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Légende de la mer d’Airain 28 juillet, 2023

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Légende de la mer d’Airain

 
Jacques Fontaine

Par Jacques Fontaine
23 juillet 2023
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La mer d’airain est cette immense cuve pour les bains rituels, fondue par le maître bronzier Hiram, dont le nom varie selon les rites maçonniques. Elle est placée devant le Temple.

Une interprétation spirituelle dans un texte de 7 pages, écrit par un Daniel Beresniak halluciné, qui illumine le rituel du Conseil de Maîtres Installés du Rite Opératif de Salomon. Sont évoqués tour à tour les trois grands fondements du chemin initiatique : après l’inévitable et fondatrice Fraternité, les voies de la Souffrance ; enfin celle du Nulle part

Commençons par le texte splendide et éclatant de sous-entendus révélateurs et lumineux.

L’œuvre qui devait terminer le Temple était la « mer d’airain », une cuve colossale destinée aux sacrifices. À force de travaux et de veilles, Hiram avait achevé ses modèles et creusé avec art dans la terre l’empreinte de la « mer d’airain ». Elle devait être coulée sur place, solidement tenue par des contreforts de maçonnerie auxquels, plus tard, on devait substituer des sphinx gigantesques destinés à servir de supports. La fonte liquide envahissant plusieurs rigoles, le vide compris entre les plans devait emprisonner des barres d’or massif, rebelles à la fusion particulière au bronze et faire corps avec elles.

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            Sept fois le soleil avait fait le tour de la terre depuis que le minerai avait commencé de bouillir dans la fournaise couverte d’une haute et massive tour de briques, qui se terminait à soixante coudées du sol par un cône ouvert d’où s’échappaient des tourbillons de fumée rouge et de flammes bleues pailletées d’étincelles.

            Une excavacation, pratiquée entre les moules et la base du haut fourneau, devait servir de lit au fleuve de feu lorsque viendrait le moment d’ouvrir avec des barres de fer les entrailles du volcan.

            Pour procéder au grand œuvre du coulage des métaux, on choisit la nuit : c’est le moment où l’on peut suivre l’opération, où le bronze, lumineux et blanc, éclaire sa propre marche. Et, si le métal éclatant prépare quelque piège, il s’enfuit par une fissure ou perce une mine quelque part, il est démasqué par les ténèbres.

            Ainsi l’achèvement du Temple érigé à la gloire de l’éternel était l’épreuve solennelle qui devait immortaliser ou bien discréditer le nom d’Hiram. Jamais fondeur n’avait engagé si redoutable partie.

            Depuis treize années, Hiram avait dirigé cent mille ouvriers. Pendant ce temps, il avait réuni le bois, la pierre et les métaux pour ériger la demeure de l’Arche d’Alliance et cette demeure était digne de tous les éloges.

            Or, la construction de la « mer d’airain » devait être l’apothéose de ses efforts. S’il échouait dans cette dernière épreuve, tout serait pour lui comme si rien n’avait été. Et cet échec annulerait d’un coup la totalité de ses efforts et de ses mérites.

            Or, la fonte de la « la mer d’airain » était une œuvre gigantesque, un défi du génie à la nature et à l’opinion des experts qui, tous, avaient déclaré le succès impossible. Aussi, des gens de tout âge et tout pays, attirés par le spectacle de cette lutte, envahirent-ils de bonne heure la colline de Sion.

            Déjà l’étoile du soir s’abaissait sur la mer ; la nuit, profonde, épaissie des nuages roussis par les effets fourneau, annonçait que le moment était proche. Suivi des chefs ouvriers, Hiram, à la clarté des torches, jetait un dernier regard sur les préparatifs et, courant ça et là, s’assurait de mille détails. Sous le vaste appentis adossé à la fournaise, on entrevoyait les forgerons, coiffés de casques de cuir à larges ailes rabattues et vêtus de longues robes blanches à manches courtes, occupés à arracher de la gueule béante du four, à l’aide de longs crochets de fer, des masses d’écume à demi vitrifiées, scories qu’ils entraînaient au loin. D’autres, juchés sur des échafaudages portés par des massives charpentes, lançaient, du sommet de l’édifice, des paniers de charbon dans foyer qui rugissait au souffle impétueux des appareils de ventilation.

            De tous côtés, des ruées de Compagnons armés de pioches, de pinces, erraient, projetant derrière eux de longues traînées d’ombre.

            Une fanfare annonça d’arrivée dans la cour : Salomon parut avec la reine de Saba et fut reçu par Hiram qui le conduisit au trône improvisé pour ses nobles hôtes. L’artiste avait endossé un plastron de buffle ; un tablier de laine blanche lui descendait jusqu’aux genoux ; ses jambes nerveuses étaient garanties par des guêtres en peau de tigre et son pied était nu car il foulait impunément le métal rougi.

            « Vous m’apparaissez dans votre puissance, dit la reine de Saba au roi des ouvriers. Vous êtes comme la divinité du feu. Si votre entreprise réussit, nul ne pourra dire : plus grand que Maître Hiram ».
            Ces paroles assombrirent le visage du roi Salomon et, avant que Hiram ne pût répondre à ces propos flatteurs, il lui dit : « Maître Hiram, ne perdez pas un temps précieux et retournez à vos labeurs ».

            Salomon, roi des Hébreux, voulait, en construisant le Temple, associer sa propre gloire à celle de l’Éternel et, pour cette raison, la réputation de Hiram le gênait. « S’il accomplit sa tâche, pensait-il, il honore le Temple de l’Éternel d’un monument incomparable, mais il ajoute de l’éclat à sa renommée et celle-ci peut éclipser la mienne… ».

            En outre, il désirait passionnément la reine de » Saba et avait remarqué que celle-ci était subjuguée par l’étonnante et rayonnante personnalité d’Hiram. Aussi, la jalousie s’était installée dans son cœur et y faisant des ravages, en affaiblissant son caractère, en détruisant la noblesse de ses sentiments et en diminuant son intelligence.

            Depuis plusieurs lunes, Salomon n’était plus un grand roi… Il était devenu un petit homme nerveux et inquiet, incapable d’élever sa pensée au-delà de ce qui regardait sa personne. Et, comme il était revêtu de l’autorité royale, il commit une vilaine action : pendant les préparatifs de la coulée, il ordonna à trois Compagnons d’exécuter faussement les ordres du Maître, afin que le travail ne pût se dérouler convenablement et que, la « mer d’airain » ne pouvant être menée à terme, tout se terminât par la confusion et la honte d’Hiram.

            Et voici ce qui arriva. Sur un signe de Hiram, les manœuvres s’écartèrent et le Maître, tandis que les marteaux faisaient retentir l’airain, souleva une massue de fer, l’enfonça dans l’embouchure du fourneau bâillonnée de terre cuite, la tourna et l’arracha avec violence. A l’instant, un torrent de liquide, rapide et blanc, s’élança dans le chenal et s’avança comme un serpent d’or strié de cristal et d’argent jusqu’à un bassin creusé dans le sable, à l’issue duquel la fonte se dispersa et suivit son cours le long de plusieurs rigoles.

            Tandis que la fonte ruisselante emplissait les cavités de la « mer d’airain » – dont le vaste contour, déjà, se traçait comme un diadème d’or sur la terre assombrie – des nuées d’ouvriers portant de larges pots à feu des poches profondes emmanchées de longues tiges de fer, les plongeaient tout à coup dans le bassin de feu liquide et couraient verser le métal dans les moules destinés aux lions, aux bœufs, aux palmes, aux chérubins qui devaient supporter la « mer d’airain ». Ils faisaient boire à terre de grandes quantités de feu. Couchés sur le sol, les bas-reliefs traçaient les silhouettes claires et vermeilles des chevaux, des taureaux ailés, des cynocéphales, des chimères monstrueuses enfantés par le génie d’Hiram.

  • « Spectacle sublime ! s’écria la reine de Saba, Ô grandeur ! Ô puissance du génie d’un mortel qui soumet les éléments et dompte la nature ! ».
  • « Il n’est pas encore vainqueur, murmura Salomon avec amertume, l’Éternel seul est tout puissant ! ».

            Tout à coup, Hiram s’aperçoit que le fleuve de fonte déborde. La source béante vomit des torrents ; le sable, trop chargé, s’écroule. Il regarde la « mer d’airain » : le moule regorge et une fissure se dégage au sommet, la lave ruisselle de tous côtés.

            Il exhale un cri si terrible que l’aire en est rempli et que les échos se répètent dans les montagnes. La terre, trop chauffée, se vitrifie. Alors, Hiram saisit un tuyau flexible aboutissant à un réservoir d’eau et dirige cette colonne d’eau sur la base des contreforts ébranlés du moule de la vasque. Mais la fonte, ayant pris l’essor, dévale jusque-là : les deux liquides se combattent, une masse de métal enveloppe l’eau, l’emprisonne, l’étreint. L’eau se vaporise et fait éclater ses entraves. Une détonation retentit : la fonte rejaillit dans les airs en gerbes éclatantes à vingt coudées de hauteur ; on croit voir s’ouvrir le cratère d’un volcan furieux. Ce fracas est suivi de pleurs, de hurlements affreux ; car cette pluie d’étoiles sème en tous lieux la mort : chaque goutte de fonte est un dard ardent qui pénètre dans les corps et qui tue. La place est jonchée de mourants et, au silence, a succédé un immense cri d’épouvante. La terreur est à son comble : chacun fuit ; la crainte du feu précipite ceux que le feu pourchasse. Les campagnes illuminées, éblouissantes et empourprées, rappellent cette nuit où Gomorrhe et Sodome flamboyaient, allumées par les foudres de Jéhovah.

            Hiram, éperdu, court ça et là pour rallier les ouvriers et fermer la gueule à abîme inépuisable. Mais il n’entend que des plaintes et des malédictions, il ne rencontre que des cadavres, le reste est dispersé. Salomon, seul, est demeuré, impassible, sur le trône. La reine de Saba est restée, calme, à ses côtés. Ils font encore briller le diadème et le sceptre dans les ténèbres.

  • « Jéhovah l’a châtié ! dit Salomon à son hôtesse, et il me » punit, par la mort de mes sujets, par ma faiblesse pour ce monstre d’orgueil. Partons, reine, le vil suppôt de Baal met votre vie en péril et cela seul m’inquiète ».

            Hiram, qui passait près d’eux, l’entendit ; il s’éloigna en rugissant de douleur. Plus loin, il rencontre un groupe d’ouvriers qui l’accablent de mépris, de calomnies et de malédictions.

  • « Déshonoré… s’écria-t-il avec amertume, voilà le fruit d’une existence austère et laborieuse, vouée à la gloire d’un prince ingrat ! Il me condamne et mes frères me renient ! Cette femme a vu ma honte et son mépris que j’ai dû subir ! Seul ! je suis seul et maudit. L’avenir est fermé, Hiram, souris à ta délivrance et cherche-la dans ce feu, ton élément et ton esclave rebelle ».

            Il s’avance, calme et résolu, vers le fleuve qui coule encore son onde embrasée de métal fondu et qui, ça et là, pétille au contact humide d’un cadavre. Il s’avance et voit les tourbillons de fumée violette et fauve qui voilent le théâtre abandonné de cette lugubre aventure. Là, il s’abîme dans sa méditation et tombe, foudroyé.

            Dans les profondeurs de la terre, Hiram entendit une voix grave qui prononçait son nom… Trois fois cette voix retentit et Hiram sentit qu’il se réveillait d’un lourd sommeil.

            Alors il vit s’approcher de lui une forme humaine colossale, coiffée d’une mitre vermeille et tenant dans sa main un marteau. Ce fantôme s’avança, grandit encore en s’approchant, abaissa sur Hiram de grands yeux brillants et doux et lui dit d’une voix qui semblait arrachée des entrailles du bronze :

  • « Lève-toi, mon fils,  viens et suis-moi. J’ai vu tes maux et je t’ai pris en pitié.
  • Esprit, qui es-tu donc ? Murmura Hiram épouvanté
  • Je suis l’ombre du père et des pères, l’aïeul de ceux qui travaillent et souffrent. Viens ! Quand ma main aura glissé sur front, tu respiras des flammes . Sois sans crainte, comme tu fus sans faiblesse.
  • Où l’entraines-tu ? Quel est ton nom ?
  • Au centre de la terre… dans l’âme du monde habité, là où s’élève le palais souterrain d’Hénoch, notre père, que les peuples nomment Hermès
  • Puissances immortelles ! s’écria Hiram ? Ô mon Seigneur, vous seriez…
  • Ton aïeul, homme, artiste, ton maître et ton patron : je suis Tubalcaïn ».

            Ils s’avançaient ensemble dans la région profonde de silence et de nuit. Aux régions humides et froides avait succédé une atmosphère tiède et raréfiée ; la vie intérieure de la terre se manifestait par des secousses, par bourdonnements singuliers. Des battements sourds, réguliers, périodiques annonçaient le voisinage du cœur du monde.

            Soudain, il tressaillit. Tubalcaïn parlait :

  • « Tes pieds foulent la grande pierre d’émeraude qui sert de racine et de pivot à la Création. Tu as abordé le domaine de tes pères. Ici, l’on peut, sans périr, se nourrir des fruits de l’Arbre de la Science ».

            Hiram exhale un long et doux soupir ; il lui semblait qu’un poids accablant – qui toujours, l’avait courbé dans sa vie – venait de s’évanouir pour la première fois.

            Tubalcaïn lui sourit gentiment et lui dit :

  • « Puisqu’à présent tu es libéré de ton fardeau, je te donnerai ce maillet. Je l’ai fait pour toi. Avec lui, tu retourneras sur la surface de la terre et tu accompliras ton œuvre. Mais, avant que je ne te dise comment tu dois savoir te servir de ce maillet, écoute la voix de Caïn, notre père, et d’Adam, le père de notre père ».

            Et Hiram entendit parler Caïn :

  • « Que le sommeil et la mort soient avec toi, mon fils. Race industrieuse et opprimée, c’est par moi que tu souffres. Ève fut ma mère et Adam fut mon père. Ils me nourrirent jusqu’à ce je puisse mettre au service des hommes ignorants et débiles l’esprit des génies qui résident en moi. J’ai nourri mes nourriciers sur leurs vieux jours et j’ai bercé l’enfance d’Abel, mon frère.

            Avant d’enseigner le meurtre à la terre, j’ai connu l’ingratitude, l’injustice et les amertumes qui corrompent le cœur. J’ai arraché notre nourriture au sol avare ; j’ai inventé les charrues qui contraignent la terre à produire et, en me sacrifiant, j’ai fait renaître pour eux l’Eden qu’ils avaient perdu. Ô comble d’iniquité ! Adam ne m’aimait pas ! Il se souvenait d’avoir été banni du Paradis pour m’avoir mis au monde et son cœur était tout à son Abel… Lui, dédaigneux et choyé, me considérait comme le serviteur de tous ! Aussi, quand j’arrosais de mes sueurs la terre où il se sentait roi, lui-même oisif et insouciant, il faisait paître ses troupeaux en sommeillant sous les sycomores. Je me plains : mes parents invoquent l’équité de Dieu et nous lui offrons des sacrifices.

            Mon sacrifice : des germes de blé que j’avais fait éclore – les prémices de l’été. Le mien est rejeté avec mépris. C’est ainsi que ce dieu jaloux repousse le génie inventif et fécond et donne la puissance avec le droit d’oppression aux esprits vulgaires.

            Par jalousie, j’éteignis le flambeau d’Abel. Adam se vit renaître plus tard dans la postérité de Seth et, pour effacer mon crime, je me suis fait le bienfaiteur des enfants d’Adam. Je construisis la première ville, les premières maisons pour les abriter. C’est à moi-même et à mes enfants qu’ils doivent tous les arts, l’industrie et les sciences ».

            Et Hiram entendit parler Adam :

  • « C’est toi, Caïn, qui a enfanté le meurtre. Dieu poursuit, dans mes enfants, le sang d’Ève dont tu sors et que tu as versé. C’est à cause de toi que Jéhovah a suscité des prêtres qui ont immolé les hommes, et des rois qui ont sacrifié des prêtres et des soldats. Un jour, il fera naître des empereurs pour broyer les peuples et les prêtres eux-mêmes et la postérité des nations dira : Ce sont les fils de Caïn ».

            Des profondeurs de l’abîme, Hiram entendit gémir Caïn et Adam. Tubalcaïn dit alors :`

  • Maintenant, tu connais le mystère de la Création, contenu dans les livres du Tau enfouis dans la terre. Tu es, à ton tour un créateur, et tu porteras sur ta ceinture le Tau symbolique qui rallie les ouvriers. Prends ce maillet, mon fils. Va sur la terre et réalise ton Œuvre ! ».

            Entre le moment où Hiram, déchiré par la douleur et totalement désespéré, entra volontairement dans le fleuve de feu qu’il ne maîtrisait plus et le moment où il en ressortit, indemne et flamboyant neuf, muni du maillet et d’une ceinture sur laquelle brillait le Tau, il ne s’était écoulé, pour les hommes, qu’un instant.

            Les ouvriers se rangèrent autour de lui et la panique cessa. Il donna des ordres précis qui furent exécutés promptement et tout rentra dans l’ordre, comme par miracle. Là où les moules éclataient, il frappa de son maillet et ils se remettaient en place. Le fleuve de feu entra dans le lit qui lui avait été préparé. La volonté du Maître vainquit la fureur déchaînée des éléments.

            Enfin, la « mer d’Airain » se fit et apparut telle qu’elle avait été conçue dans la pensée du Maître.

            A l’aube, le soleil se leva et resplendit.

            Salomon, en contemplant le Temple enfin terminé se repentit et dit à Hiram :

  • Maître Hiram, mon Frère, j’implore ton pardon. Je t’ai haï à cause de tes talents. J’étais jaloux de toi et, à cause de cela, j’ai voulu empêcher l’accomplissement de ton Œuvre. Lorsque j‘aurai obtenu ton pardon, j’abandonnerai ce trône dont je suis indigne et je briserai ce sceptre, signe d’autorité, dont je suis aussi indigne.
  • Ô roi Salomon, répondit Hiram, n’agis pas ainsi ! Tu étais un homme qui voulait être roi et les sentiments vulgaires t’habitaient. Ce qui est arrivé devait arriver car tel est l’ordre des choses. L’acte que tu as commis était nécessaire parce que sans l’épreuve que j’ai vécue, je n’aurais pu apprendre ce que je sais maintenant. L’échec contient le germe de toute vraie réussite et le mal peut générer le bien si l’on connaît bien l’art.

            Roi Salomon, tu étais un homme qui voulait être roi ? Maintenant, moi, Hiram, je te fais roi véritable, car notre épreuve est commune et nous l’avons subie ensemble, chacun à notre manière.

            Ce maillet, je l’ai reçu au centre du Monde ! Il me confère un pouvoir que j’exercerai en ta personne car, désormais, nous ne formerons qu’une seule et même entité.

J’ai dit.

Mes commentaires…

            La prose de ce scénario, rutilante, lumineuse, éblouissante raconte la fonte de la mer d’airain qui se trouvait devant le Temple. Mais les paillettes étourdissantes recèlent trois niveaux de lecture : la jalousie de Salomon : nos faiblesses, la coulée elle-même : notre œuvre et le message spirituel, en trois voies.

            C’est ce dernier qui m’a bouleversé. Pourquoi ? Notre pratique maçonnique est grosse de la première voie : elle éclate d’abord. Puis elle esquisse avec gêne la deuxième. Enfin, pour certains(es), la troisième est susurrée en pleine invisibilité rituelle.

            Que chantent les trois voies : de la Mer d’airain ?

            La voie de la FRATERNITÉ – Celle qui est la bannière, le porte-étendard de l’association, partout dans le monde. Celle qui est diffusée, tambours battants, par les hauts parleurs de l’Ordre. Des dizaines de livres érudits et souvent sans grand intérêt hors l’accumulation des savoirs, paraissent chaque mois. La Maçonnerie de salon !

            La voie de la SOUFFRANCE – Nul(le) ne peut nier que les souffrances perturbent nos vies. Le meurtre d’Hiram n’évoque, en aucun cas, le mal que ressent le bâtisseur. C’est juste une resucée adroite du complexe d’Œdipe masculin. La souffrance, c’est descendre dans les tréfonds de soi et accepter les mélanges insupportables à la conscience, des pulsions de vie et des pulsions de mort qui régissent l’humanimal que nous sommes. La voie de la souffrance est surtout la confrontation avec notre mort. Elle peut mener au suicide. C’est elle que choisit Hiram quand il se précipite dans le foyer ardent. Elle sera en fait pour lui non pas un suicide mais la confrontation avec la souffrance extrême d’où il ressortira grandi.Cette voie est passage spirituel obligé selon de profonds philosophes, de Schopenhauer à Cioran. Même Voltaire a écrit :« Nous sommes des victimes condamnés toutes à la mort ; nous ressemblons aux moutons qui bêlent, qui bondissent en attendant qu’on les égorge. Leur grand avantage sur nous est qu’ils ne se doutent pas qu’ils seront égorgés, et que nous le savons ».

            Avec le risque du passage à l’acte, le suicide donc, pour certains. Citons le quatrain prémonitoire et grandiose de Gérard de Nerval :

Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,

Le prince d’Aquitaine à la tour abolie,

Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé

Porte le soleil noir de la mélancolie

            Gérard connut le « baiser de la reine » en se pendant à un arbre. Ressentit-il la voie suivante, celle du nulle-part ?

            La voie de la Souffrance fait mauvais ménage avec la voie de la Fraternité celle de la joie, si on ne travaille que sur elle. En Maçonnerie, nous ne travaillons pas du tout la peur et l’attrait mêlés de la mort ; d’où la dispute envenimée entre Jacques Lapersonne et Daniel Beresniak, lui qui connut, par sa famille, les atrocités nazies. La mort désirée par Hiram, en se noyant dans le brasier de la Mer d’airain, sera, en fait, l’épreuve de la souffrance ultime, l’acceptation de la fin de la vie. Mais Hiram fait partie de ceux et celles qui osent regarder la mort en face et, de ce fait, atteignent la dernière voie, le nulle-part.

            La voie du NULLE-PART, dans la sensation brumeuse – Indescriptible, d’être partout, dans l’énergie non point de l’univers mais du multivers. Rien dans les rituels sinon, de-ci de-là, des allusions. Sauf dans certains qui osent évoquer le « Un et le Tout », sorte de résumé de la dispersion quantique, parfois ressentie dans le mutisme complet. Peut-être celui que nous embrasserons après le passage de la Mort.

            Fraternité, Souffrance et Nulle part interloquent et convoquent les profondeurs du vagabondage initiatique. Ce sont les messages subliminaux. Ils sont clairs, au moins dans la doxa , faute de l’être dans le creux de son humanitude : La joie et l’être ensemble, dans le vécu plus ou moins réel ( ) des Loges. Puis, dans la voie de la Souffrance, l’intériorité et la solitude. Le cabinet de réflexion et autres endroits d’attente, pour l’élu(e) de sa future cérémonie. Mais la souffrance n’y est pas convoquée rituellement. Dans la voie du Nulle-part, toute sensation de vie ici-bas, plantes et animaux, dont nous, les humanimaux (néologisme de Daniel B.) , est abolie. Le vertige seul pour humer de nos pauvres narines, le partout et l’énergie cosmique. Certain(es), en tenue, dans des moments d’ivresses sans saccades, partiraient ainsi. Dans cet ailleurs…

            Dans le texte de la mer d’Airain, nous trouvons, éparses des expressions qui nous clignent de l’œil, vers, selon les cas, les trois voies ; donc au-delà de la doctrine maçonnique. J’en ai glané neuf. Elles montrent bien le cheminement spirituel de l’auteur ou ses espoirs qu’il sait transmettre avec tant d’étincelance ! Je laisse à chacun(e), selon sa sensibilité de rattacher ces extraits aux voies de Souffrance et de Nulle- part. La dernière, pour la Fraternité spirituelle :

  • « La fonte de la mer d’airain, un défi du génie de la nature »
  • « Ô puissance du génie d’un mortel qui soumet les éléments et dompte la nature »
  • « La place est jonchée de mourants et, au silence, a succédé un immense cri d’épouvante. La terreur est au comble ».
  • « Seul, je suis seul et maudit. L’avenir est fermé. Hiram souris à ta délivrance et cherche, dans ce feu, ton élément et ton esclave rebelle ».
  • « Il s’abîme dans sa méditation et tombe foudroyé ».
  • « Des battements sourds, réguliers, périodiques, annonçaient le voisinage du cœur du monde »
  • « Tes pieds foulent la grande pierre d’émeraude qui sert de racine et de pivot à la Création ».
  • « Sans l’épreuve que j’ai vécue, je n’aurais pu apprendre ce que je sais maintenant »
  • « Ce maillet, je l’ai reçu au centre du Monde. Il me confère un pouvoir que j’exercerai en ta personne car désormais, nous ne formerons qu’une seule et même entité ».

SOURCE  :  https://450.fm/2023/07/23/legende-de-la-mer-dairain/

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Le Temple de Salomon : Mythe, Histoire et Symbolisme 23 juillet, 2023

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Protégé : Symbolisme de la Rose sur la Croix et de celui du Signe et du Contre-Signe – 18°- 22 juillet, 2023

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Avons-nous, nous les francs-maçons, la notion que nous sommes « morts » ? 20 juillet, 2023

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Avons-nous, nous les francs-maçons, la notion que nous sommes « morts » ?

– Comme ça…? « Mort »?

 

– Oui!

– Avons-nous, nous les francs-maçons, la notion vraiment consciente que symboliquement et maçonniquement nous sommes « morts » ?

– Peut-être ne réalisons-nous pas que nous sommes symboliquement « morts », naturellement parce que nous sommes toujours vivants physiquement, parlant à des maçons qui sont vivants (mais qui, en fait,… sont morts)…

Avons-nous, nous les francs-maçons, la notion que nous sommes « morts » ? dans Contribution

– À proprement parler, il nous est impossible de savoir ce qu’est la « mort » physique pour nous, puisque nous sommes encore en vie. Mais qu’en est-il de mourir ? Nous ne savons pas? Nous mourons physiquement à chaque instant, à chaque fraction de vie…

– Nous sommes conscients que nous ne savons vraiment pas ce qu’est la mort (physique) pour nous-mêmes, mais que nous savons, de plus, mourir, ainsi que vivre, car nous mourons à chaque segment d’une fraction de temps vécu… et nous pouvons voir cela facilement dans nos capacités et nos caractéristiques physiques, ou dans des photos d’antan, ou même face à un regard plus attentif sur notre propre miroir… en nous comparant au miroir de nos réminiscences, au miroir de nos âmes…

– Par conséquent, pour que nous puissions percevoir et apprendre ce sage mystère, combien de fois devons-nous mourir symboliquement dans le travail de maçonnerie de notre Art Sublime ? Combien de fois devons-nous mourir au cours d’un processus continu de broyage de notre pierre brute, brute et brute informe dans notre travail de maçonnerie spéculative maçonnique ?

– Y a-t-il, en effet, le sentiment franc et sincère d’une nouvelle résurrection qui s’opère dans nos cœurs ? Y a-t-il une renaissance dans l’esprit d’un franc-maçon ? Sommes-nous vraiment ressuscités du plus profond de notre cœur, de nos « tombes » ? Sommes-nous sortis des « ténèbres de nos tombeaux », de nos êtres, pour une nouvelle vie pleine, maçonniquement sage ?

– Ce ne sont là que quelques réflexions que je considérerais comme fondamentales pour nous Maçons… Nous aurons effectivement la capacité de les comprendre, de les traiter, et de puiser nos propres réponses au plus profond de nos âmes, de nos cœurs, afin de nous améliorer encore plus et nous pouvons mieux contribuer à nous-mêmes ; pour le monde et la société maçonnique ?

— Seuls « morts » à une vie impie ; renaître à, (et désireux de) Lumière ; ce n’est qu’en étant « morts » tout ce que nous étions, morts et nés de nouveau, que nous pouvons refléter et extraire les leçons les plus profondes de la sagesse spirituelle pour nos vies (ou processus de mort)…

– Il y a au moins – comme nous les francs-maçons le savons, fondamentalement 3 moments « mori » ou morts dans la vie d’un franc-maçon, que lui seul, le « vrai franc-maçon renaissant », celui qui est conscient qu’il parle avec le profane vivant et avec les francs-maçons « morts » encore vivants, on connaît : celui qui survient dès leur Initiation ; un autre, à un autre degré de son travail de maîtrise symbolique et, la troisième et dernière mort…, la mort physique terrestre, partant pour l’Orient Éternel, qui seulement après avoir été dûment préparé, nous ouvrirons et entrerons dans cette chambre céleste, celle de l’Orient Éternel… connaissant encore une autre renaissance qui, certes, fatalement et naïvement nous attend…

– Je crois que, au préalable, sans ces considérations initiales et l’assomption de nos consciences ; sans profondes réflexions de nos intimes sur vivre, sur mourir, sur la vie, la mort et renaître, toutes les autres choses seront et seront superficielles et vaines… Sans ces consciences, nous n’aurons jamais la condition ou la capacité réelle de lisez et apprenez en profondeur sur ce que nos symboles, allégories, instructions de sagesse maçonnique et nos rituels veulent vraiment nous dire… sur ce que nous sommes venus faire ici…

– En vérité, le franc-maçon est, oui, symboliquement, le « mort » au monde profane et qui « renaît » à une nouvelle vie ; dans la Lumière, et, fatalement, dans un monde de vanités, comme le guide sagement le livre de l’Ecclésiaste, (« Vanité, vanité des vanités, toute vanité, rien que des vanités »),… et l’on meurt à nouveau à « un autre nouveau ressuscité spirituellement ». la vie », l’attente, avec un meilleur raffinement par l’Espérance, la Foi et la Charité, vers une autre « issue spirituelle » ; celle de la fin physique, et une autre, celle d’encore un autre nouveau cycle ; celle d’un nouveau commencement spirituel, cette fois dans l’Orient Éternel.

– Ainsi soit-il!

SOURCE  : Alexandre Fortes , 33e – GOB-PI

 

 

Protégé : CES FRANCS-MAÇONS QUI SAVENT…ET CEUX QUI NE SAVENT PAS – 1°- 17 juillet, 2023

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UNE RÉPONSE À L’ARTICLE DU 10 JUILLET – Que faire suite aux événements récents. 16 juillet, 2023

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UNE RÉPONSE À L’ARTICLE DU 10 JUILLET – Que faire suite aux événements récents.

UNE RÉPONSE À L'ARTICLE DU 10 JUILLET - Que faire suite aux événements récents.
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Je me permets de porter à votre connaissance un commentaire de Philippe, un commentateur habituel du Blog et qui constitue une contribution très éclairée.

Jean-François GUERRY.

QUE FAIRE SUITE AUX ÉVÉNEMENTS RÉCENTS ?

 

Voici un article courageux puisqu’il souligne une problématique sociétale en questionnant notre action et notre responsabilité individuelles, toutes deux appartenant avant tout à l’homme et non à l’État de son pays.  A mon sens, dans cette réflexion deux questions sont formulées :  – Peut-on former les individus à la sagesse ? 

De mon humble avis, la limite entre former et formater est toujours une affaire de jugement… En premier lieu, pour recevoir un peu de Lumière toute femme ou tout homme se doit d’être ouvert à l’autre et à la découverte. Nos premiers pas ont été les plus difficiles, car ils ne se font pas « contre » ou « en réaction » à un modèle à combattre, au contraire, ils s’entreprennent vers un inconnu, guidés par la bienveillance de ceux qui nous ont précédés sur ces chemins, et dans le respect d’un engagement que nous avons pris avec nous-même. 

Comment éveiller celles et ceux qui éblouis par la science et ses effets dans un monde matériel se structurent autour de l’utilité et du plaisir ? 
Nous n’avons pas réussi à capitaliser nos lumières autant que dans la science. La sagesse et la spiritualité ne se théorisent pas, elles ne se mettent pas en équation dans nos langues imprimées. Elles requièrent la pratique d’une communication plus subtile et l’usage d’une langue que je qualifie de naturelles, universelles mais au combien en déclin et désuètes aux yeux de nos contemporains.
Nous sommes parmi ceux qui, par tradition et transmission, pratiquons encore ce « patois sacré », cette communication transcendante dont les mots ne se lisent ni s’écrivent facilement, puisque nous ne faisons qu’épeler ce langage de l’Art. Nos symboles en sont les contenants, nos ‘mots valises’ pour tenter d’écrire et de transmettre nos découvertes.  – Peut-on concevoir une école spirituelle ?  L’école est avant tout une institution du savoir et non de la connaissance. Le savoir s’acquiert, la connaissance se pratique. 

La spiritualité est un chemin tracé par la connaissance, éclairé par le savoir. Du haut de mes petites connaissances, et par les principes précédents, la spiritualité ne semble pas pouvoir être enseignée dans une école. Elle requière un espace et un temps sacrés, que nous aménageons en premier lieu en nous-même, et que nous ouvrons ensuite à d’autres. Lors de nos Tenues, dans un premier temps nous prenons place, « notre place », dans un espace individuel et sacré. Le collectif des colonnes permet, dans un second temps, l’apport des Autres, en cassant la stérilité de notre pensée unique en offrant la diversité nécessaire pour diluer nos propres dogmes et nos freins de pensée.
Créer une école spirituelle apparaît donc  comme un contre-sens.  La spiritualité n’est pas une matière intellectuelle comme peut l’être la philosophie. Elle est un principe vivant, qui évolue, se développe, mais peut aussi mourir si aucune nouvelle cellule ne vient remplacer celles qui disparaissent.  Très chaleureusement

SOURCE :  http://www.lafrancmaconnerieaucoeur.com/2023/07/une-reponse-a-l-article-du-10-juillet-que-faire-suite-aux-evenements-recents.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

Digression … Les Playmobils complotistes

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Protégé : Les Francs Jardiniers – 1°- 15 juillet, 2023

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les Différents aspects du Martinisme 13 juillet, 2023

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les Différents aspects du Martinisme

 

martinisme

 

les différents aspects qu’il a présentés et qui peuvent se renfermer en quatre grandes périodes ;

1° Le Martinésisme de Martines de Pasqually ;

2° Le Willermosisme de J.-B. Willermoz ;

3° Le Martinisme de Claude de Saint-Martin ;

4° Le Martinisme contemporain.

Il est impossible de se rendre clairement compte du caractère réel du Martinisme à toute époque, si l’on n’établit pas tout d’abord la différence capitale qui sépare les sociétés d’illuminés des sociétés de francs-maçons.

La société d’illuminés est liée à l’invisible par un ou plusieurs de ses chefs. Son principe d’existence et de durée prend donc sa source dans un plan suprahumain et tout son gouvernement se fait de haut en bas, avec obligation, pour les membres de la fraternité, d’obéir aux chefs, quand ils sont entrés dans le cercle intérieur, ou de quitter ce cercle intérieur.

La société de francs-maçons n’est en rien liée à l’invisible. Son Principe d’existence et de durée prend sa source dans ses membres et rien que dans ses membres ; tout son gouvernement se fait de bas en haut avec sélections successives par élection.

Les ordres d’illuminés se réfèrent toujours au Principe invisible qui les dirige. La vie privée, les œuvres publiques et le caractère des chefs de la plupart des fraternités d’illuminés montrent que ce Principe invisible appartient au plan divin, et qu’il n’a rien à faire avec Satan ou les démons

La Fraternité d’illuminés la plus connue, antérieure à Swedenborg, et la seule dont on puisse parler au monde profane, est celle des Frères Illuminés de la Rose-Croix, dont la constitution et la clef seront données dans plusieurs années. Ce sont les membres de cette fraternité qui ont décidé la création de sociétés symboliques, chargées de conserver les rudiments de l’initiation hermétique, et qui ont ainsi donné naissance aux divers rites de la Franc-Maçonnerie. Il ne peut donc être établi aucune confusion entre l’illuminisme, ou centre supérieur d’études hermétiques, et la Maçonnerie ou centre inférieur de conservation réservé aux débutants. 

La mission de réalisation de Swedenborg, consista surtout en la constitution d’une chevalerie laïque du Christ, chargée de défendre l’idée chrétienne dans sa pureté primitive et d’atténuer, dans l’Invisible, les déplorables effets des concussions, des accaparements de fortune et de tous les procédés chers au « Prince de ce Monde », mis en œuvre par les jésuites, sous couleur de christianisme.

Swedenborg divisa son œuvre de réalisation en trois sections :

1° La section d’enseignement constituée par ses livres et le récit de ses visions ;

2° La section religieuse, constituée par l’application rituelle de ses enseignements ;

3° La section chargée de la tradition symbolique et pratique, et constituée par les grades initiatiques du Rite swedenborgien.

Cette dernière nous intéresse seule pour le moment.

Elle était partagée en trois sections secondaires : la première élémentaire et maçonnique, la seconde élevait le récipiendaire jusqu’à l’illuminisme, et la troisième active.

La première section comprenait les grades de : apprenti, compagnon, maître et maître élu.

La seconde section comprenait les grades de : apprenti Coën (ou maître élu illuminé), compagnon Coën, maître Coën.

La troisième section comprenait les grades de : 1° maître Coën délégué à la réalisation élémentaire ou apprenti Rose-Croix ; 2° chevalier Rose-Croix commandeur ; 3° Rose-Croix illuminé ou kadosch (Maître grand architecte).

 

Martines considère si bien la Franc-Maçonnerie comme une école d’instruction élémentaire et inférieure que son « Maître Coën » dit : J’ai été reçu maître Coën en passant du triangle aux cercles. Ce qui veut dire, en traduisant les symboles : « J’ai été reçu maître illuminé en passant de la Franc-Maçonnerie à la pratique de l’Illuminisme ». De même on demande à l’apprenti coën : « Quels sont les différents mots, signes et attouchements conventionnels des Élus Maçons Apocryphes ? »

Et il répond : « Pour l’apprenti Jakin, le mot de passe Tubalcaïn ; pour le compagnon Booz, le mot de passe Schiboleth, pour le Maître Makbenac, le mot de passe Giblim ».

Il fallait donc posséder non pas trois, mais au moins sept des grades de la Maçonnerie ordinaire pour devenir cohen.

 

l’œuvre capitale de Willermoz sera l’organisation des congrès maçonniques ou Convents, qui permirent aux Martinistes de démasquer, par avance, l’œuvre fatale des Templiers et qui présentèrent le Martinisme sous son caractère véritable d’Université intégrale et impartiale de la Science hermétique.

Quand Martines commença son initiation, Willermoz était vénérable régulier de la loge la Parfaite Amitié de Lyon, poste qu’il occupa de 1752 à 1763. Cette loge dépendait de la Grande Loge de France.

En 1760, une première sélection avait été opérée et tous les membres pourvus du grade de Maître avaient constitué une Grande Loge des Maîtres de Lyon avec Willermoz comme Grand Maître.

En 1765, une nouvelle sélection fut opérée par la création d’un Chapitre des Chevaliers de l’Aigle-Noir, placé sous la direction du Dr Jacques Willermoz, frère cadet du précédent.

En même temps, Jean-Baptiste Willermoz quittait la présidence de la Loge ordinaire et de la Loge des Maîtres qui était placée sous la direction de f∴ Sellonf, pour se mettre à la tête de la loge des Élus Cohens, formée avec les meilleurs éléments du Chapitre.

ce que nous pouvons affirmer dès maintenant, c’est que la spiritualité la plus grande, la soumission la plus entière aux volontés du Ciel et les prières les plus ardentes à N.-S. Jésus-Christ n’ont jamais cessé de précéder, d’accompagner et de terminer les séances présidées par Willermoz. Le Willermosisme, comme le Martinésisme et le Martinisme, a toujours été exclusivement chrétien, mais n’a jamais été clérical, et pour cause. Il rend à César ce qui est à César et au Christ ce qui est au Christ ; L’« Agent ou Philosophe Inconnu » avait dicté 166 cahiers d’instruction, desquels Claude de Saint-Martin avait pris connaissance et dont il avait copié quelques-uns de sa main. Sur ces cahiers, 80 environ furent détruits dans les premiers mois de 1790 par l’agent lui-même, qui voulait éviter de les voir tomber aux mains des envoyés de Robespierre, qui firent des efforts inouïs pour les atteindre.

En 1778, le 12 août, Willermoz annonçait la préparation du Convent des Gaules qui fut tenu à Lyon du 25 novembre au 27 décembre.

Ce convent avait pour but d’épurer le système écossais en détruisant tous les mauvais germes qu’y avaient introduits les Templiers. Pour comprendre la nécessité de cet effort vers l’union, il faut se souvenir que le monde maçonnique était en pleine anarchie.

Le Grand Orient de France était né en 1772, grâce à l’usurpation de la Grande Loge de France par Lacorne et les siens, dirigés en sous-main par les Templiers qui, après avoir établi le Chapitre de Clermont, s’étaient transformés, en 1760, en Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident, puis en Chevaliers d’Orient (1762), et enfin étaient entrés au Grand Orient à la suite de Lacorne.

Grâce à leur influence, le système des loges fut profondément modifié ; partout le régime parlementaire avec élections successives de tous les officiers remplaça l’ancienne unité et l’autorité hiérarchique. Toujours, jusqu’à sa mort, il a voulu établir la Maçonnerie sur des bases solides en lui donnant comme but la pratique de la vertu pour ses membres et de la charité envers les autres ; mais il a toujours tendu à faire des loges et des chapitres un centre de sélection pour les groupes d’Illuminés. La première partie de son œuvre était patente, la seconde occulte ; c’est pourquoi les personnes peu informées peuvent voir Willermoz autrement que sous son véritable caractère.

 

Si Willermoz fut surtout chargé du groupement des éléments martinistes, et de l’action en France, Claude de Saint-Martin reçut la mission de créer l’initiation individuelle et de porter son action aussi loin que possible. À cet effet, il fut admis à étudier complètement les enseignements de l’« Agent inconnu » et nous possédons, dans les archives de l’Ordre, plusieurs cahiers copiés et annotés de la main de Saint-Martin.

Ainsi que nous l’avons dit précédemment, le livre des Erreurs et de la Vérité est presque entièrement dû à cette origine invisible, et c’est là qu’il faut voir la cause de l’émotion provoquée, dans les centres d’initiation, par l’apparition de ce livre,

Outre ses études se rattachant à l’Illuminisme, commencées auprès de Martines et poursuivies avec Willermoz, Claude de Saint-Martin s’occupa activement d’hermétisme pratique et un peu d’alchimie. Il avait à Lyon un laboratoire organisé à cet effet.  C’est l’Ordre de Saint-Martin qui, ayant pénétré en Russie sous le règne de la Grande Catherine, obtint un tel succès qu’une pièce fut jouée à la cour, entièrement consacrée au Martinisme qu’on cherchait à ridiculiser. C’est à l’Ordre de Saint-Martin que se rattachent les initiations individuelles rapportées dans les mémoires de la baronne d’Oberkierch ; enfin l’auteur classique de la Franc-Maçonnerie, le positiviste Ragon, qui n’est cependant pas tendre pour les rites d’Illuminés, décrit pages 167 et 168 de son Orthodoxie maçonnique les changements opérés par Saint-Martin pour constituer le Martinisme

« La seule initiation que je prêche et que je cherche de toute l’ardeur de mon âme est celle par où nous pouvons entrer dans le cœur de Dieu et faire entrer le cœur de Dieu en nous, pour y faire un mariage indissoluble, qui nous rend l’ami, le frère, et l’épouse de notre divin Réparateur. Il n’y a pas d’autre mystère pour arriver à cette sainte initiation que de nous enfoncer de plus en plus dans les profondeurs de notre être, et de ne pas lâcher prise, que nous ne soyons parvenus à en sortir la vivante et vivifiante racine ; 

« Lorsque nous souffrons pour nos propres œuvres, fausses et infectées, le feu est corrosif et brûlant, et cependant il doit l’être moins que celui qui sert de source à ces œuvres fausses ; aussi ai-je dit, plus par sentiment que par lumière (dans l’Homme de désir), que la pénitence est plus douce que le péché. Lorsque nous souffrons pour les autres hommes, le feu est encore plus voisin de l’huile et de la lumière ; aussi, quoiqu’il nous déchire l’âme et qu’il nous inonde de pleurs, on ne passe point par ces épreuves sans en retirer de délicieuses consolations et les substances les plus nourrissantes. »

« Je crois que la parole s’est toujours communiquée directement et sans intermède depuis le commencement des choses. Elle a parlé directement à Adam, à ses enfants et successeurs, à Noé, à Abraham, à Moïse, aux prophètes, etc, jusqu’au temps de Jésus-Christ. Elle a parlé par le grand nom, et elle voulait si bien le transmettre elle-même directement, que, selon la loi lévitique, le grand prêtre s’enfermait seul dans le Saint des Saints pour le prononcer ; et que même, selon quelques traditions, il avait des sonnettes au bas de sa robe pour en couvrir la prononciation aux oreilles de ceux qui restaient dans les autres enceintes.

Autrement dit nommer les trois royaumes que l’école désignait « naturel, spirituel et divin », en naturel, astral et divin ?

De même que Martines avait adapté le Swedenborgisme au milieu dans lequel il devait agir, de même que Saint-Martin et Willermoz avaient aussi créé les adaptations indispensables, de même le Martinisme contemporain a dû s’adapter à son milieu et à son époque, mais en conservant à l’Ordre son caractère traditionnel et son esprit primitif.

L’adaptation a surtout consisté à unir étroitement l’œuvre de Saint-Martin à celle de Willermoz.

Ne demandant à ses membres ni cotisations, ni droits d’entrée dans l’Ordre, n’exigeant non plus aucun tribut régulier de ses loges au Suprême Conseil, le Martinisme est resté fidèle à son esprit et à ses origines en faisant de la pauvreté matérielle sa première règle.

Par là, il a pu éviter toutes ces irritantes questions d’argent qui ont causé tant de désastres dans certains rites maçonniques

 Le Martinisme ignore les radiations pour non-paiement de cotisations, il ignore le tronc de la veuve et ses chefs seuls sont appelés à justifier leur titre en participant, suivant leur grade, au développement général de l’Ordre. Dérivant directement de l’Illuminisme chrétien, le Martinisme devait en adopter les principes. C’est donc par les chefs du Suprême Conseil que le Martinisme se rattache à l’Illuminisme chrétien.

 

L’Ordre dans son ensemble est surtout une école de chevalerie morale, s’efforçant de développer la spiritualité de ses membres par l’étude du monde invisible et de ses lois, par l’exercice du dévouement et de l’assistance intellectuelle et par la création dans chaque esprit d’une foi d’autant plus solide qu’elle est basée sur l’observation et sur la science. Le Martinisme constitue donc une chevalerie de l’Altruisme opposée à la ligue égoïste des appétits matériels

 

SOURCE  : https://anck131.over-blog.com/2022/12/les-differents-aspects-du-martinisme.html

bloLe blog de anck131

 

Protégé : Le Temple fut détruit par l’ennemi du dehors, mais celui-ci n’a pu s’en approcher que grâce à l’action de l’ennemi du dedans – 14°- 12 juillet, 2023

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