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Qu’est-ce que la « Régularité » pour le Régime Écossais Rectifié ? 8 février, 2024

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Qu’est-ce que la « Régularité » pour le Régime Écossais Rectifié ?

salomon8nrnqdécembre 28, 2023
Phénix DNRF-GDDG

On ne cesse, à temps et à contretemps dans le milieu maçonnique, de se référer au principe de la « régularité », cette dernière souvent, et bien à tort, étant considérée comme synonyme d’une « légitimité » autour de laquelle toute vie initiatique semble, pour les uns être subordonnée afin de bénéficier d’une hypothétique « validité », acquise ou espérée, et pour les autres, d’un critère revendiqué et déclaré détenu, ceci pour des raisons diverses.

Mais qu’en est-il réellement de cette célèbre « régularité » – semble-t-il «l’un des plus anciens mots du vocabulaire maçonnique» [1], lorsqu’on aborde le cas, spécifique s’il en est, du Régime Écossais Rectifié ?

La question est importante et il convient d’y apporter une réponse.

a) Les principes de la « régularité » sont issus des ‘‘Basic Principles’’ de la Grande Loge Unie d’Angleterre définis en 1929

Ce n’est en réalité qu’en 1929, donc assez tardivement au regard de l’Histoire de la franc-maçonnerie universelle, que la Grande Loge Unie d’Angleterre (G.L.U.A.), dans les « Basic Principles » a défini les critères de cette fameuse « régularité » dont on parle si souvent – et qui bénéficie d’un relatif prestige, bien infondé au demeurant, renforcé par une constante actualité puisque la recherche, parfois frénétique, de cette « régularité », agite par intervalles réguliers les maçons -, « Basic Principles » dans lesquels figurent comme principales dispositions : « la croyance en le Grand Architecte de l’Univers et en Sa volonté révélée » ; « l’Obligation sur, ou en pleine vue, du Volume de la Loi Sacrée ouvert, de manière à symboliser la révélation d’en haut qui lie la conscience de l’individu particulier qui est initié » ; « aucune Grande Loge ne doit avoir quelque relation maçonnique que ce soit avec des Loges mixtes ou des Obédiences qui acceptent des femmes parmi leurs membres » ; « les discussions sur des sujets politiques ou religieux sont strictement interdites », etc. [2]

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Les « Basic Principles » définissant les critères de la « régularité, s’appuient les Constitutions publiées en 1723.

Ces principes, ou « Landmarks », s’appuient en fait sur les Constitutions de la Grande Loge de Londres, publiées en 1723, rédigées par le pasteur presbytérien James Anderson (1684-1739) avec l’aide de John Théophile Désaguliers (1683-1744) le 24 juin 1717, Constitutions dont le titre originel était Constitution, Histoire, Lois, Obligations, Ordonnances, Règlements et Usages de la Très Respectable Confrérie des Francs-maçons acceptés, véritable travail de reformulation des anciens devoirs en une tentative d’adaptation fédérative, et d’ailleurs singulièrement réductrice, des règles et lois de la tradition artisanale, dont les travaux de Clément Edwin Stretton (1850-1915) dans « The Speculative Mason », ont bien montré le caractère destructeur à l’égard de la vénérable tradition opérative.

Quoi qu’il soit, ce sont ces Constitutions de 1723, qui présidèrent en décembre 1813 à « l’Acte d’Union » qui permit la création de la Grande Loge Unie d’Angleterre mettant fin au schisme entre les Modernes et les Anciens, dont on voudrait faire la base de la « régularité » universelle sur le plan maçonnique, alors qu’elles apparaissent, objectivement, plutôt comme une authentique entreprise d’altération de l’essence de la Maçonnerie originelle, ce qui n’allait pas tarder à engendrer des confusions multiples et sans cesse croissantes, tant sur le plan organisationnel qu’initiatique.

b) Le Régime Écossais Rectifié a procédé en 1778 a une « rectification » de la franc-maçonnerie andersonienne

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Le Régime Écossais Rectifié posa dès 1778, des principes intangibles profondément différents de la franc-maçonnerie andersonienne. 

 C’est pourquoi, loin de s’y référer comme source de la légitimité de son Ordre, Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), conçut et façonna le Régime Écossais Rectifié en 1778 à Lyon, comme une complète « rectification » de l’ensemble de la franc-maçonnerie, dotant son système, de par son lien avec la Stricte Observance allemande, d’une structure empruntant beaucoup plus aux règles et formes des Ordres militaires de l’antique Chevalerie médiévale, comme en témoigne le Code des C.B.C.S. (Code Général des Règlements de l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, Lyon, 1778), plutôt qu’aux conceptions de la Maçonnerie libérale défendues par les Constitutions de 1723 rédigées par les pasteurs Anderson et Désaguliers.

Ainsi, totalement étranger à cette perspective universaliste organisée en « Grandes Loges », qui plus est faiblement religieuse et ignorant absolument tout des éléments théoriques de la doctrine de la « réintégration », le Régime Écossais Rectifié posa, et ce dès les premiers instants de sa fondation, des principes intangibles profondément différents du milieu maçonnique du XVIIIe siècle – et donc de ceux issus des conceptions de la « régularité » provenant de la Grande Loge Unie d’Angleterre, reformulés en 1929, qui prétend aujourd’hui conférer une dite « légitimité » aux grades symboliques, et même aux grades et degrés situés au-delà des Loges symboliques en raison de leur rattachement aux « Grandes Loges » dont ils dépendent, pour bénéficier d’une illusoire « régularité », ce qui relève, on en conviendra aisément, de l’absurdité la plus totale.

Cette situation, qui vise à imposer les critères d’une « régularité » définie en 1929 par la Grande Loge Unie d’Angleterre (G.L.U.A.) dans les « Basic Principles »à des systèmes initiatiques recevant leur légitimité de sources absolument indépendantes de la maçonnerie anglaise – ce qui est bien le cas du Régime écossais rectifié né en France au XVIIIe siècle sur des bases entièrement autonomes  (globalement pour la partie doctrinale et symbolique L’Ordre des Chevaliers Maçons élus coëns de l’Univers, et pour la structure organisationnelle le cadre de la Stricte Observance)  -, n’a, il convient de le dire avec force, strictement aucun sens !

c) Toutes les branches de la maçonnerie andersonienne, sont regardées comme « apocryphes » par le Régime Écossais Rectifié 

À ce propos, il est tout à fait étonnant de voir comment fonctionnent de nos jours certaines obédiences maçonniques à l’égard d’un Régime qu’elles ont positivement « vassalisé » à leur profit, n’hésitant pas à tordre le cou à ses principes, parfois avec une incroyable désinvolture, afin de soumettre le Régime rectifié à des règles et des cadres fonctionnels qui lui sont parfaitement étrangers [3].

Phénix RER

La franc-maçonnerie « non rectifiée » n’est, au regard de la Réforme de Lyon, rien d’autre « qu’apocryphe », c’est-à-dire, pour être clair, une maçonnerie dépourvue et ignorante de la doctrine ésotérique de la « réintégration ». 

 Ce triste état de fait, contre lequel s’éleva déjà Camille Savoire (1869-1951) lors de la création du Grand Directoire des Gaules en mars 1935en s’opposant vigoureusement à la manière dont le Grand Orient de France entendait s’approprier, et faire vivre sous une tutelle inacceptable, le Régime écossais rectifié [4], perdure malheureusement depuis bien des décennies, faisant que l’ensemble du monde obédientiel semble entièrement oublier un point fondamental sur lequel le Directoire National Rectifié de France-Grand Directoire des Gaulesréveillé en décembre 2012 à Lyon,insiste avec force : à savoir que « l’Ordre » issu de la réforme de Lyon, tire uniquement sa légitimité et sa « régularité » de sa fidélité observée à l’égard des principes énoncés et arrêtés en 1778 lors du Convent des Gaules, entérinés lors du Convent de Wilhelmsbad en 1782 [5].

Voilà ce qu’est la « régularité » pour le Régime écossais rectifié, et il n’y en a pas d’autre, qui serait à rechercher auprès d’une maçonnerie qui, il conviendrait d’en être un minimum conscient lorsqu’on traite de ces sujets, n’est au regard des critères de la Réforme de Lyon, rien d’autre « qu’apocryphe », c’est-à-dire, pour être clair, est une maçonnerie dépourvue et ignorante de la doctrine ésotérique de la « réintégration » provenant de Martinès de Pasqually ( + 1774), déposée et infusée par Jean-Baptiste Willermoz au sein de la Stricte Observance, aboutissant, lors de sa « rectification » en 1778 à Lyon lors du Convent des Gaules, à la constitution du système initiatique spécifique qui devint le Régime écossais rectifié [6].

Conclusion

Phénix X

Le Régime Écossais Rectifié dépasse, selon ses critères, en éminence, en autorité et en connaissance des mystères de l’initiation, tous les systèmes – et l’ensemble des régimes composites et « apocryphes » – méconnaissant la « doctrine de la réintégration ». 

  Ainsi, le Régime rectifié, placé, selon les dispositions des Codes de 1778 (Code Maçonnique des Loges Réunies et Rectifiées & Code Général des Règlements de l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte),  – unique critère de référence pour le Régime -, sous l’autorité d’un Directoire National fédéré en Provinces sur lesquelles sont souchés des Grands Prieurés, n’a aucunement besoin de se rattacher à une instance maçonnique quelconque – en particulier sous la forme d’une « Grande Loge » qui devrait être « reconnue » par la Grande Loge Unie d’Angleterre (G.L.U.A.) – on se demande bien pourquoi ? -, ou d’une obédience prétendant « posséder » le Régime, ceci afin de bénéficier d’une illusoire « régularité » qui lui ferait défaut, puisque sa «véritable régularité » le Régime écossais rectifié la possède en plénitude depuis deux siècles et demi, grâce à l’action de son fondateur, le lyonnais à qui tous les maçons rectifiés doivent tant : Jean-Baptiste Willermoz.

Enfin, et plus profondément encore, ce que nous ne cessons de proclamer et que notre initiative de « Refondation » du Régime nous fait devoir d’affirmer : le système issu de la Réforme de Lyon – et ce n’est pas pour rien qu’il se voulut une initiative de « rectification » entière de la franc-maçonnerie en 1778, dépasse, selon ses propres critères, en éminence, en autorité et en connaissance des mystères de l’initiation, tous les systèmes, l’ensemble des régimes composites, et les organisations constituées en « Grandes Loges », méconnaissant la « doctrine de la réintégration » [7], et, bien évidemment, n’a aucunement besoin pour vivre et se développer, des formes structurelles administratives connues sous le nom « d’obédiences maçonniques », puisque la « conception obédientielle est absolument étrangère à l’esprit de la rectification », faisant que vouloir faire rentrer le R.E.R., dans les cadres de la maçonnerie andersonienne en le faisant coexister, soit avec d’autres Rites, soit avec des visions et conceptions (sociétales, politiques, symboliques, initiatiques, confessionnelles, dogmatiques, etc.),  issues de voies « apocryphes », est une absolue aberration.

*

Ainsi, et que ceci soit bien entendu : le Régime écossais rectifié est « régulier » dès lors que, bénéficiant d’un lien de transmission effectif et valide avec le « réveil » opéré en 1935, il est  pratiqué en fidélité à son essence, à ses principes organisateurs, aux Codes fondateurs qui en définissent les règles, et à sa doctrine interne précisée dans les Instructions à tous les grades, et cette « régularité » est de nature initiatique et trans-historique, puisqu’elle se rattache uniquement et invisiblement, à l’Ordre essentiel, primitif et fondamental qui se perd dans la nuit des siècles.

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Notes.

1. A. Bernheim, Régularité et Reconnaissance, Etudes maçonniques, Masonic papers,

2. Cf. Principes de base pour la reconnaissance par elle d’une autre Grande Loge, ou Déclaration des Principes de Base, Grande Loge Unie d’Angletterre, 1929. On notera que le premier des « huit principes de base » figurant dans cette Déclaration, stipule : « Chaque Grande Loge doit avoir été établie légalement par une Grande Loge dûment reconnue ou par trois Loges ou plus régulièrement constitués », ce qui n’intéresse en rien le Régime écossais rectifié, organisé en Régime autonome depuis 1778, non sous le modèle d’une « Grande Loge » (sic), mais par ses Directoires et Grands Prieurés.

3. Le Grand Directoire des Gaules a tenu le 15 décembre 2012, quoiqu’il en déplaise, à rappeler que le Régime depuis son « Réveil » en 1935, n’avait jamais pu vivre selon ses critères : « On est ainsi obligé de constater que depuis le réveil en 1935 du Régime,la conception originelle du Code n’a presque jamais été suivie, entraînant des dis-fonctionnements significatifs dans la logique organisatrice du Régime Écossais Rectifié qui cessa, dès lors, de se penser comme un « Ordre », le ramenant à un Rite réduit à une conception obédientielle absolument étrangère à l’esprit de la rectification, même si imaginant en relever en usant de titres et dénominations issus du corpus sémantique willermozien. » (Cf. « Principes de l’Ordre en 10 points », point IV, DNRF-GDDG, 15 décembre 2012, Lyon).

4.    Parmi les « fables maçonniques », il en est une qu’il convient de dissiper entièrement, tant elle revient comme une antienne singulièrement fausse et erronée, celle consistant pour le Grand Orient de France, à s’imaginer détenteur d’un quelconque titre de propriété sur le Régime écossais rectifié au motif des Traités d’Union de 1776, 1781 et 1811, signés, à l’époque, avec les instances dirigeantes du Régime. Or ces Traités, comme il est aisé de le constater à leur lecture, n’eurent pour but, comme le stipulent leurs articles, que de « déléguer » au Grand Orient de France, sous l’autorité des Directoires du Régime, et surtout sur leur proposition, la création d’établissements symboliques, c’est-à-dire de Loges bleues. C’est peu, relève du niveau purement administratif, et c’est tout. Les Directoires, dont il était d’ailleurs précisé en préambule des Traités, qu’ils forment « Le corps du Régime Rectifié en France », bénéficiaient d’un représentant au sein du Grand Directoire des Rites du Grand-Orient, et conservèrent toujours leur entière souveraineté sur le Régime, tant au niveau de l’Ordre Intérieur que des Loges symboliques, puisque rien ne pouvait se faire, dans le cadre de leur création – et plus encore des rituels du seul ressort de l’Ordre rectifié -, sans proposition et décision des Directoires. Autant dire que les Loges symboliques rectifiées qui travaillèrent ainsi sous les auspices du Grand Orient de France, furent « agrégées » (sic) à l’Obédience, au seul titre de leur participation administrative, et qu’il ne fut jamais question, et ceci pas un seul instant et dans l’esprit de quiconque, d’une quelconque idée «d’appropriation du Régime» par le Grand Orient de France, appropriation et détention d’ailleurs rendues absolument impossibles au regard de l’organisation propre du Régime écossais rectifié, structuré depuis le XVIIIe siècle comme un « Ordre » autonome et indépendant, gouverné par les établissements ostensibles et non-ostensibles de sa classe chevaleresque, ses Directoires et ses Grands Prieurés.

5. « L’Ordre issu de la réforme de Lyon, connu sous le nom de Régime Écossais Rectifié, tire uniquement sa légitimité et sa « régularité », par delà les qualifications initiatiques de ses membres, de sa fidélité observée face aux principes énoncés et arrêtés en 1778 lors du Convent des Gaules. » (Cf. « Principes de l’Ordre en 10 points », point I, DNRF-GDDG, 15 décembre 2012, Lyon).

6. « L’aspect doctrinal définit le Régime rectifié, ce qui est une spécificité unique dans tout le champ rituel de la franc-maçonnerie universelle, et donne au système willermozien une nature à nulle autre pareille qui le distingue entièrement des autres Rites maçonniques lui conférant son caractère de voie dite  « non-apocryphe » au regard des critères de la doctrine de la réintégration, dont l’Ordre est le dépositaire légitime depuis le XVIIIe siècle. » (Cf. « Principes de l’Ordre en 10 points », point VI, DNRF-GDDG, 15 décembre 2012, Lyon).

7. Il n’est pas inutile de se remémorer certaines vérités : « L’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, fut conçu pour être l’écrin de l’Ordre mystérieux qui est l’essence même du Régime rectifié, sa substance intérieure secrète. Ses travaux se déroulent donc dans l’invisible et auront pour objet de se consacrer à l’étude et à la conservation de la doctrine de la réintégration dont l’Ordre est le dépositaire de par l’Histoire, doctrine sacrée qui a un but essentiel et très élevé que peu d’hommes sont dignes de connaître. Willermoz écrira du Haut et Saint Ordre : « Son origine est si reculée, qu’elle se perd dans la nuit des siècles ; tout ce que peut l’institution maçonnique, c’est d’aider à remonter jusqu’à cet Ordre primitif, qu’on doit regarder comme le principe de la franc-maçonnerie ; c’est une source précieuse, ignorée de la multitude, mais qui ne saurait être perdue : l’un est la Chose même, l’autre n’est que le moyen d’y atteindre.» (Cf. Proclamation refondatrice de l’Ordre rectifié, D.N.R.F.-G.D

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SOURCE  :  salomon8nrnqdécembre 28, 2023

POLITIQUE 7 février, 2024

Posté par hiram3330 dans : Contribution , 1 commentaire

POLITIQUE

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« Qu’il s’agisse de politique de morale, ou de philosophie, je suspecte les jugements de ceux qui ignorent tout de ce qu’ils sont. »

Jean Rostand.

 

On s’interdit de parler de politique en loge ainsi que de religion, en principe ! Pourquoi ? Parce qu’en principe ce sont des sujets qui prêtent à polémiques. Ce sont des nourritures pour les polémistes qui incapables de répondre aux problèmes de leur temps, passent le leur à critiquer les autres au lieu de s’élever au-dessus des problèmes et de porter de temps en temps leur regard sur eux-mêmes et de voir surtout plus haut qu’eux-mêmes et de proposer des alternatives.

La politique devient trop souvent l’exercice d’une violence encadrée, une philautie du mal déguisée en bien, et qui prétend imposer le bien. L’excès, pour ne pas dire l’horreur de la politique c’est de voir des faux prophètes parler d’un bien qu’ils ignorent, pire qu’ils foulent à leurs pieds.

Le plus humble des prophètes, aurait dit paraît-il : « Médecin guéris-toi toi-même. » Le Franc-maçon lui, s’engage à s’élever au-dessus des intérêts mesquins et profanes, il s’engage aussi : à ne pas faire à autrui ce qu’il ne voudrait pas qu’il lui fasse. Le philosophe, c’est-à-dire, celui qui recherche la sagesse : apprend à se gouverner lui-même avant de prétendre gouverner les autres.

L’on est parfois sidéré, même pétrifier par ceux qui prétendent faire la morale, alors qu’ils lui font eux-mêmes le plus défaut et se retranchent avec toutes sortes d’habilités et d’arguties pour finalement affirmer : la fin justifie les moyens. En réalité, ce qui manque c’est le courage et la vision du bien à long terme, ils ne poursuivent donc à la fin, aucune fin.

Diable me voilà à mon tour devenu polémiste !

Décidément c’est sagesse de ne pas parler politique en loge. Nous avons déjà beaucoup à faire à nous occuper de nous-mêmes à essayer d’être un peu, un tout petit peu meilleur. Afin de construire un monde plus harmonieux, paisible.

Les anciens qui ont rédigés les constitutions et règlements maçonniques, l’avaient bien compris la seule voie, qui ne fait pas polémique c’est bien l’amélioration de l’homme par lui-même avec l’aide du Grand Architecte et non l’exploitation de l’homme par l’homme.

Le sujet reste complexe peut-il y avoir une alliance entre la politique et la morale ?

Jean-François Guerry.

 

SOURCE  :   http://www.lafrancmaconnerieaucoeur.com/2023/05/politique.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

Protégé : Je sors juste de l’obscurité … – 1°- 6 février, 2024

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Le Tarot de la Renaissance – Introduction 5 février, 2024

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Grande Loge Française travaillant au Rite Ecossais Primitif 4 février, 2024

Posté par hiram3330 dans : Contribution,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Grande Loge Française travaillant au Rite Ecossais Primitif

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Avertissement

     Nous devons à Fabrice O’Driscoll, Passé Grand Maître de la Grande Loge Française du Rite Ecossais Primitif, le Morceau d’Architecture ci-après, qu’il avait introduit dès le mois de juin 2001 sur le site de l’Obédience.

     Eu égard à l’intérêt manifeste de son contenu, repris dans quelques ‘’blog’’ (dont celui de M. Thomas Dalet), il nous a paru nécessaire de l’intégrer dans notre site pour rendre un hommage bien légitime à son auteur, dont le nom semble trop souvent effacé au profit d’un autre signataire que notre passé Grand Maître, ou encore par un auteur ayant appartenu ou rattaché à une autre Grande Loge que la nôtre.

     Notre Bien-aimé Frère Fabrice O’Driscoll avait exposé ce magistral cours durant les Travaux en Loge au sein de la Respectable Loge La Toison d’Or Royale d’Ecosse n° 12 à l’Orient de Toulon, dont il était le Vénérable.

 

Historique de l’échelle des Grades du Rite Ecossais Primitif

Toute société, animale ou humaine, naturelle ou volontaire, doit se hiérarchiser pour survivre et progresser. Il est donc logique que la Franc-maçonnerie – considérée sous l’angle de sa représentation sociale ou, si l’on préfère de son corpus institutionnel – ait développé une, puis des hiérarchies, articulées autour de systèmes de degrés ou grades plus ou moins complexes. Ces degrés ou grades n’ont pourtant qu’un rapport lointain et ténu avec ceux du monde profane.

En effet, et cela semble parfois oublié, les grades maçonniques correspondent – ou devraient correspondre – moins à des pouvoirs allant en s’élargissant au fur et à mesure qu’est gravie l’échelle hiérarchique qu’à une succession de portes, qui s’entrouvrent au cours du parcours initiatique.

Les grades maçonniques correspondent ou devraient correspondre moins à des prérogatives qu’à des devoirs. Et si des droits particuliers sont légitimement attachés à chaque grade, ces mêmes droits n’ont de valeur que pour autant qu’ils permettent l’exercice des charges correspondantes.

Les grades maçonniques peuvent donc se définir comme symboliques et obligataires.

Ajoutons qu’ils sont nécessairement transmissibles  – faute de quoi la structure maçonnique elle-même ne pourrait durer – et réglementés, à défaut ils perdraient toute signification ; on dirait aujourd’hui toute lisibilité ou visibilité.

Cette nécessaire règlementation des grades maçonniques a subi des évolutions plus ou moins heureuses, évolutions liées tant à la sociabilité du moment ou de l’époque qu’à l’enracinement géographique des Rites et des Obédiences.

[...] Il y a plusieurs siècles, les systèmes dits des Hauts-Grades en Europe continentale – ou des « grades collatéraux » (side degrees) dans les îles britanniques – n’existaient pas.

Et même les premiers grades différaient de ceux que nous connaissons aujourd’hui. Au XIIIe siècle, le seul grade connu de la maçonnerie opérative était celui de Compagnon, en anglais Fellow Craft, et il fallut attendre plus d’un siècle pour voir apparaître en Écosse celui d’Apprenti, en anglais Entered Apprentice. Les Compagnons n’étaient cependant pas nécessairement du même « rang », pourrait-on dire, et l’on pouvait distinguer les Compagnons installés à leur compte de ceux qui gardaient le statut de salarié. C’est dans la première catégorie que l’on choisira le Maître de Loge, mais ici le Maître n’est point un grade : il désigne une fonction de direction qui deviendra plus tard celle du Vénéralat.

À noter qu’au sein de la Loge, les deux classes de Compagnons ne faisaient l’objet d’aucune distinction sociale.

Il convient donc de se garder de toute confusion entre grade et fonction, du moins jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Le Maître de Loge était un Compagnon choisi parmi ses pairs installés à leur compte. Ces derniers prendront progressivement l’appellation maçonnique de Compagnons Confirmés ou de Compagnons finis.

Se dessinera alors un système articulé autour de deux grades dont le deuxième est à son tour subdivisé en deux, et d’une fonction :

Au début du XVIIIe siècle, le Maître de Loge n’est toujours pas un grade au sens propre du terme, et la Grande Loge des Moderns confirma en 1717 la seule existence des grades d’Apprenti et de Compagnon.

Il est cependant vrai qu’un manuscrit du Trinity College de Dublin semblerait indiquer comme date de naissance du troisième grade l’année 1711.  C’est du moins ce que rappelle Jean Ferré dans son Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie [...].

Si l’apparition de la Maîtrise comme troisième degré hiérarchique ne parait pas pouvoir être datée avec précision, il est généralement admis qu’elle se situerait entre 1718 (peut-être 1711) et 1729. En 1726, la célèbre Loge Dumbarton Kilwinning, décrit son installation en mentionnant la qualité des Frères présents, à savoir : le Grand Maître (Maître de Loge), sept Maîtres, six Compagnons et trois Apprentis.

Mais la présence de ces sept Maîtres ne constitue cependant pas la preuve définitive de l’existence du troisième grade à cette date car, comme le souligne opportunément Christian Guigue « il reste très probable que les sept Maîtres évoqués soient en fait sept dirigeants de Loges venus en visiteurs ». (in « La Formation Maçonnique », page 179).

Les premières Constitutions dites d’Anderson (1723) ne font pas mention du grade de Maître en tant que tel mais, remarque Jean-François Blondeau « d’un système en degrés comprenant un grade d’Apprenti Entré et un de Compagnon ou Maître », les deux derniers termes correspondant à un seul et même grade. (in « Encyclopédie de la Franc-Maçonnerie », page 534).

Ce n’est qu’avec la deuxième édition des mêmes Constitutions, publiées en 1738, que la maîtrise sera enfin formellement intégrée dans le système hiérarchique maçonnique. Vers 1745 apparaît un quatrième grade, le plus souvent connu comme celui de Maître Parfait ou selon les Rites, comme celui de Maître Secret. La Maçonnerie spéculative a pris le pas sur la Maçonnerie opérative et, dès lors, des systèmes de plus en plus complexes se développèrent en particulier sur le continent européen, tant au sein de ce qu’il est convenu de désigner par l’Écossisme qu’au sein de Rites plus « périphériques ».

Des Hauts-Grades viennent compléter une hiérarchie déjà passée de deux à trois puis à quatre degrés. Ce développement n’est pas homogène, tant s’en faut. Chaque Rite, Obédience ou Grande Loge revendique le droit souverain d’établir ou de corriger l’ordonnancement de sa propre hiérarchie.

Seule semble échapper à cette effervescence la Maçonnerie jacobite introduite en France dès 1688 et surtout après 1689 à Saint-Germain-en-Laye par les Loges militaires des Régiments écossais et irlandais ayant suivi le roi Jacques II Stuart en exil, Maçonnerie demeurée peu ou prou fidèle à ce qui sera désigné par Early Grand Scottish Rite ou Rite Écossais Primitif.

En 1778, une tentative de remise en ordre intervient avec l’adoption du Code Maçonnique des Loges Réunies et Rectifiées dit Code de Lyon. Ce Code, qui régira depuis lors le Rite Écossais Rectifié, ne reconnaît que quatre grades symboliques : ceux d’Apprenti, de Compagnon, et de Maître pour les loges bleues et celui de Maître Écossais pour les loges vertes. Mais à ces quatre grades symboliques, s’ajoutent les degrés chevaleresques de l’Ordre Intérieur qui utilise l’ancien Ordre du Temple comme « moyen de transcendance », pour reprendre l’expression de Hugues d’Aumont (in « Templiers et Chevalerie spirituelle des Hauts Grades maçonniques » page 16), Novice et Chevalier du Très Saint Sépulcre de Notre Seigneur Jésus-Christ. On est donc ici en présence d’un système à six degrés, auxquels s’ajoutent encore les deux degrés d’une classe secrète, dite de Profession : Profès et Grand Profès.

Le Code de Lyon décrit avec précision les intervalles devant être respectés pour les passages de grades :

En deux ans, on pouvait donc atteindre le cinquième grade, étant entendu que le même Code précise que ces intervalles peuvent être abrégés sur dispense particulière. En réalité, ainsi que le note Christian Guigue, « on était souvent Maître-Maçon dès le jour de sa réception » (in « Rite Écossais Rectifié – Manuel pour le Travail en Loge de Compagnon » page 153).

En 1786, Frédéric II est supposé avoir édicté à son tour de Grandes Constitutions qui serviront de charte historique au Rite Écossais Ancien et Accepté, lequel comprend [...] 33 degrés se répartissant comme suit :

-    du 1er au 3ème                              pour les Loges bleues,

-    du 4ème au 18ème                         pour les Loges de Perfection,

-    du 19ème au 30ème                       pour le Chapitre,

-    le 31ème                                        pour le Tribunal,

-    le 32ème                                        pour le Consistoire,

-    et le 33ème                                    pour le Conseil Suprême.

Cette hiérarchie en trente-trois degrés ne tardera pas à servir de référence mondiale et la plupart des Rites tenteront de fixer des équivalences entre leurs propres systèmes et celui du Rite Écossais Ancien et Accepté. Exercice parfois périlleux et discutable, car tendant à être oublieux des spécificités propres à chaque parcours initiatique.

Toujours est-il que l’usage veut que le 4° du RER corresponde au 18° du REAA, le Novice au 30° et le Chevalier au 33°.  On notera que la correspondance, entre les derniers degrés de Chevalier du Temple et 33°, semble d’autant plus artificielle que le premier est un degré à caractère chevaleresque alors que le second est un degré administratif.

Les intervalles pour les passages du grade d’Apprenti à celui de Compagnon et de Compagnon à Maître sont identiques à ceux du Rite Ecossais Rectifié, soit respectivement cinq et sept mois, mais l’Article 343 des Règlements Généraux de la Maçonnerie Écossaise, adoptés en 1880, confirme en outre que ces intervalles peuvent s’exprimer également en nombre de Tenues. La Maîtrise est ainsi accessible à l’Apprenti qui aura participé à quinze Tenues. Nous sommes fort loin des pratiques contemporaines, est-il besoin de le souligner. (voir « Règlements Généraux de la Maçonnerie Écossaise pour la France et ses Dépendances » Éd. Lacour, 1993).

[...] Quant au Rite Écossais Primitif, il semblerait qu’il connut des destinées diverses selon son enracinement géographique.

En Écosse, il apparaît que le Early Grand Scottish Rite ne résista pas au mouvement général qui marqua la Maçonnerie des XVIIIe et XIXe siècles. Un témoignage intéressant nous est donné par A.E. Waite dans son Journal, à la date du 8 février 1903. En effet, Waite raconte les conditions dans lesquelles il fut reçu au 44° degré du Early Grand Scottish Rite qui aurait compris 47 degrés au total (cité par R.A. Gilbert « Ars Quatuor Coronatorum« , volume 99 pour l’année 1986).

En France, tout porte à croire que le Rite Écossais Primitif, peut-être parce que peu pratiqué, demeura plus proche de ses origines et qu’il parvint à maintenir assez longtemps une hiérarchie de grades rappelant celle du XVII° siècle.

Mais c’est avec notre ancien Grand Maître, Robert Ambelain, et les recherches qu’il effectua, que la situation allait se clarifier pour aboutir à la mise en ordre que nous connaissons aujourd’hui.

[...] Schématiquement, et sans entrer dans le détail, on peut distinguer deux temps ou deux périodes, dont 1991 sera l’année charnière.

Dans un premier temps, et après quelques variations probablement consécutives à l’avancée de ses recherches, Robert Ambelain arrête la hiérarchie des grades du Rite Écossais Primitif à son cinquième grade, celui de Maître Écossais et Chevalier de Saint André.

L’échelle hiérarchique du Rite Ecossais Primitif comprend alors les grades :

I     Apprenti

II    Compagnon

III   Maître (ou « Compagnon confirmé »)

IV   Maître Installé (ou Maître de Saint Jean ou encore Maître de Loge)

V    Maître Écossais et / Chevalier de Saint André du Chardon.

Ce schéma ressort assez clairement de deux documents ou courriers par lesquels notre ancien Grand Maître explique que le Rite Écossais Primitif arrête sa hiérarchie au 18° degré de l’Écossisme et du Rite de Perfection et donc à son grade de Chevalier de Saint André [...] et que le quatrième grade est celui de Maître Installé [...].

Pour les Frères qui désirent poursuivre leur avancée hiérarchique au-delà du grade de Chevalier de Saint André, Robert Ambelain offre la possibilité de les acquérir au sein d’un autre Rite dont il détient une patente : le Rite de Cerneau, similaire au Rite Écossais Ancien et Accepté et comportant donc 33 degrés.

Quelques mois plus tard, notre Grand Maître décide d’enrichir la hiérarchie du R:.E:.P:. en lui adjoignant les grades de Novice et de Chevalier du Temple Prince Rose+, semblables à ceux du Rite Écossais Rectifié. Dès lors, il n’est plus nécessaire de faire appel à ce que l’on pourrait appeler la filière Cerneau, le Rite Écossais Primitif se trouvant doté d’un système complet en sept grades. [...]

À première vue, la hiérarchie des grades du Rite Écossais Primitif ne semble pas présenter de particularités notables, si ce n’est le rappel d’anciennes dénominations antérieures au XVIII° siècle et une certaine similitude avec celle du Rite Ecossais Rectifié.

Pourtant, deux grades méritent d’être quelque peu explicités, sans divulguer le moindre secret bien sûr, ceux de Maître Installé et de Chevalier de Saint André.

Dans le système propre au Rite Écossais Primitif, le grade de Maître Installé est non seulement une « qualité » comme dans d’autres Rites mais bien un grade au sens strict du terme.

Grade particulier car, bien que placé en quatrième position, il ne peut être conféré que si l’on possède le cinquième grade, celui de Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André. Les raisons de ce particularisme – que l’on retrouve pour partie au Rite Écossais Rectifié – sont données par Robert Ambelain dans son introduction au « Rituel des Maîtres de Loge« .

Autre particularité du grade, celui-ci est conféré au sein d’une Loge de Maîtres Installés ou, à défaut, dans tout Temple mis à la disposition des trois Installateurs. Il n’y a aucun lien direct avec l’allumage des feux d’une nouvelle Loge et le grade qui est donné l’est ad vitam. Il permet à son titulaire de disposer de l’outil nécessaire pour créer une Loge, puis la diriger, mais l’Installation elle-même constitue une cérémonie per se.

Pas plus que pour les autres grades, aucun intervalle minimal n’est fixé pour le passage au quatrième grade. De même, aucun délai n’est fixé entre l’Installation et la prise en charge d’une Loge.

Est éligible au grade, écrit Robert Ambelain, « un Compagnon confirmé, ancienne dénomination de Maître Maçon, susceptible de diriger une Loge et d’y transmettre les trois grades de l’Initiation maçonnique : Apprenti, Compagnon et Compagnon confirmé ». (R. Ambelain : Rituel des Maîtres de Loge).

Il ne semble pas que, dans l’esprit de Robert Ambelain, la Réception au grade de Maître Installé ou de Maître de Loge ou encore de Maître de Saint Jean constituât une étape obligatoire pour accéder aux plus Hauts-Grades du Rite et, dès lors, rien n’empêche fondamentalement un Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André de passer aux grades de Novice puis de Chevalier du Temple Prince Rose+ sans être pour autant titulaire du quatrième grade.

En revanche, un Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André qui serait appelé à diriger une Loge devait obtenir préalablement le grade de Maître Installé. On pourrait donc qualifier ce dernier de grade « fonctionnel ».

Le grade de Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André mérite également une mention spéciale car il résulte d’un « syncrétisme » original entre degrés purement maçonniques et filiation chevaleresque traditionnelle.

Le sujet est extrêmement vaste et il est naturellement impossible de le développer ici sous tous ses aspects.

Quelques extraits d’une fort intéressante note de Robert Ambelain, intitulée Les Maîtres Écossais, peuvent donner quelques indications essentielles. Il faut savoir que le grade de Maître Parfait Écossais de Chevalier de Saint André est demeuré longtemps secret.

« Le 24 juin 1314, explique Robert Ambelain, Robert Bruce, roi d’Écosse, constitua l’Ordre de Saint André du Chardon. [...]. En 1593, Jacques VI d’Écosse constitue la Rose-Croix Royale avec trente-deux chevaliers de Saint André du Chardon. Il est alors Grand Maître des Maçons opératifs d’Écosse. Tombé dans l’oubli, faute de recrutement valable, ou raréfié dans le secret, l’Ordre de Saint André du Chardon est rouvert en 1687, avant son exil en France, par le roi Jacques II. Et là on voit apparaître au grand jour cet ordre maçonnique [...] qui a pour nom « Ordre des Maîtres Écossais de Saint André« , nom qu’il ne quittera plus.  Le Rituel, à double sens, évoque [...] le retour en Grande-Bretagne, après l’exil en France, avec la restauration des Stuarts. » (Robert Ambelain : « Les Maîtres Écossais »).

D’autres sources donnent l’an 810 comme date de fondation de l’Ordre de Saint André du Chardon [...] (Pierre Girard-Augry : « Rituels secrets de la Franc-Maçonnerie templière et chevaleresque » page 27) [...]. En tout état de cause, le cinquième grade du Rite Écossais Primitif est d’une exceptionnelle richesse et ne saurait être comparé aux grades – peut-être similaires dans l’apparence – d’autres Rites qui se parent de titres à connotation chevaleresque dans une perspective exclusivement symbolique et sans lien avec l’Ordre de Chevalerie, subsistant ou éteint, dont ils empruntent la dénomination (Chevaliers de la Toison d’Or, Chevaliers de Malte, etc). [...]

Un dernier mot sur la question de la validité des grades et titres maçonniques.

Assez curieusement, c’est un aspect du sujet qui est très rarement sinon jamais traité dans les Constitutions, Règlements et autres textes maçonniques. Ou alors de manière indirecte.

[...] Une précaution liminaire s’impose : la validité d’un grade ou d’un titre maçonnique ne saurait être jugée avec des critères juridiques purement profanes. Cela n’aurait pas de sens et conduirait inévitablement à considérer nombre de grades maçonniques comme illicites ou usurpés à l’exemple des dénominations chevaleresques évoquées plus haut.

La validité d’un grade maçonnique ne peut se déterminer qu’à travers la culture maçonnique elle-même : ses règles et son esprit. Ainsi, on pourra sans doute affirmer qu’un grade maçonnique sera réputé régulièrement reçu  – et donc incontestablement valide –  si trois conditions minimales sont réunies :

  1. Régularité de l’Initiation maçonnique de l’Impétrant (on ne saurait donner d’autre grade à un Profane que celui d’Apprenti) et de ses élévations successives ;
  2. Pouvoir de celui ou de ceux qui confèrent le grade : ce pouvoir doit s’analyser par référence au grade détenu par ceux-ci et, le cas échéant, par référence à la fonction règlementaire qu’ils assument au moment où le grade est conféré ;
  3. Stricte observance des Rituels de Réception tels qu’approuvés et en vigueur dans le cadre du Rite au sein duquel le grade est conféré.

Dans certains cas extrêmes ou d’urgence [...], les critères de validité – en particulier les critères de forme –  pourront être assouplis pour tenir compte du contexte particulier.

Enfin, il ne faut pas confondre validité et reconnaissance du grade : la validité repose sur des critères objectifs alors que la reconnaissance ne relève que de celui de l’opportunité, critère subjectif s’il en est, ou d’accords inter-obédientiels révisables à tout moment.

Fabrice O’Driscoll, à l’Orient de Toulon – 2000 èv

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Les Grades au Rite Ecossais Primitif

 

     A ses origines, la Franc-maçonnerie écossaise stuartiste semble n’avoir connu qu’un seul grade,  celui de Compagnon.

     Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que divers systèmes hiérarchiques ont été élaborés,  toujours sous influence stuartiste.

     L’actuelle graduation propre au Rite Ecossais Primitif – ou Early Grand Scottish Rite –   est parfois source de confusion pour qui s’intéresse à ce Rite de Tradition.  Il est bien vrai que, déjà, son ancien Grand Maître pour la France, Robert Ambelain, semble avoir hésité avant de fixer définitivement la hiérarchie des Grades du Rite Ecossais Primitif.

     Jusqu’à la mi-1991, cette hiérarchie – qui ne comportait pas encore d’Ordre Intérieur – était définie en sept grades, le dernier étant celui de Chevalier de Saint André.

(1)  Apprenti, (2) Compagnon,  (3) Compagnon confirmé,

(4)  Maître,  (5) Maître de Loge ou Maître installé,

(6)  Maître Ecossais, et  (7) Chevalier de Saint André

Dans un deuxième temps, Compagnon confirmé et Maître sont assimilés en un seul grade, le troisième, et la hiérarchie du Rite se trouve ainsi réduite à six grades :

(1)  Apprenti, (2) Compagnon,  (3) Compagnon confirmé ou Maître,

(4)  Maître de Loge ou Maître installé,

(5)  Maître Ecossais,

(6) Chevalier de Saint André.

Ainsi les certificats de réception délivrés par Robert Ambelain à partir du second semestre 1991 au Grade de Maître de Loge ou Maître Installé précisent bien que ce dernier est le « quatrième grade de la hiérarchie du Rite ».

…..    Ceci ressort explicitement des Statuts du Rite Ecossais Primitif de décembre 1990 (JO du 2 janvier 1991) et d’une lettre adressée par Robert Ambelain à A. Fagesi le 18 avril 1991.  A noter que la charge de Maître installé constitue un grade per se, tout comme la cérémonie d’Installation.

Puis, après juin 1991, les grades de Maître Ecossais et de Chevalier de Saint André sont, à l’instar de la hiérarchie du Rite Ecossais Rectifié, réunis à leur tour en un seul grade, celui de Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André, qui devient ainsi le cinquième grade du Rite Ecossais Primitif.

Cette réunion des anciens cinquième et sixième grades est clairement établie dans le Complément ou Rectification à la Constitution (Ordonnances) de 1720 qui mentionne désormais au singulier ce degré de Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André (cf. article 3 du Complément ou Rectification à la Constitution de 1720, repris dans le chapitre Textes fondateurs), le Rituel de Travail à ce grade étant l’ancien Rituel de Chevalier de Saint André transmis à Robert Ambelain par Georges Bogé de Lagrèze en 1942.

Le même Complément ou Rectification à la Constitution de 1720 précise que les Maîtres Parfaits Ecossais Chevaliers de Saint André se réunissent en Chambre Ecossaise constituant Chapitre avec autorité administrative sur la (ou les) Loge(s) symbolique(s) relevant de sa compétence.

Ces Chambres Ecossaises (ou Chapitres ou encore Loges chapitrales) sont distinctes et indépendantes de l’Ordre Intérieur (également mentionné dans le même texte).

L’Ordre Intérieur introduisait, dès juin 1991, deux grades supplémentaires, similaires à ceux de l’Ordre Intérieur du Rite Ecossais Rectifié : le grade de Novice et celui de Chevalier du Temple Prince Rose+.

…..    La hiérarchie du Rite Ecossais Primitif retrouva ainsi sept grades définitivement articulés comme suit :

(1)  Apprenti,

(2)  Compagnon

(3)  Compagnon confirmé ou Maître

(4)  Maître de Loge ou Maître installé

(5)  Maître Parfait Ecossais Chevalier de Saint André

(6)  Novice

(7)  Chevalier du Temple Prince Rose+

A l’étranger, et selon les époques, la graduation du Rite Ecossais Primitif a été plus complexe.

En Belgique, la Loge-Mère La Bonne Amitié à l’Orient de Namur, où le Rite Ecossais Primitif fut pratiqué de 1809 à 1862, on trouve trente-trois degrés divisés en quatre classes dont :

Le détail de ces trente-trois degrés nous est donné par T. B. Clavel dans son ouvrage Histoire pittoresque de la Franc-Maçonnerie et des sociétés secrètes anciennes et modernes (Ed. Henri Veyrier, 1989, p. 65).

Outre-Manche, le Britannique A. E. Waite indique dans son Journal, à la date du 8 février 1903, qu’il fut reçu au quarante-quatrième degré du Early Grand Scottish qui comprenait alors quarante-sept degrés au total. Nous ignorons s’il s’agit des mêmes degrés que ceux pour lesquels l’américain Matthew McBlain Tomson publia The Rituals of the Degrees of the Early Grand Scottish Rite aux Editions Hugh Murray.

Plus proche de nous, l’Orden Real de Heredom de Kilwinning, établi en Argentine depuis 1810, continue à pratiquer un Rite Ecossais Primitif en sept Grades arrêtés comme suit :

(1)     Apprenti

(2)     Compagnon

(3)     Maître

(4)     Royal Arche de Salomon

(5)     Grand Ecossais de la Voûte Sacrée

(6)     Chevalier d’Orient

(7)     Souverain Prince Rose-Croix.

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Ici tout est symbole !

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Ici tout est symbole !

 

 

Ils sont des milliards dans un univers de symbole

Comme des boules de billard sur un tapis de jeux de rôle

Une ethnie les a façonnée comme un être nouveau né

Au symbolisme illusionné où le mensonge est panacée

 

 

Ils sont des milliards isolés dans leur propre histoire

Sauvé d’un épais brouillard fait de défaites et de victoires

Une peuplade les a grimé dans des péripéties chimériques

Où le mental les tient murer dans un labyrinthe symbolique

 


 

Ils sont des milliards idolâtrant l’imaginaire

Civilisé dieu ou pillard dans la faune et flore d’une terre

Une aventure les a trahi  en un loup hurlant à la lune

Un film d’enfer de paradis dans le gestion d’un jet de runes

 


 

Ils sont innombrables et certain loin de chez eux

L’impétrant est vénérable si l’esprit en fait le vœu

Une pensée les a nourri dans leur chair d’une subsistance

D’aimer l’absurde d’une vie et la douleur de l’existence

 

 

Ils sont des multitudes qui s’éteindront au point du jour

Bien seul sans certitude malgré toutes ses ombres autour

Des milliards de ver à soie loin des symboles de cocon

Sans vérité et pour seule voie l’éclat des ailes d’un papillon

 

 

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Denis Carnevali

 

 

 

 

Trois siècles de franc-maçonnerie

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Franc-maçonnerie : ce qui est sacré et ce qui ne l’est pas ? 3 février, 2024

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Franc-maçonnerie : ce qui est sacré et ce qui ne l’est pas ?

 
Par La Rédaction
13 février 2023

 

Franc-maçonnerie : ce qui est sacré et ce qui ne l’est pas ? dans Contribution fantasy-2879946_1920-696x394

Article proposé par Stéphane Gebler

Une fois n’est pas coutume, c’est par une double nouveauté personnelle que je vais débuter mon propos. D’abord, je vais citer la bible qui, bien qu’étant le bouquin le plus vendu au monde reste j’en suis certain, de loin un des livres le moins lu, et secondement, je vais tâcher de vous démontrer que le Christ, ou du moins les paroles que l’église romaine et apostolique lui prête, a raison.

Je me lance : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme. »[i]

Les choses sont posées. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche de l’homme le problème. Et si la sentence est claire, il n’en reste pas moins que si nous devions nous limiter à la face visible des choses, nous ne parlerions que de cochon ou de recette de cuisine et autres régimes alimentaires. Si manger Kasher impose de ne pas manger de sang, de séparer les viandes et les produits laitiers, de ne pas consommer de crustacés ou de porc, j’aime bien penser d’abord qu’il y a des raisons. Sur lesquelles je ne reviendrai pas. Mais j’apprécie surtout qu’un bienfaiteur de l’humanité de ce rang, comprenne qui pourra, a plus d’envergure qu’un simple diététicien hygiéniste de l’antiquité.

Alors qu’est ce qui entre dans la bouche, par la bouche ? Je devrais reformuler : en dehors des aliments, qu’est ce qui nourrit l’homme ? Parce que je crois que c’est ça la question. Il existe en dehors des pratiques matérielles et biologiques des choses d’un autre plan qui assurent la survie des hommes. C’est je crois le spirituel, qui d’une manière ou d’une autre confère au sacré bien qu’il s’agisse deux notions différentes. On sait qu’on ne peut pas vivre sans manger et boire, mais on sait aussi qu’on peut pas s’épanouir sans sentiment de sécurité. Depuis une centaine d’années les chercheurs nous ont même permis de comprendre qu’il est difficile pour l’être humain de ressentir ce que l’on nomme parfois comme du bonheur, c’est-à-dire une forme intense de satisfaction provisoire, sans percevoir de la reconnaissance. L’étape ultime, l’éveil, d’autres parleront de nirvana, d’extase, est clairement totalement détachée de ces mécanismes élémentaires. Il s’agit d’états de conscience plus élaborés, rares, venant d’une autre dimension.  Dans ces moments, l’esprit et le corps n’ont plus d’importance. Il ne s’agit pas de satiété, ni physique ni morale, mais d’un dépassement total, d’une élévation, d’un dépassement de soi.  Il y a quelque chose de magique, d’incompréhensible. Bien sûr c’est le fruit d’un long cheminement (ou parfois d’un imprévu). Maslow nous explique que pour y parvenir il faut gravir les marches, une à une, d’une pyramide[ii]. Enfin, ça, c’est la version grand public, un peu édulcorée. Disons que la version d’Abraham Maslow est un peu moins concise, un peu plus complexe. Mais l’idée est là. On retrouve la même idée chez Piaget, le psychologue suisse, qui s’est intéressé au développement de l’intelligence. Les choses se font, non pas de manière innée, mais par étapes successives et incontournables[iii].

Pyramide-de-Maslow-Illustration-Perrier-Jablonski dans Contribution

Pyramide de Maslow, version n° 1. Illustration : Perrier Jablonski

 Certains auteurs, au contraire, nous racontent que pour approcher de cet état il faut se mettre en ascèse, refuser toutes les complaisances matérielles et sociales, renoncer au confort, chercher les limites. Les Grecs quant à eux parlaient d’ataraxie[iv], d’absence de maux. Le moyen d’y parvenir était aussi un travail sur soi, sur ses pensées, sur ses désirs. Finalement, on se rend compte que cet état de plénitude totale est une constante dans la recherche de toutes les civilisations. C’est le salut que chacun poursuit, pour certain c’est ici-bas et maintenant, pour d’autres c’est ailleurs et demain. En cela, il est question de route initiatique : il y a des portes, des étapes à franchir. Des efforts à fournir. Une voie à suivre. Ce n’est pas un aliment qu’il faut juste consommer mais qu’il est nécessaire de planter, de cultiver. Il y a une progression sacrée sur le chemin initiatique. Et cette nourriture sacrée est rare, difficile. Déjà, il faut la désirer, et en plus, il faut pouvoir l’atteindre. Rien que ça. Au REAA, il y a la progression initiatique. Est-ce à dire que plus on progresse, plus on est rassasié sur le plan spirituel ? Je n’ai pas les compétences pour en parler mais j’ai un doute. En revanche, ce dont je suis certain c’est que si les préalables ne sont pas acquis, si les premières marches ne sont pas franchies en loge bleue, il me parait compliqué d’imaginer progresser. Autrement dit, quand les bases et les fondations ne sont pas stables, l’édifice ne tient pas la promesse d’une construction solide. Il n’est pas de nourriture raffinée, subtile sans une acquisition primaire. En conséquence de quoi, rien ne sert d’imaginer progresser réellement si on oublie les serments, si on n’est pas imprégné des fondamentaux des premiers grades.

Bien sûr, s’arrêter au constat ou à la projection n’est pas suffisant. Encore faut-il savoir quels sont ces aliments qui nourrissent le franc-maçon en loge bleue.

Pour ma part je vois trois grandes familles qui se rapportent à des devoirs. L’assiduité en premier lieu. Comment atteindre un état rare en consommant quand ça va, quand je veux, quand il fait beau, quand je n’ai pas piscine ? Comment progresser en ne fournissant pas d’effort ? Comment devenir un autre sans forcer notre nature ? La franc-maçonnerie ne nous impose rien mais chacun d’entre nous a choisi d’y entrer. Chacun d’entre nous a cru bon, à un moment donné, que sa vie méritait d’avoir du sens. Si la franc-maçonnerie donne accès à une certaine reconnaissance, au moins d’un état qui nous est donné lors de notre initiation puisqu’à ce moment les frères et les sœurs de l’atelier nous reconnaissent comme tels, il s’agit d’un premier pas uniquement. Nécessaire mais pas suffisant. La reconnaissance ouvre une voie, mais elle n’est pas le moteur de la progression. C’est chacun, en son soi, qui donne l’impulsion. Naturellement, il n’y a rien d’obligatoire. Et puis tout le monde n’a pas le même moteur . Les parcours de vie sont différents, on peut déménager, on peut avoir une vie active riche en déplacements professionnels, ce qui peut expliquer des absences répétées. Mais à ce titre, je crois qu’il faut aussi renoncer momentanément à trouver toute la richesse de l’indicible secret initiatique.

Ensuite, il y a la générosité en tant que clé de voute de la fraternité. Précisons que la générosité ce n’est pas de l’amour. Je vous renvoie à André Comte Sponville dans son petit traité des vertus[v]. On n’est pas généreux avec ceux qu’on aime : la générosité c’est ce qu’on donne à ceux qu’on n’aime pas. Personne ne se félicite de donner quelque chose à ses enfants, ou à son compagnon. C’est normal de donner quand on aime. La fraternité et la générosité sont d’un autre ordre. Ils coûtent quelque chose à celui qui donne. Et il le fait consciemment. Il sait ce qu’il perd car il pense qu’il y gagnera quelque chose à la fin. C’est un investissement en quelque sorte. Sans le dire, le généreux attend parfois quelque chose en retour. Le fraternel va plus loin, il s’en fiche. Il donne parce que c’est normal. Parce que c’est juste. C’est une petite différence qui fait la différence.

Enfin, je n’imagine pas un franc-maçon sans tempérance et prudence associées à la nécessaire sincérité. Je dois dire ce que je pense mais je dois veiller à ne pas blesser autrui.

Parce que c’est bien la suite des propos de Jésus : « c’est ce qui sort de la bouche qui souille ».  Ce qui sort de la bouche ce sont les paroles. Ce sont les mots. Pour le Christ qui devait être un Lacanien avant l’heure, les mots devenaient des maux, c’est-à-dire le mal. Ce sont les idées qui, transformées par la syntaxe et la grammaire, ce qu’on appelle la langue, filtrées par la culture, la connaissance, modelées par l’expérience passée, la situation actuelle, transitent de l’intérieur de celui qui les pense vers l’extérieur. Ce sont les idées qui sont présentées au monde. C’est le passage de l’intime au public. Ce qui sort de la bouche c’est la représentation du monde intérieur, ce sont les intentions de celui qui les prononcent. Il y a quelque chose de sacré à montrer ce qui brille en soi. Il y a le courage de donner son avis. Il y a l’envie de penser qu’un avis mérite d’être partagé. Pas comme un tweet, qui n’est que l’expression, au mieux, d’un accord juste répété, mais bel et bien comme la manifestation d’un partage accepté. Je veux dire par là que donner son avis impose une volonté à la fois personnelle mais aussi un contexte. Il y a des moments où il vaut mieux se taire. Ils ne sont pas assez rares ces moments : pour ma part, c’est quand je réalise qu’en prononçant des mots, je vais blesser celui ou celle qui va les entendre. Souvent, je m’en rends compte au moment même où je parle. La tradition populaire nous donne pourtant des conseils : tourne 7 fois ta langue dans ta bouche avant de parler. Ça devrait nous parler, le chiffre hautement symbolique du 7 mais ce n’est pas le sujet.

Ce qui est intéressant finalement c’est ce qui se passe entre le moment où il y a un truc qui entre et l’instant où quelque chose sort. Encore une fois pour comprendre le pourquoi, il faut passer par l’étape du comment. Quel est le mécanisme sur lequel nous devons focaliser notre attention ? Si on revient à l’analogie alimentaire, on finit fatalement par tomber sur l’estomac, sur l’idée de la digestion[vi]. On ingère des aliments qui sont transformés en chair. Il y a une opération de transmutation, il y a une alchimie qui divise la nourriture en particules nourrissantes. C’est en quelque sorte un tunnel qui dissèque, divise, aspire et nourrit.  Cette absorption fait profiter l’ensemble du corps et de l’esprit qui se sert en énergie. La partie que l’on n’aime pas évoquer correspond à ne pas oublier que cette manipulation chimique produit des déchets. Qu’il faut évacuer. C’est la partie la moins noble. Et pourtant elle est absolument obligatoire. Elle finalise la démarche. Digérer c’est donc un processus vital, normal, nécessaire. C’est l’interface entre le dedans et le dehors. C’est la garantie du vivant. En absorbant une matière, le vivant produit une mort qui nourrit l’hôte et rejette de l’inerte. C’est une histoire invisible, qui a lieu en nous, en dépit de nous, sans notre autorisation. On ne gère pas son estomac, il est autonome comme la plupart de nos organes d’ailleurs.

Digestion

Vous allez me dire que la question biologique de la digestion nous fait une belle jambe et que probablement, on s’égare un peu. Mais regardez où je veux en venir : la loge en tant réunion d’organismes vivants autonomes, ingère aussi, si elle veut survivre, des aliments inertes au sens initiatique, c’est ce qu’on appelle des profanes. Les profanes finalement, ne sont-ils pas des aliments pour l’atelier ?  Le profane en tant que non initié, doit être initiable[vii], de la même manière qu’un poisson frais. On choisit sa nourriture sans quoi, il y a un risque réel d’intoxication. L’initiation est une forme de digestion du profane. Il meurt et a pour ambition sacrée de se transformer pour nourrir la loge. C’est bien la question fondamentale que nous nous posons quand dans notre intimité nous trions la boule noire de la boule blanche lors du vote de présentation d’un candidat. Va-t-il être assimilé dans l’atelier ? Que va-t-il pouvoir apporter à la loge ? Quelle est son essence ? Est-il comme nous ? Peut-il devenir comme nous, veut-il nous ressembler ? En est-il capable ? la question que l’on se pose moins souvent c’est de savoir, non pas si nous en avons besoin, les maçons ont toujours de l’appétit, mais de quel aliment avons-nous besoin, maintenant et tout de suite ?

Tous les ateliers, n’ont pas les mêmes besoins en fonction de leur maturité, de leur capacité à digérer. Certains doivent gagner en stabilité, ils ont besoin de « pareils », de pâtes pour ne pas dire de nouilles, qui nous ressemblent, qui ne poseront pas de problème, qui ne diront rien, ne produiront aucun gaz explosif. Certaines loges ont besoin de grossir, de prendre ou de reprendre des forces tranquillement. D’autres, doivent faire des choix différents. Certaines loges sont dans une impasse sanguine, elles meurent lentement, et il leur faut du sang neuf, un coup de boost. Là aussi, il s’agit de phases de développement. Et de dosage. Cet équilibre précaire ne tend qu’au déséquilibre. Un rien fait basculer la balance. Il y aurait donc une diététique maçonnique en dehors des agapes. Le recrutement, même s’il s’agit d’un terme provenant de l’entreprise, est une affaire sérieuse. Trop du même ingrédient peut conduire soit à une forme d’obésité morbide, soit à une mort lente. Mais l’inverse fonctionne aussi. Des aliments indigestes ou indigérables peuvent conduire à la crise de foi maçonnique.

C’est ainsi que certains apprentis jettent l’éponge au bout de quelques mois. Dans ce cas, le pourquoi du comment de la digestion maçonnique n’a pas été abordé au regard de l’ensemble des paramètres. Un excellent aliment peut ne pas être assimilable dans certains ateliers. C’est comme donner de la confiture au cochon. Dans le même ordre d’idée, il est des loges qui ont la nécessité de dégraisser, de perdre du poids ; c’est ce qui arrive parfois quand on parle de création de loge d’humeur. Trop lourd, gavé d’excellents maçons, un atelier ne parvient plus à trouver son rythme. Il s’épuise en vain. Et c’est copieux intellectuellement de constater que la notion « d’humeur » si elle évoque aujourd’hui le caractère persistant d’une personne correspondait autrefois aux liquides qui s’écoulait dans l’organisme[viii]. Comme quoi, rien ne se perd, rien ne sécrète, tout se transforme.


[i] Evangile de Mathieu chapitre 15, verset 11.

[ii] https://www.revuegestion.ca/besoins-et-motivations-une-nouvelle-pyramide-de-maslow

[iii] https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Jean-Piaget-page-2.html

[iv] Concept principalement développé chez Epicure mais qu’on peut aussi retrouver chez les Bouddhistes. https://www.cairn.info/revue-sens-dessous-2021-1-page-103.htm

[v] Auguste Comte Sponville, PUF, 1195.

[vi] https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Digestion_et_appareil_digestif/1001674

[vii] Je ne suis pas l’auteur de cette expression mais je ne retrouve pas l’auteur. Je sais que notre frère Michel Meley aime l’employer.

[viii] https://www.cnrtl.fr/definition/humeur

 

SOURCE  :  https://450.fm/2023/02/13/franc-maconnerie-ce-qui-est-sacre-et-ce-qui-ne-lest-pas/

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Protégé : Spiritualité et Mysticisme de la Perpendiculaire – 3°- 2 février, 2024

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Livres … Janvier 6024 1 février, 2024

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Livres

Même ne sachant ni Lire, ni Écrire …

Ce mois ci j’ai épelé avec un grand plaisir, entr’autres :

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le livre de SALVATORE FORTE

« LA RENAISSANCE NAPOLITAINE »

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le livre de LEXA MARAU

« LA VIE APRÈS LA MORT »

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le livre de HARGRAVE JENNINGS

« ROSE-CROIX RITES ET MYSTÈRES »

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le livre de CHRISTIANE DEVELAY

« LA REVELATION DES SECRETS DU TAROT »

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Chris

Janvier 6024

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