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DE L’ANTISEMITISME A L’ANTISIONISME | TRIBUNE JUIVE.INFO 26 mars, 2023

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , trackback

Depuis l’attentat de la rue Copernic en 1980, la liste des actes antisémites ne cesse de s’allonger : Sébastien SELLAM en 2003, la séquestration et la mise à mort en 2006 d’Ilan HALIMI par le gang des barbares, la tuerie en 2012 devant l’école Otzar Hatorah à Toulouse, les blocages en 2014 des synagogues de la rue de la Roquette, de Sarcelles et de Créteil, le massacre en 2015 à l’Hyper cacher de Vincennes, Sarah Halimi, torturée et défenestrée… Avec Ilan, le patronyme devient malheureusement emblématique.

Dov Zerah. De l’antisémitisme à l’antisionisme,

Assemblée nationale, 16 Mars 2023 

Un article de la Tribune Juive du 18/03/2023

 

Comme dans le cas du martyr enduré par Ilan HALIMI, des questions ont été posées sur le rôle de la police et de la justice. Parallèlement, comment qualifier, oublier, le silence médiatique qui a entouré l’assassinat de Sarah HALIMI ?

Ce silence assourdissant a pu être perçu comme un second assassinat de Sarah, et comme le point d’orgue d’une banalisation des actes anti-juifs. Il a fallu attendre le 16 juillet 2017 et la parole présidentielle pour que ce mur de l’indifférence se fissure.

Mais, aujourd’hui, nous connaissons un nouveau silence médiatique sur les 4 journalistes du service public, de France 24

Ce climat d’antisémitisme a été alimenté par des déclarations, des postures, les dérapages récurrents de Jean-Marie Le PEN sur le « détail » ou « Durafour crématoire », les sorties antisémites de Dieudonné et autres révisionnistes et falsificateurs de l’histoire comme notamment Alain SORAL…L’assassin tue des Juifs, uniquement parce qu’ils sont Juifs. C’est une violence anti-juive poussée à l’extrême, jusqu’à la mort.

Ces événements et déclarations ont accentué les inquiétudes de la communauté et poussé même certains à quitter la France. Une analyse historique permet de prendre la mesure des temps présents.

N’oublions pas que la présence de Juifs en France est antérieure à l’arrivée des Francs. Elle remonte au début de notre ère. Avec l’exil consécutif à la destruction du deuxième Temple de Jérusalem, les Juifs s’installent en Gaule.

De nombreux vestiges archéologiques attestent de cette présence. La présence juive en France se manifeste par les nombreuses rues aux noms évocateurs.

Mais cette présence est subordonnée à la situation financière du Royaume. Lorsque le souverain n’est plus en mesure de rembourser les dettes, les Juifs deviennent les boucs émissaires. L’effacement des dettes conduit, dans un premier temps, à les brûler sur l’île aux Juifs, l’actuel square du vert-galant, puis à les bannir ou à les expulser du domaine royal.

Les Juifs connaissent 12 expulsions …et autant d’invitations au retour. Mais, malgré les brimades, les persécutions, les spoliations, les exécutions…, les Juifs reviennent en terre de France ! Comment expliquer un tel attachement ? Cet attachement est conforté par l’émancipation.

La France est le premier pays à accorder la citoyenneté aux Juifs et cela a marqué les esprits dans tout le monde juif. Mais, n’oublions pas que le plaidoyer de l’abbé GRÉGOIRE, le 3 août 1789, devant l’Assemblée nationale, pour l’émancipation des Juifs est recentré, quelques jours plus tard, par le comte de Clermont-Tonnerre qui a déclaré : « Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus […] Il faut qu’ils ne fassent dans l’État ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens. ».

Il a explicité la suspicion et la crainte de la double allégeance. C’est la vision assimilationniste dans l’espace public qui est clairement défendue, le fondement de la laïcité à la française. L’émancipation des Juifs constitue un tel progrès que l’extrême droite considère que les Juifs sont responsables de la chute de la Royauté ; ce thème est un des éléments du complot judéo-maçonnique régulièrement évoqué.

Souvenons-nous. Pour atteindre son objectif de ressusciter le grand Sanhédrin, Napoléon pose douze questions aux représentants juifs, réunis de juillet 1806 à avril 1807. Les représentants doivent se prononcer sur la compatibilité de la tradition juive avec le code civil et avec la possibilité de s’intégrer à l’ensemble national ; au prix de nombreuses contorsions avec la Halakha, les représentants communautaires donnent les réponses attendues par l’Empereur.

L’émancipation a offert aux Juifs de France des opportunités personnelles culturelles et sociales sans précèdent historique. L’émancipation les a fait sortir du ghetto, elle leur a donné l’accès à la modernité. Pour reprendre l’expression couramment utilisée dans le monde juif, et surtout celui de l’est-européen marqué par les pogroms, les Juifs sont Heureux comme Dieu en France !

DE L’ANTISEMITISME A L’ANTISIONISME | TRIBUNE JUIVE.INFO dans Recherches & Reflexions Dreyfus

Ce sentiment va perdurer malgré les deux déchirures de l’affaire Dreyfus et des lois de Vichy sur le statut des Juifs et les déportations organisées par la police française.

Malgré ces deux déchirures, la renaissance du peuple d’Israël sur sa terre en 1948 ne conduit pas pour autant les Juifs de France à rejoindre Israël.

Mais, « la guerre des six jours » et surtout la récupération en 1967 du mur occidental du Temple vont complètement modifier la situation d’Israël et des Juifs en France. Jérusalem entre les mains d’Israël, des Juifs, constitue

À défaut de pouvoir vaincre militairement Israël, une majorité automatique emmenée par les pays arabes et musulmans, l’Union soviétique et tous ses satellites ainsi que de très nombreux pays du tiers-monde va chercher à le diaboliser pour le délégitimer et obtenir sa destruction. L’ONU et l’UNESCO s’y sont attachées de manière systémique. Le premier choc pétrolier de 1973-74 et la quatrième défaite arabe de « la guerre du Kippour » a accentué la pression du monde arabe ; de nombreux États africains ont été contraints de rompre leurs relations avec Israël.

En 1975, des déclarations anti-israéliennes adoptées lors de la conférence de l’Année internationale de la femme au Mexique, puis par l’Organisation de l’unité africaine, la majorité de l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution “Le sionisme est raciste”. Dans le même temps, ont été instituées des mesures conduisant à la mise en place d’une infrastructure de propagande anti-Israël dans toute l’ONU et tous ses satellites.

Le 21 juin 2004, l’ancien secrétaire général Kofi ANNAN n’a pas hésité à déclarer : « Le bilan des Nations unies en matière d’antisémitisme a parfois été en deçà de nos idéaux. La résolution de l’Assemblée générale de 1975, assimilant le sionisme au racisme, a été une décision particulièrement malheureuse… »

Il a fallu attendre 1991, soit 16 ans pour obtenir l’abrogation de cette résolution. Mais le dispositif installé en 1975 reste totalement intact : une pléthore de comités des Nations unies, des résolutions annuelles, des divisions bureaucratiques, des expositions permanentes aux sièges de New York et de Genève, tous consacrés à une guerre de propagande implacable et virulente contre l’État juif. Il a été démultiplié avec les résolutions de l’UNESCO niant le lien du peuple juif avec la terre d’Israël et Jérusalem. Le couloir le plus fréquenté du Palais des Nations, siège européen de l’ONU à Genève, affiche pas moins de dix panneaux plus grands que nature consacrés à la cause palestinienne.

Pour une organisation comme l’ONU dont l’objectif est de promouvoir la paix, le moins que l’on puisse constater est que ses condamnations systématiques d’Israël ne font qu’accentuer les antagonismes et repousser d’autant la réconciliation.

Pour une organisation comme l’UNESCO, dont l’objectif est de promouvoir la paix et la sécurité mondiales par la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, des arts, des sciences et de la culture, falsifier l’histoire de Jérusalem, d’Israël et du peuple juif ne contribuer nullement à rapprocher les positions.

Saluons l’annonce faite par la Première ministre, Mme Élisabeth BORNE au dernier diner du CRIF de la mise en place de mécanismes de lutte contre toute expression révisionniste sur les réseaux sociaux. Néanmoins, cette action devrait entrainer une mobilisation du pays des « droits de l’homme » contre toute les actions de l’ONU et de l’UNESCO visant à délégitimer Israël et à remettre en cause le lien éternel du peuple juif avec sa terre et Jérusalem.

Cette action de la France devrait être suivie par tous les pays européens et démocraties de par le Monde.

Parallèlement, la communauté juive française est confrontée à une situation inédite. Elle doit faire face à un antisémitisme qui a quatre visages :

  1. L’antisémitisme traditionnel, véhiculé depuis des siècles et conforté par la victoire éclair de la guerre des six jours. Il trouve une expression emblématique avec les déclarations du général de Gaulle, en 1968, sur « le peuple sûr de lui et dominateur ».

Le Général n’avait pas apprécié qu’Israël n’ait pas suivi son conseil de ne pas être le premier à déclencher la guerre et cela peut se concevoir par rapport à la problématique de droit international sur la « guerre juste »… Mais delà qualifier ainsi le peuple juif a entrainé l’ouverture de la boite de Pandore !

Réapparait également l’accusation de double allégeance. Dans leur livre « Juifs et Français », André HARRIS et Alain de SÉDOUY en font, en 1979, une analyse précise.

A partir de 1984, les thèmes récurrents vont être confortés par la résurgence de l’extrême droite avec le premier succès électoral du Front national. Depuis, nous avons eu droit aux mauvais jeux de mots de Jean-Marie Le Pen, ainsi qu’à la floraison de livres, sites ou autres formes de médias véhiculant les thèmes traditionnels de l’antisémitisme, et surtout la négation de la Shoah.

Plusieurs éléments vont alimenter ce révisionnisme :

Cela conduit certains comme Éric ZEMMOUR à dédouaner Jean-Marie Le PEN de ses déclarations et à défendre que PÉTAIN, occultant sa décision personnelle d’édicter le statut des Juifs et sa collaboration avec l’ennemi.

• Le diner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) devient au fil des ans depuis sa première édition de 1984, un must de tout le monde politique. Cet événement va être critiqué au motif qu’il constituerait une manifestation communautariste.

La résurgence de l’antisémitisme, tant en France qu’en Europe, 70 ans après la Shoah interpelle. On aurait pu penser que, soixante-dix ans après cette catastrophe, le monde, et plus particulièrement l’Europe aurait été vacciné de l’antisémitisme, que ce fléau aurait été éradiqué… Or, plus la vérité sur Vichy et la Shoah fait jour, plus les vieux démons ressurgissent.

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Raymond Barre en 1980. Wikipédia CC BY-SA 3.0 nl

2. L’antisémitisme antisioniste remonte avec les premiers attentats terroristes liés au conflit proche oriental : celui de la rue Copernic, en 1979, marqué par la déclaration du Premier ministre de l’époque, M Raymond Barre, « Cet attentat odieux a voulu frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue, il a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic », celui en 1982 de la rue des Rosiers… Depuis, chaque événement proche-oriental entraine une déclinaison française.

Pour montrer, démontrer les effets de cet antisémitisme antisioniste, je citerai l’exemple d’un très beau texte du « Voyage en Orient, Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris » de Chateaubriand, publié en 1811. On trouvait ce beau texte de Chateaubriand dans Lagarde et Michard avant 1967 et brusquement il a été retiré. On y retrouve toujours des textes sur l’Acropole ou l’Égypte mais plus un seul sur Jérusalem, malgré le titre de l’ouvrage. La censure morale a frappé !

3. L’antisionisme-antisémitisme des insoumis, des communistes et des verts qui, dans une défense tous azimuts de la cause palestinienne et dans sa quête du vote arabo-musulman, en arrivent à organiser des manifestations susceptibles de remettre en cause la sécurité des Juifs dans certains lieux, certaines villes. La multiplication des initiatives visant à délégitimerdiaboliser Israël pour obtenir sa destruction, la stratégie des 3D a conduit des Juifs à quitter certaines communes, au premier rang desquelles celles dirigées par des maires communistes.

Quand des insoumis, des communistes et des verts préconisent le vivre ensemble, ils omettent de dire qu’il s’agit d’un vivre ensemble sans les Juifs et agissent pour que l’insécurité entraine un départ des Juifs vers des communes plus accueillantes, ce qui crée une forme naturelle de ghettoïsation de la communauté.

Il est étonnant que ni Israël, ni la communauté n’ait obtenu des autorités qu’elles cessent de subventionner des associations qui appellent au boycott d’Israël, pénalement répréhensible, et même des associations condamnées ou ayant des membres condamnés pour de telles actions.

De la même façon, il est étonnant que la communauté n’ait pas demandé le vote d’une loi interdisant toute subvention d’une quelconque autorité publique en faveur des associations qui appellent au boycott d’Israël, pénalement répréhensible, et même des associations condamnées ou ayant des membres condamnés pour de telles actions

Au-delà de la propagation des thèmes palestiniens, de l’importation du conflit en France, les alter mondialistes alimentent la présentation marxiste du juif, le capitaliste qui superviserait la mondialisation. Seule différence du discours par rapport à « la question juive » de Marx : le juif capitaliste était apatride, il est désormais sioniste.

4. Enfin, l’antisémitisme des islamistes radicaux qui n’a cessé, en France, de se propager depuis la seconde intifada.

La recrudescence d’actes antisémites a coïncidé avec l’importation du conflit israélo-palestinien et la seconde intifada de 2000-2003. Après avoir été totalement nié dans les années 2000-2002 par le Premier ministre Lionel JOSPIN et son ministre de l’Intérieur Daniel VAILLANT, il a été progressivement pris en considération par les autorités, au point que le Premier ministre, M. Manuel Vals n’ait pas hésité à parler des islamo-fascistes.

Nonobstant cette situation problématique, il convient de saluer une notable différence avec le passé.

Jusqu’à la Révolution, la communauté faisait face à un antisémitisme d’Etat qui a accompagné ou épousé les tendances populaires.

Depuis, en excluant l’Affaire Dreyfus, le régime de Vichy, la déclaration du Général de Gaulle ainsi, que les propos de Raymond BARRE, quel que soit le renouveau de l’antisémitisme sous toutes ses formes, l’Etat protège aujourd’hui la communauté juive. Il s’agit d’un vrai changement.

Quand certains recherchent, par tous les moyens, la délégitimation d’Israël, on ne peut alors s’étonner que la diabolisation irrationnelle de l’ensemble de l’État et du peuple juifs sème les germes de l’antisémitisme. C’est pourquoi, le combat contre l’antisémitisme est indissociable de la lutte contre toutes les tentatives de remettre en cause l’existence d’Israël.

Dov Zerah

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