navigation

Le livre du TAO et de sa vertu – LAO TSEU 10 juillet, 2022

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

LAO TSEU

 Lao-Tseu_-

LE LIVRE DU TAO ET DE SA VERTU

TAO TE KING

  

texte scanné par Roger DAMAYE, reçu le 25 janvier 1997.

Son texte d’accompagnement est reproduit ci-dessous en italiques.

L’ami Roger m’a devancé… J’avais choisi la traduction de Matgoiï (Albert de Pouvourville) avec laquelle je fis connaissance de ce texte, dont il faut bien dire qu’il est intraduisible, alors que le sens littéral est sans doute respecté par les sinologues dans la mesure du possible, avec sa mise sous forme alphabétique.

Ce qui est intraduisible : la spécificité culturelle et l’emploi constant du paradoxe, méthode, que les occidentaux n’ignorent pas tous et qui oblige à réfléchir sur la réflexion, peut être pour faire saisir que la simplicité est le sceau de la Vérité ?

Sur les termes employés, nous rencontrons souvent le « Saint-Homme », que l’on pourrait sans nul doute aussi bien traduire par homme sain. L’hébreu nous offre un exmple avec le mot « Kadosch » , traduit couramment par saint et dont le sens est sain, sans défaut avec la notion de tri, mais ….laissons le lecteur à ses propres réflexions.

G. G. le 4 mai 1997

 

 

Le TAO TE KING ( Livre de la Voie et de sa vertu) est sans contredit un des textes les plus importants de l’Humanité, au même titre que La Bible, le Coran ou les Védas. Il aurait été écrit par Lao Tseu au VIème siècle avant J.C.

Il existe un bon nombre de traductions françaises du Tao Te King. Personnellement, j’en connais au moins cinq dont celle, entre autres, du Père Léon WIEGER S.J. dans son ouvrage  » Les Pères du Système Taoïste « , une autre présentée par ETIEMBLE (en collection de poche), et deux autres dont j’ai oublié les auteurs.

Celle que je vous propose ici, publiée en 1969 aux éditions DERVY, par un auteur anonyme, qui a eu la grande humilité – cela mérite d’être remarqué – de s’effacer derrière la haute personnalité de Lao Tseu.

N’ayant personnellement pas la moindre notion de la langue chinoise, je ne suis pas apte à dire si cette traduction est la plus fidèle à l’original. Mais si je l’ai choisie c’est d’abord pour rendre hommage à la discrétion du traducteur et c’est aussi parce qu’elle s’accompagne d’une importante collection de notes et de commentaires où l’on trouve d’intéressants parallèles avec les traditions occidentales.

Donc, si vous avez aimé le texte de la traduction, précipitez vous sur le livre ( espérons qu’il n’est pas épuisé) pour lire les commentaires.

 

Ayant réalisé ce travail pour mon plaisir personnel et aussi pour faire connaître ce texte important je n’entends pas en tirer un quelconque avantage pécuniaire. Si vous l’avez aimé et désirez m’en remercier, vous pouvez faire une offrande a l’Association Druk Toupten Tcheukhor Ling.

CENTRE D’ETUDES BOUDDHIQUES

Bel Avenir

56770 – PLOURAY

 

 

QUI ETAIT LAO TSEU ?

On sait fort peu de chose de LAO TSEU.

La courte biographie. que donne de 1ui Seu Ma Tsyeng dans ses mémoires historiques, parus vers 1′an 99 avant J.-C., est le document le plus ancien qui contienne sur sa vie quelques renseignements dont rien ne permet d’ai11eurs d’affirmer la parfaite authenticité..

I1 serait né en l’an 570 avant J.-C., au village de Haï dans le royaume de Tch’en. I1 était de famille noble, celle des Lao Che, Che étant le nom de sa race. Son nom patronymique était LI, son prénom EUL.

En 581 après J.-C l’Empereur Tsing ordonna de lui rendre les mêmes honneurs qu’à BOUDDHA. On lui donna le nom de YUEN HOANG TI,»Maître souverain de l’obscurité». Mais il fut surtout connu sous le nom de LAO TSEU, c’est-à-dire»le Vieux Maître»«le Vieux Docteur»où vieux est pris dans le sens de vénérable.

LAO TSEU fut archiviste de la cour des Tchéou. Voyant que leur puissance était sur son déclin, las du désordre de l’Empire, il prit la résolution de s’éloigner pour n’être pas témoin de leur chute. Nous ignorons quand et ou il mourut.»Ayant aimé l’obscurité pardessus tout, dit SE: MA TSHYENG, cet homme effaça délibérément la trace de sa vie ». Mais qu’importe la trame de son existence ! Génie original, ne relevant que de la grande et antique tradition, LAO TSEU appartient à 1a lignée des missionnés, dont la pensée et la sagesse sont sur la terre un reflet de la lumière divine, et qui ont atteint l’immortalité

Le même mystère, qui entoure sa personne et sa vie, et pour les mêmes raisons, enveloppe son œuvre condensée dans un seul livre. La plupart de ses biographes répètent, à ce sujet, à peu près dans les mêmes termes, une anecdote suivant laquelle, en quittant la Chine et sur le point de traverser la Grande Muraille, il aurait été prie, par l’officier gardien de la passe de l’Ouest, YIN HI, d’écrire pour lui un résumé de sa doctrine. C’est dans ces conditions que le TAO TE KING aurait vu le jour.

Cette anecdote fait partie de la légende rédigée par KO HONG vers l’an 530 après J.C. et incluse dans son ouvrage intitulé»Histoire des dieux et des immortels ». Est-elle mieux fondée que les autres faits relatés dans ce récit fabuleux ? Nul ne peut le dire. Quoi qu’il en soit, la tradition affirme formellement que le TAO TE KING est de la main d LAO TSEU et, d’après le savant Père WIEGER tout porte à croire que la tradition a raison.

 

LE TEXTE

 

 

TAO TE KING

retour à cosmos

 

 

1

I – 1 Une voie qui peut être tracée, n’est pas la voie éternelle: le Tao. Le

nom qui peut être prononcé,, n’est pas le nom éternel

 

I-2 – Sans nom, il est a l’origine du ciel et de la terre. Avec un nom, il est

la Mère des dix mille êtres

 

I-3 – .Ainsi, un Non-Dèsir éternel représente, son essence, et par un Désir

éternel il manifeste une limite

 

I-4 – Ces deux états coexistent inséparables, et diffèrent seulement de nom.

Pensés ensemble: mystère! le Mystère des mystères’. C’est la Porte de toutes

les essences

 

2

 

II-1 -.Tous sous le Ciel, connaissant le beau comme le beau: voici le laid!

Tous connaissant le bien comme le bien: voici le mal! C’est ainsi que l’être

et le non-être naissent l’un de l’autre, que le difficile et le facile

s’accomplissent l’un par l’autre, que mutuellement le long et le court se

délimitent, le haut et le basse règlent, le ton et le son s’accordent, l’avant

et l’après s’enchaînent.

 

II-2 – C’est pourquoi le Saint-Homme s’en tient à la pratique du Non-agir. Il

enseigne sans parler. Tous les êtres agissent, et il ne leur refuse pas son

aide. Il produit sans s’approprier, travaille sans rien attendre, accomplit

des oeuvres méritoires sans s’ attacher, et, justement parce qu’il ne s’y

attache pas, elles subsistent.

 

3

 

III-1 Il ne faut pas glorifier les hommes de valeur, pour que le peuple ne

dispute pas; ni estimer les biens difficiles à acquérir, pour qu’il ne vole

pas; ni ,étaler ce qui excite la convoitise, pour que son coeur ne soit pas

troublé,.

 

III-2 C’est pourquoi le Saint-Homme a pour règle :faire le vide dans le

coeur, emplir le ventre, affaiblir la volonté, fortifier les os, faire

constamment en sorte que le peuple soit sans savoir et sans désirs, et que

ceux qui savent n’osent pas agir.

 

III-3 – Il pratique le Non-agir et il n’est rien alors, qui ne soit bien

dirigé, certes.

 

4

IV-1 – Le Tao est vide mais il est inépuisable. Quel abîme

 

IV-2 – Il apparaît comme l’ancêtre des dix mille êtres. il émousse son

activité, dénoue ses voiles, harmonie sa splendeur, s’unit à sa poussière; Oh!

Qu’il est pur.

 

IV-3 – Il semble subsister de toute éternité. Je ne sais de qui il pourrait

être le fils; il paraît antérieur au Souverain du Ciel;

 

5

 

 

V-1 – Le Ciel et la Terre ne sont pas humains; pour eux, tous les êtres sont

comme le chien de paille. Le Saint-Homme n’a pas de prédilection; pour lui les

Cent Familles sont comme chien de paille.

 

V-2 – Entre le Ciel et la Terre, il est semblable à un soufflet de forge vide,

mais inépuisable, dont le mouvement produit un souffle croissant.

 

V-3 – Parler beaucoup épuise sans cesse; mieux vaut garder le Milieu.

 

6

 

VI-1 – L’Esprit des profondeurs est impérissable; on l’appelle la Femelle

mystérieuse.

 

VI-2 – La porte de la femelle mystérieuse est nommée la Racine du Ciel et de

la Terre. Elle dure perpétuellement, et se dépense sans s’user.

 

7

 

VII – 1 Le Ciel et la Terre durent toujours. S’ils durent toujours c’est

parce qu’ils ne vivent pas pour eux-mêmes. Voilà ce qui leur permet de durer

indéfiniment.

 

VII-2 – C’est pourquoi se mettant à la dernière place, le Saint-Homme se

trouve à la première; oubliant sa personne il la conserve. Parce qu’il ne

poursuit pas des buts égoïstes, il réalise à la perfection ce qu’il

entreprend.

 

8

 

VIII-1 – La suprême Vertu est comme l’eau. L’eau et la Vertu sont

bienfaisantes pour les dix mille êtres et ne luttent pas. Elles occupent les

places que les hommes détestent. C’est pourquoi elles sont comparables au Tao.

 

VIII-2 – Dans toute situation, la Vertu est humilité; dans le coeur elle est

profondeur insondable; dans l’assistance elle est Amour; dans la parole

sincérité. Dans le gouvernement, elle est ordre et droiture; dans l’action

elle est capacité, et elle se meut avec opportunité.

 

VIII-3 – mais elle ne lutte pas; c’est pourquoi elle est irréprochable.

 

9

 

Tao IX-1 – Conserver plein ce qui va déborder, mieux vaut y renoncer. Un

tranchant trop aiguisé ne peut rester longtemps affilé. Une salle remplie d’or

ne peut être gardée.

 

Tao IX-2 – S’enorgueillir parce que l’on est comblé de richesse et d’honneurs,

attire sur soi l’infortune. Lorsque l’oeuvre utile est accomplie et que point

la renommée, que la personne s’efface: c’est la Voie du Ciel.

 

10

 

X-1 – Maintenir le corps et l’âme sensitive dans l’unité, pour qu’ils ne

puissent se séparer; contenir la force vitale et la rendre docile, afin de

devenir comme le nouveau-né; se purifier en s’abstenant de scruter les

mystères, pour rester sain; aimer le peuple afin de pouvoir gouverner sans

agir; que les Portes du Ciel s’ouvrent ou se ferment, pouvoir être comme la

femelle; étant inondé de lumière de tous cotés, pouvoir être ignorant; donner

la vie, l’entretenir, produire sans s’approprier; agir sans rien escompter;

diriger sans asservir. Telle est la Vertu merveilleuse.

 

11

 

 

XI-1 – Trente rayons convergents, réunis au moyeu, forment une roue; mais

c’est son vide central qui permet l’utilisation du char. Les vases sont faits

d’argile, mais c’est grâce à leur vide que l’on peut s’en servir. Une maison

est percée de portes et de fenêtres, et c’est leur vide qui les rend

habitable.

 

XI-2 – Ainsi l’être produit l’utile; mais c’est le non-être qui le rend

efficace

 

12

 

XII-1 – Les cinq couleurs rendent les yeux de l’homme aveugle, les cinq sons

rendent ses oreilles sourdes, les cinq saveur rendent sa bouche inapte à

savourer. Les courses violentes et le galop des chasses déchaînent dans son

coeur de furieuses passions. Les biens difficiles à acquérir font qu’il se

heurte à de dangereux obstacles.

 

XII-2 – C’est pourquoi le Saint-Homme s’occupe de l’intérieur et non des sens.

Il rejette ceci et adopte cela;

 

13

 

XIII-1 – Faveur et disgrâce vont avec la crainte. Honneur et tribulations vont

avec la personne. Pourquoi dit-on que faveur et disgrâce vont avec la crainte?

La faveur élève, la disgrâce abaisse. Obtient-on la faveur on est dans la

crainte; la perd-on, on est encore dans la crainte. Tel est le sens de: faveur

et disgrâce vont avec la crainte.

 

XIII-2 – Pourquoi dit-on: honneurs et tribulations vont avec la personne? Le

moi est ce par quoi on a des tribulations. C’est parce que nous avons une

individualité quelles nous frappent. Si nous n’avions pas d’individualité,

quels malheurs pourraient nous atteindre?

 

XIII-3 – C’est pourquoi celui pour qui l’Empire est aussi précieux que sa

propre personne peut l’obtenir; celui qui l’aime autant que lui-même est digne

de le diriger.

 

14

 

XIV-1 – Regardant, on ne le voit pas, on le nomme l’Invisible; écoutant, on ne

l’entend pas, on le nomme l’Inaudible. Touchant, on ne le sent pas, on le

nomme l’Impalpable. Ce que sont ces trois attributs, il est impossible de le

préciser; c’est pourquoi on les confond, car il ne font qu’un.

 

XIV-2 – En haut, il n’est pas éclairé; en bas il n’est pas obscure. Il est

éternel. Il est sans non. Son origine est là où n’existe aucun être. On peut

dire qu’il est forme sans forme, figure sans figure; c’est l’Indéterminé.

Allant à sa rencontre on ne voit pas sa face; le suivant , on ne voit pas son

dos.

 

XIV-3 – C’est en observant l’antique Tao que l’on peut régler l’existence

actuelle. Pouvoir connaître le commencement du passé, c’est tenir le fil du

Tao.

 

15

 

XV-1 – Les sages parfaits de l’Antiquité étaient insaisissables, surnaturels,

mystérieux, pénétrants, si profonds qu’on ne pouvait les connaître. Comme on

ne pouvait les connaître on ne peut tenter de les dépeindre.

 

XV-2 – Ils étaient attentifs! comme celui qui traverse un cours d’eau en

hiver; prudents! comme celui qui craint ses voisins; réservés! comme celui qui

 

reçoit l’hospitalité; effacés! comme la glace fondante; vides! comme la

vallée; troubles! comme l’eau limoneuse.

 

XV-3 – Qui peut, par le calme, clarifier peu à peu ce qui est impur? Qui peut,

peu à peu, naître au calme et s’y maintenir toujours? Celui qui garde le Tao.

Il ne désir pas être plein, mais vide. C’est pourquoi il peut paraître

méprisable et dépourvu de perfection temporelle.

 

16

 

XVI – 1 – Atteindre le Vide parfait, c’est se fixer fermement dans le repos.

 

XVI – 2 – Les dix mille êtres paraissent ensemble et je les vois s’en

retourner. Ils prolifèrent vigoureusement, puis chacun revient son origine. Le

retour à l’origine, c’est le Repos. Le Repos, c’est le renouvellement de la

destinée. Renouveler la destinée, c’est la loi éternelle. Connaître la loi

éternelle, c’est être éclairé; l’ignorer est un aveuglement qui rend

malheureux.

 

XVI – 3 – Connaître la loi éternelle rend magnanime; celui qui est magnanime

est roi; roi, il est comme le Ciel; semblable au Ciel, il est uni au Tao, il

dure toujours. Que sa personne disparaisse, il n’y a plus de péril.

 

17

 

XVII – 1 – Les Grands Souverains de jadis, le peuple savait qu’ils existaient.

Ceux qui vinrent ensuite il les aima, les honora: puis il les craignit, et

enfin les méprisa. Quand la confiances est limitée, il n’y a pas de confiance.

 

XVII – 2 – Les premiers étaient graves, réservés dans leurs paroles. Les

oeuvres méritoires se multipliaient, les entreprises prospéraient. Dans les

Cents Familles, tous disaient: « C’est grâce à nous qu’il en est ainsi. »

 

18

 

XVIII – 1 – Quand le grand Tao fut délaissé, il y eut l’humanité, la justice.

Puis la Sagesse, la prudence parurent, et l’hypocrisie fut générale.

 

XVIII – 2 – Dans la famille, les membres se méconnurent; il y eut l’affection

des parents, la piété filiale.

 

XVIII – 3 – Les Etats souffrirent de la corruption, du désordre; il y eut des

fonctionnaires fidèles.

 

19

 

XIX – 1 – Renoncez à la sagesse, abandonnez la prudence, ce sera cent fois

plus profitable au peuple. Renoncez à l’humanité, rejetez la justice, et le

peuple reviendra à l’amour filial et à l’affection paternelle. Renoncez à

l’habileté, abandonnez le profit, et il n’y aura plus de voleurs ni de

bandits.

 

XIX – 2 – Ces qualités, étant des apparences, ne sauraient suffire. C’est

pourquoi il faut tâcher de se montrer simple, rester naturel, réduire

l’égoïsme, avoir peu de désirs.

 

20

 

XX – 1 – Renoncer à l’étude délivre de l’inquiétude. Entre acquiescer et

consentir la nuance est bien petite; mais combien diffèrent le bien et le mal

 

XX – 2 – Ce que les hommes redoutent, on ne peut pas ne pas le craindre, mais

pas au point d’en être troublé, anéanti.

 

 

XX – 3 – Tous les hommes sont pleins d’ardeur, exaltés comme pour un festin,

semblables à ceux qui font une ascension au printemps. Mois seul suis calme,

sans réactions, comme le nouveau-né qui n’a pas encore souri, errant sans

dessein, sans but!

 

XX -4 – Les autres hommes ont tous du superflu; moi seul suis un déshérité,

mon coeur est celui d’un simple d’esprit, trouble! confus! L’homme de la foule

est éclairé; moi seul suis plongé dans la pénombre. L’homme de la foule est

précis, perspicace; seul je suis replié sur moi-même, mouvant comme la mer,

flottant sans arrêt. La multitude des hommes se rend utile; moi seul suis

inapte, semblable un paria.

 

XX – 5 – Moi seul diffère des autres hommes parce que je vénère la Mère

nourricière.

 

21

 

XXI – 1 – Ce qui contient la Grande Vertu procède du Tao. Quelle est la nature

du Tao: il est confus, indiscernable. Oh! Qu’il est confus, qu’il est

indiscernable En lui il y a des formes indistinctes, indéterminées. En lui, il

y a des êtres. Quel abîme! quelle obscurité! en lui il y a une essence

spirituelle: son essence, absolue vérité! En lui est son propre témoignage.

Depuis l’antiquité jusqu’à présent, son nom n’a point passé. De lui sortent

les propriétés de tout ce qui est.

 

XXI – 2 – Comment sais – je que telle est l’origine de tout ce qui est, Par

cela.

 

22

 

XXII – 1 – L’incomplet sera complété, le courbe redressé, le creux rempli,

l’usé renouvelé, l’insuffisant augmenté, l’excès dissipé.

 

XXII – 2 – C’est pourquoi le Saint-Homme, embrassant l’Unité est le modèle du

Monde. Parce qu’il e se met pas en évidence, il brille; parce qu’il n’est pas

personnel, il s’impose; parce qu’il ne se vante pas , il a du mérite; parce

qu’il n’est pas orgueilleux, il ne cesse de croître; parce qu’il ne lutte pas,

personne au monde ne peut s’opposer à lui.

XXII – 3 – Cette sentence des anciens: ce qui est incomplet sera complété,

est-elle une parole vaine?

 

XXII – 4 – Tout retourne à la parfaite intégrité.

 

23

 

XXIII -1 – Parler peu pour rester soi.

 

XXIII – 2 – Un ouragan ne dure pas toute une matinée, ni une pluie

torrentielle tout un jour. Or, qui fait cela, le ciel et la terre. Si le Ciel

et la Terre ne peuvent faire durer ce qui est excessif, comment l’homme le

pourrait-il?

XXIII – 3 – C’est pourquoi celui qui en toutes choses suit le Tao, règle ses

principes sur le Tao, identifie sa volonté et ses actions avec la volonté et

l’action du Tao, conforme également ses non-interventions au Non-agir du Tao.

E parce qu’il aspire à l’Union Suprême, le Tao l’accueille avec joie. Aussi sa

conduite, ses projets, ses oeuvres ou ses abstentions ont-ils d’heureux

résultats.

 

XXIII – 3 – Quand la foi n’est pas totale, ce n’est pas la vraie foi.

 

24

 

 

XXIV – 1 – Celui qui se dresse sur la pointe des pieds ne peut se tenir

debout. Celui qui étend les jambes ne peut marcher. Celui qui se met en vue

reste obscur; celui qui est satisfait de lui n’est pas estimé; celui qui se

glorifie est sans mérite; celui qui est orgueilleux cesse de croître. Par

rapport au Tao, ces façons d’agir sont comme des vomissures et des tumeurs qui

répugnent aux êtres.

 

XXIV – 2 – C’est pourquoi celui qui a le Tao ne suit pas cette voie.

 

25

 

XXV -.1 – Il est un être indéterminé dans sa perfection, qui était avant le

ciel et la terre, impassible, immatériel! Il subsiste, unique, immuable,

omniprésent, impérissable. On peut le considérer comme étant la Mère de

l’Univers. Ne connaissant pas son nom, je le désigne par le mot Tao.

 

XXV – 2 – En s’efforçant de le qualifier, on pourrait dire qu’il est grand,

qu’étant grand il fuit, que fuyant il s’éloigne, qu’éloigné il revient.

 

XXV – 3 – Ainsi le Tao est grand, le ciel est grand, la terre est grande, le

roi aussi est grand. Dans le monde il y a quatre grandes choses, et le roi

n’en est-il pas une?

 

XXV – 4 – L’homme se règle sur la terre, la terre se règle sur le ciel, le

ciel se règle sur le Tao. Le Tao n’a d’autre loi que lui-même.

 

26

 

XXVI – 1 – Le lourd est la racine du léger; le repos est le maître du

mouvement. C’est pourquoi le prince sage va de l’aube au soir, sans se

départir d’une sereine gravité. Bien qu’il possède gloire et honneur, il

s’applique à s’en détacher.

 

XXVI – 2 – Pourquoi, hélas! les maîtres aux dix mille chars attachent-ils plus

d’importance à leur personne qu’à l’Empire? Insouciants, ils perdent leurs

conseillers; violents, ils perdent leur trône.

 

27

 

XXVII – 1 – Qui marche bien ne laisse pas de traces; qui parle bien ne commet

pas de fautes; qui calcule bien n’a pas besoin de boulier; qui sait bien

garder ferme sans verrou, et personne ne peut ouvrir; qui sait bien lier ne se

sert pas de liens, et personne ne peut délier.

 

XXVII – 2 – C’est pourquoi le Saint-Homme excelle constamment à secourir les

hommes, et ne repousse personne. Il aide tous les êtres et n’en délaisse

aucun.. En quoi il est doublement éclairé.

 

XXVII – 3 – Aussi l’homme vraiment vertueux est un maître pour celui qui n’est

pas vertueux; par contre le vulgaire est utile au Sage. Ne pas vénérer son

maître, ne pas aimer celui qui nous rend service, serait-on réputé, sage, est

un grand égarement.

 

XXVII – 4 – Voila une vérité essentielle et profonde.

 

28

 

XXVIII – 1 – Celui qui connaît sa force et garde sa douceur est la vallée de

l’Empire. Etant la vallée de l’empire, la vertu éternelle ne l’abandonne pas;

il redevient comme un petit enfant.

 

XXVIII – 2 – Celui qui connaît sa lumière et garde son obscurité est le modèle

de l’Empire. Etant le modèle de l’Empire, la Vertu éternelle ne vacille pas en

lui; il revient à l’Illimité.

 

XXVIII – 3 – Celui qui connaît sa gloire et reste dans son opprobre devient la

vallée du Monde. Etant la Vallée du Monde la Vertu éternelle le comble et il

revient à la Simplicité originelle. C’est cette simplicité qui, en se

divisant, a formé toutes choses.

 

XXVIII – 4 – Le Saint-Homme ne fait rien sans elle. Modèle des Maîtres, il

dirige avec noblesse et ne lèse personne.

 

29

 

XXIX – 1 – Celui qui voudrait obtenir l’Empire pour le façonner, je vois qu’il

n’y réussirait pas. L’Empire étant une réalité spirituelle , on ne peut le

modeler. Ceux qui veulent le façonner le ruinent; ceux qui veulent le saisir

le perdent.

 

XXIX – 2 – En effet, parmi les êtres, les un vont de l’avant, d’autres

suivent; certains aspirent, d’autres soufflent; certains sont vigoureux

d’autres débiles; les uns détruisent, les autres consolident.

 

XXIX – 3 – C’est pourquoi le Saint-Homme proscrit seulement les excès dans la

jouissance, l’ambition et le luxe.

 

30

 

XXX – 1 – Celui qui seconde le Souverain en suivant le Tao ne se sert pas des

armes pour subjuguer l’Empire, car quoi qu’on fasse aux hommes, ils aiment à

rendre la pareille. Là où campent les armées, poussent les ajoncs et les

 

ronces; après les grandes guerres viennent les années de disette.

 

XXX – 2 – C’est pourquoi celui qui est vertueux atteint son but sans se

permettre de rien prendre par la force. Il réussit sans faire souffrir, sans

détruire, sans s’enorgueillir, sans exploiter son succès, puis s’arrête. Il a

vaincu sans violence.

 

XXX;- 3 – Quand les êtres usent de la force ils vieillissent, car cela est

opposé au Tao, et ce qui est opposé au Tao, périt prématurément.

 

31

 

XXXI – 1 – Les armes les plus belles sont des engins de malheur; tous les

êtres les ont en horreur. Celui qui a le Tao ne s’y complaît pas

 

XXXI – 2 – En temps de paix, la place d’honneur est à la gauche du prince

sage; en temps de guerre, elle est à sa droite

 

XXXI – 3 – Les armes sont des engins de malheur, ce ne sont pas les

instruments du prince sage. Il ne peut en être dépourvu en vue d’une nécessité

éventuelle; mais il place bien au dessus le calme et la Paix.

 

XXXI – 4 – Une victoire n’est pas un bien; celui qui la considérerait comme un

bien prendrait plaisir à tuer les hommes. Or, celui qui prend plaisir à tuer

les hommes ne peut réussir à bien diriger l’Empire.

 

XXXI – 5 – Dans les événements heureux, la première place est à gauche, dans

les événements malheureux elle est à droite. La place du général en second est

à la gauche du prince, celle du général en chef est toujours à sa droite,

c’est à dire à la première place selon les rites funèbres, car celui qui fait

tuer beaucoup d’hommes doit les pleurer.

 

XXXI – 6 – Le général vainqueur se trouve ainsi placé comme s’il conduisait le

deuil de ceux dont l a causé la mort

 

32

 

XXXII – 1 – Le Tao est éternel, il n’a pas de nom. Bien que petit par sa

simplicité, l’Univers n’a aucun pouvoir sur lui.

 

XXXII – 2 – Si les souverains pouvaient s’attacher à lui, les dix mille êtres

viendraient spontanément se confier à eux; le Ciel et la terre s’uniraient

pour faire descendre une douce rosée, et, sans contrainte, les peuples se

pacifieraient d’eux-mêmes.

 

XXXII – 3 – A l’origine de la distinction, il y eut le nom; avec le nom

l’existence fut. Dès lors de même il y eut le savoir et la limite; avec le

savoir et la limite, le moyen de ne pas périr.

 

XXXII – 4 – Tout ce qui existe dans l’Univers est, par rapport au Tao, ce que

sont les ruisseaux des vallées par rapport aux fleuves et aux mers.

 

33

 

XXXIII – 1 – Celui qui connaît les hommes est averti; celui qui se connaît

lui-même est réellement éclairé.

 

XXXIII – 2 – Celui qui vainc les hommes est fort; celui qui se vainc lui-même

est réellement puissant.

 

XXXIII – 3 – Celui qui sait se suffire est riche.

 

XXXIII – 4 – Celui qui suit sa voie a de la volonté.

 

 

XXXIII – 5 – Celui qui reste à sa place dure longtemps.

 

XXXIII – 6 – Celui qui meurt sans cesser d’être a acquis l’immortalité.

 

34

 

XXXIV – 1 – Le grand Tao est partout; sa puissance s’étend en tous sens.

 

XXXIV – 2 – Les dix mille êtres comptent sur lui pour naître et vivre, et il

ne les déçoit pas. Son oeuvre étant accomplie, il ne se l’attribue pas. Il

nourrit les dix mille êtres avec amour, sans les traiter en maître.

 

XXXIV – 3 – Etant éternellement sans désir, on pourrait l’appeler petit; mais

les dix mille êtres dépendent de lui; bien qu’il ne les traite pas en maître,

on peut l’appeler grand.

 

XXXIV – 4 – Voila pourquoi le Saint-Homme, jusqu’à la fin ne se considère pas

comme grand; ainsi, il peut accomplir sa grandeur.

 

35

 

XXXV – 1 – Attachez-vous à la Grande Idée, et le monde avancera. Il avancera

sans peine, dans la paix, la sérénité et l’abondance.

 

XXXV – 2 – La musique et la bonne chère attirent le voyageur de passage et il

s’arrête. Mais ce qui vient du Tao ne flatte pas le palais, car il est sans

saveur. On le regarde, mais cela ne suffit pas pour le voir; on l’écoute, mais

cela ne suffi pas pour l’entendre.

 

XXXV – 3 – Si l’on a recours à lui, on ne peut l’épuiser.

 

36

 

XXXVI – 1 – Ce que l’on veut contracter s’était nécessairement déployé. Ce que

l’on veut affaiblir s’était nécessairement fortifié. Ce que l’on veut appauvrir

avait nécessairement prospéré. Ce que l’on veut ravir avait nécessairement été

acquis Cela s’appelle une lumière cachée.

 

XXXVI – 2 – La douceur triomphe de la dureté, la faiblesse triomphe de la

force.

 

XXXVI – 3 – Il ne faut pas que le poisson sorte des profondeurs aquatiques.

Les sources de profit du royaume ne doivent pas être révélées aux hommes.

 

37

 

XXXVII – 1 – Le Tao est éternellement sans agir; cependant tout est fait par

lui.

 

XXXVII – 2 – Si les rois et les princes pouvaient le suivre, les dix mille

êtres se transformeraient d’eux-mêmes. Transformés, s’ils voulaient agir, je

les maintiendrais dans la rectitude grâce à la Simplicité sans nom. La

simplicité sans nom les rendrait aussi sans désirs; sans désirs, ils seraient

en paix, et l’Univers se rectifierait de lui-même.

 

38

 

XXXVIII – 1 – La suprême Vertu est sans vertu; c’est pourquoi elle est la

Vertu. La vertu inférieure est attachée aux vertus, c’est pouquoi elle n’est

pas la vertu.

 

XXXVIII – 2 – La supême Vertu n’agit pas, et n’a pas de raison d’agir. La

vertu inférieure agit par elle-même; elle a des motifs pour agir. L’humanité

supérieure agit par elle-même sans mobiles. L’équité supérieure agit par

elle-même avec des raisons pour agir La civilité supérieure agit par

elle-même; et lorsqu’elle n’obtient pas la réciprocité, elle s’efforce de

s’imposer par la contrainte, mais elle est rejetée.

 

XXXVIII – 3 – C’est pourquoi lorsque le Tao fut délaissé, il y eut la vertu;

la vertu perdue, il y eut l’humanité; après la perte de l’humanité, il y eut

l’équité; après la perte de l’équité, il y eut la civilité. Or la civilité

n’étant que l’apparence de la droiture et de la sincérité, elle est cause de

désordre.

 

XXXVIII – 4 – Le savoir n’est qu’ornement du Tao et commencement de l’erreur.

C’est pourquoi le Sage s’attache au réel et rejette les apparences; il

s’intéresse au fruit plutôt qu’a la fleur; il laisse ceci et saisit cela.

 

39

 

XXXIX – 1 – Voici ce qui, depuis les origines, possède l’Unité:

 

XXXIX – 2 – Le ciel possède l’Unité par sa pureté, la terre par son repos, les

esprits par leur transcendance, les vallées parce qu’elles peuvent se remplir,

les dix mille être par leur puissance générative, les princes et les rois par

l’exercice du pouvoir. C’est par cela qu’ils possèdent l’Unité.

 

XXXIX – 3 – Si le ciel cessait d’être pur, il est probable qu’il se

dissoudrait; si la terre n’était plus en repos il est probable qu’elle se

désagrégerait; si les esprits perdaient leur transcendance, ils

s’anéantiraient; si les vallées ne se remplissaient elles deviendraient

stériles; si les dix mille être ne se reproduisaient plus ils disparaîtraient.

 

XXXIX – 4 – C’est pourquoi ce qui est précieux a pour origine ce qui a peu de

valeur, et ce qui est élevé est fondé sur ce qui est bas.

 

XXXIX – 5 – C’est pour cette raison que les pinces et les rois s’appellent

eux-mêmes orphelins, hommes de peu de valeur, sans mérite. Ne montrent-ils pas

par là que leur souche est vulgaire, et n’ont-ils pas raison?

 

XXXIX – 6 – C’est pourquoi un char en pièces séparées n’est plus un char.

 

XXXIX – 7 – Il ne faut pas désirer être surestimé comme le jade, ni foulé au

pied comme un caillou.

 

40

 

XXXX – 1 – Le retour est le mouvement du Tao; la faiblesse est le moyen dont

il se sert.

 

XXXX – 2 – Toutes choses sous le ciel naissent dans l’Etre; l’Etre naît dans

le Non-Etre.

 

41

 

XXXXI – 1 – Quand un lettré d’une grande élévation entend parler du Tao, il

s’applique à le suivre avec zèle. Quand un lettré moyen entend parler du Tao,

tantôt il le suit, tantôt il le délaisse. Quand un lettré inférieur entend

parler du Tao, il le tourne en dérision; même s’il n’en rit pas cela ne

signifie pas qu’il le suive.

 

XXXXI – 2 – C’est pourquoi il est une tradition qui dit: pour le Tao, le

lumineux est comme obscure; avancer comme reculer; étranger est comme

familier. Pour la suprême vertu, élévation est comme abaissement, candeur

comme honte, générosité comme parcimonie, vertu bien établie comme perversité,

probité comme malhonnêteté, véracité simple comme duplicité.

 

XXXXI – 3 – Grand carré sans angle, grand vase inachevé, grande mélodie

silencieuse, grande image sans contours: le Tao est caché et n’a pas de nom,

cependant sa vertu soutient et accomplit tout.

 

42

 

XXXXII – 1 – Le Tao a produit Un, Un a produit deux, deux a produit trois,

trois a produit les dix mille êtres.

 

XXXXII – 2 – Les dix mille êtres fuient le repos et l’obscurité; ils vont vers

le mouvement et l’éclat; un souffle immatériel forme l’Harmonie.

 

XXXXII – 3 – Ce que les hommes détestent, c’est d’être seuls, délaissés,

incapables; cependant c’est ainsi que les princes et les rois se qualifient

eux-mêmes.

 

XXXXII – 4 – C’est pourquoi, parmi les êtres, les uns se diminuent en

s’augmentant et les autres s’augmentent en diminuant.

 

XXXXII – 5 – Ce que j’enseigne est la Doctrine traditionnelle: poutre

faîtière que la mort n’atteint pas. Je m’applique à agi selon les ères de la

Tradition.

 

43

 

XXXXIII – 1 – Ici-bas, ce qui est le plus malléable l’emporte sur ce qui est

dur.

 

XXXXIII – 2 – Le Non-Etre pénètre l’impénétrable; c’est par cela que je

connais la suprême efficacité du Non-agir.

 

XXXXIII – 3 – La maîtrise par le silence, la vertu surabondante par le

Non-agir; rare; dans le monde, sont ceux qui les atteignent.

 

44

 

XXXXIV – 1 – Du renom ou de la personne, à quoi tient-on le plus: De la

personne ou des richesse qu’est-ce qui importe le plus. Du gain ou del a

perte, lequel est affligeant;

 

XXXXIV – 2 – De fortes affections exigent de grands sacrifices;

l’accumulation des biens entraîne de lourdes pertes.

 

XXXXIV – 3 – Savoir se suffire exempte de revers; savoir s’arrêter

préserve du danger, et permet de durer longtemps.

 

45

 

XXXXV – 1 – La perfection accomplie semble incomplête, mais elle sert sans

s’user.

La grande plénitude paraît vide, mais elle donne sans s’épuiser.

La grande droiture semble courbe, la grande habileté paraît maladroite, la

grande éloquence

semble bégayer.

 

XXXXV – 2 – La vivacité triomphe du froid, le calme triomphe de l’ardeur.

 

Sous l’influence du calme pur, le monde se rectifie.

 

46

 

XXXXVI – 1 – Quand le monde a le Tao, on renvoie les chevaux aux champs.

Quand le monde n’a plus le Tao, les chevaux de combat se multiplient dans les

faubourgs.

 

XXXXVI – 2 Il – n’est pas de plus grande erreur que vouloir satisfaire

ses désirs ; il n’est pas de plus grande misère que de ne pas savoir se

suffire

Il n’est pas de pire calamité que le désir de posséder.

 

TAO XXXXVI – 3 – C’est pourquoi celui qui sait se contenter de peu est

toujours satisfait

 

47

 

XXXXVII – 1 – Sans franchir sa porte, on connaît l’Univers ; sans regarder par

sa fenêtre, on voit le Tao duCiel.

 

XXXXVII – 2 – Plus on sort et s’éloigne de soi, moins on acquiert la

connaissance de soi.

 

XXXXVII – 3 – C’est pourquoi le Saint-homme arrive sans se mouvoir, nomme

sans regarder, et accomplit sans agir.

 

 

48

 

XXXXVIII – 1 – En s’adonnant à l’étude, on augmente chaque jour; en se

consacrant au TAO, on diminue chaque jour; on ne cesse de diminuer,

jusqu’à ce qu’on atteigne le non-agir. Par le non-agir il n’est rien que l’on

ne puisse faire, certes !

 

XXXXVIII – 2 – Pour recevoir l’Empire, l’unique moyen est de ne rien faire

pour cela. Tant que l’on agit pour y parvenir, on ne peut gagner l’Empire.

 

49

 

XXXXIX – 1 – Le Saint-Homme n’a pas un coeur immuable, parce qu’il est le

coeur des coeurs des Cent familles.

 

XXXXIX – 2 – Je suis bon pour qui est bon et je suis bon avec qui ne l’est

pas.

C’est la bonté de la Vertu, certes! Je suis sincère avec celui qui est sincère

et sincère avec celui qui ne l’est pas.C’est la véracité de la Vertu, certes

!

 

XXXXIX – 3 – Le Saint-Homme vivant dans le monde est craintif 1 craintif !

parce que son coeur est celui du monde entier : dans les Cent familles tous

le regardent et l’écoutent

Tous sont ses enfants.

 

50

 

L – 1 – Sortir dans la vie, c’est entrer dans la mort.

 

L – 2 – Trois sur dix sont les compagnons de la vie; trois sur dix sont les

compagnons de la mort;

trois sur dix enfin, dans la vie de l’homme, mettent en mouvement la terre de

la mort.

Pourquoi cela ? Parce qu’ils vivent leur existence avec trop d’intensité.

 

L – 3 – En effet, j’ai appris que celui qui excelle harmoniser sa vie peut

cheminer sans se garer

du rhinocéros ou du tigre, entrer dans la bataille sans cuirasse et sans

armes, car rien, en lui, n’est vulnérable à la corne, à la griffe ou au

glaive. Pourquoi cela ? Parce qu’il n’appartient plus à la terre de la mort.

 

51

 

LI – 1 – Le Tao donne la vie aux êtres, sa Vertu les nourrit. Ainsi, les êtres

revêtent un corps, et, par une impulsion naturelle, rendent parfait leur

développement.

 

LI – 2 – C’est pourquoi, parmi les dix mille êtres, il n’en est aucun qui ne

révère le TAo et n’honore sa Vertu. Cette vénération pour le Tao, ce respect

pour la Vertu ne sont pas ordonnés, mais toujours spontanés. Car le Tao

produit, nourrit, fait croître, protège, parfait, mûrit, entretient, soutient

tous les êtres.

 

LI – 3 – Il les fait naître sans se les approprier; ils agissent, et. il

n’attend rien d’eux; ils croissent,

et il les laisse libres.

 

LI – 4 – C’est ce qu’on appelle la Vertu mystérieuse,

 

52

 

 

LII – 1 – L’Univers a commencé, grâce à la Mère de l’Univers. Si l’on

obtient la

Mère, on a le moyen de connaître ses enfants. Lorsque l’on connaît les

enfants, et que l’on reste uni à la Mère, la mort est sans péril.

 

LII – 2 – Qui clôt sa bouche et ferme ses portes, ne sera point ébranlé

jusqu’à la fin

de ses jours. Qui ouvre sa bouche, et se passionne pour ses affaires arrive

au terme de sa vie sans être délivré.

 

LII – 3 – Qui perçoit ce qui est infime est éclairé. Qui garde sa faiblesse

est fort.

Qui use de sa simplicité, rentre dans sa lumière, et n’attire pas sur sa

personne de fatales épreuves.

 

LII – 4 – Cela s’appelle hériter de l’éternel.

 

53

 

LIII – 1 – Si l’on me confiait une fonction gouvernementale, voici ce

que j’enseignerais : « Marchez vers le Grand Tao; craignez seulement de vous

mettre en vue ». La Grande Voie est toute simple, mais le peuple préfère les

sentiers.

 

LIII – 2 – Quand les palais sont trop bien entretenus, les terres sont

incultes, les greniers vides. Porter des habits somptueux, des épées

tranchantes, se gaver de nourriture et de boissons, accumuler des riehesses,

c’est glorifier le vol. Ce n’est pas le Tao, certes !

 

54

 

LIV – 1 – Celui qui fonde sur le Bien ne craint pas la destruction. Celui qui

s’attache fermement au Bien ne sera pas dépouillé, ses fils et ses petits-fils

lui feront des offrandes perpétuellement.

 

LIV – 2 – Cultivée dans sa personne, sa vertu sera spontanée; cultivée

dans sa famille, sa vertu augmentera; cultivée dans sa province, elle

s’étendra; cultivée dans son royaume, elle sera florissante; cultivée dans

l’Empire, elle deviendra universelle.

 

LIV – 3 – C’est ainsi que, par l’individu, on connaît les individus, par la

famille on connaît les familles, par la province on connaît les provinces,

par le royaume on connaît les royaumes, par l’Empire on connaît l’Univers.

 

LIV – 4 – Comment sais-je qu’il en est ainsi de l’Univers? Grâce à cela.

 

LIV – 1 – Celui qui fonde sur le Bien ne craint pas la destruction. Celui qui

s’attache fermement au Bien ne sera pas dépouillé, ses fils et ses petits-fils

lui feront des offrandes perpétuellement.

 

LIV – 2 – Cultivée dans sa personne, sa vertu sera spontanée; cultivée

dans sa famille, sa vertu augmentera; cultivée dans sa province, elle

s’étendra; cultivée dans son royaume, elle sera florissante; cultivée dans

l’Empire, elle deviendra universelle.

 

LIV – 3 – C’est ainsi que, par l’individu, on connaît les individus, par la

famille on connaît les familles, par la province on connaît les provinces,

par le royaume on connaît les royaumes, par l’Empire on connaît l’Univers.

 

LIV – 4 – Comment sais-je qu’il en est ainsi de l’Univers? Grâce à cela.

 

55

 

 

LV – 1 – Celui qui recèle en lui la grandeur de la Vertu ressemble au

nouveau-né que les bêtes venimeuses ne piquent pas, que les fauves ne

déchirent pas, que les oiseaux de proie n’enlèvent pas.

 

LV – 2 – Ses os sont faibles, ses tendons mous; cependant il saisit avec

force. Bien qu’il ignore l’union des sexes, il manifeste un orgasme viril,

tant est parfaite l’âme vitale. Il crie tout le jour sans être enroué, tant

est parfaite l’harmonie.

 

LV – 3 – Connaître l’Harmonie, c’est connaître l’éternel; connaître l’éternel,

c’est être illuminé.

 

LV – 4 – Vivre intensément ne rend pas heureux. L’action du coeur sur l’âme

vitale rend fort; mais les êtres forts vieillissent. C’est l’opposé du Tao, et

ce qui est opposé au Tao dépérit.

 

56

 

LVI – 1 – Celui qui sait ne parle pas; celui qui parle ne sait pas.

 

LVI – 2 – Clore sa bouche, fermer ses portes, tempérer son ardeur, se dégager

de ses liens, harmoniser sa lumière, s’assimiler à son milieu, cela s’appelle

la mystérieuse union.

 

LVI – 3 – On ne peut l’obtenir et avoir des affections; on ne peut l’obtenir

et faire

 

des différences; on ne peut l’obtenir et réaliser des profits; on ne peut

l’obtenir et léser autrui; on ne peut l’obtenir et apprécier ceci, déprécier

cela.

 

LVI – 4 – C’est pourquoi elle est ce qu’il y a de plus précieux au monde.

 

57

 

LVII – 1 – Avec la droiture on gouverne un royaume; avec du génie on fait la

guerre; mais l’Empire, on le gagne grâce au Non-agir. Comment sais-je qu’il en

est ainsi pour l’Empire ? Par cela : plus il y a de règlements et de

prohibitions dans l’Empire, plus le peuple s’appauvrit; plus le peuple a de

moyens de s’enrichir, plus la vie familiale se trouble dans la nation ; plus

le peuple est habile et ingénieux, plus on voit surgir des inventions inutiles;

plus le flot des règlements et des lois monte, plus il y a de malfaiteurs et

de bandits.

 

LVII – 2 – C’est pourquoi le Saint-Homme dit: « Je pratique le Non-agir et le

peuple se transforme de lui-même, j’observe le calme pur et le peuple se

rectifie delui-même, je n’agis pas pour le lucre et le peuple s’enrichit de

lui-même, jesuis sans désirs et le peuple revient à la simplicité primitive.

 

58

 

LVIII – 1 – Lorsque le gouvernement est simple et indulgent, le peuple est

riche et

généreux; lorsque le gouvernement est formaliste et tracassier, le peuple est

besogneux et mesquin.

 

LVIII – 2 – Le bonheur repose sur le malheur; le malheur couve sous le

bonheur. Qui connaît leur apogée respective ?

 

LVIII – 3 – Si le gouvernement est sans droiture, la droiture devient erreur,

et le bien devient pervertit,. Les hommes sont égarés et cela dure depuis

longtemps.

 

 

LVIII – 4 – C’est pourquoi le Saint-Homme prescrit sans blesser, exhorte sans

vexer, rectifie sans contraindre, éclaire sans ,éblouir.

59

 

LIX – 1 – Pour gouverner les hommes en serrant le Ciel, rien ne vaut la

modération.

 

LIX – 2 – La modération doit être le premier soin de l’homme; quand elle est

devenue son premier soin, on peut dire que la Vertu augmente sans cesse en

lui. Par cet accroissement continu de la Vertu, il n’est rien dont il ne

soit capable. Lorsqu’il n’y a rien dont il ne soit capable, on ne peut

connaître ses limites. Lorsqu’il est impossible de connaître ses

limites, il peut posséder le royaume.

 

LIX – 3 – Qui posséde la Mère du royaume dure sans fin. C’est la racine

profonde, le tronc inébranlable, la voie de la vie amplifiée et de la

connaissance durable.

 

60

 

LX – 1 – On gouverne un grand Etat comme on fait frire un petit poisson. Si

l’Empire est gouverné selon le Tao, ses entités invisibles ne montrent pas

leurs force. Non pas que ces entités soient impuissantes mais elles ne

nuisent pas aux hommes. Non pas qu’elles ne puissent nuire aux hommes, mais

parce que le Saint-Homme, lui non plus, ne nuit pas aux hommes. Ni le

Saint-Homme, ni ces entités ne les blessent, ni ne se blessent

réciproquement.

 

LX – 2 – N’est-ce pas parce que la Vertu les unit dans un accord mutuel ?

 

61

 

LXI – 1 – Un grand pays doit être le lieu bas vers quoi tout s’écoule, un

centre d’union pour l’Univers, la femelle du Monde.

LXI – 2 – La femelle triomphe toujours du mâle par sa passivité. Passive, elle

agit en s’abaissant.

LXI – 3 – C’est pourquoi un grand pays qui se penche vers un plus petit

l’attire à lui; de même le petit pays, en s’inclinant devant le grand, gagne

sa protection. Ainsi l’un accueille en s’abaissant, l’autre est accueilli en

s’inclinant.

 

LXI – 4 – Un grand pays n’a pas de plus grand désir que de rassembler et faire

vivre les peuples; une petite nation n’a pas de plus grand d,sir que de

s’allier aux autres pour servir les hommes.

 

LXI – 5 – Or, pour qu’ils obtiennent ce qu’ils souhaitent, il faut que le

grand pays s’abaisse.

 

62

 

LXII – 1 – Le Tao est l’asile mystérieux des dix mille êtres, le trésor de

l’homme de bien, le salut du pervers.

 

LXII – 2 – On peut rechercher les bonnes paroles, admirer les actes généreux

qui ennoblissent l’homme mais pourquoi rejetterait-on ce qui vient du méchant

?

 

LXII – 3 – C’est ainsi que fut établi un empereur pour gouverner avec trois

ministres. Bien qu’il ait les bijoux de jade pour le salut rituel avec les

deux mains, et des quadriges de chevaux pour les cortèges solennels, cela ne

vaut pas progresser dans le Tao en restant assis.

 

 

LXII – 4 – Qu’est-ce qui motivait la haute estime des Anciens pour le Tao?

C’est qu’aussitôt qu’on le cherche on le trouve en soi-même, et qu’il délivre

du mal. C’est pourquoi il est ce qu’il y a de plus précieux au monde.

 

63

 

LXIII – 1 – Pratiquer le Non-agir, c’est oeuvrer dans l’inaction, goûter ce

qui est sans saveur, grandir le petit, augmenter le peu, répondre aux offenses

par la Vertu, ,laborer le difficile dans le facile, faire de grandes choses

avec ce qui est ténu.

 

LXIII – 2 – Dans l’Univers, les oeuvres difficiles doivent se faire par le

facile, les grandes choses doivent s’accomplir par l’imperceptible.

 

LXXX – 3 – Aussi, le Saint-Homme, jusqu’à la fin, n’entreprend rien de grand;

c’est pourquoi il peut accomplir sa grandeur.

 

LXIII – 4 – Qui promet à la légère mérite certainement peu de confiance; qui

trouve tout facile éprouve nécessairement beaucoup de difficultés.

 

LXIII – 5 – Pour le Saint-Homme, tout est également difficile, c’est pourquoi

il achève tout sans difficulté.

 

64

 

LXIV – 1 – Ce qui est en repos est facile à maintenir ce qui n’est pas

esquissé est facile à projeter ce qui est frêle est facile à briser, ce qui

est menu est facile à disperser.

 

LXIV – 2 – Empêchez le mal avant qu’il ne soit, mettez de l’ordre avant que

n’éclate le désordre.

 

LXIV – 3 – Un arbre énorme est né d’une racine aussi fine qu’un cheveu; une

tour de neuf étages s’est édifiée sur un tas de terre; un voyage de mille

lieues a commencé par un pas.

 

LXIV – 4 – Celui qui agit échoue, celui qui prend perd.

 

LXIV – 5 – C’est pourquoi le Saint-Homme n’agit pas et il n’échoue pas. Il ne

prend pas et il ne perd rien

 

LXIV – 6 Lorsque le vulgaire entreprend une affaire. il échoue, d’ordinaire,

lorsqu’il est sur le point de réussir. Soyez attentifs à la fin comme vous

l’êtes au commencement.

 

LXIV – 7 – Voilà pourquoi le Saint-Homme n’a d’autre désir que d’être sans

désirs. Il fait son étude de ne pas étudier. Il remédie aux excès des hommes

en aidant les dix mille êtres à être eux-mêmes, mais sans se permettre d’agir.

 

65

 

LXV – 1 – Dans l’Antiquité, ceux qui pratiquaient le Tao ne s’en servaient pas

pour ,clairer le peuple, mais pour le rendre simple de coeur. Le peuple est

difficile à gouverner lorsqu’il sait trop.

 

LXV – 2 – C’est pourquoi gouverner un Etat avec la sagesse humaine cause sa

ruine; le gouverner sans recourir à la sagesse humaine, c’est faire son

bonheur.

 

LXV – 3 – Celui qui connaît ces deux choses connaît aussi le Modèle des

modèles. La connaissance éternelle du Modèle des modèles s’appelle Vertu

mystérieuse. La Vertu mystérieuse est profonde, illimitée, certes ! Aider

les êtres à y retourner, c’est coopérer a la Grande harmonie.

 

 

66

 

LXVI – 1 – Ce qui fait que les fleuves et les mers peuvent être les rois des

Cent vallée, c’est qu’ils se placent bénévolement au-dessous d’elles. Voilà

pourquoi ils peuvent être les rois des Cent vallées.

 

XVI – 2 – De même, si le Saint-Homme désire être au-dessus du peuple, il faut

qu’en parlant il se place au-dessous de lui ; s’il désire le guider, il faut

qu’il se mette au dernier rang. Ainsi peut-il occuper un poste élevé sans

opprimer les homrries, et être le premier sans que nul n’ait à en souffrir.

 

LXVI – 3 – Cela étant, l’Empire est tout à la joie de son activité exubérante

et ne s’en lasse pas. Comme le Saint-Homme n’entre en lutte avec personne,

nul, dans l’Empire, ne peut lutter contre lui.

 

67

 

LXVII – 1 – Tout le monde dit que je suis grand, mais que je ressemhle à un

déshérité. Or, c’est précisément parce que l’on est grand que l’on est

déshérité. Pour ce qui est de la noblesse héréditaire, sa valeur s’est

amenuisée depuis longtemps, certes !

 

LXVII -2 – Pour moi, il y a trois choses précieuses aux-quelles je suis

attaché et que je tiens en haute estime : la première est la Charité; la

seconde est l’économie; la troisième est l’humilité, qui fait qu’on n’ose se

mettre en avant pour agir dans le Monde.

 

LXVII – 3 – Grâce à la Charité, on peut être audacieux; grâce à l’économie, on

peut être généreux; grâce à l’humilité, on peut accomplir de grandes choses.

 

LXVII – 4 – Aujourd’hui, on manque de Charité et par suite de courage; on

manque d’économie et par suite de générosité ; on refuse la dernière place et

l’on perd ainsi la première. C’est la voie de la mort, certes ! Mais si l’on

a pour arme la Charité, on est sûrement victorieux. Celui qui pratique cela

est invincihle, le Ciel le secourt et il est protégé, par sa miséricorde

 

68

 

LXVIII – 1 – La perfection pour celui qui commande, c’est d’être pacifique;

pour celui qui combat, c’est d’être sans colère; pour celui qui veut vaincre,

c’est de ne pas lutter; pour celui qui se sert des hommes, c’est de se mettre

au-dessous d’eux.

 

LXVIII – 2 – Cela s’appelle la vertu du Non-lutter, l’art de se servir des

forces humaines en coopérant avec le Ciel, suprême sagesse des Anciens.

 

69

 

LXIX – 1 Dans l’art militaire, il y a ce dicton :  » J’évite de provoquer,

j’attends le défi; je ne me permets pas d’avancer d’un pouce, mais je recule

d’un pas « .

LXIX -2 – Cela s’appelle avancer sans bouger, repousser sans lever le bras,

faire comme s’il n’y avait pas d’ennemi, prendre sans armes.

 

LXIX – 3 – Il n’y a de pire malheur que de se faire un ennemi a la légère;

c’est presque perdre notre trésor.

 

LXIX – 4 C’est pourquoi, lorsque deux adversaires s’affrontent, il s’ajoute

ceci : celui qui est compatissant remporte certainement la victoite.

 

70

 

 

LXX – 1 – Mes préceptes sont très faciles à comprendre, très faciles à suivre,

mais le monde ne peut les comprendre ni les suivre.

 

LXX- 2 – Ces enseignements sont fondés sur la Tradition, ces actes sur un

principe; cependant ils ne sont pas compris. C’est pour cela qu’on m’ignore.

Ceux qui me comprennent sont rares,

c’est la mesure de ma valeur, certes !

 

LXX – 3 -C’est ainsi que le Saint-Homme, sous des vêtements grossiers, garde un

joyau dans son sein.

 

71

 

LXXI – 1 Connaître le Non-savoir est élévation. Ignorer cette Connaissance est

une maladie. Cependant souffrir de cette maladie c’est par là même n’être’plus

malade.

 

LXXI – 2 – Le Saint-Homme n’a pas cette maladie, car il en souffre. Cela ,tant

il n’est plus malade.

 

72

 

LXXII – 1 – Si le peuple n’a pas une crainte respectueuse pour les grandeurs,

la majesté suprême l’atteindra.

 

LXXII – 2 – Ne vous trouvez pas à l’étroit dans votre demeure, ne prenez pas

en dégoût ce qui est votre existence. Il suffit de ne pas mépriser sa

condition pour ne pas s’en lasser.

 

LXXII – 3 – Le Saint-Homme se connaît sans s’observer; il s’aime sans se

priser.

 

LXXII – 4 – C’est pourquoi il rejette ceci et adopte cela.

 

73

 

LXXIII – 1 – Le courage qui ose cause la mort ; avoir le courage de ne pas

oser donne la vie. Des deux l’un est profitable, l’autre funeste.

 

LXXIII – 2 – Si le Ciel éprouve quelqu’un, qui en connaît la raison ? C’est

pourquoi le Saint-Homme ne se décide qu’avec difficulté.

 

LXXIII – 3 – Voici le Tao du Ciel : exceller à vaincre sans lutter, exceller

à convaincre sans parler, faire venir spontanément sans appeler, réaliser

parfaitement dans une apparente inertie.

 

LXXIII – 4 – Le filet du Ciel est infini ; ses mailles sont larges, mais nul

n’en échappe.

 

74

 

LIIIV – 1 – Si le peuple ne craint plus la mort, quelle efficacité peut avoir

la menace de la peine de mort ?

 

LXXIV – 2 – Si on parvenait à lui inspirer la crainte constante de la mort,

et que je doive faire arrêter un criminel pour le faire excuter, qui

oserait ?

 

LXXIV – 3 – Celui qui éternellement a le pouvoir d’enlever la vie fait mourir.

Vouloir se substituer à lui serait agir comme quelqu’un qui veut équarrir du

bois à la place du maître-charpentier; il est bien rare, certes ! qu’il ne se

blesse pas la main.

 

 

75

 

LXXV – - Le peuple a faim lorsque ses maîtres dévorent le produit de lourds

impôts; voilà la cause de la disette. Le peuple est difficile à gouverner

lorsque ses maîtres sont agissants; voilà d’où vient la difficulté de

gouverner. Le peuple envisage la mort avec légèreté, parce qu’il peine trop

pour vivre; voilà pourquoi il attache peu d’importance à a mort. Car, seul

celui qui n’est pas exclusivement accaparé par la lutte pour l’existence, peut

sagement apprécier la vie.

 

76

 

LXXVI – 1 – Nouveau-né, l’homme est souple et frêle; mort, il est rigide et

dur. A leur naissance, les plantes et les arbres sont tendres et flexibles

morts, ils sont rigides et durs.

 

LXXVI – 2 – Solidité et rigidité sont les compagnes de 1a mort; souplesse et

faiblesse sont les compagne de la vie.

 

LVXXVI 2 – C’est pourquoi une armée devenue forte ne vaincra pas, un arbre

devenu grand sera abattu

 

LXXVI Ce qui est fort et grand est dans une position inférieure; ce qui est

souple et faible est dans une position élevée.

 

77

 

LXXVII – 1 – La Voie du Ciel ne peut-elle être comparée à celui qui fait un

arc ? Il abaisse ce qui est en haut, il élève ce qui est en bas, il enlève ce

qui est en trop, il ajoute ce qui manque.

 

LXXVII – 2 – La Voie du Ciel réduit ce qui est excessif, complète ce qui est

insuffisant. La voie de l’homme est bien différente : il enlève à celui qui

n’a pas assez, pour le donner celui qui

a trop.

 

LXXVII – 3 – Qui est capable, ayant du superflu, de le donner au monde ?

Celui-là seul qui a le Tao.

 

LXXVII – 4 – C’est pourquoi le Saint-Homme agit sans rien attendre en retour;

son oeuvre méritoire mène à bien il ne s’y complaît pas et ne désire pas

faire montre de sagesse.

 

78

 

LXXVIII 1 – Il n’est rien au monde de plus Inconsistant et de plus fîible que

l’eau; cependant, elle corrode ce qui est dur et fort; rien ne peut lui

résister ni la remplacer.

 

LXXVIII – 2 – La faiblesse a raison de la force; la souplesse,de la dureté.

Tout le monde le sait, mais personne n’y conforme sa conduite.

 

LXXVIII – 3 – C’est pourquoi le Saint-Homme dit:  » Prendre sur soi les

souillures du royaume, c’est être le maître du génie des moissons; prendre

sur soi les malheurs de la nation, c’est être le roi du monde.  » Paroles

profondément vraie, sous une apparence paradoxale,

 

79

 

LXXIX – 1 – Même après la réconciliation, un grave désaccord laisse toujours

subsister quelque ressentiment. Que peut-on faire, alors, pour agir selon le

Bien ? Comme le Saint-Homme, qui garde la part la plus désavantageuse dans les

contrats sans rien exiger des hommes.

 

 

LXXIX – 2 – Qui possède la Vertu est l’artisan de la concorde; qui n’a pas la

Vertu est l’artisan de La discorde.

 

LXXIX – 3 – Le Tao du Ciel est sans affections; il coopère toujours avec

l’homme de bien.

 

80

 

LXXX – 1 – Si j’avais un petit royaume. d’une faible population et comptant

une dizaine ou une centaine d’homme habiles, je m’abstiendrais de les

employer. Je veillerais à ce que le peuple comprît la gravité de la mort et

n’émigrât pas au loin. Bien qu’ayant des barques et des chars,il n’en userait

pas; possédant des armes et des cuirasses, il ne s’en servirait pas.

 

LXXX – 2 – Je ferais en sorte qu’il revienne à l’usage des cordelettes nouées.

Il trouverait sa nourriture savoureuse, beaux ses vêtements, paisibles

ses demeures, pleines de charme ses coutumes.

 

LXXX – 3 – Quand bien même les habitants d’un hameau frontalier et ceux du

pays voisin pourraient se voir, entendre les chants de leurs coqs et les

aboiements de leurs chiens, ils atteindraient la vieillesse, puis la mort,

sans qu’ils n’ait eu de visites réciproques.

 

81

 

LXXXI – 1 – Les paroles sincères ne sont pas recherchées, les paroles

recherchées ne sont pas sincères. L’homme de bien ne discute pa, celui qui

discute n’est pas bon. Celui qui sait n’est pas

érudit, celui qui est érudit ne sait pas.

 

LXXXI – 2 – Le Saint-Homme ne thésaurise rien; tout ce qu’il a, il s’en sert

pour aider les autres. Ayant tout épuisé il reçoit davantage et donne tout.

Quand il a tout donné, il possède encore plus.

 

LXXXI – 3 – Le Tao du Ciel est aigu, mais ne blesse pas; la voie du

Saint-Homme est d’agir sans lutter.

lao_tseu

Le Symbolisme Orient-Occident…

Posté par hiram3330 dans : Contribution,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Le Symbolisme Orient-Occident…

Posted: 07 Jul 2022 09:15 AM PDT

Le Symbolisme Orient-Occident… dans Contribution Le%2BSymbolisme%2BOrient-Occident
 
Orient… Issu du latin oriens, orientis, naître, se lever. L’Orient, est la direction où le soleil se lève, d’où, après les ténèbres, renaît chaque jour la lumière. 
 
Occident… A l’opposé provient du latin occidens, tombant, c’est la direction ou le soleil disparaît chaque fin de journée, où la lumière s’arrête.
 
 
L’homme Cherche La Lumière, Au Soleil Levant, C’est-à-dire L’Orient, Considéré Comme Le Berceau De L’humanité. Selon La Bible, Les Premiers Parents De L’homme, Étaient Installés À L’Est, En Eden.
 
Si l’Orient est souvent opposé à l’Occident, tout comme le sont : la spiritualité au matérialisme, la sagesse à l’agitation, la vie contemplative à la vie active, la métaphysique à la psychologie ou à la logique; c’est en raison de tendances profondes réelles, mais nullement exclusives, qui deviennent à notre époque plus théoriques qu’effectives, à cause de l’occidentalisation des élites orientales. 
 
Toutefois, le symbole subsiste, à défaut des localisations géographiques.
 
Il est d’ailleurs d’autres raisons à cette dualité, dont la principale est que le Soleil se lève à l’Est et se couche à l’Ouest: Ex oriente lux. Les voyages en Orient, tels ceux de Christian Rosenkreuz ou Christian Rose-Croix (1378-1484) sont des quêtes de la lumière.
 
Le%2BSymbolisme%2BOrient-Occident1 dans Recherches & Reflexions
 
L’orientation est un symbolisme particulièrement cher au Soufisme, pour lequel l’Occident est relatif au corps et l’Orient à l’Ame Universelle ; l’Occident à l’exotérisme, à la littéralité, l’Orient à l’ésotérisme, à la science spirituelle ; l’Occident à la matière, L’Orient à la forme, ce qu’en mode hindou on traduirait par la dualité Prakriti-Purusha, ou encore Tamas Sattva.
 
L’Orient est l’origine de la lumière. Il correspond en Chine au printemps, à l’ébranlement Tch’en, qui est l’origine de la prééminence du Yang ; l’Occident correspond à l’automne, à la nuée Toueî, à l’eau dormante, au marais, images de la matière indifférenciée, origine de la prééminence du Yin
 
Les voyages soufis commencent par l’exil occidental qui est un retour à la Materia Prima, à la purification, au dépouillement alchimique, étape nécessaire avant la réintégration dans la source orientale de la connaissance. 
 
Selon une légende bouddhiste, le bouddha Amitâbha siège à l’Ouest et il accueille les âmes des défunts après leur mort à l’Ouest. Beaucoup de cérémonies se déroulent à ces dates, fins de l’hiver et de l’été, vers le 18 mars et vers le 20 septembre, quand le, soleil se couche le plus à l’Ouest. Ces cérémonies attisent la foi des fidèles à l’au-delà (Higan = Rive de l’au-delà) et au paradis d’Amitâbha.
 
 
On se souviendra que la plupart des temples hindous, et notamment tous ceux d’Angkor s’ouvrent au soleil levant à l’exception d’Angkor-Vat, qui est un temple funéraire, qui s’ouvre à l’Occident. Orient-Occident : c’est, modalité particulière de dualité ci-dessus exposée, la dualité de la vie et de la mort, de la contemplation et de l’action.
 
Selon la mystique soufie, Occident et Orient prennent un sens non plus géographique, mais métaphysique et spirituel. Par l’opposition à L’Orient spirituel, l’Occident est le monde des ténèbres, du matérialisme, de l’immoralité, de la déchéance, de la décomposition. 
 
L’orientation celtique a ceci de particulier qu’elle confond dans une même interprétation le nord et la gauche, le sud et la droite. Mais cela ne signifie nullement que le nord lui-même, en tant que source et origine de la tradition, soit de mauvais augure. 
 
En irlandais Ichtar, désigne à la fois le bas et le nord ; tandis que Tuas est le haut et le sud, par référence à la position du soleil au zénith. Une étude étymologique précise a pu établir que le nom irlandais de la gauche, Tuath, était analogique et relativement récent (chrétien), la valeur péjorative n’existant pas à l’origine. Il s’agit en fait du nom du nord, tiré de celui de la tribu Tuath, les Dieux irlandais étant venus du nord et la tradition étant d’origine polaire. Le Sid est à l’ouest, non pas parce que l’autre Monde est maléfique, mais parce que les moines l’ont localisé et confondu avec l’au-delà et parce qu’un des thèmes pré-chrétiens les plus rapidement christianisés a été celui des Immrama ou navigations merveilleuses. 
 
Dans tous les documents celtiques, de quelque pays qu’ils proviennent et quelle qu’en soit la date, la dextratio est bénéfique et le tour à gauche est de mauvais augure. Le cocher de la reine Medb fait faire au char un tour à droite pour conjurer les mauvais présages, mais lorsque Cùchulainn revient en pleine colère de sa première expédition sur la frontière, il tourne vers Emain Macha capitale de I’Ulster le côté gauche de son char.
 
Les circuits des rois d’Irlande se faisaient régulièrement dans le sens de la marche du soleil et actuellement encore la grande Troménie de Locronan au Finistère se fait dans le même sens.
 
 
Base Documentaire : Dictionnaire des symboles 
Jean Chevalier & Alain Gheerbrant
 
 
Aron O’Raney
SOURCE : https://oraney.blogspot.com/2020/02/le-symbolisme-orient-occident.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email

Protégé : Lettre aux apprentis … – 1°- 9 juillet, 2022

Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.

Cet article est protégé par un mot de passe. Pour le lire, veuillez saisir votre mot de passe ci-dessous :

Digression … ? Extraits de « Carnet d’un Biologiste » Jean Rostand 8 juillet, 2022

Posté par hiram3330 dans : Digression , ajouter un commentaire

Extraits de « Carnet d’un Biologiste »

Jean Rostand

 Jean-Rostand

« Vivre en familiarité avec la nature nous rend, à notre insu, très différent des autres. Son tacite langage nous pénètre, nous imprègne, et doucement nous persuade de l’insuffisance de tout vocable humain. »

« On n’est pas vieux tant que l’on cherche. »

« On ne peut pas empêcher les injustes critiques, mais on peut tâcher de faire en sorte qu’elles soient encore plus injustes. »

« Tel maître à penser s’avise tout soudain de ce qui crevait les yeux de tous. Conviendra-t-il d’une antérieure cécité ? Non pas : ce qu’il vient de voir, il ne fallait pas qu’on le vît auparavant. »

« L’héroïsme des victimes barbouille le sang des bourreaux. »

« Il est plus facile en politique d’être prophète que juge. »

 » Rien ne s’omet comme l’essentiel. »

« Si l’on m’élève, je m’abaisse ; si l’on m’abaisse, je m’élève – Tout ce qu’on me refuse, j’y prétends ; de ce qu’on m’accorde, je me sens indigne. »

« S’il est une chose dont je suis sûr, c’est qu’on n’a pas fini de voir des vérités boudées au nom des principes. »

« Aimer une idée, c’est l’aimer un peu plus qu’on ne devrait. »

« Si Dieu existait, il n’y aurait pas de méchants, il n’y aurait que des maladroits. »

« Des différences d’homme à homme ? Certes, mais non point si tranchées qu’elles ne s’effacent à mes yeux dès que l’un de nous se permet d’en juger un autre. »

« Je préfère une oreille qui se laisse voir toute entière à un bout d’oreille qui dépasse. »

« Il est infiniment pénible d’avoir à combattre, par exigence d’esprit, ce que la plupart ne combattent que par indigence du cœur. »

« Pour ceux qui ont l’austérité trop facile, le devoir peut être dans le plaisir. »

« Les trivialités d’un esprit supérieur m’intéressent plus que les raretés d’un esprit médiocre. »

« Sur l’image renvoyée par un miroir, l’inversion de symétrie accuse les défauts de l’objet. Tel est un des procédés de la satyre. »

« Que de fois nous sacrifions l’aujourd’hui à un lendemain qui saura bien nous faire renier notre sacrifice ! « 

« Mes inaptitudes me protègent. »

« Si tout est pensée dans l’univers, alors c’est que la pensée est peu de chose. »

« Il est exceptionnel qu’on ait eu assez parfaitement tort pour être forcé d’en convenir. »

« Même quand on ne trouve rien, on renifle l’odeur de la vérité qui se cache. »

« Presque toujours, je refuse ce qu’on m’offre, mais ma vanité s’en émeut. Ne vaudrait-il pas mieux accepter et sans émoi ? « 

« Le monde : aussi éphémère qu’une exposition. »

« Passé l’enfance, on devrait savoir une bonne fois pour toutes que rien n’est sérieux. »

« Accorde-toi en pensée tout ce que tu mérites… Et, de plus, tout ce que, sans le mériter expressément, tu pourrais obtenir sans trop d’indécence… Et, de surcroît, tout ce que méritent les meilleurs d’entre les meilleurs… Ce n’est rien. »

« Dans la vie, j’ai peine à croire aux beaux rôles, surtout s’ils sont bien joués. »

« La pire lâcheté : se servir contre ce qu’on aime, de ce qu’on n’aime pas ! « 

« On est bien obligé de croire en ce qu’on fait lorsqu’on n’en retire aucun profit. »

« Qui a appris la haine, c’est qu’il la savait déjà ! « 

« Il en est que nous ne saurions abaisser sans nous diminuer aussi nous-mêmes. »

« Nous préférons, parfois, nous écarter de ceux qui pensent autrement que nous, tant nous serions dérangés de leur donner raison. »

« Ce qu’on méprise à l’excès, il est rare qu’on ne doivent, un jour, le priser à l’excès. »

« Possible que l’individu trouve son profit et même son aise à se fondre dans la collectivité, mais ce ne serait qu’au détriment de celle-ci. Pour elle et non pour lui, il doit se défendre contre elle. »

« Dans ce qui nous a mis bas, chercher de quoi nous reconstruire. »

« X… n’est-il pas magnanime ? Il pardonne à ses amis toutes les vilenies qu’il leur prête ! « 

 » Nous souhaiterions, à certains moments, que l’avenir fût bâti par des hommes du passé. »

« Indulgence pour les autres, qui tient au manque d’ambition temporelle. Je ne parviens pas à voir en eux des concurrents, des rivaux. J’occupe un autre terrain – assez mystérieux, même pour moi – et où n’accède pas leur menace. »

« Je suis trop sûrement attaché à certaines idées pour ne pas me faire crédit quand je me sens déçu par elles. »

Il est des moments où l’on se demande si, en répandant la science, on a fait autre chose que faciliter le bafouillage ! « 

« En persévérant dans ce qu’il ne fallait pas faire, on finit quelquefois par rencontrer ce qu’il faudra faire. »

« Qu’on exile la pensée s’il le faut, – mais qu’on ne l’enrôle pas. »

« Je consens à ma souffrance pour peu qu’elle m’habilite à mieux comprendre celle d’autrui. »

« Je me sens très optimiste quant à l’avenir du pessimisme. »

« Quand on se sent au point d’être écœuré par l’homme, songer à quelques-uns : les mêmes qui nous ont rendu trop sévères à l’humain nous aideront à lui rester fidèles. »

« De certaines œuvres philosophiques, qui sont comme de belles cathédrales d’erreurs, je déplorerais qu’elles n’eussent point existé. »

« Le progrès vient souvent d’un retour au dédaigné. »

« Le plaisir du chercheur : retrousser les jupes de la nature. »

« Je ne méprise pas le savant qui fausse ou tait la vérité par soumission à une doctrine, mais il est une qualité de respect que je ne pourrai plus désormais lui porter. »

« Beaucoup de choses pour moi sont changées, je l’avoue, depuis qu’un nombre grandissant d’hommes de science m’apparaissent soumis à un autre impératif que celui de la vérité. »

« Le sérieux n’est qu’un futile plus considéré. »

 » Renan : «Les réformes ne triomphent jamais directement… C’est une tempête qui entraîne à reculons ceux qui essaient de lui faire face». »

« Il est facile de dire ce qu’on veut dire ; le difficile, quelquefois, est d’avoir un «vouloir dire». »

« J’ai ôté de ma vie presque tout, et il m’en reste encore bien plus que je n’en saurais utiliser. »

« Des contradictions dans ma pensée ? Bien sûr, mais beaucoup moins que dans le réel. »

« Toute doctrine est sauvée par ses impuretés. »

« Mes illogismes me rassurent : je suis encore en vie. »

« J’aime l’audace chez ceux qui ont tout à y perdre ; la modération chez ceux qui n’ont rien à y gagner. »

« On ne peut jamais se reposer sur l’amour, – et c’est pourtant sur lui que tout repose. »

 » Les abeilles cesseraient de travailler si elles lisaient des articles où elles apprendraient qu’on leur soustraira leur miel et qu’elles seront tuées en récompense de leur travail. L’homme va toujours… »

« Avantage d’être du côté des injustes : on les a pour soi, et les autres aussi puisqu’ils sont justes. »

« «Comment pouvez-vous vivre en ne croyant à rien ? » me dit-on quelquefois. Et vous-mêmes, suis-je tenté de répondre, comment pouvez-vous, croyant à tout, ne vivre que comme vous vivez ? « 

« Ce qui ne peut appartenir à tous ne peut pas être l’essentiel de la vie. »

« Il n’y a pas de noir dans la nature, disent les peintres. Dans la pensée humaine, il y a la mort. »

« La seule chose qu’un dictateur ne peut pas dicter, c’est la vérité. »

« Rien n’est sérieux pour l’esprit. Tout peut le devenir pour le cœur. »

« Ce serait peu de chose que l’injustice s’il n’y avait, en plus, tout ce par quoi elle se justifie. »

« La beauté vitale peut tout se permettre : elle n’est pas astreinte aux limitations du goût. »

« Le savoir acquis par l’amour ne nuira pas à l’amour. »

« Il faut – disent-ils – choisir entre le capitalisme et le communisme. J’attendrai que la réalité m’offre quelque chose de choisissable ! « 

« Je n’entends la parole que de quelques-uns ; tout le reste est pour moi bruit de fond. »

« S’il me fallait rendre compte à qui que ce soit d’une opinion scientifique ou philosophique, j’aimerais mieux ne plus jamais desserrer les lèvres. »

« Si l’on doit emboîter le pas aux imbéciles, mieux vaut encore qu’on les précédât. »

« La seule réponse à faire, parfois, à un contradicteur : «Travaillez la question pendant quarante ans, et puis revenez me trouver. »

« L’odieux de la mauvaise foi, c’est qu’elle finit par donner mauvaise conscience à la bonne foi. »

 » Ambition… Une bulle de savon qui voudrait être un peu plus grosse au moment qu’elle crèvera. »

« La souffrance engendre l’idéologie, qui, ensuite, primera sur elle. »

« Qu’il faut de l’amour pour pardonner aux maladresses de l’amour. »

« Qui ne souffre pas plus que de raison n’a généralement pas grand chose à dire. »

« Est-il d’autres liens que ceux qui vous peuvent faire saigner en s’arrachant ? « 

« Le plus précieux trésor : avoir mis beaucoup de souffrance derrière soi. »

« Tout plaisir est plaisir d’amour. »

« Labyrinthe : connaître le point de sortie n’aidera pas à trouver le chemin. »

« La folie est souvent liée à l’incapacité d’aimer. Essayer d’être le moins fou qu’il nous sera possible. »

« «La vue immédiate des phénomènes premiers nous jette dans une sorte d’angoisse» Goethe. »

530473_306936896082755_514795324_n

Protégé : Les Séphiroths : Rite de Misraïm – 14°- 6 juillet, 2022

Posté par hiram3330 dans : Chaine d'union,Perfection.... , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.

Cet article est protégé par un mot de passe. Pour le lire, veuillez saisir votre mot de passe ci-dessous :

Le mot philosophal 5 juillet, 2022

Posté par hiram3330 dans : Contribution , ajouter un commentaire

Le mot philosophal

plumes

  Les hommes ont tant parlé,
Chanté et puis crié,
Inventé des langages,
Sans jamais se comprendre.
Ils ont pourtant tenté,
Tout au long des années,
D’emprunter le chemin
Des cœurs et des esprits,
En trouvant le bon mot :
Fraternité, amour,
Dieu, argent, liberté
Et puis encore tant d’autres,
Aucun ne convenait
Pour une vraie communion.
Ils ont désespéré
De pouvoir découvrir
Le mot philosophal
Qui guérirait le mal ;
Alors ils se sont tus
Et ont enfin compris
Que le mot qu’ils cherchaient,
C’était le mot silence.

523588_382159458517626_231680507_n

A.Kevisa

Protégé : LE SACRÉ – 3°- 4 juillet, 2022

Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Contribution , Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.

Cet article est protégé par un mot de passe. Pour le lire, veuillez saisir votre mot de passe ci-dessous :

L’ apocalypse (1/12)La synagogue de Satan 3 juillet, 2022

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

a4-1024x682

 

cliquez sur ce lien pour visionner la vidéo

tapisserie-de-l-apocalypse-cha-teau-d-angers-796742

Albrecht Dürer, Artiste mathématicien

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

 

 

Image de prévisualisation YouTube

Digression … Initiation à l’histoire des arts 2012 – L’historien face à la couleur (1/5)

Posté par hiram3330 dans : Digression , ajouter un commentaire

 

 

Image de prévisualisation YouTube

12345

Atelier Ecrire Ensemble c&#... |
Au fil des mots. |
Spiralée |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Attala Blog
| jepensedoncjesuis13
| Les chroniques d'Astéria