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Maître Eckhart avec Eric Mangin 22 septembre, 2024

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Mythologie Inca – La légende de Manco Cápac et le Panthéon des dieux

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PENSER CONTRE SOI-MÊME

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PENSER CONTRE SOI-MÊME

 

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La franc-maçonnerie est une discipline initiatique, c’est-à-dire que son objet est d’approcher l’homme et de le faire travailler suivant quelques principes simples en apparence que sont l’analogie, le principe de parcimonie, la symbolique et la morale. La franc-maçonnerie n’est donc pas là pour expliciter des axiomes ou des théories appartenant à tous domaines proprement humains tels que la religion, la science ou la métaphysique. Elle doit se contenter de positionner l’homme par rapport à ce qu’il fabrique et ce qu’il découvre. Elle doit à cet égard toujours se référer à un début, un commencement, tel que l’explicite étymologiquement le terme d’initiation. C’est toute la difficulté de la franc-maçonnerie, à savoir que plus elle façonne l’initié, plus elle lui demande de s’émanciper, de s’affranchir de ce qu’il lui aura été communiqué, c’est-à-dire de quelque part penser, en tout temps et en tout lieu, contre soi-même.

« Penser contre soi-même ». Le jeune normalien Nathan Devers nous livre, dans son ouvrage intitulé comme tel, son tiraillement entre un futur promis à l’exercice du rabinât, dans une confession hautement ordonnancée,et son goût pour la philosophie, qu’il choisira finalement, estimant que les dogmes y sont moins présents, et que la philosophie est l’exercice de la vie ordinaire, louable s’il en est.Ce qu’il y a de singulier et de prometteur avec cet auteur est qu’il est à la fois sensible et brillant, mais qu’il n’en demeure pas moins un homme profane.Cette singularité m’a poussé à voir comment, en tant qu’initié, se définir par rapport à lui, et donc en quoi religion et philosophie peuvent présenter non des oppositions factuelles, mais des similarités, mériter une attention commune,et établir des ponts entre elles deux. Car le monde initiatique a pour objet non de dissembler les choses, mais d’y trouver une forme de continuum qui puisse accompagner le franc-maçon dans sa quête d’absolu.

 

A cet égard, j’entendrais la philosophie en lien avec cette sentence que nous retrouvons dans un rituel maçonnique : « La philosophie est la lumière jetée par l’Intelligence sur les choses de la vie ». L’intelligence est à considérer ici comme dans l’expression « en bonne intelligence », c’est-à-dire comme un flux, fait de liens, de plasticité et d’adaptation auxdites choses de la vie.Ce lien signifiant créant une mobilité intellectuelle dont l’intensité et la célérité vont conditionner notre capacité à comprendre le monde. Il n’y a donc pas des philosophies, mais une seule philosophie, qui emprunte des chemins infiniment variés. Ce qui différencie ensuite Sénèque ou Platon d’un maçon est la façon d’aborder le sens et les réalités de l’existence, mais aucune voie n’a de préséance sur une autre. Ainsi, si le candidat au Baccalauréat devra disserter sur un support philosophique qui lui est soumis, au travers de ce qu’il aura pu comprendre des grandes doctrines qu’on lui aura enseignées, comme une sorte de produit fini, le maçon aura lui à nous dire ce qu’il pense du sens de la vie à partir de matériaux tirés de sa propre expérience. Nathan Devers pose, lui,son interrogation liminaire à partir, d’un côté,d’une confession très normée, très formalisée, très exigeante et donc quelque part plutôt confidentielle, aussi bien dans ses dogmes que dans sa pratique, et la philosophie générale, qu’on peut donc percevoir comme un exercice de la vie ordinaire, avec ses multiples courants qui en sanctionnent l’universalité.Pourtant la philosophie est toute autant empreinte de dogmes que la confession hébraïque : il n’est par exemple qu’à voir comment les philosophes dits « des lumières » se sont arrogé une pensée qu’ils qualifièrent d’universaliste, allégation sanctionnant leur incroyable hubris et leur propension à jouer les censeurs et les donneurs de leçons. Ainsi comment Voltaire se gaussa, à travers Candide, de l’optimisme supposée de Leibniz, qu’il ne fallait pourtant voir que comme une louable tentative d’optimisation de la pensée et de l’action.

Le dogme, de toute façon, possède un sens qui est bien plus profond que son acception habituelle.Le dogme représente, dans une doctrine, un point précis de celle-ci, point défini comme fondamental, certain et unilatéral. L’aspect incontestable que revêt le dogme le rend a priori hautement indigeste pour un franc- maçon : le dogme peut donc être ressenti, surtout dans son acception moderne, comme quelque chose d’asséné, à l’image d’un violent coup de poing ou d’une privation inacceptable de liberté.Pourtant le mot « dogme » porte aussi souvent l’idée d’une valeur fondatrice ou d’une vérité première, à l’image du premier précepte de la Table d’Émeraude, ouvrage majeur de l’Alchimie, qui nous dit, je cite : « Il est vrai, sans mensonge, certain et véritable ». Cette affirmation peut paraître péremptoire, mais nous rend libres ensuite d’en tirer les enseignements qui nous conviennent le mieux, les préceptes suivants de cette Table étant empreints d’une liberté rendue possible justement par le « dogme » initial qui a été posé, comme si un cadre avait été défini, et qu’ensuite la liberté régnait à l’intérieur de ce cadre : « la plus grande liberté naît de la plus grande rigueur » nous dit Paul Valery.Nous pourrions également qualifier de dogmatiques les premiers versets de la Genèse, qualifiés de suscription, c’est-à-dire d’un propos général qui va coiffer, tout en les accompagnant, les versets subsidiaires.

La liberté initiatique est telle que la formulation même d’un dogme pourra être ressentie aussi bien comme une contrainte que comme une ouverture. Un exemple : l’Immaculée Conception est un dogme, constitué par l’association de deux termes apparemment antinomiques : si l’on se place sur le plan de la pure logique, on ne peut qu’ou bien l’accepter tel quel, ce sera l’attitude adoptée par le dévot, ou bien le rejeter tel quel : ce sera l’attitude adoptée parl’athée. Pour l’initié, qui cherche plus loin, cette antinomie deviendra un outil d’approfondissement, car elle mettra en lumière l’aspect paradoxal de ce dogme,permettant d’accepter d’aller au-delà des apparences fixées par les 2 colonnes extrêmes de l’immaculée et de la conception, et d’y ajouter un nouveau terme qui sera constitué par le ternaire de sa propre opinion. On parlera alors, s’agissant de l’initié, d’un « tiers inclus ». Ce sera le principe même de la méthode symbolique maçonnique, dans laquelle l’ambivalence est à la source du ternaire, c’est-à-dire de la vraie liberté, de celle que l’on se donne.Face à une aporie telle que celle de l’Immaculée Conception, le profane restera coi, là où l’initié y verra l’occurrence d’un élan supplémentaire. Le R.E.A.A. a documenté cette posture dans le contenu rituel du, Maître Parfait, qui est celui de la réalisation d’un deuil. Ce deuil est narrativement celui d’un héros,mais il est intellectuellement celui de la consommation de la réalité d’un gouffre existant entre les deux pôles de l’entendement binaire de l’être humain.Ces 2 pôles inconciliables prennent vie parune aporie qui est celle, du degré de Maître Parfait, de la quadrature du cercle, équation géométrique qu’il est impossible de résoudre avec la seule aide de l’équerre et du compas, c’est-à-dire des outils majeurs de l’initié. Citer une aporie revient exotériquement à se placer devant un mur incontournable car la logique et la raison, mises en défaut ici, sont les seuls leviers de l’évidence. Par contre, dans le cadre ésotérique, cette confrontation est assimilable à la détermination d’une position particulière.

Il est donc possible de se rendre libre aussi bien dans l’exercice d’une confession, que dans celle de la philosophie.Cette distribution de la vie en 2 pôles servira de tremplin à une vision plus partagée, à un entre-soi symbolique qu’on retrouve dans d’autres expressions du grade. Par exemple entre, comme il est dit dans une instruction, « entre la volonté de Dieu et l’action donnée au premier corps mouvant », intercession permettant de replacer l’initié au sein d’un concert plus conjonctif. Si Nathan Devers était maçon, il saurait donc que la religion ne s’oppose pas à la philosophie, et qu’un parcours initiatique bien compris permet à ces 2 univers de se rejoindre. Ce ne sont pas, en fait, les univers qui se rejoignent, mais l’intéressé qui en sera le pontife, c’est-à-dire le faiseur de ponts, lui ouvrant des horizons insoupçonnés. Ces valeurs nouvelles nous aideront à dépasser les clivages par une sorte de miséricorde universelle, afin de déplacer le combat du domaine de l’affrontement, tel celui vécu par le Chevalier d’Orient et d’Occident, à celui du ralliement, vécu par le Grand Pontife.Car si le Grand Pontife est le faiseur de pont, il est surtout le pont lui-même, et celui qui peut réunir, par le biais de son corps, les parties.

Le Temple est d’ailleurs, selon le rituel du Chevalier du Soleil, notre corps, à la fois subsidiaire et indispensable, dont il faut prendre grand soin(« habile, fort et éclairé », depuis le degré du Chevalier du Serpent d’Airain). Le Temple fut un temps le lieu de la Shékinah, ou présence divine, puis fut incarné en l’homme, avant de se révéler au Grand Commandeur du Temple, comme le point de jonction des différents liens tissés avec l’Univers.Ce corps n’a ici rien de simplement profane : il est au contraire le signe d’une évolution avérée, en substitution au Temple matériel, comme le précisera plus avant le R.E.A.A.Le combat mené par le Grand Pontife le mènera ainsi à la Foi, en tant qu’amour de la vérité, une, immédiate et indivisible, comme le laisse supposer la dénomination de fidèles et véritables frère dévolue aux possesseurs d’un certain degré.Devers se pose la question de la perte de sa foi, comme si cette foi ne pouvait être que le produit personnel d’une transcendance. En fait, la foi se définit en franc-maçonnerie comme « une tension naissant dans le cœur de l’Homme ». Le simple terme de tension renvoie à l’existence de 2 pôles ontologiques générant une force tierce.Cette simple allégation fait de cette foi la possibilité non d’une île, mais d’un isthme entre 2 mondes, indépendamment de la nature desdits mondes considérés. Il conviendra ensuite de définir les 2 mondes à l’origine de notre quête. La franc-maçonnerie, plus qu’une doctrine, est aussi une méthode, dont les éléments reposent toujours sur notre humanité et sur ces 2 mondes précités, qui ne sont que l’éclairage binaire d’une réalité pour le coup absolue.La franc-maçonnerie a choisi, dans ses plus hautes approches de considérer comme tenants de cette réflexion binaire le monde des arts et le monde des vertus.

 

L’ÉCHELLE MYSTÉRIEUSE

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Penser contre soi-même ne génère pas de destruction bilatérale, puisque le produit de cette réflexion est immédiatement rangé dans cette archive métaphysique qu’est le soi-même ; il faut au contraire y voir un appui front à front. Penser contre soi-même est une forme de mimétisme antagoniste dans lequel les 2 mondes qui forment à nos yeux l’univers se regardent l’un l’autre.Penser contre soi-même est aussi une façon de pouvoir regarder l’analogie de l’extérieur sans y sombrer, à la façon d’une Échelle mystérieuse. Penser semble lié au conjoncturel : on pense en fonction d’une situation qui nous pousse à mettre en œuvre ce processus ; on pense aussi parce qu’il semble impossible de ne pas penser, comme il est impossible de ne pas respirer : penser est un viatique, un instrument et un salut.Un certain degré nous donne à voir une échelle qui n’est rien moins que la pensée analogique vue de l’extérieure : ses pendants, si différents soient-ils, finissent par se rejoindre en un endroit non défini, mais néanmoins définitif : c’est toute la subtilité du « Nec plus Ultra », c’est à dire « rien au-delà », ce qui implique aussi « tout en deçà ». C’est une façon de décrire une totalité sans s’y plonger. Paul Naudon disait que « le progrès moral doit s’unir au progrès intellectuel, permettant de faire avancer l’instruction générale ». L’Échelle mystérieuse matérialise cette réflexion, le progrès moral étant l’assimilation des vertus, et le progrès intellectuel l’assimilation des arts libéraux.L’Échelle mystérieuse, symbole ultime, voit ses 2 volées porter respectivement ces vertus pour l’une, et ces arts libéraux pour l’autre. Les vertus peuvent apparaître comme l’expression incarnée de la divinité,à laquelle elles auraient emprunter son aura. Les 9 vertus inscrites sur les échelons septentrionaux de l’Échelle mystérieuse font d’ailleurs penser aux neuf noms de Dieu évoqués lors d’une cérémonie d’initiation du R.E.A.A.Ces noms nous interrogent sur la place et la fonction de l’homme à un moment donné de notre évolution, dans son rapport à « un principe plus grand que nous », comme disait le regretté Claude Guérillot. Ces inscriptions septentrionales sont l’amalgame entre des valeurs attachées au principe créateur, mais aussi à l’homme qui va en faire usage.En effet, en maçonnerie, l’évolution ne conduit pas, comme dans le monde profane, à un sommet qui vous distingue de l’autre, mais conduit plutôt à faire fi de ce que cette action a construite, pour se centrer sur celui qui l’a construite : initiatiquement, l’action révèle l’individu dans sa profonde simplicité : c’est cette dynamique que j’appellerais la vertu. Ainsi les vertus d’un homme ne se manifestent pas uniquement par les qualités intrinsèques qu’il est censé posséder, mais aussi par la possibilité qu’il aura de les exprimer, de les développer : les arts libéraux, gravés sur les montants méridionaux de l’échelle, sortes d’articulations chevillées au statut de l’homme, en seront les outils, les agents, les leviers.Selon le sens étymologique commun, le terme vertu provient de vir, l’homme : la vertu est donc intimement attachée au statut de celui-ci, en tant que source, qu’origine. La vertu a cette spécificité de définir ce que l’individu est, au-delà de sa naissance, de son éducation et de sa culture, ce que j’appellerais sa potentialité. On pourrait appliquer aux arts libéraux les 2 mêmes qualificatifs.Les arts et les vertus étant cette capacité à aller chercher ce qui est d’une possible réalisation à partir d’une potentialité existante.Car les vertus ne sont opératives que par le biais des arts libéraux, sinon elles ne restent que potentialités. Et les arts libéraux sont exaltés par les vertus, sans quoi ne sont-ils que des leviers dépourvus de charge.C’est pourquoi l’Échelle mystérieuse doit être comprise non comme une montée et une descente successive, mais comme une progression en miroir, débarrassée des contraintes de la sériation.

 

 

LA MER D’AIRAIN

 

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Cette progression en miroir nécessite, contrairement à la sériation, la capacité à mêler à tout instant telle vertu avec telle art libéral. Cette capacité est conditionnée d’abord et avant tout par une maîtrise individuelle qui n’a rien de statique, appelant à ne pas se déliter devant les circonstances. En effet, « penser contre soi-même » peut devenir hautement inflammable car le fait de penser aménage toujours un territoire nouveau qui se devra de colleter à l’orthodoxie en place, c’est-à-dire à tous les éléments préexistants qui sont restés sur les bas-côtés de notre réflexion. Cette orthodoxie, c’est donc le « soi-même », c’est-à-dire le reste de ce que nous sommes à un moment déterminé, modelé en temps réel par les circonstances, et dont la pensée est un agitateur particulièrement efficace. C’est toute la symbolique de la Mer d’Airain, présente dans l’Ancien Testament, devant le Temple de Salomon, et au REAA, devant la Voûte Sacrée.  S’y confronter dénotera de cette difficulté que nous rencontrons toujours à faire face à ce qui nous a générés, car l’évolution et la construction passent justement par une émancipation permanente. Cette capacité va dépendre des contraintes personnelles à surmonter, contraintes auxquelles nous confronte, en maçonnerie, par analogie, la Mer d’Airain du R.E.A.A.La Mer d’Airain sera alors dispensatrice d’une épreuve, évoquant quelque chose de vivant, de tumultueux, de difficilement contrôlable, car elle ne sera mue que par les remous subsistant chez le récipiendaire. Il conviendra de ne pas se laisser emporter dans cette masse confuse, de ne pas s’y laisser entraîner car là est le piège : la Mer d’Airain saura se modeler aux affects qui y seront trempés, c’est à dire qu’elle saura nous éprouver.L’instruction du grade qualifie, en citant la Mer d’Airain, de « symbole des résistances à surmonter en nous-même» : nous retrouvons là cet antagonisme fondateur porté par le « penser contre soi-même ».

Ainsi avec la Mer d’Airain, on se heurtera ou on se mesurera aux confins de soi-même, tout comme arts libéraux et vertus se collettent de part et d’autre de l’Échelle mystérieuse.Le substantif Mer apportera une connotation symbolique qui sera de l’ordre de la génération, de l’organique et du vivant, autant de concepts qui nous renvoient inévitablement à nos origines. C’est peut-être ce qui travaille Devers au travers de la religion, une forme de source collective, dont la morale nous dirait qu’il serait malséant de la négliger. Mais la philosophie porte tout autant l’empreinte d’un terreau que d’une attitude choisie.

« Penser contre soi-même », au-delà de l’opposition qu’elle peut signifier, crée, par la confrontation, un contact qui, loin d’isoler cette pensée, la corrèle en permanence à soi-même, c’est-à-dire à une forme indicible de totalité. Je parle bien de totalité, car la perception de notre individualité passe aussi par celle de notre environnement général.La confrontation, tout comme la séparation sont des ponts, des unions particulières, forgées par le fer et par le feu de l’exercice de la vie. « Penser contre soi-même »est donc une sorte de viatique, dont l’apparente opposition structurelle mène à se sublimer.  On pourrait estimer que « Penser contre soi-même » ne signifie rien, si on considère que la pensée est le seul viatique de l’existence et de l’identité, et que cette pensée génère tout notre entendement, comme si elle créait de toute pièce l’intelligibilité que l’on a de l’Univers. Mais le philosophe comme le croyant ont pour vertu de tenter de dépasser leur condition, représentée respectivement par ces 2 leviers que sont l’Amour du Prochain et par l’Amour de Dieu.L’Échelle mystérieuse est, outre ses 2 volées, charpentée par 2 montants verticaux qui transcendent en les réunissant vertus et arts libéraux, montants portant les inscriptions « Oheb Kerobo » l’Amour du Prochain, inhérent aux arts libéraux, et « Oheb Eloa » l’Amour du Divin, inhérent aux vertus. Ce qui définit au mieux l’amour est dit dès la première cérémonie d’initiation : « N’oubliez pas que l’amour est le témoin permanent de la réelle fraternité… ». L’amour est la colonne vertébrale et la condition sine qua none à la perception de l’Échelle mystérieuse, il la cristallise, la rend intelligible.Ce que l’amour veut peut-être aussi signifier est que les parties qui nous constituent doivent avancer de concert, quel que soit leur nature, et que pour cela, il leur faut un combat. D’ailleurs un rituel maçonnique de 1907 nous dit : « Q- Quelle est la synthèse de la profession de foi d’un …,? » « R- Je combats à outrance en aimant et en haïssant, en respectant et en méprisant sans bornes » : le « penser contre soi-même » pourra rejoindre ce combat métaphysique, presque mystique.Cette antinomie apparente valide cette dualité fondatrice.

La sagesse de l’initié parvenu au Nec plus Ultra ne connaît pas la morale, qui a besoin pour se développer et se prouver, d’un terrain suffisamment « meuble », autorisant les digressions les plus variées. La morale, tout comme la sagesse, se nourrit de cette dualité, mais différemment : la morale considère successivement et en opposition les 2 volets de l’existence, là où la sagesse tente de les concilier. « Penser contre soi-même »est, je le répète, une progression en miroir, une mise en abyme dont l’image, le reflet ne s’affaiblira pas avec le temps, car l’un n’obèrera pas le suivant. Cette mise en abyme pourrait ainsi indéfiniment se poursuivre, sans cette entropie qui caractérise le monde de la chair et du tangible.La sagesse doit s’entendre, elle, comme la gestion personnelle d’un évènement quelconque, mais pris en miroir, afin d’en atténuer la puissance, d’immédiatement la confronter à notre personnalité et donc de pouvoir nous l’approprier. Nous trouvons là la signification première de la seconde Sephirah, Hochmah, qui consiste à appréhender la transcendance de Kether, la 1ère Sephirah, dénommée « couronne », en la formalisant en miroir, un peu comme la lune nous délivre la lumière létale et aveuglante du soleil par son albedo, la modérant et la rendant donc bénéfique pour tout un chacun. Le qualificatif « contre » n’explicite donc pas une volonté d’opposition frontale, mais une façon de s’accaparer à moindre frais de bribes de cette identité personnelle, ontologique à toute action, la première de toutes ces actions étant celle de penser. « Penser contre », ou, pourrait-on dire « contre-penser » sera alors une façon subtile de ne pas interrompre nos cogitations en les étalonnant uniquement sur soi-même, c’est-à-dire sur un être fragile, changeant et subjectif. « Contre- penser » délivrerait un mouvement d’esprit dégagé, décorrélé de cette matière qui nous alourdit en permanence, avec le risque d’y perdre notre âme. « Penser contre soi-même»nous forge donc une sorte d’adversaire métaphysique contre lequel nous n’aurions de toute façon rien à perdre.

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« Penser contre soi-même » crée non pas une césure, un clivage ou une scission, mais une séparation. La séparation reflète un statut dans lequel est mesuré en permanence ce à quoi nous sommes confrontés. La séparation se vit donc comme une sorte de lessivage des fondements, lessivage qui ne signifie en rien l’abandon de valeurs, mais simplement un nouveau mode de déclinaison de celles-ci, débarrassé des adhérences du passé. « Penser contre soi-même »c’est évaluer en soi ce qui s’écarte : cet écart n’est pas un écartèlement, auquel cas serait-il vécu comme une dissociation. « Penser contre soi-même »appelle d’abord à une prise de conscience de ce qui s’éloigne de nous lorsque nous évoluons. À cet égard, elle est une apothéose, entendue suivant son étymologie, qui relève, qui s’apparente à Dieu, ou à un contexte divin.

Mais le préfixe apo, signifiant à la fois « loin de », et « relatif à » colle parfaitement à l’ambiguïté du terme de « séparé », terme au combien important, qui distingue tout en le reliant l’initié à l’ensemble de l’Univers. La nature même du philosophe est d’être séparé, à la façon d’un nouveau-né, son combat est sa nature, et sa nature est son combat, car il n’existe que par la séparation du milieu qui l’a amené là où il est. « Penser contre soi-même », c’est donc quelque part devenir « complet », dans la mesure où ces 2 termes définissent une forme de totalité, échappant ainsi au diktat du quantifiable, ou à l’oukase de l’éternité et de l’infini.«Son nom fut autre et le même pourtant», phrase d’ordre, manifeste parfaitement cette occurrence, en soulignant l’indistinction spatiale et temporelle, modalité d’un Univers perçu d’emblée dans sa totalité.

Alors « penser contre soi-même », en parlant de philosopher, peut signifier plusieurs choses : tout d’abord, philosopher est une façon d’accueillir des cheminements de pensée, de définir des postures d’existence, et donc de valider des parcours variés. L’être que nous sommes au moment où l’on parle est le produit à la fois instantané et cumulatif de tout ce qui nous a marqué depuis notre naissance, et de ce que nous avons compris du monde dans lequel nous vivons. « Penser contre soi-même » peut vouloir dire créer des pistes de réflexion en essayant au maximum de faire abstraction de ce qui nous a amené là où nous sommes.

« Penser contre soi-même »est une façon de se donner de l’élan, que ce dernier fut mis au service de la philosophie, c’est-à-dire d’un narratif personnel, ou bien de la spiritualité, c’est-à-dire de l’induction seconde de ce narratif.

Á partir de là, il va être possible d’établir des ponts entre le formalisme d’une discipline scientifique par exemple, et les cheminements personnels nés de l’abord de ladite discipline. Quand je parle de cheminements nés d’une pratique, je ne me cantonne pas au savoir accumulé, mais à une nouvelle conformation de l’individu C’est-à-dire comment réagit l’humain face, non pas à la résolution d’un problème, mais face au problème lui-même. « Penser contre soi-même » dépend d’une plus haute juridiction métaphysique que celle de la simple confrontation, celle d’une véritable conformation de la pensée à ce qui l’a généré.Je pourrais dire que face à un problème, la question n’est pas de le résoudre, c’est-à-dire de l‘amener dans ma sphère de compréhension, mais de mesurer mon attitude, mes espoirs, mon étonnement, ma résilience face à ce problème. « Penser contre soi-même », c’est en fait d’abord évaluer la portée et la signification d’une idée qui nous vient, et de constater combien cette idée, par essence fulgurante, fugace et labile, n’est qu’une saillie parmi le continuum et la totalité des expressions possibles. Cette approche n’est pas réductrice, elle a juste la vertu de poser les fondements de ce que l’on appelle la progressivité de l’évolution. A partir de là, on peut ou bien se cantonner à cette idée, ou bien tenter d’approcher tout l’inexprimé qui s’est trouvé repoussé par l’ostensibilité de cette pensée. Cette vision holistique des choses n’est pas si compliquée à mettre en œuvre ; simplement suffit-il d’y adjoindre une méthode qui nous permette d’éclairer tout l’informulé généré par cette pensée sélective.

Cette méthode est la symbolique.

 

Thierry Didier.

SOURCE  : https://www.lafrancmaconnerieaucoeur.com/2024/09/penser-contre-soi-meme.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

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La Mort en Franc-maçonnerie 21 septembre, 2024

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La Mort en Franc-maçonnerie –

IFOP a mené l’enquête « LES FRANÇAIS ET LA MORT »

 
La Mort en Franc-maçonnerie  dans Recherches & Reflexions Vaste-enquete-LaMort-696x473

IFOP/FLASHS ont mené une étude pour le compte du site Plaquedeces.fr

CROYANCES, ANGOISSES, OBSÈQUES… LE REGARD DES FRANÇAIS SUR LA MORT

À l’heure où la spiritualité et la religion connaissent des transformations majeures, la question du rapport des Français à la mort demeure un sujet particulièrement intéressant.

Afin d’en dresser les contours, Plaquedeces.fr a confié à l’IFOP le soin d’interroger plus d’un millier de nos compatriotes sur leurs croyances en un après la vie terrestre, leurs volontés quant à l’organisation de leurs obsèques ou encore leurs angoisses vis-à-vis de leur propre disparition et celle d’êtres chers.

Les résultats de cette étude montrent notamment une nette progression de la proportion de Français qui ne se prononcent pas sur la possibilité d’une vie après la mort, abandonnant leurs certitudes passées pour laisser la place au doute. En matière de croyances, qu’il s’agisse du paradis et de l’enfer, de la réincarnation ou encore de la vie éternelle, l’on constate que les plus jeunes sont également, aux côtés des croyants pratiquants, les plus nombreux à adhérer à ces phénomènes.

L’enquête confirme par ailleurs deux tendances observées depuis plusieurs décennies, en l’occurrence la nette diminution du recours aux obsèques religieuses et le choix de la crémation plutôt que l’inhumation chez une majorité de Français.

Enfin, elle témoigne que si la mort fait toujours peur, c’est surtout celle des autres – enfants, parents, amis proches – qui est redoutée, bien plus que sa propre mort.

La vie après la mort

1- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

En 50 ans, la croyance d’une vie après la mort a relativement peu évolué chez les Français, passant de 37% à 31%. En revanche, la part des personnes interrogées habitées par le doute a doublé sur la même période : quand 16% ne se prononçaient pas sur la question en 1970, elles sont 33% à ne pas avoir d’avis tranché en 2023. L’appétence de plus en plus forte de nos concitoyens pour les sujets paranormaux et ésotériques peut expliquer la progression de cette incertitude quant à ce qu’il se passe réellement après la mort. D’ailleurs, les jeunes, qui sont les plus sensibles à ces phénomènes, sont également les plus nombreux à croire en une autre vie possible : 41% des moins de 35 ans sont dans ce cas contre 27% des 35 ans et plus.

Sans surprise, c’est chez les croyants religieux que l’on trouve le plus de personnes adhérant à l’idée d’une vie après la mort. Près de 7 sur 10 (69%) y croient, un chiffre largement supérieur à celui enregistré chez les simples croyants (38%) et sept fois plus fort que celui affiché par les athées convaincus (10%). En outre, chez les croyants religieux, seuls 7% disent fermement ne pas y croire, 24% ne se prononçant pas. Une incertitude plus forte encore chez les croyants non religieux puisque 40% d’entre eux ne choisissent pas, tandis que chez les athées, le doute semble tout de même subsister pour plus d’1 sur 4 (29%).

Enfin, une corrélation claire existe entre croyance en une vie après le décès et préférences en matière d’obsèques : 43% de celles et ceux qui choisissent l’enterrement croient en une vie après la mort quand 45% des adeptes de la crémation n’y croient pas.

Mort et croyances

2- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

La vie éternelle. La mesure de la croyance des Français en la vie éternelle bénéficie d’un historique remontant à l’après Seconde Guerre mondiale. En 1948, près de 6 Français sur 10 (58%) avaient foi en cette perspective. Soixante-quinze ans plus tard, dans un contexte de baisse d’influence de la religion dans leur quotidien, ce chiffre a été divisé par deux pour atteindre 27%. Toutefois, la vie éternelle reste un concept fort chez les croyants religieux puisque 73% d’entre eux y souscrivent, loin devant les croyants non religieux (35%) et les athées (5%). En matière d’âge, l’idée de vie éternelle convainc davantage les jeunes (37% des moins de 35 ans s’y rallient) que leurs aînés (18% chez les 50-64 ans et 23% chez les 65 ans et plus).

La réincarnation. C’est la seule croyance mesurée dans cette étude de l’IFOP qui enregistre une progression en termes d’adhésion chez les Français, passant de 22% en 2004 à 32% en 2023, soit une hausse de 10 points en deux décennies. Une progression à l’évidence portée par les jeunes générations puisque les moins de 35 ans sont plus de 4 sur 10 (43%) à répondre positivement à cette question.  Il est également à noter que chez les croyants religieux, l’idée de réincarnation n’est acceptée que par un peu plus de la moitié des répondants (55%), soit le plus faible score des quatre items proposés.

Le paradis et l’enfer. Stables dans l’opinion ces quarante dernières années (30% en 1980, 37% en 2004 et 32% en 2023), les notions de paradis et d’enfer sont familières aux croyants religieux qui sont 8 sur 10 à croire en leur existence. Chez les croyants non religieux, la proportion est divisée par 2 (42%) et tombe à 6% (tout de même) chez les athées. Le chiffre fort, c’est celui à nouveau exprimé par les moins de 35 ans dont près de la moitié (48%) adhèrent au paradis et à l’enfer.

La résurrection. 24% des personnes interrogées croient en la renaissance de l’âme ou du corps après la mort (elles étaient 30% en 1980 et 28% en 2004), phénomène auquel souscrivent plus de 6 croyants religieux sur 10 (63%) mais à peine plus d’1 croyant non religieux sur 4 (29%). Si les jeunes sont là aussi les plus nombreux à y croire (31%), c’est dans des proportions nettement inférieures à leur foi en la réincarnation ou au paradis et à l’enfer.

Que devient l’humain ?

3- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Pour près de 4 Français sur 10 (39%), ce qui se passe après le décès d’un être humain ne fait guère de mystère : il disparait complètement. Si tout juste 1 croyant religieux sur 10 (10%) en est convaincu, ils sont près de 6 sur 10 (58%) chez les athées et 30% chez les croyants non religieux. Cette conviction est partagée par 45% des plus de 50 ans contre 31% des moins de 35 ans.

Les Français qui estiment que tout ne s’arrête pas avec la mort penchent pour l’immortalité de l’âme humaine (14%, identique à une mesure effectuée en 1999), l’attente de réincarnation dans un autre corps (13%, identique à 1999) et l’attente de résurrection des corps (6% contre 11% en 1999).

Si 69% des croyants religieux jugent l’un ou l’autre de ces trois scénarios crédible, c’est le cas de 40% des croyants non religieux et de 13% des athées.

La part de personnes ne se prononçant pas sur cette question en 2023 (28%) est en progression comparativement au sondage CSA mené pour Actualité des Religions en 1999 (20%), confirmant ainsi l’incertitude qui semble gagner de plus en plus de nos concitoyens en la matière.

Obsèques : le religieux en perte de vitesse

4- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

En 15 ans, soit une période relativement courte, la part de Français souhaitant pour eux-mêmes des obsèques religieuses est passée de 55% à 40%. Dans le même temps, le choix pour des obsèques civiles a progressé de 25% à 31% tandis que l’absence de toute cérémonie a bondi de 10 points (de 19% à 29%). 6 Français sur 10 optent donc aujourd’hui pour une inhumation ou une crémation dénuées de caractère religieux.

Il n’en reste pas moins que chez les croyants pratiquants, la cérémonie religieuse reste largement prédominante puisque 88% d’entre eux disent qu’ils y auront recours. C’est également le cas pour plus de la moitié (56%) des croyants non religieux. Quant aux personnes se disant athées convaincus, elles sont sans surprise 94% à s’orienter vers des obsèques dont la religion sera absente.

La crémation pour un Français sur deux

5- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Très minoritaire au tournant des années 80 (20% des Français seulement y songeaient en 1979), la crémation n’a cessé depuis de progresser pour s’imposer aujourd’hui comme une décision privilégiée par la moitié des Français (50%) lorsqu’il s’agit d’envisager leurs obsèques. Parallèlement, la proportion de nos compatriotes optant pour la traditionnelle inhumation est passée de 53% il y a un peu plus de quatre décennies à 29% désormais. Le choix entre ces deux formules laisse par ailleurs indifférent 1 Français sur 5 (21%).

Si les athées convaincus sont les plus nombreux (60%) à opter pour la crémation au lieu de l’inhumation (17%), la nuance est moins forte que l’on aurait pu l’imaginer chez les croyants religieux dont tout juste la moitié (51%) choisit d’être enterré et un tiers (33%) d’être incinéré. Quant aux croyants non pratiquants, ils sont à l’évidence plutôt partagés entre ces deux usages puisque 45% désignent la crémation et 34% l’inhumation.

En se penchant dans le détail des chiffres, il apparait que les femmes (54%) sont plus nombreuses que les hommes (45%) à souhaiter être incinérées, un choix également plus fortement partagé par les aînés (64% de plus de 65 ans) que par les plus jeunes (34% des moins de 35 ans).

Religion et environnement vont de pair

6- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Dans leur majorité (56%), les Français ne prennent pas en compte le critère environnemental lorsqu’ils s’orientent vers la crémation ou l’inhumation pour leurs propres obsèques. Et parmi les 44% qui disent que cela leur importe, seuls 17% indiquent que cela l’est « tout à fait ». Les résultats de l’étude montrent par ailleurs que plus on croit et plus on prend en considération l’environnement pour la dernière étape de sa vie terrestre : ce critère est effectivement important pour 58% des croyants pratiquants contre 47% chez les croyants non religieux et 35% chez les athées.

Sur l’échiquier politique, les proches d’Europe Écologie les Verts sont les plus nombreux (67%) à y être sensibles, préoccupation globalement partagé par 52% des partisans de gauche contre 31% des partisans de droite.

Rêves de nature

En France, les règles en matière d’inhumation et de crémation sont strictes. L’inhumation doit être réalisée dans un cimetière ou, sous conditions très particulières, dans une propriété privée. Pour la crémation, il est possible d’enterrer l’urne dans un cimetière ou de la déposer dans un colombarium conçu à cet effet, de l’enterrer dans une propriété privée ou de disperser les cendres du défunt dans la nature. En revanche, conserver l’urne à son domicile est interdit depuis 2008.

7- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Les 2/3 des Français (63%) interrogés par l’IFOP sont en premier lieu très favorables à la dispersion des cendres dans la nature, dans un lieu symbolique pour la personne disparue, ce que la loi autorise aujourd’hui. En revanche, le souhait émis par 44% d’entre eux de procéder à un enterrement en dehors d’un cimetière n’est pour l’heure pas permis, tout comme la volonté de 19% de personnes interrogées de garder des cendres à la maison. L’idée d’organiser une cérémonie qui sorte des sentiers battus dans un lieu atypique séduit quant à elle 28% des Français, une proportion en nette baisse par rapport à 2018 (40% exprimaient alors cette idée). Enfin, 1 Français sur 10 (11%) aimerait que ses cendres partent pour un long voyage dans l’espace, une perspective à laquelle les hommes (16%) adhèrent bien plus que les femmes (7%).

La mort (des autres) fait toujours peur

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Près de 7 Français sur 10 (68%) ont déjà été confrontés à la mort, dont la moitié (35%) au cours des cinq dernières années.

8- Enquête FLASHS-IFOP pour Plaquedeces.fr

Qu’ils soient croyants ou non, les Français redoutent bien plus la mort de leurs proches que la leur. Moins de la moitié (49% dont 23% tout à fait) des personnes interrogées se disent angoissées à l’idée de leur propre disparition, mais plus de 8 sur 10 craignent plus que tout la perte d’un enfant (83% dont 64% tout à fait), celle de leur conjoint (76% dont 51% tout à fait), d’amis proches (70% dont 27% tout à fait) ou de leurs parents (69% dont 43% tout à fait). Globalement, 88% de nos concitoyens (et 91% de celles et ceux qui ont déjà été confrontés à la mort) expriment une forte inquiétude.

Ces pensées angoissantes touchent de manière plus forte les femmes que les hommes. Ainsi, elles sont 88% (contre 76%) à craindre la mort d’un enfant, 81% (contre 69%) à redouter celle de leur conjoint ou encore 54% (contre 45%) leur propre disparition.

Étude réalisée par l’IFOP pour Plaquedeces.fr du 5 au 6 septembre 2023 par questionnaire auto-administré auprès d’un échantillon de 1 013 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population française.

Les Français n’étant pas tous maçons, il reste maintenant à découvrir si les maçons sont en phase avec ce sondage, la parole circule…

 

SOURCE  :  https://450.fm/2023/09/16/la-renaissance-principe-1er-de-la-fm-ifop-a-mene-lenquete-les-francais-et-la-mort/

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Digression … COMMENT EST LA SEXUALITÉ DANS L’ÉGYPTE ANCIENNE 20 septembre, 2024

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Protégé : LE SYMBOLISME DE LA CÈNE – 18°- 19 septembre, 2024

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Dossier spécial : « Formation de la croyance chez l’homme » 18 septembre, 2024

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Dossier spécial : « Formation de la croyance chez l’homme »

 
Gilbert Garibal

Par Gilbert Garibal
21 octobre 2023
Dossier spécial : « Formation de la croyance chez l’homme » dans Recherches & Reflexions buddhism-2214532_1280-696x392

1ère partie : la pensée magique (Gil Garibal)

2e partie : le fait religieux (Jo Adès)

Préambule

Gil GARIBAL :

Gilbert Garibal

Gilbert Garibal

Pour ma part, je ne peux pas dire, à propos des premiers pas de l’Homme su la terre “J’y étais, j’ai tout vu ! Je ne peux pas dire non plus “Dieu existe, je l’ai rencontré Alors, quant aux fondements du phénomène religieux, thème général de notre année et de la formation de la croyance, en particulier, vous me permettrez mes Frères, pour lancer le sujet, d’être le poste de service. C’est-à-dire d’imaginer d’abord comment notre ancêtre a pu voir le monde, en se redressant sur le seuil de sa caverne, puis au fil de l’Histoire, de chercher à comprendre sa pensée magique – origine de la nôtre – pour vous présenter une réflexion, si je puis dire… qui tient debout !

Jo ADÈS :

 dans Recherches & Reflexions

Jo Ades

Et si… et si, d’un coup de baguette magique, notre ancêtre Homo Erectus revenait parmi nous en nous demandant ce qui serait son droit

  • « Où en est l’Homo religiosus qui m’a succédé ?! »
  • « Et que sont mes croyances devenues ? »

À ces questions imaginaires – en constatant le fait religieux et observant l’Homme de l’an 2000 en quête de transcendance – le scientifique de service, après le poète, tentera de trouver des réponses !

Gil GARIBAL

1ère partie : LA PENSÉE MAGIQUE

1. Au commencement était le verbe …

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Les premiers mots de l’évangile de Saint-Jean nous l’indiquent, dans leur symbole même : une Parole – donc une intelligence – est supposée par l’esprit humain, être à l’origine du monde. Dès son apparition sur la terre, l’homme ressent cette force supérieure et invisible qui le domine.

 « Que signifient au-dessus de ma tête, ce ciel immense parcouru de nuages aux formes bizarres et cloutés de milliards d’étoiles?! Cette lumière du jour qui me fait découvrir l’horizon, et cette nuit noire qui me rend aveugle ? Pourquoi ce vent, cette eau, cette grêle, cette neige qui me cinglent le visage? Pourquoi ce froid glacial, puis cette chaleur étouffante? Quels sont ces grondements inquiétants sous mes pieds, ces rivières qui sortent de leur lit, ces montagnes en colère qui crachent le feu?

Et de fait, moi-même, qui suis-je, petit être fragile entouré d’animaux monstrueux ? »

Que puis-je espérer en me dressant sur mes pattes de derrière? Quel est mon rôle, le sens de ma vie, au milieu de ces éléments et créatures hostiles ?!

Ainsi – il y a un million d’années- a pu s’exprimer dans son for intérieur, avant même d’articuler un langage, notre lointain prédécesseur. Qu’il s’appelle LUCIEN ou LUCY, affectueux prénom opportunément synonyme de lumière, choisi par le paléontologue Yves COPPENS, pour désigner notre ancêtre homo erectus, dont il a récemment découvert les ossements en Afrique de l’est.

Ce mystère de l’Univers aujourd’hui encore au centre de toutes les interrogations du sapiens sapiens que nous sommes, a conduit l’hominidé a de multiples réflexions et hypothèses. Elles n’ont pas manqué d’installer en lui, accompagnés de leur cortège d’étonnements et de peurs, les croyances les plus diverses.

Un schéma de pensée retrouvé au fil des siècles – avec une belle unité, remarquons-le, dans toutes les civilisations du globe et qui peut nous permettre, non sans malice, de paraphraser la Bible. En ajoutant simplement un mot à la célèbre phrase initiale, pour constater que :

Au commencement était le verbe croire.

Personne priant sur une Bible

Personne priant sur une Bible

CROIRE “du latin credere, avoir confiance. Tenir quelque chose pour vrai, l’admettre comme une certitude”, nous indique le dictionnaire. Cette disposition de l’homme à accepter un principe premier, en l’espèce à se persuader de l’existence d’une puissance cachée, surnaturelle, qui de toute évidence le dépasse, l’a d’entrée amené à déduire – ne serait-ce que pour Se rassurer – qu’il devait “pactiser” avec elle. C’est-à-dire, en quelque sorte, s’attirer ses bonnes grâces, puisqu’il en est de fait, complètement dépendant Ainsi, du besoin si fort de croire, est née la pensée magique, et dans la foulée la magie, cet ensemble de rites et de pratiques, qui depuis l’aube des temps, suggère au fils d’Adam de se faire bien voir de l’énergie inconnue, de l’amadouer, comme lui indique son instinct de conservation. Aux fins, bien sûr, d’en obtenir à la demande, toutes sortes de bénéfices à son profit ou de maléfices contre ses ennemis !

Pour le cerveau humain primordial – mot que je préfère au péjoratif vocable primitif – se concilier la force suprême, jouir de sa bienveillance, signifie donc également être capable d’agir sur elle et par là-même de s’attribuer quelque pouvoir! Puisque cette organisation supérieure est en soi un langage, pourquoi ne pas dialoguer avec elle…et espérer l’influencer ?! Jusqu’à en devenir le manipulateur, … autant dire le maître à volonté ! Ainsi ont vraisemblablement commencé à cheminer la magie, le mage et son imaginaire – indissociable trilogie – sur la longue route des croyances qui traverse les millénaires.

2. La naissance de la magie “primitive”

Un pentacle qui brule à côté d'un crane

Un pentacle qui brule à côté d’un crane

Croire, c’est imaginer. Le cerveau humain a vite fabriqué des représentations d’êtres surnaturels, bons génies ou affreux démons, qui ne peuvent être que célestes. Le soleil, la lune, les étoiles, les nuages ne sont-ils des entités dont notre ancêtre constate l’action sur sa vie ? Mais s’il parvient à communiquer avec ses congénères, comment communiquer avec les créatures cachées que sa pensée lui projette ? Comment leur répondre aussi, quand elles se manifestent par des coups de tonnerre et des éclairs qui zèbrent la nuit? || tente bien, en précurseur des jeux du stade, d’envoyer des lances de bois vers l’azur. Ou même, dès qu’il fabrique un arc, d’expédier quelques flèches vers les cumulo-nimbus pour les faire pleuvoir ou au contraire les éloigner. Mais peine perdue, l’orage tonne quand bon lui semble, la pluie ruisselle à sa guise et le soleil luit quand il veut !

L’hominidé prend tout-à-coup conscience du pouvoir de ses onomatopées et de ses gestes. Il sait qu’avec eux, il peut attirer ses semblables et les animaux. Alors tout naturellement, il lève les yeux et les bras au ciel puis il enjoint les forces mystérieuses de l’écouter et de lui obéir. Au fil de ses incantations. il se persuade de son pouvoir et suprême satisfaction, il se rassure en même temps. Eurêka! L’homme de Cro-Magnon vient d’inventer la magie!

Ainsi, lorsqu’il personnalise son environnement, il attribue aux choses visibles et invisibles, la faculté de penser et d’agir. En cela sa raison « déraisonne » d’entrée avec une perception fausse du monde. Sa compréhensible ignorance l’empêchant d’étudier logiquement les phénomènes cosmiques – démarche que la science fera beaucoup plus tard – c’est son imaginaire qui les explique sur le champ! On peut donc dire qu’une forme de délire, de “rêve éveillé”, ont constitué la première manifestation de la pensée humaine, entièrement appuyée sur la croyance, et ce dans toutes les cultures primordiales, dites primitives. Cette vision de la nature, où lesdits phénomènes se produisent comme par enchantement, et sur lesquels l’homme préhistorique prétend agir de même, permet ainsi d’évoquer l’intervention d’une pensée magique.

Aujourd’hui notre connaissance sans cesse plus approfondie de la matière et de ses lois, peut nous faire juger ces conduites ancestrales bien naïves. Pourtant nous ne devrions jamais oublier que, comme chaque être humain, notre esprit est passé par ce stade de la vision magique du petit enfant Puis de cet enchantement au pré-logique avant d’accéder au rationnel. Nous gardons sans nul doute une part de ce rêve initial dans un coin de notre tête!

3. La matérialisation de la pensée magique originelle

Livre magique

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Le constat de sa solitude, la crainte des éléments et du milieu, la peur d’une mort imminente ont d’évidence été les premières angoisses de l’homme. C’est de leur terrible pression que sont nées les pratiques exutoires de la magie.

L’ethnologie a pu observer dans toutes les peuplades de la planète, un même système de sauvegarde” qui a franchi les millénaires. Le descendant des primates a directement subordonné sa survie à des cérémonies conjuratoires, chants et danses rituelles, déguisements et maquillages, offrandes de fleurs, combustions de résines aromatiques et malheureusement, sacrifices d’êtres humains et d’animaux, Selon l’anthropologue britannique George FRAZER (1854-1941) qui établit précocement une filiation entre la magie et la religion, suite à ses travaux auprès des peuplades océaniques, les premiers hommes pensèrent qu’il suffisait de s’unir par « sympathie » avec les éléments pour les reproduire. Cette conception aurait donné lieu à deux types de magie, basées sur les lois fondamentales de la pensée (la similarité et la contiguïté).

Ainsi la magie homéopathique (ou imitative) résulte de l’association d’idées similaires. Exemple : l’homme préhistorique décorait les grottes avec des représentations d’aurochs et de bisons dans l’intention d’attirer ces animaux et de les tuer pour se nourrir. Posséder l’image revenait à posséder la chose et à agir sur elle. Les marabouts africains, nos médiums et autres magnétiseurs ne font pas autre chose aujourd’hui quand ils « travaillent » sur la photographie d’une personne!

De son côté la magie contagieuse s’appuie sur l’association d’idées contiguës

Exemple Notre ancêtre exposait au ciel une petite quantité d’eau avec l’espoir de faire tomber la pluie, en fait pour que l’eau du ciel rejoigne celle du récipient. Posséder une partie de la chose équivalait à obtenir le tout. Ce que continuent de pratiquer les sorciers de nos campagnes quand ils veulent nuire à quelqu’un en jetant des sorts sur une mèche de cheveux où une rognure d’ongle lui appartenant !

4. Le circuit magique

magie des nombres

Homme assis regardant la fin du monde

Les hommes préhistoriques étaient persuadés que les pierres, les plantes, le soleil la lune, possédaient une conscience et à leur image, une force vitale. N’est-il pas troublant de savoir que cette croyance, dont ils nous ont laissé des traces, ait existé sur tous les continents simultanément, à une époque sans moyens de communication, cela va sans dire ?! Notons que ladite conviction, base même de l’animisme, est encore répandue chez les aborigènes d’Australie et les Papous de Nouvelle-Guinée ou des îles Fidii. L’idée d’une force surnaturelle, donc énigmatique, parait imprimée dans l’inconscient collectif polynésien depuis le fond des âges. Sous l’appellation de mana, elle représente pour plusieurs groupes d’autochtones des archipels – Iles Marquise, Touamotou, Tonga, entre autres – une mystérieuse source locale d’énergie où les sorciers puisent magiquement leurs pouvoirs salutaires, au service la communauté. Je citerai également pour mémoire, l’Afrique central, les Antilles et le Brésil où le Vaudou, ce culte animiste, greffé sur une croyance monothéiste, est toujours largement pratiqué.

S’il est donc effectif que la pensée magique a concerné, dès leur origine, toutes les civilisations du globe sous diverses formes, c’est autour du bassin méditerranéen qu’elle semble avoir vraiment pris son essor, environ quatre mille ans avant Jésus-Christ. Elle nous est ainsi, par essence, plus familière que celle qui s’est développée sur les autres rivages. Et nous bondissons ici d’un trait de la préhistoire à l’antiquité.

Penser “magiquement” revient a se projeter vers l’avenir. Tous les historiens s’accordent à dire que ce désir de savoir de quoi demain sera fait et d’agir sur lui est né dans l’esprit curieux des Chaldéens. Le mot magie vient d’ailleurs de la langue chaldéenne, de magdin exactement, qui signifie science. À noter que c’est ensuite le grec puis le bas-latin, qui en le prononçant respectivement mageia et magia, ont donné au mot magie le sens de religion.

Arts libéraux

Si en Chaldéen, magie veut dire science, c’est que ce peuple créatif a développé une pensée rationnelle, parallèlement à la pensée magique. Ainsi, de la patiente observation de l’univers et de ses cycles a surgi la science de l’astronomie, puis dans la foulée l’astrologie, et pratiquement toutes les formes de divination. Ce savoir s’est ensuite rapproché de celui des régions voisines, Sumérie, Mésopotamie, Babylonie, Perse, notamment, pour offrir au monde avec les sciences occultes, des outils el des arts aussi précieux que l’écriture et la littérature, les mathématiques, la musique où l’architecture

Qui dit magie antique, dit également sorcellerie. Les Babyloniens, habitants de l’Irak actuel, se croyaient entourés de forces du bien et de forces du mal. 15demandaient donc à leurs mages de solliciter des divinités, amour, santé et biens matériels et à leurs sorciers, d’intercéder auprès des démons pour nuire à leurs ennemis. Les mêmes pratiques existaient en Egypte où les prêtres, à la fois mages, guérisseurs et devins, faisaient parler le sphinx, le soir au pied des pyramides, nous dit la légende!

Pour leur part, les Grecs, nous le savons, choisirent de vénérer plusieurs milliers de dieux et déesses, par eux créés et calqués sur l’homme. Les grands philosophes, tels Platon et Pythagore, qui croyaient à la survie de l’âme, se firent presque naturellement les promoteurs des pratiques magiques. Ce d’autant mieux que les pythonisses en poste, qui prédisaient l’avenir en observant le vol des oiseaux ou le foie des génisses mortes avaient habitué chacun au surnaturel !

Quant aux Romains, c’est des Étrusques qu’ils reçurent le savoir magique, Leurs augures, pratiquantes des rites incantatoires étaient les fameuses Sybilles, qui non seulement interprétaient le vol des oiseaux, mais déchiffraient aussi leurs cris. C’est également aux Étrusques que les Romains empruntèrent les jeux du cirque. Curieusement, l’histoire a peu ébruité que les milliers de sacrifices humains qui eurent lieu dans les arènes, pour le plaisir malsain de la foule, avait le plus souvent valeur adoration divine.

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Si l’on en croit la loi hébraïque, la pratique de la magie était interdite au peuple juif. Seul le prophétisme lui était permis, que ses porteurs accrédités distinguaient de la divination. Pourtant, Moïse, le premier des Hébreux, ne prouva-t-il ses fantastiques dons de mage en ouvrant la mer rouge, pour conduire ses compatriotes vers la terre promise?! Ne dit-on pas qu’après lui le roi Salomon, expert également en rituels magiques, savait se rendre invisible ?! En tout cas, bravant l’interdiction reçue, les Hébreux ont réussi à confirmer leur véritable “génie de l’occulte” en concevant la Kabbale, cette fascinante philosophie qui leur permettait de communiquer avec les esprits et qui aujourd’hui encore, ne semble pas avoir livré tous ses secrets !

À la même époque, naît une civilisation antéislamique en Arabie, alors que s’ouvre le commerce caravanier et que le pays est parcouru en tous sens par les tribus nomades. Chacune d’elles vénèrent ses dieux et ses fétiches. Les Bédouins croient à des êtres invisibles peuplant le désert, les djinns, envoyés d’Allah autant adorés que craints et les Ifrits, démons réputés hostiles à l’homme. Aux étapes, les groupes se réunissent autour des bétyles, grandes pierres levées comparables aux menhirs bretons pour invoquer ces forces surnaturelles. Ainsi l’existence d’un dieu “supérieur est reconnue, bien avant l’intervention du prophète Mahomet. C’est au VIIème siècle, rappelons-le, que celui-ci lancera son message à la Mecque et persuadera toutes les tribus de se tourner vers l’Islam, dont il a reçu les règles de l’Archange Gabriel.

Nous devons revenir mille ans avant Jésus-Christ pour rencontrer les Celtes, ce groupe de peuples qui a envahi le sol gaulois, mais aussi l’Espagne, l’Italie et les iles britanniques. Animistes convaincus, ils vénéraient les quatre éléments. Comme les arabes, ils pensaient le monde peuplés d’esprits fantastiques que les contes ont perpétué avec les lutins, les fées, les nains et autres farfadets, dont les aventures continuent d’endormir les petits enfants en pays d’Armor.

De croyances en rituels est né le druidisme, religion basée sur l’éternité de l’âme, sous le signe du gui. Plante sacrée, elle était censée favoriser la fécondité et concrètement, le poison de ses fleurs permettait aussi aux druidesses d’envoyer les gêneurs au cimetière!

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Lorsque Jules César conquiert la Gaule, le druidisme se révèlera un obstacle difficile pour la christianisation naissante. Il ne sera aboli qu’au VIème siècle. De cette rivalité entre les deux croyances a probablement surgi- par réaction des païens, ce qui à pu être appelé une ‘magie « anticléricale », qui fut assimilée à la sorcellerie. Ainsi s’installait l’idée du Mal, qui en prenant corps dans l’imaginaire collectif devint le Malin, et plus communément le Diable. Tout pratiquant de l’occulte était alors censé pactiser avec ce « prince des démons ». D’où la terrible Inquisition et sa « chasse aux sorcières », qui vu à la suite de Jeanne d’Arc, des centaines de milliers de femmes brûlées vives à travers l’Europe du XIIIème au XVème siècle !

Il faut attendre la Renaissance pour qu’un esprit d’ouverture permette à la pensée magique – première religion de l’homme – de se montrer à nouveau au grand jour à travers les devins, mais aussi par le biais des alchimistes et des kabbalistes, et que les cultes cessent de la diaboliser. Les XVIIIème et XIXème siècles la verront ensuite en quelque sorte “récupérée” par le magnétisme du franc-maçon Mesmer, le spiritisme d’Allan Kardec, la radiesthésie de l’abbé Bouly, l’hypnotisme du Professeur Charcot, autant de pratiques non complètement élucidées encore aujourd’hui, toujours empreintes de mystères sinon de mysticisme et en soi, de magie. Notre XXème siècle finissant n’est pas en reste avec elle puisque sous l’appellation générique de parapsychologie continuent d’être étudiés dans beaucoup de pays du monde, les “perceptions extra-sensorielles” de l’homme qui ont pour nom télépathie, clairvoyance et autre psychokinésie, c’est-à-dire le déplacement des objets ou leur déformation par la seule force de l’esprit. Nous sommes encore bien là dans le domaine de la magie!

5. Magie et religion

La Cène (bas-relief, Wieliczka, Pologne)

La Cène (bas-relief, Wieliczka, Pologne)

Par bonds successifs, de pays en pays, de siècles en siècles, nous venons de boucler notre circuit magique Il constitue en même temps ce que l’on pourrait appeler l’aventure de la magie.

Avant de passer la parole à notre frère Jo ADÈS, qui va développer le fait religieux, et sans empiéter sur son thème, il me parait précisément intéressant de différencier magie et religion, la seconde découlant de la première.

On peut se contenter de définir la religion comme un moyen de reconnaissance par l’être humain d’un pouvoir ou d’un principe Supérieur de qui dépend sa destinée. Co quí nous limite au traditionnel religare, relié.

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Les linguistes modernes s’accordent aujourd’hui sur une autre racine qui verrait « religio » venir plus justement du verbe relegere, à traduire par “vénérer” et qui s’oppose à neglegere, c’est-à-dire négliger, regarder avec détachement. Cette seconde acception n’annule pas la première mais elle est pertinente parce qu’elle nous permet d’aller plus loin dans l’analyse, au sens où elle indique bien, selon la formule de Benjamin CONSTANT que “le sentiment religieux ‘est un attribut essentiel, une qualité inhérente à notre nature’ En se persuadant de l’existence d’une force surnaturelle, l’homme dit “primitif” a en quelque sorte inventé Dieu. Ce que pense FREUD dans sa théorie du “meurtre du père”. Qu’elles nomment Dieu dans leur langue Tout-Puissant, Allah, Yahvé ou Visnu, les principales religions – filles de la magie – se défendent pourtant vivement de son invention, puisqu’elles affirment toutes avoir été inspirées par le Créateur lui-même Au-delà de cette révélation qui n’est pas ici mise en cause, c’est l’attitude des deux ‘croyants’ qui nous intéresse nous pouvons constater que le « magiste » prétend agir sur les éléments cosmiques à l’aide d’incantations, alors que le “religieux”, lui, par la prière, se soumet inconditionnellement à la volonté de Dieu avec une grande dévotion et une totale humilité. Bref, l’incantation vise à influencer, à séduire, la véritable prière, elle, dans son vrai sens religieux, est avant tout un acte verbal d’adoration, qui ne veut pas charmer et ne demande rien, sinon le courage de supporter la volonté de Dieu. Que ta volonté soit faite, dit la prière.

En réalité, lorsque le croyant prie son Dieu – ou ses saints – ne le fait-il afin de solliciter le plus souvent quelque chose pour lui ou ses proches, qu’il s’agisse de protection ou de réussites diverses ?! Dès lors, avec cette demande d’avantages particuliers à l’instance divine, ne s’agit-il d’un retour pur et simple à la magie ? La question mérite d’être étudiée. Nous sommes renvoyés ici à la foi religieuse et aux interprétations individuelles, du type adhésion totale à une croyance, engagement à une promesse (baptême par exemple) où adhésion déiste pour obtenir quelque chose, nous venons de le dire. || n’est donc pas si évident, à mon sens, d’établir une nette distinction entre magie et religion. Même si la seconde condamne la première et la juge sacrilège!

6. Magie, religion et superstition

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On ne peut enfin parler de magie et de religion sans parler de superstition. Définie classiquement comme une croyance à des influences irrationnelles, et plus précisément même comme la conviction de la survenue d’un évènement particulier – malheureux ou heureuxsuite à un fait matériel fortuit, nous sommes bien renvoyés à nouveau à la pensée magique. Plusieurs centaines de pratiques superstitieuses ont été recensées en France, qui ont surtout à voir avec le malheur. Au plan du bonheur, que nous le voulions ou non, lorsque nous croisons les doigts (pour appeler le succès d’un évènement) ou touchons du bois (pour pérenniser une bonne chose), nous sommes bien en plein dans la magie et sa gestuelle

Si magie et superstition se rejoignent et ne constituent qu’un seul et même système de croyances, il est clair que nombre de pratiques cultuelles restent imprégnées de la pensée magique, aux antipodes même d’une authentique religiosité. Lorsque dans le cadre du rite catholique – celui que je connais – une prière est faite & Saint-Antoine pour retrouver un objet perdu, ou à Saint-Christophe pour effectuer un bon voyage, nous sommes bien dans une pratique superstitieuse. I! en est de même avec le cierge que Ton fait brûler pour réussir un examen ou avec la médaille bénie portée sur soi dans un but protecteur. Loin de moi l’idée de heurter tout pratiquant religieux mais force est de constater avec l’œil du sociologue, qu’il y a ici, total amalgame entre religion et superstition. L’Église est évidemment consciente qu’un effet magique est à tout moment attendu de la pratique cultuelle. Il n’est donc pas étonnant qu’elle montre la plus grande prudence quand survient une guérison dite “miraculeuse” sur un lieu de pèlerinage. Les mots « miracle », du latin mirari « s’étonner », et magie. différents pour l’Église, ne sont-ils alors susceptibles d’être confondus? Autre question qu’il est bon de se poser. A en juger par le nombre de porte-bonheur qui pendent aux rétroviseurs des voitures, il est possible de déduire qu’une bonne partie de la population française est superstitieuse. Le succès des émissions télévisées sur le paranormal confirme cette impression.

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Qui est superstitieux, c’est-à-dire animé par une pensée magique? Les enquêtes psychosociologiques nous répondent que ce sont les jeunes, suite à une formation religieuse sommaire et les femmes, qui seraient plus crédules mais pourraient ainsi mieux s’affirmer socialement, après une éducation souvent plus stricte que les hommes. La superstition serait enfin plus active en milieu urbain – ce qui est étonnant au regard des praticiens du surnaturel dans le monde rural – et elle affecterait principalement les ‘classes moyennes. Pourquoi est-on superstitieux? Bien entendu, pour satisfaire le besoin primordial de “gérer” son environnement, d’avoir de la sorte, une conduite adaptée. Ce qui prouve que la fonction magique, blottie quelque part dans notre cerveau reptilien est toujours active et a encore de beaux jours devant elle ! La superstition dont on peut certes se moquer, a pourtant pour beaucoup de gens, par le biais de ses divers rituels affectifs et en situation d’attente, de doute, de frustration ou d’insécurité, un pouvoir anxiolytique. En cela, elle n’est guère éloignée de la fonction religieuse.

Au commencement était le verbe. N’évoque-t-on toujours, comme pour en souligner le merveilleux, la magie du Verbe! Parvenus à la première étape de notre voyage, nous espérons avoir montré le rôle fondateur de la croyance, ou comment, grâce à la chaine universelle du langage, la société humaine est lentement passée d’une vision “délirante” du monde à la culture. De la magie dite primitive aux religions.

Précisément, le XXIème siècle sera religieux, nous a-t-on annoncé. À quelles conditions peut-il l’être? Notre frère Jo ADÈS va maintenant nous donner ses réponses.

Temps infini

montre, temps, spirale, infini, spirale, nombres, blanc, or

Jo ADÈS

DEUXIÈME PARTIE

Je suis toujours confondu d’admiration devant les déclarations des paléontologues modernes, qui, à chaque découverte d’un fragment de tibia où de débris de mâchoire datant de millions d’années, n’hésitent pas à reconstituer son propriétaire dans son intégralité : sa taille, ses mouvements, ses maladies d’enfance voire même ses habitudes alimentaires, son mode de vie domestique, son statut social. Certes les techniques modernes et une certaine dose d’imagination autorisent de telles extrapolations et nous permettent plus ou moins consciemment de nous comparer à notre lointain ancêtre : dimension de la boîte crânienne longueur des membres antérieurs, pouvoir préhensif des orteils etc. et de mesurer non sans une certaine autosatisfaction le chemin parcouru, bien entendu dans le sens de notre conception de progrès.

Il en va tout autrement si l’on se propose d’explorer son univers mental, ses premiers émois et les questions qu’il n’a pu s’empêcher de se poser devant les mystères qui l’entouraient: la naissance la maladie, la mort, l’obsession de survie dans un milieu particulièrement hostile.

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Egypte, spiritualité, pyramide, œil, Anubis, dieu, mur, Dieu, mort, sombre, représentation,triangle

Et pourtant, comme nous il a été homme, comme nous il a aimé, comme nous il a souffert, comme nous il a vécu d’espoir et crié son désespoir ! S’il ne nous a laissé aucun écrit ou aucune représentation significative de ses états de conscience ou des croyances qui l’ont habité, il a réussi à nous transmettre, bien avant la lettre, l’expression physique de ses élans de spiritualité Encore aujourd’hui des traditions remontant à des temps très anciens (cultes, rites, cérémonies initiatiques ou commémorative, représentations artistiques…) sont toujours observables dans de nombreuses régions, et constituent une matière première de travail infiniment précieuse. Elles ont été développées dans la première partie de cette étude.

Dans cette deuxième partie nous nous poserons la question de savoir dans quelle mesure, ce que nous nommons aujourd’hui “religions” est issu de ce terreau primitif, ce qu’il nous en reste où ce que nous en avons fait. Tenter de remonter à la source de notre spiritualité, à la recherche de nos premières croyances voyage fascinant mais en même temps entreprise périlleuse.

A plus d’un titre :

1° Le premier réside dans notre forme de pensée : celle d’occidentaux éclairés, bardés de certitudes, prompts à porter le qualificatif de primitif dans le sens de primaire aux fait et gestes qui n’entrent pas dans la sphère de nos références.

Un exemple : si nous avons encore aujourd’hui la chance d’observer dans certains groupes de population des rites miraculeusement préservés, trop de nos contemporains ne veulent y voir que des comportements excentriques sinon aberrants ou folkloriques sans tenter de comprendre le sens qui les anime. Le Spectacle de nos charters de touristes en mal d’exotisme en short blanc et Ray Ban vidéoscopant à tout va des cérémonies d’initiation africaines en sont la douloureuse illustration.

2° Autre piège : l’ampleur et la diversité du domaine à explorer-celui du fondement des croyances humaines- tant dans le temps que dans l’espace. dans le meilleur des cas nous avons quelques chances de nous familiariser avec des visions religieuses encore observables et plus proches de notre culture, tenter d’aller plus loin avec des traditions aussi riches qu’anciennes telles que celles du Mexique, Chine Japon ou Inde c’est risquer une dilution et une dispersion qui faute de compétences spécialisées, n’ont pu trouver leur place dans le cadre de cette réflexion.

C’est dire que les propos qui vont suivre n’ont nullement la prétention de faire autorité en la matière et qu’ils ne se veulent témoigner que d’un point de vue qui s’efforcera de rester le plus objectif possible dans le cadre des deux grandes conceptions spirituelles qui s’offrent à notre champ de recherches :

– La conception « déiste » de la croyance : qui reconnait l’existence d’une puissance ou d’une divinité supérieure Conception qui rejette toute révélation ‚tout dogme et qui s’appuie sur la raison. C’est l’homme qui est en quête et qui trouve. En simplifiant à l’extrême, c’est lui qui construit sa croyance autour d’un principe supérieur qu’il nomme et qu’il organise.

– La conception « théiste » qui fait intervenir un seul Dieu, personnel, transcendant, créateur de l’univers et de l’homme. 1 y à révélation, dogme et envoyés charismatiques. En simplifiant toujours c’est Dieu qui va à la rencontre de l’homme avec lequel il conclut en quelque sorte un partenariat, une alliance. Je me propose de parcourir ces deux grandes options et tenter d’en analyser le contenu, bien entendu en refusant de les relier entre eux ou d’y chercher une quelconque échelle de valeurs tant sur le plan de la chronologie historique que sur celui de la spiritualité.

De la croyance au fait religieux

L’homme en quête de transcendance

Homme seul musulman en lecture

religion, musulman, homme, lecture, seul, coran, intérieur, mosquée, assis, colonne, prière

Imaginons… imaginons notre ancêtre « homo » tout juste « sapiens »sur le devant de sa grotte ou au seuil de sa forêt. De la complexité de la nature qui l’entoure il a acquis au moins une certitude, c’est qu’il est mortel qu’il mourra un jour, que son instinct de survie le porte à retarder le plus possible cette échéance. Il a conscience de faire partie d’un environnement naturel qui ne lui est a priori, ni hostile ni favorable, dans lequel il s’intègre et dont il doit tirer et sa subsistance et sa sécurité.

Mais cette nature le dépasse : ses manifestations, ses colères sont hors de toute logique hors proportion. L’orage, le tonnerre, la pluie, la grêle, le vent, les éclairs l’arc en ciel cela vient d’en haut, du ciel Il releva tête. Là serait la demeure de la “toute puissance” la demeure des dieux. La simple observation de la voûte céleste est déjà une expérience religieuse. Tout juste ‘sapiens’ voici notre ancêtre promu « religiosus », « homo religiosus ».

De cette « toute puissance »qui réside dans le ciel il a compris qu’il a tout intérêt à s’en concilier la bienveillance pour mener bien ses entreprises la chasse, la victoire, la fécondité, etc., voire même, et pourquoi pas tenter défaire modifier le cours des éléments sur lequel l n’a pas prise. En même temps que faire soumission, contracter une espèce d’assurance tous risques.

Sacrifice

Sacrifice

Cet être suprême, bien sûr ne peut l’imaginer ni même le concevoir … il ne peut en percevoir que les effets bénéfiques ou néfastes à son égard. En bon psychologue il a compris qu’il ne fallait pas le contrarier, mais lui être agréable voire même lui offrir des cadeaux. Il faut aussi que le cadeau soit en proportion du service rendu ou à rendre. Ce ne peut être que ce qui pour lui a e plus de valeur, un feu, un chant, un sacrifice, humain ou animal les prémisses d’une récolte, offrandes spontanées concrètes d’abord, intellectuellement symboliques plus tard.

Mais voilà, difficile de s’adresser à un interlocuteur aussi invisible qu’inaccessible, difficile aussi de l’imaginer compétent dans tous les secteurs d’une vie quotidienne qui devient de plus en plus complexe. Chasseur ou pasteur, nomade ou sédentaire vainqueur ou vaincu les besoins sont aussi variés que nombreux. Voilà aussi qu’il se déplace : il voyage, il guerroie, découvre d’autres cieux, d’autres dieux, plus séduisants ou plus efficaces. Pourquoi un seul dieu qui semble s’être retiré bien loin ? D’autres figures apparaissent dans son panthéon ancêtres mythiques, déesses mères dieux fécondateurs, etc. de plus en plus spécialisés.

« Homo religiosus » va mériter son nom. Il sacralise, il fait la séparation de ce qui pour lui est du domaine des dieux et de ce qui ne Test pas .Avec un sens surprenant de l’art l va donner des formes à son imaginaire : il dessine il sculpte des animaux normaux ou singuliers, des êtres grimaçants, des monuments symboliques. Le monde des dieux s’organise, se hiérarchise aux divinités principales s’ajoutent des divinités secondaires voire même des familles entières qui épousent la vision du cosmos qu’il s’est bâti : des dieux naissent, se marient, se séparent, voire s’entretuent et disparaissent. Une hiérarchie s’instaure, une communication plus structurée devient nécessaire. Une organisation aussi. Il n’est plus seul. Il est social : il appartient à une famille, à un clan, à un groupe avec des passages obligés où l’intervention supérieure paraît nécessaire dans tous les actes de la vie naissances initiations, mariages, mort construction de la maison, début de la récolte etc. Des lieux de culte se définissent ‚un rituel s’instaure, des périodes bénéfiques ou maléfiques s’instituent.

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Très vite des intermédiaires intercesseurs s’avèrent indispensables chaman, sorciers, magiciens personnages possédés assurent et codifient les relations dans une espèce de dialogue à trois nature-hommes-dieux. Des pratiques rituelles naissent et se transmettent consécration d’autels, offrandes, sacrifices, prières, initiations, masques, musiques, danses, magie, sorcellerie, possession.

La croyance dépasse l’expérience psychique individuelle : elle s’inscrit dans un quotidien relationnel institutionnalisé qui distingue en les reconnaissant les deux domaines du sacré et du profane.

Assistons-nous ainsi à la naissance des “religions” selon la définition généralement donnée à ce mot: “ensemble des croyances qui déterminent la relation de l’homme au sacré ? Ou selon celle qu’en donne Leroi-Gourhan, plus proche à mon sens à ce stade d’évolution : système organisé de mythes et de rites destinés à établir de manière permanente des relations entre l’homme et les puissances de l’invisible”(ancêtres, esprits, divinités) dans l’intérêt de la communauté.

L’ennui avec les définitions c’est qu’à vouloir être généralistes, elles en viennent être terriblement réductrices. Aussi, avant d’aborder le deuxième volet de ce travail, celui de la naissance des monothéismes, il m’a semblé nécessaire d’extraire du scénario historico imaginaire ci-dessus, quelques lignes de forces significatives.

– La croyance est un comportement individuel ou collectif qui remonte aux temps les plus immémoriaux de l’humanité.

– File témoigne de la perception d’une puissance qui se reconnaît aussi bien dans des états affectifs subjectifs qu’à des signes objectifs naturels – Elle se propose de relier l’être humain à un autre plan de réalité suprasensible et invisible le divin.

– Qu’elle que soit sa charge émotionnelle, ne s’enferme pas dans une intimité personnelle, mais se prolonge par une représentation intellectuelle et physique.

– Elle se partage avec d’autres membres d’une même communauté et aboutit à une mise en forme collective par l’intermédiaire de rites qui vont prendre des formes symboliques. Exemple un arbre : Lorsque on devient capable de voir en lui ‚non pas une forme végétale dotée de qualités techniques ou esthétiques mais l’expression analogique de la vie universelle, de la fécondité cosmique, de l’immortalité des êtres.

– Elle se fixe dans un modèle facile à intérioriser et à transmettre dans des formes très diversifiées (animisme, fétichisme, polythéisme, panthéisme …

– Elle poursuit un double but: dégager une transcendance et consacrer un ordre social.

Sommes-nous si éloignés de notre concept actuel de ‘religion’ ? C’est l’objet de cette deuxième partie.

« Déisme » ou « Théisme »

“Évolution” ou “Révolution” : autre approche de la croyance.

« Le monothéisme »

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symbole, musulman, chrétien, juif, judaïsme, catholique, lune, croix, étoile, david, croissant, islam, religion, paix, croyance, monothéisme

À ce stade de la réflexion la tentation est grande de situer le concept monothéiste dans un schéma linéaire à étapes successives : animisme, totémisme, fétichisme polythéisme, monothéisme.

L’hypothèse la plus vraisemblable étant le passage en douceur de la croyance en une infinité de dieux ramenée à un seul qui serait en quelque sorte au-dessus. Hypothèse qui ne serait à vrai dire, ni nouvelle ni originale dans la mesure où des tentatives de réforme ont pu être observées: la Bible regorge d’allusions à des pratiques polythéistes (culte de plusieurs dieux.) syncrétistes { culte du Dieu d’Israël associé à des dieux cananéens), monolâtriques (culte d’un dieu national) vite étouffées ou violemment réprimées.

Le nouveau concept qui prônait la négation explicite de tous les autres dieux eut toutes les peines à s’imposer même au sein du peuple d’Israël qui en tenait l’origine. Très schématiquement, trois grandes périodes furent nécessaires.

– Celle des patriarches : Abraham, Isaac, Jacob, Mole intuition, révélation, institution de l’unicité.

– Celle qui va de Canaan à l’exil déviationnisme, syncrétisme, perte d’identité.

– Celle de l’exil : les Prophètes : retour aux sources et fixation des canons.

En fait pour celui qui s’intéresse à l’origine des croyances l’apparition du monothéisme, constitua un véritable traumatisme dans un univers ordonné de divinités La nouvelle croyance, pas encore “religion”, revendiquait pour le groupe humain qui en avait reçu la révélation, la foi en un DIEU unique celui que depuis des millénaires, judaïsme, christianisme, islam enseignent, celui d’Abraham, Isaac, Jacob, Jésus, Mahomet et exclusivement pour eux. Sans pour autant nier l’existence d’autres dieux, d’autres cultes, ceux-ci tant du domaine des autres ethnies.

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Soutenir, comme l’affirment encore certains dictionnaires de théologie, que 1e” monothéisme est la religion selon laquelle il n’existe qu’un seul Dieu” surprendrait bien des prophètes de la Bible qui n’eussent jamais osé gommer ainsi l’univers spirituel de l’humanité. En fait on ne trouve dans la Bible aucune trace polémique contre les mythes et mystères des croyances polythéistes preuve d’une rare tolérance. Leur seule volonté étant de vivre en conformité avec la volonté de Yahvé exprimée dans sa Loi révélée.

– Comment une conception aussi originale d’une si apparente ascétique pauvreté : un Dieu unique, sans nom, sans histoire présent dans un seul sanctuaire a-t-elle- pu s’imposer dans un environnement païen, autrement plus représentatif ?

– Comment a-t-elle réussi d’abord à exister, à séduire, à convaincre, à essaimer, résister aux vicissitudes de l’Histoire ? Nous ne pouvons ici que proposer quelques pistes de réflexion : peut-être cette conception était-elle :

– Révélation ? Ce n’est plus l’homme qui cherche Dieu mais l’inverse : Dieu s’adresse à l’homme travers des envoyés charismatiques : Moïse, Jésus, Mahomet.

– Révolution ? Dieu n’est pas le roi des dieux et le roi terrestre détenteur du pouvoir temporel n’est pas lui-même divinité.

– Vocation universelle ? Le message n’est pas limité à un peuple, mais à l’humanité entière.

– Éthique ? Apparition des valeurs morales associées à la religion interdiction des rituels sacrificiels, orgiaques, etc. Notion du bien et du mal.

– Messianisme? Alliance ? Promesse de vie future Loi qui régit la vie quotidienne, les rapports sociaux,

– Concept d’amour qui se substitue au sentiment de crainte, la prière à l’incantation, la responsabilité à la fatalité, etc.

Énumération forcément limitative tant l’univers des croyances résiste à la simplification !

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

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« 2000 ans déjà … et pas une religion nouvelle ! » disait Nietzsche. Voire !

Sous nos yeux, et en particulier dans nos sociétés occidentales qu’on aurait cru protégées par des valeurs intangibles, prolifèrent devins, astrologues, magiciens, mages, sorciers , gourous ou autres maîtres à penser De nouvelles chapelles sectaires attirent un nombre toujours croissant de nos contemporains vers des paradis imaginaires en même temps que se désertifient églises, synagogues et mosquées.

Tout se passe comme si le déclin du religieux entrainant une banalisation du sacré créait un vide orphelin que l’homme s’est dépêché de combler avec des ersatz (bienfaits de la civilisation industrielle, extase des drogues, possession des sectes, transes ludiques, intellectualisme outrancier…) le libérant ainsi d’une transcendance devenue encombrante.

Le sacré issu de la religion cesse de séduire. De même le sacré issu du mystère et de l’interdit. Certes le monde s’est diversifié, et devient plus complexe dans ses structures dans ses formes de culture, dans ses idéologies. L’homme est-il encore préparé à croire, à recevoir ?

Qui sait lire aujourd’hui dans les cathédrales ? Qui y voit autre chose qu’expression figurée, harmonies ou couleurs ?

Peut-être encore nous, les Francs-Maçons, pour qui le sacré issu de la séparation des genres, celui qui refuse l’amalgame, reste une fin en soi, une fin dans l’inaccessible, l’absolu, le transcendant

Sacré dont nous pouvons nous considérer comme les gardiens et qui ne saurait appartenir ni à une personne, ni à une institution, ni à un lieu, ni à un objet.

Ni dogme, ni religion la Franc Maçonnerie telle que nous la concevons ne prétend détenir aucune vérité et n’a l’ambition. d’en imposer aucune.

Elle se propose de réunir des hommes de conviction au-delà des clivages socio-professionnels, au-delà de l’intransigeance des idéologies, autour d’un Principe Créateur : le Grand Architecte de l’Univers dans une totale liberté de conscience et le respect de celles des autres.

Une autre source de spiritualité … de la même façon qu’il y plusieurs demeures dans la maison du Seigneur.

Dans le Manifeste du Convent de Lausanne de 1875 était une recommandation ainsi conçue ” Aux hommes pour qui la religion est la consolation suprême la Maçonnerie dit : cultivez sans obstacle votre religion, suivez les aspirations de votre conscience : la Franc Maçonnerie n’est pas une religion, elle n’a pas un culte, sa doctrine est toute entière dans cette belle prescription : « Aime ton prochain ».

Les religions se devaient de réunir les hommes. L’intransigeance des croyances les ont séparés.

Conjuguer le verbe « croire » ne suffit plus : il faut aujourd’hui décliner un autre verbe c’est le verbe « aimer ».

SOURCE :  https://450.fm/2023/10/21/dossier-special-formation-de-la-croyance-chez-lhomme/

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I.N.R.I. 17 septembre, 2024

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21 Mai 2023

Publié par Yann Leray

I.N.R.I.

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INRI : Igne Natura Renovatur Integra

Cette phrase latine trouve son origine dans la tradition alchimique et la philosophie hermétique. Cette expression énigmatique suscite l’intérêt et invite à une interprétation philosophique profonde. En se plongeant dans les symboles et les concepts qui y sont présents, on découvre une richesse de significations et de réflexions sur la nature de l’existence et la quête de transformation spirituelle.
INRI se compose de plusieurs éléments clés. Chacun de ces éléments possède une signification symbolique spécifique qui révèle des concepts fondamentaux de la philosophie hermétique. L’analyse de ces symboles et de leurs interrelations permet de dévoiler une vision profonde de l’Univers, de la création et de l’accomplissement spirituel.

I

I (Iod) symbolise le principe créateur actif et la manifestation du principe divin que féconde la substance. Cela symbolise l’énergie primordiale et la source de toute création. Dans ce contexte, il représente le principe divin qui féconde et donne vie à la substance, c’est-à-dire à la matière.

Ignis (Feu) : Le feu est un symbole fondamental en alchimie et il est également important dans une interprétation philosophique. Il représente la force énergétique et la transformation. L’alchimie considère le feu comme un élément purificateur qui permet de transmuter les métaux imparfaits en métaux précieux, mais aussi de purifier l’esprit et l’âme. Dans cette perspective, le feu est vu comme un catalyseur qui favorise la transmutation des éléments impurs et imparfaits en quelque chose de plus pur et de plus élevé.
Ainsi, le principe créateur actif (Iod) engendre la manifestation divine au sein de la substance, qui est symbolisée par le feu (Ignis). Ce feu représente la force transformative et purificatrice qui opère à la fois dans le monde matériel et spirituel.

N

N (Naïn) symbolise la substance passive, moule de toutes les formes. Cela représente la matière primordiale ou la substance fondamentale qui donne forme à toutes les manifestations de la nature. C’est le moule à partir duquel émergent toutes les formes et les structures de l’existence.

Natura (Nature) : Dans la philosophie hermétique, la nature est perçue comme un ensemble complexe d’éléments et de forces en constante évolution. Elle est considérée comme une manifestation des principes universels et divins. La nature est également associée à la dualité et à l’équilibre des forces opposées, telles que le masculin et le féminin, le chaud et le froid, le sec et l’humide. Elle représente l’ensemble de l’ordre naturel et des lois qui régissent le fonctionnement de l’Univers.
Cela nous amène à percevoir l’interaction entre la substance passive et les forces actives représentées par le feu qui purifie et transmute la substance passive, permettant ainsi l’émergence de nouvelles formes et de nouvelles manifestations de la nature.

R

R (Rasit) symbolise l’union des deux principes et la perpétuelle transformation des choses créées. Cela symbolise l’harmonie et l’équilibre entre ces forces opposées, qui sont présentes dans la création et dans tous les aspects de la nature. L’union de ces principes est considérée comme essentielle pour la perpétuelle transformation des choses créées.

Renovatur (Renouvelée) : L’aspect du renouvellement fait référence au processus alchimique de transformation et de purification. Dans l’alchimie, l’objectif ultime est l’œuvre dite « Magnum Opus » ou le Grande Œuvre, qui consiste à atteindre la transmutation et l’élévation spirituelle. Cela implique la dissolution des aspects impurs et imparfaits de la nature humaine pour atteindre un état de perfection et de réalisation spirituelle. 
Cela suggère également que la nature elle-même est en constante évolution et renouvellement, et que ce processus de transformation est inhérent à toutes les choses créées. 

I

I (Iod) symbolise à nouveau le principe créateur divin, pour signifier que la forme créatrice qui en est émanée y remonte sans cesse pour en rejaillir toujours. Il représente l’idée que la création émane du principe créateur et qu’elle y retourne constamment pour continuer à se manifester. Cela implique un flux constant et cyclique de création, où la forme créée évolue et se transforme sans cesse, puis revient à sa source pour recommencer le processus.

Integra (Entière) : L’aspect d’intégralité souligne l’idée que la transmutation et la quête alchimique concernent la totalité de l’être, sur les plans physique, mental et spirituel. L’alchimie vise à harmoniser tous les aspects de l’individu et à atteindre un état de plénitude et d’union avec les principes universels. Cela implique la recherche d’un équilibre entre les différents aspects de notre existence et l’intégration de tous les aspects de notre être dans notre processus de transformation.
Cela suggère que la nature de l’existence est un processus perpétuel de devenir et de re-devenir, où la transformation et le renouvellement sont des aspects essentiels.

 

Ainsi, l’interprétation philosophique de : « Igne natura renovatur integra » met en lumière des concepts clés de l’alchimie et de la quête de transcendance. 
Cette quête de transmutation et de renouvellement s’étend au-delà de la simple transmutation des métaux, mais englobe la réalisation spirituelle et la recherche d’un état supérieur d’être.
Cela nous invite à embrasser la nature cyclique de la réalité, à poursuivre notre cheminement intérieur et à travailler vers une harmonie totale, tant au sein de nous-mêmes que dans notre relation avec le monde qui nous entoure.
 

Yann Leray 2023

SOURCE  :   http://www.lesamisdhermes.com/2023/05/i.n.r.i.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

Protégé : Un Couvreur nommé Janus – 3°- 16 septembre, 2024

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LE PASSÉ ET LE FUTUR SONT-ILS DES ILLUSIONS ? | HUBERT REEVES 15 septembre, 2024

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