Le souffle de l’Amenti 3 avril, 2025
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireLe souffle de l’Amenti
30 Mars 2025
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Écoute, voyageur, le chant secret d’un vent venu du désert.
Un souffle ardent naît des sables brûlants, chargé des mémoires anciennes, et s’élance en murmures à travers la vallée du Nil. Il frôle les eaux scintillantes, caresse les pierres polies des pyramides et s’insinue entre les colonnes des temples perdus. Parfumé de lotus et d’échos d’un temps effacé, ce vent n’est pas une brise fugace : c’est une voix vive, un messager mystique qui porte les secrets des pharaons, les prières des prêtres et les songes des âmes envolées vers l’Amenti. Pose ton regard sur l’invisible, sens sa douceur insistante effleurer ta peau, comme un appel. Il chuchote des vérités suspendues entre terre et ciel, t’invitant à plonger dans un mystère que les mots seuls ne peuvent capturer. Laisse ce souffle te guider, tel un fil d’or dans les ténèbres, vers un monde où l’âme se dévoile, intemporelle et radieuse.
Et dans ce murmure, avant que les étoiles ne tissent leurs hymnes, une vibration originelle s’élève du vide silencieux. C’est le Ka Universel, océan sans bornes d’énergie pure, berceau de toute existence. De cette immensité jaillit une étincelle dorée, une goutte de lumière qui s’ancre en toi, en moi, dans chaque souffle fragile qui anime nos formes. Ce Ka, plus qu’une pulsation, est une flamme sacrée, un lien lumineux entre notre être éphémère et l’éternité du cosmos.
Ferme les yeux, voyageur, et écoute : sens-tu ce courant subtil danser dans tes veines, ce frisson qui fait vibrer ton souffle ? C’est le Ka, voix secrète de l’Univers, chantant au creux de ton sanctuaire intérieur. Il te souffle que tu n’es pas un îlot perdu, mais une vague née d’un océan sans fin. Sous son étreinte, les murs de l’ego s’effacent comme brume à l’aube, chaque inspiration devenant une offrande, chaque battement un écho de l’unité divine. Toi, fils de l’infini, tu es tissé des rayons qui illuminent les astres, portant en ton sein une conscience qui enlace le Tout.
Et tandis que le Ka murmure son chant primordial, le vent, ce souffle éternel, soulève une plume légère dans les lueurs du crépuscule. Un oiseau fragile s’élève, ses ailes captant la lueur des étoiles, ses panaches scintillants des reflets de ta vie passée. Cet oiseau est le Ba, gardien de tes mémoires, porteur des rires, des larmes, des amours flétris et des combats engloutis par le temps. Il n’est pas un simple souvenir : c’est une toile vivante où s’entrelacent les fils d’or et d’ombre de ton humanité, chaque trace unique comme une empreinte dans le sable éternel. Contemple-le, et vois les constellations de ton âme se dessiner, ces cycles gravés dans ta chair comme des perles sous les vagues de l’oubli. Le Ba est un miroir où dansent tes ombres et tes lumières, un guide t’appelant à plonger dans les profondeurs de ton mystère. S’immerger en lui, c’est cueillir ces joyaux enfouis, laisser le passé dissoudre les chaînes de l’illusion, transformant chaque blessure en marche, chaque éclat de joie en clé vers la sagesse. Ainsi, porté par le vent, le Ba t’élève au-delà des voiles, tissant un pont vers l’éternité qui t’attend.
Et tandis que le Ba déploie ses ailes dans le ciel d’ambre, le vent, messager infatigable, souffle vers un horizon où le temps s’efface. Là, une lueur pure tremble, immobile comme un phare dans la brume : l’Akh, ton cœur véritable, flamme inextinguible née des cendres d’une âme purifiée. Tel un astre dans la nuit sans fin, il rayonne, libre des chaînes du début et de la fin. L’Akh n’est pas une conquête, mais une vérité endormie en toi, éveillée lorsque les masques tombent et que le feu sacré te traverse. Comme un lotus émergeant de la boue, il s’épanouit dans l’harmonie avec le divin, lorsque les mirages s’évanouissent dans le silence d’une révélation. Se fondre en lui, c’est sentir l’Univers couler en toi comme un fleuve de lumière, les murs du moi s’effondrant pour révéler que tu n’es pas un errant éphémère, mais un éclat de la conscience infinie. Dans cette paix, l’individualité se dissout, et l’Akh te murmure : tu es, depuis toujours, un fragment d’éternité, une étoile dans la danse cosmique.
Et dans ce souffle qui a caressé le Ka, porté le Ba et dévoilé l’Akh, le vent t’invite à contempler leur harmonie sacrée. Dans le silence d’un Univers qui respire, ces trois flammes dansent, entrelacées comme les fils d’une étoffe divine. Le Ka souffle la vie, éveillant les mondes ; le Ba rédige ton récit, chaque battement une note dans le chant du temps ; l’Akh, phare éternel, transcende tout pour illuminer l’infini. Ensemble, ils composent une symphonie où l’énergie première, l’âme incarnée et la lumière immortelle fusionnent en un écho du Tout. Ce voyage n’est pas une fuite, mais un retour au sanctuaire de ton être. En écoutant le Ka, tu rejoints l’océan originel ; en suivant le Ba, tu récoltes les perles de ton histoire ; en embrassant l’Akh, tu reconnais ton éclat dans la voûte céleste. Ces flammes te révèlent une vérité : il n’y a nulle fracture, mais une unité sacrée, un souffle qui te lie au cosmos, une note vibrante dans l’immensité.
Que ces mots soient une lanterne dans l’ombre, un murmure pour éveiller ton âme. Ressens-les au plus profond de toi, car c’est là, dans le silence de ton cœur, que brille la lumière de ces mystères.
SOURCE : Yann LERAY @ 2025
FRANCS-MAÇONS ET POLITIQUE : LES DESSOUS D’UN SYSTÈME OPAQUE | ENTREPRENDRE 30 mars, 2025
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Source : Article du site Entreprendre.fr – « Francs-maçons et politique : les dessous d’un système opaque » Publié le 15/02/2024 · Alexandre Bodkine
En France, la franc-maçonnerie n’est pas une, mais multiple. Divisée en une vingtaine d’obédiences aux rites et traditions variés, elle rassemble environ 180 000 membres, dont une majorité d’hommes.
Discrets sur leur appartenance, les francs-maçons se retrouvent dans des loges, officiellement pour se perfectionner moralement et intellectuellement, selon les principes de l’ordre.
Des francs-maçons aux portes du pouvoir
Depuis des siècles, la franc-maçonnerie entretient des liens étroits avec le monde politique. De nombreux hommes d’État français, de Jules Ferry à François Mitterrand, ont été initiés à ses secrets. Aujourd’hui encore, la présence de « frères trois points » dans les cabinets ministériels et les instances de décision est loin d’être anecdotique.
L’exemple Macron : soutien maçonnique et désillusion
Emmanuel Macron, bien qu’il ne soit pas franc-maçon lui-même, a bénéficié du soutien de plusieurs figures influentes de la franc-maçonnerie lors de son élection. Des ministres comme Gérard Collomb ou Jean-Yves Le Drian, ainsi que d’autres personnalités proches du pouvoir, comme Richard Ferrand, font ouvertement état de leur appartenance à une loge.
Cette proximité avec les réseaux maçonniques a valu à Macron l’accusation de composer avec un « pouvoir occulte », alimentant les suspicions d’entrisme et de favoritisme.
Bras de fer dans le monde des affaires : les réseaux à l’œuvre
L’influence de la franc-maçonnerie ne se limite pas à la sphère politique. Dans le monde des affaires, les réseaux maçonniques jouent un rôle important, parfois au détriment de la transparence et de l’égalité des chances.
L’affaire Cédric Lewandowski, ancien directeur de cabinet de Jean-Yves Le Drian, en est un exemple illustratif. Évincé de son poste après avoir été pressenti pour prendre la tête de la DGSE, il a été accusé par certains de ses anciens « frères » d’avoir abusé de ses réseaux maçonniques pour obtenir des promotions et des avantages indus.
Un « État maçonnique » ? Mythe ou réalité ?
L’omniprésence des francs-maçons dans les sphères du pouvoir alimente les fantasmes d’un « État maçonnique » où les décisions se prendraient en loge et non dans les institutions républicaines. Si l’influence de la franc-maçonnerie est indéniable, il est difficile de déterminer son ampleur et ses ramifications réelles. La culture du secret qui entoure l’organisation et l’absence de transparence sur ses membres et ses activités nourrissent les suspicions et les accusations de favoritisme.
Secret et opacité des francs-maçons : les ferments de la méfiance
Le secret qui entoure la franc-maçonnerie est l’une des principales sources de méfiance à son égard. Ses rituels initiatiques, ses symboles et ses mots de passe font l’objet de fantasmes et de spéculations, alimentant l’idée d’une société occulte qui manipule les institutions démocratiques.
Vers une nécessaire transparence de l’influence des francs-maçons ?
Face aux accusations et aux suspicions, de nombreuses voix s’élèvent pour exiger une plus grande transparence de la part de la franc-maçonnerie. La publication des noms de ses membres, l’ouverture de ses loges au public et la clarification de ses liens avec le monde politique et économique pourraient contribuer à dissiper les doutes et à apaiser les tensions.
Francs-maçons en France : un débat nécessaire
La question du rôle de la franc-maçonnerie dans la société française est loin d’être close. Si ses membres prônent des valeurs humanistes et fraternelles, leur influence sur les décisions politiques et économiques soulève des questions de démocratie et de transparence.
Alexandre Bodkine
SOURCE : : site Entreprendre.fr – « Francs-maçons et politique : les dessous d’un système opaque » Publié le 15/02/2024
La Quintessence
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireLa Quintessence
Publié par Yann Leray 13 Février 2024
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La quintessence, telle qu’abordée dans la philosophie hermétique et l’alchimie, est un concept fascinant qui représente l’essence pure, la substance première à partir de laquelle tout dans l’univers est composé. Ce principe, souvent associé à l’âme du monde, ou à l’esprit universel, est perçu comme existant en toute chose, traversant indistinctement les règnes minéral, végétal et animal.
La quintessence, dans la tradition hermétique, se positionne comme une pierre angulaire essentielle à la compréhension des arcanes de la nature et à la maîtrise de ses forces. Cette tradition, considère l’univers comme un grand livre dont les secrets sont cachés derrière les apparences matérielles. Les éléments de terre, eau, air et feu, bien que fondamentaux à la constitution du monde physique, sont perçus comme étant soumis à la dégradation et à l’impermanence, qualifiés donc de corruptibles.
Ces quatre éléments, dans l’optique alchimique, ne sont pas seulement des composantes matérielles mais aussi des expressions des principes fondamentaux de la réalité. Le sel, le soufre et le mercure, bien plus que de simples substances, incarnent des concepts philosophiques. Le sel symbolise la fixité et la permanence, qualités essentielles à la forme et à la structure. Le soufre, avec son association à l’inflammabilité, représente la force vitale, l’énergie et le mouvement qui animent la matière. Le mercure, enfin, avec sa volatilité, évoque la transmission de l’information, la transformation et la transition entre les états.
La quintessence, dans sa splendeur transcendantale, est bien plus qu’un simple élément ajouté à la terre, l’eau, l’air et le feu ; elle est l’essence pure qui imprègne, élève et transforme la matière au-delà de ses limites perceptibles. Son rôle primordial dans la tradition alchimique et hermétique s’apparente à celui d’une clef universelle, déverrouillant les mystères les plus profonds de la nature et révélant les potentiels cachés des éléments. Cette quintessence ne se contente pas d’agir en surface ; elle pénètre les fondements de la matière et de l’esprit, les purifiant de leurs imperfections et de leur nature corruptible, les amenant à un état sublime où ils reflètent la perfection divine.
Ce processus de transformation va bien au-delà d’une simple manipulation physique. Il représente une véritable métamorphose, où les éléments, autrefois limités par leur nature corruptible, sont investis de nouvelles qualités, élevés à un niveau d’existence supérieur. La quintessence, par sa vertu, féconde tant les sujets naturels qu’artificiels, insufflant une nouvelle vie à la matière et ouvrant la voie à des possibilités de création inédites. Elle agit comme le souffle vital qui anime les lois de l’univers, permettant aux alchimistes et aux initiés de réaliser des œuvres qui semblent défier les limites du monde matériel.
Atteindre la quintessence dans le cadre de la pratique alchimique est un voyage complexe, parsemé d’étapes symboliques qui reflètent un processus de transmutation profonde, tant sur le plan matériel que spirituel. Chaque opération alchimique, de la calcination à la coagulation, est une métaphore riche de la quête intérieure de l’alchimiste, visant à transcender les dualités et à atteindre une compréhension plus élevée de l’univers.
La calcination, première étape, symbolise la destruction des attachements égoïques et des impuretés matérielles, un feu purificateur qui prépare le terrain pour une renaissance. La dissolution, qui suit, représente l’acceptation de la fluidité de la vie et la dissolution des illusions, une immersion dans les profondeurs de l’inconscient pour libérer le potentiel caché. La séparation est l’acte de discerner entre ce qui est essentiel et ce qui est superflu, une purification qui isole la vérité de l’illusion. La conjonction, quant à elle, marque l’unification des dualités, l’harmonie entre les opposés, illustrant le mariage alchimique du masculin et du féminin intérieurs, une étape cruciale vers l’intégration et l’équilibre. La fermentation est le début de la renaissance intérieure, l’introduction d’une nouvelle vie dans la substance purifiée, symbolisant l’éveil spirituel et la régénération. La distillation représente la sublimation des désirs et des instincts bas, une purification encore plus fine qui élève l’esprit. Enfin, la coagulation est la cristallisation de la sagesse, la matérialisation de l’or spirituel, l’incarnation de la quintessence dans la forme.
La quintessence est ainsi accessible par cette séparation subtile et la purification des principes corruptibles, un voyage alchimique qui dévoile non seulement des remèdes d’une puissance inégalée mais aussi une compréhension profonde de la création. C’est dans ce processus que l’alchimiste touche à l’essence incorruptible, la part divine cachée au cœur de toute matière. Cette essence n’est pas seulement la source de grandes médecines capables de guérir les maux du corps ; elle est aussi un baume pour l’âme, offrant une guérison spirituelle et une connexion profonde avec l’universel.
La quintessence, dans la philosophie hermétique et l’alchimie, symbolise une quête profonde qui va bien au-delà de la simple transformation physique, incarnant l’aspiration humaine à atteindre la perfection et à réaliser l’unité avec l’univers. Cette recherche est à la fois une démarche opérative, visant la transmutation des substances, et un chemin spirituel de purification de l’âme, où l’alchimiste, à travers sa quête de la quintessence, travaille à sa propre transformation pour s’harmoniser avec les lois divines de la création.
La quintessence agit en profondeur, révélant les liens intimes entre l’esprit et la matière et permettant la manifestation de phénomènes qui transcendent les apparences ordinaires. Elle invite à un voyage d’éveil où les principes universels sont maîtrisés, ouvrant la voie à des créations qui semblent défier les lois naturelles. Ce processus de transformation ne se limite pas à la matière mais englobe également l’être dans toutes ses dimensions, touchant à l’immortalité de l’âme et à l’essence divine.
Les alchimistes et hermétistes, guidés par la vertu de la quintessence, aspirent à une harmonie et une unité avec les forces primordiales, cherchant à aligner le microcosme individuel avec le macrocosme universel, et à réconcilier l’humain avec le divin. Leur œuvre vise à révéler la splendeur cachée du monde, dévoilant les aspects les plus purs de la création et touchant à l’essence même de l’existence.
En somme, la quête de la quintessence représente une voie spirituelle profonde, une quête ultime de sagesse, de purification et d’élévation spirituelle qui symbolise la convergence entre l’individu et l’univers, révélant l’unité et l’harmonie sous-jacentes à toute création. Elle incarne la démarche des adeptes pour dévoiler les secrets de la création, atteindre une sagesse supérieure et aspirer à l’immortalité de l’esprit, en se rapprochant de la source première de toute existence.
Yann LERAY @ 2024
SOURCE : https://www.lesamisdhermes.com/2024/02/la-quintessence.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail
Stephen Hawking a Défié Dieu Qu’a-t-il Dit sur la Vie Après la Mort 24 mars, 2025
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire
La dimension mystique 23 mars, 2025
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireLa dimension mystique
14 Mars 2025 , Rédigé par Yann Leray
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La dimension mystique, souvent perçue comme une porte vers des réalités spirituelles et transcendantes, occupe une place unique dans l’expérience humaine. Présente dans la vie quotidienne à travers des moments de contemplation ou des pratiques personnelles, elle trouve une expression structurée dans des traditions initiatiques, où rituels et symboles guident une quête intérieure. Elle influence également les dirigeants, dont les décisions et le leadership peuvent être façonnés par des intuitions ou des croyances mystiques. Enfin, un aspect essentiel de la mystique réside dans le sentiment profond d’être connecté à quelque chose de bien plus grand que soi, une expérience qui transcende l’individu et l’ancre dans une réalité universelle.
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La mystique peut être définie comme une expérience ou une quête de connexion directe avec le divin, l’absolu ou une réalité transcendante. Elle dépasse souvent les cadres rationnels ou dogmatiques pour toucher des vérités intérieures, souvent ineffables. Dans de nombreuses traditions spirituelles, la mystique est le chemin vers une connaissance intime et profonde de soi et de l’univers, une voie qui privilégie l’expérience personnelle plutôt que les enseignements extérieurs.
Dans la vie de tous les jours, cette dimension peut se manifester de manière subtile : un moment de silence dans la nature, une méditation profonde, ou même une œuvre d’art qui touche l’âme. Ces instants permettent de se sentir connecté à quelque chose de plus grand, d’échapper à l’ordinaire pour toucher à l’extraordinaire. La mystique, loin d’être réservée à quelques élus, est accessible à tous ceux qui cherchent à explorer les profondeurs de leur être.
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Dans notre existence moderne, souvent rythmée par le stress et la rapidité, la dimension mystique offre un espace de respiration spirituelle. Elle peut prendre la forme de pratiques simples mais profondes :
La méditation : un temps dédié à l’introspection, à l’écoute de soi et à la connexion avec une conscience plus vaste.
La contemplation : observer un coucher de soleil, une œuvre d’art ou simplement le mouvement de la vie, en cherchant à percevoir l’essence derrière les apparences.
Les rituels personnels : des gestes symboliques, comme allumer une bougie ou tenir un journal de gratitude, qui ancrent l’esprit dans une réalité plus sacrée.
Ces pratiques, bien que simples, ouvrent la porte à des expériences mystiques où le temps semble suspendu, où la conscience personnelle s’estompe pour laisser place à une présence plus vaste. Elles rappellent que la mystique n’est pas une fuite du monde, mais une manière de l’habiter plus pleinement.
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Les traditions initiatiques, qu’il s’agisse de sociétés secrètes ou de fraternités spirituelles, intègrent la mystique dans leurs pratiques et leur philosophie. Elles offrent une quête de lumière où chaque membre cherche à se perfectionner et ainsi contribuer à un idéal collectif.
Au cœur des traditions initiatiques, les rituels et symboles sont des outils essentiels pour éveiller la conscience spirituelle. Loin d’être de simples formalités, ils portent un sens ésotérique profond :
L’initiation : ce rite marque souvent une mort symbolique de l’ancien moi et une renaissance dans une nouvelle lumière, un moment mystique révélant la dimension spirituelle de l’individu.
Les symboles : des figures comme le tarot (tradition hermétique), les mandalas (traditions orientales) ou encore une simple bougie invitent à méditer sur les mystères de l’univers et de l’âme.
Le temple : espace sacré des cérémonies, il reflète le cosmos et unie le matériel au spirituel, favorisant une expérience intérieure.
Ces pratiques ne sont pas décoratives : elles guident vers une plongée en soi, révélant l’essence derrière les apparences et la présence du divin.
Les traditions initiatiques incitent à explorer les sciences hermétiques, la philosophie et les spiritualités mondiales, non pour accumuler du savoir, mais pour éveiller une sagesse intérieure. Cette quête, mystique par nature, cherche à dévoiler les vérités cachées.
En somme, ces traditions enseignent que la véritable Lumière réside en soi. Chaque étape, chaque enseignement, rapproche de cette union avec le divin.
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La mystique ne se limite pas aux sphères spirituelles : elle joue un rôle subtil mais puissant dans le leadership, qu’il soit politique, économique ou social. Chez les dirigeants, elle se traduit par une inspiration transcendante, une guidance intérieure ou des pratiques symboliques.
La mystique renforce l’autorité des dirigeants en leur conférant une dimension symbolique :
• Historiquement, les rois de droit divin tiraient leur pouvoir d’une connexion supposée avec le divin.
• Aujourd’hui, des figures comme Gandhi ou Mandela ont incarné une vision mystique par leur engagement quasi prophétique.
Cette mystique, qu’elle soit religieuse ou laïque, crée un lien profond entre le dirigeant et ceux qu’il guide, enracinant son leadership dans une dimension symbolique et émotionnelle.
Certains dirigeants s’appuient sur la mystique pour orienter leurs décisions :
• Steve Jobs, par exemple, utilisait la méditation zen pour affiner sa vision.
• En temps de crise, des dirigeants comme Churchill ont suivi des intuitions profondes, perçues comme des « voix intérieures ».
Ces approches permettent aux dirigeants de transcender les pressions immédiates et d’accéder à une perspective plus vaste, essentielle pour aborder des défis complexes.
La mystique se manifeste aussi à travers des rituels et des symboles qui renforcent le pouvoir et l’unité collective :
Cérémonies officielles : l’intronisation d’un roi ou la prestation de serment d’un président s’accompagnent souvent d’un symbolisme mystique, invoquant des forces supérieures pour guider le leader.
Symboles collectifs : drapeaux, emblèmes ou logos corporatifs transcendant leur matérialité pour incarner des valeurs partagées, créant un sentiment de destin commun entre le dirigeant et son peuple ou son organisation.
Ces éléments ancrent le leadership dans une dimension qui dépasse le pragmatisme, touchant à l’émotionnel et au spirituel.
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Au cœur de l’expérience mystique repose une sensation envoûtante et indescriptible : celle de se sentir en relation avec quelque chose de bien plus grand que soi, une réalité qui transcende les limites de l’individu et le rapport à l’immensité de l’univers, à une présence divine ou à une harmonie cosmique. Ce n’est pas une pensée abstraite, mais un vécu qui éclot lorsque la conscience s’éveille et s’élargit, lorsque les murailles de l’individualité s’effritent pour révéler une unité profonde avec le tout. Tel un voile qui se soulève, ce sentiment dévoile des trésors intérieurs, insufflant à l’existence une magie subtile et une puissance transformante.
Cette connexion offre à l’âme une signification qui dépasse les ombres fugaces du quotidien, l’ancrant dans une trame bien plus vaste, un dessein qui murmure à l’être sa raison d’être. Imaginez votre vie comme un fil délicat tissé dans une tapisserie cosmique, où chaque brin, même le plus fragile, danse avec les autres pour une œuvre d’une beauté infinie. Chaque pas, chaque regard, chaque soupir devient une note dans une symphonie éternelle, un écho d’une harmonie qui vibre au-delà du temps. Vous n’êtes plus une île perdue dans l’océan du chaos, mais un éclat de lumière essentiel à la splendeur du Tout.
Devant l’immense éclat de cette réalité, les chaînes de l’ego et les tumultes des désirs personnels s’évanouissent, laissant place à une paix douce et à un détachement qui allège l’âme. C’est une sensation semblable à celle de contempler un ciel constellé d’étoiles : vous vous sentez minuscule, presque insignifiant, et pourtant, dans cette petitesse, une liberté radieuse s’épanouit. Tel une goutte d’eau qui se dissout dans l’océan infini, vous abandonnez les contours étroits de votre moi pour vous fondre dans l’éternel. Ce renoncement n’est pas une perte, mais une délivrance, un envol vers une sérénité où l’âme flotte, légère, portée par les courants d’un mystère insondable.
Ce lien avec l’immense élargit le regard, transformant la vision d’un monde fragmenté en une fresque sans fin où tout s’entrelace. Vous cessez de vous percevoir comme le centre de l’univers, une entité solitaire, pour vous découvrir comme une pièce d’un puzzle cosmique, un fragment précieux d’une mosaïque divine. Si votre vie n’était auparavant qu’un murmure dans le vacarme, elle devient désormais une clé qui révèle une image plus vaste et plus belle. Le monde, jadis lointain, se métamorphose en un miroir scintillant où chaque reflet – une feuille qui tombe, un souffle de vent – vous rappelle votre appartenance à cette danse universelle.
Au-delà des frontières de la raison et des émotions ordinaires, cette expérience ouvre une porte vers une dimension sacrée, un sanctuaire intérieur où règnent la paix profonde et une contemplation silencieuse. Cet éveil défie les mots, se manifestant parfois par une chaleur qui embrasse le cœur, une lumière intérieure qui dissipe les ténèbres, ou un silence si pur qu’il chante comme une mélodie céleste. C’est un instant où l’âme touche l’ineffable, où l’univers semble se pencher vers vous pour murmurer des vérités oubliées, des secrets qui vibrent dans chaque étoile, chaque atome, chaque battement de votre être.
Ce sentiment est une clé d’or qui ouvre les portes d’une existence plus riche, plus vibrante, où l’équilibre naît de l’union entre votre essence et l’incommensurable. Il vous guide vers votre place dans l’ordre universel tout en vous offrant la liberté de danser avec l’infini. Mais plus encore, il pare le quotidien d’un éclat de magie : le chant d’un oiseau devient un hymne céleste, une lueur dans l’ombre un reflet de l’éternité. Chaque instant se transforme en une porte vers le mystère, chaque respiration en une communion avec le sacré. Vous marchez sur la terre, mais votre esprit s’élève parmi les constellations, conscient que derrière chaque voile se cache une lumière plus pure, un amour plus vaste, une vérité qui appelle l’âme à s’éveiller encore et encore.
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Tel un souffle venu d’un ailleurs insondable, la dimension mystique nous appelle à briser les chaînes du matérialisme et de la laïcité dogmatique qui aveuglent notre âme. Elle nous entraîne vers un seuil invisible, un espace où les limites de notre condition humaine s’effacent pour laisser place à une élévation spirituelle infinie. Dans ce sanctuaire éthéré, nous percevons que nous ne sommes pas de simples mortels déracinés, mais des fragments d’une lumière éternelle, tissés dans une trame sacrée qui transcende le visible. Loin des certitudes arides d’un monde mécanique, elle nous révèle que la vraie quête est celle de l’esprit, une odyssée vers l’incommensurable où la liberté se forge dans l’abandon à ce qui nous dépasse. Ainsi, en embrassant cette danse avec l’inconnu, nous pouvons tracer un chemin vers un horizon où l’âme s’épanouit, délivrée, dans sa splendeur la plus divine.
Yann LERAY @ 2025
SOURCE :
Avons-nous encore besoin de Dieu ? Une réflexion profonde dans un monde en mutation
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireAvons-nous encore besoin de Dieu ? Une réflexion profonde dans un monde en mutation
De notre confrère Arte
Dans un monde où la modernité semble souvent s’opposer aux traditions, la question de la foi et de l’existence de Dieu reste un sujet brûlant qui traverse les cultures et les continents. Le récent documentaire d’Arte, Avons-nous encore besoin de Dieu ?, diffusé dans le cadre de la série 42 – La réponse à presque tout le 25 novembre 2024, plonge avec audace dans cette interrogation universelle.
Réalisé par Thomas Wagner et disponible en replay jusqu’au 8 décembre 2027, ce reportage de 26 minutes invite à une réflexion nuancée sur la place de la spiritualité à l’ère de la sécularisation, tout en mettant en lumière des paradoxes saisissants. Voici une exploration détaillée des thèmes abordés, enrichie d’analyses et de perspectives pour nourrir le débat public.
Un recul de la foi en Europe, une exception mondiale
Le documentaire ouvre sur une constatation troublante : en France et en Allemagne, la foi religieuse est en net recul. Seulement environ 40 % de la population de ces deux pays se déclare croyante, un chiffre qui contraste avec la tendance globale. À l’échelle planétaire, plus de 70 % de l’humanité reconnaît l’existence d’un ou plusieurs dieux, selon les estimations présentées. Cette dichotomie soulève une première question : la sécularisation européenne est-elle un modèle universel ou une anomalie culturelle ?

Cette baisse de la pratique religieuse en Europe occidentale pourrait être attribuée à plusieurs facteurs : l’essor de la science, l’éducation laïque, et une méfiance croissante envers les institutions religieuses marquées par des scandales. Pourtant, cette tendance ne se reflète pas ailleurs. En Afrique, en Asie et dans une grande partie des Amériques, la foi reste un pilier central de la vie sociale et personnelle. Le reportage souligne ainsi une fracture entre un Occident de plus en plus rationnel et un reste du monde où le spirituel conserve une influence dominante. Mais cette fracture est-elle vraiment aussi nette qu’il y paraît ? Certains pourraient arguer que la spiritualité, même sous des formes non institutionnalisées, persiste dans les sociétés sécularisées à travers des pratiques comme le bien-être ou la quête de sens.
La souffrance comme argument contre la divinité

L’un des points forts du documentaire réside dans son exploration des arguments sceptiques. La guerre, la souffrance et la misère, omniprésentes dans l’histoire humaine, sont présentées comme des preuves potentielles de l’absence d’un dieu bienveillant. Comment concilier l’idée d’un créateur omniscient et miséricordieux avec les atrocités qui ponctuent notre quotidien ? Cette question, vieille comme la philosophie elle-même, est revisitée avec des exemples contemporains : conflits armés, crises humanitaires, et inégalités flagrantes.
Pourtant, cette approche soulève des critiques. Si la souffrance est utilisée pour nier l’existence de Dieu, ne pourrait-on pas aussi l’interpréter comme un test ou une épreuve, comme le suggèrent certaines traditions théologiques ? Le reportage, en se concentrant sur une vision matérialiste, risque de simplifier un débat qui a occupé des penseurs pendant des millénaires. Il aurait pu, par exemple, explorer davantage les réponses apportées par des théologiens ou des philosophes comme Leibniz, avec sa théorie du « meilleur des mondes possibles », ou encore les perspectives existentialistes de Kierkegaard, qui voient dans la souffrance une occasion de transcendance.
Le besoin humain de croire : une constante universelle

Au-delà des arguments rationnels, Avons-nous encore besoin de Dieu ? s’interroge sur une réalité psychologique et sociale : pourquoi l’être humain ressent-il ce besoin viscéral de croire, même face à l’adversité ? Le documentaire suggère que la foi répond à des besoins fondamentaux : donner un sens à l’existence, offrir un espoir face à la mort, ou encore structurer les communautés. Cette analyse trouve un écho dans les travaux de sociologues comme Émile Durkheim, qui voyait la religion comme un facteur de cohésion sociale.
Mais cette nécessité de croire évolue. Dans les sociétés modernes, des alternatives laïques émergent : le développement personnel, les ideologies politiques, ou même les communautés en ligne. Le reportage aurait pu creuser cette transition, en examinant si ces substituts suffisent à combler le vide laissé par le déclin religieux. Par exemple, les mouvements écologistes ou humanitaires ne reprennent-ils pas, à leur manière, des rôles autrefois dévolus aux religions ?
Une diversité de perspectives

L’un des mérites du documentaire est d’éviter les jugements hâtifs. Il donne la parole à des voix variées : athées convaincus, croyants fervents, et agnostiques perplexes. Cette pluralité reflète la complexité du sujet. Par exemple, un intervenant pourrait souligner que la science, bien qu’expliquant de nombreux phénomènes, ne répond pas aux questions existentielles comme « Quel est le sens de ma vie ? ». À l’inverse, un autre pourrait arguer que la foi, lorsqu’elle devient rigide ou dogmatique, alimente les divisions plutôt que l’unité.
Cette approche équilibrée invite à un débat public. En 2025, alors que les tensions géopolitiques et les crises climatiques s’intensifient, la quête de sens pourrait redevenir un moteur social. Le reportage suggère que, même dans un monde sécularisé, la spiritualité pourrait se réinventer sous de nouvelles formes, peut-être plus individualisées et moins institutionnelles.
Limites et perspectives d’avenir

Malgré sa richesse, le documentaire présente des limites. Sa durée de 26 minutes, bien que concise, contraint l’approfondissement de certains aspects. Par exemple, il ne s’attarde pas sur les différences entre les grandes religions monothéistes et les spiritualités polythéistes ou animistes, qui dominent dans de nombreuses régions. De plus, la focalisation sur l’Europe et les statistiques globales occulte parfois les dynamiques locales, où la foi peut être revitalisée par des contextes spécifiques, comme les mouvements religieux en Amérique latine ou en Afrique subsaharienne.
À l’avenir, il serait fascinant d’explorer comment les jeunes générations, nées dans un monde numérique, perçoivent la question de Dieu. Les réseaux sociaux et les algorithmes influencent-ils nos croyances autant que les sermons d’antan ? Une suite au reportage pourrait aussi examiner les implications politiques de la foi, notamment dans les débats sur la laïcité ou les droits des minorités religieuses.
Conclusion : une question toujours ouverte

Avons-nous encore besoin de Dieu ? ne prétend pas apporter une réponse définitive. Au contraire, il ouvre un espace de dialogue dans une société souvent polarisée entre rationalité et spiritualité. En ce 14 mars 2025, alors que les défis mondiaux s’accumulent, cette interrogation prend une résonance particulière. La foi, qu’elle soit religieuse ou séculière, semble répondre à un besoin humain profond de connexion et de sens. Peut-être que la vraie question n’est pas de savoir si nous avons besoin de Dieu, mais de quelle manière nous choisissons de donner un sens à notre existence collective.
Ce reportage d’Arte, disponible en replay jusqu’au 8 décembre 2027, mérite d’être visionné et discuté. Il rappelle que, malgré les avancées scientifiques et les bouleversements sociaux, l’humanité reste attachée à ses grandes questions métaphysiques. À vous, lecteurs, de poursuivre cette réflexion.
SOURCE :
LE CHAMANE 19 mars, 2025
Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaireLE CHAMANE
Voici une planche philosophie de la Loge Triple Union et Amitié (TUA), sise à Voiron en Isère, qui est la plus ancienne loge maçonnique de la région grenobloise encore en activité. Elle est rattachée au Grand Orient de France (GODF).

Il y a quelques années sur d’autres colonnes, un Frère était intervenu pour souligner la hiérarchie incontournable des religions : en bas de l’échelle les animismes, au milieu les polythéismes, au sommet, supérieurs à toutes, les monothéismes.
J’avais été quelque peu interloqué et avais pris la parole pour défendre les peuples animistes ou polythéistes, dont la spiritualité, me semblait-il, était bien plus vivante, bien plus profonde, que celle des peuples monothéistes par ailleurs grands massacreurs de peuples et discriminateurs de femmes au nom de l’Éternel.
Et puis quelque temps plus tard, une évidence s’était imposée : je n’étais ni athée ni agnostique, j’étais animiste, en bas de l’échelle, ce qui m’allait bien. D’où l’idée de cette planche mélangeant histoires, sciences et convictions (toutes au pluriel).
Il y a 2 500 ans, Héraclite disait : « La sagesse exige l’investigation de nombreuses choses. » Investiguons donc…
Je suis Chamane…
Je détiens un savoir que les anciens m’ont transmis et que j’ai acquis directement en rencontrant les esprits. Depuis des millénaires j’arpente les plaines et les forêts, les rivages et les montagnes, les déserts glacés et brûlants de tous les continents. Je n’ai ni dogme, ni texte révélé, ni idole, ni pape, ni chapelle, ni conquête. Mon église est la nature, ma seule certitude… l’unité de la vie.
Je jongle avec l’impalpable. Je chante l’indicible et colore l’invisible. Je vois en dedans et au-delà des choses. Je suis l’intermédiaire avec l’autre monde, le maître des plantes et des esprits, le guérisseur naturel et surnaturel. Je suis le gardien du temps qui passe et du temps qu’il fait, de la fécondité, des récoltes et de la chasse. J’accompagne mon clan, je suis le garant de son équilibre. Je suis craint et respecté, car plus qu’un autre j’ai le Don, plus qu’un autre j’ai le Pouvoir.
Chamane…
Au XIXe siècle, les premiers anthropologues m’ont donné ce nom générique parce qu’il fallait bien classer dans une boîte des pratiques qu’ils ne comprenaient pas. J’habitais le pays Toungouse, au cœur de la Sibérie, et battais tambour pour entrer en transe et guérir. Les anthropologues me considérèrent comme un malade mental.
Chamane… Au début du siècle dernier, mon nom s’est répandu quand on a trouvé mes clones en Indonésie, en Ouganda, au Pôle Nord ou en Amazonie. Certains chantaient, d’autres buvaient des décoctions. Certains disaient guérir, d’autres jetaient des sorts. Les hommes de science me dirent névrosé, épileptique, psychotique, hystérique, schizophrène…
Cinquante ans plus tard, Lévi-Strauss admit que j’étais moins fou que l’on ne pensait, que j’étais un maître du chaos, un créateur d’ordre, une sorte de psychothérapeute. Plus tard, d’autres ethnologues ont admis ne plus très bien savoir qui j’étais et comment nous cataloguer, moi et mes comparses, techniciens de l’extase, spécialistes universels de la transe, des langages secrets, des ascensions célestes, des descentes infernales, des échelles et des cordes qui relient le ciel et la terre et qui permettent d’accéder au monde des esprits.
Je suis Chamane et mon domaine est la matière. La terre est matière, la plante est matière, l’animal est matière, l’homme est matière et la matière est vivante, et la matière à une âme.
Je suis Chamane et mon domaine est l’esprit. L’esprit est l’essence vitale des choses. Par nature immatériel, je ne peux le percevoir que de manière incidente. Pour y parvenir, je dois créer le décalage, changer ma perception pour ouvrir de nouvelles perspectives. Le jeun m’y aide, le chant m’y aide, l’absorption de plantes m’y aide. La plante est mon alliée, je suis la plante et je n’ai plus qu’à écouter ce qu’elle me dit. Quand mon champ de conscience est élargi, je vois la réalité du monde dans sa globalité.
Mon totem est minéral…
Certes, un petit caillou n’a guère d’âme, mais la plage en a une, et Uluru aussi. Uluru, que d’autres appellent Ayers Rock, montagne-île gigantesque au cœur du désert australien, créé avant même que le temps puisse être compté, créée au Temps du Rêve, quand les esprits des Grands ancêtres se sont incrustés dans les paysages où ils sont pour toujours.
Mon totem est cristal. Substance sacrée des origines, il illumine le monde. Je suis cristal, parcelle d’être en mouvement et en transformation, révélateur de l’âme et de ses égarements, pourvoyeur de clairvoyance, découvreur de l’invisible.
Mon totem est végétal…
Il est l’arbre qui recueille toute la sagesse du monde. J’ai vu le chêne sacré, gardien d’orages et de justice, cacheur d’aurores très anciennes… Je l’ai dédié à Jupiter, et le laurier à Apollon, et l’olivier à Minerve, et les forêts ont été les premiers temples de la divinité.
Mon totem est champignon. Psilocybe que mes ancêtres mayas ont sculpté dans la pierre, Amanite tue-mouche, pilier du monde, axe du ciel, soma des Indiens…
Mon totem est cactus San Pedro et bouton de peyotl, feuille d’iboga et de tabac. Il est liane, yagé colombien, natem des Jivaros, ayahusca des Péruviens… Liane de mort et liane de l’âme… Quand je l’absorbe, je franchis l’étape effrayante de la mort et du démembrement pour accéder à un nouveau niveau de connaissance. Alors mon âme voyage et je communique avec les esprits, leurs chants et leurs visions, et je soigne, devine, révèle… Champignons, cactus, feuilles, lianes ils sont la chair des dieux.
Mon totem est animal…
Au début des temps, il n’y avait pas de différence entre les hommes et les animaux. Un homme pouvait se transformer en animal s’il le désirait et un animal pouvait devenir un être humain. Tout le monde parlait la même langue.
Mon totem est plume. La plume de corbeau est plume de mort : elle endort mon ennemi. La plume de geai est plume de vie : elle éveille mon esprit. La plume de grue est plume de paix : elle transforme l’ennemi intime qui est en moi.
Mon totem est serpent. Serpent des origines : Sito des Égyptiens, Quetzalcoatl des Toltèques, Ouroboros des Béninois. Serpents cosmiques s’enroulant en spirales, reproduisant — est-ce vraiment un hasard ? — la double hélice de l’ADN, une représentation que l’on trouve dans les sceaux mésopotamiens comme dans les peintures visionnaires de mes frères sud-américains.
La Terre est notre mère…
La Terre est une carte. La Terre est un canevas. Il n’y a aucun espace vierge. Tout le terrain est couvert. Tout est inclus : toutes les choses, toutes les créatures vivantes. Personne n’est à l’écart de la chaîne. L’esprit de la Terre pénètre tout. Chaque chose, chacune à sa manière, n’est que le reflet d’une même conscience, et la Terre est comme un livre sacré sur lequel sont imprimés les mystères de la création.
Un jeune chamane…
« Ce soir, je suis en bonne forme, et quarante minutes après avoir ingéré ma potion l’ivresse monte. Le cœur, la force et la connaissance sont les trois ingrédients de la sauce dans laquelle je veux mijoter.
Le cœur… Le désir puissant et l’intention d’apprendre. J’en tiens un bout, je dois le faire grandir et le purifier pour qu’il s’épanouisse.
La force… Elle me tournait autour depuis quelques jours déjà et ce soir elle m’enveloppe et me pénètre : une décharge puissante comme si la foudre m’était tombée dessus, un chant qui vibre d’une tonalité inhabituelle. Je la laisse se promener, curieux et exalté.
Je trouverai ce qui voudra bien m’être donné, mais cette force est indispensable, et il faut qu’elle progresse avec moi, et plus elle progressera, plus il faudra la dominer.
La connaissance… Y accéder est assurément ce qu’il y a de plus long, de plus difficile et de plus glorieux aussi. Pour l’instant, je suis sourd et aveugle. Il va falloir tout mettre à plat et bâtir, laisser venir… »
Un vieux chamane…
« Je ne savais rien de la vie, je ne savais rien de rien, j’étais un imbécile. Quand j’ai commencé à apprendre avec mon père, j’ai abandonné mon métier et j’ai commencé à comprendre. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir passé ma vie dans la meilleure des universités, moi le pauvre idiot d’indien, et chaque jour j’apprends un peu plus. Toi, mon apprenti, tu n’en es qu’au tout début. Tu vas découvrir des choses magnifiques, mais il faudra que tu aies la capacité de gérer les trésors que tu vas dénicher. Il faudra que tu renforces ta connaissance avec une grande attention. La clé du succès réside dans la persévérance et dans un bon équilibre…
Tu es tout, l’univers tout entier. La poussière des étoiles, les atomes de l’univers. La goutte, la pluie et le ruisseau, le fleuve et l’océan. Les gaz, la brise et la tempête. Le feu des volcans et celui des étoiles. La plume et la feuille, la force et la maladie, la sagesse et la folie. Tu es la mort, tu es la vie, et tu dois bien faire attention à tout, car tout est en toi. Ne rejette rien sans réfléchir, car c’est toi que tu rejettes. »
Mes Frères…
La littérature chamanique est abondante, les manières d’aborder le sujet infinies. Je ne fais ce soir qu’effleurer le sujet et vous propose deux ou trois pistes que j’ai suivies au presque hasard de mes lectures et de mes expériences.
La première chose qui me frappe lorsque je me confronte à la réalité du chamanisme, à la réalité des autres réalités, c’est l’étendue de mon ignorance. Qui suis-je pour être sûr de quoi que ce soit ? Je suis comme le jeune chamane, aveugle et sourd, mais si curieux devant les mystères du monde. Et malgré mon ignorance, je ne peux m’empêcher d’avoir quelques convictions.
Ma première conviction est que la vie est partout.
Je l’ai exprimé dans une planche précédente en empruntant un texte que Barjavel a écrit le jour de son soixante-dixième anniversaire : « Je m’émerveille de la grandeur infinie, si bien finie, de chaque poussière de poussière. Et je m’émerveille de l’ingéniosité de chaque détail :
ma main, mon oreille, le monde organisé de chacune de mes cellules, les tourbillons vides de l’atome, le vide infranchissable du bois de ce plateau. Vide, tout est vide.
Et ce vide est si méticuleusement et si grandiosement ordonné, qu’il emplit et construit et anime le vivant et la pierre. La pierre est vivante, la pierre grouille et tourbillonne, la pierre est vide, je suis vide, je contiens l’univers, je suis un univers de miracles. »
Ma deuxième conviction est que l’intelligence est partout.
Si le grain de sable n’est guère intelligent, il est cependant composé d’atomes, et ces atomes sont dotés de mémoire cumulative. C’est-à-dire qu’outre leurs propriétés physiques, ils fonctionnent un peu comme un cerveau humain, créant des circuits internes, en modifiant d’autres… L’acquis mnémonique est présent, ne serait-ce que de façon infinitésimale.
Quand on passe au domaine végétal, l’argumentation est plus évidente. Même la vénérable institution qu’est la revue britannique Nature le reconnaît : la recherche sur l’intelligence des plantes est en train de devenir un objet d’études scientifiques sérieux. Les chercheurs découvrent la remarquable complexité du comportement des plantes. Si l’on en croit l’auteur de l’article, Anthony Trewavas, membre de la Royal Society, les plantes ont des intentions, évaluent les aspects complexes de leur environnement, prennent des décisions. D’autres études montrent que les plantes répondent aux attaques de prédateurs, détectent les signaux de détresse d’espèces différentes, communiquent entre elles par des signaux moléculaires et électriques dont certains ressemblent étonnement à ceux qu’utilisent nos propres neurones. Si elles ne pensent sans doute pas, elles sont capables d’intention, elles savent calculer ce qui se passe et s’adapter. Les plantes, certes, n’ont pas de cerveau, mais elles agissent comme un cerveau.
Les amibes ne sont ni végétales ni animales. Elles non plus n’ont pas de cerveau,
mais elles montrent un réel degré d’intelligence. Certaines s’unissent pour former des cellules géantes qui peuvent atteindre la taille d’une main. D’autres se déplacent pour se nourrir. Confrontées à un labyrinthe, elles trouvent infailliblement le plus court chemin pour atteindre leur nourriture.
Quant au règne animal, les preuves d’intelligence pullulent. La capacité à faire des abstractions n’est pas réservée aux seules abeilles. La capacité d’apprentissage, de mémorisation, d’adaptation est commune à tant d’insectes, oiseaux, mammifères… Même le cafard perçoit le monde et y agit. Avec son corps et son cerveau, il perçoit d’infimes mouvements de l’air et détecte les prédateurs. Il sait et réagit en se sauvant.
Ils ne leur manque que la parole… Mais la parole, ils l’ont ! Sauf que la plupart du temps nous ne la comprenons pas. Les papillons communiquent par ultraviolets, les abeilles par leurs danses, les fourmis et bien d’autres animaux par phéromones, les singes et bien d’autres par ultrasons, et tant d’autres encore par postures, mimiques, chants, cris…
Le monde ruisselle de signes, le monde ne cesse de communiquer. N’est-ce pas ce que nous disent depuis toujours les chamanes ?!
Ainsi l’intelligence est partout dans la nature.
Intelligence est-il conscience ? Vaste débat… Probablement à cause de l’influence de la culture chrétienne, nous, occidentaux, rois autoproclamés de la création, nous avons du mal à accepter la possibilité d’une intelligence autre qu’humaine. L’intelligence serait un don de Dieu réservé aux seuls humains. Alors la conscience !… Quelle conscience d’ailleurs ? La normale de tous les jours ou celle du saint et du mystique, du médium et de l’ermite, du contemplatif, du visionnaire, du yogi du voyageur de l’autre monde ? La conscience du chamane ?!…
Intelligence, conscience, compréhension, savoir… Les différentes cultures traduisent ces mots dans leur langage, chacune à sa manière. L’analyse étymologique des dits mots conduit sur des chemins bien différents. Le « savoir » français, par exemple, renvoie à la pensée, alors que le « know » anglais renvoie à la faculté de reconnaître et le « chi-sei » japonais à celle de jauger… Les mots reflètent ainsi souvent nos conceptions, nos a priori. À nous de « savoir » les dépasser, à nous de rester ouverts à toutes les possibilités.
Nous restons obsédés par la différence entre les espèces humaines et animales, végétales et minérales, chacune dans sa petite boîte où rien ne dépasse. Mais ne sommes-nous pas des animaux, et nos capacités ne proviennent-elles pas d’un passé que nous partageons avec le reste de la création ? Ne sommes-nous pas tous poussière d’étoiles ?
Dans d’autres cultures, dans d’autres religions, les gens n’ont aucun mal à accepter
que chaque chose possède une âme, un esprit… Bien des chercheurs, humanistes ou philosophes ont abordé le problème de l’intelligence, de la conscience, de l’âme. Ils se sont posé la question de la limite entre l’humain et l’inhumain sans pouvoir vraiment y répondre.
Il y a 60 ans, l’écrivain Vercors, dans ses « Animaux dénaturés » reprenait les grandes définitions de l’homme qui ont été exposées au cours de l’histoire. Peut-être l’homme était-il un condensé, un mélange de toutes les caractéristiques énoncées ici et là. Peut-être la clé était-elle le questionnement sur soi-même, sur ses origines, sur son avenir. Les animaux ne se poseraient pas toutes ces questions, mais qu’en savons-nous réellement nous qui ne pouvons pas entrer vraiment dans leur esprit ? Vercors concluait que nous ne saurions jamais comment définir l’homme, mais que nous pouvons continuer à en débattre.
Alors certes « la sagesse exige l’investigation de nombreuses choses », mais tout compte fait, elle exige sans doute aussi la contemplation du mystère.
Pour ma part, je ne mets pas de limite. Comme le chamane, je vois l’intelligence partout, je vois la conscience partout. Tout à une âme, simplement à des degrés différents.
Animiste et fier de l’être !
SOURCE : TUA — 2019
Antée vs Héraclès, légende de l’Afrique du Nord – Mythologie Grecque et Berbère 9 mars, 2025
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Tolérance Maçonnique – Rite Maç:. de Memphis (18 novembre 1897) 7 mars, 2025
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Tolérance Maçonnique - Rite Maç:. de Memphis (18 novembre 1897)
Texte ressaisi et corrigé par
Vénérable maître, Très chers frères,
Depuis quelque temps, les voix les plus autorisées s’élèvent l’une après l’autre pour annoncer tristement la prochaine décadence de notre institution. L’ingratitude habituelle à la société moderne ne justifierait pas de telles craintes, car nos aînés ont souffert de dures persécutions sans que la bonne cause se soit jamais trouvée sérieusement compromise. Mais le danger qui s’affirme aujourd’hui n’a point d’analogue dans notre histoire. Ce n’est pas à la méchanceté des hommes, c’est à notre propre imprudence que nous le devons. Il faut bien le reconnaître : en abandonnant cette haute culture des facultés humaines qui devait rester pour elle un souci constant, la Maçonnerie a largement ouvert aux passions profanes les portes de ses temples et voici qu’elle ne pratique plus elle-même cette universelle tolérance à laquelle elle voulait conquérir le monde.
C’est pourtant à un respect absolu de la liberté morale que notre ordre a dû ses plus beaux succès. Sans remonter bien haut, ne voyait-on pas encore au siècle dernier les génies les plus divers porter avec orgueil le tablier d’apprenti ? Apôtres des idées nouvelles ou défenseurs zélés des vieilles doctrines, tous voulaient prendre part à ces travaux de haute philosophie qui devaient assurer un jour l’union des cœurs et des âmes. Aujourd’hui, il n’en va plus de même : de fort bons esprits hésitent à se joindre à nous, parce qu’ils ne nous ont pas toujours vu rester fidèles à notre programme.
On se plaît à répéter que la lutte a ses exigences et qu’en face d’adversaires sans loyauté, toutes les armes sont bonnes, mais quelle étrange justification ! Et de quel mépris ne témoigne-t-elle pas à l’égard de nos traditions les plus sacrées ! Ce qu’il faut combattre, n’est-il pas vrai, ce ne sont pas des hommes, mais bien des passions dont ces hommes sont esclaves : quel succès peut-il donc espérer, celui qui ne prend soin tout d’abord de s’affranchir lui-même ? Et puis, ne l’oublions pas, ceux-là seulement n’hésitent devant aucune manœuvre qui sentent la victoire leur échapper. On ne sacrifie sa conscience, on ne vend son âme qu’aux heures de désespoir. Or, il est impossible que le triomphe final du bien soit douteux pour aucun de nous, car celui qu’un tel scepticisme aurait saisi ne serait plus maçon. Sans doute, aujourd’hui comme hier, les pires instincts peuvent s’unir pour d’horribles attentats, mais qu’importe, puisque leur règne ne durera jamais plus d’un jour ! Notre foi dans les destinées de l’humanité est inébranlable. L’évolution de l’espèce peut être lente aux yeux de l’individu, elle n’en est pas moins certaine. Quant à notre institution, tant que nous ne travaillerons pas nous-mêmes à la détruire, les dissolvants les plus énergiques ne pourront rien sur elle car elle est le dernier anneau de la grande chaîne d’or qui rattache l’avenir au passé.
Ne pouvant douter de nos forces, d’où vient donc que nous manquons si souvent de sang-froid ? Pourquoi l’aspect de l’obstacle à vaincre nous porte-t-il à la violence, au lieu d’exciter simplement notre activité ? Pourquoi la sottise des uns, l’injustice des autres nous irritent-elles, nous qui cherchons, pour les détruire, toutes les formes de l’erreur ? Est-ce la passion même de la vérité qui nous égare ? Ceux qu’éclaire la lumière divine n’ont-ils pu résister au désir de la répandre en tout lieu, au risque d’aveugler à jamais des yeux trop faibles pour de si purs rayons ? Il serait à souhaiter, mes Frères, que nous ayons péché par excès de zèle, mais nos regrets seront, hélas! d’un autre ordre. Loin de nous attacher trop étroitement à la science traditionnelle, jugeant sans doute pénible les efforts qu’exige à toute heure son intelligence intégrale, nous n’avons pas craint de substituer à l’expérience des siècles notre expérience d’un jour et voilà l’unique cause de nos déceptions. Si le serment prêté semble à beaucoup difficile à tenir, c’est qu’ils ont négligé d’en étudier la formule. Si l’impartialité absolue leur paraît impossible à garder, c’est qu’ils ne savent plus au nom de quelle loi prononcer leurs jugements. Il est nécessaire, pour s’en convaincre, de bien définir cette tolérance dont le règne a si malheureusement cessé et d’éviter certaine confusion en laquelle notre siècle paraît se complaire.
La mode est aujourd’hui fort répandue de rester impassible en face des crimes les mieux caractérisés comme d’écouter sans trouble les plus mauvais paradoxes. L’indignation vertueuse ayant été jugée de mauvais goût, on pardonne les fautes commises en accusant la nature de les avoir exigées, comme si la nature n’était pas simplement le champ toujours ouvert à l’exercice de nos facultés. La vie, dit-on volontiers, n’est-elle pas trop dure, pour qu’on ajoute aux difficultés matérielles des obstacles tirés d’une prétendue loi morale ? Et, puis, la science moderne n’a-t-elle pas à tout jamais ruiné la vieille conception du libre arbitre ? Hérédité, influence du milieu, lutte pour la vie, ne voilà-t-il pas de quoi justifier les pires défaillances ? Tant il est vrai, mes Frères, que grâce à une imprudente vulgarisation, l’idée devient parfois la servante des instincts ! Mais de tels abus sont de tous les temps et, pour les avoir commis à son tour, notre époque ne mérite pas l’anathème.
D’ailleurs, en bonne justice, l’intention n’importe pas moins que l’acte lui-même et certes, si les tendances nouvelles étaient nées d’un véritable esprit de charité, si leur unique effet devait être d’amener l’association humaine à châtier sans colère, à réprimer avec douceur, il faudrait se réjouir d’un tel progrès. Malheureusement, l’apparente générosité dont nous sommes témoins n’est guère qu’une impuissance déguisée. Privé de toute culture philosophique, ne pouvant tirer aucun enseignement du passé, ne se sachant pas responsable de l’avenir, le monde accueille tout ce qui s’offre à lui, action ou pensée, avec indifférence. C’est assez pour satisfaire quelques optimistes peu clairvoyants, mais pour nous, quel que soit notre désir d’universelle harmonie, nous ne croirons pas aussi vite à l’apaisement des passions. Nous ne prendrons pas le dédain de l’ignorant pour l’indulgence du sage, nous n’appellerons pas tolérance un scepticisme sans valeur.
Un homme qui s’efforcerait de ne plus penser, de ne plus rien croire et de ne plus rien vouloir, afin d’éviter tout conflit avec ses semblables, se tromperait, certes, grossièrement. Il sentirait son cœur se fermer peu à peu à toute espèce d’affections ; satisfaire ses besoins matériels deviendrait son unique souci, et c’est à l’égoïsme absolu qu’il parviendrait en fin de compte. Pour devenir juste et bon, il faut au contraire s’intéresser à toutes les manifestations de l’activité humaine et chercher à reconnaître en chacune d’elles le vrai, le beau et le bien qui peuvent y être contenus. Mais cette curiosité sympathique ne va pas sans une science profonde et, s’il faut tout dire, l’impartialité parfaite n’appartient qu’aux initiés puisqu’eux seuls possèdent la vérité suprême.
Ici, une comparaison s’impose, bien simple et bien claire. Que faut-il pour qu’au sein d’une grande nation, les intérêts de tous soient sauvegardés ? Il faut des magistrats libres et instruits, qui ne tremblent devant personne, mais qui sachent déterminer exactement les droits de chacun, qui n’appartiennent à aucun parti tout en connaissant les besoins des différentes classes sociales. De même, pour juger les doctrines qui se partagent la foi de l’humanité, il faut des esprits hardis et cultivés qui n’hésitent devant aucune étude et que des connaissances d’ordre supérieur guident dans leurs recherches. Ces deux conditions sont également nécessaires et la bonne volonté serait inutile où la science ferait défaut. Comment se prononcer sur un essai métaphysique, si on ne possède une vue synthétique de l’univers ? Comment apprécier un système politique, si on ne se fait une idée nette de la société idéale ? Comment enfin examiner une doctrine religieuse si on n’est pas encore parvenu à une conception raisonnable du Grand Architecte des Mondes ? La société antique ne s’y trompait pas et pour s’assurer des chefs capables de la diriger, donnait une instruction vraiment complète à ceux qui s’en montraient dignes. Il nous appartient de rebâtir ces écoles modèles où le développement des facultés humaines était poussé si loin.
Nous sommes aujourd’hui les seuls héritiers des civilisations mortes. Les vieux sanctuaires abolis, la pensée des sages a pris nos demeures pour asile et dès lors les choses et les êtres nous sont apparus sous un aspect nouveau. Les nombres nous ont laissé surprendre leur intime signification. Nous avons pu concevoir la gradation hiérarchique ternaire qui règle la constitution du monde et de l’homme, retrouver l’unité de la Raison suprême à travers le dualisme qui caractérise la vie, reconnaître la réalisation progressive de l’idéal divin sous la lutte apparente du bien et du mal. Nous n’ignorons plus ni la puissance de la parole, ni la force créatrice de l’imagination. Nous savons enfin comment la Volonté humaine peut se faire obéir de la Nature. Voyez, mes Frères, de quelle hauteur l’initié va descendre, l’homme qui a vu flamboyer l’étoile du mystère ne participera plus, à moins d’une étrange folie, aux œuvres de ténèbres.
Mais ce n’est pas tout. En même temps que la science elle-même, la méthode nous fut transmise qui seule fait des savants. Il ne s’agit pas ici d’imposer à la mémoire quelques formules plus on moins heureuses ; c’est l’être entier qui doit en quelque sorte s’imprégner de la vérité. De là ce symbolisme merveilleux qui s’adresse à la fois aux sens, à l’entendement et à l’intelligence. S’il faut quelques exemples, est-il difficile de trouver dans le triangle et les colonnes du temple les principes philosophiques essentiels dont nous parlions tout à l’heure ? Le compas et l’équerre, la perpendiculaire et le niveau ne résument-ils pas, à eux seuls, une morale et une sociologie parfaites ? L’épreuve par les éléments n’attire-t-elle pas notre attention dès le premier jour sur les quatre modalités de l’agent universel, objet de toute physique ? Certes, il y a là une synthèse propre à satisfaire l’esprit le plus exigeant et si quelque danger accompagne une semblable révélation, c’est bien l’orgueil qu’elle peut faire naître au cœur du nouvel adepte. Mais cet orgueil même, ne nous pressons pas trop de le maudire. A défaut de sentiments plus élevés, c’est lui qui contiendra les instincts rebelles à une volonté imparfaitement développée. C’est grâce à lui que le savant encore timide trouvera un noble emploi à ses forces et s’élèvera peu à peu au-dessus des désirs grossiers et des jugements iniques. Plus tard, l’âme devenue maîtresse d’elle-même saura bien se débarrasser de cet orgueil désormais inutile et la tolérance trouvera dans le cœur du sage de moins compromettants défenseurs.
Personne en effet ne peut espérer rompre d’un coup avec l’injustice. Il faut se fatiguer longtemps avant de connaître la valeur de l’effort et le plus heureux résultat de la difficulté vaincue, c’est d’apprendre à juger sans rigueur ceux qui ont lutté courageusement avec des succès divers. On se montre moins exigeant en matière de morale, quand on a senti l’égoïsme maudit s’opposer aux plus nobles mouvements de l’âme, moins dédaigneux en matière de science, quand on a vu l’erreur se glisser sournoisement au milieu des recherches les plus précises, plus indulgent en matière de religion quand on sait quelles étranges rêveries le seul désir de la foi peut mêler aux inductions les plus logiques. Une part de notre respect appartient à tous les hommes de bonne volonté, à tous les ouvriers du temple futur, aux moins habiles comme aux plus adroits. Si nous tenons à être sévères malgré tout, que ce soit à l’égard des esprits négatifs qui ont détruit sans songer à rebâtir. Ceux-là, on ne peut guère les aimer, mais encore faut-il ne pas oublier que leur œuvre était une conséquence inéluctable de l’imperfection générale. Les philosophes et les historiens modernes ont entrevu la vérité, en reconnaissant que tels désastres dont un malheureux avait répondu au prix de son honneur ou de sa vie avaient eu pour cause réelle l’imprudence d’une nation on d’une race. Mais nous en savons plus à ce sujet que les profanes n’en peuvent deviner et nous l’affirmons sans crainte : chaque fois qu’un juste est mort pour la bonne cause, c’est l’humanité tout entière qui l’a tué. La loi, du reste, est en quelque sorte réversible ; l’effort et la douleur d’un homme servent au développement de tous les peuples. Telle est cette notion de solidarité absolue dont l’esprit de charité et l’esprit de justice découlent logiquement, et qui, bien comprise, fait voir dans l’intolérance une simple absurdité.
L’erreur existera tant que les hommes ne se seront pas unis pour appeler la vérité de toute la force de leur désir. Si nous pouvions examiner l’une après l’autre les différentes doctrines qui ont su sortir de l’ombre, nous reconnaîtrions dans chacune d’elles deux portions bien distinctes, l’une faite d’idées secondaires, intéressantes seulement pour le siècle qui les a vu naître et souvent fausses, l’autre, expression plus ou moins pure de quelque sublime notion. Il en est ainsi non seulement pour les philosophies dont les auteurs ont eu des rapports certains avec quelque centre d’initiation, mais pour tous les systèmes logiquement construits, non seulement pour les religions inspirées à leur origine par l’esprit même qui nous guide encore, mais pour toutes les croyances des peuples civilisés. Dans chaque doctrine, il y a un peu de cette science que la Maçonnerie possède en entier et qu’elle saura répandre autour d’elle quand de nombreux essais de synthèse auront préparé les esprits pour une révélation complète. Rejeter comme inutile et sans examen sérieux l’un ou 1′autre de ces essais serait donc bien à la fois injuste et maladroit.
Il faudrait maintenant rappeler à ceux qui ne s’en souviennent plus que le respect de la conscience d’autrui est nécessaire à l’harmonie sociale. Il faudrait enfin, après avoir parlé à la raison, s’adresser au cœur et lui faire reconnaître dans la tolérance une forme de l’amour. Mais il nous suffit, pour l’instant, d’avoir signalé un oubli de nos devoirs qui menace de nous perdre et qui provient, on a pu s’en convaincre, d’une fausse direction donnée à nos travaux. Personne ici ne songe à faire le procès de tel ou tel atelier. Ce serait méconnaître cette loi de solidarité, qui, si elle, est vraie pour le genre humain, l’est a fortiori pour notre institution. Ce que nous proclamons, c’est la nécessité pour la Maçonnerie tout entière d’étudier plus sérieusement son dogme et ses symboles. Là est le salut pour elle et pour les principes dont elle a la garde. Le chemin tracé par la sagesse antique conduit aux plus hautes vérités intelligibles. A nous de nous élever chaque jour pour atteindre enfin ces cimes baignées d’air pur où les passions, humaines ne sauraient nous suivre.