QUATRE NOURRITURES V2 24 septembre, 2023
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Pourquoi en savons-nous si peu sur les druides ? 22 septembre, 2023
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions,Silhouette , ajouter un commentairePourquoi en savons-nous si peu sur les druides ?
Cette puissante classe sociale celte était une menace pour l’Empire romain avant d’être englouti par le christianisme, mais leurs origines restent profondément enfouies dans les méandres du passé.

Les druides étaient-ils des prêtres pacifiques ou de dangereux prophètes ? Vouaient-ils un culte à la nature ou préparaient-ils une rébellion ? Nous ne savons pas grand-chose de cette ancienne classe sociale, mais ces lacunes n’ont jamais empêché les spéculations sur leur véritable nature.
Les premiers témoignages détaillés sur les druides remontent au premier siècle avant notre ère, mais il est probable que leur rôle particulier ait trouvé sa place dans les anciennes communautés de ce qui est aujourd’hui devenu la Grande-Bretagne, l’Irlande et la France bien avant cette date. Le témoignage en question provient d’une transcription latine du terme celtique désignant une classe sociale du peuple celte constituée de personnes dévouées à la prophétie et au rituel.
Étant donné que les Celtes avaient une tradition orale, tous les témoignages écrits concernant les druides provenaient de peuples tiers, notamment des Romains. Les druides « s’occupent des choses sacrées, ils dirigent les sacrifices publics et privés, et interprètent tout ce qui a trait à la religion, » écrivait par exemple Jules César en 50 avant notre ère, après avoir envahi la Gaule. L’empereur avait remarqué leur intérêt pour l’astronomie, l’éducation et la bravoure, ainsi que leur coutume de sacrifier leurs compatriotes gaulois pour s’attirer la grâce des dieux en mettant le feu à de gigantesques effigies humaines en osier où étaient enfermés des hommes vivants.

D’autres auteurs romains ont également été obsédés par l’amour que vouaient les druides au sang et à la mort. Pline l’Ancien évoquait par exemple le goût des druides pour le gui et le sacrifice humain. « Le meurtre d’un homme était pour eux un acte attestant de la plus grande dévotion, » écrivait-il, « et manger sa chair signifiait s’assurer une santé bénie des dieux. » Tacite a même fait état d’une bataille au Pays de Galle au cours de laquelle les druides « ont recouvert leurs autels du sang des captifs et consulté leurs dieux à travers des entrailles humaines. »
Ces dévots païens constituaient une menace existentielle pour les Romains, ces derniers craignaient le pouvoir exercé par les druides sur les communautés celtes conquises par Rome. Dans son livre, Jane Webster suggère que les visions apocalyptiques des druides ainsi que leurs rituels étaient perçus comme des actes de résistance par l’envahisseur romain qui s’est empressé d’éradiquer cette menace dès le commencement du règne d’Auguste, en 27 avant notre ère.
Les célébrations de l’équinoxe d’automne à travers le monde

Au premier siècle de notre ère, le christianisme commença à se répandre en France et dans les îles Britanniques et au fil des siècles de nombreuses traditions celtes tombèrent derrière son voile. Cependant, les druides continuèrent de faire des apparitions dans la littérature médiévale, ce qui laisse entendre que ces prêtres païens sont plus tard devenus des guérisseurs ou des magiciens. Pourtant, étant donné que nous ne disposons d’aucun témoignage écrit sur les Celtes préchristianisme, il est quasiment impossible de vérifier les revendications historiques au sujet des druides. Néanmoins, les druides sont revenus plusieurs fois sur le devant de la scène au cours des millénaires avec notamment une résurgence à l’époque romantique et une réincarnation au 21e siècle sous la forme du néodruidisme.
Bien que, n’y voyant qu’une exagération de la réalité, les historiens aient fini par rejeter les allégations romaines sur les traditions religieuses prétendument brutales des druides, la controverse autour de leurs rituels macabres a refait surface en 1984. Cette année-là, un coupeur de tourbes avait déterré des restes humains dans le comté de Cheshire, en Angleterre, et sa découverte n’avait rien d’ordinaire : l’Homme de Lindow, comme il fut plus tard nommé, avait été conservé dans la tourbière depuis près de 2 000 ans. À première vue, il était devenu un « Homme des marécages » après avoir été blessé à la tête, poignardé et étranglé avant d’être laissé pour mort dans ces environs marécageux. Son estomac contenait du pollen de gui, ce qui alimenta les spéculations sur sa possible mort lors d’un sacrifice pratiqué, peut-être, par des druides, ou sur le fait qu’il était lui-même un prince druide.
Il est tentant de spéculer sur la véritable nature des druides, mais puisque la plupart des connaissances au sujet de cette ancienne caste sociale émanent de sources secondaires, il est impossible de vérifier la plupart des affirmations. Même le terme en lui-même semble avoir été utilisé pour désigner de manière générale des hommes instruits, des philosophes, des professeurs ou des hommes pieux intéressés par la nature, la justice et la magie. Et l’archéologie n’a pas plus de réponses convaincantes à offrir. « À l’heure actuelle chez les archéologues, il n’existe pas de consensus pour faire le lien entre des preuves matérielles et des druides, même au sein d’un pays donné, » écrivait Ronald Hutton pour le magazine History Today. « Quel que soit le lieu, nous n’avons jamais déterré d’artefact qui ait fait l’unanimité au sein des experts comme relevant du druidisme. » Les druides ont toujours été entourés de magie et de mystère.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.
SOURCE : https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2019/11/pourquoi-en-savons-nous-si-peu-sur-les-druides?fbclid=IwAR1kWib9zMcT_n2UhaMVCgjiU7YEYqgpm_y9Ivf2eKWEdSCnTA4sMbw5j9U
Le Chamanisme 21 septembre, 2023
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireLe Chamanisme
Publié par Yann Leray sur 11 Septembre 2023
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Le chamanisme est une pratique spirituelle ancienne qui trouve ses origines dans différentes cultures à travers le monde. Prévalant bien avant les religions organisées, c’est une tradition qui repose sur la croyance en un monde invisible et les interactions possibles entre les humains et les esprits.
Le chamanisme est souvent considéré comme l’une des formes les plus anciennes de pratique spirituelle, transcendant les frontières culturelles et géographiques pour toucher presque chaque coin du globe. Le mot « chaman », enraciné dans la langue toungouse de Sibérie, donne un indice sur l’une des régions où cette tradition est la plus vivante et la mieux documentée. Cependant, les manifestations de ces pratiques se retrouvent bien au-delà des étendues glacées de la Sibérie.
En toungouse, le mot « šaman » désigne une personne qui, non seulement est capable d’entrer en transe, mais qui peut également agir comme un pont entre le monde terrestre et le monde spirituel. Cette interaction n’est pas simplement passive ; elle permet au chaman d’invoquer, de guider, de guérir ou même de combattre les esprits. Dans la tradition sibérienne, le chaman joue un rôle essentiel dans la société, offrant des conseils, des guérisons et des protections contre les maléfices.
Bien que le terme lui-même provienne de Sibérie, les preuves de pratiques chamaniques remontent à la préhistoire dans diverses régions du monde. Les peintures rupestres, par exemple, fournissent des témoignages fascinants de cette présence ancienne. Dans les grottes de Lascaux en France ou dans la Cueva de las Manos en Argentine, on peut observer des représentations d’êtres mi-humains, mi-animaux – une possible indication de l’état transformateur du chaman en transe ou de son association avec des esprits animaux.
Les artefacts, tels que les masques, les amulettes et les tambours, découverts dans diverses régions archéologiques, suggèrent également des rites et des cérémonies liés au chamanisme. Ces objets étaient souvent utilisés dans les rituels pour aider à induire des états modifiés de conscience ou pour représenter et invoquer des esprits.
De nombreuses cultures ont transmis leurs histoires et leurs traditions oralement, de génération en génération. Les récits de chamans, de leurs voyages dans l’au-delà, de leurs batailles avec des esprits malveillants et de leurs quêtes de guérison ont été racontés autour de feux de camp, préservant ainsi la richesse et la profondeur de ces traditions. Ces récits, présents sur tous les continents, attestent de l’universalité du chamanisme, bien qu’il se manifeste de différentes manières selon les cultures.
Le chamanisme, en tant que pratique spirituelle, est répandu à travers le monde, mais il prend des formes distinctes selon les régions et les cultures. Plongeons-nous plus profondément dans les nuances continentales de cette tradition ancienne.
En Sibérie, berceau du mot « chaman », cette pratique prend une forme unique. Les chamans sibériens sont souvent associés à des esprits animaux, considérés comme des guides ou des protecteurs. Pour établir une connexion avec ces esprits et le monde spirituel, les chamans portent des costumes d’animaux et utilisent des tambours rituels. Ces tambours, parfois décorés d’icônes sacrées, aident à induire une transe, permettant au chaman de voyager dans d’au-delà.
Les traditions chamaniques des peuples autochtones d’Amérique du Nord varient considérablement d’une tribu à l’autre. Cependant, beaucoup partagent un accent sur les quêtes de vision – des voyages spirituels souvent entrepris pour trouver un but ou une direction. Les rituels de guérison sont également essentiels, avec des chamans appelés à éliminer la maladie ou à rétablir l’équilibre spirituel. Le « sweat lodge » ou hutte de sudation est un rituel courant, où la chaleur, la vapeur et les chants sont utilisés pour purifier le corps et l’esprit.
Dans la vaste Amazonie, le chamanisme est intrinsèquement lié à la riche biodiversité de la forêt. Les chamans amazoniens, ou ayahuasqueros, utilisent des plantes médicinales, dont la plus célèbre est l’ayahuasca. Cette boisson psychédélique est consommée lors de cérémonies pour induire des visions, offrant des révélations et des guérisons. Ces sessions sont souvent accompagnées de chants ou « icaros » pour guider le voyage spirituel.
Sur le continent africain, le chamanisme se manifeste à travers les guérisseurs traditionnels ou les « sangomas ». Ces individus servent de pont entre le monde visible et les ancêtres. Par la divination, souvent en utilisant des os ou d’autres objets sacrés, les sangomas conseillent, guérissent et bénissent. Leurs danses rituelles et les rythmes de tambour les aident à entrer en transe, à communiquer avec le monde spirituel.
Pour les aborigènes d’Australie, le « temps du rêve » ou « Dreamtime » est plus qu’une simple croyance ; c’est une réalité vécue. Il représente la période mythique de création et s’entrelace avec le présent, guidant les lois, les rites et la connaissance. Les chamans aborigènes, par le biais de chants, de danses et d’histoires, conservent et transmettent ces récits sacrés, assurant la continuité de leur riche patrimoine spirituel.
Le chamanisme, présent depuis des millénaires dans différentes cultures, s’est forgé une richesse de pratiques et de croyances qui, bien que variant selon les régions, partagent certains principes fondamentaux.
Au cœur du chamanisme se trouve la conviction profonde que tout dans l’univers est intrinsèquement lié. Cette interconnexion va au-delà de la simple interaction physique ou matérielle ; elle évoque un réseau d’esprits. Les montagnes, les rivières, les animaux, les plantes et même les éléments comme le vent et le feu sont considérés comme possédant des esprits ou des essences propres. Reconnaître cette sacralité dans tout ce qui nous entoure est la première étape pour comprendre la perspective chamanique du monde.
L’un des rôles les plus cruciaux d’un chaman est d’agir comme médiateur entre le monde physique et le monde spirituel. Ce rôle d’intermédiaire nécessite souvent que le chaman entre dans un état de transe. Ces états peuvent être induits de diverses manières :
La danse et la musique : Les mouvements rythmiques et les sons hypnotiques des tambours, des cloches ou des chants peuvent aider le chaman à se déconnecter du monde physique et à plonger dans le spirituel.
Substances psychoactives : Dans certaines traditions, des plantes ou des substances spécifiques, comme l’ayahuasca en Amazonie ou le peyotl chez certains peuples autochtones d’Amérique du Nord, sont consommées pour faciliter les voyages spirituels.
Un chaman n’est pas simplement un guérisseur ou un visionnaire ; son rôle est multifacette:
Guérison : Les chamans sont souvent consultés pour guérir des maladies, qu’elles soient physiques, mentales ou spirituelles. Ils peuvent utiliser des herbes, des chants, des rituels ou des esprits pour restaurer l’équilibre.
Divination : À travers des visions ou des signes, les chamans peuvent offrir des orientations sur l’avenir ou donner des réponses à des questions complexes.
Guidance spirituelle : Ils peuvent aider les individus à trouver un but, à se reconnecter avec leurs racines ou à naviguer dans des transitions vitales.
Exorcisme : Si une personne est considérée comme possédée ou influencée par un esprit malveillant, le chaman peut être appelé à éloigner ou à apaiser cet esprit.
Communication avec les esprits : Qu’il s’agisse d’esprits de la nature, d’ancêtres décédés ou d’entités cosmiques, le chaman peut établir un dialogue pour obtenir des conseils, des bénédictions ou des connaissances.
Le chamanisme, une pratique ancienne et vénérable, s’est manifesté de différentes manières à travers les continents, chaque culture apportant ses nuances et interprétations. Bien que chaque tradition possède ses propres rites, rituels et croyances, elles partagent toutes une compréhension profonde de l’interconnexion entre tous les êtres et le monde spirituel. C’est un voyage qui plonge au plus profond de l’âme humaine, reliant les individus aux ancêtres, à la nature et au cosmos lui-même.
Mais qu’est-ce qui fait un « vrai » chaman ? La réponse, bien que complexe, se trouve dans la formation, le dévouement et le don inné. Un véritable chaman est souvent choisi par les esprits ou à travers des signes dès son plus jeune âge. La formation d’un chaman est un voyage rigoureux, parfois durant des décennies, sous la tutelle d’un maître ou d’un mentor. Ce n’est pas simplement une série de techniques apprises, mais une transformation profonde de l’âme et de l’esprit.
Le don d’un chaman ne se limite pas à la capacité d’entrer en transe ou de communiquer avec les esprits ; il réside également dans la sagesse, la compassion et l’intégrité. Un chaman a des obligations envers sa communauté, envers les esprits et, surtout, envers la vérité. Il ou elle est tenu de servir avec honnêteté, de guider sans égo et de guérir avec amour.
Il est vrai que dans notre monde moderne, beaucoup s’autoproclament chamans. Si bien que le terme a parfois été dilué ou mal interprété. Bien sûr, l’intérêt pour le chamanisme et ses pratiques est admirable et peut offrir des bénéfices, mais il est essentiel de se rappeler que taper sur un tambour ou participer à un rituel ne fait pas automatiquement de quelqu’un un chaman. Le chemin du chamanisme est un engagement profond et sacré.
Pour ceux qui recherchent la guidance ou la guérison d’un chaman, il est toujours conseillé de s’approcher avec discernement et respect. Et pour ceux qui se sentent appelés par cette voie, qu’ils le fassent avec humilité et honnêteté, en reconnaissant l’ampleur de l’engagement que cela demande.
En fin de compte, le chamanisme nous rappelle notre connexion avec tout ce qui nous entoure, et nous enseigne l’importance de l’équilibre, de la guérison et de la découverte de soi. C’est un héritage précieux que nous devons chérir et honorer.
Yann LERAY @ 2023
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Le shintoïsme : définition simple (« la voie des dieux ») 19 septembre, 2023
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire
Le shintoïsme : définition simple (« la voie des dieux »)
Le shintoïsme : définition simple. Quels sont les principes fondamentaux de cette religion japonaise ? Que sont le shinto, le kojiki, les kami, les jinja et les torii ?
Le terme « shintô » est constituée des deux mots shin, qui désigne la divinité, et dao (écrit et prononcé « tô ») qui signifie la voie, le chemin à suivre.
Littéralement, le shintô est donc le chemin vers les divinités. Les Japonais utilisent également l’expression kami-no-michi pour désigner cette voie spirituelle.
Le shintoïsme est une croyance traditionnelle du Japon qui plonge ses racines dans le culte très ancien que les chasseurs-cueilleurs de l’archipel vouaient aux kami, les esprits de la nature, autrement dit les « présences spirituelles » ou les « dieux ».
Le shintoïsme est donc une religion antérieure à l’introduction du bouddhisme (VIème siècle).
Le shintoïsme se pratique dans des sanctuaires au style très particulier : les jinja.
Voici une définition simple du shintoïsme.
Le shintoïsme : définition simple.
Pratiqué par environ 90 millions de Japonais, le shintoïsme est un polythéisme et un animisme : les êtres, les objets et les éléments naturels sont perçus comme ayant une âme propre. Le shintoïsme voue aussi un culte aux ancêtres ainsi qu’à l’empereur. Il se fonde sur une mythologie très riche.
Les kami : définition dans le shintoïsme.
Les kami sont des divinités locales qui peuvent être considérées comme l’esprit ou le génie d’un endroit particulier. D’autres kami représentent des objets naturels.
Les kami sont présents dans toute chose : la terre, le ciel, les animaux, les végétaux, la lune, le soleil (dont la déesse est la rayonnante Amaterasu, symbole de la nation japonaise), les tempêtes (Susano-o) les rivières, les cascades, les monts (le mont Fuji) mais aussi les ancêtres car ils sont la manifestation de la force divine qui a généré la famille.
A noter que certains kami concernent des concepts plus abstraits tels que la croissance ou la fertilité.
Certes, les éléments naturels les plus souvent divinisés sont ceux dont l’homme a le plus besoin au quotidien, comme l’eau des rizières, le soleil ou le feu. A travers eux, c’est la puissance et les caprices de la nature que les croyants tentent d’apprivoiser.
On ne vénère pas à proprement parler les kami, mais on s’assure de leur protection et de leur bienveillance. On prend garde de ne pas les froisser car tous les kami peuvent être, comme les phénomènes naturels, à la fois bons et mauvais.
Si l’on vexe un kami, il faut procéder à des rites de purification pour que l’ordre des choses soit rétabli.
Les kami ne sont pas des déités transcendantales au sens occidental. Bien que divins, ils sont proches des croyants, habitent le même monde qu’eux, font les mêmes erreurs et pensent de la même manière.
A noter que les morts deviennent automatiquement des kami.
Le kojiki et la cosmogonie shintoïste.
Les mythes, traditions, coutumes et légendes japonais du shintô ont été codifiés tardivement, au VIIIème siècle de notre ère, sous l’impulsion des empereurs japonais qui voulaient rivaliser avec le taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme, trois systèmes religieux arrivés de Chine quelques décennies plus tôt.
Rédigé en 712, le kojiki (« chronique des choses anciennes ») compile les récits mythologiques et les légendes les plus marquantes du shintoïsme. Ce livre sacré expose la manière dont l’univers a été créé ainsi que l’histoire des dieux et des règnes impériaux de l’époque.
Au tout début naissent, dans la haute plaine du Ciel, le dieu Izanagi et la déesse Izanami. La Terre toute jeune ne ressemble qu’à une tâche d’huile sur l’océan. Pour consolider la Terre, le couple divin se rend sur le pont flottant du Ciel (qui relie le monde d’en haut avec le monde d’en bas) et plonge une immense lance richement décorée dans l’océan, qu’ils agitent un moment avant de la retirer. Quelques gouttes tombent de la lance et en touchant l’océan se transforment en une île : la première île du Japon vient de naître.
Izangi et Izanami descendent alors du Ciel et s’installent sur cette île. En s’unissant, ils produisent tous les éléments naturels ainsi que les autres îles de l’archipel, et donnent naissance à tous les kami dont les plus importants sont Amaterasu, déesse du Soleil, et son frère Susano-o, terrible dieu des tempêtes.
Les jinja : sanctuaires shinto.
La vénération des kami se fait principalement dans des sanctuaires shinto : les jinja. Mais elle peut aussi se faire chez soi, devant un petit autel privé qui consiste le plus souvent en une simple étagère ornée de quelques objets rituels. Il est possible de vénérer des objets ou des personnes encore vivantes.
La plupart des sanctuaires sont de petits bâtiments dans le style architectural caractéristique du Japon, dont l’entrée est matérialisée par un portique (torii).
Le torii est constitué de deux pylônes verticaux et de deux barres hautes. Il sépare le monde profane du monde dans lequel les kami vivent : l’espace sacré.
Sur ces portiques sont traditionnellement placés des coqs en l’honneur d’Amaterasu (déesse du soleil), leurs chants faisant lever l’astre. Parfois le torii sert d’ex-voto offert par une famille reconnaissante.

Les sanctuaires sont surveillés par des gardiens, les komainu, sorte de monstres en pierre ressemblant le plus souvent à des lions.
Tous les événements joyeux de la vie, de la naissance au mariage, sont célébrés dans ces sanctuaires.
L’entrée dans le sanctuaire.
Le shintô ne connait ni dogme ni spéculation sur l’au-delà. Il consiste en une série de rituels où l’essentiel consiste à rechercher l’harmonie avec les forces naturelles. Cette harmonie est conçue comme une pureté intérieure et extérieure : c’est la raison pour laquelle l’entrée dans le sanctuaire est précédée d’un geste de purification avec de l’eau.
Les fidèles doivent se laver la bouche et les mains avant d’entrer dans le jinja. Un bassin d’ablution et des louches sont à leur disposition. Ils sonnent ensuite une cloche pour attirer l’attention des kami et font des offrandes en remerciement de la chance qu’ils ont eu, de l’harmonie de leur existence ou de la vie paisible qu’ils ont pu mener.
Les courtes prières doivent toujours être altruistes et concerner le bien commun. Elles s’achèvent en frappant deux fois dans les mains.
On peut voir dans les sanctuaires de petits oratoires réservés à la prière individuelle. Les fidèles peuvent aussi prier en écrivant leur vœux sur des tablettes placées ensuite dans un arbre en compagnie de nombreuses autres.
Conclusion sur le shintoïsme et sa définition.
Le shintoïsme ne connaît ni fondateur, ni dogme, ni loi sacrée, ni commandement, ni notion de péché.
Cette religion finalement très simple met en avant l’amour et le respect de la nature. Elle s’intéresse à la manière de trouver le bonheur dans cette vie-ci en menant une vie simple, en harmonie avec l’environnement et les autres, en respectant tradition et famille.
Le shintoïsme invite au travail sur soi afin d’ouvrir sa conscience et de la rendre pure. Une pureté qui ne pourra être atteinte qu’en accueillant la lumière solaire de la déesse Amaterasu.
« Chacun est libre de percevoir ou non la présence de l’esprit du kami dans un grain de riz ou un simple brin d’herbe. »
Pour votre bibliothèque :
- Le Kojiki, ou chronique des temps anciens. Le livre incontournable du shintoïsme, le résumé poétique de la mythologie japonaise, en français.
Modif. le 5 janvier 2022
SOURCE : https://www.jepense.org/shintoisme-definition-simple/
Hermès et le mystère du caducée – Mythologie grecque 17 septembre, 2023
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire
La bible dévoilée
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireLa bible dévoilée

D’après le livre d’Israël FINKELSTEIN et Neil Asher SILBERMAN « La Bible dévoilée » – Texte d’Henri ROUSTAN – dont j’ai tenté de faire un résumé qui ne peut remplacer la lecture du livre mais au contraire inciter à le lire.
Contrairement à l’opinion générale, la Bible n’est pas, dans ses premiers livres, l’histoire d’un peuple mais un mélange mythique et légendaire à des fins politico-religieuses. Certes on y trouve des données historiques cependant souvent anachroniques et transformées, la partie imaginaire y est dominante, elle a pour but de satisfaire à des fins politico-religieuses, incitant les Hébreux à reconquérir les royaumes du Nord avec l’aide assurée de Yahvé.
Le début de sa rédaction ne serait pas antérieure à la fin du VIII°S av J.C. (après – 720) et début du VII°S, au pays de Juda (du Sud), après la chute du pays d’Israël (du Nord) anéanti par les Assyriens.
Antérieurement, l’ensemble de la Palestine comprenait le royaume du Nord dit Israël, riche et opulent, installé pour la majeure partie dans les zones fertiles en « pays de Canaan » et ayant une population très développée et instruite, l’écriture y était très bien répandue. Le royaume du Sud dit de Juda était situé dans une zone peu fertile et pauvre en eau, les villages étaient épars, peu peuplés, les habitants pauvres et l’analphabétisme était très important.
Jérusalem n’était qu’une très modeste bourgade sans aucune richesse et n’avait pas les moyens de construire le temple que la Bible attribue à Salomon. Salomon et David n’étaient rien d’autre que ce que nous pourrions appeler des chefs de clan.
A la chute du royaume du Nord (Israël) envahi par les assyriens, une partie de la population estimée entre 30.000 à 45.000 personnes fut prise et envoyée en Syrie pour y apporter leur savoir-faire, une partie demeura sur place et une autre reflua sur le royaume du Sud (Juda), les fouilles archéologiques montrent un accroissement soudain étonnant de sa population. Les habitants de Juda s’adonnèrent alors à une activité intense de purification religieuse et nationale et le temple qu’ils construisirent à Jérusalem concomitamment à la destruction ordonnée des autres sanctuaires permit, dans leur esprits, de conférer à Jérusalem une place politico-religieuse dominante.
Certes la Bible n’a pas commencé « ex nihilo », elle rassemblerait des mythes et légendes que maintenant les spécialistes affirment remonter pour les plus anciens à partir de l’an mil av J.C. Dans ce contexte, la Bible a recueilli, adapté, embelli et parfois totalement transformé un ensemble de mythes, légendes, poèmes, lois, pseudo prophéties, idées philosophiques, prescriptions religieuses, et quelques données historiques dont la chronologie n’est pas toujours exacte.
Que s’est-il réellement passé et comment ?
Les données archéologiques et les écrits retrouvés pour la plupart chez les assyriens et les égyptiens ont permis de revenir vers des données plus réelles.
Pour les quatre premiers livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique et les Nombres, on y rencontre un mélange de diverses œuvres de source « jahvistes » exprimant les idées du royaume de Juda et d’autres de source « éloïstes » (Elohim – El) exprimant les idées du royaume d’Israël, ainsi que des parties afférentes au rituel dont les prêtres étaient à l’origine et s’attachant plus particulièrement aux règles de pureté formelle, de culte et celles des sacrifices.
Le cinquième livre du Pentateuque, le Deutéronome, apporte des idées plus récentes et plus indépendantes des précédents : il condamne impérativement les cultes d’autres divinités, centralise les sacrifices au Temple de Jérusalem et exprime le nouveau mouvement religieux d’une période plus tardive, il a été composé sans doute pour la majeure partie sous le roi Josias (639-609), et peut-être certaines parties lors de l’exil à Babylone (586-538). L’ensemble nécessite de se poser un certain nombre de questions.
Les patriarches.
Les premiers questionnements viennent de savoir qui était et d’où venait Abraham ? Quelle est son histoire et celle de Jacob et de Joseph ?
La préoccupation des divers rédacteurs bibliques n’était pas historique et ainsi la bible contient de nombreux anachronismes tels ceux-ci.
La compilation de leur vie passée a eu lieu fin VIII°S et VII°S Si l’on se fie au texte et qu’on recalcule les années en arrière, on parvient en -2000 pour l’arrivée d’Abraham dans les abords de Canaan dit la Bible d’Ur. Si l’on situe Joseph comme petit fils d’Abraham et fils de Jacob, on devrait avoir comme dates de sa vie une date très proche de -2000. Son histoire parle de chameaux transportant des caravanes, or ce n’est que fin du II° millénaire que ces animaux furent domestiqués et ce n’est qu’après 1000 qu’ils furent employés comme bêtes de somme. De plus la caravane de chameaux qui véhicule Joseph transporte aussi de la « gomme adragante, du baume et du ladanum », commerce surveillé par l’empire assyrien et en activité aux VIII° et VII°S.
Les fouilles archéologiques de Tell Jenmeh ne révèlent une augmentation spectaculaire d’ossements de chameaux qu’à partir du VII°S et ce ne sont que des ossements de bêtes adultes dont l’origine n’était pas locale.
Aucune trace d’arrivée d’un peuple extérieur n’a été retrouvée pour ces époques, on note par contre un va-et-vient entre les villes et les campagnes. Tantôt les villes se dépeuplent au bénéfice des campagnes et vice-versa, sans trace de guerre.
Abraham n’est pas venu d’Ur et le peuple juif est indigène.
Au sujet d’Isaac, le Bible dit qu’il rencontre Abimélek, roi des Philistins, dans la vallée de Gerar, or les philistins originaires de la mer Egée et d’Asie Mineure ne se sont établis à Canaan qu’à partir de 1200 a.c. La ville de Gerar n’était qu’une minuscule bourgade qui ne prit de l’importance que fin VIII°S et début VII° S ac. où elle est devenue un centre administratif assyrien fortifié et important.
Autre anachronisme historique la Bible décrit Jacob et sa famille comme des araméens errants (Dt 26-5). L’histoire du mariage de Jacob et Lea et Rachel et de sa relation avec son oncle Laban le mettant au temps des araméens lesquels ne sont mentionnés comme vivants au Proche Orient qu’à partir de l’an 1100 ac et ne seront importants dans le royaume du Nord qu’au IX°S ac.
De même l’histoire de la borne entre Aram et Israël à l’Est du Jourdain symbolise la partition territoriale entre ces peuples aux IX° S et VIII°S ac (Gn 31- 51-54)
Tous ces récits anachroniques ne font que décrire les relations entre les royaumes d’Israël et de Juda d’avec leurs autres voisins aux IX° et VIII°S ac et tendent à discréditer leur voisin les présentant comme issus d’une union incestueuse (Moab et Amom)
La plus révélatrice d’un montage politico-religieux est l’histoire des deux frères Jacob et Esaü, nés d’Isaac et Rebecca où Dieu déclare à Rebecca enceinte : « il y a deux nations en ton sein, deux peuples, issus de toi, se sépareront, un peuple Dominera un autre, l’ainé servira le cadet » (Gn 25-23). Il est dit ensuite qu’Esaü est l’ainé, Jacob le cadet, l’un géniteur d’Edom, l’autre d’Israël. Jacob (Israël) très sensible et cultivé et Esaü (Edom) un véritable rustre primitif. Ainsi la Bible utilise la parole de YHWH pour fixer les relations politiques alors que ce n’est qu’à partir du VIII°S qu’Edom acquière une identité politique et ne se révèlera un sérieux concurrent de Juda qu’à partir du commerce lucratif avec les arabes. Les preuves archéologiques le confirent. L’histoire d’Esaü est-elle mythique ou légendaire ? On ne sait pas. Que ce soit l’une ou l’autre des qualifications elles sont anachroniques et montées de toute pièce. (cf livre vers p 72 avant et après)
Ces anachronismes et bien d’autres prouvent que la rédaction de ces textes débute fin VIII°S et VII°S ac notamment pour les parties relatives aux patriarches. L’erreur a été de penser que la rédaction de l’histoire des patriarches, telle que racontée par la Bible, était historique alors qu’elle avait pour but de faire croire que le choix d’Abraham était de faire prévaloir le royaume de Juda, d’Hébron et de Shalem (Jérusalem) et ce dès le début de l’histoire d’Israël (pris au sens large du terme).
Au VII°S, le royaume de Juda espérait reconquérir un jour les territoires tombés aux mains assyriennes. Ainsi l’histoire d’Abraham qui poursuit les rois mésopotamiens qui ont capturé son neveu Lot et ce jusqu’à Damas et Dan (Gn 14 – 14-15) et libère son parent du joug mésopotamien rejetant les occupants étrangers loin des frontières Nord du royaume d’Israël sont une allégorie de la libération du royaume du Nord par celui de Juda, qui est leur rêve cher.
Le Deutéronome poursuivra en ce sens prônant l’idée que YHWH donne son soutien à la lignée de David roi de Jérusalem et sa protection au Temple de cette cité.
Qu’en est-il de l’Exode ?
Les recherches archéologiques rendent invraisemblables les récits bibliques relatifs à l’Exode, sans compter tout le merveilleux et invraisemblable que contient ce récit. La réalité est toute autre.
Durant tous ces temps anciens, l’Egypte a été un pays très attrayant notamment pour les gens de Canaan lors des périodes de sècheresse à une époque où le delta du Nil était plus irrigué que de nos jours et comprenant cinq bras (au lieu de deux aujourd’hui). Le commerce avec l’Egypte était soutenu. Certes il y a eu des immigrations de sémites en Egypte en provenance de Canaan suivies d’une expulsion par Ahmosis (XVIII° dynastie en – 1570) qui les poursuivit jusqu’à Tell ed Daba près de Gaza dont l’archéologie constate l’abandon à cette époque de la citadelle. Ensuite Ramsès II entreprend la construction de nombreuses forteresses, notamment le long du bras Est du Nil rendant impossible la fuite d’un peuple, en contradiction complète avec le récit Biblique de la fuite du peuple juif soit disant esclave en Egypte.
Le but de cette fiction habilement inventée est très clairement dit par Boris Cyrulnik dans son livre « La psychothérapie de Dieu » page 128 : « Lors de la sortie d’Egypte, le Dieu des juifs, très en colère, a puni les égyptiens en leur envoyant les Sept Plaies sous forme de pluie de grenouilles, de nuées d’insectes, de morts des premiers-nés et finalement, de noyade de l’armée dans la mer Rouge… Le courroux vengeur de ce Dieu, en sauvant le peuple juif, a exigé pour prix de cette libération une obéissance stricte en punissant les ingrats qui ne se soumettaient pas à sa loi. »
La conquête de Canaan (pages 129 ss)
Comment une petite peuplade du désert a-t-elle pu se rendre maître des terres cananéennes riches et puissamment gardées par des forteresses garnies de guerriers professionnels bien armés et munis de chars de guerre ?
La Bible nous le narre de façon irréaliste, allant de victoire en victoire avec l’aide de YHWH qui fit notamment s’écrouler les murailles de Jéricho, le tout semant une véritable panique chez les habitants des autres cités, soumettant aussi les gabaonites pourfendant les troupes du roi de Yarmut, de Lakish et Eglôn, et là YHWH arrête le cours du soleil de façon à permettre aux armées de Josué d’exterminer ses ennemis. Puis Josué poursuit vers le Nord écrase en Galilée une armée issue d’une coalition de rois cananéens du Nord, armée « nombreuse comme le sable au bord de la mer, avec une énorme quantité de chevaux et de chars » (Jos 11 4), et ils détruisent Haçor la plus importante cité de Canaan qu’ils réduisent en cendres. (Jos 11 – 10)
L’archéologie a étudié les divers lieux de Canaan de l’époque de ladite conquête décrite par la Bible soit vers les années -1230 -1220 ac. Les tablettes retrouvées en Egypte relatives à cette époque, attestent du maintien et de la puissance des cités cananéennes alors provinces égyptiennes où les troupes égyptiennes étaient stationnées. Les puissantes fortifications des villes citées par la Bible n’étaient en ces temps là pas encore érigées, les égyptiens s’y opposant de façon de tout maitriser à partir de leurs bases armées qui défendaient seules Canaan. En ces temps-là Ramsès II était très puissant. Les sites de Beth-Shéan au sud de la mer de Galilée a révélé une véritable place forte égyptienne. Elle contenait des inscriptions hiéroglyphes datant des pharaons Seti 1° (1294 – 1279) Ramsès II (1279 -1213) Ramsès III (1184 – 1153). Megiddo proche de Beth-Shéan, bien que n’étant pas alors une place forte, contient des témoignages d’une forte influence égyptienne jusqu’à Ramsès VI (XII°S ac) c a d bien après la prétendue conquête biblique.
Jéricho ainsi que l’atteste l’archéologie n’était, en ces temps, pas fortifiée, elle n’était alors qu’une modeste et pauvre petite ville sans mur d’enceinte.
L’endroit où Josué aurait prévu son embuscade est le tertre de Khirbet-et-Tell au Nord-Est de Jérusalem, à 2 km au Sud Est de Bethel sont en accord avec la description biblique (el Tell = la ruine en arabe et Aï la ruine en hébreu). C’était une importante cité au temps du bronze ancien abandonnée avant la présumée embuscade.
Au sujet des gabaonites qui demandent la protection des israélites, les fouilles n’ont révélé aucun vestige datant du bronze récent époque de la soi-disant conquête, de même pour les différentes cités soit El-Jib, Kephna, Béérot et Quiryat-Yéarim.
Il en est de même pour les villes mentionnées dans les autres écrits de la conquête et dans la liste des rois de Canaan (Jos 12) telles Arad dans le Neguev et Heshbôn en Transjordanie.
Les spécialistes sont également unanimes pour dire que les destructions de Bethel, Lakish, Haçor et autres cités cananéennes n’étaient pas le fait d’Israélites.
A l’avènement de Josias en 639 dans le royaume de Juda, la « sanctification » et l’unité des terres où se trouvaient les israélites n’était pas réalisée si ce n’est dans la partie centrale du royaume de Juda, le reste était sous domination assyrienne. Puis le pouvoir assyrien faiblit ce qui permit d’avoir recours à Josué et d’espérer une reconquête et le retour à l’unification et la « sanctification » de l’ensemble des royaumes de Juda et d’Israël. Tout un montage littéraire va être bâti à partir de l’histoire de Josué dont la Bible en fait le successeur de Moïse (Jos 1 – 1-9) et (Jos 1 – 16-18) relié à l’Alliance par une cérémonie de renouvellement (Jos 8 – 30-35), elle en fait aussi un fidèle lecteur de la Loi (Jos 1 – 8-9) (2 R 23-25). C’est de la pure idéologie, c’est en réalité le roi Josias que l’on installe derrière le mythe ou la légende de Josué, la proclamation de l’interdit des mariages avec les femmes étrangères et l’union ou plutôt la réunion Nord-Sud.
Qui étaient les israélites ?
Les fouilles des villages israélites primitifs, leurs poteries particulières, leurs habitats, silos à grains ont permis de connaitre leur mode de vie et leur identité. On s’est ainsi rendu compte que ces peuplades étaient indigènes de Canaan et qu’elles ont progressivement développé une identité ethnique que l’on nomme israélite.
Il n’existe aucune preuve de conquête par les enfants de Josué et ils ne formaient pas une très ancienne nation comme l’affirme la Bible. Ces populations vivaient à un niveau de richesse et d’évolution très inférieur aux autres cananéens des terres plus riches et qui commerçaient avec les autres contrées et autres pays.
Une étude très étendue géographiquement a permis de découvrir un réseau très dense de villages de montagne prouvant une transformation sociale dans la région montagneuse de Canaan vers -1200. Aucune trace d’invasion violente ni d’infiltration de groupes ethniques étrangers n’est révélée mais une évolution dans les odes de vie, on note l’implantation de 250 communautés qui se considèreront plus tard comme des israélites. Ils pratiquaient l’élevage et les cultures céréalières. Tout était rustique et rudimentaire. On n’y rencontre aucune fortification, aucune arme, aucune trace d’incendie ou d’attaque. La lutte n’était pas contre les autres mais contre la forêt, les rocailles et les rigueurs climatiques. On n’y trouve aucune trace de bâtiments administratifs ni de maisons de dignitaires.
L’étude des fouilles a permis de savoir qu’il s’agissait de nomades qui s’étaient sédentarisés.
La première occupation des hautes terres débute au bronze ancien (3500 – 2200). Vers l’an 2200 la plupart des sites ont été abandonnés.
Une deuxième vague advient au bronze moyen (vers 2000) débutant en petits hameaux épars qui s’étendent progressivement sur 200 sites. Des petites villes apparaissent et on note au total jusqu’à 40.000 habitants. Les centres importants sont Jérusalem, Hébron, Bethel Silo et Sichem.
Puis on assiste à un dépeuplement vers le XVI°S.
Une troisième vague arrive vers 1200 ac par des communautés rurales qui arrivent à atteindre progressivement 250 sites et on l’estime à 45.000 habitants. Des bourgades et des grandes et des grandes cités se développent. Au VIII°S, on dénote 600 sites qu’on estime à 60.000 habitants.
Le résultat des études par les spécialistes aboutit à la conclusion que ce qui s’y est passé est à l’opposé des affirmations bibliques. L’émergence de ce qu’on nomme le peuple d’Israël fut le résultat de l’effondrement du système politique cananéen au XII°S. Les « israélites » ne sont pas venus de l’extérieur conquérir les terres cananéennes, ils sont issus de l’intérieur c a d c’étaient des indigènes. Le pays de Canaan n’a pas été conquis par les israélites.
Si l’on trouve dans bien d’autres endroits du Proche Orient ces mêmes phénomènes, un détail les différencie : aucun ossement de porc n’y a été retrouvé. Le porc n’y était ni élevé ni consommé et ce contrairement aux phéniciens, Amorites et Moabites.
Les « grands rois » David et Salomon
La Bible, dans le livre de Samuel, présente le sacre de David, fils de Jessé, comme roi de toutes les tribus d’Israël, son sacre scellait le processus initié par les promesses que YHWH avait faites à Abraham. Son successeur Salomon étend les territoires du royaume de l’Euphrate aux terres philistines et aux frontières de l’Egypte (1 R 4-24), fortifie Jérusalem et y construit un grand et magnifique temple. Puis il fortifie des centres régionaux qui sont Haçor, Megiddo et Gezer, il construit en entretient des écuries pour abriter 40.000 chevaux et 12.000 cavaliers ainsi que 14.000 chars.
Certes il n’y a pas de doute, David et Salomon ont bien existé mais le récit biblique ne correspond pas du tout à la réalité, elle les a transformés en puissants et légendaires rois d’un immense territoire, alors qu’ils n’ont été que des roitelets d’un petit territoire pauvre et incapable de réaliser ce que la Bible leur attribue.
Les fouilles archéologiques sont tellement contraires à ces écrits que certains ont pensé qu’ils n’avaient peut-être jamais existé. Néanmoins les fouilles ont continué et des découvertes récentes (dernières décennies du XX°S) ont trouvé quelques inscriptions faisant état de la maison de David. Elles ont révélé que la superficie de Jérusalem du X°S était très réduite et le reste du royaume de Juda était très peu peuplé ; aucune trace de temple ni de palais qui aurait pu être édifié à cette époque n’a été trouvée et les ouvrages retrouvés sont d’une époque plus récente confirmé par une inscription assyrienne du IX°S et construites par le roi Ashab roi d’Israël (Nord). Les restes du palais de Megiddo sont de période plus récente.
David et Salomon ont subi le sort des personnages légendaires et ont servi la cause de la recherche d’unification des deux peuples d’Israël et sa justification, sorte de tentative de renaissance nationale destinée à regrouper et unifier ces peuples selon le désir de YHWH.
Fin VIII°S le royaume du Nord a été anéanti, une grande partie de la population déportée en Assyrie ou dans d’autres pays, et une autre a fui vers le royaume du Sud qui s’est alors soudainement développé par l’apport de cette population plus évoluée et plus ouverte commercialement. L’ambition du royaume de Juda et du roi Josias a été de reconquérir les territoires du Nord et d’unifier l’ensemble des terres sous la houlette de Jérusalem et de YHWH à l’exclusion de tout autre et que de ce fait tant le pouvoir temporel que le culte de YHWH devait se concentrer sur Jérusalem, le tout de façon à en faire le thème de la chute irréversible des occupants des terres du Nord et le triomphe de Josias devint un thème centralisateur, la Bible peignant les états de Juda et d’Israël comme des états jumeaux mais aussi antagonistes, ce que Josias allait réduire à néant en unifiant le tout. Pour cela la Bible fait de Josias l’héritier légitime des territoires du Nord de par une promesse faite par YHWH à David. Le tout doit passer par l’épuration religieuse du Nord et la destruction des sanctuaires de Bethel afin de tout concentrer à Jérusalem.
Le Temple dit de Salomon
D’après les tablettes du XIX°S retrouvées à Tell el Amarna en Egypte, (ancienne capitale d’Akhénaton) Les hautes terres du Sud avaient un habitat clairsemé, seule une petite citadelle royale était érigée à Jérusalem, il n’est pas mentionné de temple ; l’économie de Juda tournait autour de la production autarcique des fermes individuelles et de groupes de bergers. Jérusalem et sa région ne comptait que 1.500 habitants. Il n’y a pas d’activité littéraire et l’analphabétisme est quasi général.
Dans ces conditions il était impossible que le temple que décrit la Bible comme étant construit pas Salomon soit édifié.
D’après l’archéologie, les premières véritables constructions datent de deux siècles après Salomon c a d fin VIII°S. La pierre taillée n’apparait qu’au VII°S.
La faiblesse du royaume d’Israël était-elle réelle ?
Le Bible dénie ou minimise de façon surprenante les règnes des rois dits « omrides » du royaume d’Israël (de Omri son premier roi).
Qu’en est-il à cette époque ?
Les fouilles entreprises à Samarie révèlent une très importante capitale du royaume dont l’aménagement et les constructions furent entamées à partir de -800 ac.
Au centre, un immense terre-plein de 3 ha a été aménagé accueillant le palais imposant des rois et les divers bâtiments administratifs. La décoration est de style assyro-phénicien.
Megiddo fut construite dans le même style architectural que Samarie. Il y a été établi de solides murailles de fortification et un accès sous terrain à une source d’eau capable de desservir la vie en cas de siège.
De même Haçor a beaucoup de ressemblance avec Megiddo, il y a été aménagé un accès à une source souterraine pour les mêmes raisons.
La ville de Dan au Nord d’Israël près des sources du Jourdain contenaient d’importantes fortifications avec au centre un sanctuaire en belles pierres taillées.
A Jezréel, un terrassement avec murs en casemates identiques à ceux de Megiddo soutenus par un glacis de terre le rendaient plus solidement étayé. Une ancienne douve creusée dans le roc de 8 mètres de largeur et 5 mètres de profondeur offrait une protection supplémentaire.
Gaza était également un site important et fortifié.
L’importance des omrides rois d’Israël est aussi attestée de façon indirecte par une inscription monolithique qu’a fait graver Salmanasar III (858 à 824) prétendant avoir vaincu les armées coalisées de Syrie, Phénicie et Israël, malgré le nombre très important de chars et de guerriers (pour Israël 2000 chars et 10.000 guerriers).
En réalité c’est une vantardise et les armées de Salmanasar III ont du rebrousser chemin en toute hâte. Les chiffres sont-ils exacts ? Peut-être, ou peut-être pas, ce qu’il faut retenir est qu’il a dû reculer devant des armées puissantes, ce qui fait ressortir la force et la puissance des rois d’Israël omrides à ces époques.
Une stèle retrouvée à Mesha indique qu’Omri avait fortifié les villes de Atarot et Jahay en pays moabite, c’est donc qu’ils s’étaient étendus en terres étrangères.
L’étendue de cet état est le signe d’une société multi ethnique avec une population hétérogène et des écosystèmes particuliers ainsi que l’a révélé l’archéologie. Israéliens phéniciens et syriens s’y côtoyaient, un mélange démographique s’était opéré et il a été facilité par les rois omrides pour créer une symbiose dans l’état. Ce mélange a été très critiqué par les rédacteurs de la Bible.
Après la chute des omrides au IX°S ac, la population s’y est maintenue, au VIII°S on l’évalue à 350.000 habitants, ce qui est très important. Le commerce méditerranéen y a été développé, le pays s’est fortement enrichi.
L’imposante puissance militaire des omrides, les remarquables réalisations architecturales et la structuration de son administration jointes à son ouverture d’esprit tant sur la tolérance religieuse que sur les rapports commerciaux font de cette période une époque particulièrement remarquable.
L’intention des judéens du VII°S était de dénaturer ces réalités pour démontrer leur état de péché, et de misère ayant entrainé leur destruction par le courroux de YHWH. Plus les omrides avaient régenté de façon prospère leur royaume, plus la Bible les montre abjectes, malfaisants, arrogants et méprisants. Pour minimiser leur puissance militaire, a recours à un anachronisme grossier en accusant le roi omride Achab de faiblesse pour avoir épargné la vie d’un roi ennemi qu’il venait de vaincre malgré une soit disant injonction de YHWH.
Qu’en est-il de la période post omride en Israël ?
Ces 122 années furent très mouvementées pour le royaume du Nord on y vit une profonde transformation sociale puis un désastre économique ponctué par une menace constante des pays voisins.
Une première invasion fut l’œuvre d’Hazaël roi d’Aram-Damas vers 835, invasion dévastatrice. Uns inscription trouvée à tel Dan indique que Hazaël a tué Joram fils d’Achab, roi d’Israël et Ahasyahu de la maison de David (alors que la Bible impute la mort de Joram à Jehu qu’elle dit être l’auteur d’un coup d’état, lequel se serait ensuite opposé au royaume d’Aram-Damas). Hazaël occupe alors de façon définitive Haçor, Dan et Et-Tell sur la rive Nord de la mer de Galilée, de 850 à 800.
Le royaume d’Aram-Damas, après avoir pillé une bonne partie du Nord d’Israël et les principaux centres de la riche vallée de Jezréel se contente de contrôler la haute vallée du Jourdain. Furent incendiées les cités de Tel Rehor, Beth-Shéan, Tanak et Megiddo. Beth-Shéan et Megiddo furent alors abandonnées par ses habitants pendant plusieurs décennies. De ce fait le royaume d’Israël perdit des terres très fertiles. Il construit alors une ligne de cités fortifiées tout le long de la nouvelle frontière avec Israël. Le tout jusqu’au moment où le roi assyrien Adadnirari III vient en 811, soumettre le royaume d’Aram-Damas et le roi d’Israël Joas put ainsi recouvrir les territoires antérieurement pris par Damas. Son successeur Jéroboam II agrandit encore ses terres c’est le roi d’un règne recouvrant une certaine prospérité à partir de 800. Il reprit notamment Haçor qu’il détruisit et reconstruisit aussitôt. Une nouvelle période d’expansion démographique est attestée par l’archéologie et au VIII°S la population du royaume est estimée à 350.000 personnes contre 100.000 dans le royaume de Juda.
L’alphabétisation du royaume d’Israël se développe mais Jéroboam II meurt en 747 et aussitôt des factions divisent le pays qui voit se succéder une série de rois qui parviennent au pouvoir de façon violente, une dégradation générale s’en suit dans tous les domaines.
En 737 le nouveau roi assyrien Téglat-Phalasar III envahit les divers états voisins de l’Assyrie, notamment Israël qu’il soumet et même asservit, entrainant plusieurs vagues de déportation. C’et ainsi que la capitale d’Israël qui était alors Samarie enregistre la mort de son roi Menahem puis l’assassinat de son fils par un officier Péqah qui tente de réunir une coalition contre les assyriens, ce qui provoque une réaction encore plus violente de Teglat-Phalasar III entrainant de nouvelles destructions et déportations notamment en Galilée. A sa mort en 727, le royaume d’Israël est réduit à quelques pauvres territoires.
Haçor, Dan et Beth-Shéan qui avaient recommencé à revivre furent détruites, Megiddo également sauf la partie administrative et palatiale et transformée en administration assyrienne avec l’arrivée d’une population nouvelle. Il ne reste à Israël qu’une petite portion dans le secteur de Samarie mais de courte durée car soit Salmanasar V, soit Sargon II s’en empare ainsi que de sa région, nouvelle déportation. Certains historiens pensent que ce n’est par Salmanasar V mais Sargon II qui en serait l’auteur en 722, tel que c’est relaté dans les chroniques de Sargon II.
Les deux déportations, celle de Teglat-Phalasar III et celle de Sargon II portèrent au total sur environ 45.000 personnes habitants le royaume du Nord.
Une autre partie importante de la population reflue alors vers le royaume de Juda.
Mais pourquoi le royaume de Juda ne subit-il pas le même sort que celui d’Israël ? Ce pays pauvre et arriéré n’attirait la convoitise d’aucun souverain ce qui va permettre l’afflux de cette population venant du Nord, active et plus évoluée, et ce royaume va se développer malgré des conditions moins favorables.
Le développement du royaume de Juda (pages 344ss)
Ce n’est qu’au VII°S que l’on voit apparaitre une architecture à base de pierres appareillées et de chapiteaux proto-éoliques de style omride, en même temps que des ostraca et des unités de poids en pierre, signe du développement du commerce, et la culture des olivier et de la vigne s’y développe ainsi que des exportations.
Jérusalem qui, au XIV°S ac était estimée à 1.500 habitants se développe à une allure vive et la ville atteint rapidement 75 ha et sa population est alors estimée à 15.000 ha.
L’ensemble des régions agricoles se développe, d’autres centres urbains naissent tels Lakish dans la Shefalah et le pays vient à compter jusqu’à 120.000 ha au lieu de quelques dizaines de milliers antérieurement. L’état et ses rouages se constituent.
Dans le même temps se crée une nouvelle religion nationale, rejetant les diverses déités antérieures pour ne retenir que YHWH, ainsi naquit un monothéisme juif ou plutôt un hénothéisme. En réalité c’est la reprise d’une école de pensée cristallisée fin VIII°S ac qui considérait pour la première fois comme impies les divers cultes anciens pratiqués surtout dans les campagnes.
On aboutit alors au règne du roi Ezéchias qui fortifie Jérusalem, en assure l’alimentation en eau en cas de siège, centralise l’administration du royaume, fortifie d’autres villes, telle Lakish, et prépare une révolte contre l’Assyrie et son nouveau roi Sennacherib.
D’après les écrits assyriens, Sennacherib, à la tête d’une puissante armée, assiégea 46 cités, réalisa un butin magnifique en humains, animaux divers, objets de valeur et emprisonna Ezéchias. Il fait beaucoup de destructions destinées à affaiblir pour longtemps le royaume de Juda
En 698, Manassé, fils d’Ezéchias, peu après son accès au trône, permet à nouveau les pratiques religieuses anciennes et ce en vue d’un apaisement pour les gens des campagnes.
A la mort de Manassé en 642, les deutéronomistes mécontents de sa politique d’apaisement qui redonna à Juda un certain renouveau, le présentent comme un roi cruel, le plus cruel de tous, et le pire des apostats.
Son fils Amon sera assassiné au bout de deux ans et on met son fils Josias au pouvoir, lequel trop jeune sera aux mains des deutéronomistes. Une campagne d’éradication de toutes traces de cultes anciens autre que YHWH est menée manu militari. Le Deutéronome modifie le rituel, ils disent avoir trouvé dans les ruines du Temple « Le Live de la Loi », contenant les principes fondamentaux du monothéisme, présenté comme une découverte lors de la rénovation du Temple.
Tous les sanctuaires autres que le Temple de Jérusalem sont détruits et une « chasse aux sorcières s’instaure dans tout le pays.
On réinvente alors une histoire ancienne de l’ensemble d’Israël, nait alors un sentiment fort de communauté nationale parmi a population.
Cependant les fouilles ont révélé que fin VII°S ac les autres pratiques religieuses n’ont pas été complètement éradiquées, on a retrouvé de nombreuses figurines notamment d’Ashéra debout tenant ses seins entre les mains, qui est sa position caractéristique.
En 609 le roi égyptien Noko II accède au trône, il veut asservir Juda pour des raisons encore inconnues
En 605, le nouveau roi de Babylone Nabuchodonosor envahit l’Assyrie, chasse les égyptiens et en 597 les forces égyptiennes descendent vers le royaume de Juda, pillant tout sur leur passage. Jérusalem et le royaume de Juda sont pillés et soumis, l’aristocratie et le clergé sont déportés à Babylone, et en 587 Nabuchodonosor marche à nouveau vers Juda, nouveau pilla et déportation massive. Le Temple est incendié ainsi que le palais royal et les maisons.
Les religions anciennes locales dans le royaume de Juda
1Rois 14, 22-24 nous dit que les habitants avaient construit sur des collines élevées et dans les arbres verdoyants (chose rare) des stèles et des pieux sacrés. Le 2 Rois 16, 2-4) précise que le roi Achaz a brulé son fils en offrande divine. Les spécialistes ont établi que c’était une pratique répandue sur la base d’un rituel complexe, en vue de se concilier les faveurs célestes pour la fertilité de la terre.
On a découvert de nombreuses figurines en terre cuite, encensoirs, vases de libation et présentoirs d’offrandes. Il s’agissait de pratiques variées et répandues dans tout le royaume. Les figurines étaient pour la plupart des déesses nues de la fertilité. Existaient des rituels propitiatoires pour la fertilité des terres, des bénédictions des ancêtres, des diverses sanctifications des possessions villageoises, champêtres et des pâturages.
D’après les coutumes, l’idée était qu’ils avaient reçu des anciens et de leurs divinités, leurs terres, leurs demeures et leurs tombes.
Des sacrifices étaient offerts soit dans des sanctuaires domestiques de l’enclos familial (au sens large), soit sur les tombes, soit sur des autels en pleine campagne. Un culte était certes voué à YHWH mais aussi à de nombreuses divinités.
Les prêtres brulaient de l’encens sur les hauts lieux des campagnes pour honorer le soleil, la lune et les étoiles. A Kimtillet Ajud, dans le nord est du Sinaï, on a retrouvé des inscriptions faisant référence à la déesse Ashéra épouse de YHWH et datant du début du VIII°S. De même une inscription découverte dans la Shéfalah de Juda mentionne « YHWH et son Ashéra ». L’archéologie a révélé que ce culte de YHWH associé à son Ashérah et à Baal et autres divinités, voire parfois des divinités des peuples voisins, étaient en usage à Jérusalem au VIII°S ac. A Kelosh un culte était rendu au dieu de Moab, à Milkon au dieu d’Ammon, à Astarté à la déesse de Sidon. (1 Rois 11 -5 et 2 Rois 23-13). Le livre d’Ezéchiel ch 8 décrit les « abominations » qui se pratiquaient dans le Temple de Jérusalem et notamment envers le dieu mésopotamien Tammuz. Enfin Jérémie se lamente que le nombre de déités vénérées dans Juda égalait celui des villes et que dans Jérusalem ce nombre égalait celui des rues (Jr 11 – 13)
La période exilique
Le livre de Jérémie décrit ce qui se passe alors à l’intérieur de la Judée et le livre d’Ezéchiel la vie des déportés.
Le royaume de Juda devient Yéhour (Judée) et ses habitants les Yéhoudim.
Miçpa, petite bourgade au Nord de Jérusalem en est le centre administratif. Godolias fils d’Ahikam, gouverne le pays, il tente convaincre les habitants de coopérer avec les Babyloniens mais certains d’entre eux fuient en Egypte.
Chez les exilés, la plupart vivent dans des zones pauvres proches de Babylone.
En 539, les Perses et son roi Cyrus soumettent l’empire babylonien, il permet aux juifs qui le veulent de retourner dans leur pays.
Un premier groupe de 50.000 personnes dirigé par Sheshbaççar sans doute l’un des fils du roi davidique exilé Joiakin ramène les trésors du temple pris par Nabuchodonosor. Ils posent les fondations d’un nouveau temple.
Une deuxième vague vient avec Josué et Zorobabel petit fils de Joiakin, ils construisent un autel.
Les samaritains qui désiraient participer à la construction du nouveau temple sont évincés et se plaignent à Cyrus lui demandant d’interdire sa construction mais Cyrus non seulement le permet mais autorise d’en payer le cout en puisant sur les revenus de l’état, et le temple est achevé en 516.
Le Scribe Esdras arrive avec une troisième vague d’exilés en 458, cependant Esdras constate des mariages avec des non juifs et les sermonne.
A la disparition d’Esdras, Artaxerxès confie l’administration à Néhémie pour reconstruire la ville de Jérusalem et ses remparts. Il y instaure des lois sociales et interdit l’usure. Tous imposent de suivre strictement les lois du Deutéronome réactualisé.
Les rapatriés réussissent à imposer leur autorité sur l’ensemble du royaume. Le peuple de Yéhoud fut gouverné politiquement par l’autorité perse et religieusement par les prêtres et le temple devint le symbole de l’identité du peuple.
L’avenir d’Israël biblique
Bien que le livre n’aborde pas ce sujet je rajouterai que se pose un problème : la reconquête, promise et assurée par Yahvé, n’a pas été obtenue, seules quelques modestes parties ont pu l’être. Pourtant la Bible avait promis l’aide de Yahvé lequel était plus fort que les autres dieux, Yahvé avait-il abandonné son peuple ? Pour éviter cette objection les rédacteurs de la Bible ont inventé la non-observation des principes religieux entrainant des sanctions divines. La Bible va constituer dans les siècles suivants les principes de solidarité et d’identité du peuple ainsi que l’expression cohérente de thèmes fondamentaux de la libération d’un peuple, de la résistance permanente à l’oppression, de la recherche d’égalité sociale et elle lui donne une origine, des espérances et une destinée commune nécessaire à la survie de toute la communauté par une fiction littéraire unique qu’elle est.
SOURCE : https://450.fm/2023/09/13/la-bible-devoilee/
Livre Tibetain Des Morts Bardo Thodol Padmasambhava 12 septembre, 2023
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Les labyrinthes dans les églises : décryptage d’un mystère médiéval
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De notre confrère decoder-eglises-chateaux.fr – Par Laurent Ridel
Depuis le Moyen Âge, des labyrinthes sont figurés dans les cathédrales de Chartres, d’Amiens et d’autres églises. Leur signification reste mystérieuse. Comment ce motif, d’origine païenne, a-t-il été accepté par l’Église ?
Appelé aussi dédale ou chemin de Jérusalem, le labyrinthe est une figure géométrique complexe, conçue pour désorienter celui qui y pénètre. Bien qu’il trouve ses racines dans la mythologie grecque, le christianisme s’est approprié ce motif, lui conférant de nouvelles significations.
En Europe, on dénombre une vingtaine de ces structures dans les églises, principalement en Italie, en France et dans les pays nordiques. Ce chiffre est probablement sous-estimé, une portion significative ayant probablement disparu au fil du temps.

Carrés, circulaires ou octogonaux, les labyrinthes se différencient aussi par leur support : ils peuvent être intégrés dans le pavage, peints sur les voûtes, sculptés ou même composés de mosaïques.
Leur signification fait l’objet de débats passionnés parmi les spécialistes. Je vous propose de parcourir cinq des interprétations les plus courantes, en y apportant ma propre analyse critique. Vous découvrirez que certaines des théories souvent répétées sur l’usage et la signification des labyrinthes manquent de preuves.
Aux origines antiques du labyrinthe
Je croyais chercher l’origine du labyrinthe dans la mythologie grecque. En réalité, l’historien grec Hérodote décrit un premier labyrinthe en Égypte. Les archéologues l’ont même retrouvé. Il s’agissait d’un bâtiment construit au XIIIe siècle avant J.-C., par le pharaon Amenemhat III. Son architecture consistait en une multitude de cours intérieures, de couloirs et de salles, au-dessus d’un niveau souterrain servant de tombeau. De quoi déjà s’y perdre.
Cependant, chez vous comme chez moi, le labyrinthe évoque surtout le mythe de Thésée et du Minotaure.

Vous vous souvenez sûrement de cette légende grecque. Le roi Minos de Crète fait construire un labyrinthe pour y enfermer le Minotaure, un monstre engendré par sa femme. Tous les neuf ans, le roi sacrifie un groupe de jeunes hommes et de vierges athéniens, qui sont envoyés dans le labyrinthe et invariablement dévorés par la bête. Ce cycle sanglant est finalement brisé par le héros de l’histoire : Thésée. Il réussit à tuer le Minotaure et à s’échapper du labyrinthe grâce au fil d’Ariane, une pelote de laine qu’il a déroulée depuis l’entrée du labyrinthe.
Ce mythe connaît une incroyable fortune dans l’Antiquité. Les œuvres classiques romaines comme l’Énéide de Virgile et les Métamorphoses d’Ovide le reprennent. Dans les villas et les bains de l’Empire romain, les sols se recouvrent parfois de mosaïques sur ce sujet.

En revanche, aucun labyrinthe ne décore un temple ou un quelconque lieu du paganisme. Les chrétiens ont une autre vision…
Un recyclage par le christianisme
Au cours de son expansion, le christianisme intègre le motif du labyrinthe et lui confère une signification plus profonde, cosmique et religieuse. Tout comme le zodiaque, le labyrinthe dans les églises est une réinterprétation d’un thème antique, transformé pour se conformer à une perspective chrétienne.
- Lire aussi mon article : Nos églises ont-elles succédé à des temples païens ?
La première instance de cette adoption apparaît très tôt, peu après la légalisation du christianisme par l’Empire romain. On la trouve dans un pays inattendu : l’Algérie. Mais au IVe siècle, l’Algérie faisait partie de la province romaine d’Afrique ; c’était une région en voie de christianisation et non islamisée. En 324, l’église Sainte-Réparate d’El-Asnam accueille en effet une mosaïque représentant un labyrinthe de forme carrée. En son centre, sont inscrits les mots « Sancta Eclesia ». Le chemin tortueux ne mène plus au combat du Minotaure contre Thésée, mais à la Sainte Église.
Cependant, malgré cet exemple précoce, on ne trouve plus aucune autre occurrence de labyrinthe dans les églises pendant près de 800 ans. Cela ne signifie pas l’oubli du concept. Au contraire, le labyrinthe survit dans les manuscrits médiévaux. Des moines et intellectuels y mentionnent le mythe de Thésée et du Minotaure. Des enlumineurs peignent parfois des labyrinthes.

Au XIIe siècle, les dédales entrent à nouveau dans les églises. Le phénomène s’observe principalement en France et en Italie. Les cathédrales d’Amiens, de Reims et de Chartres inscrivent le leur dans des pavages bicolores.
Significations et usages des labyrinthes
Qu’est-ce qui motive l’Église à insérer des labyrinthes à l’intérieur des lieux de culte ? Les historiens, les archéologues, les historiens de l’art, les amateurs de symboles, les passionnés d’ésotérisme, tous se sont emparés de la question sans se rallier à une explication commune.
Selon les lieux, le labyrinthe revêt, semble-t-il, des significations et usages différents. Certains sont monumentaux ; d’autres sont inférieurs à un mètre de diamètre. Certains intègrent des figures ; d’autres se contentent de montrer la géométrie parfaite de leur dessin compliqué.
Auteur du livre The Maze and The Warrior (Le Labyrinthe et le guerrier), le musicologue Craig Wight (oui, même les musicologues s’y intéressent), tente toutefois une synthèse : dans tous les cas, le labyrinthe symbolise un défi qu’un homme — Thésée, le Christ, le pèlerin — relève en son centre et en sort victorieux.
Voici 5 hypothèses, plus ou moins solides, qui permettent de comprendre les labyrinthes.
Hypothèse 1 : la signature des bâtisseurs
Le labyrinthe correspond à une signature des architectes et des commanditaires de la cathédrale. La figuration de ces personnages à l’intérieur des labyrinthes d’Amiens et de Reims (détruit) conduit vers cette hypothèse.
Les bâtisseurs se voyaient comme les héritiers de Dédale, l’architecte grec du labyrinthe de Cnossos. À leurs yeux, la construction d’une cathédrale était comparable à la conception d’un labyrinthe. Dans les deux situations, la maîtrise de la géométrie est requise.

Un tel motif glorifiait les créateurs de ces grandes églises et rendait aussi hommage à la science de l’architecture et de la géométrie.
Mon avis : je suis favorable à cette interprétation. La localisation fréquente de ces labyrinthes dans la nef et non dans le chœur, espace des clercs, invite à donner un sens plus laïque que religieux à ces motifs. Mais l’explication ne fonctionne peut-être pas pour tous.
Hypothèse 2 : le symbole d’un monde dévoré par le péché
Dans certains labyrinthes de papier et de pierre, le centre est occupé par le Minotaure tué. Même dans un contexte chrétien, la légende grecque n’est donc pas occultée. Mais il faut la lire selon une symbolique chrétienne.
Par sa forme ronde, le labyrinthe représente le monde. Comme l’illustrent ses méandres, les tentations qui dévient le chrétien du salut y sont nombreuses. Au centre, le Minotaure est une sorte de Satan qui dévore les pécheurs. Le caractère mauvais de ce monde est renforcé par le nombre de lacets, souvent 11. Or ce chiffre, depuis saint Augustin d’Hippone, est associé à l’imperfection. Il dissone avec le 12, chiffre idéal d’un groupe (pensez aux apôtres, au zodiaque ou aux mois).

Heureusement, le Christ, nouveau Thésée, peut sauver les hommes qui évoluent dans ce labyrinthe. Il est descendu sur Terre racheter les péchés de l’humanité et sa résurrection est une victoire sur la mort, en écho de celle du héros grec sur le Minotaure.
Mon avis : le symbolisme chrétien se fonde souvent sur des analogies, surtout quand il s’agit de recycler un thème païen. Donc, là aussi, l’explication me séduit. Elle entre en résonance avec l’hypothèse 5.
Hypothèse 3 : Un chemin de Jérusalem
En 1187, les chrétiens doivent abandonner Jérusalem aux musulmans qu’ils avaient reconquis à l’issue de la Première croisade. Les pèlerins ne peuvent plus se rendre dans la ville sainte et suivre les étapes géographiques de la Passion du Christ.
Selon l’historien Daniel K. Connolly, l’idée germe à Chartres de créer un substitut à ce pèlerinage perdu. Il prend la forme d’un labyrinthe établi dans la nef de la cathédrale. Les fidèles le parcourent à genoux en mémoire du trajet douloureux du Christ que subit le Christ de la maison de Ponce Pilate jusqu’au lieu de sa crucifixion. L’effort n’est pas négligeable puisque le parcours, aussi sinueux qu’une route de montagne, fait 261 m.
À Reims aussi, la pratique semble établie puisque le labyrinthe est qualifié de « chemin de Jérusalem ». À Amiens, l’historien de l’art Philippe Plagnieux explique : « parcouru à genoux pendant les grandes fêtes, il pouvait être le support de pratiques pénitentielles ».
Mon avis : Je me range à l’analyse de Patrick Demouy, autre historien de l’art et grand connaisseur de la cathédrale de Reims : « Ce n’est qu’à la fin de son existence, au XVIIIe siècle, que le labyrinthe de Reims, par exemple, est qualifié de chemin de Jérusalem. Et c’est surtout au XIXe siècle que s’est répandue l’idée de pieux fidèles parcourant le chemin à genoux ». Même constat à Chartres où le guide-conférencier Gilles Fresson constate qu’aucun texte ancien, antérieur au XVIIIe siècle, n’appuie cette thèse d’une dévotion pénitentielle et individuelle sur ces labyrinthes.
Enfin, la petitesse de certains labyrinthes, notamment en Italie, empêche ce genre de pratique. On ne s’abimait pas les genoux dessus.

Hypothèse 4 : Un chemin initiatique vers le salut
Selon ce point de vue, le labyrinthe chrétien symbolise le parcours de l’existence. « Le fidèle hésite, avance, revient en arrière, se perd pour enfin trouver le chemin », explique le professeur Michel Feuillet. L’historien de l’art Philippe Plagnieux renchérit : « il symbolise la complexité du chemin vers le salut, mais nulle bifurcation ne piège le pèlerin ». L’issue est inéluctable. Le centre serait la Jérusalem céleste promise à tous les élus.

Mon avis : Je suis réservé sur cette explication. Oui, le chemin est tortueux et long, mais, regardez bien les labyrinthes chrétiens, ils ne conduisent nullement vers des impasses, ils ne proposent pas de fausses pistes. Autrement dit, le fidèle n’a aucune chance de s’égarer. Est-ce une métaphore de la vie ?
Hypothèse 5 : le support d’un rituel à Pâques
À Auxerre, lors de la fête de Pâques, les chanoines se livraient à une drôle de chorégraphie : autour du labyrinthe de la cathédrale, ils formaient une ronde et chantaient. À l’intérieur du cercle, leur chef, le doyen, parcourait le labyrinthe selon un pas rythmé et jetait un petit ballon jaune — une pelota — à un chanoine.
La scène peut sembler surréaliste, mais elle est décrite dans un texte liturgique de l’an 1396. Au cours du Moyen Âge, des prélats comme Eudes Rigaud ou Guillaume Durand, des prédicateurs, des conciles répètent l’interdiction des danses ou des jeux de ballon, dans les églises ou à proximité. Preuves qu’ils existent.
Que signifie cette drôle de chorégraphie dans la cathédrale d’Auxerre ? Le guide-conférencier de Chartres Gilles Fresson l’interprète ainsi :
« le Christ (Thésée) traverse les enfers (le labyrinthe) et affronte Satan (le Minotaure). Triomphant ainsi des puissances de la mort, il offre sa lumière (jaune) à tous ceux qui l’ont attendu : soit un chemin sûr (le déroulement de la pelote) vers la vie éternelle ».
À Reims, un récit décrit un autre rituel qui intégrait le labyrinthe ; les clercs formaient une ligne de la grande porte à l’entrée du chœur ; le labyrinthe se trouvait sur le parcours. Les clercs chantaient la sortie d’Égypte par les Hébreux et la Résurrection.
Le labyrinthe convient parfaitement à la symbolisation de ces deux épisodes forts de l’histoire biblique : son chemin enlacé équivaut à la longue route de l’exode des Hébreux sous la conduite de Moïse pendant que le combat gagnant de Thésée rappelle la victoire du Christ sur la mort, soit la Résurrection.
Mon avis : en tant qu’historien, je suis sensible à cet argument appuyé sur des textes d’époque. L’usage de certains labyrinthes comme support de rituel ne fait donc aucun doute. L’historien américain Daniel K. Connolly prévient cependant que ces preuves écrites sont tardives. À l’origine, les labyrinthes avaient peut-être une autre fonction. L’université Loyola de Chicago le suggère : « il est curieux que de si grands objets [les labyrinthes] ne servent qu’une fois par an ». Zut, moi qui rêvais d’avoir découvert l’explication unique.
Le labyrinthe dérange puis fascine
La mode des labyrinthes s’essouffle assez vite, dès la fin du Moyen Âge. Puis leur sens se perd. D’où nos difficultés à les comprendre aujourd’hui.
À partir du XVIIIe siècle, des églises réaménagent leur sol, retirant les pierres tombales et les pavages de labyrinthes. Les chanoines, dérangés par les distractions provoquées par ceux qui en parcourent les lacets, accélèrent les opérations. Des fidèles, notamment des enfants, s’amusent en effet à tourner et à courir sur les lignes du labyrinthe pendant les cérémonies religieuses.
En 1778, à Reims, le chanoine Jacquemart est prêt à débourser 1000 livres pour qu’on enlève le labyrinthe de la cathédrale. Ce sera chose faite.
Incompris, les labyrinthes disparaissent…
- Lire aussi mon article : Des puits dans les églises ! Mais pourquoi ?
Mais très vite ils renaissent. Le labyrinthe de la cathédrale d’Amiens, retiré en 1825, est recomposé soixante-dix ans plus tard. Les cathédrales de Saint-Omer et d’Évry, la basilique Notre-Dame de Guingamp s’en dotent.

Ce motif vieux de plus de 2000 ans, retrouve du sens : il décore géométriquement le sol ; il devient métaphore de l’itinéraire spirituel, un chemin de vie au cours duquel le chrétien médite pour arriver à l’éveil.
En même temps, la France républicaine trouve encore matière à le recycler. Depuis 1985, le ministère de la Culture s’en sert en effet de logo pour les Monuments historiques. Les pancartes touristiques l’incorporent. Résultat, on n’a jamais vu autant de labyrinthes. Quel destin pour la prison du Minotaure !

Où trouver des labyrinthes ?
Les labyrinthes ne se limitent pas à la France. On en recense en Italie et dans quelques pays européens.
Les labyrinthes français
Ils se concentrent dans la moitié nord de la France. On peut même être plus précis : à l’exception de quelques cas, ils se rassemblent dans les archidiocèses de Sens et de Reims. Cette répartition a sûrement une signification. A mon avis, les cathédrales d’Amiens, de Chartres voire d’Auxerre, toutes sises dans ces vastes circonscriptions, ont lancé une mode que les cathédrales et églises voisines ont copiée.
Les labyrinthes français se distinguent par leur grande taille (un diamètre autour de 10 m) et par leur forme (un damier de pavés blancs et sombres).
– Cathédrale de Chartres. Édifié entre 1205 et 1210, il est sûrement le plus connu au monde. De forme circulaire, il se divise en quartiers, ébauchant la forme d’une croix. Ses dimensions sont exceptionnelles : dans ce cercle de 13 m de diamètre serpente un parcours de 261 m de long. Le site web de la cathédrale de Chartres prévient les visiteurs prêts à suivre ses lacets : il est interdit de marcher pieds nus et de s’arrêter.

– Cathédrale de Reims. Le labyrinthe, créé au XIIIe siècle et détruit en 1779, était composé de pierres noires incrustées dans le dallage du sol. Heureusement, son dessin est connu par un relevé au XVIe siècle qui montre une forme octogonale, complétée de bastions aux angles. À l’intérieur de ces bastions se trouvaient les figures des 4 architectes. L’octogone rappellerait la forme des fonts baptismaux, fonts dans lesquels Clovis fut baptisé.

– Cathédrale d’Amiens. Comme à Reims, il fut créé au XIIIe siècle puis détruit (en 1825). On le regretta. De la réfection du dallage au XIXe siècle, on profita pour le récréer. Les 3 premiers architectes Robert de Luzarches, Thomas de Cormont et Renaud de Cormont et l’évêque fondateur, Evrard de Fouilloy, occupent la pierre centrale, conformément à la disposition d’origine.
– Basilique de Saint-Quentin (Aisne). Son labyrinthe est posé vers 1495 dans la nef. Il est copié sur l’octogone d’Amiens. Manquent cependant les personnages.
– Cathédrale de Bayeux (Calvados). De dimension modeste, il se distingue par sa localisation dans la salle du chapitre (salle de réunion des chanoines). Il ne servait donc sûrement pas pour les pèlerins.

– Abbatiale de Saint-Bertin à Saint-Omer (Pas-de-Calais). De forme carrée, il occupait le transept sud depuis sa création probablement au XIVe siècle. Le parcours dessine une petite croix. Il est détruit, mais une copie en dallage est visible dans le chœur de la cathédrale de Saint-Omer depuis le XIXe siècle.

– Cathédrale d’Arras. Localisé dans la nef, ce labyrinthe ressemblait à l’octogone d’Amiens. Il est détruit autour de la Révolution.
– Cathédrale d’Auxerre. Il a disparu lors du changement du sol en 1690.
– Cathédrale de Sens. Labyrinthe supposé de type chartrain, disparu au XVIIIe siècle
– Cathédrale de Poitiers. Mal daté, ce graffiti dessiné sur un mur ressemble à un arbre. Est-ce vraiment un labyrinthe ?

– Cathédrale de Mirepoix. Au-dessus du porche septentrional est aménagée une tribune à usage de chapelle épiscopale. Cette chapelle de la première moitié du XVIe siècle est tapissée d’un carrelage en faïence. Sur un groupe de 4 carreaux, figure un labyrinthe dont le Minotaure occupe le cœur.
– Basilique de Guingamp. Son labyrinthe est créé au XIXe siècle. La pierre centrale est marquée des lettres « AVE MARIA ».
– Cathédrale d’Évry. C’est un labyrinthe moderne.
Les labyrinthes italiens
À la différence des cas français, ils sont petits. Composés de marbres ou de mosaïques, ils mettent plus en avant Thésée et le Minotaure.
– Cathédrale de Lucques. On le qualifie de « labyrinthe digital », car sa petite taille et sa position verticale obligent à le parcourir avec les doigts. Une inscription en latin dit : « C’est le labyrinthe que bâtit le crétois Dédale, duquel personne, une fois entré, ne put sortir excepté Thésée, aidé du fil d’Ariane ». Le sens païen est donc mis en avant.

– Basilique San Michele Maggiore à Pavie. Ce labyrinthe du XIIe siècle en mosaïque figurait Thésée et le Minotaure. Sur le côté, Goliath et David faisaient pendant. De style chartrain, il fait 3,3 m de diamètre. Installé dans le chœur, il est amputé. On ne voit même plus son centre. Un dessin du XVIe siècle existe heureusement.
– Abbatiale Saint-Pierre de Pontremoli. Ce labyrinthe en bas-relief ne se trouve plus à son emplacement d’origine. Une inscription curieuse en latin « Cours pour gagner » ferait allusion à un verset de la lettre de saint Paul aux Corinthiens.
– Basilique Saint-Vital de Ravenne. Peut-être installé tardivement, dans les années 1538-1539, il reproduit un labyrinthe plus ancien. Il est relié à une autre mosaïque, l’Agneau mystique. Le labyrinthe serait alors les limbes dans lesquels le Christ serait descendu pour libérer les âmes.
– Eglise Saint-Savin de Plaisance. Consacré en 1107, ce labyrinthe aujourd’hui détruit ressemblait à celui de Pavie. Dommage il était peut-être le plus ancien du monde chrétien européen.
– Église Santa-Maria in Aquiro, Rome. Labyrinthe en marbre, détruit lors des rénovations du XIXe siècle.
– Église Santa-Maria in Trastevere, Rome. Son identification comme labyrinthe est débattue.
Les autres labyrinthes en Europe
- Église Saint-Séverin de Cologne (Allemagne), XIe siècle ou XIIIe siècle, détruit en 1840 lors d’un réaménagement intérieur. Sa pierre centrale conservée au musée figure Thésée tuant le Minotaure
- Basilique Notre-Dame de Hanswijk (Belgique). Labyrinthe carré, en dallage, daté probablement du XIXe siècle.
Étrangement, l’Angleterre a boudé la mode des labyrinthes dans les églises. Par contre, les Anglais en ont dessiné sur l’herbe à proximité des églises. En 2013, la cathédrale de Wakefield a orné le sol de sa nef d’un labyrinthe circulaire. De même en 2009 le prieuré de Boxgrove.
Les pays nordiques sont la terre méconnue des labyrinthes. On en recense 10 au Danemark, tous peints, dont 6 disparus ou recouverts. Ils appartiennent au XVe siècle.

En Suède, signalons le labyrinthe de style chartrain de Grinstad (XIIIe siècle). On trouve enfin quelques exemples, associés avec des bateaux, en Finlande, à la fin du Moyen Âge.
Les labyrinthes sont vraiment un sujet international.
Prolongez la liste en commentaire, au cas, où malgré mes recherches, il m’en manque.
SOURCE : https://450.fm/2023/08/10/les-labyrinthes-dans-les-eglises-decryptage-dun-mystere-medieval/
ET SI LA FRANC-MAÇONNERIE ÉTAIT UNE PHILOSOPHIE DE L’AUTRE ? 6 septembre, 2023
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireET SI LA FRANC-MAÇONNERIE ÉTAIT UNE PHILOSOPHIE DE L’AUTRE ?
La Franc-maçonnerie est-elle une philosophie de l’autre et non pas une philosophie de l’être est-ce inconcevable ? Si elle était une initiation qui révèle l’autre, une épiphanie de l’autre. Après tout pourquoi pas, puisque qu’elle affirme être fondée sur la fraternité. Encore faut-il s’entendre sur la définition de la fraternité, n’est-elle qu’un mot ? Et sur l’autre, qui ne peut être un concept, en effet selon Aristote le concept est ce qui se réfère à l’essence et non au propre de l’autre. Le concept ne serait qu’objet et non sujet. Selon une définition classique le concept est la représentation abstraite d’un objet ou d’un ensemble d’objets ayant un caractère commun, une idée que se fait l’esprit humain d’un objet de pensée.
Depuis l’antiquité les philosophies sont des philosophies de l’être, elles réduisent la définition de la fraternité dans un rapport de l’être par rapport à moi, une réduction de l’autre à moi, ignorant sa différence radicale, sa singularité. Seul Levinas changera cette idée de l’autre, et deviendra la référence en terme de philosophie de l’altérité en proposant un regard différent du visage de l’autre il concevra l’autre comme radicalement totalement définitivement absolument différent. Inaugurant une rupture par rapport au mot Frater qui considère la fraternité comme l’ensemble de l’espèce humaine illustrée par la formule : tous les hommes sont frères. Qui va même plus en envisageant un regroupement des hommes dans un au-delà suivant une autre formule mise en chanson : ce n’est qu’un au revoir mes frères, car nous nous reverrons tous… Cette fraternité prend la forme une forme communautaire, elle est même une suprématie que dénonce Levinas : un pouvoir de moi, de mon moi sur l’autre qui dès lors se transforme en objet, c’est le concept de l’autre. Qui passe de sujet unique à un objet, perdant tout ou partie de sa singularité. Autrui dans la philosophie de Levinas n’est pas moi ou une forme de moi, il est autre que moi. Sa pensée est différente de celle de Platon qui reconnaît la famille humaine comme Une, c’est aussi la pensée des religions monothéistes exprimée dans l’injonction : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Injonction que l’on retrouve dans le Lévitique (* 1) ou encore dans les Évangiles Marc(* 2), Mathieu (* 3), Luc (* 4), les Épîtres de Jacques (* 5), les Épîtres de Paul aux Romains (*6)aux Corinthiens (*7) et enfin les Épîtres de Jean. L’on trouve aussi cette injonction dans les Hadîths de l’Islam (*9) L’on peut aussi croiser cette injonction formulée différemment dans les traditions orientales comme le Bouddhisme, le Confucianisme, l’Hindouisme et en occident dans l’humanisme. Il demeure que cet amour fraternel de l’autre à une forme conditionnelle : je l’aime pourvu qu’il me soit semblable, cela ressemble bien à un repli identitaire. La fraternité devient se transforme en une sorte de complicité entre êtres semblables, une complicité avec mon prochain. Plus facile, à accepter et à réaliser, une sorte de fraternité entre-soi. C’est une fraternité atténuée, diminuée, en fait une solidarité vantée par Léon Bourgeois qui lutta sans succès pour quelle se substitue jusque dans notre devise républicaine. La fraternité, l’altérité devenant alors un rapport réciproque entre êtres semblables, un rapport symétrique de visage à visage. L’autre devenant exclusivement mon proche, mon prochain, je le reconnais comme tel, alors je lui donne l’accolade fraternelle.Nous sommes dès lors, même si ce n’est pas agréable à dire dans une catégorie de fraternité, une fraternité sélective. Qui introduit en creux une reconnaissance singulière, particulière donc non universelle, une fraternité du donnant donnant, une fraternité qui exclue la gratuité du don et qui écarte l’étranger.
Vous m’objecterez avec justesse que la Franc-maçonnerie qui puise ses valeurs et surtout ses vertus dans toutes les traditions et les philosophies est de ce fait universelle, que de plus le Franc-maçon initié ayant progressé vers les plus hautes sphères de la Connaissance spirituelle a pris conscience d’une religion universelle appelée Tradition Primordiale unique est donc aussi fraternel avec son proche, son prochain que son lointain. Est-ce aussi sûr ? Certes, il s’engage au terme de son initiation s’il en est un, à répandre dans le monde qu’il qualifie de profane les vertus et valeurs morales qu’il a reçues. Ce qui induit qu’il pense détenir de fait une suprématie sur l’autre qui ne posséderait pas ces vertus et valeurs. Il introduit donc un rapport de domination et non de responsabilité de l’autre. Le fait même qu’il soit le gardien de son frère introduit un rapport hiérarchique entre lui et l’autre. Comme le Franc-maçon sincère envisage de répandre sur toute la surface de la terre les vertus qui naissent de la charité. Il conviendrait peut-être de privilégier une formulation différente à l’injonction : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Par tu aimeras tous les hommes, outu aimeras ton prochain et ton lointain, ou encore tu aimeras tout le vivant, ou enfin simplement tu aimeras. Ceux qui ont écrits les textes vétero et néotestamentaires ont forcément réfléchi à ce problème, c’est pourquoi peut-être ils ont fait précéder cette injonction d’une injonction plus originelle, plus créatrice tu aimeras ton Dieu. Dieu que l’on peut remplacer par Grand Architecte de l’Univers, c’est-à-dire un principe et non un concept.
Nous avons pris la mesure de la difficulté de définir l’autre, l’altérité et la fraternité ; à contrario de l’égalité et de la liberté qui peuvent êtres conçues, encadrées par des règles, parfois contestées mais il existe toujours une possibilité d’amélioration. La fraternité c’est plus difficile, d’ailleurs si l’autre est mon frère quel est notre père commun, notre origine commune ? Suis-je prêt à admettre que tous les hommes sur toute la terre sont mes frères ?
C’est là, je reviens à Levinas parce qu’il est génial ! Il rattache la fraternité à la justice qui est une conséquence de la fraternité. Pour lui la fraternité c’est autrui, c’est tous les autres et c’est la fondation de la justice. Si nous, nous arrêtons un peu en réfléchissant sur ce que nous demande la Franc-maçonnerie. Elle nous demande d’aimer les autres nos frères et de défendre la justice, de lutter contre toutes les oppressions, les tyrannies, les dictatures de toutes sortes. La philosophie de Levinas sa philosophie première est une métaphysique de l’éthique. Qui va au-delà de la morale qui régit les rapports sociaux, elle recherche de la plénitude de l’homme de sa complétude donc en analogie avec l’initiation maçonnique. La fraternité nous apparaît comme un avant ontologique et éthique, elle est originelle sans fin et sans commencement elle est. Elle fait partie de nous, elle peut surgir du tréfonds de nous-mêmes à tout moment, par exemple lors d’attentats comme Charlie Hebdo ou les Twin Towers de New-York ou un Tsunami, elle est donc espérance. Il nous faut en faire l’expérience, l’éprouver à travers un danger, elle ouvre la porte pour atteindre l’invisible, elle est le lien entre tous. Elle se manifeste lors de ces dangers, elle apparaît alors comme un lien entre tous les hommes, révèle notre humanité, notre compassion fraternelle, notre altérité diraient les bouddhistes. Elle attachée à nous-mêmes, elle est attachante, bien plus que l’égalité et la liberté qui ne peuvent se réaliser sans elle, à ce titre elle mériterait de trôner en tête de notre devise républicaine.
L’on pourrait aller jusqu’à dire qu’elle nous est consubstantielle liant cœur et raison. Hannah Arendt disait ce qui nous manque : « C’est un cœur intelligent. » Les Francs-maçons avec humilité le savent quand ils parlent de l’intelligence du cœur. Je dirais presque pour conclure qu’il nous faut savoir vivre en fraternité et au minimum être capable de partager le plus souvent possible des moments de fraternité comme l’écrivait Régis Debray. Décidément la Franc-maçonnerie qui fait une part belle à la fraternité, est sans doute proche d’une philosophie de l’autre qui présente des analogies avec celle de Levinas. Pour finir par un chant d’espérance je vous soumets ces quelques lignes du poète de l’Isle sur la Sorgues René Char : « Ensemble nous remettrons la nuit sur ses rails et nous irons tour à tour nous détestant et nous aimant jusqu’au étoiles de l’aurore. »
René Char. – Les Visages du temps- Une sérénité crispée.
Jean-François Guerry.
Notes et commentaires toutes les citations sont issues de la Bible de Jérusalem et les commentaires personnels.
*1- Lévitique : 19- 18 dans « Prescriptions morales et cultuelles. »
« Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Injonction qui croise celle de la genèse tu seras le gardien de ton frère. Qui fait référence à ton peuple et ton prochain semblant écartant les autres, les étrangers, les différents ceux qui ne sont ni de ton peuple et les lointains, les étrangers.
*2-Évangile de Marc 12- 31,32, 33 dans « Premier commandement. » « Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là (le premier était tu aimeras ton Dieu…) Le scribe lui dit : « Fort bien, Maître, tu as eu raison de dire qu’il est unique et qu’il n’y a pas d’autre que Lui, l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force, et aimer le prochain comme soi-même, vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices. » L’on voit ici que le premier amour est celui de Dieu du principe de l’Un qui est tout l’alfa et l’oméga. Le second amour va vers le prochain et le lointain ? La conclusion fait remarquer que l’amour surpasse tous les dons ou que l’amour est le don le plus ultime jusqu’au sacrifice de soi. On remarque aussi l’alliance de la Raison et du Cœur pour parvenir à l’amour, cette union est l’intelligence du cœur.
*3-Évangile Mathieu : 7- 12 dans « Règle d’or. » « Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la loi des Prophètes. » Loi des Prophètes mais aussi Loi maçonnique !
Évangile Mathieu : 22- 39 dans « Le plus grand commandement » « Le second lui est semblable (Après le premier qui est l’amour de Dieu) : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
*4 Évangile Luc : 10- 27 dans « Le grand commandement » « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute âme, de toute ta force et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même »
Évangile Luc : 10- 36, 37 dans « La Parabole du bon samaritain » « Lequel de ces trois, (Le prêtre, le Lévite et le Samaritain) à ton avis, s’est montré, s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? » Il dit Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui. » Cette parole semble être l’exception qui confirme la règle, c’est-à-dire que l’amour semble être universel, appliqué envers le lointain, le bon samaritain ne faisant pas de distinction entre les hommes en pratiquant la miséricorde vis-à-vis de son lointain. Reste une interrogation se sent-il responsable de son lointain ou supérieur à son lointain en lui accordant sa miséricorde ? Je dirais pour ma part qu’il pratique l’amour de son lointain en donnant ses deniers à l’aubergiste qui prend soin du blessé, parce qu’il fait ce don sans ostentation, comme doit le faire un bon Franc-maçon de manière à ne pas humilier celui qui reçoit, il ne recherche pas à obtenir un avantage pour son don.
*5,6,7 Épîtres de Jacques, Paul et Jean.
Épître de Jacques dans : « Le respect des pauvres ». 2- 8 « Si donc vous accomplissez la Loi royale suivant l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien ; mais si vous considérez les personnes, vous commettez un péché et la Loi vous condamne comme transgresseurs. » Cette interprétation interroge une deuxième fois, donc il y aurait une exception supplémentaire à la règle d’amour vis-à-vis de son seul proche. Cela rejoint une fois de plus la Loi maçonnique qui impose l’amour de l’autre en général qu’il soit riche ou pauvre pourvu qu’il soit vertueux (Levinas ajouterait peut-être, même s’il n’est pas vertueux, comme un devoir absolu d’aimer l’autre.) Il s’agit là de l’amour de l’homme comme humain et non comme personne.
En 2-13 dans l’Épître de Jacques ont lit : « Car le jugement est dans la miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde ; mais la miséricorde se rit du jugement. »
Épîtres aux Romains 13- 8,9,10 dans « La charité résumé de la Loi. » « N’ayez pas de dettes envers personne, sinon celle de l’amour mutuel. Car celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi. En effet, le précepte : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude. ». Cette Épitre s’inscrit dans un contexte des lois morales sociales qui font société, comme une réponse des croyants à des interrogations de non croyants démontrant que la Loi d’Amour s’applique dans l’humanisme également et pas seulement dans la religion.
Première Épître aux Corinthiens 13- de 1à 7. Dans « La hiérarchie des charismes. Hymne à la charité. » « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j’aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne sert à rien. La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, elle croit tout, espère tout, supporte tout. » On peut difficilement faire un hymne plus beau et bon de la charité, qui est ici totalité de la Loi universelle d’amour.
Première Épître de Jean 4- 7,8, 21 dans « Aux sources de la charité et de la foi » « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu, et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu car Dieu est Amour.
Oui voilà le commandement que nous avons reçu de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.
SOURCE : Publié le 22 Juillet 2023 par Jean-François GUERRY
http://www.lafrancmaconnerieaucoeur.com/2023/07/et-si-la-franc-maconnerie-etait-une-philosophie-de-l-autre.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail