NE PAS PASSER DE NOUS À EUX. 31 juillet, 2024
Posté par hiram3330 dans : Contribution , trackbackNE PAS PASSER DE NOUS À EUX.
Ne pas oublier ce que nous sommes, déjà Boèce [1]disait « Tu as oublié ce que tu es. » Nous regardons aujourd’hui trop habituellement l’autre à travers le prisme des crises migratoires, oubliant de ce que nous sommes. Par un glissement progressif de générations en générations nous passons du ‘Nous’ à ‘Eux’. On commence, par regarder le corps avec mépris et ne voir que nos différences. Oubliant que nos corps sont les demeures de nos âmes. La Franc-maçonnerie reprenant l’injonction du poète Pindare, qui nous demande de convertir notre regard et de « devenir ce que nous sommes, » en fait de redevenir ce que nous étions, ne pas oublier que nous sommes des humains d’une même terre, issus de l’humus. Que nous sommes aussi européens du sud des bords de cette mare nostrum qui charrie des cadavres.
Aujourd’hui une marée humaine universelle remplie les stades pour le meilleur, une trêve, un passage étroit, un moment loin des barrages, des frontières, des barricades idéologiques parce que le sport ne sait pas construire des murs, il est un pont entre les hommes une rencontre et un partage. Les hommes me direz-vous y sont en compétition, certes ils le sont mais pas pour des avoirs avant tout pour être.
Cela ne doit pas faire de nous des naïfs, des aveugles devant les dictatures, les despotismes, les intégrismes, les idéologies mortifères religieuses ou politiques que nous devons combattre de toutes nos forces. Nous ne devons aussi, nous garder d’en faire des alibis pour nos parties les plus sombres et rejeter autrui nos peurs, par peur. Cette peur qui génère la haine de l’autre et apporte son cortège de souffrances. Nous devons être « les gardiens de nos frères » c’est notre feuille de route en dépit de tout. Sinon, ce serait un repli sur soi, l’enfermement et nous serions des morts-vivants, des corps sans esprit, sans âme et sans cœur.
Les corps de nos athlètes olympiens irriguent la beauté parce qu’ils sont tissés dans le sacré, l’on discerne à travers leurs corps leur beauté intérieure cette beauté qui sauve le monde.
« L’état suprême de la beauté est la grâce, or dans le mot grâce, on entend la bonté, car la bonté est la générosité d’un principe de vie qui se donne indéfiniment. Donc à travers le mot grâce, beauté et bonté ne font qu’un. »[2] Le combat pour ne passer du ‘Nous’ à ‘Eux’ est un combat permanent intérieur et extérieur contre le mal radical, cette banalité du mal de Hannah Arendt, mais aussi décelé par François Cheng voici ce qu’il en disait lors d’un entretien à propos de son premier roman : Le Dit de Tyani.[3] Il dit : « J’ai surtout été bouleversé par le contraste entre la sublime beauté dont l’univers est porteur et le mal radical dont l’homme est capable. À 8 ans, je commençais à peine à me poser des questions sur la vie. Et là, ma jeune âme a découvert intuitivement qu’aucune vérité ne serait valable, si elle ne répondait pas à la question posée par la coexistence, dans l’existence terrestre, de ces deux extrêmes ; la sublime beauté et le mal radical.[4] Les Francs-maçons ont fait le même constat de cette coexistence du Bien avec le mal, de cette dualité dès le 1er degré de leur initiation.
Ils œuvrent en permanence avec persévérance et humilité sans être sûr de pouvoir résoudre ce dualisme qui déchire le monde, pour en faire un ternaire unitaire. Proclamant leur foi maçonnique en un principe supérieur mystérieux ce ‘Il’ capable de les aider à vivre en harmonie avec eux-mêmes et avec le monde, c’est leur folle ambition d’unir les hommes qui sans la Franc-maçonnerie ne se seraient pas connus, ni parlés et seraient restés dans l’ignorance du bonheur de connaître l’autre et d’en être responsable dans l’honneur. Ils rassemblent ainsi tous les contraires, ayant saisit que ‘Eux’ c’est aussi ‘Nous’.
Jean-François Guerry.
[1] Boèce 480-524. Romain, chrétien, philosophe traducteur d’Aristote et de Porphyre de Tyr.
[2] Henri Bergson.
[3] François Cheng- Le Dit de Tyani. Prix Fémina 1998.
[4] François Cheng – À la croisée des chemins. Rencontre avec François Cheng Page 54 dans le livre magazine Ultreïa ! Plus loin, Plus haut, sur les chemins de la sagesse. N°12 de Juillet et septembre 2017.
SOURCE : http://www.lafrancmaconnerieaucoeur.com/2024/07/ne-passer-de-nous-a-eux.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail
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