Patrick Carré poète, philosophe, et Franc-Maçon vient sur GADLU.INFO nous offrir une chronique pour nous parler et donner du « sens », pour recentrer la réflexion sur les Maçons eux-mêmes. Sa signature est « Être bien en soi-même, sans se déconnecter du chaos ambiant« .
Il nous offre ce travail sur ce travail « DEUS MEUMQUE JUS« , devise des Suprêmes Conseils établis dans le monde !
Il fait référence dans cette chronique à son livre « FRANCS-MAÇONS ALCHIMISTES » qui vient juste de sortir, à l’adresse http://liberfaber.com/fr/patrick-carre/
« DEUS MEUMQUE JUS »
La devise « DEUS MEUMQUE JUS » figure parmi les « critères de régularité » du Rite Ecossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.), comme il est écrit dans les Règlements Généraux du Suprême Conseil de France et dans la résolution adoptée par les Suprêmes Conseils réunis à Paris en 1996. Après -L’invocation et la glorification du Grand Architecte de l’Univers, -La présence du Volume de la Loi Sacrée ouvert sur l’autel des serments, -La référence aux textes fondateurs de 1762 et 1768, -L’usage des devises « Ordo ab Chao » et « Deus Meumque Jus » est le quatrième critère, le cinquième et dernier étant -Le respect de la démarche initiatique. Les Règlements Généraux spécifient aussi dans l’article 2 que la devise « ORDO AB CHAO » est celle du Rite, et « DEUS MEUMQUE JUS » celle de tous les Suprêmes Conseils établis dans le monde.
« DEUS MEUMQUE JUS » est la traduction latine de « Dieu et mon droit », devise de la monarchie britannique depuis Henri V (roi d’Angleterre de 1413 à 1422), en ce temps où le français était la langue de l’élite anglaise, ironie de l’histoire maçonnique d’une devise latine substituée au français comme pour la préserver des conflits d’influence géopolitiques franco-anglais, et surtout pour en préserver le sens lié à la double nature de l’homme, comme l’indique sur son site internet le S.C.D.F. : « divine, relevant de l’Être universel dont il procède, et humaine, soumettant ses actes à la seule détermination de sa conscience d’homme libre. » Deux natures non plus superposées mais conjointes, séparées « juste » par un trait vertical comme entre le blanc « et » le noir, c’est-à-dire « à la fois » blanc « et » noir, deux couleurs présentes au R.E.A.A. dès le premier Degré. Pour reprendre les mots des grammairiens, cette double nature est « marquée » par la conjonction de « copulation » « et », qui « se substitue » à la conjonction disjonctive « ou » des conflits binaires.
Dans ses termes essentiels « Dieu et mon droit », Dieu « et » mon Droit se font face. Mon « Droit » s’écrit avec une majuscule, comme émanant du « NEC PLUS ULTRA » au-delà duquel, par définition, il n’y a rien, rien de mieux, car il y a déjà tout. Autrement dit, mon Droit s’inspire des sources du droit, celui des dieux, car aux époques les plus anciennes, quelle que soit la civilisation considérée, le droit, ou plutôt les normes qui s’imposent aux hommes dans tous les aspects de leur vie, sortent de la bouche des dieux. « En ce temps-là » les hommes interrogent « régulièrement » leurs dieux pour « entendre » leurs paroles éclairantes, sans encore s’en remettre et se soumettre aux commandements d’un Dieu unique consignés par écrit « religieusement » dans un Livre.
Sous les auspices de la raison, les mots « mon droit » « en appellent » d’abord à un « droit subjectif », appartenant à un sujet de droit (personnes physiques et morales), qu’on oppose souvent au « droit objectif » désignant l’ensemble des règles et principes qui régissent la vie des sociétés humaines. Leibniz (1647-1715), déiste pour qui « Dieu agit en parfait géomètre », secrétaire de la « Société alchimique » des Rose-Croix de Nuremberg, dont la pensée éclaira celle des initiateurs des futurs « degrés de Perfection » des Rites maçonniques (voir ma chronique sur le site GADLU.INFO « Newton et Leibniz, aux fondements de la pensée maçonnique. » https://www.gadlu.info/newton-et-leibniz-aux-fondements-de-la-pensee-maconnique-par-patrick-carre.html), caractérise ce « droit » subjectif comme un « attribut » du sujet, et tente de « concilier trois concepts du droit : le droit subjectif, l’équité et la charité, c’est-à-dire la justice commutative, la justice distributive et la justice universelle. Après Leibniz, cette conciliation des trois concepts du droit disparaîtra au profit du droit subjectif autour duquel sera élaborée, au XVIIIème siècle, la notion de droit de l’homme (…)
« Leibniz entend réhabiliter le droit subjectif dans la perspective théologique d’une justice divine universelle. Si ce droit subjectif fut historiquement lié à une ontologie individualiste, Leibniz a moins pour objectif de fonder le droit subjectif sur l’individu comme tel, que de passer de l’individu à la relation (à l’autre), pensée en terme d’équité dans la cité de l’homme et en terme de charité dans la cité de Dieu. (Un seul principe unifie et relie ces trois plans : l’amour, principe moteur de la justice) A ce niveau se révèle pleinement le contenu de la définition de la justice comme « charité du sage ». La bienveillance générale est la charité elle-même. (…) Nous ne pouvons peut-être mieux embrasser l’essence de la justice que si nous la définissons comme la charité qui réside dans le sage (car) la sagesse est la science du meilleur et de la félicité. L’idée de la justice universelle de la Cité de Dieu implique l’empire de la sagesse sur l’ensemble des perfections divines. Cette économie des perfections divines fait de l’amour l’élément dynamique de l’idée de justice. Dans le « Codex juris gentium diplomaticus », la définition par Leibniz de la charité par la bienveillance universelle et de la bienveillance par l’habitude d’aimer est suivie de cette définition de l’amour : « Aimer ou estimer, c’est se plaire dans la félicité d’un autre, ou ce qui revient au même, c’est faire de la félicité d’un autre notre propre félicité. »
« Cette définition insurpassable de l’amour comme retour sur soi dans le mouvement même de dépassement vers l’autre, qui fait que ne peut être objet d’amour qu’un être lui-même capable de félicité, pose également que l’amour de Dieu surpasse tous les autres amours car « rien ne peut être conçu à la fois de plus heureux, de plus beau, et de plus digne de félicité que Dieu. Et parce que la puissance et la sagesse sont en lui suprêmes, sa félicité n’entre pas seulement dans la nôtre (…), mais aussi la produit. » Or cette théologie morale de l’amour est précisément et explicitement posée à la source du droit naturel. Se trouve ainsi d’une certaine manière réalisé le projet conçu, selon Leibniz, par de savants hommes qui désiraient que le droit de la nature et des gens soit enseigné selon la discipline chrétienne. La tradition augustinienne de la Cité de Dieu est ainsi reprise dans le cadre d’une doctrine du droit naturel. Mais cette tradition est profondément modifiée parce que l’idée de justice divine relève désormais entièrement de la religion naturelle et de la raison. » (Yves Charles Zarka, L’autre voie de la subjectivité)
Alors, non seulement « rien » n’échappe à l’œil de Dieu, mais « tout » est vu par l’œil du Juste. « Rien n’est négligé (…), tous les cheveux de notre tête sont comptés. » dit Leibniz, inventeur avec Newton du calcul infinitésimal comptant tout, jusqu’aux plus infimes parties du tout. Et parce qu’à la raison éclairée tout apparaît blanc « et » noir, « plus « et » moins juste », et non « plus « ou » moins juste », aucune bonne action ne doit demeurer sans récompense et aucun délit sans châtiment. Les Maçons dont l’amour a « totalement » ouvert les yeux, ne songent plus à les refermer, même sur les parties du tout les plus injustes, parce que leur sens du Droit partiel procède d’une Justice totale et du Principe d’amour qui la régit.
Ils gardent en eux les marques de cet amour dont ils « saisissent » les trois sens grecs principaux: (Ἔρως, Éros, l’amour naturel), (φιλία, Philia, l’amitié, l’amour bienveillant), (ἀγάπη, Agapè, l’amour désintéressé, divin, universel), (le quatrième sens « στοργή, Storgế, l’affection et l’amour familial » relevant pour une part des trois premiers), et accueillent « dans ces marques », presque « naturellement », les trois concepts du droit « naturel » et de la justice « à l’œuvre » de Leibniz : le droit subjectif, l’équité et la charité. La justice et le droit ne sont alors plus seulement des concepts pour le Maçon à l’Œuvre, mais s’animent en lui pour nourrir et régénérer un être juste et droit. En lui coulent le « sang » du Juste et « l’eau des Sages », redonnant vie à la « Pierre » alchimique du Chevalier Rose+Croix, à l’heure du Parfait Maçon.
« Mon droit » (relève de la « raison éclairée »), « cette portion de raison que nous possédons (et qui) est un « Don de Dieu », et consiste dans la lumière naturelle qui nous est restée au milieu de la corruption ; cette portion est conforme avec le tout, et elle ne diffère de celle qui est en Dieu, que comme une goutte d’eau diffère de l’Océan, ou plutôt comme le fini de l’infini. » (Leibniz, Théodicée) La théologie naturelle de Leibniz est cette connaissance implicite de Dieu qui existe dans tout esprit rationnel. La philosophie naturelle, qui gît dans la connaissance de Dieu, de l’âme, des esprits, provient de la lumière naturelle ; elle ne se répand pas seulement ensuite dans la Théologie révélée, mais elle sert de base inébranlable à l’édifice immense de la jurisprudence, au droit de la nature, droit des gens, droit public, à la politique, en un mot à toutes les lois de la société.
« Mon droit » infuse dans l’action des Chevaliers de l’Esprit reliant ce qui est en haut « dans et par le Principe » à ce qui en bas « en droit ». « Connaître, Aimer, Agir » ne sont pas seulement trois plans de connaissance et de conscience, mais des niveaux de « réalisation » de l’initiation maçonnique par lesquels ces niveaux, tout en étant disjoints se relient dans le ternaire dynamique d’un delta de trois « points de droit » « conjoints », et éclairent le ternaire des niveaux de sa « profession de foi : « je respecte la liberté de conscience, de pensée et d’expression ». L’initiation au R.E.A.A. se concentre dans la dynamique et la tension instaurées entre ces deux modèles de ternaires, l’un où trois points se suivent linéairement, l’autre où ils forment un delta, l’un où les niveaux de connaissances se succèdent dans les trente-trois degrés du R.E.A.A., symbolisant le travail de perfectionnement de l’initié, et l’autre où un delta initial révèle dès l’origine à l’initié la finalité du Rite.
Mais cette représentation spatiale en trois points de l’espace de travail intérieur de l’initié, n’est pas celle du temps durant lequel ce travail se réalise à chacune des étapes de son perfectionnement, et encore moins celle de l’œuvre globale d’épanouissement spirituel qu’il accomplit. Le R.E.A.A. réserve essentiellement aux symboles alchimiques dont il parsème ses degrés cette représentation temporelle (voir mon livre « FRANCS-MAÇONS ALCHIMISTES » http://liberfaber.com/fr/patrick-carre/), rétablissant dans une préséance absolue le temps de Dieu et le temps du Chevalier, ou de l’Artiste, tout en préservant le secret de leur mise en œuvre. Ainsi, les mots « DEUS MEUMQUE JUS » s’inscrivent sous l’aigle bicéphale sur un « phylactère », du grec « φυλαχτήριον », formé de « φυλάσσω, garder, préserver », et de «τηρέω, conserver », indiquant la fonction de cet ornement chargé de préserver le sens occulte de l’expression qu’il souligne. C’est le signe, le sceau de cette Sagesse qui se tient en garde contre les méchants ainsi que l’indique Platon : « Σοφία ῆ περι τοὑς πονηροὑς φυλαχτιχή », comme le Chevalier Kadosch se met en garde lui-même contre l’injustice.
Ce secret se révèle, sans se dévoiler pour autant, dans la double dimension temporelle de la devise « DEUS MEUMQUE JUS » illustrant l’Œuvre alchimique : le temps des « poids de l’Art » illustré par des choix de concepts, ici la Justice et le Droit, nourrissant la raison raisonnante, et le temps du « poids de Nature » relatif aux liens et « rapports » établis entre ces concepts par la raison « éclairée ». Dans le temps de l’Art, les philosophes combinent les concepts d’ « Etre Juste » et « Etre Droit » comme les alchimistes mélangent leurs principes « Mercure » et « Soufre », pour que dans un temps de Nature ne dépendant que de Dieu, ils s’interpénètrent et deviennent ensemble « Mercure philosophique » (ou animé, libéré), matière de la Pierre philosophale, « mon droit » actif de l’« Etre Sage ». « Si les poids de l’Art sont connus de l’Artiste et rigoureusement déterminés par lui, en revanche, le poids de Nature est toujours ignoré, même des plus grands maîtres. C’est là un mystère qui relève de Dieu seul et dont l’intelligence demeure inaccessible à l’homme. » (Fulcanelli, Les Demeures philosophales)
Autrement dit, si le temps des pensées « con-sacrées » à la Justice et au Droit se mesure « régulièrement », le temps « sacré » où s’affirme « en Sagesse » « mon Droit » change d’unité de mesure du temps, car émanant de l’Unité elle-même, Dieu. Dans ce temps où l’imaginaire déploie ses ailes, les temps « initiaux » de Dieu et de « mon Droit » semblent s’« entre-lacer » comme leurs deux « initiales majuscules » « D » inversées, et une barre horizontale s’y « super-poser », formant un « H » avec les deux barres verticales des lettres « D ». « On sait que l’alchimie est fondée sur les métamorphoses physiques opérées par l’« esprit », dénomination donnée au dynamisme universel émané de la divinité, lequel entretient la vie et le mouvement, en provoque l’arrêt ou la mort, évolue la substance et s’affirme comme le seul animateur de tout ce qui est. Or, dans la notation alchimique, le signe de l’« esprit » ne diffère pas de la lettre H des latins et de l’êta des Grecs. L’« esprit », agent universel, constitue, dans la réalisation de l’Œuvre, la principale inconnue dont la détermination assure le plein succès. Mais celle-ci, dépassant les bornes de l’entendement humain, ne peut être acquise que par la révélation divine.
« Dieu, répètent les maîtres, donne la sagesse à qui il lui plaît et la transmet par l’Esprit-Saint, lumière du monde ; c’est pourquoi la science (l’alchimie) est dite un « Don de Dieu », autrefois réservé à ses ministres, d’où le nom d’Art sacerdotal qu’elle portait à l’origine. » (…) Ainsi, le « Donum Dei », connaissance révélée de la science du Grand-Œuvre, clé des matérialisations de l’esprit et de la lumière « Ἥλιος », apparaît incontestablement sous le monogramme du double D (« Donum Dei ») uni au signe de l’« esprit » (H), initiale grecque du soleil, père de la lumière, « Ἥλιος ». (…) Cette manifestation de l’esprit, ou sublimation du corps, doit se faire progressivement et il faut la réitérer autant de fois qu’on le jugera expédient. Chacune de ces réitérations prend le nom d’« aigle » (…) Le mot grec « αἴγλη », d’où les sages ont tiré leur terme d’« aigle », signifie « éclat, vive clarté, lumière, flambeau. » « Faire voler l’aigle », suivant l’expression hermétique, c’est faire briller la lumière en la découvrant de son enveloppe obscure. » (Fulcanelli, Les Demeures philosophales)
Que vole l’aigle bicéphale du R.E.A.A., blanc et noir de tous les contrastes attestant de l’Œuvre en cours de l’initié Franc-Maçon, « enserrant » le glaive de l’esprit universel, unique agent de ses métamorphoses.
Octobre 2015 – Patrick Carré
Patrick Carré, né le 14 janvier 1953, est poète, philosophe, et Franc-Maçon français. Son œuvre littéraire et artistique comprend un nombre considérable de poèmes et de textes philosophiques principalement sur l’Initiation Traditionnelle à la vie spirituelle.
Initié à 23 ans à la Grande Loge de France, il est membre de la Juridiction du Suprême Conseil de France, de Rite Ecossais Ancien et Accepté. Il est membre de la Loge Art Royal, Grande Loge de France, à Versailles.
Diplômé de Philosophie (Faculté de Rennes), de Gestion (IGR et Enass), d’Arts Plastiques (Institut Van der Kelen-Logelain à Bruxelles et CAP de potier tourneur).
Son site internet « Patrick Carré Poésie » http://www.patrick-carre-poesie.net/ de 1000 pages, premier site de langue française d’études et de poèmes d’un Franc-Maçon avec plus de 800.000 visiteurs, concentre ses travaux et recherches sur l’Initiation Maçonnique, en particulier tous les degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA), symbolisant l’Œuvre alchimique de perfectionnement et de transformation intérieure des Maçons.
Les poèmes de Rudyard Kipling sont nombreux et il ne cache jamais la partie maçonnique de sa vie (Si, Ma Loge mère, …).
Ici, c’est la Solidarité, l’aide apportée par l’Hospitalier, qu’il met en évidence.
L’Envoi ( to life ‘s handicap )
Ma Pierre nouvellement taillée, reçoit sa Lumière Là, où d’un pur cramoisi, les fenêtres flamboient. A côté de mon œuvre, avant que ne vienne la nuit, Ô Grand Surveillant, je fais ma prière.
S’il y a du bon dans ce que j’ai fait, Ta main m’y a contraint Grand Maître, la Tienne ! Là où j’ai failli, en ne rejoignant pas Ta pensée, Je sais, grâce à Toi, que la faute fut mienne.
Un instant d’effort que je T’ai refusé Restera, telle une offense éternelle ! Mais, de ce que j’ai pu faire avec Toi pour guide, Pour Toi, grâce à Toi, que ce soit le meilleur !
Toi qui, lorsque tous pensent que le Paradis est perdu, Dépose ce même Paradis dans l’esprit du Franc-maçon, Afin qu’il médite, tel un dieu devant son propre ouvrage, Et puis qu’il revienne, tel un homme auprès de son Dieu.
De la profonde irréalité de mes rêves ambitieux, Des sentiers amers où souvent je me suis égaré, Tu sais parfaitement, Toi, qui en a fait le Feu, Tu sais parfaitement, Toi, qui en a fait l’Argile.
Une Pierre seulement s’ajuste à sa bonne place, Dans le Temple redoutable de Ta Divine Valeur ; ( Et ) c’est assez déjà, que Tu m’as fait la Grâce, De n’avoir rien vécu d’ordinaire sur Ton monde ici-bas.
( Alors ) ne retire pas cette vision d’entre mes certitudes, Et que rien ne vienne la gâcher ou ternir : Aide-moi à ne pas dépendre du secours des hommes, Pour qu’il me soit permis d’aider ceux qui en ont besoin ! D’après Rudyard KIPLING.
Aux temps anciens vécut en Chine un Roi nommé Yin. Il eut un fils nommé Yang et son éducation fut confiée à l’architecte Lao, homme savant aux paroles rares. Quand Yin mourut Yang partit à la conquête du monde, et conquit un empire qui s’étendait à toutes terres connues.
A son retour, il connut rapidement l’ennui et convoqua son ministre Lao et lui dit : «Je t’ordonne de construire le plus formidable labyrinthe jamais imaginé. Dans sept ans, je veux le voir, devant moi, dressé sur la plaine. Je partirai à sa conquête, si j’en découvre le centre, tu seras décapité. Si je m’y perds, tu régneras sur mon empire ».
Lao accepta.
Pourtant l’architecte reprit le cours de ses activités ordinaires et parut oublier l’œuvre ordonnée.
Au dernier jour de la septième année, l’empereur Yang lui demanda où était le labyrinthe. Alors Lao lui tendit un livre et dit : «Le voici, c’est l’histoire de ta vie, quand tu auras trouvé le centre tu pourras abattre ton sabre sur mon cou ».
C’est ainsi que Lao conquit l’empire de Yang. Bien entendu il le refusa car il possédait la sagesse.
Le seul labyrinthe digne de conquête, c’est nous-même. En nous sont les impasses, les chausse-trapes, les couloirs obscurs, les perditions, mais aussi les voix secourables. En nous est l’étrange et douloureux chemin qui conduit au centre, découverte d’un savoir qui nous vient au travers de nos pires errances.
Ce savoir a une saveur douce amère mais il n’est rien de plus précieux que cette saveur car où elle est ne sont plus ni la peur, ni la mort.
Connais-toi toi-même : voilà la porte, maintenant, va, le gardien du seuil se tait, se défait comme une figure rêvée : l’homme entre, il tâtonne en aveugle, avance, palpe les murailles, les perd, survivra-t-il ? son voyage sera le plus périlleux mais le plus essentiel qui soit. Il n’en est pas d’autre, on ne va jamais qu’à la rencontre de soi-même, parmi les pièges de la vie.
C’est ce que figurent tous les Labyrinthes et Mandalas du Monde, qu’ils soient inscrits, bâtis, dansés ou racontés. Du labyrinthe de Knossos à la «danse des pas de grues» qui perpétue le cheminement de Thésée, en passant par les contes et légendes qui décrivent presque toujours un voyage héroïque, semé d’épreuves et d’embûches vers une lumière promise. La quête de Perceval le Gallois, poursuivant inlassablement le Graal, n’est autre qu’une chevauchée labyrinthique vers un centre, un lumineux essentiel.
Il est vrai que la représentation graphique est plus franche et évite à celui qui la contemple la distraction de l’anecdote.
Des premiers Labyrinthes inscrits dans l’argile, au Labyrinthe de Chartres, les traits lentement se sont épurés, la représentation du symbole est passée de l’instinctif à l’esprit, mais l’essentiel est demeuré immuable : la vie n’est qu’apparemment hasardeuse. Elle doit conduire quelque part où tout s’éclaire. Le Monde a son soleil, ce qui est au dedans de nous est comme ce qui est au dehors, chaque •Homme doit donc porter un soleil intime.
Le Labyrinthe du moyen-âge, palliatif à l’impossibilité du voyage à Jérusalem, avait une fonction rédemptrice pour le pèlerin des cathédrales et là, nous pouvons trouver la preuve de sa représentation d’une quête vers le sacré, apparemment errante et désorientée, si l’on ne prend pas en considération l’intention du pèlerin dont. le but est le centre. Cette intention est son orientation. Inaccessible pour le Profane puisque cette Orientation n’est pas sur le même plan de compréhension.
Cette démarche n’est pas seulement intellectuelle, mais lente intégration de la connaissance par le corps et l’âme. Subtile alchimie née de la confrontation de l’intention, qui est la direction, avec l’expérience, qui est le cheminement de l’initié.
Cette quête n’est plus errance car elle a pris tout son sens, déambulation d’occident en orient, d’apprenti à compagnon, à la recherche du centre, de la chambre du milieu.
Atteindre la chambre du milieu est une étape ; une fois le centre du labyrinthe atteint, même si l’initié a trouvé son axe, son travail est loin d’être terminé.
Cet axe, fil d’Ariane, fil de Lumière, servant de guide à l’élévation sur la verticale, passage très progressif du Moi anecdotique, personnel, à un Moi plus dépouillé, à un dégonflement de l’Ego, à un élargissement de la conscience symbolisés, chez nous, par l’ouverture progressive du compas, premier pas vers la connaissance de soi et du soi.
Si parfois le Mandala est labyrinthique, en général il est quintessence du Labyrinthe unique expression du centre, figuration et symbolisation de la structure cosmique et de la potentialité divine en l’homme.
La précision du rituel qui s’y rattache ainsi que le verbe représenté par ses Mantras peuvent être comparés au rituel de la Loge, par l’exigence de l’effort de concentration, base de la méditation. Pénétrer le Mandala, c’est aller à la recherche de soi-même et du Divin en soi.
Le Mandala représentation de la Totalité, de l’Un, est le Centre virtuel puisque tracé, immobile et immuable. Si l’on atteint ce Centre, il y a déplacement de l’Axe de la personnalité, changement de point de vue et de perception, découverte d’un nouveau pôle, le soi. Mais tout ceci sans abstraction du Moi, car ce serait la triste expérience faite par les existentialistes, mais plutôt réconciliation avec le Moi idéal. Celui-ci passant d’unique dimension de l’individu à un état de satellite du Soi. Passage de l’horizontalité à la verticalité, ordre de valeur supérieur à l’Ego.
Le Soi n’est pas uniquement une recherche au niveau de l’individuel car il est synthèse de l’individuel et du collectif, il implique l’union du principe de plaisir et du principe de réalité. Comme le disait C.G. Jung : «Il nous rattache à la conscience collective, le Soi est l’union des contraires, un archétype qui réunit le momentané et l’éternel, l’individuel et le collectif». Aussi un des symboles du Soi est-il l’androgyne ou l’homme cosmique, ce que nous retrouvons au centre du Labyrinthe dans la figure, Christ ou Jésus, et au centre du Mandala, par la Fleur de Lotus, principe Divin ou bien le Bouddha image de l’homme réalisé.
Que ce soit par le cheminement dans le Labyrinthe ou par la méditation face au Mandala, le résultat du processus devrait être la transformation du regard et de l’être de l’Initié. Il sera alors dans l’acceptation et le lâcher prise, il pourra entrer dans le discernement et l’entendement et tirera les leçons que la vie lui présente pour transmuter le plomb en or.
Ce processus n’est pas l’effet d’un libre-arbitre soumis aux impulsions du Petit Moi mais libre arbitre dans la seule vraie liberté, celle qui est faite d’une adhésion sereine à un Ordre dépassant la finitude de l’Humanité, comparable à l’Amor Fati des Stoïciens, à l’abandon Chrétien ou à la vacuité Taoïste.
Sur le chemin vers la Lumière à travers le Labyrinthe et jusqu’au Mandala, passons du Monde Créé au Monde Créateur, alors la Lumière qui éclaire nos Travaux dans ce Temple brillera au dehors.
Bernard Delapeyre
Publié dans le PVI N° 78 – 3éme trimestre 1990 - Abonnez-vous : PVI c’est 8 numéros sur 2 ans
Il n’y a pas si longtemps, les cosmologistes ont commencé à accepter la possibilité que l’univers soit une structure parfaitement planifiée et qu’il soit construit d’une certaine manière. La croyance selon laquelle il était statique et égal partout a commencé à être remplacée par l’idée d’un « être » en constante évolution, où les lois naturelles fonctionnent comme une sorte de « constitution » régulant ce processus.
En ce sens, ces scientifiques ont même commencé à considérer la possibilité d’une soi-disant « hypothèse de Dieu », admettant finalement l’existence d’un Esprit Universel à l’origine de cette planification. Ces découvertes ont été facilitées par les méthodes scientifiques utilisées par ces chercheurs dans leurs recherches, qui montrent, dans l’organisation structurelle de la matière physique, une similitude troublante avec l’organisation de l’univers lui-même dans sa structure cosmique. Avec ces coïncidences, parfaitement probables par les mesures scientifiques, il n’est plus possible d’admettre pleinement que l’univers soit régi uniquement par des lois mécaniques, sans qu’une Volonté organise ce processus, comme on l’admettait auparavant dans le monde scientifique.
Simon Laplace, le célèbre mathématicien, a par exemple déclaré que Dieu était une hypothèse parfaitement inutile. Mais lorsque nous examinons la structure d’un atome et celle d’un système planétaire, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer l’étroite similitude entre les deux. C’est en ce sens que la recherche sur la structure interne de la matière a révélé aux scientifiques le secret de la constitution de l’univers, et on y constate de plus en plus la présence d’une « Volonté » qui le gouverne.
On sait aujourd’hui que l’univers est constitué de telle manière qu’il est difficile, voire impossible, de ne pas penser à un ordre naturel gérant le processus de sa formation. Cette découverte est suggérée par le fait qu’il est possible de reconnaître, dans le processus de génération de matière universelle, l’existence de trois fonctions qu’il serait impossible de trouver dans un ordre purement mécaniste : la complexité , qui permet aux éléments constitutifs de la matière physique s’organiser selon des degrés de complexité toujours plus élevés ; la mutabilité , qui permet le changement progressif de ses compositions et la pérennité , qui permet le changement de sa structure sans toutefois éliminer les propriétés particulières de ses composants.
Tout cela n’est possible qu’en existence d’un système parfaitement planifié, tel que Mallowe l’a défini.
Dans l’une de ses œuvres les plus intéressantes, le physicien Stephen Hawking situe le début des temps à la naissance de l’univers connu, un moment appelé le big bang .
Ainsi, le temps, pour les scientifiques, a commencé avec l’espace, et c’est pourquoi il est toujours représenté par deux lignes qui commencent à un point zéro et s’allongent dans la même proportion, en flèches orientées dans deux dimensions : la dimension du temps, qui fait nous pensons à l’éternité et à la dimension de l’espace, ce qui nous fait penser à l’infini.
Lorsqu’on commence à spéculer sur ce sujet, une question intrigante se pose : si c’était Dieu qui a créé l’univers, qu’était-il et qu’a-t-il fait avant de commencer à le créer ? Est-ce que cela existait déjà avant cela ? Ou est-Il « né » avec l’univers ?
« Il y a environ 15 milliards d’années », écrit Hawking, « toutes (les galaxies) auraient été superposées et la densité aurait été énorme. Cet état a été appelé atome primordial par le prêtre catholique Georges Lemaiter, le premier à enquêter sur l’origine de l’univers que nous appelons aujourd’hui le big bang .
A partir de ce moment, selon cette thèse, l’univers, qui était contenu dans cette région extrêmement chargée d’énergie, devint une immense bulle de gaz qui ne cessa de se dilater .
La Bible, lorsqu’elle consigne ce fait, n’est pas moins métaphorique et mystérieuse que les recueils scientifiques qui cherchent à expliquer comment l’univers est né. Elle dit qu’« au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Mais la terre était informe et vide, et les ténèbres couvraient la face de l’abîme. » Et puis, des ténèbres, Dieu a fait sortir la lumière. Et Dieu vit que la lumière était bonne et la sépara donc des ténèbres .
Le texte biblique semble suggérer que Dieu existait déjà avant de commencer à créer l’univers. Ainsi, Il ne peut pas être l’univers, comme le prétendent les adeptes du panthéisme, qui identifient Dieu à sa propre création, comme s’il s’agissait de quelque chose capable d’exister par lui-même .
La Bible identifie Dieu comme « l’Esprit qui se déplaçait sur les eaux ». Une expression énigmatique qui ne peut jamais être expliquée de manière satisfaisante dans la logique commune, car, si le monde était encore de pures ténèbres et la terre était informe et vide, quelles étaient ces « eaux » sur lesquelles se déplaçait l’Esprit de Dieu ? Car, apparemment, ils existaient déjà avant que Dieu ne sépare la lumière des ténèbres. Cependant, à la lumière des spéculations modernes, ainsi que des inspirations apportées par l’étude de la Kabbale, la Bible nous donne en réalité une identification et une idée de ce qu’était Dieu avant la création du monde : Il était « Esprit », peu importe le sens. le chroniqueur biblique a voulu donner à cette expression. En d’autres termes, c’était l’énergie des commencements, « qui tournait autour d’elle-même », se compactant et générant une pression sur un centre qui, à un moment donné, devait se briser.
Mais une question restait sans réponse : que faisait Dieu avant la création du monde ?
Ces spéculations sont devenues si intrigantes que les rabbins eux-mêmes, producteurs et commentateurs des textes bibliques, ont dû se creuser la tête pour répondre à la multitude de questions qui se posaient à ce propos. C’est alors que naît parmi les maîtres kabbalistes ce qu’on appelle la Grande Assemblée Sacrée , qui désigne un groupe de rabbins dédiés à l’étude de la personnalité de l’Être Suprême, de sa nature et de ses attributs. Des spéculations produites par ce groupe a émergé ce qu’on appelle Siphra Dtzenioutha , connu sous le nom de « Livre du mystère caché », la partie la plus mystérieuse du Sepher ha Zhoar, la bible kabbaliste .
Pour répondre à la question intrigante de savoir qui (ou quoi) Dieu était et ce qu’il a fait avant de commencer à créer l’univers physique, ces érudits ont créé les concepts d’« existence négative » et d’« existence positive », termes utilisés par les pratiquants de la Kabbale mystique. pour désigner Dieu « avant » et « après » la création du monde. Dans ce système, Dieu (Ain en hébreu) est considéré comme une forme « d’énergie » qui, à un moment donné, s’est étendue hors d’elle-même, devenant l’univers matériel (Ain Sof Aur- איןוף). Ce terme, dans la Kabbale, signifie Lumière Illimitée. C’est la lumière qui se propage à travers le néant cosmique, donnant naissance à tout ce qui existe. Cette vision mystique de la naissance de l’univers, exprimée dans le Livre des Mystères Cachés ( Siphra Dtzenioutha ), est définie par la phrase mystérieuse « avant que l’équilibre ne soit consolidé, le visage n’avait pas de visage » .
Ici s’insère l’idée étrange qu’avant de créer le monde, c’est-à-dire avant que Dieu ne se manifeste comme une existence dans le monde des réalités sensibles, il existait déjà comme une puissance qui, bien que non manifestée, contenait déjà tous les attributs de l’être manifesté. univers. Il était déjà toutes choses , qui vivaient une « existence négative », que l’esprit humain ne peut pénétrer précisément parce qu’il ne peut concevoir qu’un plan d’existence positive, où les actions peuvent être identifiées et leurs causes enregistrées.
Maintenant, comment capter une réalité qui dépasse notre capacité de mentalisation ? Nous savons qu’elle existe parce que ses manifestations émanent du niveau de la réalité sensible et sont à l’origine de phénomènes observables et mesurables. Qui sait définir ce qu’est l’électronique, par exemple ? Nous savons comment il se manifeste, comment il agit et nous avons même appris à l’utiliser à nos fins, mais ce que c’est, aucun scientifique ou philosophe, jusqu’à présent, n’a osé le dire .
« Avant que l’équilibre ne se manifeste, le semblant n’avait pas de semblant » est une manière métaphorique d’expliquer ce que notre langage ne peut pas articuler dans un discours logique. Les kabbalistes ont donc recours à une figure de style, ou à un symbole, pour dire que la création divine existait déjà avant d’exister. En d’autres termes, avant que l’univers n’acquière une forme, il était déjà dans l’esprit de Dieu, comme une présence sans forme et sans nom, impossible à imaginer par l’esprit humain. C’était le Chaos primordial lui-même, selon les mots des philosophes gnostiques, qui, en « s’échappant » de lui-même, acquérait une certaine organisation.
Dieu existait déjà avant d’être l’univers. Ou comme le dit Rosenroth « l’univers entier est le vêtement de la Divinité : non seulement Il contient tout, mais Il est Lui-même tout et existe en tout ». C’est une autre manière de dire que Dieu, dans son Existence Négative, est « l’Esprit qui se déplace sur les eaux » et que dans son « Existence Positive », il est l’univers lui-même .
Une autre vision de cette réalité peut se présenter sous la forme d’une analogie, suivie d’un symbole intermédiaire. Les adeptes de la Kabbale mystique disent que « Dieu est pression » et que sa manifestation dans le monde des réalités phénoménales se présente sous la forme d’un cercle dont le centre est partout et dont la circonférence n’est nulle part. Nous savons que tout cercle a un centre et une circonférence. Le centre est le point d’où il émane et la circonférence est une corde qui le limite. Dire que le centre du cercle est partout et que sa circonférence n’est nulle part, c’est parler d’un espace qui ne commence nulle part et ne finit nulle part, d’une dimension sans début ni fin.
Ou comme le dit Mac Gregor Mathers :
« L’océan sans limites de lumière négative ne vient pas d’un centre, car il n’en a pas. Au contraire, c’est cette lumière négative qui concentre un centre, qui est la première des sefiroth manifestées, Kether, la Couronne ..
Ainsi, cette idée de divinité répond au besoin qu’a l’esprit humain de localiser un début pour l’univers et d’imaginer, non pas une fin, mais un but. Ainsi, la dimension de l’Existence Négative est un moment antérieur à toute manifestation de la Divinité dans le champ des réalités positives, c’est-à-dire un état latent de pouvoir concentré en lui-même, qui à un moment donné a cédé la place à la « pression » interne de son propre potentialité et « s’est généré lui-même ». Au sens figuré, le big bang serait la « naissance de Dieu », qui, symboliquement, pourrait être représentée par un point à l’intérieur du cercle, comme le fait Madame Blavatsky dans sa cosmogonie de la Création.
Par analogie avec le concept biblique de la création, on pourrait dire que le big bang des scientifiques équivaut au moment où Dieu « sépara la lumière des ténèbres », c’est-à-dire le moment où le Grand Architecte de l’Univers « pensa » l’univers, dans la tradition maçonnique.
C’est là la base de la formidable architecture universelle que l’intelligence des sages rabbins d’Israël a conçue et que la sensibilité mystique des esprits qui ne se contentent pas de vivre dans le territoire étroit que le langage logique nous oblige à rester a adopté. Parmi eux se trouvent les francs-maçons spiritualistes, qui voient dans leur art bien plus qu’une simple pratique sociale et politique, dérivée d’une tradition qui incorpore des idées ésotériques.
Le concept selon lequel Dieu est le Grand Architecte de l’Univers a été utilisé dans de nombreux systèmes de pensée et le christianisme mystique l’a adopté dans plusieurs de ses manifestations. Des illustrations de Dieu en tant qu’architecte de l’univers peuvent être trouvées dans nos Bibles depuis les premiers siècles du Moyen Âge et ont été régulièrement utilisées par les érudits chrétiens de toutes tendances.
Saint Thomas d’Aquin, par exemple, l’un des philosophes les plus respectés de l’Église catholique, soutenait l’existence d’un Grand Architecte de l’Univers , qui serait la Cause Première de toutes choses. À son tour, Jean Calvin, l’un des promoteurs les plus influents de la Réforme protestante, se réfère également à Dieu comme étant une sorte d’architecte, puisque son œuvre de construction de l’univers matériel, du cosmos et de l’univers spirituel (l’humanité dans son histoire morale) ) ressemble à la construction d’un grand bâtiment.
Dans la franc-maçonnerie, le terme Grand Architecte de l’Univers est une métaphore qui, à ses origines, s’inspire de la Kabbale. C’était un terme appliqué à la divinité par les francs-maçons opératifs, bâtisseurs de cathédrales et de grands ouvrages publics, qui voyaient en Dieu l’auteur des plans structurels de l’édifice cosmique et, par analogie, de l’humanité. En ce sens, le monde physique et le monde spirituel ont été construits sur la base d’une stratégie développée par Dieu, qui a opéré comme s’il était un architecte, en pensant aux plans de l’univers et ses maîtres (anges) et maçons (hommes) l’ont construit. .
Il s’agissait d’une idée tirée de l’interprétation kabbalistique de la Bible, car la Kabbale voit l’univers comme s’il s’agissait d’un bâtiment construit en dix étapes de manifestation du pouvoir divin, symbolisé par ce qu’on appelle l’Arbre de Vie, ou Arbre Séphirotique. , un symbole au contenu ésotérique extraordinaire, qui se prête aux analogies et aux conclusions les plus diverses, unissant la mystique des anciennes religions orientales aux découvertes modernes de la physique atomique.
Le terme « Grand Architecte de l’Univers » a également été approprié par la philosophie gnostique, un système de pensée dans lequel le Créateur « génère » un couple royal (le Christ et Sophie, la première paire d’éons), à partir duquel la sagesse (la gnose) est amenée à le monde.
A travers les actions de ce « couple cosmique », naissent des « éons » (des anges pour les uns, des archétypes pour les autres) qui guident les hommes dans leurs actions. C’est ainsi que le monde et l’homme sont construits, le Grand Architecte élaborant les plans structurels et ses agents travaillant à leur exécution.
Ainsi, le Grand Architecte de l’Univers, que les francs-maçons, dans leur langage symbolique, abrègent en G∴ A∴ D∴ U∴, est le terme utilisé pour représenter Dieu dans son œuvre d’architecture cosmique. Les anges sont ses maîtres surveillants et les hommes sont ses maçons. De cette façon, le cercle mystique qui explique la manière maçonnique de penser le début de l’univers est fermé et une justification pour laquelle l’Art Royal les traite de cette manière est ouverte pour tous les thèmes de son catéchisme.
Le G∴ A∴ D∴ U∴ est donc un symbole qui représente « l’hypothèse divine » des scientifiques, car ce n’est qu’à travers cet outil linguistique que l’esprit humain peut concevoir des réalités qui sont hors de portée de sa capacité à « logiquer » les phénomènes naturels.
Tout, pour être compris, doit avoir un début. Dieu est le commencement. Il ne suffit pas au franc-maçon de le considérer comme un vieil homme à barbe blanche, semblable à un vieux patriarche biblique, qui cherche à créer et à entretenir sa famille confinée dans les traditions d’un clan, et il ne partage pas non plus, dans la franc-maçonnerie, avec la vision – par beaucoup qualifiée de scientifique – qui voit la Divinité guider un processus de création qui ressemble au travail d’un éleveur sélectionnant sa progéniture pour améliorer son espèce. Au contraire, l’idée est que nous sommes ici en tant qu’employés de Lui, construisant quelque chose qu’Il a conçu. C’est pourquoi le Franc-Maçon est le maçon de l’œuvre universelle, et Dieu est le Grand Architecte de l’Univers.
De cette manière, pour la Franc-Maçonnerie, l’Hypothèse de Dieu a déjà été suffisamment prouvée.
João Anatalino Rodrigues
(Résumé de « Kabbale et franc-maçonnerie – L’influence de la Kabbale sur les rites maçonniques » – publié par Editora Madras, 2018.)
Lors d’une conférence-débat du Forum Veritas organisée par les Groupes Bibliques Universitaires (GBU) à Paris, le philosophe Éric-Emmanuel Schmitt et le pasteur Thomas Hodapp ont engagé une profonde discussion sur l’essence de la foi.
Le pasteur baptiste Thomas Hodapp insiste sur le fait que la foi ne doit pas être considérée comme un saut aveugle dans l’irrationnel ou une fuite de la réalité. Il définit plutôt la foi comme une confiance raisonnée, fondée sur des faits historiques, plutôt que comme une simple croyance sans preuve. Il illustre son propos en opposant deux scénarios d’alpinistes perdus en montagne : l’un s’appuie sur une intuition sans fondement, tandis que l’autre se fie aux conseils dignes de confiance d’un guide de montagne expérimenté.
En réfléchissant à son propre parcours, de l’athéisme à la foi, le philosophe Éric-Emmanuel Schmitt reconnaît les complexités et les défis de la croyance. Sa formation universitaire en philosophie a initialement renforcé son scepticisme. En étudiant des penseurs comme Diderot et Kant, il développe une approche critique de la religion, considérant souvent la foi comme une illusion. Cependant, au fil de ses recherches, Éric-Emmanuel Schmitt commence à ressentir un vide spirituel et une quête de sens.
Cette introspection le conduit à explorer différentes traditions spirituelles et religieuses. Il lit des œuvres de mystiques et de théologiens, cherchant à comprendre la nature de l’existence et la place de l’homme dans le cosmos.
Son intérêt pour la littérature et le théâtre joue également un rôle clé dans son parcours. Écrivant des pièces qui questionnent les thèmes de la foi, de l’amour et de la souffrance, Éric-Emmanuel Schmitt trouve une nouvelle manière d’aborder les grandes questions existentielles.
Finalement, ce cheminement personnel l’amène à une conversion spirituelle, où il reconnaît la valeur de la foi non pas comme une simple croyance, mais comme une expérience enrichissante et transformatrice. Aujourd’hui, il partage sa vision à travers ses écrits, cherchant à inspirer les autres à explorer leur propre spiritualité.
Pour Éric-Emmanuel Schmitt comme pour Thomas Hodapp, la foi implique une responsabilité : une décision consciente de s’engager et d’embrasser les complexités de la vie et de la spiritualité. Pour eux, la foi est une interaction dynamique entre la grâce divine et le choix humain, invitant les participants à réfléchir à leurs propres croyances et expériences.
Production : Forum Veritas – fr.veritas.org Intervenants : Éric-Emmanuel Schmitt, Thomas Hodapp
Comprendre les divisions maçonniques qui favorisent les conflits internes !
Dernière mise à jour : 25 janv. 2022
Aujourd’hui, on pourrait identifier 12 sujets de division qui « fracturent » le paysage maçonnique ; cela concerne, avec des spécificités, toutes les régions du monde ; nous les présentons ci-dessous sur la carte de la France dans un ordre aléatoire sans rapport avec la zone géographique :
La laïcité :
Pour les défenseurs d’une laïcité « étendue », la loi de 1905, qui impose aux églises de ne pas intervenir dans le fonctionnement de l’état, doit aussi se comprendre comme une interdiction pour les citoyens d’afficher leurs convictions religieuses dans l’espace public ;
Pour les défenseurs d’une laïcité « classique », si la loi de 1905 concerne les relations des églises avec l’état républicain, on doit prendre en compte la diversité religieuse dans le cadre d’une liberté de conscience qui tolère, dans l’espace public, le port d’objets religieux.
La régularité
La Grande Loge Unie d’Angleterre par la référence aux landmarks est en droit de décider qu’elle est, dans chaque pays, l’obédience reconnue et donc « régulière » ;
Pour les « libéraux » c’est un dogme incompatible avec la liberté de conscience.
Le centralisme (en France, le parisianisme)
Pour les provinciaux, les sièges parisiens des obédiences induisent une ségrégation inacceptable ;
Il n’y a pas de problème , les « parisiens « sont les éléments les plus performants et dynamiques !
Le sexisme
Les femmes n’ont pas leur place dans les loges et si elles viennent c’est pas pour se mélanger aux hommes
La mixité est l’avenir d’une humanité libérée.
Les conflits d’intérêts
Certains franc-maçons font manifestement jouer leurs intérêts personnels lorsqu’ils occupent des fonctions maçonniques
On exagère , c’est de la polémique !
La politique
On ne peut être « aveugle » sur l’engagement politique : Il y a les loges de gauche et les loges de droite, sans parler des maçons d’extrême droite , et chacun se renvoie la balle pour savoir qui est « parjure » ; il y a aussi dans certains les obédiences proches du pouvoir qui font régner un autocratisme.
La politique fait partie de l’intimité du maçon et on ne doit pas en faire référence en loge !
Les hauts grades
C’est la « crème » de la maçonnerie !
C’est un système hiérarchique qui tente de s’imposer face aux loges bleues !
Les égos
Sujet tabou à ne pas évoquer !
Une réalité en contradiction avec notre démarche !
Les obédiences
Une réalité bien utile pour permettre aux particularismes d’exister ;
Une machine à cultiver les antagonismes.
Les rituels
A chacun, le rituel qui correspond à ses affinités
Les rituels sont des outils permettant aux suprêmes conseils d’imposer leurs lois !
Le rituel est un outil !
Le rituel, tout le rituel, rien que le rituel !
Le spiritualisme
Le spiritualisme avec son corollaire, le mysticisme, constitue une déviance de la démarche maçonnique ;
Le spiritualisme est la vraie raison de l’initiation !
Le spiritualisme impose la référence au GADLU
La non croyance n’exclue pas une spiritualité .
Le sionisme
Le sionisme explique l’anti-sémitisme
L’anti-sionisme est une forme déguisée de l’anti-sémitisme !
Cela pourrait être les 12 travaux d’Hercule nécessaires pour éviter la cacophonie et les conflits latents qui nuisent à l’harmonie maçonnique !
Sur chacun de ces sujets, des opinions tranchées aboutissent à l’absence de dialogue et à un certain éloignement pourtant contraire à la démarche maçonnique qui prône le dialogue et la compréhension mutuel dans le respect.
Tout en étant franc-maçon-ne, on ne peut que souffrir de voir cet état de fait perdurer !
Que faire pour « rassembler ce qui est épars » ?
Faut-il se satisfaire de l’impuissance générale et laisser chacun cultiver son «communautarisme » ?
Faut-il que les « va-t-en guerre » de chaque opinion manipulent les structures ?
Notre raison d’être, dans le cadre de ce site, est de vouloir dépasser ces différences d’appréciation et de contribuer à un apaisement des conflits et à un retour sur l’essentiel : promouvoir le Beau, le Bon et le Juste !
Commentaire d’un frère :
Les francs-maçons, pour peu qu’ils soient érudits, adorent l’histoire ! La grande histoire ne les intéresse guère ! Ce sont les petites qui ont leur préférence !
Les francs-maçons de base eux s’en balancent aisément ! Pour eux, ce qui compte c’est d’être en bonne compagnie, de savoir vivre et aussi de bien se tenir à table ! Un zeste de philosophie, une certaine solennité et tout va bien Madame la Marquise !
Il y a bien des puristes qui vont vous démontrer que les valeurs c’est sacré ! Et d’autres que le bon Dieu, c’est de la calotte pur sucre !
On va pas en faire un fromage, chacun a le droit d’avoir sa marotte !
Moi ce qui me plaît, c’est de ne pas me prendre la tête et d’être de bonne humeur !
Faut dire qu’aujourd’hui, la bonne humeur et les gens simples et heureux, cela ne court pas les rues !
Et en plus les grincheux à l’histoire attachée, ils sont souvent vieux et hargneux !
On essaye bien de leur faire parler d’autre chose mais, y a pas, plus régulier que moi tu meurs ou plus laïc que moi j’y crois pas !
Tout cela c’est pas grave ! Faut bien que vieillesse se passe ! Heureusement que la plupart du temps, tout va pour le mieux et on rigole bien quand on se retrouve !
Ne serait-ce pas cela l’initiation ? Apprendre à rigoler !
Je veux vous saluer dans la symbolique de la boussole interlacée par un carré , éclairée au centre par l’invincible étoile flamboyante.
Tout d’abord, je remercie le Grand Architecte de l’Univers de nous avoir créé justes, parfaits et égaux.
Nous sommes les enfants d’une même mère : féconde, généreuse, gentille.
Nous sommes venus, tels des sages de l’Occident Et nous nous sommes dirigés vers l’Est à la recherche d’un maître Qui voit nous instruire. Ce maître doit être sage pour nous apprendre à être libres, vertueux, pratiquants des bonnes mœurs.
En arrivant en Orient, nous saluons et féliciterons nos frères pour la tâche qui nous a été confiée et nous exprimerons notre intention de vaincre nos passions. Réaliser de nouveaux progrès dans l’art réel Nous nous rendrons disponibles pour nos frères, pour prouver Par nos initiations et autres circonstances selon notre Degré et selon l’examen rigoureux qui nous est demandé.
Et je prie G.: A:. D:. U:. Puissiez-vous continuer à être un travailleur infatigable œuvrant pour le bien de l’humanité.
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