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DE L’ANTISEMITISME A L’ANTISIONISME | TRIBUNE JUIVE.INFO 26 mars, 2023

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Depuis l’attentat de la rue Copernic en 1980, la liste des actes antisémites ne cesse de s’allonger : Sébastien SELLAM en 2003, la séquestration et la mise à mort en 2006 d’Ilan HALIMI par le gang des barbares, la tuerie en 2012 devant l’école Otzar Hatorah à Toulouse, les blocages en 2014 des synagogues de la rue de la Roquette, de Sarcelles et de Créteil, le massacre en 2015 à l’Hyper cacher de Vincennes, Sarah Halimi, torturée et défenestrée… Avec Ilan, le patronyme devient malheureusement emblématique.

Dov Zerah. De l’antisémitisme à l’antisionisme,

Assemblée nationale, 16 Mars 2023 

Un article de la Tribune Juive du 18/03/2023

 

Comme dans le cas du martyr enduré par Ilan HALIMI, des questions ont été posées sur le rôle de la police et de la justice. Parallèlement, comment qualifier, oublier, le silence médiatique qui a entouré l’assassinat de Sarah HALIMI ?

Ce silence assourdissant a pu être perçu comme un second assassinat de Sarah, et comme le point d’orgue d’une banalisation des actes anti-juifs. Il a fallu attendre le 16 juillet 2017 et la parole présidentielle pour que ce mur de l’indifférence se fissure.

Mais, aujourd’hui, nous connaissons un nouveau silence médiatique sur les 4 journalistes du service public, de France 24

Ce climat d’antisémitisme a été alimenté par des déclarations, des postures, les dérapages récurrents de Jean-Marie Le PEN sur le « détail » ou « Durafour crématoire », les sorties antisémites de Dieudonné et autres révisionnistes et falsificateurs de l’histoire comme notamment Alain SORAL…L’assassin tue des Juifs, uniquement parce qu’ils sont Juifs. C’est une violence anti-juive poussée à l’extrême, jusqu’à la mort.

Ces événements et déclarations ont accentué les inquiétudes de la communauté et poussé même certains à quitter la France. Une analyse historique permet de prendre la mesure des temps présents.

N’oublions pas que la présence de Juifs en France est antérieure à l’arrivée des Francs. Elle remonte au début de notre ère. Avec l’exil consécutif à la destruction du deuxième Temple de Jérusalem, les Juifs s’installent en Gaule.

De nombreux vestiges archéologiques attestent de cette présence. La présence juive en France se manifeste par les nombreuses rues aux noms évocateurs.

Mais cette présence est subordonnée à la situation financière du Royaume. Lorsque le souverain n’est plus en mesure de rembourser les dettes, les Juifs deviennent les boucs émissaires. L’effacement des dettes conduit, dans un premier temps, à les brûler sur l’île aux Juifs, l’actuel square du vert-galant, puis à les bannir ou à les expulser du domaine royal.

Les Juifs connaissent 12 expulsions …et autant d’invitations au retour. Mais, malgré les brimades, les persécutions, les spoliations, les exécutions…, les Juifs reviennent en terre de France ! Comment expliquer un tel attachement ? Cet attachement est conforté par l’émancipation.

La France est le premier pays à accorder la citoyenneté aux Juifs et cela a marqué les esprits dans tout le monde juif. Mais, n’oublions pas que le plaidoyer de l’abbé GRÉGOIRE, le 3 août 1789, devant l’Assemblée nationale, pour l’émancipation des Juifs est recentré, quelques jours plus tard, par le comte de Clermont-Tonnerre qui a déclaré : « Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus […] Il faut qu’ils ne fassent dans l’État ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens. ».

Il a explicité la suspicion et la crainte de la double allégeance. C’est la vision assimilationniste dans l’espace public qui est clairement défendue, le fondement de la laïcité à la française. L’émancipation des Juifs constitue un tel progrès que l’extrême droite considère que les Juifs sont responsables de la chute de la Royauté ; ce thème est un des éléments du complot judéo-maçonnique régulièrement évoqué.

Souvenons-nous. Pour atteindre son objectif de ressusciter le grand Sanhédrin, Napoléon pose douze questions aux représentants juifs, réunis de juillet 1806 à avril 1807. Les représentants doivent se prononcer sur la compatibilité de la tradition juive avec le code civil et avec la possibilité de s’intégrer à l’ensemble national ; au prix de nombreuses contorsions avec la Halakha, les représentants communautaires donnent les réponses attendues par l’Empereur.

L’émancipation a offert aux Juifs de France des opportunités personnelles culturelles et sociales sans précèdent historique. L’émancipation les a fait sortir du ghetto, elle leur a donné l’accès à la modernité. Pour reprendre l’expression couramment utilisée dans le monde juif, et surtout celui de l’est-européen marqué par les pogroms, les Juifs sont Heureux comme Dieu en France !

DE L’ANTISEMITISME A L’ANTISIONISME | TRIBUNE JUIVE.INFO dans Recherches & Reflexions Dreyfus

Ce sentiment va perdurer malgré les deux déchirures de l’affaire Dreyfus et des lois de Vichy sur le statut des Juifs et les déportations organisées par la police française.

Malgré ces deux déchirures, la renaissance du peuple d’Israël sur sa terre en 1948 ne conduit pas pour autant les Juifs de France à rejoindre Israël.

Mais, « la guerre des six jours » et surtout la récupération en 1967 du mur occidental du Temple vont complètement modifier la situation d’Israël et des Juifs en France. Jérusalem entre les mains d’Israël, des Juifs, constitue

À défaut de pouvoir vaincre militairement Israël, une majorité automatique emmenée par les pays arabes et musulmans, l’Union soviétique et tous ses satellites ainsi que de très nombreux pays du tiers-monde va chercher à le diaboliser pour le délégitimer et obtenir sa destruction. L’ONU et l’UNESCO s’y sont attachées de manière systémique. Le premier choc pétrolier de 1973-74 et la quatrième défaite arabe de « la guerre du Kippour » a accentué la pression du monde arabe ; de nombreux États africains ont été contraints de rompre leurs relations avec Israël.

En 1975, des déclarations anti-israéliennes adoptées lors de la conférence de l’Année internationale de la femme au Mexique, puis par l’Organisation de l’unité africaine, la majorité de l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution “Le sionisme est raciste”. Dans le même temps, ont été instituées des mesures conduisant à la mise en place d’une infrastructure de propagande anti-Israël dans toute l’ONU et tous ses satellites.

Le 21 juin 2004, l’ancien secrétaire général Kofi ANNAN n’a pas hésité à déclarer : « Le bilan des Nations unies en matière d’antisémitisme a parfois été en deçà de nos idéaux. La résolution de l’Assemblée générale de 1975, assimilant le sionisme au racisme, a été une décision particulièrement malheureuse… »

Il a fallu attendre 1991, soit 16 ans pour obtenir l’abrogation de cette résolution. Mais le dispositif installé en 1975 reste totalement intact : une pléthore de comités des Nations unies, des résolutions annuelles, des divisions bureaucratiques, des expositions permanentes aux sièges de New York et de Genève, tous consacrés à une guerre de propagande implacable et virulente contre l’État juif. Il a été démultiplié avec les résolutions de l’UNESCO niant le lien du peuple juif avec la terre d’Israël et Jérusalem. Le couloir le plus fréquenté du Palais des Nations, siège européen de l’ONU à Genève, affiche pas moins de dix panneaux plus grands que nature consacrés à la cause palestinienne.

Pour une organisation comme l’ONU dont l’objectif est de promouvoir la paix, le moins que l’on puisse constater est que ses condamnations systématiques d’Israël ne font qu’accentuer les antagonismes et repousser d’autant la réconciliation.

Pour une organisation comme l’UNESCO, dont l’objectif est de promouvoir la paix et la sécurité mondiales par la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, des arts, des sciences et de la culture, falsifier l’histoire de Jérusalem, d’Israël et du peuple juif ne contribuer nullement à rapprocher les positions.

Saluons l’annonce faite par la Première ministre, Mme Élisabeth BORNE au dernier diner du CRIF de la mise en place de mécanismes de lutte contre toute expression révisionniste sur les réseaux sociaux. Néanmoins, cette action devrait entrainer une mobilisation du pays des « droits de l’homme » contre toute les actions de l’ONU et de l’UNESCO visant à délégitimer Israël et à remettre en cause le lien éternel du peuple juif avec sa terre et Jérusalem.

Cette action de la France devrait être suivie par tous les pays européens et démocraties de par le Monde.

Parallèlement, la communauté juive française est confrontée à une situation inédite. Elle doit faire face à un antisémitisme qui a quatre visages :

  1. L’antisémitisme traditionnel, véhiculé depuis des siècles et conforté par la victoire éclair de la guerre des six jours. Il trouve une expression emblématique avec les déclarations du général de Gaulle, en 1968, sur « le peuple sûr de lui et dominateur ».

Le Général n’avait pas apprécié qu’Israël n’ait pas suivi son conseil de ne pas être le premier à déclencher la guerre et cela peut se concevoir par rapport à la problématique de droit international sur la « guerre juste »… Mais delà qualifier ainsi le peuple juif a entrainé l’ouverture de la boite de Pandore !

Réapparait également l’accusation de double allégeance. Dans leur livre « Juifs et Français », André HARRIS et Alain de SÉDOUY en font, en 1979, une analyse précise.

A partir de 1984, les thèmes récurrents vont être confortés par la résurgence de l’extrême droite avec le premier succès électoral du Front national. Depuis, nous avons eu droit aux mauvais jeux de mots de Jean-Marie Le Pen, ainsi qu’à la floraison de livres, sites ou autres formes de médias véhiculant les thèmes traditionnels de l’antisémitisme, et surtout la négation de la Shoah.

Plusieurs éléments vont alimenter ce révisionnisme :

Cela conduit certains comme Éric ZEMMOUR à dédouaner Jean-Marie Le PEN de ses déclarations et à défendre que PÉTAIN, occultant sa décision personnelle d’édicter le statut des Juifs et sa collaboration avec l’ennemi.

• Le diner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) devient au fil des ans depuis sa première édition de 1984, un must de tout le monde politique. Cet événement va être critiqué au motif qu’il constituerait une manifestation communautariste.

La résurgence de l’antisémitisme, tant en France qu’en Europe, 70 ans après la Shoah interpelle. On aurait pu penser que, soixante-dix ans après cette catastrophe, le monde, et plus particulièrement l’Europe aurait été vacciné de l’antisémitisme, que ce fléau aurait été éradiqué… Or, plus la vérité sur Vichy et la Shoah fait jour, plus les vieux démons ressurgissent.

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Raymond Barre en 1980. Wikipédia CC BY-SA 3.0 nl

2. L’antisémitisme antisioniste remonte avec les premiers attentats terroristes liés au conflit proche oriental : celui de la rue Copernic, en 1979, marqué par la déclaration du Premier ministre de l’époque, M Raymond Barre, « Cet attentat odieux a voulu frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue, il a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic », celui en 1982 de la rue des Rosiers… Depuis, chaque événement proche-oriental entraine une déclinaison française.

Pour montrer, démontrer les effets de cet antisémitisme antisioniste, je citerai l’exemple d’un très beau texte du « Voyage en Orient, Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris » de Chateaubriand, publié en 1811. On trouvait ce beau texte de Chateaubriand dans Lagarde et Michard avant 1967 et brusquement il a été retiré. On y retrouve toujours des textes sur l’Acropole ou l’Égypte mais plus un seul sur Jérusalem, malgré le titre de l’ouvrage. La censure morale a frappé !

3. L’antisionisme-antisémitisme des insoumis, des communistes et des verts qui, dans une défense tous azimuts de la cause palestinienne et dans sa quête du vote arabo-musulman, en arrivent à organiser des manifestations susceptibles de remettre en cause la sécurité des Juifs dans certains lieux, certaines villes. La multiplication des initiatives visant à délégitimerdiaboliser Israël pour obtenir sa destruction, la stratégie des 3D a conduit des Juifs à quitter certaines communes, au premier rang desquelles celles dirigées par des maires communistes.

Quand des insoumis, des communistes et des verts préconisent le vivre ensemble, ils omettent de dire qu’il s’agit d’un vivre ensemble sans les Juifs et agissent pour que l’insécurité entraine un départ des Juifs vers des communes plus accueillantes, ce qui crée une forme naturelle de ghettoïsation de la communauté.

Il est étonnant que ni Israël, ni la communauté n’ait obtenu des autorités qu’elles cessent de subventionner des associations qui appellent au boycott d’Israël, pénalement répréhensible, et même des associations condamnées ou ayant des membres condamnés pour de telles actions.

De la même façon, il est étonnant que la communauté n’ait pas demandé le vote d’une loi interdisant toute subvention d’une quelconque autorité publique en faveur des associations qui appellent au boycott d’Israël, pénalement répréhensible, et même des associations condamnées ou ayant des membres condamnés pour de telles actions

Au-delà de la propagation des thèmes palestiniens, de l’importation du conflit en France, les alter mondialistes alimentent la présentation marxiste du juif, le capitaliste qui superviserait la mondialisation. Seule différence du discours par rapport à « la question juive » de Marx : le juif capitaliste était apatride, il est désormais sioniste.

4. Enfin, l’antisémitisme des islamistes radicaux qui n’a cessé, en France, de se propager depuis la seconde intifada.

La recrudescence d’actes antisémites a coïncidé avec l’importation du conflit israélo-palestinien et la seconde intifada de 2000-2003. Après avoir été totalement nié dans les années 2000-2002 par le Premier ministre Lionel JOSPIN et son ministre de l’Intérieur Daniel VAILLANT, il a été progressivement pris en considération par les autorités, au point que le Premier ministre, M. Manuel Vals n’ait pas hésité à parler des islamo-fascistes.

Nonobstant cette situation problématique, il convient de saluer une notable différence avec le passé.

Jusqu’à la Révolution, la communauté faisait face à un antisémitisme d’Etat qui a accompagné ou épousé les tendances populaires.

Depuis, en excluant l’Affaire Dreyfus, le régime de Vichy, la déclaration du Général de Gaulle ainsi, que les propos de Raymond BARRE, quel que soit le renouveau de l’antisémitisme sous toutes ses formes, l’Etat protège aujourd’hui la communauté juive. Il s’agit d’un vrai changement.

Quand certains recherchent, par tous les moyens, la délégitimation d’Israël, on ne peut alors s’étonner que la diabolisation irrationnelle de l’ensemble de l’État et du peuple juifs sème les germes de l’antisémitisme. C’est pourquoi, le combat contre l’antisémitisme est indissociable de la lutte contre toutes les tentatives de remettre en cause l’existence d’Israël.

Dov Zerah

A savoir avant de dialoguer avec les « croyants » de tous ordres 5 mars, 2023

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A savoir avant de dialoguer avec les « croyants » de tous ordres

 
Patrick Van Denhove

Par Patrick Van Denhove
25 février 2023
lévitation, croyons-y
lévitation, croyons-y

Notre société se caractérise par des communautés affichant leurs croyances (de tous ordres) de manière non négociable, rendant tout dialogue impossible. Mais regardons de plus près.

Soyons honnêtes, si on avait la solution toute cuite, ça se saurait déjà. Plus modestement, l’objet de ce billet est de montrer quelques pistes.

Gérald Bronner exposait quelques premiers éléments dans son « déchéance de rationalité » . Il y relatait sa participation à l’initiative gouvernementale en faveur d’une déradicalisation de jeunes islamistes. Il indiquait que la prise de front des croyances affichées n’aboutissait qu’à des durcissements de positions.

Nos réseaux sociaux fourmillent de railleries à l’encontre de ceux qui prennent des positions complotistes ou anti-sciences, dont les lectures littérales des anciens textes religieux. Les rigolards mettent en avant que le respect est dû aux personnes, mais que toutes les idées peuvent être librement critiquées. Là encore, aucun résultat positif, hormis le bref plaisir du défoulement des auteurs des railleries, convaincus qu’ils sont d’être dans le « bon camp », celui du modernisme, de la science et de l’universalisme.

De tout cela on déduit que les « croyances » ont la peau bien dure.

On se dit que c’est sans doute parce qu’elles sont constitutives de l’identité des personnes concernées. Les croyances peuvent être vues comme le ciment qui relie les narratifs sur lesquels les personnes se construisent. Erodez ce ciment, et l’édifice de l’identité peut s’effondrer, d’où la défense acharnée qui les caractérise.

Delphine Horvilleur, dans son « Il n’y a pas de Ajar », enjoint à tous les humains de ne pas mettre tous leurs œufs identitaires dans un seul panier, à l’instar de Gary/Ajar. Ce message passera-t-il ?

En attendant, que faire ? Ménager les susceptibilités ne fonctionne pas non plus :  la pureté n’ayant jamais de fin, vous reculerez sans cesse jusqu’à ce que la culture des susceptibles ne vous aie entièrement envahis.

C’est là que se place l’ouvrage du neuroscientifique Sébastian Dieguez « Croiver, ou pourquoi la croyance n’est pas ce qu’on croit ». Le livre relate que depuis bien longtemps les philosophes, sociologues, littéraires, et autres psychologues, ont repéré que sous le vocable de croyance se cachent des choses bien disparates. Et pourtant, c’est simple au départ :  croire, c’est tenir pour vrai.

Au départ :  croire, c’est tenir pour vrai.

Dans le cas de base d’une croyance, une affirmation est tenue pour vraie ; ex : « il me reste de quoi manger au frigo » . L’ensemble des croyances forme une espèce de carte du monde permettant de choisir les bonnes actions à effectuer. Si un élément d’information nouveau se présente, indiquant qu’une croyance est fausse, notre cerveau corrige automatiquement la donnée dans notre mémoire, et la croyance corrigée peut instantanément participer à nouveau au processus décisionnel. On dit que la croyance est sensible à la preuve . Autre caractéristique : la croyance que nous décrivons n’est pas porteuse de nos valeurs, et la corriger n’entraîne aucune révision déchirante de notre philosophie de vie. La personne est sincère et détendue avant comme après la correction.

Reportons nous maintenant sur une personne complotiste. Elle se met à clamer haut et fort des affirmations à contre-courant du flux des informations disponibles à tous et diffusées par les médias classiques. Lorsque des éléments de preuve même solides sont avancés à l’encontre de ces thèses, leur validité est rejetée sous des prétextes assez faibles . Inversement, ces personnes donnent l’impression d’avoir adopté des théories « prêtes à penser » récupérées sur un « marché de rationalisations » comme on en trouve sur tous les sites complotistes sur internet. Ces croyances-là sont des entités entièrement différentes des croyances évoquées plus haut, d’où le besoin de leur attribuer un nom différent : pourquoi pas croivance, ou crédence ?

Le caractère vrai ou faux de la croivance semble peu préoccuper l’individu.

Si la séparation sémantique croyance/croivance n’a pas encore été faite après tant d’années de sciences humaines, c’est parce que la croivance essaie de se faire passer pour une croyance. Et pourquoi donc ? Parce qu’en fait ce qui importe n’est pas le contenu de la croivance, mais le signal qu’elle lance à une communauté, par ses postures très visibles et ses affirmations volontiers outrancières. On est donc devant des engagements ou des professions de foi.

Toute tentative de changer la position du croivant, basée sur la véracité des affirmations, est vouée à l’échec et ne crée que des renforcements de la posture. Cela signifie que la mascarade « je crois sincèrement et très fort cette théorie » a réussi à duper…l’interlocuteur ou soi-même. Tout se passe comme si la croivance se défendait elle-même. Pour cela, elle consommera beaucoup d’énergie en réaffirmations et ritualisations, pour se blinder contre les attaques, y compris celles venant de la raison de l’individu porteur lui-même.

Devant la fréquence énorme de ce genre de comportements, on se dit que presque toute la société tourne autour de ces croivances,  leur défense, les regroupements communautaires associés. Aurions-nous un besoin  génétique de croiver, au-delà des bénéfices anxiolytiques que les sciences humaines ont trouvé aux religions ? Ou tout ne serait que simagrées afin d’échapper à la solitude en se faisant admettre dans un groupe puis agissant pour mériter d’y rester ?

En tous cas, devant un cas de croyance bruyamment manifestée, posons-nous la question des fonctions de ces affirmations : ne serait-ce pas avant tout un signal d’appartenance (ou d’opposition dans le cas des complotistes) ?

Et face à des attitudes bruyamment prosélytes et ne respectant pas nos critères de véracité et valeurs maçonniques, arrêtons de les railler car cela leur fournit des arguments pour une posture victimaire, elle-même justifiant leur agressivité.

Patrick Van DenhovePar Patrick Van Denhove

Après une carrière bien remplie d’ingénieur dans le secteur de l’énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.
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SOURCE :  https://450.fm/2023/02/25/a-savoir-avant-de-dialoguer-avec-les-croyants-de-tous-ordres/
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LE MYTHE DU BREVET MAÇONNIQUE 8 janvier, 2023

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LE MYTHE DU BREVET MAÇONNIQUE


L’un des sujets les plus fréquents de contentieux et de procès divers, notamment au sein de la franc-maçonnerie française, est la question des brevets. On a vu, maintes fois, des Obédiences ou Juridictions de Degrés Supérieurs récemment créées – par division ou par essaimage » – à l’initiative de membres « régulièrement » initiés dans les divers degrés que ces structures qu’elles prétendaient contrôler de manière indépendante, se mettent en quête, souvent douloureux et tumultueux, du « brevet » qui seul, selon eux, et selon d’autres, pouvait légitimer leur travail.

LE MYTHE DU BREVET MAÇONNIQUE – Publié  par Victor Guerra Garcia sur son blog LA FRANC-MAÇONNERIE DU XXI SIÈCLE– Blog dédié à la réflexion maçonnique dans une perspective critique

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 Le sujet n’est pas nouveau et a donné lieu à certains des épisodes les plus pittoresques de l’histoire de la franc-maçonnerie, bien que parfois aussi les événements les plus déchirants, qui incluent la France, mais se produisent également sous d’autres latitudes.

  Cependant, un rapide rappel historique éclaire d’emblée cette question, sur laquelle je voudrais donner ici quelques indications, en plus d’autres considérations que je me réserve de compléter de manière beaucoup plus approfondie dans un livre paru il y a quelque temps : MÉMOIRE ET AVENIR.

 Qu’est-ce qu’un brevet ?

D’où vient cette idée qu’un document appelé Patent « Warrant » – en anglais – est indispensable pour que l’œuvre maçonnique soit parfaitement indiscutable, du moins devant la loi, sinon dans les faits ?

 Il faudrait ici se référer à toute l’histoire de la notion juridique sur la notion de « brevet », car c’est de là que tout vient.

 Dans le droit ancien, une lettre patente  (Letters Patent) était un acte public (lat. patère : « être ouvert ») par lequel le roi conférait un droit, un statut ou un privilège à ceux qui dépendaient de son autorité. Ce document s’opposait à la Lettre fermée ou en français à la lettre de cachet (scellée !) qui n’était adressée qu’à son destinataire, et pas forcément pour l’emprisonner !

 Comme vous l’aurez compris, le brevet était un instrument juridique par lequel une autorité civile permettait à une personne, un groupe de personnes ou une institution d’exercer une certaine activité, le bénéficiaire reconnaissant d’autre part la suprématie du brevet – et admettant , le cas échéant nécessaire, qu’il peut aussi décider de le retirer : on le voit, il ne s’agit que d’une procédure de soumission politique…

 Le brevet maçonnique

Quand le brevet est-il apparu en franc-maçonnerie ? Une fois de plus, et comme à maintes reprises, c’est en Angleterre que tout a commencé.

 À partir de 1721 et avec l’arrivée du premier noble comme Grand Maître de la Grande Loge de Londres, Jean 2e duc de Montagu, les loges étaient presque toujours dirigées par un haut aristocrate. La Grande Loge, soucieuse d’asseoir son autorité, qui reposait sur des bases traditionnelles, du moins pour les moins faibles, inventa en même temps la notion de « régularité », qui signifiait alors simplement : « être sous une autorité connue dont les règlements sont suivie ». , et le brevet en était la manifestation officielle. [1]

 Ces mêmes coutumes et usages ont été suivis en France dès que la Grande Loge a commencé son voyage, bien plus tard, et non sans peine, elle a commencé à vouloir imposer son autorité aux loges du royaume.

 En tout cas, le point le plus intéressant était que justement cette délivrance de brevets donnait lieu au paiement d’une chancellerie…

 Aujourd’hui, toutes les loges anglaises ont des brevets… sauf ceux qui dérivent des quatre loges considérées comme fondatrices en 1717 (il n’en reste que trois), dont on dit qu’elles datent de temps immémoriaux !

 La saga des faux brevets et les documents fondateurs apocryphes

On pourrait écrire un roman sur les brevets ornés par les fondateurs d’Obédiences ou de rites, avec l’idée de tenter d’établir – souvent contre toute évidence – qu’ils n’avaient rien inventé mais ne faisaient que transmettre « purement et simplement, une ancienne tradition ». dont ils avaient « régulièrement » reçu le dépôt, comme le montre précisément le « brevet », c’est-à-dire la « preuve publique » rapidement démontrée.

 Après tout, l’exemple est venu d’en haut et de loin, c’est-à-dire qu’il a été établi sur les fondations sur lesquelles la Grande Loge de Londres a été établie en 1717 (ou plus précisément vers 1721, prétendant remonter à 1717), du moins selon à Anderson. , en fait, il n’avait été que « réveillé », bien que ses Constitutions soient le résultat d’une refonte et dotées d’un plan et, surtout, d’un contenu complètement nouveau au moins en 1723, étant le dernier maillon de la longue chaîne de textes connus sous le nom de Old Charges, dont l’origine s’est perdue dans la nuit des temps : George Payne, réputé avoir été Grand Maître en 1720, n’avait-il pas montré le Manuscrit Cooke , datant d’environ 1420 ? Cela n’en valait-il pas la peine dans le cadre du « dépôt de fondation »

 Vient ensuite la longue liste des documents qui plus tard – bien qu’ils soient tous de faux manifestes, et parfois de manière éhontée, ou simplement des documents grossièrement altérés – ont servi de base et de justification originelle à de vénérables institutions ou rites d’aujourd’hui, assurant jalousement que rien ne devrait être fait ! sans brevet délivré, bien sûr par celui qui l’exprime ainsi !

 Je vous présente ici une liste non exhaustive, mais suffisante pour donner une idée :

 Le brevet Gerbier , réputé depuis 1721, apparu en 1785, est un faux manifeste comme Thory le pensait et l’affirmait déjà au début du 19ème siècle, cependant, le Chapitre du Dr Gerbier qui s’appuyait sur ce prétendu brevet en était pourtant un co-fondateur du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France !

 Le brevet de Martinès de Pasqually , daté de 1738, prétendument attribué par Charles Stuard, et qu’il exposa très tôt dans sa carrière pour ouvrir les portes des loges et imposer son Rite, qui devait avoir une influence décisive sur le RER, est d’une absolue invraisemblance, tant dans sa forme que dans son contenu.

 Le brevet Morin (1761) Il existait, mais les pouvoirs attribués à son bénéficiaire furent révoqués cinq ans plus tard par l’autorité qui l’avait délivré, ce qui ne l’empêcha pas d’être l’un des documents fondateurs de ce qui allait devenir, après les aventures improbables , dans la REAA.

 Les Grandes Constitutions, dites Grandes Constitutions de 1786, absurdement attribuées à Frédéric de Prusse, texte de référence de l’autorité de la REAA, sont un faux grossier inspiré d’un texte émis par la Grande Loge de France en 1763, scandaleusement plagié.

 L’aventure se poursuit à l’époque contemporaine. Ainsi, nos amis anglais, si exigeants en matière de « régularité », c’est-à-dire dans le respect des règles qui sont les leurs, et pas les autres, n’ont cessé de créer purement et simplement de nouveaux systèmes Side Degree qui, au 20ème siècle, nous appelons les diplômes supérieurs

 Et ceci pour ne citer que quelques notables, nous avons l’August Order of Light, créé en 1902, l’Ordre maçonnique des précepteurs de pèlerins en 1984, l’Ordre commémoratif de Saint Thomas d’Acre en 1998 et l’Ordre maçonnique d’Athelstan en 2005.

 Ces créations sont clairement des créations contemporaines, au demeurant très intéressantes et très intelligemment construites, et donc dépourvues de « brevets immémoriaux », leurs auteurs ont néanmoins ressenti le besoin de revendiquer, également, un « document fondateur », même de manière très vague et indirecte, par exemple, en mentionnant les « archives anciennes » de ceux qui auraient fait la découverte providentielle.

 Cependant, ces organisations ont été reconnues par la GLUA comme d’authentiques « Corps maçonniques » – car dans ce pays, ce sont elles qui donnent aux tribunaux le droit d’exister « régulièrement » – et, par exemple, on compte actuellement environ 5000 membres dans le « Tribunaux » (Cours) de l’Ordre d’Athelstan…

Le brevet maçonnique aujourd’hui en France

Le « brevet » en France, disons-le crûment, est souvent devenu un instrument pour gérer l’influence politique et le pouvoir affiché par une Obédience ou juridiction sur toutes les autres.

Cependant, en plus de toutes les considérations historiques évoquées plus haut, et qui relativisent largement la notion de brevet en franc-maçonnerie, certains cas conduisent tout simplement à différentes absurdités : par exemple, lorsqu’on demande – comme cela a été fait avec moi à plusieurs reprises, en les diverses responsabilités maçonniques que j’exerce ou ai exercées – un « Brevet d’émulation »

Ne semble-t-on pas mesurer à quel point une telle demande est grotesque ? D’abord parce que, à proprement parler, seul l’Emulation lodge à Londres pouvait le faire… et ils ne l’ont jamais fait. Cela lui attribue un « label », qui reconnaît en quelque sorte que telle ou telle loge suit le rituel défini par elle, mais si une loge, au sein de la GLUA, décide de travailler « Émulation avec quelques altérations » ( « Émulation avec quelques altérations »)   ou tout autre travail (travail) , bien sûr vous recevrez un brevet de la GLUA pour travailler les Degrés de Métier , c’est-à-dire les trois degrés de la Profession) sous son autorité, mais certainement pas le brevet d’un Rite – cette Emulation est pas pas du tout, au sens français du mot « Rite »

 Dès lors, de quel droit, en France, une quelconque autorité maçonnique attribuerait-elle un « Brevet d’émulation » ?

Mais allons plus loin. Lorsque René Guilly- (alias Désaguliers) et ses compagnons de route, en 1968, créent la LNF (Loge Nationale Française) rétablissant ainsi le Rite Traditionnel Français (RFT) selon les formes du XVIIIème siècle ; On peut se demander s’ils ont ressenti le besoin de déposer une demande de brevet GODF, qui n’aurait sans doute pas été accordée à cette époque, surtout pour une forme de Rite Français qu’ils n’avaient pas pratiquée depuis longtemps, et qui curieusement ira plus tard contre ses principes et pratiques les mieux établis, du GOdF.

Fallait-il donc que les Frères de la LNF soient interdits de leur refondation héroïque ?

Enfin, on pourrait étendre l’observation à tous les Rites : si les Frères – ou les Sœurs, évidemment – ​​ayant été reçus dans un ou plusieurs degrés d’un Rite, rappelant que, pour diverses raisons, ils ne peuvent plus les pratiquer dans le cadre d’une Obédience ou d’une Juridiction déterminée, ils décident de s’en débarrasser et de refonder une nouvelle structure, plus à leur avis, à tort ou à raison, selon les définitions originelles, une telle matière doit-elle être interdite car personne ne leur donnera de Brevet ?

C’est alors admettre que tout titulaire d’un brevet « reconnu », mais par qui ? – dont les origines lointaines sont souvent infiniment douteuses ou obscures. Peuvent-ils décider que désormais il faudra passer par là pour en obtenir un à l’avenir ? On voit vite à quelles conséquences absurdes ce type de raisonnement nous amène…

Laissant de côté certains aventuriers maçonniques contemporains, qui dans le droit commun seraient appelés des escrocs , puisqu’ils vendent à bon prix des brevets « indiscutables », mais lorsqu’une juridiction bien établie l’exige, reconnaître une nouvelle structure maçonnique qui souhaite pratiquer un rite qu’il prétend détenir, obtenir un brevet dessus et stipuler que le nouveau titulaire ne pourra le concéder à d’autres, ce qui n’a plus rien à voir avec la « régularité initiatique » et relève simplement de la volonté de puissance et de l’arrogance politique.

J’entends tout de suite l’argument qu’on peut opposer à cette vision des choses : « Mais alors, désormais, tout le monde peut faire n’importe quoi et le transmettre à n’importe qui, sans brevet ?! »

On peut y répondre de plusieurs manières : Premièrement, et pour commencer avec le sourire, quand on pose un regard un peu distant sur les us et coutumes du paysage maçonnique français, on se demande souvent si on ne fait pas déjà un peu de rien. Discret et protégé par d’innombrables brevets !

Alors, et plus sérieusement, ce n’est pas ce que j’ai dit, mais je le maintiens d’un point de vue traditionnel, au sens presque guénonien du terme, une fois n’est pas coutume – un groupe de Frères et de Sœurs qui ont été reçus dans un certaine mesure dans des structures généralement considérées historiquement fondées pour la communiquer, sont légitimes pour la transmettre à leur tour, avec ou sans brevet.

Et si demain ils décidaient de fonder un nouveau Rite et de créer de nouveaux grades, comme cela s’est fait, surtout en France, tout au long du XVIIIe siècle et comme les Anglais l’ont toujours fait et continuent de le faire aujourd’hui. – nous pourrons les reconnaître ou non, admettre leur existence ou non, mais nous n’aurons pas à leur demander de détenir un quelconque brevet pour légitimer leur action – ni même leur demander de reprendre leur création si nous le souhaitons (sauf s’ils l’ont déposée auprès de INPI!).

Enfin, la liberté n’exclut évidemment ni la rigueur ni la raison. Ce n’est pas parce que vous pouvez tout faire que vous devez tout faire. Il faut toujours s’efforcer de faire preuve de discernement et de bon sens dans toutes ses actions : ce sont malheureusement des qualités qui manquent souvent à la franc-maçonnerie.

Le brevet a été introduit dans l’univers maçonnique dans le but de contrôler les actions des autres. Or, la possession d’un brevet dans ce domaine n’offre que de faibles garanties, mais en tout cas elle n’a pas d’autre finalité. Si par contre on considère comme un critère d’authenticité traditionnelle, de « légitimité spirituelle » de pratiquer tel ou tel degré de franc-maçonnerie, alors on se trompe de sujet et on se trompe complètement.

Tous ceux qui, souvent avec génie, ont créé l’essentiel des grades qui composent notre univers maçonnique entre 1725 et 1760, au-dessus des grades d’apprenti et de boursier, l’ont fait sans autorisation ni brevet. Leur travail est le patrimoine commun et le patrimoine indivisible de tous les francs-maçons de bonne volonté, même si certains jugent utile de s’octroyer des brevets de légitimité exclusive.

Ce qui garantit la pratique la plus juste de la franc-maçonnerie, ce ne sont pas les brevets. C’est la sincérité, l’esprit de vérité, l’humilité, le travail persévérant et l’étude attentive et sérieuse de l’immense et passionnant patrimoine symbolique et rituel accumulé par les francs-maçons depuis trois siècles.

« C’est par mes œuvres que je montrerai ma foi. » Jacques, 2, 18 ans.

Tout un programme.

Jean-Pierre Duhal   5ème Ordre, Chevalier de la Sagesse, 9ème et dernier Degré du Rite Français des Modernes, Souverain Grand Inspecteur Général, 33ème du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Fondateur du Sublime Conseil « Provence et Fidélité », Membre Fondateur du Cinquième Ordre et Ancien Très Sage et Parfait Grand Vénérable de la Chambre d’Administration du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France. Membre de l’Académie Internationale du Cinquième Ordre de l’Union Maçonnique Universelle du Rite Moderne.

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Merci mon TCF:. Lionel pour ce partage

Franc-Maçonnerie et religion 13 mars, 2022

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Franc-Maçonnerie et religion

 
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Retracer les relations entre Franc-Maçonnerie et religion signifie en très grande partie présenter les rapports conflictuels qui, depuis la naissance de la Franc-Maçonnerie spéculative au XVIIIe siècle, avec la fondation de la Grande Loge de Londres, ont marqué la relation de la Franc-Maçonnerie avec les Eglises chrétiennes, l’Eglise catholique en premier lieu, mais aussi l’Eglise orthodoxe, certaines Eglises protestantes et, plus récemment, même l’Eglise anglicane. On ne traitera ici que des rapports entre Franc-Maçonnerie et Eglises catholique et anglicane, qui historiquement sont les plus importants.

La Franc-Maçonnerie opérative du Moyen Age était imprégnée de catholicisme et restait sous le contrôle de l’Eglise, la fête de Saint-Jean voyait les maçons assister ensemble à la messe du patron de leur corporation et les religieux de tous ordres étaient très présents parmi eux. Jusqu’au début du XVIIIe siècle, même sur le continent, même en France, plusieurs ecclésiastiques, des évêques même, étaient membres éminents de Loges maçonniques sans que cela ne leur pose aucun problème.

Avec la fondation de la Grande Loge de Londres la donne a changé et la Franc-Maçonnerie est devenue, ou elle a été perçue comme si elle était, un agent de l’anglicanisme. Grands voyageurs, les Anglais ont ouvert des Loges partout où ils allaient, même à Rome, ville dont le pape était à l’époque le souverain temporel, en même temps qu’il était le chef spirituel de l’Eglise catholique.

Cette situation nouvelle ne pouvait pas le laisser indifférent. Ainsi le 28 avril 1738 le pape Clément XII fulmine contre la Franc-Maçonnerie la Bulle In Eminenti apostolatus specula, condamnant à l’excommunication majeure les catholiques qui adhèrent ou favorisent la Franc-Maçonnerie.

Les raisons de cette condamnation étaient les suivantes :

les Francs-Maçons sont « fortement suspects d’hérésie », en raison du secret maçonnique et du serment qu’ils prêtent sur la Bible car, je cite « si les Francs-Maçons ne faisaient pas le mal, ils n’auraient pas cette haine de la lumière ». A ce motif principal, la Bulle In Eminenti en ajoute un autre ainsi rédigé : « et pour d’autres motifs justes et raisonnables de Nous connus ». La formulation très peu explicite de ce second motif a donné lieu a plusieurs spéculations, il semblerait aujourd’hui –sur la base de recherches faites dans les archives du Vatican- qu’il s’agisse là d’un critère civil, toute association non officiellement autorisée étant considérée, selon le droit canon de l’époque, comme subversive pour l’État. Il y aurait donc une double raison à cette première condamnation de la Franc-Maçonnerie par l’Eglise catholique, premièrement religieuse, secondairement civile.

Cette condamnation de la Franc-Maçonnerie fut renouvelée, avec les mêmes raisons, par le pape Benoit XIV en 1751.
L’application de ces condamnations a varié selon les États et leur religion. La première Bulle fut appliquée immédiatement, bien entendu, dans les État de l’Eglise, mais aussi à Venise, en Sardaigne, en Pologne, en Espagne et au Portugal, tous des pays catholiques. En France, pays catholique mais toujours très soucieux de préserver les droits de l’État face à l’Eglise, aucune des Bulles du XVIIIe siècle ne fut appliquée, car elles ne furent pas enregistrées par le Parlement de Paris, ce qui était nécessaire et indispensable pour qu’elles puissent être exécutées, en vertu du principe qu’une loi non promulguée n’est pas contraignante, or une loi non enregistrée par le Parlement de Paris était considérée comme non promulguée.

Ce n’est qu’après la révolution française, à la suite du concordat de 1801 entre l’Empire napoléonien et l’Eglise catholique que les Bulles pontificales devinrent automatiquement applicables aux catholiques en France, sans besoin d’être enregistrées au préalable par le pouvoir civil français.

Par ailleurs, la condamnation de la Franc-Maçonnerie par l’Eglise catholique fut confirmée en 1865 par le pape Pie IX et en 1884 le pape Léon XIII étoffa l’argumentaire théologique de ses prédécesseurs, en condamnant la tolérance dont la Franc-Maçonnerie faisait preuve en admettant dans ses Loges des principes et des personnes contraires aux dogmes de la foi catholique :

« Pour eux (les Francs-Maçons), en dehors de ce que peut comprendre la raison humaine, il n’y a ni dogme religieux ni vérité […] De plus, en ouvrant leurs rangs à des adeptes qui viennent à eux des religions les plus diverses, ils deviennent plus capables d’accréditer la grande erreur des temps présents, laquelle consiste à reléguer au rang des choses indifférentes le souci de la religion et à mettre sur le pied de l’égalité toutes les formes religieuses, alors que la religion catholique est la seule véritable. »

On ne pouvait pas être plus clair.

Cela étant bien entendu valable là ou le catholicisme était la religion d’État, ou dominante.

En Angleterre, mettant fin aux luttes qui avaient opposé les Grandes Loges dites des Anciens et des Modernes, la Grande Loge Unie d’Angleterre venait de se constituer en 1813. Le duc de Sussex en était le Grand Maître, le prince de Galles (le futur roi Edouard VII) allait le devenir à son tour en 1875. La Franc-Maçonnerie allait ainsi devenir une institution D’État, au même titre que l’Eglise anglicane, dont le primat, l’archevêque de Canterbury, nommé par le roi, serait un jour aussi un frère.

Cette différence importante entre les îles britanniques et le continent européen explique l’évolution très différente de la Franc-Maçonnerie des deux côtés de la Manche, vers un anticléricalisme de plus en plus marqué, un agnosticisme et même un athéisme affiché sur le Continent, en opposition aux excommunications successives de l’Eglise catholique ; vers un conservatisme politique et religieux en Angleterre, en symbiose avec les autorités civiles et religieuses de l’« establishment », dont la Franc-Maçonnerie était devenue un des piliers les plus solides.

Après la première guerre mondiale, le nouveau code de droit canon promulgué en 1917 par le pape Bénoît XV avait un peu nuancé la position de rejet de la Franc-Maçonnerie par l’Eglise catholique, son article 2335 n’interdisant plus aux fidèles sous peine d’excommunication que l’adhésion « à une secte maçonnique ou autre se livrant à des machinations contre l’Eglise ou les pouvoirs civiles légitimes. » On pouvait en déduire, et d’aucuns l’ont fait, qu’on avait le droit d’adhérer à des Loges ne conspirant pas contre l’Eglise ou l’État, mais cette interprétation était –me semble-t-il– tirée par les cheveux. En réalité, même si la formulation avait quelque peu changé, le fonds restait le même et pour l’Eglise toute « secte maçonnique » (il faut souligner l’emploi du mot péjoratif « secte » pour désigner la Franc-Maçonnerie, courant en Italie dans les milieux catholiques intégristes) restait opposée à l’Eglise et donc sujette à l’excommunication.

En Angleterre, encore en 1935, appartenaient à la Grande Loge Unie d’Angleterre les trois fils du roi : le prince de Galles, qui était Grand Maître Provincial du Surrey, le duc de York, Grand Maître Provincial du Middlesex et le duc de Kent, Premier Grand Surveillant. En étaient aussi membres le gendre du roi le comte de Harwood, Grand Maître Provincial du West Yorkshire, son oncle le duc de Connaught, Grand Maître de la Grande Loge Unie d’Angleterre, et son fils le prince Arthur, Grand Maître Provincial du Berkshire. Il y avait aussi de nombreux Franc-Maçons parmi le clergé de l’Eglise anglicane. [1]

Cette différence entre l’Angleterre et les pays du continent européen allait continuer de marquer l’évolution de la Franc-Maçonnerie des deux côtés de la Manche pendant les années suivantes et jusqu’à aujourd’hui.

Avec le Concile Vatican II il a semblé se faire une ouverture de la part de l’Eglise catholique vers ces Franc-Maçons « qui croient en Dieu », ce qui paradoxalement signifie ceux qui appartiennent à la Grande Loge Unie d’Angleterre, donc des anglicans dans leur écrasante majorité, tous les autres restant toujours sujets à l’excommunication majeure.

En 1983 le pape Jean-Paul II publiait un nouveau code de droit canon, qui ne cite plus explicitement la Franc-Maçonnerie. Il semblait donc que celle-ci tombait dès lors sous le droit commun des associations, qui prévoit d’après l’article 1374 qu’« est puni d’une juste peine celui qui adhère à une association conspirant contre l’Eglise. »

Un certain nombre de Frères éminents du Continent (appartenant pour leur grande majorité à la Grande Loge Nationale Française) en ont immédiatement déduit que l’Eglise permettait à des catholiques l’appartenance à des Loges relevant de Grandes Loges dites régulières, reconnues donc par la Grande Loge Unie d’Angleterre, dont la leur.

Mais le 26 novembre 1983 la Congrégation romaine de la doctrine de la foi (ex Saint-Office) publiait une note explicative, approuvée par le pape, disant explicitement que :
« Le jugement négatif de l’Eglise vis-à-vis de la Maçonnerie reste le même, puisque les principes de celle-ci ont toujours été jugés inconciliables avec les doctrines de l’Eglise. Les fidèles qui en font partie sont en état de péché grave et ne peuvent pas recevoir l’eucharistie. […] Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à cette déclaration. »
Encore une fois, on ne pouvait pas être plus clair et la dernière phrase citée coupait l’herbe sous les pieds à ces évêques allemands qui auraient voulu reconnaître comme compatible avec l’appartenance à l’Eglise catholique la fréquentation de Loges dites régulières et demandant explicitement à leurs membres la croyance en un GADL’U conçu comme un Dieu créateur et personnel.

Afin de clarifier sa position, dans une déclaration publique datant de 1985, la Grande Loge Unie d’Angleterre a publié ce qui suit au sujet des rapports entre Franc-Maçonnerie et religion :

1) La Franc-Maçonnerie n’est pas une religion, ni le substitut d’une religion. Elle demande à ses membres la croyance pleine et sincère en l’existence d’un Être Suprême, mais ne fournit aucune doctrine de foi qui lui soit propre.

2) La Franc-Maçonnerie est ouverte aux hommes appartenant à toutes les confessions religieuses. Pendant les réunions toute discussion de caractère théologique est interdite.

3) Il n’y a pas un dieu maçonnique : le dieu d’un Franc-Maçon est celui de la religion qu’il professe.

4) Les Franc-Maçons se réunissent dans le respect commun de l’Etre Suprême, qui reste suprême dans leurs confessions religieuses respectives.

5) La Franc-Maçonnerie n’essaie en aucune façon de fondre ensemble les religions existantes. Il n’y a donc aucun dieu maçonnique composite.

6) La Franc-Maçonnerie n’a aucun des éléments fondamentaux d’une religion, et notamment :

a) elle n’a aucune doctrine théologique et, en interdisant toute discussion religieuse pendant ses réunions, elle ne permet pas la naissance d’une doctrine théologique maçonnique.

b) elle n’offre aucun sacrement ni n’exerce aucun culte.

c) elle ne prétend pas conduire au salut par des œuvres ou des connaissances secrètes, ou par n’importe quel autre moyen. Les éléments réservés de la Franc-Maçonnerie concernent les signes de reconnaissance ainsi que les règles de l’art de la construction, transférés sur un plan symbolique, métaphorique et moral, et donc n’ayant aucun rapport avec le salut et l’eschatologie.

7) La Franc-Maçonnerie soutient la religion et ne lui est pas indifférente. Elle demande à tous ses membres de suivre chacun sa propre foi et de mettre ses devoirs envers dieu (quel que soit le nom par lequel il l’appelle) au-dessus de tous les autres. Les enseignements moraux de la Franc-Maçonnerie peuvent être acceptés par toutes les religions, elle soutient donc la religion.

Il est clair d’après ces lignes que, même si les Francs-Maçons anglais prétendent que la Franc-Maçonnerie « soutient la religion », elle ne peut pas être jugée comme compatible avec le catholicisme par l’Eglise, qui par la voix de l’Osservatore Romano du 23 février 1985 publiait le commentaire suivant :

« Il n’est pas possible pour un catholique de vivre sa relation avec Dieu en la partageant en deux modalités : l’une humanitaire, qui serait supraconfessionnelle et une, personnelle et intérieure, qui serait chrétienne. […] Le climat de secret, qui règne dans les loges, comporte en outre le risque pour les inscrits de devenir les instruments d’une stratégie qu’ils ignorent. »

Les deux arguments de la Bulle In Eminenti de 1738 sont donc toujours valables : le secret et l’hérésie, présentée sous la forme plus moderne de la supraconfessionalité, inadmissible pour une Eglise qui prétend être la seule détentrice de l’unique Vérité.

Paradoxalement, au moment même où les Francs-Maçons anglais prétendent que la Franc-Maçonnerie « soutient la religion et ne lui est pas indifférente », l’Eglise anglicane a rejoint les rangs de l’Eglise catholique et l’archevêque de Canterbury, le Dr. Rowan Williams, s’est ouvertement opposé à la Franc-Maçonnerie.

Dans deux articles publiés par le journal Independent du vendredi 15 novembre 2002, le nouvel archevêque a donné son opinion sur la Franc-Maçonnerie : il a soutenu qu’elle pourrait avoir une base satanique et il s’est dit opposé à la promotion à des postes de responsabilité dans l’Eglise anglicane de tout ecclésiastique qui serait en même temps Francs-Maçons.

Dans une interview radiophonique donnée le même jour, le Grand Secrétaire de la Grande Loge Unie d’Angleterre a fait remarquer qu’il était regrettable que le nouvel archevêque ait fait ces déclarations infondées sans avoir essayé d’en discuter au préalable avec les autorités de la Grande Loge, il a rappelé ensuite que la Franc-Maçonnerie n’est pas une société secrète, ainsi qu’il a été reconnu par un jugement de la Cour européenne des Droits de l’Homme du mois de juillet 2001, il a souligné qu’il est complètement contraire à la vérité de prétendre que la Franc-Maçonnerie pourrait avoir une base satanique et que la publication dans un journal de cette affirmation infondée pourrait causer une grande détresse à plusieurs anglicans qui sont Francs-Maçons et pour leurs familles, il a pour finir fait remarquer que l’intention de l’archevêque de vouloir discriminer les ecclésiastiques qui appartiennent en même temps à la Franc-Maçonnerie est contraire aux Droits de l’Homme et à la loi, et donc illégale.

Il est intéressant de remarquer que l’Eglise anglicane vient d’admettre récemment les femmes à la prêtrise et que son archevêque a officiellement déclaré qu’il est favorable à l’ordination de personnes se déclarant ouvertement homosexuelles, il n’y a apparemment donc plus que les Francs-Maçons qui lui posent problème.
On voit que même en Angleterre, sa patrie d’origine, la compatibilité entre la Franc-Maçonnerie spéculative et la religion chrétienne est aujourd’hui remise en cause.

Fabrizio Frigerio Ve Ordre, Grade 9
Suprême Commandeur du Sublime Conseil du Grand Chapitre Général Mixte de Belgique,
Membre honoraire du Grand Chapitre des Chevaliers Rose-Croix du Portugal,
Membre de l’Académie Internationale du Ve Ordre – UMURM.

[1] L’Eglise anglicane n’a commencé à mettre en discussion l’appartenance de son clergé à la Franc-Maçonnerie qu’en 1952, cf. Neville B. Cryer, « La Franc-Maçonnerie anglaise », in : Maçonnerie, maçonneries, éd. par Jacques Marx, Bruxelles, 1990, p. 101-123.

SOURCE : https://unionmasonicauniversalritomoderno.blogspot.com/?m=1

Triangulation de la prise de parole et de la gestuelle en loge 14 mars, 2021

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Une étude attentive des rites maçonniques révèle l’omniprésence d’un principe de triangulation à différents niveaux, notamment ceux de la prise de parole, de la gestuelle, mais aussi de la gestion des distances spatiales et des données temporelles.

2Revêtant des fonctions psychologiques, sociales et symboliques, la triangulation maçonnique constitue un véritable modèle de communication. Un tel modèle, dans lequel prime le genre expressif, inscrit les membres de la communauté au-delà des schémas de type interpersonnel et vise un dépassement des contraires, censé opérer un processus de médiation-transformation au sein de l’individu même.

Triangulation de la prise de parole et de la gestuelle en loge

3La loge maçonnique est l’un des rares lieux sociaux où la prise de parole en public soit codifiée de manière aussi rigoureuse et dotée d’une charge symbolique aussi forte. L’une des particularités du rite maçonnique réside dans le fait que toute action des membres de la communauté, tout positionnement des objets dans le temple, est porteur d’information et de sens. Chaque chose est à sa place, chaque discours vient en son temps, et une telle distribution garantit la cohérence d’une totalité harmonieuse. L’ordre, recherché en permanence, ne naît pas du respect de consignes arbitraires. Il est produit par l’agencement savant des divers rouages d’un système global que l’adepte, en tant que pièce constitutive, s’efforce de comprendre et d’intégrer. Même les célébrations religieuses, qui exécutent un rituel strict où les propos, suivant un canevas précis et extrayant des passages du livre sacré, sont accompagnés d’une gestuelle spécifique (signes de croix, etc.), ne vont peut-être pas aussi loin dans la sémantisation et la participation agissante des membres du groupe, dans la mesure où les spectateurs-acteurs se contentent d’en suivre le cours sans pouvoir intervenir individuellement dans son déroulement.

  • 1  Dans cette étude, nous nous attacherons principalement à l’analyse du Rite écossais ancien et acce (…)

4Les modes de communication mis en place par le rituel maçonnique1 sont d’une telle singularité qu’ils méritent que l’on s’attarde sur eux. En loge, la communication s’inscrit dans un schéma qui n’a rien de linéaire, comme peut l’être le modèle télégraphique de Claude Shannon, avec sa chaîne Émetteur-Message-Récepteur ; ni même simplement interactif ou circulaire, comme celui établi par les théoriciens de l’École de Palo Alto. Elle suit un schéma triangulaire, et cela à plusieurs niveaux. La première forme de triangulation est relative au discours : en loge, on ne prend pas la parole, on la demande. Et lorsqu’on la demande, on ne s’adresse pas directement au Vénérable Maître dirigeant la loge, qui peut seul l’accorder, mais à l’un des deux intermédiaires que l’on nomme Premier Surveillant et Second Surveillant. Enfin, le Vénérable Maître lui-même accorde la parole en passant également par l’un des deux intercesseurs sus-cités, lequel relaie l’information au requérant. Ce dernier s’exprime alors, et nul ne peut l’interrompre ni même s’adresser à lui, à moins que la teneur de ses propos ne nécessite une censure brutale de la part du Vénérable Maître (tel serait le cas pour des discours véhiculant des idéologies intolérantes, extrémistes ou racistes).

  • 2  Pascal Lardellier (2003) distingue entre les « rites d’interaction », qui mobilisent un nombre réd (…)

5Certains pourraient ne voir dans ce procédé qu’un artifice pompeux, participant simplement de la théâtralité du cérémonial. Cependant, les raisons de cette triangulation de la parole sont plus profondes qu’il n’y paraît et dépassent largement le cadre de la dramaturgie. Procédé de médiation, elle a pour objectif d’évacuer toute communication interpersonnelle — forme la plus usuelle dans nos sociétés —, et de tisser un lien collectif en dépassant les échanges d’individu à individu (il n’est pas inutile de rappeler l’efficacité de ce que l’on appelle « l’effet de groupe » en psychosociologie, que les franc-maçons retrouvent à travers l’« Égrégore »). Les rites maçonniques ne relèvent donc pas de cette catégorie de rites que Erving Goffman a baptisés rites « d’interaction », mais bien de rites « sociaux » ou « communautaires », selon la typologie de Pascal Lardellier2. Et si l’on veut bien se souvenir du fait que le terme communication (de communicare), signifie étymologiquement « mettre en commun » et implique les notions de partage, alors le rituel maçonnique atteint probablement l’objectif de toute communication, dans ses formes les plus paroxystiques.

6Le rituel maçonnique apparaît doublement conjonctif. Il l’est d’abord en tant que rituel ainsi que le note Claude Lévi-Strauss :

[…] le rituel est conjonctif, car il institue une union (on peut dire une communion), ou, en tout cas, une relation organique, entre deux groupes (qui se confondent, à la limite, l’un avec le personnage de l’officiant, l’autre avec la collectivité des fidèles), et qui étaient dissociés au départ (1962 : 46-47).

  • 3  « La truelle, outil liant par définition », souligne Gilbert Garibal (2004 : 130).
  • 4  Sur cette distinction des différents niveaux de communication (contenu / relation), on consultera (…)
  • 5  Pour cette analyse du schéma de Claude Shannon, on se reportera à l’ouvrage de Philippe Breton et (…)

7Il l’est ensuite en tant que rituel particulier mettant en place des moyens de liaison internes, redondants avec sa fonction première. L’esprit de convivialité est crucial dans les loges, comme le prouve ce moment privilégié que constituent les « Agapes », mais aussi les nombreux vocables, symboles et métaphores exprimant la fraternité : la « truelle »3, le « ciment », la « corde à nœuds », les « lacs d’amour », la « chaîne d’union », le « compagnon », les « frères » et « sœurs ». Le poète Alphonse de Lamartine, grand admirateur de la res maçonnica, pleinement conscient de son essence fédératrice, déclarait dans un discours prononcé en loge en 1848 : « Vous écartez tout ce qui divise les esprits, vous professez tout ce qui unit les cœurs, vous êtes les fabricateurs de la concorde » (cité par Garibal, 2004 : 23). La franc-maçonnerie remplit une fonction phatique prépondérante, pour reprendre la terminologie que Roman Jakobson applique à la linguistique. Car s’il est vrai qu’elle agit à ce niveau de communication que représente le contenu du message, par la transmission de valeurs, elle œuvre principalement au niveau de la relation4. Là encore, nous nous trouvons fort éloignés du schéma de Claude Shannon, qui tend à réduire le réel à son aspect informationnel, à la notion de réseau et à la quantité d’informations qui circule en son sein5.

  • 6  Calendrier maçonnique du Grand Orient de France datant de 1873 partiellement reproduit par Gérard (…)

8La médiation que le rituel maçonnique établit dans le cadre de la prise de parole constitue une véritable discipline à laquelle il convient de se soumettre, et qui contrarie les inclinations naturelles des individus, habitués à parler librement ou à demander l’autorisation de s’exprimer directement à la personne qui dirige un débat. Or, toute discipline vise à transformer, par une action contraignante, une materia prima. Tel est bien le cas de la franc-maçonnerie, qui se définit elle-même comme une institution « philanthropique, philosophique et progressive »6, travaillant au perfectionnement moral et intellectuel de l’humanité et proposant à ses membres un changement de cadre mental, censé s’opérer durant le rituel.

9Ensuite cette médiation, précieux outil de régulation, favorise l’ordre et la pondération, car elle rend impossibles les interventions intempestives, les débats à plusieurs voix où nul ne s’entend, les conflits engendrés par des membres en désaccord ayant l’opportunité de s’adresser les uns aux autres. Le respect d’autrui et la courtoisie sont d’ailleurs inscrits comme autant de devoirs dans un texte fondateur de 1735, faisant office de Constitution pour la maçonnerie française. Ainsi est-il stipulé, au 6e devoir, qu’

[…] aucun Frère n’aura des entretiens secrets et particuliers avec un autre sans une permission expresse du Maître de la Loge, ni rien dire d’indécent ou d’injurieux sous quelque prétexte que ce soit, ni interrompre les Maîtres ou Surveillants, ni aucun Frère parlant au Maître, ni se comporter avec immodestie ou risée (partiellement reproduit par Gayot, 1991 : 62).

10Ce qui fait dire au franc-maçon Gilbert Garibal, docteur en philosophie et psycho-sociologue, que

[...] les frères, du néophite au « vétéran », fréquentent la loge pour communiquer, avec eux-mêmes et les autres. Cette communication fonctionne d’autant mieux que la loge est aussi « communicante ». Autrement dit, qu’elle prend bien soin d’éviter la formation de clans, castes et autres sous-groupes, nuisibles à son unité (2004 : 129).

11La parole maçonnique n’est donc pas, loin s’en faut, un instrument de pouvoir à des fins de manipulation, mais utilise une méthode originale d’accouchement des esprits, assez proche de la maïeutique et de la dialectique socratiques (à la différence près que celles-ci étaient interpersonnelles). En outre, en mettant les locuteurs dans une position d’attente de leur tour de parole, le rituel temporise — au sens étymologique du terme —, c’est-à-dire écarte toute spontanéité et oblige à une certaine maturation de la réflexion. Car comme le souligne Oswald Wirth « les idées se mûrissent par la méditation silencieuse, qui est une conversation avec soi-même. Les opinions raisonnées résultent de débats intimes, qui s’engagent dans le secret de la pensée. Le sage pense beaucoup et parle peu. » (2001 : 122)

12Accordant une importance aussi grande à la communication non-verbale (comme c’est le cas dans la plupart des traditions rituelles, qui font du corps un vecteur majeur de transmission de certaines valeurs), la maçonnerie applique un procédé de triangulation identique au plan de la gestuelle. À ce sujet, il est indispensable d’opérer « une partition entre ce qui relève de la gestuelle d’accompagnement et du message proprement dit », ainsi que le font remarquer Philippe Breton et Serge Proulx. « La gestuelle d’accompagnement est formée par tous ces gestes que nous faisons à l’appui d’une communication », elle est donc bien distincte « du langage des signes », où « c’est le geste qui constitue la communication » (2002 : 63 et 48). Dans ce cas, « la gestuelle se transforme en signes codés et signifiants ». Le rite maçonnique appartient à cette seconde catégorie. Il constitue l’un des rares langages des signes qui ne trouve pas son origine dans une incapacité à produire de l’oralité, comme c’est le cas avec le langage des sourds et des malentendants, par exemple.

  • 7  « Le ternaire s’impose à nous dans des domaines très divers parce qu’il réalise l’équilibre entre (…)

13Tandis que l’être humain s’approprie inconsciemment, par un phénomène de mimétisme, l’ensemble des codes corporels qui prévalent au sein de sa culture — ainsi que l’ont révélé des chercheurs en kinésique tels que Ray Birdwhistell (Winkin, 1981 : 61-77) —, et qui trahissent parfois malgré lui son état et ses intentions, le franc-maçon apprend un système de signes qu’il reproduit sciemment et adapte à divers contextes. Lorsqu’il rentre dans le temple, l’apprenti fait trois pas. Les bras, les mains et les pieds du maçon sont disposés en équerre. Les gestes sont précis, calculés, parfaitement maîtrisés. Ils traduisent en outre la médiation, leur modélisation ternaire représentant la réconciliation dialectique du même et de l’autre, la dualité dépassée car augmentée de l’unité7. Seule l’institution militaire s’est peut-être approchée de ce dispositif corporel complexe dans son cérémonial : les positions du garde-à-vous, le salut militaire, les demi-tours, forment d’ailleurs des équerres, ce qui n’a rien de surprenant si l’on considère les relations étroites que l’armée et la franc-maçonnerie ont entretenues à partir du xixe siècle, ainsi que l’a démontré Jean-Luc Quoy-Bodin (1987).

  • 8  Affirmation du philosophe allemand Friedrich Nietzsche.

14Là encore, il ne s’agit pas de faire exécuter au maçon une série de contorsions absurdes, mais plutôt de mettre ses membres en conformité avec son esprit. Inversement, on tente de produire un équarrissage de la pensée par la rigueur comportementale que l’on impose à une chair généralement livrée à une certaine liberté. La tension physique qu’engendrent des positions si peu familières à l’homme est en effet propice à l’effort et au travail. Combattant la nonchalance, qui se manifeste par une attitude de relâchement, ce maintien artificiel et peu confortable du corps requiert une attention soutenue, et suscite à son tour la concentration. Il a un effet structurant. Plantagenet ne s’y trompe pas lorsqu’il déclare : « remarquons combien cette marche rituelle est pénible : brutalement coupée par trois arrêts, elle brise notre élan ; à chaque fois elle nous contraint à un nouvel effort pour repartir » (2001 : 161). Au-delà de cette idée, tenace en Occident, selon laquelle « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort8 » et qui veut que toute souffrance fût revêtue d’un caractère initiatique, selon l’exemple de la passion christique, le formalisme rigide infligé au corps conduit avant tout à un dressage dont nous étudierons ultérieurement la nature et les effets.

15Enfin, force est de constater que la gestuelle extrêmement contraignante prescrite par le rituel recoupe l’aspect fonctionnel que recouvre la triangulation de la parole, aux effets pondérateurs. À propos de la position dite de l’ordre, posture obligatoire et assez inconfortable pour ceux et celles qui s’expriment oralement, Jules Boucher remarque ainsi que « indépendamment de la valeur réelle du signe, il faut remarquer que ce geste, si simple en apparence, empêche tout autre geste et par suite toute véhémence. Combien d’orateurs — profanes — parlent plus encore avec leurs mains qu’avec leur voix ! » (1998 : 323).

Triangulation de l’espace et du temps rituels

  • 9  Voir notamment La dimension cachée (1971).

16On sait, depuis les études fort éclairantes menées par Edward T. Hall dans le domaine de la proxémique9, que la gestion de l’espace et les distances qui séparent des individus sont, en elles-mêmes, un acte de communication, mais aussi des données remplies de sens révélant des appartenances culturelles parfois insoupçonnées. La franc-maçonnerie témoigne, si besoin en était encore, de l’importance que revêtent les données spatiales dans l’accomplissement et la compréhension des rôles incombant à chaque communicant dans un contexte particulier.

17En loge, le positionnement des individus dans l’espace du temple définit des fonctions spécifiques : à l’Orient, où se lève la lumière, est situé le Vénérable Maître, à l’Occident crépusculaire est le Couvreur, et ainsi de suite — c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle la géométrie tient une place cruciale dans la voie maçonnique. De la même manière, le positionnement des objets de culte ne doit rien au hasard. Il est toujours investi d’une signification, il est signifiant par lui-même. Il va sans dire que cet ancrage territorial du système sémantique à travers une localisation pertinente des personnes et des choses permet de rendre très concrets les messages symboliques que véhicule la cérémonie (« ici, tout est symbole », déclare-t-on à l’apprenti lors de son initiation). C’est ainsi que la modélisation ternaire de la parole, médiatisée entre le requérant et le Vénérable Maître par une tierce personne (Premier ou Second Surveillant), s’enracine également dans une triangulation spatiale, ce qui aboutit à une répétition du schéma ternaire. En effet, celui qui sollicite la parole pour le requérant auprès du Vénérable Maître est toujours le Surveillant qui se trouve sur les colonnes opposées, face au requérant. Ce croisement des prises de parole forme donc un triangle visible, un triangle humain qui incarne géographiquement la dynamique du chiffre trois.

18Nous reproduisons ci-dessous le schéma en vigueur au Rite écossais (au Rite Français, la position des colonnes et des surveillants est inversée par rapport au Rite écossais, mais la triangulation spatiale demeure), qui montre bien le croisement systématique de la parole et la triangulation spatiale qui en résulte :

Triangulation de la prise de parole et de la gestuelle en loge dans Recherches & Reflexions img-1-small480

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19Il est à noter, cependant, qu’à l’inverse de la plupart des rites (notamment des rites politiques), où se « jouent des rapports de domination et de sujétion, hypostasiés à ce ballet qui définit les fonctions, exprime les allégeances, confirme les rangs et les statuts » (Lardellier, 2003 : 95), le rite maçonnique, créateur de lien social, ne fait guère reposer les rôles assignés aux adeptes sur la situation professionnelle et financière que chacun occupe sur l’échelle sociale, dans le monde profane. C’est ainsi qu’un ouvrier d’usine accèdera progressivement au grade de Maître, tandis que le PDG d’une grande entreprise ouvrira sa voie maçonnique au grade d’Apprenti, comme tout un chacun, avec les corvées qui accompagnent cette première étape (installation du Temple, préparation des Agapes et service durant le repas, etc.), qui se veut un apprentissage de la patience et de l’humilité, une familiarisation, aussi, avec une dimension symbolique souvent inconnue du néophyte.

20D’autre part, les fonctions de chacun ne sont guère figées, puisque les membres du groupe changent de rôle au fil des ans. Or, ce principe d’égalité et de circularité est, encore une fois, spatialement et communicationnellement inscrit. Au Rite Écossais Ancien et Accepté, par exemple, le Vénérable Maître, après avoir occupé des fonctions centrales à l’Orient durant quelques années, se voit-il relégué à l’Occident, près du Parvis. Outre que ce positionnement diamétralement opposé lui confère un angle de vision — et par conséquent un angle de compréhension — différent sur le Temple, il traduit le passage d’une position supérieure à une position inférieure. En devenant Couvreur, il quitte la place dominante et ordonnatrice pour une place d’exécution, en contre-bas. Il en va de même pour les autres officiers de la loge (citons l’interversion des Premier et Second Surveillants, notamment).

  • 10  Maria Deraisme, par exemple, avec la fondation du Droit Humain, en 1893. Avant cela, dès le xviiie(…)

21On ne s’étonnera donc guère que le niveau figure parmi les outils et symboles privilégiés de l’institution, ni même que le principe d’égalité présidant aux travaux maçonniques ait pu contribuer à la diffusion des idées émancipatrices jadis émises par les philosophes des Lumières. Sans verser dans la théorie du complot ou du projet intentionnel que certains, tel l’abbé Barruel (1803), prêtent à la franc-maçonnerie, il semble avéré qu’en favorisant le brassage social (puis la mixité, à partir du xixe siècle, dans quelques obédiences10), les loges précipitèrent la chute d’un régime inégalitaire. « La Franc-Maçonnerie vint ainsi offrir un excellent terrain de culture au ferment des idées révolutionnaires », souligne Oswald Wirth (2001 : 54). Les idées progressistes qu’elle véhiculait étaient d’ailleurs jugées subversives et dangereuses, tant par le pouvoir politique que par le pouvoir ecclésiastique. On peut aisément le comprendre à la lecture de certains textes du dix-huitième siècle : « Ramener les hommes à leur égalité primitive par le retranchement des distinctions que la naissance, le rang, les emplois ont apporté parmi nous. Tout maçon en loge est gentilhomme » (Le sceau rompu, 1745 : 22 ; cité par Gayot, 1991 : 125). Tout semble concourir à faire de l’espace maçonnique un espace sociopète, selon le mot de Edward T. Hall, un lieu de partage, de cohésion et d’intégration.

22Comme l’espace de la loge, le temps maçonnique se trouve lui aussi soumis au principe de triangulation. Il serait fastidieux et surtout ambitieux de vouloir dresser une liste exhaustive de ce temps triangulaire, tant celui-ci est riche. Quelques exemples significatifs suffiront néanmoins à en rendre compte. Les maçons, tout d’abord, travaillent entre les heures symboliques de « Midi » et « Minuit » (périodes elles-mêmes transitoires puisqu’elles marquent tout à la fois l’apogée du jour et de la nuit, et leur déclin imminent), à l’âge non moins symbolique et transitionnel de « trois ans ». Parmi les fêtes maçonniques, mentionnons également les fêtes de la Saint-Jean d’hiver et de la Saint-Jean d’été, correspondant aux deux équinoxes. Comme les heures de midi et de minuit, les équinoxes traduisent un point d’équilibre précaire et transitionnel, l’apogée d’un état et par conséquent sa proche déchéance, selon la loi de la dialectique des contraires.

23Autre expression de cette triangulation, lors de l’ouverture et de la fermeture des travaux, le Vénérable Maître, assisté des Premier et Second Surveillants, procède à l’allumage puis à l’extinction des feux. Au début de la tenue, chacun d’entre eux se tient devant l’un des trois piliers nommés Sagesse, Force et Beauté, afin d’allumer des bougies. Faisant le tour dans le sens des aiguilles d’une montre, ils échangent leur place et chaque officier se retrouve ainsi, l’instant d’après, face au pilier devant lequel était positionné son voisin de gauche. Ce mouvement circulaire en trois étapes autour des trois piliers forme une roue spatio-temporelle dynamique, proche de la svastika indienne. Certains maçons voient d’ailleurs dans ce moment cérémoniel une représentation de la création du monde (Doignon, 2005), un espace-temps zéro à partir duquel apparaissent progressivement l’espace et le temps sacrés. Cette interprétation semble corroborée par l’allumage des bougies qui provoque le passage des ténèbres à la lumière, ainsi qu’il est fait dans la Genèse où les mots fiat lux précèdent l’apparition des différents éléments du monde ; mais également par la signification attribuée aux trois piliers : la Sagesse « conçoit », la Force « exécute », et la Beauté « orne ». Il s’agit bien d’un acte de création primordial, similaire à celui du « Grand architecte de l’univers », et se déroulant en trois phases, à savoir conception, réalisation puis contemplation esthétique du produit fini.

24L’omniprésence de la figure deltaïque, suggérant, selon certains maçons, un triangle temporel, semble confirmer ces vues. Ainsi Jean-Marie Ragon perçoit-il les points de cette figure géométrique comme évoquant le Passé, le Présent et l’Avenir (1853 : 369). Le sens de cette triade correspond parfaitement à la philosophie maçonnique, ancrée dans la tradition et tournée vers l’avenir d’un monde meilleur via une tentative de perfectionnement au quotidien. Les franc-maçons se sont d’ailleurs souvent inspirés, dans leurs réflexions, du célèbre tableau de Gauguin intitulé D’où venons-nous ?, Qui sommes-nous ?, Où allons-nous ?, preuve que leur voie s’interroge sur l’identité et le devenir de l’homme à travers les trois temporalités classiques que nous reconnaissons. Car comme toute tradition, la franc-maçonnerie opère à un niveau à la fois diachronique et synchronique. Soucieuse de transmettre des valeurs régulatrices, elle agit sur l’axe vertical du passé, où la mémoire relie la chaîne générationnelle à un temps originel, mais également sur l’axe horizontal de l’espace communicationnel qui met les vivants en présence (Debray, 1997). Nous pouvons résumer ainsi ce mouvement maçonnique, qui se nourrit au présent de la sagesse des anciens pour tenter de construire une société idéale.

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  • 11  Il semble utile de rappeler que le terme sacré, issu du latin sacer, évoque ce qui est séparé (sép (…)

25Ajoutons enfin que le temps du rituel est rythmé par trois coups de maillet, répétés trois fois, par la triade Vénérable — Premier Surveillant — Second Surveillant, au début et à la fin de la tenue. Ce rythme ternaire ouvre et ferme l’accès au temps sacré, de même que les pas d’entrée sur le pavé mosaïque, puis la sortie hors du temple, équivalent à un va-et-vient entre l’espace sacré intra-muros et l’espace profane à laquelle les adeptes sont rendus dès la fin de la cérémonie rituelle11. Lorsque commencent les travaux, le Vénérable Maître n’affirme-t-il pas « nous ne sommes plus dans le monde profane » ? La figure du Vénérable est semblable à celle d’un chef d’orchestre (métaphore chère aux chercheurs de Palo Alto) qui, par ses coups de maillet injonctifs, introduit des ruptures rythmiques dans le temps mais aussi dans l’espace communicationnels de la cérémonie (silence/possibilité de prise de parole, immobilisme/gesticulation, position debout/assise), donnant le tempo d’une partition connue. Elle crée en outre une « synchronie interactionnelle », pour reprendre une expression de William Condon et de Edward T. Hall, chaque participant agissant en même temps que ses confrères et de manière identique à eux. Et si, pour les théoriciens modernes, toute communication doit être envisagée comme un système, dans lequel les multiples éléments interagissent les uns par rapport aux autres, le rituel maçonnique possède cette particularité rare qu’il est un système intentionnel et pré-régulé, qui cherche à optimiser au maximum ce caractère systémique et interactionnel. Ainsi en est-il de la « triple batterie » et de « l’acclamation », à l’annonce desquelles tous les maçons frappent rapidement trois fois dans leurs mains, et répètent ces gestes trois fois, en criant « Liberté », « Égalité », « Fraternité ».

  • 12  Sur le temps, voir l’ouvrage d’Edward T. Hall, La danse de la vie. Temps culturel, temps vécu (198 (…)

26Les penseurs de ce que l’on a appelé « la nouvelle communication », en effet, ont montré que l’espace et le temps12, au-delà de leur aspect physique, mathématiquement mesurable, forment des cadres culturels organisés et vécus de manière différente d’un continent à un autre, engendrant ainsi des modes de communication spécifiques. Mais de telles constructions, relatives puisque variant selon les époques et les lieux, sont généralement le fruit d’une élaboration longue et inconsciente, déterminée par l’histoire particulière des peuples et les paramètres environnementaux dans lesquels ils s’insèrent. Les individus répondent ainsi à des codes et règles tacites sans avoir conscience d’évoluer dans une dimension artificielle. Or, la maçonnerie offre l’exemple d’un programme culturel conscient et volontaire, d’une composition sémantique qui s’affiche comme telle, et qui a cependant — là est le paradoxe — une prétention universelle (les Ordres internationaux, faisant fi des divers particularismes locaux, appliquent le même rituel aux quatre coins de la planète), comme si sa valeur atteignait quelque absolu en saisissant l’essence de l’homme, le point nodal de ses aspirations.

Vers une triangulation de l’individu : pure métaphore ou symbolisme opératoire ?

27La franc-maçonnerie introduit l’homme dans l’« empire des signes », pour reprendre l’expression que Roland Barthes a forgée à propos de la culture japonaise. Signes corporels et symboles divers jalonnent le laborieux parcours de l’adepte. Mais au stade de ce constat, il convient de s’interroger sur la fonction que remplissent ces signes : simple jeu d’analogies au sein duquel l’individu se meut plaisamment ; ou véritable projet transmutatoire engageant l’être lui-même, faisant de lui l’objet d’un changement radical ? Déchiffrage d’un langage codé ou règles opératives modifiant l’humain en profondeur ?

28La réponse est donnée dès le grade d’apprenti, puisque l’on exhorte le jeune initié à dégrossir la pierre brute, qui n’est autre que lui-même. Oswald Wirth (2001) rappelle, en guise d’introduction au premier tome de son ouvrage : « De la création de l’homme par lui-même naît l’homme perfectionné, le Fils de l’Homme ». D’où l’importance accordée au corps, matière imparfaite qu’il faut patiemment ennoblir pour que s’ennoblisse aussi l’esprit, et dont la métanoïa ou conversion débute lors de l’initiation, ainsi que le relève Bruno Etienne (2002). Michel Foucault a fort bien montré que le dressage des esprits était indissociable du dressage des corps, ce que les institutions dites « totales » ont également compris et exploitent avec brio (1993 : 31-31). L’interaction corps-esprit/esprit-corps est reconnue depuis fort longtemps, puisqu’en des siècles reculés l’ascèse corporelle, au sein de l’institution religieuse et de certaines sociétés mystiques, avait pour but de purifier l’âme. Blaise Pascal ne déclarait pas autre chose lorsqu’il affirmait « qu’il faut s’agenouiller et faire les gestes de la foi pour croire »…

29En revanche, il existe une différence notable entre le dressage pratiqué par les institutions totales, au rang desquelles on peut ranger l’armée, et celui auquel procède l’institution maçonnique. Car le premier développe un conditionnement de type pavlovien, privatif de toute liberté de pensée, d’expression et de comportement, tandis que le second, anti-dogmatique et émancipateur, a pour effet de libérer le sujet de ses préjugés (le maçon est dit « libre et de bonnes mœurs »). Le rituel maçonnique ne peut donc être bénéfique que s’il est rigoureux et que son sens est parfaitement compris. « Tout symbole, tout rite — mise en action des symboles — perdent leur valeur, et ne sont plus que des “simagrées” dès qu’ils ne sont plus exactement respectés comme ils devraient l’être », affirme avec raison Jules Boucher. Puis de renchérir : « Et le plus souvent ils ne sont pas respectés, parce qu’ils ne sont pas compris » (1998 : 323).

  • 13  Selon Philippe Breton et Serge Proulx (2002), la communication se décline en trois modes : mode in (…)
  • 14  « Le geste est le signe extérieur de cette volition », déclare Jules Boucher (1998 : 323).
  • 15  Mircea Eliade affirme que « l’initiation correspond à une mutation ontologique du régime existenti (…)

30Le corps est bien plus qu’un vecteur de communication à visée informative. Favorisant le mode expressif13, il est le creuset matriciel dans lequel s’accomplissent de véritables transformations mentales14. Au-delà du fait qu’il est un langage dont il faut décoder le sens pour en saisir la pleine valeur, le dispositif matériel et physique du rituel maçonnique possède un caractère performatif, qui se révèle à son tour hautement signifiant par les changements cognitifs, sentimentaux et comportementaux qu’il introduit. On rejoint là la conviction de la philosophe Hannah Arendt, pour laquelle « être et paraître coexistent », et celle de nombreux penseurs avançant l’hypothèse que toute transformation ontologique s’enracine nécessairement dans une transformation phénoménale15. Ainsi pourrait-on appliquer, en l’inversant, l’approche de John Austin : « Quand faire, c’est dire ». Des bâtisseurs de cathédrales et maçons francs opératifs, en effet, qui en furent la source d’inspiration principale, la maçonnerie spéculative a conservé une certaine concrétude à travers la mise en geste des mots et la mise en acte des idées. Pascal Lardellier, évoquant le rôle de ce « corps, puissamment sémantique », souligne avec justesse que

[...] le rite exige toujours de ses participants une démonstration physique, « une création de présence » (E. Schieffelin). Ne pouvant en aucun cas être vécu de manière abstraite, in absentiae, il impose une incarnation, sans laquelle aucune action symbolique ne saurait être atteinte. Car pour être crédible, ce rite se doit d’être vécu, investi de l’intérieur (2003 : 94).

31En outre, l’effet cathartique produit par la mise en scène des corps — effet identique à celui que revêtait la tragédie selon Aristote — ne doit pas être négligé. L’élève de Platon évoquait avec raison « cette imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen du récit », et qui « opère la purgation propre à pareilles émotions » (1952 : 1449b). À son tour, Jacqueline de Romilly a mis en évidence la fonction psychologique et sociale de la tragédie grecque, qui permettait d’extérioriser la violence via un phénomène d’identification du spectateur à l’acteur-personnage, et de l’évacuer ainsi hors des murs de la cité. Le rituel maçonnique accomplit une purification assez semblable grâce au spectacle visuel qu’il livre. Il va même plus loin que la tragédie si l’on considère que tous les spectateurs sont également des acteurs de la pièce qui se joue, le geste se joignant à l’observation.

32Les gestes que l’apprenti exécute sont d’ailleurs très évocateurs : le bras et la main disposés en équerre au dessous de la gorge sont destinées à juguler les passions provenant du cœur et à les empêcher de troubler l’âme, ainsi que l’explique le rituel au premier degré du Rite écossais ancien et accepté. Ce signe dit « guttural » devient un signe « pectoral » au grade de compagnon, la main se situant alors au niveau du cœur.

Franc-maçon formé par les outils de sa loge (gravure anglaise du XVIIIe siècle, Bibliothèque nationale, Paris)

Franc-maçon formé par les outils de sa loge (gravure anglaise du XVIIIe siècle, Bibliothèque nationale, Paris)

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33L’objectif opératif est si prépondérant que certains, tel Jules Boucher, font remarquer que ces positions correspondent à des chakras et mobilisent ainsi les centres d’énergie de l’être. Par ailleurs, l’idée d’une thérapie de groupe fondée sur une approche systémique, c’est-à-dire sur une régulation des relations que les éléments du groupe entretiennent les uns avec les autres, est assez proche, même si elle diffère dans sa mise en œuvre, des thérapies familiales de Don D. Jackson et de Paul Watzlawick et plus largement du Mental Research Institute, fondées sur la notion d’homéostasie.

  • 16  Les devoirs enjoints aux Maçons libres, texte partiellement reproduit par Gérard Gayot (1991 : 61)

34L’aspect physique est tellement essentiel qu’un maçon doit être « un homme exempt de défaut du Corps, qui peut le rendre incapable d’apprendre l’Art »16, de l’avis de certains adeptes. Il ne s’agit bien évidemment pas de discrimination, mais de la conviction que les lumières de la maçonnerie demeureraient à jamais inaccessibles à celui dont un corps infirme ne permettrait pas l’accomplissement du rituel, la spécificité de l’initiation étant par ailleurs le vécu d’une progression extérieur/intérieur. On voit là tout ce qui peut séparer la tradition maçonnique de certaines mystiques ou traditions ésotériques proposant une élévation spirituelle en s’adressant directement et uniquement à l’esprit. Passer du contact sensible des choses matérielles à leur conceptualisation, de la conceptualisation à l’imagination, de l’imagination à la monstration, de la monstration à l’intériorisation, et de cette dernière à une appréhension de nature intuitive : tel est l’un des objectifs de la voie maçonnique. Mais à l’instar de la tradition alchimique, cette dernière s’appuie toujours, initialement, sur un support physique, un substrat matériel, destiné à servir de déclencheur transmutatoire.

  • 17  La physique quantique postule, par exemple, qu’un chat peut être à la fois mort et vif. Elle démon (…)

35Dans l’accession à un mode de connaissance intuitif, le maniement des symboles joue un rôle déterminant. Signifiant moins abstrait, moins arbitraire surtout, que ne le sont les mots, formés de lettres et de sons conventionnels selon la linguistique saussurienne, le symbole possède en effet une sorte de lien naturel avec le signifié, puisqu’il procède par substitutions et transferts sémantiques. Il tient lieu de jonction entre les réalités strictement matérielles et les concepts purement intelligibles, les sens et la raison (l’idée d’une réunion de deux parties séparées est d’ailleurs présente dans l’étymologie du mot symbole, « sumbolon », et du verbe grec « sumballein » qui signifie « mettre ensemble »). S’il est un vecteur d’information et de communication privilégié, c’est précisément parce qu’il est doté de cette nature bicéphale qui introduit l’adepte dans un entre-deux. Il crée une voie médiane, ou troisième voie, pour ceux qui refusent le réductionnisme du matérialisme et de l’idéalisme. Procédant par triangulation, évitant le piège du principe de non-contradiction d’Aristote, que la physique quantique a récemment mis à mal17, il ouvre des perspectives nouvelles. En outre, la plupart des symboles prétendent à l’universalité. Empruntant au registre de Jung, on peut dire que ceux-ci possèdent une dimension archétypale qui les rend accessibles à chacun.

  • 18  Sur cette distinction, voir Bruno Étienne (2002 : 21-22).
  • 19  Voir également François-André Isambert (1979).

36L’efficacité du symbole — notamment du symbole de condensation, réalisant une propagation affective et énergétique inconsciente, par opposition au symbole de référence18 —, a été relevée par nombre de chercheurs. Pascal Lardellier note ainsi : « Et le contexte rituel dans son ensemble va aller jusqu’à générer des états modifiés de conscience, la réalité devenant symbolique, et le symbolique performatif, puisque capable de transformer cette réalité » (2003 : 92)19. Les alchimistes, qui œuvraient également à partir d’une voie initiatique, hermétique et herméneutique, répétaient inlassablement les mêmes gestes dans les mêmes alambics, assortis des mêmes prières, paroles et symboles, ce qui était censé produire un éveil de la conscience et une transformation corporelle, conjointement à une transmutation de la matière hermétiquement scellée, sujet et objet ne faisant plus qu’un.

37En conclusion, on peut dire que le rituel maçonnique repose sur l’intuition que l’homme est une vaste structure de relations externes et internes, dont le perfectionnement dépend d’une alchimie communicationnelle à plusieurs niveaux. Proposant un modèle interactionniste global, fondé non seulement sur le « dire », mais aussi sur le « voir », le « faire » et le « ressentir », il utilise le principe de triangulation de la prise de parole, de la gestuelle ainsi que de la gestion spatio-temporelle, qui vise à produire une dialectique visible-invisible, transcendance-immanence, théorie-pratique. In fine, celle-ci doit engendrer une triangulation de l’agent lui-même (du type soufre-sel-mercure, soit esprit-âme-corps), c’est-à-dire une transmutation de l’individu par la réconciliation des contraires qu’opère le modèle ternaire, prélude à l’unification finale de l’être. La philosophie maçonnique, avec son approche praxéologique, semble bien faire partie de ces systèmes d’« idées » qui « deviennent des forces matérielles », selon les mots de Régis Debray (1994 : 22). Cette thèse médiologique se trouve d’ailleurs énoncée près d’un siècle auparavant et dans des termes similaires par le maçon Edouard Plantagenet (1992 : 142), lorsque ce dernier explique que « l’idée froide », purement abstraite, entre en contact avec les sentiments fécondants durant le rituel et « se transforme soudainement en idée-force en s’intégrant dans notre personnalité ». Loin de se cantonner au plan individuel, cette transformation du maçon vise à transformer à son tour l’ensemble de la collectivité maçonnique et même de la société profane, étant entendu que le perfectionnement des parties constitutives d’un groupe participe également du perfectionnent de la structure globale.

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Bibliographie

Abbé Barruel, Augustin (1803), Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme, cinq volumes, Hambourg, chez P. Fuache.

Aristote (1952), La poétique, traduction de J. Hardy, Paris, Les Belles lettres.

Boucher, Jules (1998), La symbolique maçonnique, Paris, Éditions Dervy.

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Debray, Régis (1994), « Comment les idées deviennent des forces matérielles », Sciences humaines, no 38, avril.

Debray, Régis (1997), Transmettre, Paris, Odile Jacob.

Doignon, Olivier (2005), Comment naît une loge maçonnique ? L’ouverture des travaux et la création du monde, Paris, Éditions Maison de Vie.

Eliade, Mircea (1992), Initiation, rites, sociétés secrètes, Paris, Folio. (Coll. « Essais ».)

Étienne, Bruno (2002), L’initiation, Paris, Éditions Dervy.

Foucault, Michel (1993), Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard. (Coll. « Tel ».)

Garibal, Gilbert (2004), Devenir franc-maçon, Paris, Éditions de Vecchi.

Gayot, Gérard (1991), La franc-maçonnerie française, Paris, Gallimard.

Hall, Edward T. (1971), La dimension cachée, Paris, Éditions du Seuil.

Hall, Edward T. (1984), La danse de la vie. Temps culturel, temps vécu, Paris, Éditions du Seuil.

Isambert, François-André (1979), Rite et efficacité symbolique du rituel, Paris, Le Cerf.

Lardellier, Pascal (2003), Théorie du lien rituel : anthropologie et communication, Paris, L’Harmattan.

Lévi-Strauss, Claude (1962), Anthropologie structurale, Paris, Plon.

Plantagenet, Edouard (2001), Causeries initiatiques pour le travail en chambre du milieu, Paris, Éditions Dervy.

Plantagenet, Edouard (1992) Causeries initiatiques pour le travail en chambre de compagnons, Paris, Éditions Dervy.

Quoy-Bodin, Jean-Luc (1987), L’armée et la franc-maçonnerie, Paris, Éditions Economica.

Ragon, Jean-Marie (1853), Orthodoxie maçonnique, Paris, Dentu.

Watzlawick, Paul, Janet Helmick Beavin et Don D. Jackson (1976), Une logique de la communication, Paris, Éditions du Seuil.

Winkin, Yves (dir.) (1981), La nouvelle communication, Paris, Éditions du Seuil.

Wirth, Oswald (2001), La franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes. L’apprenti, tome 1, Paris, Éditions Dervy.

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Notes

Les obédiences maçonniques sont des « Ordres ». L’obédience mixte internationale « Le Droit Humain » a d’ailleurs fait de Ordo ab Chaos sa devise. Rappelons, enfin, que les franc-maçons se mettent « à l’ordre », l’ordre étant une position particulière constitutive du rituel.

1  Dans cette étude, nous nous attacherons principalement à l’analyse du Rite écossais ancien et accepté.

2  Pascal Lardellier (2003) distingue entre les « rites d’interaction », qui mobilisent un nombre réduit de personnes (deux à cinq), et les « rites sociaux ou communautaires ».

3  « La truelle, outil liant par définition », souligne Gilbert Garibal (2004 : 130).

4  Sur cette distinction des différents niveaux de communication (contenu / relation), on consultera avec profit l’ouvrage de Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin et Don D. Jackson (1976).

5  Pour cette analyse du schéma de Claude Shannon, on se reportera à l’ouvrage de Philippe Breton et Serge Proulx (2002 : 130-131).

6  Calendrier maçonnique du Grand Orient de France datant de 1873 partiellement reproduit par Gérard Gayot (1991 :111).

7  « Le ternaire s’impose à nous dans des domaines très divers parce qu’il réalise l’équilibre entre deux forces opposées : l’actif et le passif », affirme ainsi Jules Boucher (1998 : 92).

8  Affirmation du philosophe allemand Friedrich Nietzsche.

9  Voir notamment La dimension cachée (1971).

10  Maria Deraisme, par exemple, avec la fondation du Droit Humain, en 1893. Avant cela, dès le xviiie siècle, furent créées des « loges d’adoption » où la présence des femmes était attestée. Aujourd’hui, seules quelques loges encore attachées aux origines ne reconnaissent pas la mixité (la Grande Loge Nationale Française, notamment).

11  Il semble utile de rappeler que le terme sacré, issu du latin sacer, évoque ce qui est séparé (séparé précisément du monde profane, terme provenant de profanum, qui signifie « ce qui est devant le temple », à l’extérieur de l’enceinte sacrée).

12  Sur le temps, voir l’ouvrage d’Edward T. Hall, La danse de la vie. Temps culturel, temps vécu (1984).

13  Selon Philippe Breton et Serge Proulx (2002), la communication se décline en trois modes : mode informatif, mode argumentatif et mode expressif. Ce dernier mode est celui qui fait la part belle à l’imagination, à la création, au partage des sentiments.

14  « Le geste est le signe extérieur de cette volition », déclare Jules Boucher (1998 : 323).

15  Mircea Eliade affirme que « l’initiation correspond à une mutation ontologique du régime existentiel » (1992 : 12).

16  Les devoirs enjoints aux Maçons libres, texte partiellement reproduit par Gérard Gayot (1991 : 61).

17  La physique quantique postule, par exemple, qu’un chat peut être à la fois mort et vif. Elle démontre également que la lumière peut être considérée comme phénomène ondulatoire et phénomène corpusculaire, selon les instruments de mesure que l’on utilise.

18  Sur cette distinction, voir Bruno Étienne (2002 : 21-22).

19  Voir également François-André Isambert (1979).

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Pour citer cet article

Référence papier

Céline Bryon-Portet, « Le principe de triangulation dans les rites maçonniques », Communication, Vol. 27/1 | 2009, 259-277.

Référence électronique

Céline Bryon-Portet, « Le principe de triangulation dans les rites maçonniques », Communication [En ligne], Vol. 27/1 | 2009, mis en ligne le 05 juin 2013, consulté le 30 septembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/communication/1353 ; DOI : 10.4000/communication.1353

Cet article est cité par

  • Bryon-Portet, Céline. (2011) La tension au coeur de la recherche anthropologique. Anthropologie et Sociétés, 35. DOI: 10.7202/1007863ar

Auteur

Céline Bryon-Portet

Céline Bryon-Portet est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Directrice de la communication à l’ENSIACET-INP de Toulouse (École Nationale Supérieure des Ingénieurs en Arts Chimiques et Technologiques – Institut National Polytechnique) et chercheure associée à l’unité mixte de recherche « États Sociétés Idéologies Défense » (ESID) de l’Université Paul Valéry, Montpellier3. Courriel : soline33@yahoo.fr

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QUELQUES MAÇONS DANS QUELQUES WESTERNS 23 janvier, 2021

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

QUELQUES MAÇONS DANS QUELQUES WESTERNS

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Par Julien V dans Contributions

Avec cet article de Julien V nous continuons notre partenariat avec la revue Critica Masonica. Vous pouvez retrouver cet article, et beaucoup d’autres, sur leur site.

Dans les 6 westerns où la maçonnerie est présente explicitement, aucun frère ne cache son appartenance. Bien au contraire, ils arborent une multitude d’objets maçonniques… qui, bien souvent, vont de pair avec leur statut de victime.

 

UNE FRANC-MAÇONNERIE DU QUOTIDIEN

Dans Les Disparus d’Apostrophe, bande-dessinée de René Pétillon (Dargaud, 1982), un auteur surnommé Hector Carlos a écrit un ouvrage original intitulé Paul Claudel et la mafia. Il affirme sur le plateau de la célèbre émission littéraire : « J’ai reconstitué l’emploi du temps de Paul Claudel de 1886 à sa mort…

J’ai lu toute sa correspondance en tentant d’établir des recoupements avec mes informations sur la mafia. Résultat : néant ! Pas le moindre lien entre Paul Claudel et la mafia ! Pas ça ! ».

Un sujet comme « les maçons et les westerns » allait-il connaître le même néant ?

Heureusement, l’internet permet d’avoir à des données qui, auparavant, nécessitaient de longues heures de recherche en bibliothèque ou en cinémathèque.

J’ai déjà pu apprécier la qualité des travaux de repérage de la « Grand Lodge [canadienne] of British Columbia and Yukon » et l’abondance des informations contenues dans l’Internet Movie Database-IMDb.

Quant au visionnage de films sur lecteurs électroniques, il permet, grâce aux arrêts sur images, de repérer tous les détails qui échappaient aux visions distraites ou en flux ininterrompus.

C’est comme ça qu’il est possible d’établir la liste des 6 westerns où la maçonnerie est présente explicitement, que ce soit à travers un personnage, une citation ou plusieurs objets.

Ces films, de 1956 à 2010, sont les suivants : La Prisonnière du désert (The Searchers) de John Ford (1956) ; La Kermesse de l’Ouest (Paint Your Wagon) de Joshua Logan (1969) ; Cent dollars pour un shérif (True Grit) de Henry Hathaway (1969) et son remake de Joël et Ethan Coen (2010) ; Tombstone de George Pan Cosmatos (1993) et Gettysburg de Ron Maxwell (1993).

Le premier point commun de tous ces westerns est d’inscrire la franc-maçonnerie dans le quotidien voire dans une certaine banalité de l’Ouest. En effet, les personnages n’hésitent pas à s’entourer d’objets maçonniques : le tablier de Turkey Creek Jack Johnson (Tombstone) ; la montre avec chaîne du marshall du comté (Tombstone) ; le badge à équerre et compas d’un caporal (Gettysburg) ; la bourse siglée de Frank Ross et le cendrier du colonel G. Stonehill (Cent dollars pour un shérif, 2010). Pas étonnant, dès lors, que la jeune orpheline Mattie Ross (Kim Barby et Hailee Steinfel) de Cent dollars pour un shérif, donne l’ordre le plus naturellement du monde d’enterrer son père « revêtu de son tablier de maçon ».

Dans tous ces westerns, les maçons ne se cachent pas. Mais le fait d’afficher aussi visiblement leur appartenance ne signifie pas pour autant qu’ils n’ont pas d’ennemis.

DE FÉROCES ET VIOLENTS ENNEMIS

Il n’y a que dans La Kermesse de l’Ouest où l’on retrouve l’ennemi traditionnel et bien connu de ce côté-ci de l’Atlantique : l’homme d’Église.

Dans le film de Joshua Logan, il s’agit de Parson, le prédicateur (Alan Dexter). Il arrive dans la ville des chercheurs d’or – qu’il compare volontiers à Sodome et Gomorrhe – à cheval alors que sa femme marche devant lui en tenant la bride.

Rien d’étonnant à ce qu’il détonne avec son attitude machiste, par rapport à l’esprit de liberté qui anime le ménage à trois des héros.

Et cette arrivée en ville est ponctuée de ses commentaires accusateurs envers tous ceux qu’il estime en perdition.

C’est ainsi qu’il met en garde une prostituée : « Femme sans pudeur, tu crois peut-être que le Seigneur n’était qu’un pauvre type qui se baladait dans un drap déchiré il y a deux mille années de cela ? Et bien tu te trompes, femme, il est ici et il te voit ».

Et c’est également ainsi qu’il condamne un groupe de chercheurs d’or buvant bruyamment dans la rue : « Vous Jouisseurs sans foi ni loi ! Qui êtes-vous ? Franc-maçons ? Rosicruciens ? Émissaires païens surgis des antres de Babylone. Soûlards. Bâfreurs. Joueurs. Prostituées. Fornicateurs ! ». L’insulte « franc-maçons » est assez peu efficace dans la bouche d’un personnage qui reste ridicule et finalement inoffensif.

En revanche les autres ennemis qu’ils soient indiens ou hors-la-loi, sont autrement plus redoutables et, à chaque fois, les maçons en deviennent les victimes jusqu’à en perdre la vie.

Dans La Prisonnière du désert, lorsqu’Ethan (John Wayne) et Martin (Jeffrey Hunter) qui recherchent la jeune fille enlevée par les Indiens, explorent un camp de Comanches Nawyecky qui vient d’être dévasté par la cavalerie, l’un des indiens morts, un sabre planté dans le torse, porte un tablier maçon.

Le tablier est la preuve que cet Indien a bien participé aux raids meurtriers contre les fermes des blancs.

Dans les deux versions de Cent dollars pour un shérif, Tom Chaney (Jeff Corey et Josh Brolin) est le hors-la-loi qui assassine le maçon Frank Ross (John Pickard et Philip Knobloch).

À la différence de Frank, Tom a beaucoup de défauts : il joue, il boit, il vole… et il tue, il a d’ailleurs précédemment tué un sénateur au Texas.

Dans Tombstone, le maçon Turkey Creek Jack Johnson (Buck Taylor) rejoint les frères Earp pour se battre contre une bande de hors-la-loi surnommée « les cowboys ».

Les pires ennemis des maçons sont donc bien les hors-la-loi, ce qui confirme que les maçons sont bien du côté de la justice, de la paix sociale, mais aussi de l’ordre.

LES MAÇONS, TOUJOURS MODESTES ET FRATERNELS ?

Si les maçons des westerns ne sont pas forcément tout en bas de l’échelle sociale, leur train de vie apparaît relativement modeste. L’homme qui porte un badge maçon dans Gettysburg, est un simple caporal. Les autres maçons sont fermiers (La prisonnière du désert, Cent dollars pour un shérif) ou vendeur de chevaux et loueur d’étables (Cent dollars pour un shérif, 2010).

Plus important que leur place dans l’échelle sociale est leur souci constant de leur prochain et la fraternité qu’ils mettent en pratique dans leur vie.

Dans La Kermesse de l’Ouest, l’amitié qui lie Ben Rumson (Lee Marvin) et Sylvester Newel (Clint Eastwood) ressemble à un lien maçon, le premier a recueilli le second grièvement blessé et l’appelle « Pardner », ce qui pourrait se traduire par « Part’naire », mais est traduit par « Compagnon » dans la version française.

Il lui explique qu’il n’a respecté aucun des Dix commandements, mais n’a jamais trahi son « compagnon de travail ».

Le marché passé entre les deux hommes est le suivant : Ben soigne, loge et nourrit son « Pardner » et, en échange, son « Pardner » doit régler ses dettes de jeu, le ramasser quand il traîne saoul dans la boue, lui tenir compagnie dans ses moments de désespoir et veiller sur sa femme, Elizabeth (Jean Seberg).

Ils finissent d’ailleurs par former un ménage à trois, car, selon Elizabeth, « C’est une solution humaine, pratique, pas immorale du tout ».

Dans Cent dollars pour un shérif, le maçon Frank Ross a également recueilli, donné un travail et un toit à Tom Chaney. Et Tom, ivre et perdant aux cartes, abat Frank alors que ce dernier, dans un ultime geste protecteur, voulait le calmer et l’empêcher d’aller se battre au saloon.

Dans Gettysburg, le caporal maçon se précipite au chevet de son commandant atteint par un tir. Il faut également noter au passage que ce maçon se trouve dans l’armée nordiste, c’est-à-dire anti-esclavagiste.

Enfin dans Tombstone, le maçon Turkey Creek Jack Johnson, querelleur et susceptible quant à son honneur (il a tiré sur « Un minable cul-terreux [qui] l’a traité de menteur »), n’hésite pas à rejoindre les frères Earp quand ils affrontent les hors-la-loi.

Il y a cependant une exception à apporter à ce constat. Il s’agit du personnage du marshal John Behan (Jon Tenney) dans Tombstone.

Behan incarne la version détestable du maçon, notable, « réseauteur » et opportuniste. C’est ainsi qu’il cumule les responsabilités et les honneurs le rendant incontournable (marshal du comté, collecteur d’impôt, capitaine des pompiers, président du mouvement des citoyens antichinois et président de la commission immobilière !)… mais il refuse d’intervenir quand un hors-la-loi tue le shérif au prétexte que l’affaire relève de la ville et non du comté.

Il se révèle même l’allié des hors-la-loi : se contentant de faire de grandes déclarations aux frères Earp : « Messieurs, je ne tolèrerai aucun désordre », essayant de les dissuader d’aller au combat et même tentant de les arrêter avant l’affrontement !

Comme quoi, les maçons ne sont jamais complètement autonomes par rapport à la société dans laquelle ils vivent.

 prisonnieredesert

Source : https://www.hiram.be/blog/2015/06/03/quelques-macons-dans-quelques-westerns/

Régularité et Reconnaissance 16 décembre, 2020

Posté par hiram3330 dans : Bleu,Chaine d'union,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Régularité et Reconnaissance

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Il m’est souvent arrivé d’écrire dans des diverses publications qu’on ne doit pas se considérer dans une étape exceptionnelle de l’histoire parce que tout le monde s’est imaginé cela dans toutes les époques et le plus souvent s’est trompe. On a besoin d’une perspective de siècles pour nous rendre compte quelle années ont vraiment été des moments principaux et pivotaires dans l’histoire de l’humanité. Les décennies ne suffisent pas. Il ne serait pas pourtant exclu que sur ce pas entre le deuxième et le troisième millénaire que nous venons de dépasser, nous ayons vit une période exceptionnelle de l’histoire de la Franc-maçonnerie moderne. Avec le risque de commettre une faute, je vais expliquer pourquoi je le pense et cela ne veut pas dire le millénarisme.

Le passage de peu de temps de l’année 2000 n’est pas une étiquette mise par les hommes sur le cours par parfois calme mais plus souvent trouble de l’histoire qui fait le croire aujourd’hui.

Nous savons, tout le monde sait, que la Franc-maçonnerie moderne est née avec la fondation en 1717 de la Grande Loge de Londres et Westminster. Cela s’est passe par l’union des quatre loges, avant cela indépendantes, qui sont ainsi devenues la première obédience maçonnique cela veut dire, la première fédération de loges décidées de mettre au commun l’intendance et pour pouvoir se concentrer sur certaines choses qui leur semblaient plus importantes, comme la mise en pratique de la fraternité, l’amélioration des gens et par cela et par eux l’amélioration du sort de l’humanité. Cela a donne à la maçonnerie anglaise une avance sur toutes les autres, même si les soit dites ancêtres de notre Ordre, les champions opératifs, étaient plus nombreux en France qu’en Angleterre.

De cette manière, et au cours de deux siècles et demi la maçonnerie anglaise a étendu ses ailes protectrices mais suffocantes de la Franc-maçonnerie universelle. Des choses qui n’existaient point dans la maçonnerie d’origine ont été ajoutées pour des raisons purement politiques, comme l’assimilation du Grand Architecte de l’Univers avec le Dieu de la Bible (voir les Vieux taches des constitutions d’Anderson). Les lois et les édits de la Grande Loge de Londres premièrement, et après cela, des grandes loges des Antiques et des Modernes, de la Grande loge Unie de l’Angleterre après 1813, déterminent dans le monde entier qui était Franc-maçon et qui ne l’était pas, quelle obédience était régulière et quelle ne l’était pas, par le simple jeu de la reconnaissance et de la ne reconnaissance. Ceux qui étaient reconnus à Londres jouissaient de relations privilégiées entre eux sons les yeux attendris et affectueux de la Grande Loge Unie de l’Angleterre tous les autres étant rejettes dans les contrées froides et assombries de la ne reconnaissance, donc, d’une manière automatique et par définition britannique de l’irrégularité.

L’influence de l’Angleterre s’est répandues encore après la révolution américaine, qui transforme treize colonies anglaises d’Amérique de Nord dans le plus grand pouvoir de langue anglaise et sans doute le plus grand pouvoir purement et simplement de l’entier histoire de l’humanité.

Cette révolution qui avait rompu les liaisons purement politiques et administratives avec le pouvoir colonial, n’a pas influence que très peu la Franc-maçonnerie nord-américaine. Cela a continué d’être extrêmement dépendant de nos amis Anglais et seulement avec beaucoup de timidité, au début du vingtième siècle s’est permis enfin de prendre quelques initiatives indépendantes, mais toujours au sens souhaite par la Grande Loge Unie de l’Angleterre. Par exemple l’idée qu’une seule obédience maçonnique doit être reconnue dans chaque pays ou étant, a pris naissance aux états Unis et cela au XIX éme siècle.

Nous savons tous que les guerres provoquent souvent des progrès technologiques et des réveils intellectuels et de l’âme. Cela s’est prouve aussi au sein de la Franc-maçonnerie. La fin des guerres napoléoniennes, de la guerre de Sécession aux États-Unis et d’autres guerres au XIX éme siècle, la fin de la première et la deuxième guerre mondiale, ont donne a la Franc-maçonnerie des impulses successifs qui agrandirent son nombre et son influence d’une manière tout a fait inédite.

Qui aurait pu s’imaginer que les petites réunions dans les salles cachées de quelques tavernes et parfois hilaires du début sont de la moitié du XVIII éme siècle donnera naissance ŕ quatre millions de maçons américains en 1959 est à deux millions de maçons dans l’empire Britannique à la même époque?

Le réveil de la Franc-maçonnerie Européenne de la fin de la deuxième guerre mondiale a été plus lent, moins spectaculaire mais plus solide.

Quelle est la situation actuelle ? Je voudrais vous parler de quelques choses dont peut être vous n’avez pas entendu jusqu’à présent, mais qui pèseront bien lourdement sur les décisions qui devrons être prises pendant cette décennie et pendant la décennie prochaine, ainsi comme sur le futur de la Franc-maçonnerie.

Mais, tout d’abord, quelles sont les règles (terme d’où surgit la parole réguler , régularité qui du début du XVIII éme siècle et de la Franc-maçonnerie de Grande Loge ont fait la différence entre les obédiences qui étaient Maçonniques et celles qui ne l’étaient pas ? Qu’on me pardonne si quelques éléments de cette énumération fâchent (au moins pour le moment) les convictions de quelques lecteurs, mais je ne peux pas, et je ne veux pas changer on maquille la réalité historique. Il est aussi possible que les solutions du futur ne dépendent entièrement de ces règles et nous allons bientôt voir pourquoi.

Du point de vue de 99% de la Franc-maçonnerie mondiale et de la Grande Loge Unie de l’Angleterre qui a invente les critères d’origine et nous a servi pour longtemps comme modèle, une obédience régulière.

1. Elle est formée seulement d’hommes ;

2. Elle applique un Rite et un Rituel traditionnel, ŕ la gloire et sous l’invocation du Grand Architecte de l’Univers ;

3. Elle le fait dans la présence des Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie qui sont et le Volume de la Loi Sacre, la Sainte Bible.

4. Elle a été crée, par filiation interrompue, par au moins trois loges venant d’une obédience régulière ;

5. Elle est souveraine et indépendante de tout autre Pouvoir Maçonnique, de tout autre système de Hauts Degrés, de tout parti ou organisation politique et de tout Église.

Nous pouvons voir tout de suite qu’une obédience qui, comme le Grand Orient de la France a abandonne en 1877 la Sainte Bible et toute référence au Grande Architecte de l’Univers est irrégulière. Mais que pouvons dire sur GLNF, la Grande Loge Nationale de la France, reconnue par l’Angleterre, un jour avant d’être crée en 1913, mais constituée seulement de deux loges irréguliers, le Grand Orient de la France et soumise a un pouvoir maçonnique étranger, la Grande Loge Unie de l’Angleterre d’on elle recrue souvent les Grands Officier.

Que pouvons nous dire sur la Grande loge du Suède, reconnu comme la Grande Loge de l’Angleterre mais qui impose a ses candidats l’appartenance à l’Église Nationale Suédoise (on n’y reçoit pas ni les membres d’une autre église protestante ni des catholiques, ni des hébreux et qui est dirigée par un Conseil Suprême des Hauts Dégrées on seulement les nobles pouvant prendre part ? Qu’est-ce qu’on peut dire sur la Grande Loge du Danemark, sur la Grande Loge de Norvège ou sur l’une des composants des Grandes Loges Unies de la Germanie, toutes régentées par de Suprêmes Conseils des Hautes Dégrées.

Évidemment, quelque part se passe quelque chose dont les Frères Maçons communs ne sont presque jamais informes. Une obédience régulière, conforme aux règles de la Grande Loge Unie de l’Angleterre n’est pas automatiquement reconnue et, via versa, des obédiences fortement irrégulières conformes aux mêmes règles sont reconnues. Mais, dans ce cas et si la régularité l’impose, comme son nom l’indique, le respect de certain règles, qu’est ce qui se passe avec la reconnaissance ?

La reconnaissance entre les obédiences maçonniques ne dépend point de la régularité de celles reconnues, mais des intérêts politiques (au sens de la politique maçonnique et des obédiences qui accordent cette reconnaissance. Ne vous imagine pas que nos amis anglais ne sont pas au courant, au moins en grandes lignes, avec la réalité maçonnique sur le continent Européen.

Ne vous imaginez pas qu’ils ne savent qui sont vraiment régulière parmi ceux ne sont pas reconnus ou qu’ils s’imaginent que les loges qu’ils reconnaissent, GLNF, les Suédois ou les Grandes Loges Unies de l’Angleterre (et beaucoup d’autres loges insignifiantes, surtout en Europe d’Est) seraient réguliers. C’est tout simplement dans leur intérêt d’avoir des relations maçonniques d’une partie avec les obédiences des pays importantes comme la France, l’Allemagne et les pays scandinaves et d’autre partie avec de petites obédiences des autres pays (l’Espagne, le Portugal, les pays de l’Orient) ayant des problèmes de régularité réelle, donc facilement a soumettre et a contrôler. Ils reconnaissent à qui ils veulent, sans aucun état d’âme, laissant a ces pauvres obédiences le souci de se croire régulières, car ils ont reconnus perdre leur souffle en essayant sans cesse de démonter qu’ils sont dignes de cette reconnaissance essayant souvent ętre plus Catholiques que le Pape.

Cette combinaison est marche assez bien jusqu’aux années 1980. A ce moment là, un point de rupture semble avoir été touche et quelques choses se sont rompues irréparablement dans le domaine de la Franc-maçonnerie anglo-américaine.

Le déclin était commence d’ailleurs plus antérieurement, d’une manière peu visible et pour beaucoup de temps les Grandes Loges touchées par cette maladie n’ont pas vu (ou elles n’ont pas voulu voir) le danger.

Depuis plus de quarrant ans, les obédiences anglaises et américaines perdent plusieurs membres au bien d’initier.

Le nombre des membres de la Maçonnerie de USA baisse du maximum atteint en 1959) rythme presque invariable de 3% chaque année.

Le nombre des membres de la maçonnerie anglaise, une fois presque deux millions (ci = compris les colonies), est baisse sous 200.000 de nos jours. D’autre part, la Grande Loge Unie de l’Angleterre a perdu récemment, après avoir tenté une fois de trop de s’imposer le point de vue aux autres, la puissante Franc-maçonnerie Indienne, italienne et grecque.

Mais une autre chose a été plus grave: c’était pour la première fois dans son histoire qu’elle n’a pas été suivie.

Ni les grandes loges de USA, ni celles de Canada, Australie et Nouvelle Zélande, ni même son fidèle vassal GLNF ne l’ont pas suivie et n’ont pas retiré la reconnaissance des Indes, des Grecques et des Italiens. La significations de ce fait ne peut pas être sous-estime.

En rupture avec l’opinion publique anglaise, autrefois favorable, avec l’Église Anglicane, autrefois une principale alliée, mais elle-même en difficulté de nos jours, la Franc-maçonnerie anglaise fait aujourd’hui des efforts désespérés pour ralentir son écroulement. Par exemple a l’occasion de l’anniversaire de la création en 1717, de la Grande Loge de Londres et Westminster, le Grand Maître, Son altesse Royale, le Duc de Kent a exprime devant une assistance de 6000 personnes, Maçons et profanes réunis pour une tenue maçonnique (ce qui n’était pas régulier) le désir d’imiter, en espérant une renaissance, la Franc-maçonnerie américaine par une extériorisation presque complète.

Pour répondre a une campagne dans la presse des scandales qu’elle pouvait autrefois, regarder avec mépris, la Grande Loge Unie de l’Angleterre a censure de ses rituels, tous les « serments pénaux ». Ceux ci sont aujourd’hui remplaces par un serment adouci et inoffensive. Elle a aussi publie dans la presse, il y a quelques ans, les signes et les mots des trios dégrées afin de prouver qu’elle n’a pas des secrets et rien a cacher. Ce qui prouve la grandeur de ses problèmes, ainsi que les sacrifices qu’elle est dispose de faire et consentir pour sauver son existence. Enfin et encore une fois, personne dans sa sphère d’influence ne semble pas dispose a la suivre.

Le plus grand problème pour une imitation des américains est, bien entendu, que les Américains mêmes sont de nos jours loin d’être un exemple à suivre pour les Anglais membres a chaque dix ans. La Franc-maçonnerie Américaine perde de nos jours et chaque année plus que tous les membres de la Franc-maçonnerie Française, environ de 100 000 personnes. Le nombre total des membres de la Franc-maçonnerie SUA est passé d’un maximum de Presque 4.200.000 en 1959 a moins de 1.800.00 de nos jours. Des chiffres d’ailleurs inflationnistes, parce qu’en vertu du système de numérotation qu’ils utilisent, un frère membre de trios loges est prés en compte trios fois. Enfin, après un rapport très official de la Société d’Ex Maîtres Vénérables de SUA. Seulement 10% des nouveaux maçon, reviennent jamais à la Loge après l’initiation et seulement 5 % sont plus ou moins assidus. Ce qui signifie qu’en dépit du grand nombre de membres annoncés (1.800.000), le nombre réel de Maçons aux États Unis qui fréquentent vraiment les loges est de 90.00 à 125.00, pour une population de Presque 260 millions d’habitants.

Des loges qui ont sur le papier 500 membres ont souvent des difficultés pour ouvrir une tenue.

Les Grandes Loges des USA se trouvent donc obligées d’adopter des mesures qui ne peuvent pas être considérées que désespérées. Une proposition récente de la Grande Loge de la Californie à la tendance d’obliger les loges avec moins de 500 membres, à se réunir dans une seule pour pouvoir amasser une douzaine nécessaire a une ouverte. Dans une autre tentative de stopper l’hémorragie, la Grande Loge de Floride initiait il y a un an dans une seule cérémonie et directement au dégrée de Maître plus de 1000 profanas en espérant de retenir au moins une centaine. Il n’est pas étonnant qu’on est tentes de comparer avec les problèmes de robinet et baignoire que nous devions résoudre de notre enfance. Si une baignoire, contenant 300 litres d’eau, perd quatre litres a chaque minute a cause d’un écoulement accidentel et que le robinet ne peut débiter que 3 litres et demie par minute, combine de temps s’écoulera jusqu’à ce que la baignoire soit vide?

Et pourtant, beaucoup de Franc-maçon du monde entière ne se rendent pas compte avec quelle vitesse va changer le paysage maçonnique international. Quelques frères s’agitent ici a Paris autour des problèmes lies aux relations avec la Franc-maçonnerie anglaise et américaine, comme s’ils vivaient pendant les années 1950. Quelqu’un devrait être extrêmement naïf pour penser qu’une Grande Loge au courant avec la situation exacte dans le monde anglo-saxonne puisse avoir le moindre envie de s’embarquer sur un navire a voiles qui prend de l’eau de toutes ses parties. Et pourtant, certains le font, et même en Roumanie si je ne me trompe pas.

Le future de la Franc-maçonnerie a beaucoup d’opportunités pour être une période extrêmement intéressant, à condition qu’on s’abstienne de commettre trop de bêtises et à perdre trop de terrains, choses pour lesquelles les obédiences maçonniques ont un immense talent.

Je vous propose de nous concentrer maintenant un peu sur ce future, car jusqu’ici nous n’avons pas parle que du passé et du présent. Je prendrai donc le risqué de faire quelques prophéties sur a un délai court et moyen, prophéties qui en fait valent aussi beaucoup que toutes les prophéties de nos jours mais ont autant de chances d’être la réalité de demain ou après demain.

Bien entendu, je ne les ferrai pas cette fois ci sur la Roumanie mais sur l’Europe Occidentale, ou je vis depuis la moitie du siècle passé. On voit déjà depuis des dizaines d’années que les obédiences liées a l’Angleterre et a l’Amérique décroisent et se diminuent parfois plus vite que celles anglo-saxonnes.

D’autre part, les obédiences régularise indépendantes, qui sont souvent des membres de la Confédération des Grandes Loges de l’Europe (ne pas être confondu a « l’Espace Maçonnique » ou autre chose) sont en permanente augmentation dans un rythme positif qui reflète le rythme négative de celles anglo-saxonnes et irréguliers: + 3% par année.

Le graphique de la diminution de la Franc-maçonnerie anglo-américaine s’entrecroisera avec celui de l’augmentation de la Franc-maçonnerie régulier indépendante dans une dizaine ou une douzaine d’années. Les obédiences réguliers indépendantes sont déjà plus nombreuses que les obédiences soumises a l’Angleterre. Le moment ou les relations maçonniques internationales sur la volonté indépendante et souveraine de chaque obédience, est bien proche.

Ce serait un moment exaltant mais difficile. Difficile à cause d’immenses différences de buts et de méthodes qui persisteront entre ces obédiences. La vaste majorité, je pense qu’environ de 90%, resteront fidèles aux principes de régularité énonces au début de cet article. Pourquoi les changeraient elles? Leur régularité n’est qu’un aspect des vieilles traditions et règles qu’elles n’ont aucun raison d’abandonner. Je pourrais imaginer la Franc-maçonnerie de l’avenir centre sur les obédiences européennes et latino-américaines avec un foyer dans la maçonnerie française. Les obédiences anglo-américaines commenceront a se diviser d’une partie en groupes assez grands pratiquant la charité, se lançon peut être dans l’action sociale et politique mais quittant, excepte quelques signes extérieurs, le rituel et la tradition maçonnique. D’autre part il y aura des groupes plus petits ou moyens, revenues a la régularité d’origine, mais qui auront abandonne, a cause de leurs nouvelles dimensions, toute velléité de hégémonie ou suprématie.

La même chose se passera avec les quelques bouts de ponts qu’elles ont constituées sur le continent européen et moins sur le continent central et sud américain.

Je peux imaginer la Franc-maçonnerie française et européenne gardant sa variété et sa multiplicité, mais revenant la où il est nécessaire, chez les portiques traditionnels. Je vois le Rite Ecossais Antique et Accepte, de loin le plus riche du point de vue intellectuel et moral, symbolique et ésotérique, s’étendant et remplacent les rites de type anglais qui ne permettent ni des affiches ni des discutions. Dans, ce contexte je pense que les obédiences européennes qui ont abandonne la tradition et les points de repère traditionnels pour l’action politique, sociale et charitable continueront a abandonner l’un après l’autre les éléments qui définissent la Franc-maçonnerie jusqu’à devenir autre chose, bien respectable peut-être mais qui aurait cesse entièrement de mériter le nom de Franc-maçonnerie.

Si la Franc-maçonnerie des futures décennies réussis à devenir, avec trois siècles en retard, une Maçonnerie Universelle dont ses fondateurs ne rêvaient pas, car leur rêve était beaucoup plus étroit, c’est qu’il est arrive le moment de travailler en harmonie. Pas pour s’épuiser en querelles stériles de préséance, de supériorité, de hégémonie et d’argents autant au sein des obédiences qu’entre elles. Il est plus urgent et important que nous soyons sincères les uns avec les autres, que nous nous rencontrions plus souvent, que nous nous connaissions mieux et nous nous entendions beaucoup mieux.

Quand a la régularité que plusieurs d’entre nous ont et que nous devons défendre a tout prix, parce qu’elle représente l’essence de ce que nous sommes dans le cas de quelques uns d’entre nous depuis Presque trios siècles.

La Régularité et seulement la régularité est ce qui fait la différence entre nous Maçons et le Rotary, Lions et la taverne du coin de la rue, entêtes respectables mais pas maçonniques.

Nous devons ainsi nous protéger envers les innovateurs, qui tachent a nous expliquer que nous sommer dans le XXI éme siècle et que nous devons simplifier et réduire nos rituels, nous débarrasser de cette vieillesse et de celle la qui sont des points de rituel et de tradition qu’ils n’ont pas compris. Et d’autant plus nous devons nous protéger envers les fabricants de nouveaux rituels, des rites et des dégrées qui tachent s’introduire des innovations partout, parfois pas bêtise et ignorance envers ce qu’ils ont déjà, parfois par la conviction qu’ils sont plus intelligents que tout le monde, mais surtout par volonté et pouvoir et donc, bien simple, pour se constituer un fondement d’où ils pourront conquérir le pouvoir.

Nous avons tous notre Tradition; au moins nous l’avons eue. La Tradition implique le devoir de la transmettre. Ce qui signifie la recevoir de nos prédécesseurs, de la maintenir en bon état, de la changer autant peu que possible et seulement s’il est absolument nécessaire et enfin de la transmettre la plus intact que possible a nos successeurs. Pour paraphraser ce que disait Antoine de Saint Exupéry sur la terre nous n’héritons pas la tradition de nos ancêtres, mais la prêtons de nos successeurs. Nous devons la transmettre dans son état d’origine, ou la remettre dans son état d’origine avant de la rendre a eux.

Comme dernière parole a l’égard de ce sujet, je dirais que nous devrions traiter la Franc-maçonnerie et nos rituels comme une foret: nous promener dans elle a l’aise, y trouver des paysages des routes et des itinéraires signes et décrits par les autres ou hors des chemins circules. Nous devons passer nos soirées sous ses branches mais la laisser dans le même état que nous l’avons trouvée quand nous y sommes arrivé.

L’étudier en général pour la connaître, l’étudier en détails si nous y sommes intéresses mais n’incruster pas notre nom et nos signes dans l’écorce des arbres. Ne plantons pas en elle des arbres étrangers sous de prétextes puérils. Ne la mettre pas en flammes, et ne nous imaginons nous mêmes envoyés pour la réinventer.

Et, enfin, nous devons savoir punir et attirer l’attention de ceux qui essaieraient de la dévaster et la gâter, soit par ambition, malice ou bêtise.

Michael Segall

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N’oubliez pas ! 28 novembre, 2020

Posté par hiram3330 dans : Contribution , ajouter un commentaire

N’oubliez pas !

 
N'oubliez pas ! dans Contribution file dans Contribution
 

Sœurs et frères pour Maât rassemblés,

Aujourd’hui, notre loge est en fête,

L’occasion pour nous tous d’évoquer

Ce défi qu’il faut garder en tête !

 

Il fallu la vouloir notre création,

Cette volonté noble et généreuse,

Sur le chantier d’accepter la vision

D’équipes renouvelées et toujours très sérieuses !

 

Sœurs et frères, dans l’action engagés

C’est un rêve, un espoir désiré,

Il nous faut bien agir pour changer,

Mais aussi inventer pour pouvoir innover.

 

Nos esprits embrumés, tant d’années englués !

Le chantier est immense, et pour nous réformer,

Dans ce monde machiste, une belle ambition,

Un effort nécessaire, mérite notre attention !

 

Rejetons le vulgaire, l’humour célibataire,

Sans cesse, élevons notre esprit,

Et toujours, relevons ce défi,

Faire de ce beau rêve la vie d’une nouvelle ère !

 

Il nous faut, confirmer l’intention,

Sans arrêt, contrôler nos pulsions,

Refuser, les anciennes tentations,

Affirmer dans les faits cette nouvelle mission.

 

Mes chères sœurs, de l’ombre il faut sortir,

Il est l’heure, affirmez vos désirs,

Réclamez, afficher tous vos dires

Car sans vous où serait notre avenir !

 

Mes chers frères, rejetons l’habitude,

De parler, plus fort que de coutume,

Il suffit de penser, et d’œuvrer avec celles,

Ces sœurs qui nous rejoignent et près de nous excellent !

 

Il nous faut inventer, une nouvelle manière,

De mettre dans la pratique, une vraie égalité,

Au-delà du respect, un élan pour être fier

Un complément dosé, une vraie félicité.

 

Il faut à l’atelier, cette dose d’insolence

Qui permette d’insuffler ce vent du renouveau

Ce désir espéré de rentrer dans la danse

De vivre la mixité comme quelque chose de beau !

 

Imprégnés des leçons de cette Egypte antique,

Où la femme avant tout était l’égale de l’Homme

Il nous est plus facile de prendre ce viatique

Ouvrir cette porte et vivre ce que l’on nomme !

SOURCE : https://www.idealmaconnique.com/post/n-oubliez-pas

HIRAM ASSASSINÉ : Fake news ou Réelle information ? 18 novembre, 2020

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

HIRAM ASSASSINÉ : Fake news ou Réelle information ?

Par

Franck Fouqueray

17 novembre 2020

 
 

« Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures. » (Mark Twain)

Le tapage médiatique des derniers jours concernant le documentaire « Hold-up » a été très riche en enseignements pour tous les Francs-maçons.

Revenons quelques instants sur les faits. Le 11 novembre dernier un documentaire de 2h43, payé intégralement par un financement participatif prétend dénoncer la supercherie de la pandémie de Covid-19 en 2020. Au travers de 37 témoignages de personnalités du monde entier, le film mélange des faits indiscutables et des spéculations parfois infondées.

Grâce à un effet Streisant[1] agissant comme une trainée de poudre, les médias se sont emparés du sujet, créant ainsi en quelques heures un hyper buzz qui a enflammé les réseaux sociaux et toute la presse nationale dans son ensemble. Bilan de l’opération, des millions de français ont eu envie de voir ce film (gratuitement), entrainant ainsi deux clans : les pros « Hold-up » d’un côté et les chasseurs de complotistes de l’autre.

Mon propos ne sera ni de défendre, ni d’accabler ce reportage. L’objet est de vous inviter à observer comment la machine informationnelle a tout broyé sur son passage d’un côté comme de l’autre. Elle nous a coupé de toute réflexion mesurée et censée. Question : « Comment le Franc-maçon s’est-il comporté dans cette tempête médiatique ? » 

J’ai la nette impression que nos fameuses passions ont gagné la bataille dès la première minute.

Tout d’abord quelques lignes sur le reportage. Commençons par les faits indiscutables. De très nombreuses informations avérées sont dévoilées ou rappelées :

  • Qui peut nier le cafouillage médiatique du gouvernement sur le port du masque ?
  • Les violences faites aux femmes durant le confinement n’ont-elles pas augmenté de 30%[2] ?
  • Qui peut affirmer que Bill Gates n’est pas influent, car il est bien le premier contributeur mondial de l’OMS avec 25% du budget annuel[3] ?
  • Les médecins qui traitent des cas COVID19 ne sont-ils pas payés 55 € la consultation au lieu de 25€ (à cause du temps supplémentaire pour gérer les cas contacts) ?
  • Qui pourrait contester aujourd’hui le scandale du Tamiflu durant la grippe A H1N1 en 2009 ?
  • N’y a t’il pas eu de scandale de la Revue scientifique du Lancet[4] ?
  • etc, la liste des faits exacts pourrait être encore longue 

Passons maintenant aux erreurs de ce reportage. Il est indéniable que le réalisateur a manqué de rigueur journalistique. Pour preuve, on y trouve des affirmations fausses ou farfelues :

  • L’OMS ne préconise pas le port du masque pour le grand public    
  • Avec le Rivotril, l’Etat a organisé l’euthanasie des seniors
  • L’OMS interdit les autopsies
  • Il y a eu une « mise en scène » en octobre 2019 aux Etats-Unis pour « une répétition générale en cas de pandémie mondiale »
  • Un brevet sur les tests pour détecter la maladie Covid-19 a été déposé le 13 octobre 2015
  • Ce virus va jusqu’à faire construire des futurs camps d’internement au Canada.

En résumé, ce reportage, comme n’importe quelle source d’information, doit être abordée avec méfiance et discernement.

 Au delà des infos, s’agit-il de fake news ou de complot ? 

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La liste des informations mensongères des 100 dernières années ne tiendrait pas dans un CD Rom. Le sujet est tellement vaste que la BNF organise actuellement une expo virtuelle[5] sur son site Internet au travers de 11 affiches, afin de prendre conscience de l’ampleur du phénomène (que je vous conseille de découvrir sur le lien en annexe). Cela va de l’accusation des juifs d’être responsables en 1350 de la propagation de la peste noire à la liste en 2017 de 10 000 revues dites scientifiques éditées par plus de 1 000 éditeurs douteux. On n’oublie pas non plus les scandales du pharma[6] avec les labos Servier et son Mediator qui ont défrayé la chronique, le Distilbène d’UCB Pharma qui entraina des cancers génitaux de 1955 à 1977, parlons aussi du Vioxx du laboratoire Merck, qui est un anti-inflammatoire qui a provoqué 160 000 crises cardiaques et attaques cérébrales et 40 000 décès, rien qu’aux États-Unis entre 1999 et 2004. Tout cela pouvait être qualifié de complot anti pharma au départ. Mais c’est devenu une information non discutable. On peut donc considérer qu’il n’y a pas de fumée sans feu lorsque certains citoyens deviennent méfiants !      

La grande mode : La théorie du complot ! 

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Depuis quelques temps, toute contestation de l’autorité engendre de facto l’étiquette « complotiste ». Il serait utile de rappeler la définition du complot : « Mise en scène par un petit groupe de gens puissants qui se coordonne en secret pour planifier et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours des événements, afin d’obtenir ou de conserver une forme de pouvoir politique, économique ou religieux ! » 

Exemple, lorsque l’abbé Augustin Barruel, auteur des « Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme », affirme que la Révolution de 1789 a été organisée par la Franc-maçonnerie française et les Illuminés de Bavière, on comprend qu’il s’agit du complot d’un ecclésiastique en vue de nuire à la Franc-maçonnerie. Mais lorsqu’un reportage payé intégralement par un financement participatif et réalisé par une société de production connue, où se trouve le complot ? Quel est l’intérêt des 37 participants notoirement connus à nuire à l’ordre politique ou médical ? 

Il est reproché à ce documentaire d’être exclusivement à charge, car on ne voit aucun contre argument, ce qui est en effet totalement juste.

Mais posons la question, qui sont, parmi la fronde de tous les journaux, magazines, émissions TV…, ceux qui ont pris la peine de faire intervenir la contradiction sur leurs plateaux ou dans leurs colonnes ? Nous n’avons là encore que des instructions à charge. Ils ont fait ce qu’ils reprochent précisément au réalisateur de « Hold-up ». 

A ce stade, vous devez vous demander si au final, je ne suis pas l’avocat de ce reportage !

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Mon problème n’est pas là, mon problème est que j’ai longuement débattu sur les réseaux sociaux il y a quelques jours avec des personnes des deux bords et je me suis étonné d’un point. Les maçons avec lesquels j’ai échangé n’ont quasiment pas disséqué ce film pour extraire les parts acceptables ou jetables pour leur esprit. La majorité à fait un bloc pour ou contre et aussitôt le verdict est tombé.

Nous avions eu le même problème avec les récentes affaires d’abus sexuels ou de propos antisémites. Tout le monde se souvient de l’affaire des écrits de Céline pour ses prises de positions antisémites, des accusations de pédophilie  pour Mickael Jackson, d’abus sexuels pour Woody Allen ou encore celles d’Alain Delon pour des accusations de racisme, homophobie et misogynie[7]. Mon propos n’est pas de juger du bien fondé de ces accusations. J’imagine que les victimes ont toutes des preuves suffisantes pour justifier leurs griefs. Ma réflexion va plutôt sur la confusion qui existe entre l’œuvre artistique des accusés et leur personnalité propre. Il en est de même pour le documentaire « Hold-up », personne ne prend le moindre recul. Soudainement, les 37 intervenants (Prix Nobel, ancien ministre, médecins…) deviennent tous sans exception de dangereux conspirationnistes qu’il faut bannir. Combien de maçons ont pris le temps de s’informer calmement, de faire le tri entre le vrai et le faux, puis de juger ensuite à la lumière de leur conscience ?

A quoi servent nos années de pratique rituelle si nous ne sommes pas en mesure de dissoudre et de coaguler l’information afin d’en obtenir l’essence qui nous nourrira ? Combien ai-je vu de FF∴ et de SS∴ se comporter pire que certains supporters de l’OM/PSG ! Je dois vous avouer que j’ai même reçu des noms d’oiseaux d’un Frère.

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Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer à quoi nous sert notre Art si nous ne pouvons pas faire le pas de côté afin de nous dépassionner dans le but de nous faire une opinion avisée et murement réfléchie ?

Est-il utile de rappeler que notre pratique repose sur l’annonce d’un meurtre ? Que faisons-nous de ce mythe et comment le traitons-nous pour nous aider à mieux vivre avec nous même et avec la société ?

Combien de Maîtres maçons perdent chaque année le prix de leur capitation à s’acharner à rester dans un enseignement initiatique dont ils n’ont semble t’il absolument rien compris ?

Je lis à longueur de colonnes et d’ouvrages maçonniques que nous, les Francs-maçons, devons retrouver notre place dans la société. Je dois vous avouer qu’après cette semaine de brouhaha médiatique, je suis très inquiet et pour me rassurer, je vais mettre cela sur le compte de la fermeture de nos Temples !!! Mais je doute fort qu’après leur réouverture, cela change grand chose.

Lorsque la recette de base est perdue, il ne reste que le simulacre. Vous l’aurez compris, je suis triste et déçu, car une fois de plus, la maçonnerie est passée à côté d’une chance de reprendre la main, celle de la médiation avec sagesse. Elle a manqué le train de l’application pratique de ses enseignements.

Ce n’est pas très grave, nous continuerons à dormir paisiblement et à nous rassurer avec nos éternels sujets qui nous tiennent bien chaud (Laïcité, fin de vie, retraite..). En attendant, je vais rester très vigilant, car j’ai le profond sentiment que les dictateurs de tous poils sont nettement plus dangereux que les complotistes dont on nous parle. Un bémol quand même, pour éviter de ressembler aux personnes que je fustige ci-dessus, je vais essayer de faire le tri entre de bon et le mauvais en chaque dictateur et faire la même chose avec les conspirationnistes. Cela me permettra ainsi de continuer à fréquenter la terre entière en essayant de rester en harmonie. Mais je vous avoue que cette période de travaux pratiques est assez compliquée. Bon courage à vous aussi.  


[1] Phénomène médiatique au cours duquel la volonté d’empêcher la divulgation d’informations que l’on aimerait garder cachées, qu’il s’agisse de simples rumeurs ou de faits véridiques, déclenche le résultat inverse.

[2] Source Le Monde : https://preview.tinyurl.com/Violence-Femmes2020

[3] Source Le Monde : https://tinyurl.com/b-gates-oms

[4] Article des Echos : https://tinyurl.com/scandale-lancet

[5] Accès à l’expo sur le site de la BNF : http://expositions.bnf.fr/presse/pedago/07.htm

[6] 5 plus gros scandales du pharma : https://tinyurl.com/5plusgrosscandales

[7] Ces 4 dernières lignes sont issues du billet : « Devons-nous rallumer des bûchers pour les artistes maudits ? » sur le Blog OVR du 18/05/2019 : https://tinyurl.com/ralumerdesfeux

SOURCE : https://blog.onvarentrer.fr/

GNOSE – Une mise au point concernant l’Église Gnostique Chaote 12 novembre, 2020

Posté par hiram3330 dans : Chaine d'union,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Une mise au point concernant l’Église Gnostique Chaote

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le 4 avril 2020 par

« Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris et vous n’en retrancherez rien » (Deut. 4.2).

Si, par le passé, l’Église Gnostique Chaote a diffusé plusieurs manifestes définissant les bases de sa mission et de son mode de fonctionnement, afin d’offrir un fil directeur à celles et ceux qui exprimeraient le désir de nous rejoindre, aujourd’hui, il nous semble plus que nécessaire d’exprimer plus explicitement certaines « vérités » que nous n’avons pas formulées ailleurs.

Qu’est-ce que l’Église Gnostique Chaote ?

L’E.G.C. est née d’une idée et est l’expression d’un profond désir de constituer un cadre fraternel et opératif pour ceux et celles qui ont un désir sincère de travailler dans la Voie gnostique.

Elle représente l’un des derniers surgeons des églises gnostiques et apostoliques dérivant de Monseigneur Vilatte en passant par les lignages Ambelain – Mauer – Jirousek – Tau IAcObus (un bref historique est donné en annexe ou peut être consulté sur internet). En ce sens, elle se pose comme héritière d’une filiation qu’elle respecte fraternellement dans l’unité de l’église – le terme « église » devant être compris dans son sens premier de communauté des fidèles.

L’E.G.C. est triple en nature : gnostique par sa profonde conviction en la doctrine spirituelle de la Gnose ; apostolique car dans la lignée ininterrompue des apôtres ; chaote car rejetant toute hiérarchie, toute soumission à une autorité autre que celle de l’Esprit Saint.

Quelle est sa structure ?

L’E.G.C. fonctionne sur un principe simple : la liberté et l’indépendance absolue de ses membres.

L’E.G.C. n’est en effet dirigée par aucun patriarche, aucune matriarche, aucun synode exécutif, aucun collectif empourpré. L’E.G.C. est une communauté ne possédant aucune structure administrative, financière, dogmatique ni hiérarchique.

Dans le sens donné par Tau Jean Huss et Tau Simon Pierre II : il y a « abrogation des ordres mineurs et majeurs qui sont fondus en un seul ordre, celui d’évêque gnostique. Jugeant inutile et perverse la multiplication des ordres et désirant revenir à la simplicité des Évangiles primitifs, nous instituons donc l’épiscopat comme seul et unique médium de l’Esprit Saint avec toutes les charges apostoliques qui s’y rapportent : l’exorcisme, les soins aux malades, la propagation de la Gnose, l’enseignement et la garde des Saintes Écritures gnostiques ».

Bien que l’ensemble des ordres puisse être conféré individuellement, chose laissée à l’appréciation de chacun, nous privilégions la transmission de l’Esprit Saint de manière simple et cardiaque.

En entrant dans l’E.G.C., les nouveaux évêques sont dotés des mêmes prérogatives, droits et obligations. Tous les « pouvoirs » apostoliques sont transmis dans l’intention de laisser l’Esprit Saint souffler au travers de nous. Les droits sont ceux offerts par la transmission apostolique. Les devoirs sont ceux prescrits par la mission apostolique confiée aux nouveaux membres.

Nous le répétons : tous les évêques sont libres, indépendants. Ils ne relèvent que d’eux-mêmes et de leur relation avec l’Esprit Saint. Nul ne peut se prévaloir d’une quelconque autorité morale, spirituelle, hiérarchique ou dogmatique sur ses sœurs et ses frères évêques de l’E.G.C. Il n’y a pas, répétons-le, de patriarche, mais nous respectons les patriarches des églises dont nous dérivons, ainsi que ceux des autres églises gnostiques, mais nous refusons de leur reconnaître une autre qualité que celle de véhicule de l’Esprit Saint. Un évêque issu de nos rangs ou se revendiquant de l’E.G.C. et qui imposerait son autorité à d’autres personnes reçues par lui ou par d’autres serait ipso facto, par lui-même et ses actes, exclus de l’E.G.C.

Après sa résurrection le Christ dit à ses disciples présents dans la chambre haute : « La paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Il est encore écrit : « Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jean 20.21-23).

Le jour de Pentecôte, le Saint-Esprit descendit avec un bruit puissant accompagné de feu divin qui enflamma la langue de tous ceux qui étaient présents. Ils furent alors purifiés par le feu divin et ils purent ainsi exprimer le Verbe dans la puissance du Saint-Esprit.

Enfin, l’E.G.C. pourrait être plus clairement définie comme une confédération d’évêques libres et indépendants associés pour une durée indéterminée, mais ne se reconnaissant aucune obligation conventuelle autre que celle que leur cœur leur dicte.

Comment devenir membre ?

En exprimant le souhait de nous rejoindre.

L’E.G.C. n’est ni élitiste ni sectaire. Ses évêques sont libres de conférer le sacre épiscopal à ceux qui en expriment le désir, le reste ne dépend que de l’Esprit qui souffle là et quand Il le veut.

Nous ne sommes pas prosélytes. Nous ne cherchons pas à convaincre qui que ce soit. Le désir de se voir conférer la dignité épiscopale relève d’un cheminement individuel qu’il ne nous appartient pas de juger.

Cela dit, que les choses soient claires, nous n’acceptons pas toutes les demandes simplement parce qu’elles sont exprimées. Une consécration ne pourra jamais se faire qu’après un minimum de rencontres de personne à personne ; il est important que nous apprenions à nous connaître afin d’éviter toute déconvenue future.

L’E.G.C. accepte pleinement le principe exposé par la déclaration apostolique et gnostique : « Tout homme et toute femme de désir peuvent se voir conférer la charge épiscopale. Le but étant de transmettre l’Esprit Saint à tous les enfants du Plérome perdus en ce monde, nous entendons, nous les dépositaires de la succession de l’Esprit-Saint, ne jamais refuser la consécration à qui que ce soit. »

Cependant, en tant que corps apostolique indépendant nous demandons au minimum deux prérequis aux futurs membres :

L’E.G.C. accepte donc toute personne sans distinction de sexe, de race, de préférence sexuelle, d’origine sociale et de fortune. Nous acceptons également les personnes ayant un casier judiciaire ou considérées comme de « mœurs douteuses ».  

Enfin, l’E.G.C. ne requiert aucuns frais, aucune indemnité, aucune cotisation. Nous transmettons gratuitement ce qui nous a été confié gratuitement. Un évêque issu de nos rangs, ou se revendiquant de l’E.G.C., qui pratiquerait la simonie serait ipso facto, par lui-même et ses actes, exclu du corps de notre église.

Quitter l’église est facile puisqu’aucune structure légale ou administrative ne lie ses membres. Si les liens du cœur et de l’esprit, de la fraternité et de l’amitié sont indissolubles, un membre qui ne se sentirait plus en syntonie avec ses sœurs et ses frères de l’E.G.C. est libre de s’en détacher quand il le veut.

Nous ne rejetons jamais aucune sœur ou frère de l’E.G.C. sauf dans les cas de manquement grave aux principes exposé ici. Ceux-là, cependant, ne sont ni exécrés ni excommuniés, ils partent naturellement et il leur est simplement demandé de ne plus se référer à l’E.G.C. ni de s’en réclamer.

Les rituels de l’E.G.C. sont-ils secrets ?

La cérémonie de consécration épiscopale est réalisée dans l’esprit de l’Evangile selon Mathieu : « Vraiment je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Oui vraiment je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre s’entendent pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mathieu, 18, 20).

L’intention et le cœur seuls importent dans le cadre d’une cérémonie qui est réalisée dans l’esprit de ce qui nous fut transmis.

Rien n’est secret, tout est disponible sur nos sites, dans nos écrits et dans ceux de ceux qui nous ont précédés.

L’E.G.C. n’est pas, et ne se veut pas, conventicule para-maçonnique ; il n’y a ni secret, ni progression initiatique, ni test ; tout y est exprimé clairement et sans malice.

Enfin, tout membre reçu au sein de l’E.G.C. ou s’en réclamant et vendant nos rites et cérémonies comme choses secrètes monnayables est ipso facto exclu, par lui-même et ses actes, de l’église.

Quels sont les enseignements de l’E.G.C. ?

Nous n’offrons aucun cours, aucun cursus, aucune formation. Bien sûr, nous partageons notre humble savoir, mais en aucun nous n’avons de corpus doctrinal spécifique à enseigner. Nous avons émis un Cérémonial reprenant les divers rites et prières usuels, il appartient à tous – qu’ils soient membres ou non – de les étudier, de les méditer, de les adapter à leurs propres pratiques.

À ceux qui demandent à nous rejoindre, nous conseillerons certaines lectures, mais nous ne demandons aucune connaissance spécifique – nul besoin de parler le latin, l’hébreu biblique, l’énochien ; nulle preuve d’une maîtrise dans un domaine particulier n’est nécessaire.

Nous invitons nos membres à étudier et à approfondir leurs connaissances des Écritures, des textes gnostiques et de tous les mouvements mystiques ayant une influence sur notre propre communauté.

Quelles sont les cérémonies de l’E.G.C. ?

Nous paraphraserons ici la déclaration apostolique et gnostique de nos Frères Tau Jean Huss et Tau Pierre II :

« Institution des trois cérémonies originelles : le baptême, la fraction du pain et la transmission de l’Esprit Saint.

La consécration s’opère en une seule cérémonie.

Nous n’ajouterons ni ne retrancherons quoi que ce soit, nos membres étant libres d’organiser leurs cérémonies comme ils l’entendent dans ce seul cadre précis. Le Cérémonial est disponible comme aide-mémoire et base du travail épiscopal.

Pourquoi cette mise au point ?

Certains pourraient enfin se demander pourquoi cette mise au point est publiée, si les membres de l’E.G.C. sont libres, indépendants et ne relèvent que de leur propre autorité morale.

L’Église Gnostique Chaote est une communauté d’évêques libres certes, mais elle n’en demeure pas moins une communauté ; il faut donc suivre un minimum de principes afin d’y entrer et d’y œuvrer — ce que l’on pourrait appeler la « règle conventuelle de l’église ». Libre à chacun de l’accepter, libre à chacun de la refuser et de continuer son chemin ailleurs.

Une mise au point concernant l’Église Gnostique Chaote, Tau Héliogabale, oratoire d’Ara Lunae, 15 janvier 2012 e.v.

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Bref historique de l’Église Gnostique Chaote.

Après avoir assumé le Patriarcat de l’Église Gnostique Universelle, Bricaud devint l’ami de l’évêque Louis-Marie-François Giraud (Mgr. François, mort en 1951), un ancien moine trappiste qui faisait remonter sa filiation épiscopale à Joseph René Vilatte (Mar Timotheos, 1854-1929). Vilatte était un parisien qui avait dans sa jeunesse émigré en Amérique. Il obtint la consécration épiscopale en 1892 des mains de l’évêque Francisco-Xavier Alvarez (Mar Julius I), évêque de l’Église syrienne Jacobite Orthodoxe et Métropolitain de l’Église Catholique Indépendante de Ceylan, Goa et des Indes, qui avait à son tour reçu la consécration des mains d’Ignatius Pierre III, « Pierre l’Humble », Patriarche Jacobite Orthodoxe d’Antioche.

Vilatte consacra Paolo Miraglia-Gulotti en 1900 ; Gulotti consacra Jules Houssaye (ou Hussay, 1844-1912), Houssaye consacra Louis-Marie-François Giraud en 1911 ; et Giraud consacra Jean Bricaud le 21 juillet 1913.

Cette consécration est importante pour l’Église, car elle fournit une succession apostolique et épiscopale valide et documentée, qui avait été reconnue par l’Église Catholique Romaine comme valide, mais illicite (spirituellement efficace, mais contraire à la politique de l’Église et non sanctionnée par elle). Rome, conformément à ses propres règles et lois concernant la transmission épiscopale, n’a jamais remis en cause la validité de Mgr Vilatte. Ainsi, dans une lettre de Mgr Ceretti, Nonce apostolique (« Courrier de Bavière », de Munich, et datée du 6 juillet 1925), il est dit ceci : « Mgr Vilatte a reçu les ordres mineurs et le sous-diaconat le 5 juin 1885, le diaconat le 6 juin de la même année, et la prêtrise le 7 juin 1885… Quant à sa consécration épiscopale, elle eut lieu le 25 mai 1892. Mgr Vilatte fut consacré par trois évêques Jacobites dans la Cathédrale de l’archevêque Alvarez (Julius Ier), c’est-à-dire en l’église Notre Dame de la Bonne Mort, à Colombo, île de Ceylan. Mgr Vilatte est en possession d’une bulle de consécration signée par ces trois évêques, et par le consul américain qui assistait à la cérémonie ».

Après la mort d’Encausse en 1916, l’Ordre Martiniste et la section française des Rites de Memphis-Misraim et de l’Ordo Templi Orientis furent chapeautés brièvement par Charles Henri Détré (Teder). Détré mourut en 1918 et Bricaud lui succéda.

Blanchard consacra au moins cinq autres évêques gnostiques sous sa propre autorité, dont Charles Arthur Horwath, qui consacra, à nouveau, plus tard, sub conditione, Patrice Genty (Tau Basilide), le dernier patriarche de l’Église Gnostique de France qui avait été consacré auparavant dans la succession spirituelle de Doinel par Fabre des Essarts ; et Roger Ménard (Tau Éon II), qui consacra alors Robert Ambelain (Tau Robert) en 1946. Ambelain constitua sa propre Église gnostique, l’Église Gnostique Apostolique, en 1953, l’année de la mort de Blanchard. Ambelain consacra au moins 10 évêques gnostiques au sein de son Église : dont Pedro Freire (Tau Pierre), Primat du Brésil, André Mauer (Tau Andreas), Primat de Franche-Comté et Roger Pommery (Tau Jean), évêque titulaire de Macheronte.

L’E.G.U. fut ravivée après la guerre ; et en 1945, Tau Renatus fut élu comme successeur du martyr Chevillon. À Renatus succédera Charles-Henry Dupont (Tau Charles-Henry) en 1948 qui l’abandonna en 1960 en faveur de Robert Ambelain (Tau Jean III) qui avait acquis une grande proéminence du fait de ses écrits. L’E.G.U. fut alors mise en sommeil par Ambelain au profit de sa propre Église, l’E.G.A.

En 1969, Tau Jean III aura comme successeur à la tête de l’E.G.A., André Mauer (Tau Andreas), à qui succédera Pedro Freire (Tau Pierre), primat de l’Amérique du Sud, en 1970. La même année, Freire avait été reconsacré sous le nom de Mar Petrus-Johannes XIII, patriarche de l’Église Gnostique Catholique Apostolique par Dom Antidio Vargas de l’Église Catholique Apostolique brésilienne. À sa mort en 1978, Freire aura comme successeur Edmond Fieschi (Tau Sialul I) qui abdiqua en faveur de son coadjuteur Fermin Vale-Amesti (Tau Valentius III) qui refusa de reprendre sa charge ; mettant ainsi l’Église Gnostique Apostolique ainsi que l’Église Gnostique Catholique Apostolique en repos en tant qu’organisation internationale.

Les différentes filiations, par jeu de consécration et de re-consécration sub-conditione, passa ensuite jusqu’à Tau IAcObus.

En 2005, naît l’Église Gnostique Chaote qui publiera une première version de Cérémonial à l’usage des fidèles, des clercs et des évêques. La nouvelle Église entend jeter un Pont mystique et spirituel entre les diverses traditions en rejetant les dogmes monolithiques du passé issus de la seule psyché torturée des hommes et non de la Divinité Inconnaissable. Le rituel de la messe ainsi que celui de la consécration des nouveaux évêques sont revus dans un sens plus spirituel et détaché des pompes catholiques des vieilles églises gnostiques apostoliques.

Aujourd’hui, l’Eglise Gnostique Chaote compte une grosse dizaine de membres plus ou moins actifs.

Les filiations de l’Église Gnostique Chaote.

SOURCE : https://www.heliogabale.org/4573/une-mise-au-point-concernant-leglise-gnostique-chaote/#more-4573

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