après avoir rejoint la Résistance en France. Raoul Fructus, qui avait de hautes responsabilités dans le Rite avant la guerre, meurt en déportation en février 1945. Otto Westphal, responsable du Rite en Allemagne, est interné en camp puis torturé, Constant Chevillon, Grand Maître National du Rite après Jean Bricaud, est abattu à quelques kilomètres de Lyon au printemps 1944, par la milice de Vichy après dénonciation…
…Le Rite de Memhis-Misraïm a donc payé un lourd tribut au fléau nazi, celui de son attachement à la Liberté. Au sortir de la guerre, c’est Henri-Charles Dupont qui prend légitimement la direction du Rite de Memphis-Misraïm pour la France. H-C Dupont nomme Pierre De Beauvais Grand Maître Général de Memphis-Misraïm, mais, comme celui-ci trop autoritaire, est mal perçu, il doit vite reprendre la Grande Maîtrise Générale par la suite. Peu avant sa mort, Henri-Charles Dupont remet le 13 août 1960 à Robert Ambelain une patente de Grand Administrateur du Rite et de successeur… Ce dernier a reçu de 1941 à 1945 tous les Hauts Degrés du Rite Ecossais Ancien Accepté, du Rite Ecossais Rectifié, en plus de ceux du Rite de Memphis-Misraïm, il détient également la transmission du Suprême Conseil du Rite Ecossais Primitif (Early Grand Scottish Rite dit Cerneau) conférée au Grand Maître Jean Bricaud, en 1920, par le Suprême Conseil des Etats-Unis. Robert Ambelain, une fois devenu Grand Maître, va tenter de rassembler, dans une même Obédience mondiale, les Ordres se réclamant du Rite de Memphis-Misraïm. Il parvient à établir des relations fraternelles avec la plupart des Grandes Obédiences Françaises. Il ne réussit pas néanmoins à unifier certains groupuscules de Memphis séparés, ni les Rites de Memphis-Misraïm d’Italie issus d’une filiation différente… Sous la Grande Maîtrise de Robert Ambelain, il est décidé que le siège de la Grand Maîtrise générale sera obligatoirement Paris et que le Grand Maître devra autant que possible être francophone… En outre, en 1963, les 33 premiers degrés de Memphis-Misraïm sont revus pour les conformer au « Rite Ecossais Ancien Accepté » et faciliter ainsi les contacts avec les autres Obédiences. Dans la nuit du 31 décembre 1984 au 1er janvier 1985, Robert Ambelain transmet sa charge de Grand Maître ad-vitam du Rite à Gérard Kloppel, alors Grand Maître Général adjoint depuis 2 ans et responsable de la pyramide jusqu’au 32ème degré. Quelques mois plus tard, en juillet, il lui transmettra également les degrés du Rite Ecossais Primitif…en 1987, Gérard Kloppel fonde le premier Souverain Sanctuaire féminin, mais ce Souverain Sanctuaire prend son indépendance en 1990 ; une nouvelle fédération féminine, devenue par la suite Grande Loge sera recréée en 1993. Depuis 1997 est mise en place la structure mixte…
En conclusion…
Le Rite de Memphis-Misraïm est un Rite de Tradition, c’est-à-dire qu’il suppose que le Rituel a une opérativité réelle pour retrouver cette Parole Perdue, qui n’est d’aucun siècle mais qui les traverse tous. Résolument spiritualiste et symbolique, il estime en outre que les Arts traditionnels, Alchimie, Kabbale, Théurgie, Gnose., sont essentiels pour quiconque veut travailler à son propre perfectionnement et à celui de la Nature et de l’Humanité toute entière… En outre, le Rite de Memphis-Misraïm s’est toujours attaché à défendre ces valeurs fondamentales que sont : la Liberté, l’Egalité et la Fraternité… Le courage n’a jamais manqué à ces « Maçons de la Terre de Memphis », lorsqu’il s’est agi de protéger l’opprimé contre le puissant…il lui en a coûté, on l’a vu, beaucoup de martyrs… Mais c’est le prix de l’intransigeance morale. Ce Rite a rayonné à chaque période de bouleversements sociaux ou politiques, lorsqu’il a fallu que des âmes fortes témoignent de leur attachement à l’humanisme et à la solidarité, tandis que s’étendait partout la plus sombre obscurité. Ainsi, fidèle à ses principes et à son identité historique le Rite demeure soucieux du monde à la fois spiritualiste, traditionnel et social : il a toujours contemplé avec le même attachement et le même Amour de la Voûte étoilée et ses Frères humains, fidèle à l’éternelle parole d’Hermès Trismégiste : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». Car c’est là, à la croisée des Chemins, entre la contemplation des Cieux et l’engagement pour la Fraternité, les pieds ancrés dans la terre à la recherche de son être divin que se révèle et s’épanouit la Lumière du Rite de Memphis-Misraïm dans le cœur du maçon…
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