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L’Atlantide de Platon 9 août, 2023

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

L’Atlantide de Platon

L’Atlantide de Platon dans Recherches & Reflexions ArcanaAoût 8

– De la Mythologie moderne à l’Histoire antique —

La légende de l’Atlantide :

Cela fait presque 2 400 ans que l’histoire de l’Atlantide fascine et attire de nombreux érudits et passionnés, qui se penchent sur le sujet. La question centrale concerne la réalité ou la fiction de l’île légendaire, puis dans un second temps, se pose la question de sa localisation et de la datation de l’hypothétique civilisation perdue. Pour finir, viennent ensuite les questions sur sa nature, le cataclysme de sa disparition, ainsi que l’hypothétique héritage qu’elle aurait laissé ! L’auteur de cette histoire nous livre la description d’une île fabuleuse, d’une société utopique aux multiples richesses. Une civilisation bénie des dieux, mais qui sombre dans l’arrogance et devient belliqueuse, provoquant sa propre destruction, ayant provoqué la colère des dieux.

Avant de commencer toute recherche, la chose essentielle est de considérer qu’il existe (uniquement) deux sources primaires à cette légende, soit « le Timée et le Critias » du philosophe Platon, écrits au cours du 4e siècle av. J.-C. Dans un second temps, d’autres éléments seront rattachés à la légende littéraire de l’Atlantide, mais a posteriori, et nous analyserons les principaux. Enfin, je vous proposerai une théorie « que vous pourrez retrouver de façon complète dans mon ouvrage », concernant les mystères de l’Atlantide, en me basant sur le récit platonicien, l’histoire et la mythologie antique.

Au niveau des historiens et archéologues, le consensus actuel présente l’Atlantide comme un mythe complexe, élaboré par Platon, en tant qu’allégorie politique pour ses contemporains. Il existe une autre hypothèse largement discutée, qui ferait de la civilisation minoenne (-2000 à -1200) de l’île de Crète une inspiration à la légende de l’Atlantide de Platon. Cette deuxième proposition trouve sa source dans l’éruption du volcan de Santorin (-1628 et -1600) qui aurait servi de base à Platon pour illustrer la destruction de l’Atlantide. Néanmoins, notons que la civilisation minoenne ne fut pas détruite par l’éruption de Santorin, mais va perdurer plusieurs siècles.

Dans le monde de la recherche alternative, il existe pléthore d’hypothèses sur la nature et la localisation de l’île mystérieuse, de l’Antarctique à la mer Morte en passant par les Açores, les fonds marins de l’Atlantique ou même dans les étoiles, l’Atlantide se retrouve partout ! D’ailleurs, certains chercheurs lui prêtent une nature mondiale, il s’agirait alors d’une ancienne civilisation détruite par un cataclysme (type déluge) et dont les traces se retrouveraient dans les vestiges de plusieurs civilisations antiques. La date de l’Atlantide de 9 000 ans avant Solon, dans le texte, correspond sensiblement à la montée des eaux du Dryas récent (-18 000 à -8500). De fait, on présente l’Atlantide comme une civilisation planétaire en lui associant de nombreux sites archéologiques à travers le monde, malgré le fait que ces monuments soient de datation variable et de civilisations parfois bien identifiées.

Que faire avec tout cela ?

L’Atlantide, un mythe protéiforme :

L’île légendaire de Platon n’a pas attendu le 21e siècle pour fasciner, et voici ce que les chercheurs nous ont transmis au gré des siècles de recherche. Notez bien que toutes ces données sont postérieures à Platon. Cette liste de références est non exhaustive et a simplement pour but de présenter la chronologie de la recherche et son évolution progressive, aujourd’hui très éloignée de la présentation du philosophe antique.

Les contemporains de Platon n’ont pas tous adhéré à la réalité de l’Atlantide, notamment Aristote et Ératosthène, qui n’accordent aucune validité à la légende. Il s’agissait pour eux d’un conte philosophique présentant l’utopie d’une gloire passée et incitant à son retour, le tout en ciblant les Athéniens. Diodore de Sicile (1er siècle av. J.-C.) va tenter de compléter l’œuvre de Platon en proposant une représentation géographique de l’Atlantide, grâce aux descriptions du philosophe grec, et place cette hypothétique civilisation dans la Méditerranée occidentale, entre la Sicile et Gibraltar. Dans sa bibliothèque historique, il ajoute de nouvelles légendes, notamment celle de Myrina, une princesse Amazone qui combat les Atlantes. Strabon (-60 à 20) déclare que l’histoire ne doit pas être une simple fiction et doit reposer sur une base historique. Il ne valide pas pour autant l’intégralité et suggère simplement que certains éléments historiques ont pu l’inspirer.

Par la suite, durant la fin de l’Antiquité et le Moyen Âge, la légende de l’Atlantide tombe progressivement dans l’oubli avant d’être exhumée pendant la Renaissance, suite aux traductions des textes de Platon par Marsile Ficin (1433 à 1499). L’Atlantide devient une terre de légende, siège d’un antique royaume « utopique antédiluvien » que les humanistes de l’époque vont idéaliser comme un nouveau paradis perdu. C’est également à partir de là que la description de l’Atlantide se trouve associée au mythe du déluge, ce qui n’était pas spécifiquement le cas chez Platon, comme nous le verrons par la suite. Au 17e siècle, l’auteur Francis Bacon (1561 à 1626) va amplifier le mythe avec l’écriture de « La Nouvelle Atlantide », où il propose la vision d’une société utopique dirigée par des sages. L’engouement pour l’Atlantide n’était pas près de s’arrêter, et la découverte du Nouveau Monde allait offrir de nouvelles perspectives à la légende. De fait, des auteurs comme Bacon commencent à situer l’île à divers endroits de la planète, bien loin du champ de connaissance grec de l’Antiquité. De nombreuses cartes fantaisistes circulent, plaçant l’île perdue dans l’Atlantique. De la même façon, le mythe d’Hyperborée suit le même chemin d’évolution. Il ne faudra que quelques siècles pour qu’ils se rejoignent, fusionnent ou s’opposent, suivant les auteurs.

D’autres emplacements apparaîtront progressivement au gré des découvertes, notamment en Antarctique, à l’île de Pâques, etc.

Ce qui est important de prendre en compte à ce stade, c’est que chaque nouvelle terre devient une « Atlantide potentielle » et je vous fais le pari que lorsqu’une nouvelle planète sera identifiée dans un autre système solaire, je ne donne pas une semaine pour que quelqu’un émette l’hypothèse qu’il s’agisse de la « véritable Atlantide »…

Au début du 19e siècle, c’est Goethe qui va assimiler la légende de l’Atlantide avec la mythique Hyperborée. L’île perdue de Platon devient le berceau du romantisme germanique, image d’un passé glorieux qui va lourdement inspirer le mouvement « Völkisch » du XIXe siècle et plus tristement certains dignitaires nazis, comme Heinrich Himmler. Ce dernier va créer une organisation appelée l’Ahnenerbe qui avait notamment pour mission de retrouver la trace des anciens Germains et de l’Atlantide, au Tibet, en Islande, au Groenland, à Dogger Bank, etc.

À la fin du 19e siècle, plusieurs mythes concurrents vont se construire, comme le continent perdu de Mu par Augustus Le Plongeon et popularisé par James Churchward et ses hypothétiques tablettes Naacals. C’est aussi la légende de l’Agartha ou le monde souterrain qui va apparaître, mais dans un roman de Louis Jacolliot en 1873. Par la suite, ce récit de fiction sera repris comme une réalité par de nombreux auteurs, notamment René Guénon.

Aux portes du 20e siècle, l’Atlantide n’est plus qu’un mythe antédiluvien parmi d’autres. Parfois mis en concurrence, parfois fusionnant, aboutissant à de nombreuses hypothèses. La légende de Platon va s’ouvrir de nouvelles portes grâce aux mondes du New Âge. Sous la plume du médium Edgar Cayce, l’Atlantide devient une terre magique (évhémérisme) où aurait fleuri une brillante civilisation plus avancée spirituellement et technologiquement que la nôtre. Paul La Cour crée la société Atlantis quelques années avant la Seconde Guerre mondiale afin de percer le secret des Atlantes qu’il présente comme les détenteurs de la tradition primordiale chère à René Guénon.

Après la Seconde Guerre mondiale, les hypothèses sur l’Atlantide continuent de se multiplier, se marient et se divorcent alternativement des autres mythes antédiluviens. Mais le changement principal intervient avec l’apparition du néo-évhémérisme (Théorie des anciens astronautes) par plusieurs auteurs, notamment Robert Charroux ou Erich von Däniken. L’Atlantide se trouve maintenant dans les étoiles, c’est du moins le scénario de la série Stargate, dont le créateur du film d’origine, ainsi que de 10,000, Roland Emmerich, s’est basé sur le livre de Graham Hancock, L’empreinte des dieux, qui présente l’Atlantide comme une civilisation mondiale ayant donné naissance aux grandes civilisations antiques que nous connaissons (Sumer, Égypte, Inde, etc.).

Nous arrivons alors au cœur du problème. Ce n’est plus la réalité qui inspire la fiction, mais l’œuvre de fiction qui produit les nouvelles réflexions sur l’Atlantide, et nous sommes bien loin des textes de Platon. Aux portes du 21e siècle, l’Atlantide n’est plus une « civilisation perdue », mais un « label » que l’on impose à toute anomalie archéologique ou à tout fantasme idéologique afin de légitimer ses dires. L’Atlantide en Antarctique, en Chine, en Afrique subsaharienne, au Tibet, sur Sirius ou dans une autre dimension sont autant de propositions illégitimes au vu des simples données des deux textes d’origine (le Timée et le Critias), qui ne présentent aucune technologie extraterrestre ou même démesurément avancée par rapport aux connaissances de l’Antiquité grecque. Pas plus que de machines volantes, ni de portes des étoiles, ni de bombe nucléaire. Platon ne fait pas mention de connaissance mystique supérieure ni même de pouvoir psychique.

Le label Atlantide s’impose partout, à Yonaguni, à Teotihuacan, à Carnac, à l’île de Pâques et bien d’autres. Il ne s’agit pas pour nous de nier la complexité de l’histoire des civilisations, bien au contraire, il s’agit de leur redonner de la précision et une chronologie en se basant sur les sources et les données archéologiques. Or, la légende de Platon nous présente simplement une civilisation de la haute Antiquité, qu’elle soit réelle ou imaginaire, avec des rites, des descriptions, une localisation « précise en réalité » et une suite d’événements qu’il nous semble possible de décoder. Il ne s’agit pas d’invalidé la possibilité d’un événement type déluge, d’une civilisation bien établie avant la période classiquement admise, ou même de nier qu’il ait pu exister (et c’est même probable) des civilisations non encore découvertes ou du moins identifiées. Mais ces questions ont-elles un rapport avec l’Atlantide ?

Qui est Platon, l’inventeur de l’Atlantide :

Nous allons fermer la porte de la mythologie moderne pour ouvrir celle de l’histoire antique, et la première étape consiste à reprendre la recherche à sa base, à savoir les deux textes du philosophe Platon. C’est lui qui utilise le terme « Atlantide » pour la première fois, mais avant d’analyser « le Timée et le Critias », il nous faut apprendre à connaître l’auteur, ses motivations et objectifs, ainsi que les connaissances géographiques et historiques de son époque. Platon est né en 428 av. J.-C. dans la cité d’Athènes, pendant la période classique. Il a vécu la grande époque de la démocratie athénienne, mais également la période de troubles qui a suivi la guerre du Péloponnèse (431 à 404 av. J.-C.).

Sur le plan historique, à l’époque classique, la civilisation grecque est déjà répandue sur le pourtour méditerranéen, en Sicile, en Italie, en Afrique, en Espagne, en France et bien sûr dans les Balkans et l’Asie mineure. Outre la civilisation grecque, c’est l’âge d’or de la civilisation carthaginoise en Méditerranée occidentale, le déclin des Étrusques et la naissance de Rome en Italie, et l’expansion de la culture celtique en Gaule, tous en contact commercial avec les comptoirs grecs.

La cité d’Athènes, qui a vu naître Platon, vient de subir une lourde défaite contre Sparte, et ses désirs d’hégémonie s’effondrent, du moins sur le plan militaire. La ville a du mal à se redresser et plusieurs gouvernements se succèdent, provoquant une large instabilité dans la vie sociale et les mœurs des Athéniens qui rêvent de leurs gloires passées, ce que les philosophes tels que Platon se chargeront d’illustrer.

Sur le plan des idées, de grands philosophes ont précédé Platon et l’ont inspiré, tels que Pythagore, Parménide, Héraclite, mais aussi et surtout Socrate, qui fut son maître. La jeunesse du philosophe semble le diriger vers une vie politique, et il participe un certain temps à la vie de la cité, notamment lors du règne des Trente Tyrans (404 av. J.-C.). Révolté par la violence du gouvernement, il quitte la vie politique pour se consacrer à ses études de philosophie. Platon aurait voyagé en Égypte (bien que cela reste de l’ordre de l’hypothèse, car le témoignage de Plutarque est daté du 1er siècle de notre ère) et séjourné chez les prêtres d’Héliopolis. Par la suite, il se rend à Tarente en Italie, où il perfectionne sa pensée métaphysique et ses critiques politiques. Il passe également par Syracuse en Sicile, un élément qui nous semble déterminant pour notre sujet. Il est important de noter que les influences de Platon se retrouvent chez de nombreux philosophes d’Ionie (Asie Mineure). De fait, que Platon se soit réellement rendu en Égypte ou non n’a que peu d’importance, sachant que les philosophes ioniens des 6e et 5e siècles avaient, de leur côté, de nombreux liens avec la terre des Pharaons, mais aussi la Mésopotamie.

De retour dans sa ville natale, Platon fonde l’Académie en -387, sur le modèle des écoles pythagoriciennes, ce qui atteste une nouvelle fois de son lien avec l’Ionie et la pensée mystique du philosophe. Vingt ans plus tard, Platon laisse la direction de son académie et prend une nouvelle fois la route de la Sicile. Platon enseigne toujours la philosophie, mais ses idées lui posent quelques problèmes avec les autorités, ce qui était déjà le cas dans la ville d’Athènes et ce qui pourrait expliquer son départ.

Le philosophe se retrouve en cellule pendant un an, pour avoir proposé sa vision politique au Tyran de Syracuse (Denys le Jeune, 397 à 343 av. J.-C.), sans succès. À sa libération, il rentre dans la ville d’Athènes, mais reprendra une dernière fois la route de Syracuse en 360 av. J.-C., où il composera les œuvres « le Timée et le Critias ». Platon meurt dans la ville d’Athènes vers 348 av. J.-C.

Le plus connu des philosophes antiques a écrit de nombreux textes, mais seuls deux parlent de l’Atlantide. Un troisième texte, l’Hermocrate, devait terminer la série et raconter la guerre entre les Athéniens et les Atlantes, mais Platon n’aura pas le temps de l’écrire ou bien le texte sera perdu. Ce qu’il faut retenir de Platon, dans le cadre du sujet qui nous intéresse, c’est qu’il n’était pas historien. Un génie sans aucun doute, mais également un homme habité par les passions de son temps, un philosophe politicien qui transmet par ses écrits des concepts sociaux et moraux. Une bonne part des travaux de Platon concerne en effet la métaphysique, l’immortalité de l’âme et bien d’autres sujets passionnants, mais sans rapport avec l’histoire de l’île mythique.

Platon est le premier à écrire le mot « Atlantide ». De nombreux auteurs antiques suivront, mais toujours dans une tentative d’interprétation des textes de Platon.

Le mot « Atlante », en revanche, se retrouve précédemment. Il a été employé par Hérodote (480 à 425 av. J.-C.) pour parler des habitants de l’Atlas, un peuple semi-légendaire qu’il n’avait jamais vu, mais qui se trouvait aux confins du monde connu : 

« Les habitants du pays disent que c’est une colonne du ciel. Ils ont pris de cette montagne le nom d’Atlantes » 

– Hérodote, l’enquête Livre 4 —

Dans la bouche d’Hérodote, les Atlantes sont un peuple légendaire à l’image des Hyperboréens. Il ne parle à aucun moment des peuples berbères d’Afrique du Nord qu’il nomme « Libyens » de façon générique. De la même façon, l’océan « Atlantique » a pris ce nom en référence au pays des Atlantes d’Hérodote : 

« Cette mer est une mer par elle-même, et n’a aucune communication avec l’autre; car toute la mer où naviguent les Grecs, celle qui est au-delà des colonnes d’Hercule, qu’on appelle mer Atlantique. » 

– Hérodote, l’enquête Livre 1 —

Platon est donc l’auteur du terme « Atlantide », qui pourrait se traduire par le pays des Atlantes, en référence au récit d’Hérodote, un peuple et un pays légendaires se trouvant aux confins du monde connu, sans plus de précision à ce stade.

À l’époque de l’écriture « du Timée et du Critias », Platon se trouve en Sicile et la Méditerranée occidentale est sous la domination quasi exclusive de Carthage sous la forme d’une thalassocratie. Une inspiration possible pour les descriptions de l’Atlantide ?

Pour finir le portrait de Platon, ce dernier était parfaitement au courant des connaissances historiques et géographiques du monde grec de son époque, comme nous l’avons vu, il connaît les travaux d’Hérodote (480 à 425 av. J.-C.) et ceux d’Hécatée de Milet (550 à 475 av. J.-C.). Il connaît l’existence des peuples de l’occident et de l’orient via ces auteurs (voir carte du monde d’Hérodote), mais connaît également les mythes fondateurs de la civilisation grecque, notamment celui du déluge de Deucalion qui fut raconté par Pindare (518 à 438 av. J.-C.): 

« Je dirai donc qu’à cette époque, un déluge engloutit la terre sous la profondeur de ses ondes; mais que bientôt les flots, refoulés au loin, rentrèrent dans les abîmes creusés par la puissante main de Zeus. » 

– Pindare, Olympiques IX —

Or, un premier constat, Platon n’associe pas le mythe du déluge de Deucalion avec la submersion de l’Atlantide, ni même avec le déluge d’Oxygès ! Sans plus de précision, il pourrait s’agir de deux événements ou mythes distincts. De nos jours, le rattachement du mythe du déluge n’est d’ailleurs associé à la seule Atlantide, mais à la plupart des cités mythiques.

Alors maintenant, avant d’ouvrir les textes de Platon, faisons le point sur la situation historique qui précède l’écriture « du Timée et du Critias », mais sans oublier que nous devons la regarder avec les yeux de Platon et non pas les nôtres, avec nos connaissances historiques du 21e siècle.

Au 5e siècle av. J.-C. : les Grecs ont remporté les guerres médiques contre la Perse (490 à 479 av. J.-C.), la colonisation grecque s’est étendue sur les pourtours de la mer Noire, l’Asie Mineure et la Méditerranée occidentale, notamment les Phocéens qui ont bâti Massalia (Marseille) vers l’an 600 av. J.-C. ou encore les Corinthiens qui ont fondé Syracuse au 8e siècle av. J.-C.

Les Grecs sont en contact commercial et parfois en conflit avec les Étrusques d’Italie du Nord (que les Grecs nomment les Tyrrhéniens, Étrusques étant le mot latin) et les Carthaginois qui dominent l’Afrique du Nord, l’Italie, la Sardaigne, le sud de l’Espagne et une partie de la Sicile, mais surtout, ils contrôlent le détroit de Gibraltar que les Grecs nomment les colonnes d’Héraclès (chez Pindare et Hérodote), colonne d’Hercule chez les Romains et autrefois appelées les colonnes d’Atlas du temps d’Hésiode (8e siècle av. J.-C.).

C’est ainsi que nous allons nous concentrer sur la Méditerranée occidentale, où rappelons-le, Platon a passé de nombreuses années. Atlantide faisant directement référence à l’océan Atlantique, c’est en occident qu’il faut chercher.

Les Grecs de Syracuse vont combattre à plusieurs reprises les Carthaginois, à la bataille d’Himmère en 480 av. J.-C. et les Étrusques à la bataille de Cumes en 474 av. J.-C. Ils remportent de brillantes victoires, mais de nouveaux conflits ont lieu avec Carthage entre 410 et 340 av. J.-C. (Deuxième guerre gréco-punique). N’allons pas plus loin dans la chronologie historique, car c’est dans ce terreau que Platon a écrit la légende de l’Atlantide.

L’Atlantide du Timée et du Critias :

Ouvrons les textes afin d’analyser certains des points clés de cette énigme, cela nous permettra de les confronter aux données historiques et géographiques. La taille modeste de cet article ne nous permettra pas d’explorer l’intégralité des textes de Platon, nous tenterons néanmoins de donner les éléments essentiels qui faciliteront la lecture des autres. Concentrons-nous sur les questions fondamentales de l’Atlantide de Platon : les sources de la légende, les dates et la chronologie, la localisation des Atlantes, la guerre avec Athènes et la destruction de l’Atlantide.

La source et la date : Dans ses textes, Platon nous dit que la légende de l’Atlantide est authentique et que le récit lui vient de Solon (640 à 558 av. J.-C.) via Critias (460 à 403 av. J.-C.), ce qui, vous en conviendrez, nécessite au moins un autre intermédiaire entre les deux.

Solon aurait rapporté le récit depuis l’Égypte, grâce aux prêtres d’Héliopolis, et les événements se seraient déroulés 9 000 ans avant Solon : 

« Avant tout, rappelons-nous qu’en somme il s’est écoulé neuf mille ans depuis la guerre qui, d’après les révélations des prêtres égyptiens, éclata entre les peuples qui habitaient au-dehors par-delà les colonnes d’Héraclès et tous ceux qui habitaient en deçà. »

– Critias —  

Il est important de noter que les anciens Grecs n’avaient pas une grande connaissance des civilisations qui les ont précédés, notamment en ce qui concerne la civilisation mycénienne. Celle-ci a régné en Grèce de 1600 à 1200 av. J.-C., possédait une écriture appelée le linéaire B et a laissé de nombreux vestiges. Les auteurs grecs ne connaissaient les Mycéniens que sous l’aspect légendaire de la race des héros, que l’on retrouve dans la mythologie fondatrice (Thésée, Persée, Héraclès, la guerre de Troie, etc.).

La datation de 9000 ans avant Solon est donc très fragile pour un peuple qui n’a pas d’estimation sur ses ancêtres directs. Il est à noter que l’exagération des dates et des nombres était un trait courant dans la culture grecque de l’époque, notamment chez Hérodote qui présentait de nombreuses extravagances dans ses récits (du moins largement exagérées par rapport à la réalité archéologique, notamment sur le chantier de Gizeh ou les hauteurs des murailles de Babylone, où il multipliait la réalité par dix).

La date proposée ne repose sur rien de concret et me semble être un piège qui engendre de nombreux biais méthodologiques, car pour dater, il faut avoir des repères temporels, même pour les grands philosophes que furent Solon et Platon.

Le récit nous parle ensuite d’un conflit entre les Athéniens et les Atlantes, entre ceux qui vivent des deux côtés de Gibraltar (colonne d’Hercule), comme le suggère la citation précédente, à laquelle nous pouvons ajouter celle-ci :

« Nous gardons ici par écrit beaucoup de grandes actions de votre cité (Athènes) qui provoquent l’admiration, mais il en est une qui les dépasse toutes en grandeur et en héroïsme. En effet, les monuments écrits disent que votre cité détruisit jadis une immense puissance (l’Atlantide) qui marchait insolemment sur l’Europe et l’Asie tout entières, venant d’un autre monde situé dans l’océan Atlantique. »

— Timée —

Athènes n’existait pas en 9000 av. J.-C., tout comme l’ancien empire égyptien d’ailleurs. Selon les connaissances actuelles de l’archéologie, la sédentarisation était à ses balbutiements en Anatolie, avec des sites tels que Göbekli Tepe et Çatalhöyük. Nous nous trouvons ici dans un processus philosophique visant à valoriser la cité d’Athènes.

La plupart des historiens considèrent que la guerre entre les Athéniens et les Atlantes illustre de manière allégorique le conflit avec les Perses lors des guerres médiques du début du 5e siècle av. J.-C. Cela peut sembler simpliste, mais nous y reviendrons par la suite, lors de nos propositions.

Bien qu’il soit indéniable que les textes du Timée et du Critias aient une visée avant tout politique ou utopique envers les Athéniens, cela ne signifie pas que la légende de l’Atlantide ne repose sur rien d’historique. Il est courant de transmettre des concepts philosophiques en s’appuyant sur des éléments réels, même si ces derniers peuvent être largement altérés, modifiés et exagérés. Nous tenterons d’explorer les diverses inspirations possibles utilisées par Platon et sur lesquelles il s’appuie pour créer la légende de l’Atlantide.

Pour conclure sur les sources et les datations, si le récit provient réellement d’Égypte, cela suggère que l’événement était connu de leur histoire ou du moins qu’il les a impactés. De plus, il nous faut chercher un conflit d’importance qui s’est déroulé en Méditerranée et qui s’est suffisamment éloigné dans le temps pour que les Grecs n’en gardent qu’un souvenir mythologique, soit avant la période archaïque, approximativement la période de l’introduction de l’écriture en Grèce (avant 900 av. J.-C.). Cela nous donne une fourchette temporelle assez large, entre -9000 et -900, mais nous pourrons la préciser davantage par la suite.

Le nom et la localisation : il a été donné par Platon en référence aux Atlantes d’Hérodote, mais le récit précise que ce n’est pas le véritable nom (qui devrait être en égyptien si l’on suit le texte). La première observation concernant le nom est que Platon souhaite nous donner une notion géographique. En d’autres termes, le récit du peuple légendaire se situe dans la région de l’océan Atlantique, ou du moins à la frontière occidentale du monde connu. Les récits placent l’Atlantide des deux côtés des colonnes d’Hercule (Gibraltar, comme nous l’avons vu précédemment dans les sources antiques de l’époque). Les Atlantes étendraient leur domination sur plusieurs territoires :

Or dans cette île Atlantide, des rois avaient formé une grande et admirable puissance, qui étendait sa domination sur l’île entière et sur beaucoup d’autres îles et quelques parties du continent. En outre, en deçà du détroit, de notre côté, «intérieur de la Méditerranée» ils étaient maîtres de la Libye jusqu’à l’Égypte, et de l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie. 

– Timée — 

Ils régnaient sur beaucoup d’autres îles de l’Océan et, comme je l’ai déjà dit, ils étendaient en outre leur empire, de ce côté-ci, à l’intérieur du détroit, jusqu’à l’Égypte et à la Tyrrhénie. 

– Critias — 

Platon ne peut pas être plus clair : si l’Atlantide existe, et quel que soit son véritable nom, elle se situe aux portes de l’Atlantique et sur certains territoires de la Méditerranée et de la mer Tyrrhénienne. De plus, l’Atlantide correspond en tous points à une thalassocratie, un empire maritime. Ainsi, l’Atlantide ne se limite pas à un territoire unique, mais à une vaste zone d’influence.

Les terres méditerranéennes peuvent facilement faire référence aux îles de la mer Tyrrhénienne (Corse, Sardaigne, Sicile), aux îles Baléares, ainsi qu’au territoire d’Afrique du Nord et d’Espagne, notamment la cité disparue, mais bien réelle, de Tartessos. Plus difficile est l’interprétation de l’auteur concernant l’île principale qui se trouve dans l’Atlantique. Que veut-il dire exactement ?

D’ailleurs, quelles sont les connaissances des Grecs ou même des Égyptiens sur l’Atlantique ? Pour les Égyptiens, elles sont quasiment inexistantes. La navigation des anciens Égyptiens se limitait aux côtes orientales de la Méditerranée et de la mer Rouge. Leur connaissance des territoires au-delà de Gibraltar provient uniquement des navigateurs phéniciens et carthaginois qui, entre le 10e et le 5e siècle av. J.-C., contrôlaient Gibraltar et les voies maritimes vers l’Atlantique.

Quant aux Grecs, de meilleurs navigateurs que les Égyptiens notamment grâce à l’influence phénicienne, ils découvrent l’aventure atlantique dans la mythologie dès le 8e siècle av. J.-C., ce qui atteste d’une certaine connaissance, même limitée, du sujet. Au moment où Platon écrit, au 4e siècle av. J.-C., les navigateurs carthaginois sont les maîtres incontestés de Gibraltar, et les Grecs ont donc une connaissance modeste des terres au-delà. Les seuls éléments dont ils disposent proviennent des échanges avec les commerçants carthaginois, qui, d’ailleurs, sont bien informés des côtes atlantiques. Le commerce des Phéniciens et des Carthaginois avec les îles britanniques, notamment pour l’étain, est attesté grâce au voyage d’Himilcon au 5e siècle av. J.-C.

Il faut donc être prudent avec les éléments du texte de Platon. Quand il parle de l’île de l’Atlantide, s’agit-il réellement d’une île ou plutôt des terres espagnoles, portugaises ou éventuellement marocaines qui se trouvent dans les territoires inconnus de l’Atlantique ? Platon s’est probablement inspiré des connaissances maritimes des habitants de Syracuse, qui étaient en contact permanent avec les marins de Carthage, la seule puissance atlantique à cette époque. Il est d’ailleurs frappant de constater des similitudes entre les descriptions architecturales de l’Atlantide et le grand port de Carthage en Tunisie.

Certains avanceront que l’île principale de l’Atlantide se trouvait en pleine mer atlantique, et que les Açores n’en seraient qu’un vestige. Bien que cela ne puisse être affirmé comme inexact, il convient de souligner que la preuve est loin d’être établie. Nous sommes certains que les Carthaginois ont réussi à atteindre les Açores, mais tout le reste n’est que supposition sans preuve archéologique.

« De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer. Car tout ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port dont l’entrée est étroite, tandis que ce qui est au-delà forme une véritable mer et que la terre qui l’entoure a vraiment tous les titres pour être appelée continent. »

– Timée — 

Certains ont voulu voir l’Amérique dans l’Atlantide, mais cela soulève deux problèmes : les capacités de navigation et la datation des événements. À l’époque de Platon, les Grecs, ainsi que les Carthaginois et les Étrusques, utilisaient des trières, des navires performants mais principalement adaptés à la navigation côtière et non à la haute mer de l’Atlantique. Si l’on remonte quelques siècles plus tôt, les biremes phéniciennes sont moins performantes que les navires précédemment mentionnés, et le problème s’accentue si l’on remonte encore plus loin dans le temps.

Certains pourraient argumenter que l’Atlantide disposait d’une technologie bien supérieure à celle des Grecs ou des Carthaginois à l’époque de Platon. En réponse, j’attends des preuves archéologiques de navigations datables ainsi que des éléments dans les textes de Platon (Timée et Critias) attestant de l’existence de cette technologie dans la légende originelle de l’Atlantide. Nous ne pouvons donc pas rejeter logiquement la possibilité de navigation dans la zone géographique de l’Atlantide de Platon, qui s’étend du détroit de Gibraltar jusqu’à la mer Tyrrhénienne.

Quant au véritable nom de l’Atlantide, qui est né de l’invention de Platon, nous n’avons aucune certitude à ce sujet. En ce qui concerne la localisation, il est plus simple de constater que l’empire maritime qui domine le détroit de Gibraltar et les îles de la mer Tyrrhénienne, qui possède une civilisation puissante et prospère, finira par être vaincu par les Grecs après une terrible bataille. La civilisation punique répond parfaitement à tous ces critères géographiques, architecturaux et descriptifs, et la bataille d’Himère pourrait même être une analogie, car elle marque le moment où les Carthaginois sont repoussés de la mer Tyrrhénienne par les Syracusains (qui, bien qu’ils ne soient pas des Athéniens, sont néanmoins des Grecs). De plus, Platon écrit sur place à cette époque. Il ne nous manque plus que la destruction de l’Atlantide, et l’histoire serait une analogie parfaite, car Carthage était alors à son apogée et sa destruction n’interviendra que 200 ans plus tard.

Cependant, il est peu probable que l’Atlantide soit en réalité Carthage, car les deux étaient contemporains de Platon. En revanche, il semble que Carthage ait pu servir aisément de modèle sur plusieurs points, notamment en ce qui concerne les possessions territoriales et les descriptions en tant que modèle pour l’Atlantide.

La guerre de l’Atlantide : Quand et qui ? Dans le récit, Athènes rassemble une coalition sous son commandement pour affronter les Atlantes, mais quand cela se produit-il ? Athènes n’existe que depuis le 10e siècle av. J.-C. et n’était pas une cité importante avant le 7e siècle av. J.-C. L’illustration ressemble beaucoup à la grande coalition grecque contre les Perses lors de la bataille de Salamine (480 av. J.-C.). Si l’on pousse plus loin, cela ressemble également à la bataille d’Himère (480 av. J.-C.) déjà mentionnée. Ces événements auraient pu servir de modèle à Platon pour construire sa fable historique en changeant les noms, selon de nombreux historiens. Cependant, il existe une autre possibilité, plus ancienne, qui se déroule dans les temps anciens, l’âge des héros selon le point de vue d’un Grec de l’époque classique.

Aux 13e et 12e siècles av. J.-C., l’invasion des Peuples de la Mer a frappé les peuples de la Méditerranée orientale, entraînant la destruction de l’empire des Hittites, de la civilisation minoenne de Crète, de la civilisation mycénienne de Grèce continentale, et affaiblissant durablement l’empire égyptien. On appelle cette période l’effondrement de l’âge du bronze, et les origines et les causes de l’invasion font l’objet de nombreux débats au sein de la communauté scientifique, qu’il serait malheureusement trop long d’aborder dans cet article. Je vous renvoie donc au chapitre dédié à ce sujet dans mon livre, où je soutiens que les Peuples de la Mer étaient originaires de la mer Tyrrhénienne, des Baléares et des côtes espagnoles.

Lors de ces événements, Athènes n’existait pas, mais les Mycéniens si. Il s’agit de la fameuse période héroïque et mythologique des Grecs, et donc des ancêtres des Athéniens, Spartiates et autres Thébains. Platon place Athènes dans une perspective nationaliste, mais derrière ce voile, il parle probablement par analogie des ancêtres grecs de l’âge mythologique. Il est important de comprendre que la légende de l’Atlantide n’est pas une fin en soi pour Platon, mais une histoire destinée à ouvrir une réflexion intellectuelle. D’ailleurs, l’Atlantide n’occupe qu’une petite place dans les textes.

La destruction de l’Atlantide : S’il est bien une question épineuse, c’est celle-ci, et je doute que la longueur de cet article permette d’explorer l’intégralité du sujet.

Alors le dieu des dieux, Zeus, qui règne suivant les lois et qui peut discerner ces sortes de choses, s’apercevant du malheureux état d’une race qui avait été vertueuse, résolut de les châtier pour les rendre plus modérés et plus sages.  

– Critias —

« Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et, dans l’espace d’un seul jour et d’une seule nuit néfaste, tout ce que vous aviez de combattant fut englouti d’un seul coup dans la terre, et l’île Atlantide, s’étant abîmée dans la mer, disparut de même. Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, cette mer-là est impraticable et inexplorable, la navigation étant gênée par les bas-fonds vaseux que l’île a formés en s’affaissant. »

– Timée —  

« C’est cette guerre qu’il me faut maintenant raconter en détail. En deçà, c’est notre ville, dit-on, qui eut le commandement et soutint toute la guerre; au-delà, ce furent les rois de l’île Atlantide, île qui, nous l’avons dit, était autrefois plus grande que la Libye et l’Asie, mais qui, aujourd’hui, engloutie par des tremblements de terre, n’a laissé qu’un limon infranchissable, qui barre le passage à ceux qui cinglent d’ici vers la grande mer. »

– Critias —

L’association avec le mythe du déluge est une facilité, et pourtant bien hasardeuse. Platon, ayant connaissance du mythe de Deucalion, le mentionne séparément et de manière distincte du cataclysme de l’Atlantide. La connexion avec la montée des eaux du Dryas récent (-18 000 à -8500) est également évoquée. Cependant, il est important de rappeler que la montée des eaux du Dryas s’est produite sur une très longue période et n’a pas été un événement violent. L’hypothèse d’un cataclysme localisé, tel qu’un tsunami, une éruption volcanique ou un tremblement de terre, est envisageable, notamment dans la région du parc de Doñana en Andalousie, à proximité de l’antique cité de Tartessos.

Il est à noter que dans le récit de Platon, la flotte grecque « tout ce que vous aviez de combattant fut englouti » disparaît également avec l’engloutissement de l’Atlantide, ce qui nous conduit facilement vers l’idée philosophique du paradis perdu. On peut aussi faire le lien avec la gloire d’Athènes avant la guerre du Péloponnèse, qu’elle a perdue à cause de son arrogance. Alors, Athènes et l’Atlantide sont-elles différentes ? Platon joue avec ses auditeurs dans une habile fable philosophique, mais s’agit-il seulement d’une fable ?

Conclusion :

À ce stade de notre enquête, les motivations de Platon sont claires : il s’adresse à ses contemporains, véhicule l’idée d’une gloire ancienne et met en garde contre le risque de décadence d’un peuple glorieux pouvant sombrer dans l’arrogance (Atlantide/Athènes), mais aussi la possibilité de renaissance de ce même peuple, tel qu’à son âge d’or passé.

Nous pourrions aisément conclure que l’Atlantide est uniquement un conte philosophique, mais c’est toute la subtilité de l’œuvre de Platon. Plusieurs histoires se superposent et s’entremêlent, mélangeant histoire et mythe, et la difficulté réside dans leur séparation.

Au vu des différents éléments abordés, on peut distinguer plusieurs éléments historiques que Platon utilise pour créer le mythe :

  • Le souvenir et le traumatisme des guerres médiques contre les Perses, la victoire finale des Grecs lors des batailles de Salamine et de Platées, mais aussi les terribles pertes subies. Cela symbolise également l’union des Grecs contre l’empire arrogant des Achéménides (assimilés aux Atlantes dans le texte).
  • Carthage, la plus puissante thalassocratie de l’époque, qui règne de manière insolente sur les mers, tant l’Atlantique que la Méditerranée occidentale, les îles Tyrrhéniennes, l’Espagne, etc. Carthage offre la localisation et la description architecturale de l’Atlantide utilisées par Platon.
  • L’invasion des peuples de la mer, qui fut probablement une source d’inspiration en raison du traumatisme profond qu’elle a engendré. Cette invasion marque l’effondrement de l’âge du bronze récent (1200 av. J.-C.), et dans le récit de Platon, la datation de 9000 ans avant Solon permet un saut dans un passé mythique, en dehors des périodes connues des Grecs (avant l’an 900). Ainsi, le récit se place dans l’âge des héros mythologiques, tels qu’Héraclès ou Persée. C’est une façon de dire que l’Atlantide est très ancienne, mais surtout qu’Athènes l’est aussi.

Pour conclure, y a-t-il une inspiration centrale et historique derrière le mythe de l’Atlantide, cette civilisation ou cet empire de la mer, à chercher sur les terres maritimes de Carthage et à une époque associée aux invasions des peuples de la mer, soit les 13e et 12e siècles av. J.-C. ? Nous délaissons alors le nom inventé de « l’Atlantide » par Platon pour découvrir en arrière-plan la civilisation de Tartessos en Espagne, ainsi que les cultures Tyrrhéniennes de la même époque…

Ludovic Richer – Arcana 

Sources : 

HUMOUR MAÇONNIQUE : SYMBOLISME SUR UN STYLO MONT-BLANC 30 juillet, 2023

Posté par hiram3330 dans : Humour , ajouter un commentaire

 

HUMOUR MAÇONNIQUE : SYMBOLISME SUR UN STYLO MONT-BLANC

 

 

 

A LIRE ET A RELIRE

Voici une planche symbolique tout en humour sur un Stylo Mont-Blanc déniché sur le web (ICI)…comme quoi il y a des « férus » du symbolisme qui voient des symboles partout

 petit-stylo-mont-blanc1

Ceci est mon stylo de marque Mont-Blanc en argent, à bille, bleue. Il m’a été offert pour mes trente ans, avant que je sois initié. Et bien je vais vous démontrer que la personne qui me l’a offert avait deviné dans les astres que je deviendrai franc-maçon et que ce stylo  était voué à m’accompagner en loge, et que je serai secrétaire.

1. Cette étoile blanche sur son sommet, qu’on pourrait prendre bêtement pour le logo de Mont-Blanc, un flocon de neige, est en réalise un hexagramme, soit le croisement de deux triangles isocèles, je n’ai pas besoin de préciser le rapport maçonnique. Sa couleur blanche est évidemment symbole de pureté.

2. Ici, trois chiffres : 925. Certains esprits étroits, dénués de toute spiritualité, pourraient penser qu’il s’agit du titrage en argent de 925/1000. En réalité, il s’agit d’un code numérologie kabbalistique. Le premier chiffre, 9 est un rappel angoissant : en le multipliant par 146 (date fatidique de la destruction de Carthage), j’obtiens 1314, date du bûcher de Jacques de Molay, date cruciale entre toutes pour ceux qui se sentent héritiers des traditions templières. La somme interne de ce nombre donne 7, (sur lequel je ne m’étendrais pas puisque nous sommes au premier degré, mais la septième lettre de l’alphabet est tout de même le G.. sans commentaires). Par ailleurs, 925 mètres est rien moins que le périmètre de la base de la grande pyramide de Khéops, et si on divise 925 par le double de la hauteur de cette pyramide, qui est de 147,3 mètres, on trouve PI bien sur, 3,14 !

3. Je vous rappelle que ce stylo m’a été offert pour mes trente ans, dont la symbolique ternaire n’échappera qu’aux incrédules professionnels et que le mot Mont-Blanc contient 9 lettres, soit trois fois trois.

4. Sa hauteur est de 13,5 centimètres, dont la somme interne fait curieusement 9 et enfin, il écrit d’une encre bleue, et nous sommes dans une loge bleue.

5. Le métal dont il est fait, l’argent, me rappelle que les métaux, s’ils ne peuvent être physiquement laissés à la porte du temple, ne peuvent entrer qu’en prenant une fonction humble, ici celle d’outil à tracer.

6. Et, pour finir en beauté, voici que je décrypte une inscription kabbalistique sur sa bague dorée : « Meisterstuck ». Serait-ce le nom du modèle, ou plutôt, c’est évident, la révélation finale de la nature Maçonnique de l’objet : « La pièce du Maître. »

Voila, cet objet est donc apparemment un véritable agrégat de signes hautement symboliques, et certains sont certainement cachés à mon analyse. Qui l’eut cru ?

Et enfin pour clore mon propos voici 2 phrases symboliques

Autre phrase :

Joli, n’est ce pas ? Et tellement vrai !

Sauf que l’une de ces deux phrases est tirée de «mystères et actions du Rituel » d’AP, l’autre moi, et je vous promets que la mienne ne veut strictement rien dire. Rien que des mots empilés.

Je ne vous ferai pas l’insulte de vous faire deviner laquelle. Cela ne donne t’il pas à réfléchir ?

A. Zinus et C.O. Zinus

masonwelcomeright

SOURCE : https://www.gadlu.info/humour-maconnique-symbolisme-sur-un-stylo-mont-blanc/

Un point dans un Cercle 9 juillet, 2023

Posté par hiram3330 dans : Chaine d'union,Contribution,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Un point dans un Cercle

18 Juin 2010 ,

Rédigé par Lurker

Publié dans #Miscellanées

« Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé. »

Djallal Uddin Rûmî
« Q. What is a centre?
A. That point within a circle from which every part of the
circumference is equally distant
Q. Why in the centre?
A. Because that is a point from which a M.M. cannot err. »
 

point-circleHérité de pratiques animistes, plus particulièrement des religions anciennes et des cultes du phallus, ce symbole que l’on trouve sur les tableaux de Loge du premier degré du Rite Emulation nous vient probablement de la plus haute antiquité. Le point dans un Cercle est un symbole de grande importance pour le franc-maçon dans la mesure où, nous précise le rituel, « il est un lieu dans toutes les Loges Régulières depuis lequel nul maçon ne saurait se perdre…« . Il représente le lien entre nos rituels actuels et l’ancien symbolisme de l’Univers et de l’Orbe solaire. Tout les Apprentis d’ « Emulation » qui ont étudié leur rituel sont assez familiarisés avec le sens qui est habituellement attribué à cette représentation. On nous dit que le point représente l’individu humain et que le cercle désigne les limites de ses devoirs envers Dieu et les autres Hommes. Les deux lignes parallèles perpendiculaires qui représentent Moïse et Salamon, c’est à dire le dispensateur de la Loi et le bâtisseur de son Temple.  Une tradition plus  « modern » adoptée par certaines Loges (particulièrement les Loges US)  et préférée des praticiens du REAA  ou du RER, plus néo testamentaires, laisse à penser qu’il s’agit des deux Saint Jean pour ce qu’ils configurent, pour les uns, les solstices et pour les autres les deux piliers de la chrétienté…

Circle_Dot_Founders.gifIl est bien évident que ce symbole particulier est à placer auprès de celui du compas dont on a déjà parlé ici. Image du Monde, de la Création dans son ensemble tout aussi bien que celle du Dieu qui Crée… l’Unité qui fait complétude par le fait même qu’elle contient le Créateur et sa Création. Mais, de l’outil qui permet d’en délimiter les formes, à la représentation elle-même qui peut exister à main levée, combien d’images peuvent surprendre et dire le Monde.

Comme beaucoup de symboles maçonniques, celui-ci se présente comme une résurgence de pratiques et de traditions des plus primitives en relation avec la vénération du Soleil et de la Lune. Rappelant les signes les plus anciens relatifs aux cultes de la Déesse Mère transmis à l’occident chrétien à la suite des pratique moyen-orientales du Sabaïsme qui consistait en l’adoration des étoiles, ou, comme il est dit dans les écritures… « seba schamaïm, omnes militias coeli ». On sait, que c’est par ces termes que les hébreux désignaient les astres et les étoiles et que c’est de là que provient le nom de sabéen. L’union du Phallus et de la Cteis, ou le Lingam et le Yoni dans une même combinaison se présente comme un objet d’adoration particulière dont le point à l’intérieur d’un cercle se présentait depuis longtemps comme la plus habituelle représentation. Aussi bien, les étoiles et leur énergie projetée sur Terre étaient l’image la plus courante de la Création du Monde par la dévotion qu’elle suscitait quant à la divinisation des pouvoirs prolifiques de la Nature. On sait que les plus anciennes divinités sont celles qui représentent la Grande Déesse dont les hommes sont les enfants générés par un Dieu disparu.

Ce point au centre d’un cercle est donc bien une référence phallique. Cela n’est pas surprenant dans la mesure où les sources de ces cultes sont restés d’une grande influence dans le symbolisme maçonnique où l’on retrouve indifféremment le « lingam » ( sous la forme des colonnes ou du Maître, selon les traditions ), le « Soleil » et la «Lune».

D’autres avis portent sur une origine qui se voudrait plus pragmatique. A savoir que le point serait le point de rotation d’un graphisme circulaire qui représenterait l’Univers, contenant et contenu. L’Homme des premiers âges aurait alors utilisé un pivot planté dans la terre pour en dessiner la forme conceptuelle à l’aide d’une autre tige ou d’une liane. Une cheville dans le sol, un pivot, un arbre comme « axis mundi »… Aujourd’hui on n’a pas encore trouvé mieux que cette méthode aussi simple qu’efficace et il n’y a pas de doute sur le fait que la pointe du compas reliant son axe de rotation à l’autre pointe soit son héritière. Cependant, même dans ce cas, il est bien évident qu’il s’agit encore d’une représentation phallique implicitement présente car le cercle « contenant » figurant la Création ne saurait exister sans lui… Il s’agit toujours, à l’instar du symbolisme des colonnes J et B, d’énergies, « contenante » et « contenue », «enveloppante» et «enveloppée», dont les significations se sont transformées avec le temps et les cultures en « masculine » et « féminine ». De nombreuses déités de l’antiquité païenne peuvent de la sorte être associées à ces concepts générateurs, « actif » ou « mâle », « passif » ou « femelle ». Ainsi les Dieux anciens étaient représentés en couples… Jupiter et Junon, Vulcain et Vénus, Osiris et Isis. Mais les anciens sont allés encore plus loin. Ils affirmaient que l’énergie de la procréation était la même que celle qui avait présidée à la fondation du Monde et de la Nature. C’est ainsi, en soulignant que cette force pouvait exister en un seul individu, qu’ils désignaient les premiers habitants du monde comme hermaphrodites, voir des créatures doubles ( Cf. Le Banquet de Platon ). Un point dans un Cercle dans Chaine d'union saintantoninnobleval-tarnetgaronne

Cet héritage conceptuel a perduré jusque dans les fondements de l’ancien testament car il est écrit « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, Homme et Femme il les créa. » (Gen 1:27 ) La Genèse, on le voit, est encore une fois présente dans cette représentation symbolique du Monde, mais il ne s’agit pas uniquement de la Création de l’Homme. En effet, celui-ci fut placé dans le jardin d’Eden, lieu où furent définitivement organisés les éléments vivants de la Création. Nommer les animaux et les plantes, séparer les sexes, déterminer les formes du monde et les lieux de vie, mais aussi en organiser les règles dont la première de toute… ne pas se nourrir de la Connaissance, des fruits de l’Arbre au centre du Jardin. Or, de cet arbre en son centre et de ce couple souvent représenté « à l’ordre » comme sur ce pilier de la maison des Consuls à Saint Antonin Noble Val dans le Tarn et Garonne. ducberry.jpgOn constatera que les limites du Jardin sont bien souvent circulaires et qu’elles prennent leur centre justement au cœur de l’Arbre, comme si la représentation de l’Eden devait aussi être celle de Dieu… ou de l’Homme… puisque leurs images sont de même nature. L’exemple le plus frappant est cette peinture du XVème siècle illustrant les « très riches heures du Duc de Berry » et conservée au Château de Chantilly près de Paris. Cela n’entre, bien entendu, pas en contradiction avec le fait que cette représentation du point à l’intérieur du cercle se retrouve chez les tribus les plus primitives et chez les anciens chinois de l’époque chamaniste qui auraient conservé la tradition de former un cercle protecteur à partir un arbre central qui servait d’axe autour duquel on libérait une clairière permettant d’installer le campement. Cette forme se retrouvera dans l’architecture des tours fortifiées, des places fortes et des villages tout aussi bien que des premières églises byzantines dont l’aspect cruciforme est inscrit dans un cercle lui-même contenu dans un carré et l’arbre restera associé à l’axe du Monde. Pour les chinois, en particulier, cette construction est restée à la base de l’organisation des Temples et des portes d’entrée, de même leurs cénotaphes prendront la forme d’un cercle.

Mais revenons aux sources de la signification religieuse du symbole. Albert G. MacKey dans son ouvrage « The Symbolism of Freemasonry » insiste sur son grand intérêt et son importance et nous convie à le rapprocher de l’orbe du Monde et de son axe et c’est en cela que les tangentes des lignes parallèles perpendiculaires offrent les points solsticiaux du cycle. Néanmoins, il revient, à juste raison sur sa signification phallique première et ses liens avec les Grands Mystères. Pour les Egyptiens dont on dit souvent qu’ils sont à l’origine de nos symboles maçonniques, le Phallus était le symbole de la fécondité exprimée par le principe mâle générateur. Les mystères secrets liés à cette énergie et à ses conséquences profondes étaient transmis lors des initiations. Ce sont ces secrets intrinsèquement liés au culte d’Osiris dont héritèrent les mystères d’Eleusis. Le point était la source profonde de toutes choses caché au cœur de la Création et le placer dans un cercle revenait à en indiquer la source sacrée. Dans ce contexte, le cercle sans le point n’a aucune signification et sans le cercle, le point n’en a pas plus. C’est la raison pour laquelle les cultes monothéistes qui conservèrent ce signe en conservèrent aussi le sens depuis Akhenaton qui en fit le symbole de son Dieu.

divinite-cercle dans Contribution
See also…

 

SOURCE :  http://truthlurker.over-blog.com/article-7015951.html

 » Les quatre Eléments traditionnels : Terre, Eau, Air, Feu, dans l’Initiation maçonnique et l’Alchimie. » 8 juillet, 2023

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Aujourd’hui une chronique  sur   » Les quatre Eléments traditionnels : Terre, Eau, Air, Feu, dans l’Initiation maçonnique et l’Alchimie.« 

 

Les quatre Eléments traditionnels : Terre, Eau, Air, Feu, dans l’Initiation maçonnique et l’Alchimie.

Les quatre Eléments, Terre, Eau, Air, Feu, sont les « milieux » naturels à travers lesquels passent les Maçons dès leur Initiation, des symboles qu’ils ne cessent de re-découvrir au fil des « âges » et des Degrés quand ils « travaillent » à se re-reconnaître eux-mêmes et à s’aimer. « L’homme est l’abrégé de toute la Nature, il doit apprendre à se connaître comme le précis et le raccourci d’icelle. Par sa partie spirituelle il participe à toutes les créatures immortelles, et par sa partie matérielle, à tout ce qui est caduque dans l’Univers. » (Dom Pernety, Les Fables Egyptiennes et Grecques, 1758) Les hommes et les femmes initiés aux « mystères » de la Franc-Maçonnerie révèlent en eux-mêmes cette Nature avec l’aide et l’affection de leurs Frères et Sœurs, et « initient » un lent cheminement les conduisant au centre de leur propre labyrinthe, en un point où doivent se conjuguer harmonieusement et se féconder leurs deux natures matérielle et spirituelle.

Sur ce chemin, les quatre Eléments sont les premiers symboles et archétypes vécus de l’intérieur par les Maçons, d’abord sous la forme des chocs émotionnels et affectifs déclenchés par l’Initiation, puis en s’« attachant » par des « planches » et des « colonnes » à « remettre vingt fois sur le métier » (Boileau) leur étude et leur connaissance, cette re-connaissance conduisant à la re-naissance du « connaissant » par des « intégrations » réitérées de connaissances « en » conscience. « Ceux qui ne se rendent pas compte de la tonalité affective particulière de l’archétype ne se retrouveront qu’avec un amas de concepts mythologiques, que l’on peut sans doute assembler de façon à montrer que tout a un sens, mais aussi que rien n’en a. Les cadavres sont tous chimiquement identiques, mais les individus vivants ne le sont pas. Les archétypes ne se mettent à vivre que lorsqu’on s’efforce patiemment de découvrir pourquoi et comment ils ont un sens pour tel individu vivant. » (C.G. Jung, L’homme et ses symboles) C’est là tout le sens de l’étude des symboles et rituels maçonniques depuis le premier degré du Rite.

L’Initiation est ainsi une science du vivant, l’art de réveiller des consciences amnésiques « occultant » leur raison d’être, et dans la langue maçonnique et alchimique l’art de rendre vivants les métaux morts, ces « métaux » que les Maçons laissent au moins en partie à la porte du Temple et qu’ils travaillent patiemment à transformer à mesure qu’ils se perfectionnent eux-mêmes. Ils reçoivent la « lumière » du sens des symboles-archétypes qui leur sont transmis lors des Initiations, et travaillent dès lors à laisser ces symboles « lumineux » atteindre et réveiller les archétypes correspondants endormis en eux.

Alors ces symboles s’expriment « en » force et « en » puissance et tendent à « dé-teindre » sur l’initié(e) qui les libère et se libère lui(elle)-même de ses « ombres », à « teindre » ses pensées jusqu’à « révolutionner » l’être pensant dans ses idées et convictions les plus profondes. Les alchimistes ont l’art d’illustrer ces opérations de « teinture » par des scènes de la vie ordinaire qui n’attirent que le regard des « cherchants » et des « initiés » à leur langage. « Dé-teindre » peut se traduire par « laver » les vêtements et les idées des initiés (les « laveures alchimiques ») pour en extraire les teintures essentielles et parvenir à leur blancheur à la fin du deuxième Œuvre. Et la symbolique des couleurs fondamentales de l’Œuvre renvoie aux Eléments : la Terre noire, le Feu rouge, l’Air bleu, l’Eau en sa nature de « feu aqueux » ou d’ « eau ignée » croisant les couleurs verte et rouge.

Mais surtout ces symboles-archétypes s’animent d’une vie propre et illustrent les pensées et les sentiments des initiés qui s’en « nourrissent » spirituellement pour en absorber les vertus, espérant un jour en goûter la quinte-essence, un cinquième élément, l’Ether, plus subtil que les quatre premiers. Les alchimistes se désignaient souvent eux-mêmes comme des « abstracteurs de quintessence ». Rabelais a ainsi publié Gargantua sous le même pseudonyme que Pantagruel : Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais : « Abstracteur de Quintessence ». Il appartient à chaque Maçon et Maçonne de trouver les mots et les idées justes « inspirés » par ces symboles essences-ciels, de « nature » à en « révéler » et « fixer » le sens en eux-mêmes, chacun(e) trouvant comme le poète l’inspiration pour en exalter les sens « en » secret.

L’Orient et l’Occident lancent des ponts vers le ciel,

Au point où dans les nues convergent leurs rayons,

Roues cosmique et terrestre autour de l’essentiel :

L’amour de la Sagesse, mère des Traditions.

Fils tendus d’absolu des exigences ultimes

Au-delà d’horizons pétris d’humanité,

Nourriture d’êtres avides du sublime des cimes,

Leurs sens élèvent en cœur les Frères en vérité.

Zéphir souffle au zénith sur leurs esprits à vif

Le chaud et le froid sec, Air glacial et brûlant

Suscitant des courants ascendants et actifs

De pensées dans l’esprit des quatre Eléments.

Les mots et leurs racines goûtent jusqu’au Nadir

Une langue universelle nourrie de ses terreaux,

La Terre et ses silences où vibrent les désirs

Les plus profonds des hommes en quête de héros.

Ses paroles coulent à flots, mêlent à contre-courant

Des appels qui dérangent sans mettre le chaos

Aux tourbillons des ondes aspirant au néant ;

L’Eau porte dans ses gouttes l’unité du zéro.

Un Feu pousse à la roue l’axe des destinées,

Distille des idées qui travaillent et s’affinent,

Parlent juste et s’entendent pour être devinées

Dès que l’âme s’enivre, chante sa vie divine.

Un Cinquième Elément en est l’émanation,

La mémoire liminaire délivrant les errants

Du socle imaginaire, vide en recréation,

Quintessence de l’Ether, immobile mouvement.

Les rituels des Degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté foisonnent de ces symboles-archétypes alchimiques. Le livre « Francs-Maçons Alchimistes » de l’auteur de cette chronique, qui paraît dans quelques jours (Editeur LiberFaber http://liberfaber.com/fr/accueil.html) re-lie précisément la Franc-Maçonnerie et l’Alchimie par la « mise en regard » des rituels maçonniques du Rite Ecossais Ancien et Accepté, tels qu’ils furent rédigés à l’origine au XVIIIème  siècle, et les traités anciens des alchimistes, afin de « projeter » (terme alchimique) les Maçons et Maçonnes dans chacune des phases de l’Œuvre grâce à l’étude des rituels, et inversement de faire redécouvrir le sens des rituels à travers ce prisme alchimique. Sa centaine de figures illustrant le texte et son lexique de mille mots animent de l’intérieur ces symboles, et tend à transformer leur « vision » statique en deux dimensions en « visualisation » dynamique en conscience, jusqu’à les « voir » en trois dimensions s’animer et « illustrer » le perfectionnement et l’accomplissement spirituel de chaque Maçon et Maçonne sur le chemin de l’Initiation.

Faites « signe » comme on « fait symbole » à mon Editeur LiberFaber à l’adresse http://liberfaber.com/fr/accueil.html pour dès maintenant effectuer vos réservations et commandes !

Patrick Carré


Patrick Carré, né le 14 janvier 1953, est poète, philosophe, et Franc-Maçon français. Son œuvre littéraire et artistique comprend un nombre considérable de poèmes et de textes philosophiques principalement sur l’Initiation Traditionnelle à la vie spirituelle.

Initié à 23 ans à la Grande Loge de France, il est membre de la Juridiction du Suprême Conseil de France, de Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Diplômé de Philosophie (Faculté de Rennes), de Gestion (IGR et Enass), d’Arts Plastiques (Institut Van der Kelen-Logelain à Bruxelles et CAP de potier tourneur).

Son site internet « Patrick Carré Poésie » http://www.patrick-carre-poesie.net/  de 1000 pages, premier site de langue française d’études et de poèmes d’un Franc-Maçon avec plus de 800.000 visiteurs, concentre ses travaux et recherches sur l’Initiation Maçonnique, en particulier tous les degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA), symbolisant l’Œuvre alchimique de perfectionnement et de transformation intérieure des Maçons.

Livres et disque

  • Livre « Francs-Maçons Alchimistes » (2015) (Editeur LiberFaberhttp://liberfaber.com/fr/accueil.html )
  • CD « Le Flambeau » (incluant le recueil des 12 poèmes) (2013)
  • Livre « Cathédrales » (2006)
  • Livre « La Femme Chair, Cœur, Esprit » (2006)

Conférences

  • Pensée symbolique et pensée sensible, illustrées par Dürer
  • La pensée symbolique
  • La Femme et la mixité en Franc-Maçonnerie
  • La poésie en Franc-Maçonnerie
  • L’univers du potier tourneur
  • Le vitrail alchimique de la Cathédrale d’Orléans

Membre aux USA de la Masonry Poetry Society (http://www.mpoets.org/ProceedingsNo7.htm )

Lauréat France Musique Contes du jour et de la nuit (émission du 12/06/2014) (http://www.francemusique.fr/emission/contes-du-jour-et-de-la-nuit/2013-2014/selection-france-2-du-4e-appel-ecriture-patrick-carre-5-5-06-12-2014-00-00 )

 

 
 
 
 
 

La franc-maçonnerie est-elle magique ? 7 juillet, 2023

Posté par hiram3330 dans : Contribution , ajouter un commentaire

La franc-maçonnerie est-elle magique ?

 
La Rédaction

Par La Rédaction

 

La franc-maçonnerie est-elle magique ? dans Contribution nostradamus-7751300_1920-696x464

De notre confrère midnightfreemasons.org – Par Patrick Dey

Nous écarterons les réponses des Maçons non ésotériques, qui donneraient la réaction instinctive de : Non ! Jamais! Cela mis à part, de temps en temps j’entends un maçon ou je lis quelque chose d’un maçon qui soutient que la franc-maçonnerie est magique. Non pas que la fraternité, ses rituels, ses enseignements, etc. soient un tour de cartes ou un tour de passe-passe, mais c’est vraiment de la magie. Cela m’a longtemps dérangé.

Premièrement, pour résoudre ce problème, nous avons besoin d’une sorte de définition de travail de ce qu’est la magie, ou du moins de comprendre quels sont les processus et les opérations impliqués dans la magie à comparer à la maçonnerie. Il existe une infinité de définitions, mais en fin de compte, nous reconnaîtrons que la magie est un processus d’exploitation et d’utilisation de pouvoirs surnaturels. Personnellement, je travaille à partir d’un modèle spirituel : la magie est le processus de travail avec les esprits, désincarne les intelligences, entités immatérielles conscientes que le magicien va invoquer et conjurer (en latin, conjurare, jurer ensemble, c’est-à-dire faire un pacte — même le terme d’exorcisme est similaire , mais vient du grec, exorkismos, lier par un serment), et une fois en accord avec l’esprit, l’esprit accomplira les requêtes du magicien. Même dans un modèle animiste, toute chose matérielle a un esprit, un être résidant en son sein qui sera lié à la volonté du magicien. On voit même ce genre de chose dans la messe catholique, où en exorcisant l’eau (c’est-à-dire en faisant de l’eau bénite), le prêtre va exorciser la « créature de sel » avant de mettre du sel dans l’eau. Nous voyons quelque chose de similaire dans les idées alchimiques, telles que l’esprit du mercure, l’esprit du feu (c’est-à-dire la salamandre), et al. Même la façon dont nous parlons de l’alcool, un “esprit”, est directement liée à cette vision animiste d’un esprit vivant dans une substance.

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Tout au long de l’histoire, nous voyons à maintes reprises la magie être une opération rituelle consistant à contraindre, lier et utiliser des esprits pour réaliser des choses qui autrement ne peuvent pas être réalisées par des moyens normaux et naturels. Parfois, c’est super simple et n’implique vraiment pas beaucoup d’efforts. Par exemple, les Psaumes ont été régulièrement utilisés dans une grande partie de la magie européenne, et dans de nombreux cas, il suffit de réciter un Psaume, selon ce que le magicien essaie d’accomplir. Si vous voulez protéger votre femme enceinte et assurer un accouchement en toute sécurité, une récitation quotidienne du Psaume 1 est parfaite. Si vous voulez vous faire plus d’amis, récitez le Psaume 133 quotidiennement. Les Psaumes sont des prières qui ont été faites par des patriarches puissants et saints, et le Seigneur a écouté ces prières, on pense donc qu’elles ont une grande efficacité par elles-mêmes. La prière est un aspect essentiel de toute pratique magique. (Pour en savoir plus sur la magie des psaumes, voir mon essai dans Hadean Press’s Conjure Codex, Vol. 5, Black Edition, 2022).

On peut alors aller beaucoup plus loin. On peut aller à fond et mener le rituel complet de dix-huit mois de l’Abramelin, conjurer leur Saint Ange Gardien et le lier à leur tête. Ou peut-être un peu plus facile est l’Heptameron et la conjuration des rois Djinn via les sept archanges. Ou ils peuvent simplement créer des charmes magiques, dotés de pouvoirs en vertu de certains esprits ou aspects astrologiques, et ne jamais avoir à conjurer d’esprits. Cela dépend de ce que le magicien veut faire, jusqu’où il veut aller et à quel point il le veut.

Oui, il y a un rituel impliqué, comme la franc-maçonnerie a un rituel impliqué. En magie, il s’agit généralement de beaucoup de prières, d’invocations de noms sacrés, de beaucoup d’ordres aux esprits, etc. Mais ce n’est pas vraiment la même chose que le rituel maçonnique. En magie, le rituel a une certaine fonction dans la conjuration et la liaison des esprits à l’usage du magicien. Vous devez d’abord vous purifier, ce qui peut être un régime de plusieurs semaines, le jeûne, l’abstinence sexuelle et la masturbation, l’abstinence d’alcool, l’honnêteté dans les relations d’affaires, la confession des péchés, etc. Tous les outils du rituel ont besoin d’un certain niveau de consécration. Par exemple, dans l’Heptaméron, la messe du Saint-Esprit doit être conduite sur l’épée et d’autres instruments qui seront utilisés dans le rituel. Ensuite, il y a des offrandes aux esprits, un appel des esprits à sortir, et s’ils ne le font pas, une invocation plus dure pour les contraindre à sortir, un accueil des esprits, une attache pour qu’ils ne partent pas avant que vous n’en ayez fini avec eux, puis votre requête à leur donner, et ainsi de suite. Parfois, il semble que le moyen le plus simple d’obtenir ce que vous voulez est de ne pas faire de magie. Cela peut être épuisant et cela ne fonctionne toujours pas. Les esprits peuvent apparaître, mais cela ne veut pas dire qu’ils veulent vous écouter.

La franc-maçonnerie est-elle quelque chose comme ça ? Non, et cela effrayerait probablement beaucoup de gars si nous appelions des anges et toute leur grandeur et leur terreur dans la salle Lodge. Sérieusement, les anges sont assez effrayants. Existe-t-il des similitudes entre les rituels maçonniques et un certain nombre de rituels magiques ? Bien sûr, parce que c’est rituel, mais pas parce que les deux sont intrinsèquement liés ou même la même chose.

Par exemple, certains soutiennent que les rituels magiques doivent tous être mémorisés, et cela peut être une option pour certains, mais vraiment, je ne pense pas que beaucoup de gens mémorisent l’intégralité d’un rituel magique. Et historiquement, nous savons que tout n’a pas été mémorisé. C’est pourquoi nous avons des grimoires : des livres de magie que le magicien peut consulter et lire. À ce stade de ma vie, j’ai pratiquement mémorisé l’exorcisme du feu et de l’encens parce que chaque fois que je vais prier, j’allume de l’encens et récite cet exorcisme, même si j’ai généralement ma clé de Salomon à côté de moi. Est-ce que j’ai mémorisé toute la messe du Saint-Esprit ? Non. Pas même proche, et ce n’est pas quelque chose que je fais régulièrement, donc je n’ai pas vraiment d’intérêt à le mémoriser. Je veux dire, regardez n’importe quel prêtre catholique faire la messe et vous remarquerez qu’ils ont tendance à avoir une feuille de triche à côté d’eux sur l’autel.

J’ai entendu dire que la mémorisation des rituels aide notre mémoire, comme la magie. Ouais… voilà le truc, il y a un grimoire d’aide à la mémoire : l’Ars Notoria, un grimoire d’apprentissage rapide. Et la bonne mémoire a toujours été considérée comme une sorte de magie, quelque chose que Francis Yates retrace dans son livre The Art of Memory. Mais le simple fait de mémoriser les racines n’est pas la même chose que la façon dont Ars Notoria le fait, qui est pratiquement un apprentissage par osmose. Littéralement, vous dormirez avec le livre que vous apprenez sous votre oreiller. Et vous ne mémorisez certainement pas l’Ars Notoria, si jamais vous le pouviez.

J’ai entendu dire que la franc-maçonnerie est une « magie symbolique » – c’est-à-dire que c’est de la magie, mais faite symboliquement. Je ne sais vraiment pas ce que cela signifie. Le but de la magie est de réaliser quelque chose, que ce soit pour obtenir de l’argent, pour recevoir une prophétie, pour détruire ses ennemis (par exemple la moitié des Psaumes), pour guérir une maladie, et al. Si vous ne réalisez pas réellement quelque chose, alors ce n’est pas magique. C’est ce que nous appelons LARPing (jeu de rôle en direct).

J’ai aussi entendu dire que le rituel maçonnique élève notre conscience. Euh… je suppose. Je ne nierai pas que l’on peut et que l’on aura de profondes expériences spirituelles dans la franc-maçonnerie. Je l’ai certainement fait, mais ce n’est pas nécessairement de la magie. La méditation peut « élever la conscience », tout comme les médicaments, et la thérapie aussi. Mais ce n’est pas forcément de la magie. Cela peut être “magique”, mais pas “magique”. L’Ordre du Temple, surtout pendant la cinquième libation est « magique », mais certainement pas magique.

Je pourrais probablement continuer encore et encore sur la dernière chose qui différencie vraiment la franc-maçonnerie de la magie. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas parce que nous considérons nos expériences en franc-maçonnerie qu’elles sont puissantes, qu’elles changent la vie et qu’elles sont spirituellement profondes. Cela ne veut pas dire que c’est nécessairement magique. Si vous avez traversé les degrés de la maçonnerie avec l’intention de devenir millionnaire, et après être devenu un maître maçon, vous avez miraculeusement reçu un vaste héritage, alors oui, d’une manière ou d’une autre, cette personne a transformé son initiation maçonnique en un rituel magique sans que personne ne le sache. Sinon, ce n’est qu’une expérience profonde, qui change nos vies pour toujours. Mais ce n’est pas de la magie .

SOURCE   :  https://450.fm/2023/07/06/la-franc-maconnerie-est-elle-magique/

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L’E G C en bref – Gnose 27 juin, 2023

Posté par hiram3330 dans : Contribution,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

L’E G C en bref

« Crée en moi un cœur pur Ô Dieu, Et mets au-dedans de moi un esprit nouveau, un esprit ferme. Ne me rejette pas de devant Ta Face et ton esprit saint, ô ne me l’enlève plus » (PS, 51 : 10-11).

Qu’est-ce que l’E.G.C. ?
L’E.G.C. est une communauté (ekklesia) privilégiant la Gnose (et non les doctrines gnostiques particulières) comme source de la grâce et assise de la foi ; et désirant œuvrer dans les temps nouveaux selon une démarche libre et sauvage (et donc chaote si l’on accepte le néologisme qui n’induit nullement une forme quelconque d’adoration pour le chaos).
L’E.G.C. est-elle apostolique ?
Les épiscopes de l’E.G.C. sont les dépositaires de la filiation apostolique remontant à l’apôtre Pierre au travers de Mgr. Vilatte.
L’E.G.C. reconnaît et se joint en communion aux Eglises des Trois Premiers Conciles (Nicée, Constantinople et Ephèse) en ce sens elle accepte le Credo de Nicée-Constantinople. Elle est – même irrégulièrement – une partie intégrante du corps de l’Eglise chrétienne une, sainte, universelle et apostolique.
L’E.G.C. célèbre les sept sacrements : baptême, confirmation, eucharistie, réconciliation, sacrement des malades, ordination, mariage.
Cette succession des apôtres c’est une blague, non ?
Non. L’E.G.C. est apostolique dans le sens où elle est dans la continuité de la succession des Apôtres. Notre lignée remontre à Saint Pierre, cependant il faut bien distinguer la validité et la licéité de la consécration. Nous sommes irréguliers à la fois au regard de l’Eglise officielle et au regard de certaines autres Eglises gnostiques.
L’encyclique Satis cognitum (28 juin 1896) du Pape Léon XIII précise que « les évêques possèdent une autorité qui leur est propre et qu’ils portent en toute vérité le nom de prélats des peuples qu’ils gouvernent ». Le Concile Vatican II rappelle que « par l’imposition des mains et par les paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est conférée, et le caractère sacré imprimé de telle sorte que les évêques tiennent, de façon éminente et visible, la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife, et agissent à sa place ». De par les pouvoirs sacerdotaux dont l’évêque est le dépositaire, il peut donc valablement transmettre les Ordres et la consécration épiscopale en dehors de toute autorité. Ce qui le place alors, du point de vue juridique, en illégalité, mais non en invalidité.
Ainsi tous les évêques à la suite de Vilatte – qui n’était pas primat – sont illicites. Nous sommes, évêques vagabonds, illégalement consacrés et cela nous convient.
Quels sont vos lieux de culte ?
Ainsi que l’écrivait Clément d’Alexandrie : « Je n’appelle point du nom d’église l’enceinte matérielle, je réserve cette appellation pour l’assemblée des élus ». Nous n’avons donc pas de temple ou de lieu officiel pour nos rites ; un lieu d’habitation, un champ, une forêt, qu’importe, ce sont là des lieux appropriés car il a été annoncé que : « L’heure vient, et elle est déjà venue, disait-il à la femme samaritaine, où on n’adorera plus ni sur une montagne particulière, ni à Jérusalem, mais où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jean IV, 21-23.), chaque homme, chaque femme est le temple saint consacré à la Divinité.
Ainsi, « chacun s’assemble où il le veut et où il le peut » selon les mots mêmes du Martyr Justin.
Quelles sont vos cérémonies ? 
La communion dans la sainte messe où l’assemblée peut pratiquer la fraternité autour du souvenir de la Cène (fraction du pain) et par ce « repas » commun pratiquer la charité envers les plus démunis. Car tous devraient garder en souvenir que «nous traitons les pauvres comme des hommes sur qui la Divinité attache ses regards avec le plus de complaisance » (Tertullien, Apologie 39).
L’évêque préside le service – mais en serviteur et non en maître. Il célèbre l’eucharistie qui est célébrée selon les mots du Christ : « Faites ceci en mémoire de moi ». Ainsi, nous pratiquons lors d’un repas fraternel la cérémonie de la fraction du pain et de la bénédiction du vin comme Jésus avait rompu le pain et béni la coupe pour les distribuer à ses disciples.
« L’agape est une nourriture céleste, un festin raisonnable ; la charité supporte tout, elle espère tout, elle souffre tout, elle ne finira jamais » (Clément d’Alexandrie, Stromates).
L’E.G.C. est-elle une secte ?
Oui dans le sens où elle est schismatique des autres courants – quoique se posant dans le principe d’unicité de l’Eglise – chrétiens orientaux, romains, réformés ou protestants.
Cependant l’E.G.C. n’est pas sectaire dans le sens légal et usuel du terme. Elle ne cherche pas l’enrichissement personnel, elle ne désire pas la soumission des volontés individuelles ; elle place l’humain, et sa liberté inhérente, au centre de son travail et rejette donc toute prison de l’esprit, de l’âme ou du corps. L’E.G.C. ne cherche pas non plus des adeptes béats ou des moutons sans volonté, mais des êtres libres et indépendants se reconnaissants dans les principes de la Gnose.
Qui dirige l’E.G.C. ?
Son seul chef reconnu est le Christ. L’E.G.C. n’a ni patriarche, ni pape pour la diriger. Le synode – ou communion de ses évêques – est le seul organe purement administratif. Les épiscopes ne relèvent que d’eux-mêmes et des Saintes Ecritures pour ce qui ressort de la foi et de leurs actes.
+Tau Héliogabale bien qu’ayant publié les actes de sa fondation – en accord avec les évêques issus de sa filiation – n’est pas et ne sera jamais son chef.
Quels sont les principes particuliers animant l’E.G.C. ?
– Nous rejetons le dogme de l’infaillibilité papale et les Conciles Vatican I et Vatican II. Ne s’agissant que de points dogmatiques particuliers, ceci n’entache nullement la communion en une même Eglise ;
– Nous permettons le mariage des prêtres et des épiscopes ;
– Nous ouvrons nos ordres aux femmes qui y disposent des mêmes pouvoirs et prérogatives que les hommes ;
– Nous reconnaissons le droit absolu aux personnes de même sexe de contracter une union spirituelle et de vivre comme ils l’entendent.
Comment rejoindre l’E.G.C. ?
En en faisant la demande. Les évêques de l’E.G.C. sont libres de consacrer librement sans avoir à en référer à une autorité supérieure inexistante. Cela ne signifie bien sûr pas que tous ceux qui en font la demande seront reçus. Si vous êtes loin, il se peut que la barrière géographique soit un frein ; si vous votez Marine Le Pen ou si vous avez une crampe au bras droit, passez votre chemin ; si vous cherchez honneur, gloire, argent, beauté et beaux habits de carnaval, passez votre chemin ; si vous pensez entrer dans un club, un ordre secret, une fraternité d’initiés élus en passe de conquérir l’univers, passez votre chemin ; si vous ne cherchez qu’un titre, duc ou baron ça le fait mieux et c’est pas cher sur le net. Nombreuses sont les raisons qui peuvent pousser un évêque à refuser de vous recevoir. Nous ne sommes pas élitistes, nous sommes faibles, car humains, pardonnez-nous donc de faillir parfois.
C’est cher ?
« Pas assez cher mon fils ! ». C’est totalement gratuit. Un évêque contrevenant à ce principe s’exclut ipso facto de l’E.G.C. Dans la mesure du possible la fraternité et l’absence d’argent doit régner entre nos frères et sœurs de l’E.G.C. : le visiteur sera reçu selon les moyens de son hôte, le visiteur veillera (comme nous l’enseigne la Didaché) à ne pas prolonger son séjour (mystère des mystères).
Vous savez qu’on vous prend pour des guignols ?
Oui, tout à fait, et c’est bien ainsi. Nous avons conservé ce grand principe voulant que si l’on doit faire quelque chose, autant le faire sérieusement, certes, mais surtout ne pas oublier de savoir rire de soi. Nous œuvrons sérieusement, mais nous n’avons que faire de la pompe coincée d’une ère passée.

+Tau Héliogabale, février 2012 en l’Oratoire d’Ara Lunæ.

Heliogabale.org - Eglise Gnostique Chaote

 

SOURCE  : https://www.heliogabale.org/a-propos/le-g-c-en-bref/

LA BIBLE ET LA FRANC-MACONNERIE 24 juin, 2023

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

LA BIBLE ET LA FRANC-MACONNERIE

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La relation entre la Bible et l’Histoire concerne la façon dont la Bible est considérée d’un point de vue historiographique. La Bible, une collection de livres écrits à diverses époques, principalement par des auteurs anonymes, est un livre considéré comme sacré par les groupes occidentaux. L’histoire est une discipline qui traite de l’étude des traces et des documents des temps passés en vue d’une réflexion sur le passé. Pendant de nombreuses années, le contexte dans lequel la Bible a été produite a été tout simplement ignoré, puisque l’étude de ce livre a été reléguée à la théologie. Cela a changé quand « une série de découvertes, le déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens (1822) et le déchiffrement du cunéiforme akkadien (vers 1857) ont fait sortir la Bible de son ‘splendide isolement’ ».

La Bible est le texte religieux de valeur sacrée pour le christianisme et les autres religions, dans lequel l’interprétation religieuse de la raison de l’existence de l’homme sur Terre du point de vue juif est racontée par des humains. Il est considéré par l’Église comme divinement inspiré, et c’est un document doctrinal compilé à l’origine par l’Église catholique pour guider ses doctrines.

Origine et formation de la Bible

La partie écrite la plus ancienne de la Bible est probablement le Cantique de Débora, qui se trouve dans le livre des Juges (Jz, 5).Le premier livre de la Bible, Genèse, a été écrit vers 1445 av. 90 à 96 après JC.

Lorsque les Hébreux sont arrivés en Canaan, il y avait déjà un certain développement littéraire dans le pays, comme l’alphabet phénicien (dont l’hébreu est dérivé), qui existait déjà au 14ème siècle avant JC.  Un autre document de cette période est le calendrier Gezer, qui date d’environ 1000 av. J.-C. et indique les dates à utiliser par les agriculteurs. C’est le plus ancien document retrouvé en Palestine. Un autre document très ancien est le sarcophage du roi Airam, qui contient une inscription et a été trouvé au 14ème ou 15ème siècle avant JC. C., à Byblos. On trouve même des tablettes trouvées à Ougarit (en 1929), où sont écrits des poèmes semblables à des psaumes, datant du XIVe ou XVe siècle av. W

Le mot s’est répandu des siècles plus tard

a) La date et la paternité de la Bible :

La Sainte Bible raconte l’histoire sur une période de 1600 ans (de la création du monde, jusqu’à l’Apocalypse de Jean en 95dc, environ) inspirée par Dieu, il n’y a donc aucune contradiction en elle.

b) Les langues originales :

L’Ancien Testament a été écrit en hébreu, à l’exception de quelques passages écrits en araméen. Le Nouveau Testament a été écrit en grec.

Les langues originales de la Bible sont donc : l’hébreu, l’araméen (d’origine commune à l’hébreu) ​​et le grec.

A l’époque de Jésus la langue parlée en Palestine était l’araméen, l’hébreu n’était utilisé que dans la liturgie (dans les synagogues et dans le Temple). La langue officielle de « l’Empire romain » était le latin, mais la langue parlée par le peuple dans tout l’Empire était le grec Coene, diffusé par Alexandre le Grand lors de ses conquêtes.

Les Interprètes – Prophètes et Sages

Pendant longtemps, les prophètes ont été les guides du peuple de Dieu. Les livres prophétiques résument ses enseignements, et la plupart n’ont été écrits que plus tard, par ses disciples. Ce n’est que vers l’an 200 av. J.-C. que les livres prophétiques ont été écrits. Les livres de la Sagesse sont le résultat d’un style littéraire longtemps à la mode après l’exil. Ce sont des réflexions humanistes et religieuses. Dès lors, apparurent les sages qui raisonnaient sur les choses de la nature, en tirant des leçons de vie. Ils ont été ajoutés aux livres sacrés au cours des derniers siècles avant JC, les livres les plus récents étant l’AT.

La nouvelle tradition de l’ère chrétienne

Le Nouveau Testament n’a pas été écrit dans le but d’être ajouté à la Bible. Au temps du Christ et des Apôtres, le livre saint n’était que l’Ancien Testament. Jésus-Christ lui-même était basé sur lui dans sa prédication. Et Il a commandé seulement de prêcher, et non d’écrire. C’est alors qu’une nouvelle tradition orale s’est formée. Et après la mort de Christ, les apôtres sont sortis prêcher et la parole de JC a commencé à être écrite. L’évangile de Jean n’a été écrit que vers l’an 100 après JC.

L’Assemblée de la Bible

Au fil des années, les archéologues ont retrouvé, petit à petit, les rouleaux écrits sur papyrus [feuilles d’une plante] et parchemin [peau animale] et les ont rassemblés en un seul livre. Tous les manuscrits originaux de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été perdus ; les textes existant aujourd’hui dans les langues originales sont basés sur des copies des documents authentiques. Jusqu’à récemment, le plus ancien manuscrit complet de l’Ancien Testament était daté de 916 après JC. En 1946, plusieurs manuscrits de ces livres ont été trouvés dans onze grottes à Qumram [situé à 2 kilomètres à l’ouest de l’extrémité nord de la mer Morte]. La plupart de ces manuscrits datent du premier siècle avant JC et du premier siècle après JC Des manuscrits presque entiers y ont été trouvés, Isaïe étant le plus célèbre, avec des parties de tous les livres de l’Ancien Testament, à l’exception d’Esther.

les premières versions

En l’an 382 après JC, la Vulgate latine [traduction en latin] a commencé à être préparée par Jérôme, à la demande de Damase, qui était alors pape; ce travail n’a été achevé qu’en 404 après JC. La première version de la Bible écrite en portugais était le Nouveau Testament, traduit par João Ferreira de Almeida en 1681.

Division en chapitres et versets

Le premier texte hébreu de l’Ancien Testament a été divisé en versets entre le 9ème et le 10ème siècle avant JC par des érudits juifs appelés Massorètes.

Jusqu’au XVIe siècle, les bibles n’étaient publiées qu’avec la division en chapitres. Ce n’est qu’en 1560 que la première bible a été publiée avec les textes divisés en versets [la Bible de Genève, publiée en Suisse].

La division des textes du Livre Saint a été créée pour faciliter la mémorisation et la localisation de chaque passage de la Parole de Dieu, facilitant ainsi notre étude et notre méditation.

Comprendre quelques difficultés concrètes

Le sermon sur la montagne de Luc fait référence à « heureux les pauvres » ; et dans Matthieu, « heureux les pauvres en esprit ». La différence consiste en ceci : Luc a donné un sens social, plus important aux communautés grecques, pour lesquelles il a écrit. Mais celui de Matthew s’adressait aux communautés juives et voulait combattre une doctrine des juifs qui se faisait une fausse idée de la pauvreté. Pour eux, le fait même  que la personne était pauvre garantissait déjà le salut, tandis qu’une autre personne, par le simple fait d’être riche, était déjà condamnée. À cause de cela, il a écrit « pauvre d’esprit ».

Les lettres

Les lettres de Paul ont été envoyées pour être lues en public. Dans Thessaloniciens 5, 27, il y a une allusion à cela. Les épîtres catholiques (universelles) sont appelées ainsi parce qu’elles s’adressent à l’Église en général. Les Actes des Apôtres peuvent être considérés comme la continuation du troisième évangile, car il a également été écrit par Luc. Et l’Apocalypse de Jean, le livre prophétique, a été ajouté en dernier.

Dans les écrits du Nouveau Testament, on trouve souvent des citations de l’Ancien Testament. C’est que plusieurs fois les Apôtres ont voulu clarifier des doutes sur certains passages, qui avaient une fausse interprétation. Dans les assemblées, des écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament étaient lus pour les expliquer.

Le Sacré Canon et le Concile de Nicée

Au IVe siècle, l’Église se réunit en concile à Nicée, et l’une des tâches était d’organiser le « canon », ou la liste des livres sacrés considérés comme authentiques. Dans ce Conseil, les livres ont été étudiés et on a recherché lesquels étaient toujours lus dans les cultes et étaient toujours considérés comme légitimes. Et l’ordre qui existe encore aujourd’hui a été établi.

« Le mot « canon » vient du terme grec « kanon » qui signifie « roseau », c’est-à-dire « une tige droite » ou « un étalon de mesure ». De là découle le sens secondaire qui fait référence à une règle ou norme de conduite une forme de droit. « Le sens métaphorique du mot canon sert à signifier » ce qui est conforme à la règle ou à la mesure.

Religions abrahamiques

Les trois principales religions abrahamiques sont, par ordre chronologique de fondation, le judaïsme, le christianisme et l’islam.

judaïsme

Elle est considérée comme la religion des descendants de Jacob, petit-fils d’Abraham. Il a une vision strictement unitaire de Dieu et son livre sacré central pour presque toutes les branches est la Bible hébraïque, telle qu’élucidée dans la loi orale.

Christianisme

Il a commencé comme une secte du judaïsme au 1er siècle après JC et a évolué en une religion distincte, l’Église chrétienne, avec des croyances et des pratiques distinctes. Jésus est la figure centrale du christianisme, considéré par presque toutes les dénominations comme étant d’origine divine, généralement comme la personnification d’un Dieu trinitaire.

La Bible chrétienne est généralement considérée comme l’autorité ultime avec la Tradition sacrée dans certaines dénominations apostoliques telles que le protestantisme, le catholicisme romain et l’orthodoxie orientale.

Islam

Il est apparu en Arabie au 7ème siècle après JC, avec une vision strictement unitaire de Dieu. Les musulmans (adeptes de l’islam) désignent généralement le Coran comme l’autorité ultime de leur religion, telle qu’elle est révélée et clarifiée par les enseignements et les pratiques d’un prophète central, mais non divin, Muhammad.

Mohammed, né dans la ville de La Mecque en Arabie, est entré en contact avec la culture judéo-chrétienne, et raconte la légende selon laquelle inspiré par Dieu et ayant l’Ancien Testament comme base de sa doctrine, il a écrit le Coran – le Livre Saint de Islam.

Les musulmans croient que leurs saintes écritures sont la parole éternelle et littérale de Dieu, qui existait déjà au ciel.

La différence entre les Bibles catholique et protestante

Il a fallu quelques siècles à l’Église catholique pour arriver à la forme finale de la Bible, avec les 72 livres tels que nous les avons aujourd’hui. Dans plusieurs Conciles, au cours de l’histoire, l’Église, assistée de l’Esprit Saint, a étudié et défini la table des matières (canon) de la Bible ; puisqu’aucun de vos livres ne porte votre table des matières. C’est l’Église catholique qui a promu la Bible.

Tanakh – La « bible » juive

Tanakh ou Tanach est un acronyme utilisé dans le judaïsme pour nommer son principal ensemble de livres sacrés, étant le plus proche de ce que l’on peut appeler une Bible juive. Le contenu du Tanakh est équivalent à l’Ancien Testament chrétien, le Tanakh se compose de vingt-quatre livres.

Le mot Torah a deux significations dans la tradition juive. Dans son sens le plus large, la Torah est le mode de vie, ou « toute l’étendue et la variété de la tradition juive ». Il est synonyme de science, de sagesse, d’amour de Dieu. Sans elle, la vie n’a ni sens ni valeur.

Le Coran – Islamique

L’islam est un système religieux fondé par Mahomet. Les musulmans suivent les enseignements du Coran et essaient de suivre les cinq piliers.

Au VIIe siècle, Mahomet prétend avoir reçu la visite de l’ange Gabriel. Au cours de ces visites de l’ange, qui se sont poursuivies pendant environ 23 ans jusqu’à la mort de Muhammad, l’ange a apparemment révélé à Muhammad les paroles d’Allah (le mot arabe utilisé par les musulmans pour « Dieu »). Ces révélations dictées forment ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Coran ou Coran, le livre saint de l’islam. Islam signifie « soumission », dérivant d’une racine signifiant « paix ». Le mot musulman signifie « celui qui se soumet à Allah ».

Coran ou Coran est donc la « bible », le livre saint de l’Islam. Les musulmans croient que le Coran est la parole littérale de Dieu (Allah) révélée au Prophète Mohammed (Muhammad). Le mot Coran dérive du verbe arabe signifiant réciter ou réciter.

les évangiles apocryphes

Étymologiquement, le terme « apocryphe » signifie : « caché », « caché ». Il est utilisé pour désigner les 14 ou 15 livres, ou parties de livres, qui à un moment donné ont été placés entre les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ils apparaissent en annexe dans les versions de la Septante et de la Vulgate latine.

Les évangiles apocryphes sont des livres qui décrivent la vie de Jésus, mais que la plupart des églises chrétiennes considèrent comme illégitimes. Par conséquent, ils n’entrent pas dans le canon – ensemble de textes considérés comme sacrés – de la Bible. En plus des évangiles, cependant, il existe d’autres types d’apocryphes qui décrivent, par exemple, l’origine et la fin du monde, comme le font respectivement la Genèse et l’Apocalypse bibliques.

Contextualisation – La Sainte Bible et la franc-maçonnerie

Une fois qu’une étude biblique est effectuée, on constate la présence de plusieurs religions abrahamiques, qui sont toutes monothéistes et conçoivent Dieu comme la figure d’un créateur omnipotent, transcendant et la source divine de la loi morale, les caractéristiques de leurs récits sacrés partagent bon nombre des mêmes valeurs éthiques, historiques, se sont produites, bien qu’il existe de nombreuses différences basées sur des détails de doctrine et de pratique. De cette manière, la franc-maçonnerie est également contextualisée, insérée dans ce segment puisqu’elle n’hésite pas à distinguer la religion. Tous sont acceptés sans distinction. Les valeurs décrites dans divers passages du livre de la loi s’enchaînent avec la franc-maçonnerie.

Batterie

A la porte du Temple (Luc – chap. 11, ver. 09).

Initiation

Voyage – Je dirigerai les aveugles vers la route que vous ne connaissez pas. Tu le feras marcher dans des chemins qu’il a toujours ignorés (Isaïe – cap. 42, v. 16).

Purification par l’eau et le feu – Lorsque vous traverserez les eaux, je serai avec vous ; quand près des fleuves, ils ne vous submergeront pas. Lorsque vous traversez le feu, il ne vous brûle pas, et la flamme ne brûle pas en vous . (Isaïe – cap. 43 ver. 02).

Ni nu ni habillé – Ne vous approchez pas d’ici. Enlevez vos sandales de vos pieds car la terre sur laquelle vous êtes est une terre sainte . (Exode – ch. 03 ver. 05).

– Alors le Seigneur dit : Tout comme Isaïe, mon serviteur a marché trois ans nu et pieds nus… (Isaïe – chap. 20, v. 03).

Épée flamboyante

Après que l’initié ait reçu la « Lumière », le vénérable le proclame maçon, par trois vibrations ou étincelles du feu divin. Symboliquement mort au monde profane, l’initié est qualifié pour une nouvelle vie.

 » Et il chassa l’homme, et plaça des chérubins à l’est du jardin d’Éden, et le feu d’une épée pour garder le chemin de l’arbre de vie . » (Genèse – cap. 03, ver. 24).

sceau maçonnique

 » Le Temple a été construit avec des pierres déjà préparées dans les carrières, de sorte que ni marteau ni hache ni aucun instrument de fer ne se faisaient entendre dans le Temple quand ils le construisaient « . (Reis III – chap. 06, ver. 07).

Pierre non polie

« Comme une pierre vivante, rejetée des hommes, mais choisie et précieuse par Dieu, vous aussi, comme des pierres vivantes, vous édifiez une maison spirituelle… » ​​. (1er Livre – Épître de Pierre – chap. 02, versets 04 et 05).

la sainte coupe

« Car dans la main de l’Éternel il y a une coupe dont le vin mousse plein de mélange, il en donne à boire, ils nous servent même des scories, tous les méchants de la terre » . (Psaume – cap. 75, ver. 08).

J’adore la prochaine

Le rituel du 1er degré regorge de citations d’amour. À son prochain. « Car le message que vous avez entendu dès le début est que vous vous aimez les uns les autres ». (1er livre – Épître de saint Jean, cap.03, ver. 11).

Les trois étapes de l’apprenti

Des marches carrées signifient que la marche est juste, qu’elle est droite. Cela signifie que la droiture est nécessaire pour ceux qui veulent gagner dans la science et la vertu.

« Le chemin du juste est plat ; vous qui êtes justes, aplanissez le chemin des justes ». (Isaïe – Cap. 26, ver. 07).

Marcelo Santos Pedro

Merci mon TCF:. Jean-Marc pour ton apport

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Esotérisme et “Tellurisme” : Déesse Mère, Néo-Templiers, Francs-Maçons… 30 mai, 2023

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Esotérisme et “Tellurisme” : Déesse Mère, Néo-Templiers, Francs-Maçons…

 
Par La Rédaction
27 mai 2023

 

Esotérisme et “Tellurisme” : Déesse Mère, Néo-Templiers, Francs-Maçons… dans Recherches & Reflexions Palazzo-Capanna-Osimo-696x302

Palazzo Campana à Osimo (Marches), plus précisément sa zone souterraine, joue un rôle pour les francs-maçons et les néo-templiers.

De notre confrère germanique katholisches.info article 1article 2 – Par le Père Paolo M. Siano*

Au cours des derniers mois, j’ai été à Osimo in Marche, où j’ai découvert des personnes et des cercles qui, fascinés par l’ésotérisme, visitent même des lieux sacrés qui nous sont précieux, tels que des églises, des cathédrales et des sanctuaires mariaux, dans un esprit ésotérique ou gnostique et réinterprètent. Diverses études montrent que la ville d’Osimo possède un humus ésotérique profond qui se voit clairement dans les sous-sols du centre historique… Voici quelques-uns des résultats de mes recherches.

Le 9 octobre 2014, Roberto Mosca est décédé d’une leucémie à l’âge de 55 ans à l’hôpital de Pesaro . Né à Osimo en 1958, l’entrepreneur, archéologue et écrivain a conçu et fondé la section Osimo de l’ Archéoclub . Passionné par l’Hypogée d’Osimo, il fonde le groupe Osimo Sotterranea (Osimo Underground ) et œuvre pour la promotion culturelle de la ville et de ses souterrains, qu’il connaît dans le détail.

Regardons quelques-uns des livres de Mosca, l’ingénieur plasturgiste passionné d’histoire et d’archéologie, et de ses collègues chercheurs.

1. Grottes, chevaliers, loges

En 2006, la maison d’édition Osimo Edizioni publie le livre de Roberto Mosca et Angelo Renna (architecte, alors vice-président de l’association culturelle Osimo Sotterranea) : “Le Grotte , i Cavalieri, le Logge” (” Les Grottes , les Chevaliers, les Loges” ). Un thriller policier captivant. Au dos de la couverture se trouve un résumé de cette étude sur la ville d’Osimo : “Sculptures et représentations allégoriques dans un vaste labyrinthe souterrain utilisé par des personnalités influentes de la vie sociale et politique, mais qui ont été obligées de se rencontrer en secret, loin des regards et des oreilles indiscrets, dans une ville des États pontificaux qui était autrefois la ville la plus importante de Piceno et un centre de cultes orientaux, puis était un repaire des Templiers ».

À la page 5, les auteurs remercient également le professeur Fabrizio Bartoli. Nous retrouverons ce nom.

Dans l’introduction, les auteurs montrent peu de connaissance et d’appréciation de la foi catholique et de la théologie catholique : Ils voient une « contradiction » dans le fait que « les évangiles conventionnels, qui ont été écrits au moins un siècle après la mort de Jésus, ne contiennent pas la moindre référence bibliographique… » (p. 7). En fait, les Evangiles sont antérieurs et ne nécessitent pas de bibliographie puisqu’ils en sont la source première.

Osimo est l’un des anciens sites templiers d’Italie (voir p. 15). Dans la section “Osimo et les Templiers”, on lit que dans les souterrains de la vieille ville, “dans un incroyable labyrinthe de tunnels et de grottes”, se trouvent des symboles et des sculptures qui rappellent l’ancienne religiosité païenne et aussi ésotérique. Puis la petite église de San Filippo in Contrada Casenuove (Osimo) est mentionnée (cf. pp. 22-25), sur laquelle je reviendrai dans le dernier paragraphe de cet article.

Dans le chapitre “La quintessence de l’ésotérisme”, Osimo est qualifiée de “ville culte pour les amateurs d’ésotérisme” (p. 63), car il existe une sorte de “chemin mystérieux” dans les passages souterrains (Via Campana, Via Pompeiana. ..). Sous le Palazzo Simonetti, il y a aussi des symboles des Templiers. La famille Simonetti, qui tout au long de l’histoire a produit « des cardinaux, des érudits, des carbonari et une enrichetta, épouse de Cesare Gallo, membre de la Loge maçonnique Gioseffina de Milan, de rite écossais » ( p . 65) . Les auteurs écrivent, et je pense qu’ils ont raison : « La raison la plus probable de l’existence de ces allégories et symboles semble être des réunions de cercles secrets » (p. 68).

Dans le chapitre “Le tellurisme et la Vierge noire”, les auteurs établissent un lien entre le culte de Marie et le culte païen de la Grande Mère, la déesse Cybèle. Les hypogées, qui symbolisent le ventre de la mère, sont des lieux d’énergies “magiques” (cf. p. 91s). Cybèle était “la divinité tellurique par excellence, la Grande Mère de la Fertilité” (p. 92). A propos de la Fête du Covo en l’honneur de la Madone de Campocavallo (hameau d’Osimo), il est dit : « Dans cette fête on peut voir les restes de pratiques et de cultes très anciens. L’offrande de grain à la Madone évoque l’offrande de grain faite par les anciens en l’honneur de la déesse Cybèle » ( p. 93).

Mosca-Renna affirme que les armoiries de la première page du codex des statuts médiévaux d’Osimo représentent précisément la déesse Cybèle (cf. p. 93), qui était vénérée dans l’Osimo préchrétien (cf. pp. 93- 95). Les auteurs suggèrent un certain lien entre la Vierge noire de Lorette, la Grande Mère ou Isis, et la gnostique Marie-Madeleine, qui aurait transmis les vrais mystères de Jésus (cf. pp. 104-107). La « déesse universelle » porte de nombreux noms : « Cybèle , Diane, Isis » … Les Madones noires sont associées aux hypogées, qui sont des lieux d’énergies telluriques qui ont « des effets thérapeutiques et thaumaturgiques ».» aurait dû (cf. p. 107).

Pour éviter tout doute, je voudrais souligner qu’en réalité la Fête del Covo de Campocavallo a commencé en 1939, a lieu en août, a ses origines dans la dévotion chrétienne et mariale des paysans croyants et n’a absolument rien à voir avec l’ancienne Cybèle. Le culte de la Madone n’est en aucun cas une continuation des cultes matriarcaux des temps païens.

Dans le chapitre “Sociétés secrètes et les nouveaux templiers”, nous lisons qu’au XVIIe siècle la secte quiétiste du prêtre Don Giacomo Lambardi et au XIXe siècle les adhérents de la franc-maçonnerie et de la carboneria étaient actifs à Osimo (cf. pp. 112-117 ). L’hypogée du Palazzo Campana contient des représentations qui remontent aux idées alchimiques et rosicruciennes et probablement à des rites d’initiation incompatibles avec l’orthodoxie religieuse. Les auteurs rappellent que le secret était alors indispensable pour ne pas être victime de la stricte Inquisition (cf. p. 122f).

Mosca-Renna écrit que les “templiers locaux modernes” avaient leur siège “dans le centre historique” d’Osimo et utilisaient l’ancienne église templière de S. Filippo de Plano (cf. p. 124).

En février 2006, Roberto Mosca a interviewé deux Néo-Templiers : Fabrizio Bartoli d’Osimo, Chevalier du SMTHO, et Gabriele Petromilli d’Ancône, responsable de la région des Marches du SMTHO (Supremus Militaris Templi Hierosolymitani Ordo, Ordre Suprême des Chevaliers du Temple de Jérusalem) ( cf. p. 125).

2. Ceinture triple paroi

En 2008, la maison d’édition Terra Nuova à Florence a publié le livre de Roberto Mosca et Alfonso Rubino: ” La Triplelice Cinta “ (” La ceinture à triple paroi. La géométrie de la beauté dans les œuvres des maîtres de tous les temps”) . Les auteurs remercient également Fabrizio Bartoli (cf. p. 4). Mosca se dit agnostique (voir p. 5). L’agnostique est intrinsèquement quelqu’un qui affirme l’impossibilité de connaître l’existence d’un Dieu personnel. Avec l’ingénieur Rubino, qui est connu comme le ” savant de la géométrie sacrée‘ est présenté, mais Mosca croit à l’existence d’« énergies telluriques », énergies cosmiques associées aux lieux… De même, la « géobiologie » et la « divination » sont évoquées (cf. p. 5f).

Ce livre parle aussi d’Osimo, reprenant les thèmes familiers (hypogées, symboles ésotériques, rites et groupes d’initiation) mais avec une “nouveauté”, puisque le sanctuaire marial de Campocavallo, conçu par l’architecte Costantino Costantini en 1892, évoquerait aussi des idées de la « Géométrie Sacrée » (cycles solaires, etc.), un savoir que les Templiers connaissaient aussi et auraient conservé (cf. p. 7f). Tant pis!

Mosca fait référence à Fabrizio Bartoli, “un Templier de l’association OSMTH ( Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolymitani, Ordre Suprême Chevaleresque du Temple de Jérusalem ; avait il entre-temps changé d’affiliation ?) d’Osimo” (p. 43), qui dans son vie profane ” physicien , professeur d’informatique, érudit de philosophie orientale et écologiste de toujours ” (p. 43).

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Représentation de la soi-disant “triple ceinture” dans les parties souterraines de la vieille ville d’Osimo

Rubino précise que dans les espaces sacrés construits selon la “Géométrie Sacrée”, il est possible ” d’entrer en contact avec l’intelligence cosmique” (pp. 66, 76).

Un symbole important de la « géométrie sacrée » est la « triple ceinture », semblable à un labyrinthe, dont le centre est fondamental : c’est le « centre sacré » ou « omphalos » ( cf. p. 70).

Rubino voit la ville d’Osimo comme un « symbole » du dualisme « ombre-lumière », ajoutant : « La partie souterraine est la Terre Mère, Isis. La partie surnaturelle est le Père Soleil, révélé dans le modèle par l’obélisque-Osiris (principe masculin) » (p. 79).

Rubino voit Osimo comme une cité ésotérique : les ” Osimans du passé” ont combiné la lumière et l’obscurité, l’intelligence masculine et féminine, pratique et cosmique, de sorte qu’Osimo est “un lieu sacré” (p. 92).

Le « Secret des Templiers » était le « Secret de la Triple Ceinture » : trois carrés s’emboîtant l’un dans l’autre, qui avaient un centre commun, l’omphalos, et correspondraient à l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci (cf. pp. 80- 83). Rubino revendique la “triple ceinture” dans l’Osimo souterrain et dans la Sainte Maison de Loreto, le célèbre sanctuaire marial à quelques kilomètres (cf. pp. 83-87).

Selon Rubino, ” l’Eucharistie naît de l’idée que l’humanité est le corps du Christ ” (p. 88) et le modèle géométrique-sacré de la triple ceinture/Homme de Vitruve ” intègre le masculin et le féminin dans le masculin et le féminin ” ( p.89 ); une telle intégration favorise « l’évolution de l’homme » (cf. p. 89).

Le 27 avril 2007, Mosca et Rubino ont visité le Sanctuaire de Campocavallo, dont ils ont publié plusieurs photos. Ils ont même reçu par courriel les plans du sanctuaire de la firme d’ingénierie chargée de la restauration (voir pp. 101-103). Selon Rubino, ce sanctuaire reflète la géométrie sacrée de l’homme de Vitruve, et dans certains détails architecturaux, Mosca pense voir des références à “l’arbre séphirotique” de la “kabbale juive” (voir p. 106).

Je me demande : est-ce une réalité scientifique ou n’est-ce pas plutôt une fantaisie gnostique et ésotérique ?

Selon les auteurs, la « Géométrie Sacrée » trouve son origine dans l’Égypte ancienne et s’est transmise en secret par « des cercles d’origine maçonnique et mystérieuse » (cf. p. 119).

Ivano (un ami de Mosca), « pionnier de la bioarchitecture », « sourcier «à succès chercheur en géobiologie » (voir p. 146) se rend au sanctuaire de Campocavallo et s’arrête au centre de l’étoile à six branches portant l’inscription ” Fidelium Impensis ” représenté sur le sol sous le dôme. Là, Ivano se sent « comme dans un condenseur de deux grandes forces opposées, l’une d’en haut, l’autre d’en bas » (p. 146).

Selon Mosca, l’architecte du Sanctuaire de Campocavallo, Costantino Costantini, a voulu dépasser le dualisme Église-Franc-Maçonnerie en proposant une architecture templière inspirée de la “Géométrie Sacrée” pour une “croissance spirituelle de l’humanité” (cf. p. 203) Mosca amène le lecteur à supposer que Costantini était un franc-maçon du Rite Écossais Ancien et Accepté (voir p. 229).

Ainsi, selon les auteurs, la « triple ceinture » est liée au « tellurisme » : « Cela signifie que là où la triple ceinture est présente, vous « sentez » une énergie plus forte. Des temples, des autels, des chapelles, des églises, des monastères, des basiliques ont souvent été érigés en ces lieux ou, selon la tradition populaire, ce sont des lieux particulièrement importants pour leur pouvoir thaumaturgique » (p. 223 ).

3. Vers la lumière dans l’ombre

En mai 2014, Mosca a publié son livre, écrit avec Alberto Mazzocchi, ” Alla luce nell’ombra” (” À la lumière dans l’ombre. Templiers dans le centre de l’Italie de 1167 à nos jours”) dans sa propre maison d’édition Spring Color à Castelfidardo, basé à Castelfidardo . Le livre reproduit les informations et les théories des deux livres mentionnés ci-dessus. Alberto Mazzocchi, un dentiste de Bergame, fait la navette entre Bergame et Osimo et est le propriétaire de l’ancienne église templière et préceptorium de San Filippo de Plano à Osimo. Le livre contient la “présentation” de Fabrizio Bartoli, qui, à partir de l’Hypogée d’Osimo, propose ” une vision holistique” qui inclut le “enseignements hérétiques distincts de la culture chrétienne catholique canonique » (cf. p. 3f).

Dans le troisième chapitre, “La Maison de Nazareth à Lorette et la Philosophie Gnostique”, Mosca-Mazzocchi relie le culte marial de Lorette et de Campocavallo au culte des anciennes déesses et “Grandes Mères” du paganisme, dont la déesse Cybèle, qui était également à Osimo et ses environs étaient vénérés (cf. pp. 52-59).

Selon Mosca-Mazzocchi, le crucifix de la cathédrale d’Osimo est aussi « gnostique » (p. 60), puisqu’il représente l’union des principes masculin et féminin » (p. 64) : à savoir, il a des « traits féminins ». », « un corps de femme », « des bras et des jambes fuselés et une poitrine bien développée » (cf. p. 66). Dans ce contexte, Mosca-Mazzocchi écrit : “Osimo était probablement le siège de philosophies hérétiques et de doctrines hétérodoxes, comme en témoignent les centaines de sculptures et de bas-reliefs qui peuplent les tunnels de la partie souterraine de la ville, […]. En ces lieux auraient pu se développer des enseignements gnostiques, qui furent d’abord répandus même au sein de l’Église, puis considérés comme hérétiques et même persécutés, comme dans le cas des Cathares […] » (p. 67) .

” C’est peut-être de cet environnement et de ces idées que l’idée du Crucifix d’Osimo est née, puisque pour les Gnostiques l’Un divin contenait à la fois le principe masculin et le principe féminin” (p. 68) .

Dans le quatrième chapitre, « Architecture gothique et géométrie sacrée », les auteurs font référence à la géobiologie, au « feng shui », à « un “sentiment” qui liait les bâtisseurs médiévaux à ceux des anciens édifices païens » (p. 70). Même les édifices gothiques, par la « sensibilité aux champs électromagnétiques, aux courants telluriques » etc., « refléteraient des protocoles codifiés avec un mélange de sagesse, d’art et de magie » ( p. 70), avec la « tâche d’unir les diverses énergies, pour équilibrer ceux qui venaient d’en bas avec les énergies “hautes”, cosmiques et spirituelles(p. 70). Les maîtres bâtisseurs et les templiers gravent les symboles de la “géométrie sacrée”, de la philosophie gnostique et de la magie dans les édifices cultuels, les églises et les cathédrales (cf. p. 71).

Le cinquième chapitre traite des ordres néo-templiers. Il est également fait mention de l’OSMTH, qui a une commanderie à Osimo dont Fabrizio Bartoli est membre (cf. p. 93, 95).

Le septième chapitre est consacré au Sanctuaire de Campocavallo (pp. 125-135) et reprend ce qui est contenu dans le livre précédent de Mosca-Rubino. Mosca-Mazzocchi dépeint à nouveau l’architecte du sanctuaire presque comme un franc-maçon ou comme un templier ésotérique : « Costantino Costantini, de quel côté était-il ? Avec la hiérarchie ecclésiastique ou avec la franc-maçonnerie ? Il n’a probablement pas pris parti, mais il a essayé d’utiliser un langage universel utilisé par les anciens maîtres de l’art et de l’architecture qui, comme lui, voulaient sortir de la logique des dualismes pour parvenir à une croissance spirituelle de l’humanité ” p.134f).

Costantini ” comme les Templiers sont allés au-delà du jeu des factions au fil des ans, tentant d’employer un langage universel utilisé sous diverses formes pour une croissance spirituelle de l’humanité par divers maîtres de l’histoire ” (p. 138) .

Une annexe est consacrée à la petite église de San Filippo de Plano dans le hameau de Casenuove à Osimo. Les Mosca-Mazzocchi estiment que cette église est située dans l’un des ” hauts lieux “, ” doués d’énergies spéciales” , “d’énergies subtiles ” capables de générer du bien-être chez ceux qui y séjournent (cf. p. 139f). Les Mosca-Mazzocchi mélangent la piété chrétienne avec des croyances de nature magique et païenne : « énergies positives » , « résonance profonde entre ciel et terre et entre âme et corps », « génie loci ».» (cf. p. 144). Enfin, ils mentionnent l’Evangile Gnostique de Philippe, qui enseigne que l’humanité était à l’origine ” androgyne “

4. A propos de Saint Philippe de’ Plano : Energies, Templiers, Tarot, Kabbale

En mai 2020, l’ Associazione Culturale S. Filippo ( Association culturelle de Saint-Philippe, Casenuove, Osimo) a publié la brochure de 49 pages « Le energie di un Luogo Alto » (« Les énergies d’un haut lieu. Hypothèses et études : Église de San Filippo de’ Plano ‘), écrit par Alberto Mazzocchi (voir chapitre précédent) et Agnese Mengarelli, ‘ journaliste environnemental ‘, ‘ ésotériste passionné ‘,  sourcier et géobiologiste ‘, ‘ expert en domothérapie , feng shui ‘, auteur du blog ‘ La Sibilla del Conero» (voir au dos de la brochure).

Mazzocchi-Mengarelli écrivent que l’Église Templière est un lieu « de grande énergie » , « d’ énergies », avec une « atmosphère magique » (cf. p. 1) ; c’est un lieu de ” courants d’énergie très forts, capables d’affecter la santé humaine ” ( p . 4). C’est le lieu des « énergies électromagnétiques et des énergies subtiles » ou « telluriques » perceptibles par les « radiesthésistes » (voir p. 15).

Les deux auteurs parlent d’ « énergies cosmiques et telluriques » , de « divination », de « radioesthésie » (cf. pp. 20-21 ), de « réseau de Hartmann », de « rayonnement » (cf. pp. 26-27 ) .

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L’église de San Filippo de’Plano, appartenant à l’ancien précepte templier

Selon Mazzocchi-Mengarelli, tous les édifices sacrés, du menhir à la cathédrale, sont « toujours érigés dans des lieux marqués par de fortes énergies cosmiques-telluriques. Les constructeurs de temples de tous âges ont affiné leurs techniques pour manipuler, diriger et canaliser les énergies à des points spécifiques. Ce rayonnement produit des effets importants chez les croyants, améliorant leurs perceptions et leurs prières et leur procurant un état général de calme et de bien-être profond que les non-croyants éprouvent également » (p. 32) .

En réalité, la prière chrétienne ne dépend pas d’énergies telluriques cosmiques supposées mystérieuses, mais de la grâce de Dieu et de la foi catholique des croyants.

Selon Mazzocchi-Mengarelli, il existe des lignes d’énergie, les « Ley Lines » : « comme de grands courants d’énergie sur lesquels les formes-pensées et les idées voyagent autour de notre planète, créant un réseau de communication entre les mondes, les étoiles et les galaxies partout où la complexité de la vie est présent ” (p .33).

Les théoriciens des lignes telluriques incluent l’occultiste anglais Dion Fortune et l’écrivain chaman Carlos Castaneda (voir p. 34).

Mazzocchi-Mengarelli émet l’hypothèse qu’une ligne tellurique relie la Sainte Maison de Loreto, le Sanctuaire de Campocavallo et l’Église de San Filippo de’ Plano (cf. pp. 36-40).

Concernant l’étoile à six branches placée sur le sol du sanctuaire de Campocavallo, juste sous le dôme, Mazzocchi-Mengarelli écrit qu’en restant quelques minutes au centre de l’étoile, « on peut percevoir une forte énergie qui, selon notre expérience certains jours, il est purifiant et soulageant, d’autres jours, il est édifiant et centré spirituellement » (p. 40).

Selon les auteurs, des expériences énergétiques plus intenses pourraient être perçues dans l’église de San Filippo de’ Plano : ” de nombreux points énergétiques “, ” une énergie élevée “, ” un chemin énergétique que l’on peut suivre en priant, en méditant ou simplement en s’écoutant “, “12 tours dans le sens inverse des aiguilles d’une montre”, ” poser les mains sur l’autel pour retrouver l’équilibre ” (cf. p. 43)… Entrer dans l’église des Templiers ” améliore énormément leur niveau d’énergie ” (p. 43 ) .

Pourquoi douze rounds pour activer le « chemin de l’énergie spirituelle » ? Les deux auteurs expliquent le nombre douze et citent comme autorités, entre autres, Oswald Wirth et René Guénon (cf. p. 46), tous deux ésotéristes et francs-maçons… Et puis ils se réfèrent à l’Arcane 12 du Tarot (Le Pendu : « Initiation passive ou mystique »), le Grand Travail Alchimique, les 7 chakras et les 5 sens (cf. p. 47), le lien entre les 22 arcanes du Tarot et les 22 lettres de l’alphabet hébreu et donc « la Kabbale » ( cf. p . 48).

Pour finir, le texte de Mazzocchi-Mengarelli regorge également de convictions ésotériques. La recherche ésotérique d’expériences ou de courants d’énergie dans les églises et les sanctuaires recèle le danger que des visites apparemment culturelles ou dévotionnelles deviennent des actes ou des rituels ésotériques, superstitieux ou même magiques. Les adhérents ou sympathisants de l’ésotérisme (chrétiens ou non-chrétiens, théistes ou agnostiques) comprennent notre foi et notre dévotion chrétiennes comme une couverture extérieure ou exotérique pour ce qui est plus important, intérieur ou ésotérique pour eux et ce que nous appelons “GNOSE”.

Dans la première partie J’ai examiné trois livres et une brochure publiés entre 2006 et 2020, à partir desquels on peut déduire la présence à Osimo et ses environs de personnes et de milieux fascinés par l’ésotérisme et le symbolisme et/ou la structure attribuent des significations ésotériques et gnostiques au sacré. lieux, églises et sanctuaires locaux. Ainsi, ceux qui visitent de tels lieux avec un esprit ésotérique et gnostique peuvent ne pas viser principalement la curiosité culturelle ou la prière dans l’esprit de la foi catholique, mais plutôt l’expérience de prétendues énergies cosmiques et telluriques. Dans ce cas, nous aurions affaire à une sorte de magie

Je tiens à préciser que lorsque je parle des Templiers et de l’ésotérisme, je ne sous-entends pas que les anciens Templiers étaient des ésotéristes et des gnostiques, je veux simplement montrer que certains Néo-Templiers modernes sont en accord culturel ou en affiliation avec le milieu maçonnique, tels sont.

5. “Le tarot de pierre du Palazzo Campana à Osimo” (1997)

Dans la bibliographie du livre de Roberto Mosca et Angelo Renna, « Le Grotte, i Cavalieri, le Logge » (« Les Grottes, les Chevaliers, les Loges », Osimo Edizioni, 2006), à la page 189, il y a aussi le livre de Franco Copparo et Fabio Filippetti, ” I Tarocchi di pietra del Palazzo Campana di Osimo. Guida ai misteri delle grotte » (« Le tarot de pierre du Palazzo Campana à Osimo. Un guide des mystères des grottes », publié en 1997 par l’ Istituto Campana per l’Istruzione Permanente – Osimo .

Au verso, vous pouvez lire que Franco Copparo, né à Osimo en 1952, est directeur administratif du service de santé publique d’Ancône, chercheur en ésotérisme et alchimie et professeur du cours «Sous le signe du mystère» au lycée populaire d’Ancône dans le année académique 1995/96. Fabio Filippetti, né à Ancône en 1958, est médecin et scientifique spécialisé en parapsychologie et ésotérisme.

Copparo-Filippetti voient les grottes, “les entrailles de la terre”, dans une tonalité “ésotérique”, comme un lieu de “regressus ad uterum”, de mort et de renaissance initiatiques (cf. p. 8), comme une “porte d’entrée vers le monde des enfers », et la descente en bas est suivie de la montée en haut (cf. p. 9)

“Dans la tradition, l’inframonde est un réservoir d’énergie matérielle salutaire, d’énergie tellurique, associée aux puissances chtoniennes, les divinités de la terre, de la mort et de la germination” (p. 9).

Les Grottes d’Osimo sont un “chemin initiatique” (p. 21) qui s’inscrit dans la “longue chaîne initiatique” (p. 22) et “transmet l’enseignement secret qui ne devait pas être révélé aux profanes sous peine de la mort” (p. 22) .

Ce qui suit est une explication des sculptures ou “pierres de tarot” à la lumière de la mythologie et de l’alchimie ésotérique. Je ne signalerai que la sculpture de “l’illuminé”, c’est-à-dire celui qui a reçu la lumière, l’illumination spirituelle. Il est le guide des initiés (le mystique de l’antiquité) qui a atteint la sagesse holistique et dont la sagesse repose sur l’arbre desséché, et il est aussi l’incarnation de la science mystique et mystérieuse des fils d’Hermès » (p. 81 ). Hermès ou Mercure est “un messager des dieux des enfers” (cf. p. 85).

À la fin du livre se trouve la postface de Renucio Boscolo (p. 96-101), lui aussi passionné d’ésotérisme. Boscolo interprète la ” descente aux enfers”» (p. 96) que le « VITRIOL » (p. 96) des alchimistes, c’est-à-dire la « visite » « à l’intérieur de la terre » pour découvrir le « ReBis, la pierre cachée » (cf. p. 97). Par conséquent, “avant de monter au ciel, il faut descendre aux enfers, passer par le Ianua Inferi, puis en sortir libéré et libéré des peurs de l’inconscient et de l’obscurité. Seuls ceux qui ont traversé cette porte de panique et de ténèbres infernales peuvent renaître […] » (p. 99). Bref, c’est une pensée gnostique, très éloignée de notre foi catholique.

6. Fabrizio Bartoli : physicien, ésotériste, OSMTH Templier, franc-maçon du Grand Est de l’Italie

Dans la première partie, j’ai jeté un coup d’œil à une figure très importante qui, en quelque sorte, unit les trois premiers textes que j’ai étudiés, en ce sens que leurs auteurs respectifs (Roberto Mosca et Angelo Renna, R. Mosca et Alfonso Rubino, R. Mosca et Alberto Mazzocchi) le mentionnent et le remercient. Il a écrit l’introduction du dernier livre de Roberto Mosca (1958-2014), co-écrit avec Alberto Mazzocchi, Alla luce nell’ombra ( À la lumière dans l’ombre», SpringColor, Castelfidardo 2014). Fabrizio Bartoli est physicien diplômé, ancien enseignant dans des lycées techniques, de 1998 à 2005, il a été directeur du Musée des sciences naturelles de la province d’Ancône «L. Paolucci”, chercheur ésotérique et auteur de plusieurs livres. Il est Grand Officier de l’ Ordre des Templiers OSMTH

À l’été 2020, Bartoli, alors adjoint au maire d’Offagna dans la province d’Ancône, a participé à un documentaire de la BBC Reel à Londres montrant les grottes des Templiers à Osimo. Dans la vidéo de cinq minutes et demie , Bartoli pointe du doigt la figure dans les grottes représentant « Hermès Trismégiste », ajoutant : « Ainsi, Hermès Trismégiste faisait partie de la culture dite gnostique, que les Templiers appréciaient naturellement » ( Min. 3:36 -3:49).

Regardons quelques livres du professeur Fabrizio Bartoli.

6.1. Sculptures mystérieuses : Templiers, Hermétisme, Alchimie, Gnose (2012)

En 2012, l’ Accademia degli Alethofili von Osimo a publié un livre de son président, Fabrizio Bartoli, intitulé ” Le sculture misteriose delle grotte del Palazzo Campana di Osimo simboli della cultura illuminista ed esoterica” ( ” Les sculptures mystérieuses dans les grottes du Palazzo Campana à Osimo , symboles des Lumières et de la culture ésotérique »). Le livre comprend une introduction par un conseiller de quartier qui espère que “cet héritage souterrain que nous avons dans notre Osimo pourra bientôt être visité par tous” (p. 3).

Bartoli illustre des sites, des symboles et des concepts ésotériques, ainsi que des phénomènes historiques et culturels, qui sont pour l’essentiel déjà évoqués dans les textes que j’ai examinés dans les sections précédentes : Grottes, Alchimie, Hermétique, Hermès Trismégiste, Templiers et Néo-Templiers, Rose-Croix , Carboneria du XIXe siècle, Franc-maçonnerie du XVIIIe siècle à nos jours.

Je ne citerai que quelques innovations ou réalisations Gnostiques et Hermétiques :

a) Le voyage initiatique (alchimico-hermétique) dans les viscères ( l’intérieur) de la terre (VITRIOL) et dans notre être intérieur est nécessaire pour découvrir en nous l’étincelle divine qui nous rend divins (cf. p. 71f) .

b) L’« initiation » mystérieuse et maçonnique est la « MORT INITIALE » (p. 75), le profane « doit laisser mourir son ego » (p. 75).

c) Concernant les « Traditions Initiatiques » et les « Confréries du Mystère et de l’Initiation » : « Trahir un ‘frère’ ou révéler les mystères, rites et cérémonies liés à la doctrine ‘réservée’ a toujours été considéré comme une grande trahison punie avec l’expulsion et plus tôt aussi avec la mort » (p. 78).

d) “Hermès – Mercure”, ou “le dieu Thot”, ou “Hermès Trismégiste” avec son bâton de caducée, maître de “sagesse” et de “lumière” (cf. pp. 89-101).

e) Les principes de la “Tradition Hermétique”, du “Corpus Hermeticum” (pp. 102-104) et leur but : retrouver son “étincelle divine” ou “essence intérieure” et “renouer avec l’harmonie cosmique”. ( p. 104).

f) Connaître/expérimenter/« conquérir » « l’unité de toutes choses » (« vision holistique », « RÉSEAU UNIVERSEL », « contexte énergétique »); dans chaque molécule réside l’omniscience et l’omniprésence de l’infini (cf. p. 111).

g) Outre l’hermétisme, la “tradition gnostique”, le christianisme “gnostique-johannéen”, la “voie gnostique” est importante (cf. pp. 121-136). Il n’est pas difficile de comprendre que Bartoli est du côté des gnostiques et de l’hermétisme et non du côté du christianisme catholique, romain et orthodoxe. Jésus est réduit à un maître spirituel, gnostique, qui nous apprend à reconnaître notre divinité intérieure, à nous sentir comme égaux à Lui (cf. pp. 124-129). L’étudiant éclairé d’Hermès et de la Gnose expérimente le “Démiurge”, le “Dieu”, le “Nous” en lui (cf. p. 103s).

h) Le Tarot ou les Arcanes Majeurs, comme figures d’initiation à l’alchimie, les Soufis et les Templiers (cf. pp. 140-144).

Dans les “Conclusions”, Bartoli explique que l’ordre néo-templier auquel il appartient, l’OSMTH, a organisé des conférences et des conférences sur la signification des symboles ésotériques et templiers dans les grottes d’Osimo (cf. p. 147). Bartoli a accompagné des “personnes importantes” dans les grottes, dont le Grand Maître de la franc-maçonnerie du Grand Orient d’Italie (GOI), Gustavo Raffi, et Sir Ian Sinclair, Grand Prieur des Templiers écossais (néo) (voir p. 147).

En première page, Bartoli remercie “Maître Raphaël” car il a appris de lui “le véritable enseignement traditionnel, qui conduit aussi à l’amour et à la sagesse” (p. 1). Raphaël est une sorte de maître néo-hindou .

6.2. Templiers gnostiques

En 2014, la maison d’édition Tipheret du groupe médiatique Bonanno ( Acireale – Rome) a publié un recueil d’études sur l’Académie des Templiers du Grand Prieuré d’Italie de l’OSMTH (Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolymitani) : ” Les Templiers et leur Environnement. Études de l’Académie des Templiers » . Dans le post « Secretum Templi(pp. 159-168) Fabrizio Bartoli présente les Templiers comme porteurs de l’ancienne Gnose. Bartoli explique que les anciens gnostiques vénérés par Basilide, “Abraxas”, “un dieu qui intègre des contraires qui se complètent, une divinité qui transcende la dualité du bien et du mal”. Selon certains savants, la signification des deux serpents au lieu de jambes, semblables aux deux serpents du caducée, fait référence à la complémentarité des contraires » (p. 161).

Selon Bartoli, les Templiers ont assimilé la gnose juive, essénienne, néoplatonicienne et soufie (cf. p. 166). Bartoli explique que “le dieu des Gnostiques Abraxas” “terre et ciel, sacré et profane, humain et divin, positif et négatif, masculin et féminin, matière et esprit, l’évolution et l’involution rassemble l’observateur et le phénomène en lui-même” ( p. 167).

Bartoli est gnostique : « L’Esprit infini ‘ de la même substance que le Père ‘ est aussi présent en nous, de sorte que se connaître soi-même, au niveau le plus profond, c’est en même temps connaître Dieu. C’est le secret de la Gnose : l’union entre l’intérieur et l’extérieur, entre le ciel et la terre, entre le microcosme et le macrocosme. Seule la conception d’un Dieu non dualiste et impersonnel pourra « unir ce qui est épars», rassemblant les grandes philosophies et religions de l’histoire (égyptienne, hindoue, pythagoricienne-platonicienne, bouddhiste, juive, chrétienne, musulmane, etc.) ; ils pourront s’unir à cette vision holistique pour s’élever au ciel, fusionnant les uns avec les autres et unissant en une seule philosophie-religion unifiée, une seule et unique conscience universelle, une vision globale de toutes les visions partagées de Dieu. Véritable œcuménisme. C’est le grand espoir dans nos cœurs de Nouveaux Templiers » (p. 168).

En 2018, l’éditeur Nisroch de Macerata (AN) a publié le livre ” La Dea Eterna “ ( ” La Déesse Éternelle “) de Michele La Rocca avec un essai de Fabrizio Bartoli en annexe. Le livre contient une introduction de Dom Salvatore Frigerio(cf. p. 5f), un moine camaldule de Fonte Avellana. La Rocca est d’avis que l’élite des Templiers comprenait également les adorateurs de la déesse égyptienne Isis (cf. p. 87) et semble préférer Isis à la Sainte Mère des Chrétiens (cf. pp. 86-89). Selon La Rocca, Jésus ne s’est jamais qualifié de Dieu; seule l’Église de Rome le définissait comme tel (cf. p. 115)… Bartoli parle aussi de la déesse Isis, Cybèle, la Grande Mère, qui est également vénérée dans les Marches, à Sirolo, Osimo, etc. (cf. .p .158-238).

En 2021, Verlag Nisroch a publié un autre livre de Michele La Rocca et Fabrizio Bartoli, “L’ Ordine del Tempio oltre il velo. I Templari e la Gnosi » (« L’ Ordre du Temple dévoilé. Les Templiers et la Gnose“). Les auteurs louent les enseignements gnostiques et les templiers gnostiques. Dans la préface (p. 5-9), Claudio Bonvecchio fait également l’éloge du Gnosticisme et l’attribue aux anciens Templiers (cf. p. 8f). La Rocca et Bartoli pensent que l’élite templière était gnostique (voir p. 18f). Les deux auteurs résument les études sur le gnosticisme menées par Paolo Galiano, Claudio Bonvecchio et Marco Rocchi (cf. pp. 21-28). La Rocca et Bartoli croient que le sceau des Templiers était “Abraxas”, le dieu gnostique qui est au-delà du bien et du mal, au-delà de dieu et du diable, Abraxas le “dieu métaphysique” qui unit tous les contraires (cf. p. 113-133) .

6.3. Templiers et francs-maçons (GOI)

En décembre 2019, Nisroch a publié le livre La Loggia Mother Kilwinning No. 0. La Madre Loggia di Scozia » (« La Kilwinning Mother Lodge No. 0. La Mother Lodge of Scotland ») de Fabrizio Bartoli et Michele La Rocca. Le livre contient une préface (p. 3) de Paolo Nicola Corallini Garampi [OSMTH] et une préface de Claudio Bonvecchio, qui a obtenu son titre de Grand Maître Associé du Grand Orient d’Italieci-joint (page 6). À la page 55, Bartoli et La Rocca écrivent : “Lors d’un voyage en Écosse en 2002, nous avons visité la Kilwinning Mother Lodge avec d’autres frères”, et ci-dessous se trouve une photo de quatre hommes dans cette loge maçonnique, les noirs et blancs sur la photo sol en damier et posez votre main droite sur votre cœur. Parmi ces quatre figurent Paolo Corallini et Fabrizio Bartoli.

En mars 2019, Nisroch a publié le livre Templari e Liberi Muratori Antichi Confratelli (“ Templiers et francs-maçons – Vieux Frères”) de Paolo Nicola Corallini Garampi et Fabrizio Bartoli, qui se présentent ouvertement comme des dignitaires de l’Ordo Supremus Militaris Templi Hierosolymitani (OSMTH) et attribuent aux anciens templiers des croyances gnostiques, un « christianisme gnostique » (p. 95) et le culte de « Baphomet » (p. 96). Apparemment, Bartoli et Corallini ne montrent aucune aversion pour le gnosticisme.

Les auteurs insinuent que “l’alphabet énochien” de John Dee [c’est-à-dire la magie “angélique”] a alimenté le rosicrucianisme et la franc-maçonnerie du rite écossais ancien et accepté (AASR) (voir pp. 149f). Les derniers degrés du REAA, du 30e au 33e degré, sont à caractère templier (cf. p. 168).

En août 2015, le Collège de Circonscription des Maîtres du Grand Est de l’Italie Marche a tenu une session sur les Templiers. Bartoli et Corallini ont participé et dans leur livre, ils rapportent les discours de l’ancien président du Collège de circonscription des maîtres du GOI Marche, Fabrizio Illuminati, du grand orateur du GOI Claudio Bonvecchio et du grand maître du GOI Stefano Bisi (cf. pp. 172-198 ).

Au dos du livre, on lit que Corallini est Grand Prieur de l’OSMTH, Chevalier de l’Ordre Souverain de Malte – celui reconnu par le Saint-Siège – et aussi de l’Ordre des Saints Maurice et Saint Lazare.

Bartoli est membre de l’OSMTH depuis 2002, dont il est Grand Officier et Grand Maître émérite du Grand Prieuré d’Italie.

À Osimo, l’OSMTH a une mention qui s’appelle San Filippo de’ Plano, du nom de l’église templière que j’ai mentionnée dans la première partie.

Le 28 mai 2022, cette Venue a tenu son Chapitre à Filottrano (Ancône). Sur la photo prise pendant le chapitre il y a des symboles maçonniques évidents (est-ce l’intérieur d’une loge ?) : Sur le mur derrière le Commandant OSMTH d’Osimo il y a un triangle avec un œil ouvert à l’intérieur et on peut voir les Inscriptions A.-.G .-.D.-.G.-.A.-.D.-.U. voir. [En l’honneur du grand Architecte de l’Univers] et “Liberté, Egalité…”. Le troisième mot, “Fraternité”, est obscurci par le Commandant. Ce sont des écritures typiques des loges du Grand Orient d’Italie.

Dans le numéro 10/2014 de l’Académie des Templiers de l’OSMTH, nous lisons à la page 32 que Paolo Corallini Garampi est également membre de l’Ordre Royal d’Écosse .

Bartoli et La Rocca écrivent qu’auparavant il suffisait d’être Maître Maçon pendant au moins cinq ans pour appartenir à l’Ordre Royal d’Ecosse , alors qu’aujourd’hui il faut être 32ème Degré du Rite Écossais Ancien et Accepté ou Templiers de l’Ordre. York Rite (cf Bartoli – La Rocca : La Loggia Mother Kilwinning n° 0 , op.cit., p.74). Le Rite d’York et le REAA sont pratiqués par les Maîtres Maçons du Grand Est de l’Italie.

Dans Erasmus News (Newsletter du Grand Orient d’Italie), n° 15-17, du 15 et 30 septembre et du 15 octobre 2010, on peut lire que la Loge De Hominis Dignitate n° 1314 de Senigallia (Ancône) en obéissance à le Grand Orient d’Italie , a tenu une conférence le 22 mai 2010 dans la Salle du Conseil de la Municipalité de Corinaldo (Ancône) intitulée « Les principes masculins et féminins : amour et connaissance » . L’article énumère quelques-uns des francs-maçons du Grand Orient qui ont assisté à la conférence :

« Parmi les frères de la salle du conseil se trouvaient le conseiller Paolo Nicola Corallini Garampi, le juge de circonscription Fabrizio Bartoli, les vénérables maîtres Mario Massacesi de la Loge Misa ( 1313 ) à Senigallia et Alessandro Martire de la Loge Michelangelo (112) à Florence [… ] » (p. 27, c’est moi qui souligne).

Dans ce contexte, Corallini et Bartoli ne sont pas mentionnés comme Templiers de l’OSMTH, mais comme « frères » du Grand Orient.

J’ai trouvé que Michèle La Rocca (voir ci-dessus et paragraphe 6.2) est aussi un “frère” du Grand Orient. En fait, sur le site Web du GOI, vous pouvez lire qu’à l’occasion de la troisième édition des Segnalazioni Editoriali Victor Hugo 2017 , une initiative de la Loge Victor Hugo 1893 d’Urbino (GOI), le 1er décembre 2017 à Pesaro en présence de le Président du Collège des Maîtres du GOI Marken, Fabrizio Illuminati, “Frère Michele La Rocca” et “Frère Luca Guazzati, entre autres, pour la publication ” La Massoneria nella provincia di Ancona ” ( ” Franc-maçonnerie dans la Province d’Ancône ” , Éditeur Pixel, Ancône 2015 .

Eh bien, dans le livre du franc-maçon Luca Guazzati, il y a une préface du Grand Maître du Grand Orient, Stefano Bisi (p. 5f) et aussi un important essai de Fabrizio Bartoli, “OSIMO, il clima culturale alla fine del 1700 e agli inizi del 1800″ (“ OSIMO, le climat culturel à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle”, pp. 107-136), qui décrit la franc-maçonnerie et la carboneria à Osimo à cette époque.

Je me concentre plutôt sur le chapitre de Luca Guazzati sur la franc-maçonnerie à Ancône (pp. 15-44). Depuis 1870 « la franc-maçonnerie d’Ancône a eu vie, voix et espace (…) dans le journal républicain ‘Lucifero’ » (« Lucifer », p. 22). Dans le Lucifero et d’autres journaux socialistes, “l’esprit révolutionnaire et subversif” était très présent (p. 24). Au début du XXe siècle, le journal Lucifero , porte-parole d’une « culture urbaine démocratique », renforce les rédactions provinciales, dont celle d’Osimo (cf. p. 26). Il y avait « une grande symbiose » entre « le noyau maçonnique et l’équipe éditoriale de Lucifero » (cf. p. 26).

Guazzati pointe l’anti-maçonnerie de Monseigneur Rodolfo Ragnini (1865-1958), qui accusait la franc-maçonnerie d’être une « secte satanique » et de pratiquer le « satanisme » (cf. p. 29f). Mais quelle surprise quand, quelques lignes plus loin, Guazzati lui-même attribue des sympathies lucifériennes aux maîtres maçons :

« Le diable, c’est-à-dire Lucifer ou comme on voudra l’appeler, est pour les maîtres maçonniques versés dans l’ésotérisme non seulement le symbole de la lumière maçonnique, mais aussi de la rébellion contre les dogmes catholiques à la manière de l’Enfer de Dante. Mais Lucifer – et c’est là toute l’importance révolutionnaire du célèbre journal républicain d’Ancône, fondé en 1870 par un comité de rédaction plein de francs-maçons – est aussi une interprétation du principe magique nécessaire pour connaître et atteindre Dieu, la Lumière (p. 30 , c’est moi qui souligne).

Je dois noter que le passage du franc-maçon Guazzati (2015) cité ci-dessus reproduit clairement certaines phrases d’une de mes études publiées en 2007 dans la Fides Catholica n (Partie 1) » (pp. 15-82) puis (entre 2011 et 2012) repris par un certain nombre de sites Web qui ont au moins crédité l’auteur du texte. Je me demande : Guazzati a-t-il pris mon étude de Fides Catholica ou d’un site Internet, ou quelqu’un la lui a-t-il transmise sans citer la source et l’auteur ?

En 2007, j’ai écrit (les mots que j’ai soulignés sont reflétés dans l’extrait de Guazzati ci-dessus):

« Pour les Maîtres Maçons versés dans les Sciences Initiatiques Ésotériques (et ayant reçu des diplômes supérieurs, ex : REAA), Lucifer peut (est) non seulement le symbole de la Lumière Maçonnique, de la rébellion contre le dogme catholique, mais aussi de l’être esprit de lumière , […]. ‘Lucifer’ (ou le ‘Diable’) est également interprété par les Maîtres Maçons comme un principe magique nécessaire pour connaître et atteindre Dieu, la Lumière » (p. 45f). Eh bien, peu importe si “frère” Luca Guazzati ne m’a pas délibérément cité, le fait demeure important qu’en adoptant mes passages, il les a approuvés et partagés, confirmant ainsi ce que je sais depuis des années sur la “sympathie” du maître maçon.

Le Père Paolo Maria Siano appartient à l’Ordre Franciscain de l’Immaculée (FFI); le docteur en histoire de l’Église est considéré comme l’un des meilleurs experts catholiques de la franc-maçonnerie, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages de référence et de nombreux essais. Dans sa dernière publication, il s’attache à prouver que la franc-maçonnerie contenait dès l’origine des éléments ésotériques et gnostiques qui justifient à ce jour son incompatibilité avec la doctrine de foi de l’Église.

Traduction : Giuseppe Nardi
Image : Corrispondenza Romana

SOURCE  :  https://450.fm/2023/05/27/esoterisme-et-tellurisme-deesse-mere-neo-templiers-francs-macons/

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Cantique du Quantique pour un franc-maçon 14 mai, 2023

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Cantique du Quantique pour un franc-maçon

 
Solange Sudarskis

Par Solange Sudarskis
9 mai 2023
Cantique du Quantique pour un franc-maçon dans Recherches & Reflexions quantique2

Un conte dialogal écrit avec le TCF Raphaël Massarelli [1].

Ellimac. Il y a peu de jours, comme je partais de ma maison, je vis un homme de la connaissance, mon ami Ithloaèdes, je l’appelais de loin et le rejoignis. Ithloaèdes ! Je te cherchais justement pour te demander ce qui s’était passé avec Kyrios le jour où vous allèrent souper à l’académie. En t’y rendant, je t’avais entendu marmonner très embarrassé, à plusieurs reprises : Vite une question,  j’ai la réponse ! Vite une question, j’ai la réponse ! On dit que toute la conversation roula sur l’origine de toute chose, et je meurs d’envie d’entendre ce qui s’était dit de part et d’autre sur ce sujet. Conte-le-moi donc, je te prie. D’ailleurs, pouvons-nous mieux employer le chemin qui nous reste d’ici à notre tenue ?

Ithloaèdes. Je te rassure sur mes prétentions. Cette histoire n’avait commencé que par une boutade ! Un jour, me promenant seul, en souvenir d’une galéjade, j’avais murmuré, en plaisantant, «Vite une question, j’ai la réponse».  Kyrios, venant derrière moi, m’entendit, me mit au défi et me donna rendez-vous à l’académie pour le lendemain où je m’y rendais et c’est ainsi qu’il me questionna.

Kyrios. Tu as la réponse ? Bien, alors dis-moi, Ithloaèdes, y a-t-il une origine à toute chose ? Comment et pourquoi le monde existe et comment ce monde a la forme qu’il a ? D’où vient l’ordre sensible des choses ? Comment a pu émerger, à partir de rien, une organisation de l’énergie, de la matière et du vivant ? Comment peut-on connaître la vérité ?

Ithloaèdes. Tu es bien généreux et libéral, mon ami : je ne demande qu’une question simple, et tu en donnes une variété ; une seule aurait suffi. Alors, disons que si ta première question est : comment comprendre la constitution d’un système complexe à partir de rien, ma réponse est : on n’est pas sûr de savoir comment cela se passe. La quête du début de toute chose, celle que les physiciens désignent par Big-bang, est une grande affaire scientifique, non encore élucidée.

C’est pour cela qu’on l’appelle théorie du Big-bang car ce n’est qu’un ensemble de notions, d’idées, de concepts abstraits, de tentatives de répliques mathématiques de l’univers qui demandent continuellement à être confirmés. De manière simpliste, certains physiciens considèrent que le Big-bang est une singularité, une chose étrange pourrait-on dire, que nous sommes résignés à tenir pour un grand mystère. En effet, sur ce qu’il y avait avant la singularité qu’est le Big Bang, pourrait commencer le débat sur l’éventualité d’un Dieu créationniste, sur un principe organisateur tel qu’on le retrouve avec le Brahman principe de toutes choses, le démiurge de Platon, le premier moteur immobile d’Aristote, le logos des stoïciens, le grand horloger de Voltaire, le dieu nature de Spinoza, et même le GADLU.

Kyrios. Je t’arrête, mon ami, laissons plutôt aux théologiens le soin de dire comment on va au ciel et aux astrologues le soin de dire comment va le ciel. Revenons sur terre et laisse-moi poser une question autrement. Comment peut-on penser l’émergence de quelque chose, à partir de composantes qui avaient au départ des propriétés totalement différentes les unes des autres ? En somme et pour exprimer cela d’une façon plus simple : on dit que le tout est davantage que la somme des parties qui le constituent, sais-tu si cela est vrai ?

Ithloaèdes. C’est tout à fait exact, c’est une manifestation des systèmes physiques connue depuis plus d’un siècle. Scientifiques et sociologues ont démontré qu’on ne peut pas se contenter de comprendre la nature à partir de chacun de ses éléments constitutifs pris individuellement. Comme un fameux physicien français (Poincaré) aimait à dire dans ses cours de Physique : «une maison est faite de briques, mais un tas de briques ne fera jamais une maison !». Cela veut dire qu’on ne peut pas se contenter de comprendre la nature à partir de la connaissance de ses éléments les plus simples, car on ne donne, ainsi, qu’une vision très approximative de la réalité du tout. En somme, c’est le contraire de la démarche réductionniste analytique qui accepte, conformément à la méthode que proposait Descartes, de réduire le tout à ses parties, pour mieux le comprendre.

Kyrios. Veux-tu dire que devrions-nous cesser d’être cartésiens ?

Ithloaèdes. Peut-être ! Pour un nombre croissant de scientifiques en tout cas, le réductionnisme est une entreprise qui risque de reposer sur une erreur de conception fondamentale. Au plan d’une vision générale sur l’Univers, le concept de l’émergence ne permet pas de comprendre immédiatement pourquoi le monde est ce qu’il est, et moins encore ce qu’il deviendra. Il permet juste de comprendre qu’aucune théorie réductionniste ne permettra jamais d’analyser et reproduire la complexité du monde.

Kyrios. Pour comprendre cela, faudrait-il, alors, revenir à la possibilité d’utiliser une vision «holistique» de la complexité du Tout. C’est-à-dire une vision d’ensemble, globale qui admet qu’il faut essayer de comprendre la totalité produite par composition de ses simples constituants ?

Ithloaèdes. Je pense que ce serait une possibilité, par exemple : si on fait un tas avec 9 briques, son poids se réduit à la somme des poids de chaque brique, il n’y a pas d’émergence. Mais prends une miche de pain, il est facile de voir que celle-ci possède des qualités qui ne peuvent être considérées comme la somme de ses ingrédients ; sa texture est totalement différente de celles de ses composants, blé, eau, sel, levure, feu… avant leur mélange. La miche est une émergence. Les propriétés émergentes du pain proviennent de l’interaction entre ses ingrédients et le pain qu’on obtient est bien plus que la somme de ses constituants essentiels. La nature du vivant ressemble plus au pain qu’au tas de briques. Si nous regardons un organisme vivant, celui-ci est, évidemment, plus que la somme de ses organes.

Un autre exemple : Prenons une molécule d’oxygène, qui compose la plupart des substances. Si nous prenons une bouteille remplie d’oxygène pur, non mélangé à une autre substance, elle semble vide, l’oxygène est invisible à l’œil nu, inodore et au poids négligeable. Il en est de même pour l’hydrogène. Cependant quand on met ces deux éléments ensemble, ils se transformeront immédiatement en liquide visible, en eau qui, elle, aura un poids.

Kyrios. Cela veut-il dire que le monde est constitué par des strates imbriquées d’émergences et pour les comprendre, il suffirait d’admettre qu’un niveau est constitué à partir d’éléments du niveau précédents lorsque ceux-ci s’organisent et s’intègrent ensemble pour donner quelque chose de nouveau, en d’autres termes pour créer quelque chose en plus d’eux-mêmes ?

S’il en est ainsi, alors on peut comprendre pourquoi la pierre qui constitue la clé d’une voûte n’est pas une pierre comme une autre car, en fermant la voûte, elle la solidarise, la constitue en un tout qui tient. Elle crée la voûte dans sa relation d’équilibre des forces avec les autres pierres en tant que structure architecturale dans laquelle il suffit d’enlever une pierre quelconque pour que l’édifice s’écroule et devienne un tas de pierres.

De même aucun élément d’un circuit ne vaut grand-chose en lui-même par sa matérialité, mais, le fait de se fermer, comme dans une chaîne d’union, de faire cercle ensemble, assure la continuité et établit, dans ce cas, la circulation d’un flux d’émotions, d’échanges entre FF  et SS.  Ce qui émerge à ce stade c’est donc la totalité comme telle, qui vaut bien plus que la somme des éléments du circuit. 

image dans Recherches & Reflexions
Le Bigbang

Ithloaèdes. Certes, toutefois, on considère qu’il y a émergence dès lors que les ensembles constitués par cette organisation complexe sont stables et qu’ils ont des propriétés propres, différentes de leurs composants antérieurs. L’émergence peut donc se définir par rapport à l’idée d’une organisation du monde selon des degrés de complexité croissante, succession qui ne peut être réduite à ses degrés élémentaires. Maintenant, il faut se représenter l’immense champ des technologies émergentes et convergentes, aujourd’hui disponibles susceptibles de fournir des briques pour la construction d’êtres artificiels, jusqu’à des populations de robots dotés de propriétés absolument inattendues et qu’on prétend qu’ils pourraient dépasser en intelligence les humains. Mais cela reste, aux yeux des scientifiques, un rêve romanesque fou et cependant non des moindres, les européens et les américains s’y investissent déjà.

Kyrios. Que le grand cric me croque et me fasse avaler ma barbe ! Comment apprécier ce monde robotisé dont tu me parles au regard du progrès humain que cela pourrait apporter.

Et maintenant,  en admettant une complexification croissante d’un niveau à un autre, je me demande ce qui se passe dans le vivant. Comme on le sait, nous sommes constitués des mêmes atomes que la terre et les étoiles, mais comment ces éléments se composent-ils pour constituer la vie ? Est-ce un résultat de la complexité ?

Ithloaèdes. On peut en effet expliquer la vie ainsi, une complexité de relations entre les atomes qui forment des molécules, qui forment des cellules, qui forment des tissus, des organes, des organismes. Et tu peux même observer ces effets de la complexité au cours de l’évolution à des niveaux surprenant comme par exemple celui de la conscience.

Il y a un exemple à ce sujet qui pourrait expliquer le vivant par un théorème qui a pris le nom de Bose -Einstein, théorème, on s’en doute très compliqué sur les fluides quantiques[2], mais sur la base duquel, certains scientifiques en déduisent que sous conditions particulières  et lorsque le nécessaire niveau de complexité est rejoint,  des éléments simples peuvent fusionner en un seul et unique élément. C’est le principe philosophique qui implique que le Tout donne le Un.

Ce concept, peut être appliqué au vivant et observé au cours de l’évolution des espèces. La plus simple forme de vie est donnée par les bactéries et les protozoaires. Ces dernières sont des cellules qui vivent comme des individus dotés de mini-consciences car elles peuvent réagir à l’environnement qui les entoure.

Au cours des millénaires, des cellules semblables aux protozoaires ont formé des colonies, puis des individus plus complexes où les cellules se sont spécialisées en des fonctions diverses. De sorte que leur ensemble, suivant le théorème de Bose-Einstein donne, à partir de nombre de cellules différentes, un seul individu qui aura une seule conscience et non plus un ensemble de mini-consciences.

Cela peut évoluer et se complexifier jusqu’à la conscience humaine, qui, sur Terre, est l’exemple le plus complexe du vivant. Ainsi, d’organismes primaires capables de réactions élémentaires,  on arrive à des organismes qui peuvent écrire et déclamer l’Iliade ou le Mahâbhârata.

Voici comment une conscience peut émerger d’un ensemble d’atomes.

De même, les robots, que j’ai évoqués plus haut, modifieront probablement l’homme lui-même ; ils pourraient donner lieu à des prothèses dont certaines sont déjà utilisées en chirurgie réparatrice, voire dégager une certaine autonomie. L’émergence renvoie à un monde qui n’est pas figé, un monde en évolution dans lequel de nouvelles formes d’existence peuvent apparaître.

Kyrios. Si je comprends correctement ton raisonnement sur l’émergence de la conscience, j’aurais envie de dire que l’existence même de l’homme pourrait avoir modifié tous les niveaux antécédents. Il y a, par émergence, formation d’une hiérarchie de niveaux d’organisation, mais  l’ensemble ne forme pas un monde stratifié. Il s’agit plutôt d’une imbrication, car les niveaux ne sont pas disjoints et empilés, mais comme internes les uns aux autres et interactifs entre eux. Par exemple, la nature, au sens large, qui a permis l’émergence de l’homme s’en est trouvée profondément modifiée par lui. Alors, en cascade, on remonterait à la modification du niveau primordial du Big Bang et en allant encore au-delà, le GADLU lui-même serait potentiellement modifiable par nous en le faisant évoluer à notre image ! D’ailleurs, la kabbale, me semble-t-il,  explique que le Nom de Dieu lui-même est abimé chaque fois que le mal est fait volontairement.

Mais dis-moi, Ithloaèdes, tous ces nouveaux concepts dont tu viens de me parler, s’approchent-ils de la notion de réel, nous découvrent-ils un autre côté du visible ?

Ithloaèdes. Des changements ont bien eu lieu en ce sens, ils concernent l’extraordinaire avancée technologique que nous sommes en train de vivre. Ils sont essentiellement dus à une série de découvertes faites en physique il y a un siècle, d’abord par Einstein avec sa théorie de la Relativité, puis par plusieurs physiciens qui ont développé ce qu’on a appelé la mécanique quantique et puis la physique quantique.

Celle-ci décrit, dans le temps et l’espace, la structure et l’évolution des phénomènes physiques à l’échelle de l’atome et même en-dessous, à l’échelle subatomique. Je te rappelle qu’il y a autant d’atomes dans un verre d’eau qu’il y a de verres d’eau dans l’océan. La partie la plus petite de l’existant serait, par convention, un quantum, un quelque chose. À l’observation, si on la grossissait à l’échelle du système solaire, elle aurait la taille d’un arbre.  Ce monde quantique ne peut pas être décrit dans les termes de temps et d’espace de la physique de Newton, celle de la mécanique, du mouvement, de la masse, de la force, de l’énergie, etc.

Au niveau de l’atome nous savons qu’il y a un monde qu’on a considéré depuis le départ comme bizarre et applicable seulement à l’infiniment petit, avant que l’on ne se rende compte, dans les années 1970, qu’on pouvait l’appliquer aussi à l’infiniment grand, à l’étude de l’origine de l’univers.

Dans cette physique, les objets quantiques sont comme des fenêtres ouvertes sur quelque chose dont on ne peut rien dire en termes littéraires. Je te donne un exemple avec le principe de superposition quantique. Ce principe énonce qu’une composante élémentaire d’un atome, appelons-la particule, peut être localisée à deux, et même plusieurs, endroits en même temps. On dit que la particule est à la fois ici et là-bas, on utilise aussi le terme plus explicite d’intrication

Pire encore, une telle particule quantique se présente sous deux états simultanément. Elle est particule, c’est-à-dire elle a une masse, un poids, et au même temps elle est une onde, c’est-à-dire de l’énergie. Elle est en somme dans un état qu’on a aussi défini de superposition.

On appelle cette onde-particule, ondicule. Elle peut rester sous cette forme indéfiniment, tant qu’elle n’est pas observée. Il suffit, en d’autres termes que quelqu’un l’observe pour qu’elle devienne soit exclusivement onde, soit exclusivement particule. Une onde est comme une vague qui se déplace, qui transporte de l’énergie, sans transporter de matière avec une fréquence vibratoire.

 

Kyrios. Puisque notre corps biologique ne nous permet d’accéder qu’à une gamme limitée de fréquences vibratoires, veux-tu dire que les observateurs créent un réel qui ne serait qu’une vérité partielle ?

Ithloaèdes. Oui, mais… Au début de la physique quantique, on pensait que l’observation devait être humaine et donc représenter le résultat d’une conscience. Mais plus récemment on s’est rendu compte que l’observateur ne doit pas nécessairement être un humain. Il semblerait en effet qu’il suffit qu’une autre particule ou une onde «observe» une autre ondicule pour que celle-ci devienne onde ou particule… Cela semble démontrer que les ondicules ont une certaine propriété que l’on pourrait définir de miroir de conscience.

Kyrios. Mille millions de tonnerres de Brest ! Ce que tu me dis est incroyable !  Explique-moi en quoi ce monde quantique peut-il exister car je ne le vois pas, comment pouvons-nous dire que cette table que je regarde est faite comme tu me dis ? Il y a là quand même un grand mystère qui tiendrait à la nature énigmatique des ondicules avant que l’on ne les observe ; ton électron, par exemple, qui est une ondicule, avant qu’on ne l’observe, peut devenir particule à l’observation, c’est-à-dire de la matière ?

Ithloaèdes. Oui, c’est bien ainsi et vice-versa une ondicule peut devenir une onde. Cela est effectivement mystérieux. Et pourtant même Einstein, qui défendait l’existence d’une réalité indépendante de l’observation, a fini par admettre que l’ondicule est selon ses termes un «champ fantôme», son existence n’est pas réelle au sens où nous l’entendons. Ce serait ce que l’on a appelé un champ de force.

Kyrios. Tu veux dire que la réalité s’actualise seulement sous l’effet de l’observation d’une conscience ? La conscience de chaque individu serait alors responsable de sa propre réalité et chacun la construirait comme un tunnel à travers ce mystérieux monde d’interactions quantiques.

Ithloaèdes. Et oui, c’est ce qui faisait dire à Eisenberg, l’un des fondateurs de la mécanique quantique : «Ce que l’on observe n’est pas la nature en soi, mais la nature telle que l’expose notre méthode pour interroger» et il ajoutait «que l’interaction entre l’observateur et l’objet provoque des changements conséquents et incontrôlables qui modifient le système observé». En d’autres termes ce qui importe ce ne sont pas «sujet et objet», mais la relation qui s’établit entre eux.

 

Kyrios. J’imagine combien cette théorie peut paraître absurde. Elle l’était, en tout cas, pour Einstein qui posait cette question, avec un pincement d’ironie : «La lune existerait-elle quand même, si personne ne l’observait ?» Il ne savait pas le grand physicien que même un photon est doté de connaissance et que….. mais oui, mais c’est bien sûr ! L’univers entier est conscient et il s’observe en permanence ! C’est pour cela que les diamants existent au plus profond de la terre avant d’être découverts, que les poèmes ou la peinture ou la musique existent de tout temps dans l’attente de leurs auteurs. Si je comprends bien, c’est par cette observation, ou permets-moi de dire cette conscience universelle, à laquelle appartiennent la lune, les diamants, toi, moi aussi, qu’est extraite la totalité de notre réel de tout ce qu’il aurait pu être.

Mais continue, je t’en prie, dis-moi autre chose sur la nature de ce monde quantique.

Ithloaèdes. Premièrement, c’est un monde peuplé à 99,9% de vide ! Dans les atomes, entre le noyau et les électrons qui lui tournent autour il y a tellement d’espace que l’on peut affirmer que les atomes sont essentiellement formés de vide. Cela d’ailleurs se reproduit à bien plus large échelle dans l’espace cosmologique. De plus, la matière n’est en réalité qu’une forme d’énergie, il y en a même tellement que certains scientifiques affirment qu’il y a plus d’énergie dans 1 cm3 d’espace vide qu’il n’y en a dans toute celle que nous appelons matière de l’Univers !

Kyrios. Génial ! Une partie de cette énergie pourrait donc devenir une énergie utilisable. Elle constituerait alors une source d’énergie propre et renouvelable, comme celle du vent ou du soleil.

Ithloaèdes.  Des recherches très sérieuses sont faites en ce sens, on parle d’énergie libre. Mais poursuivons avec le quantique.

Deuxièmement, une ondicule est à la fois présente en tout point et nulle part, son existence est alors définie en termes de «champs de probabilité». On entre alors dans un monde de quasi science-fiction, puisque cette onde est présente jusqu’à dans des milliers d’endroits en même temps !

On dit que l’onde est dans un état superposé, à la fois ici et là-bas. Toutefois l’observation va arrêter cette dispersion. Seulement des consciences peuvent être des observateurs. Sans cette conscience, il y aurait cette superposition de possibilités en expansion. Chaque conscience crée ce que tu appelles son tunnel de réalité, parmi tous ceux probables, mais ce n’est pas la Vérité. C’est dire qu’une observation, ce qui revient à mettre de l’information sur quelque chose, extrait cette chose de toutes ses probabilités d’être pour la rendre matériellement existante dans le monde macroscopique, à savoir le nôtre.

Troisièmement, contrairement à la théorie d’Einstein selon laquelle rien ne peut se déplacer plus rapidement que la lumière, on sait aujourd’hui que l’espace dans lequel est contenu notre univers s’épande à une vitesse supérieure à celle de la lumière.

Quatrièmement, prenons deux particules créées en même temps. Selon le principe d’intrication dont je t’ai parlé, si on en expédie une extrêmement loin de l’autre et si on lui fait quelque chose, c’est-à-dire si on l’observe ou qu’on la manipule, l’autre réagira à l’instant même en se présentant dans le même état résultant. On peut en conclure que, soit l’information peut voyager à une vitesse instantanée, ce qui est considéré en l’état de la science comme impossible, soit les deux particules sont toujours connectées. La conclusion est que tout reste très probablement en contact.

Kyrios.

 Ce qui m’intrigue, c’est qu’il n’y a donc pas d’évolution dans le monde quantique puisqu’il exclut le temps ; on pourrait dire qu’il n’est, n’a été et ne sera toujours qu’en termes de potentialités réalisées ou pas. Dans ce monde quantique, alors, paradoxalement, il ne peut y avoir d’émergence puisqu’il n’y a pas d’avant, ni d’après, seulement une actualisation de la création par des consciences qui ne sont pas qu’humaines ?

Ithloaèdes. Si, il y a un avant et un après, puisque il y a eu, selon la théorie, un moment zéro ! On est arrivé à connaître l’âge de l’Univers à un millionième de milliardième de seconde après le Big Bang. Donc il devrait y avoir eu un avant et un après.

Kyrios. En définitive il faut jongler avec deux mondes, celui d’Einstein qui régit les objets massifs (mondes, étoiles et galaxies) et où le temps peut changer comme changent  les trois autres dimensions, et celui de l’infiniment petit (immédiatement après le Big Bang) où il y a eu une soupe quantique, dont on ne sait rien sauf que tout était et n’était pas ; un monde incompréhensible.

Ithloaèdes. La science n’a pas résolu la compréhension de ce passage. Mais surtout les particules de la matière originale qui a émergé du Big Bang, bien que dispersées dans l’accroissement de l’univers, sont restées en contact, ce qui voudrait dire que les particules qui nous composent, nous les humains, sont toujours connectées à toutes les autres particules de l’univers, que tout n’est que UN.

Kyrios. Cela me semble déranger les lois, les observations et les philosophies. Ces différents mondes emboités n’existeraient pas indépendamment les uns des autres, de manière inséparable. Et si je comprends bien,  les divers niveaux de la matière, de la vie, de l’homme et de la société interagissent sans cesse entre eux. C’est pourquoi Max Planck a pu dire : «Il n’y a pas de matière comme telle. Toute la matière est originaire et n’existe que par la vertu d’une force qui entraîne les particules d’un atome à vibrer et qui soutient tout ce système atomique ensemble. Nous devons supposer derrière cette force l’existence d’un esprit conscient et intelligent. Cet esprit est la matrice de toute matière».

 Est-ce bien ce que cela implique ?

Ithloaèdes. Oui, d’ailleurs, depuis fort longtemps pour la philosophie orientale, la nature est un continuum, il n’y a pas de différence entre matière et énergie. Dans cette approche intellectuelle les opposés ne se détruisent pas mais essaient de s’accorder, de se compléter et de ne faire qu’Un. Le Taoïsme enseignait déjà que le deux devient trois, en ne considérant que le rapport qui existe entre les opposés. L’ensemble est ce que l’on nomme le «Un», le Tao. Enfin et pour éclaircir cela, le dialogue qui s’installe entre les opposés, le Yin et le Yang par exemple, ne peuvent se révéler que par leurs échanges. D’où la conclusion philosophique que les opposés existent et n’existent pas, qu’ils sont dans des états superposés au sens quantique.

La pensée occidentale, quant à elle, raisonne trop souvent en termes de dualités, par exemple  le bien et le mal, la lumière et l’obscurité, le blanc et le noir, l’être et le non-être, et cætera. Elle est, ainsi, incapable de comprendre que le deux forment le Un.

Relation, trame, tissu voilà comme on peut voir le monde, un ensemble intriqué de fils formant un tissu multidimensionnel au dessin d’une extraordinaire complexité. Et cela est le tout et en même temps le Un.

Kyrios. Donc, si je comprends bien cet Univers, ce monde dans lequel nous vivons représente le Un ?

Ithloaèdes. Pas tout à fait, car il est arrivé un instant après le début du Big Bang, on peut donc se poser la question qu’y avait-il avant le Big Bang ?

D’un point de vue philosophique, le Un doit inclure tout ce qui existe dans notre espace-temps comme dans les autres univers que certains imaginent  et dans ce qui les contient, car il doit bien exister un contenant. Il suffit d’imaginer que, si la théorie du Big Bang est correcte, au départ, au temps zéro de la vie de l’univers, celui-ci, sa masse et son énergie étaient contenues dans un point dont la masse était énorme et la dimension équivalente, peut-être à celle d’un petit pois. Puis l’explosion et l’inflation qui suivirent formèrent l’univers que nous connaissons. L’unité forma le tout. Cela veut aussi dire que nous sommes en contact encore avec ce tout car tel que nous le voyons l’univers est Un, c’est la science et la philosophie qui nous le disent. Le Un est avant le zéro cosmique.

Mais laissons de côté maintenant cet étrange ballet entre philosophie et physique, car j’ai envie, à mon tour, de te poser une question : Est-ce que le temple maçonnique, en tant que représentation du cosmos, offre des symboles qui nous mettraient sur la voie d’une telle analyse ?

Kyrios. Bien sûr, tout le temple lui-même et, dans le temple, tous les symboles de la dualité et ceux du ternaire montrent, à l’évidence, une vision de la complémentarité des contraires et de leur coïncidence dans l’unité.

C’est l’enseignement majeur de la formation de l’apprenti. Le monde ne peut nous apparaître que sous une forme duale, mais son unité est à rechercher avec le 3. Prenons l’exemple du pavé mosaïque : il est la réconciliation des deux extrêmes que l’ont peut nommer ténèbres et lumière, bien et mal, blanc et noir, Dieu et Diable, infini négatif et infini positif, et, même, masculin et féminin.  Toutefois, parmi les nombres présents dans le Temple qui se donnent à voir, à entendre ou à pratiquer, le nombre 3 paraît le plus utilisé de tous, il est représenté par une multitude de symboles : les trois grandes lumières, les trois piliers lorsqu’ils sont présents, les trois pas de l’apprenti, les coups de maillets, les rythmes d’acclamations, etc. Ce trois est un nombre d’énumération. Cependant, seul le 3 en tant que ternaire, rétablit ce que le 2 a troublé en tant que dualisme, en tant qu’opposition, pas le 3 en tant que dénombrement. En fait, seul le ternaire fait davantage : le passage du 2 au 3 permet de dominer le dualisme, de l’effacer même, non en le niant, mais en le ramenant à l’unité préexistante dans un mouvement ascensionnel ; ses formes symboliques seraient ce qui se présente comme opposé avec, par exemple le pavé mosaïque, comme complémentaire avec les 2 colonnes, la lune et le soleil et, bien sûr, comme triangulaire avec le Delta lumineux.

Ithloaèdes. Alors le delta lumineux pourrait également évoquer le quantique, dans ce cas l’œil serait l’idée de l’observation ?

Kyrios. Pourquoi pas puisque le triangle, pointe en haut, est ce que l’on appelle une triade, c’est-à-dire l’unité qui se donne à voir dans sa manifestation duale et les échanges entre tous ses composants, en somme le Un et le Tout, son émergence. Le point unique du haut du triangle est l’unité d’où tout procède ; tout est de la même essence que lui. Le sommet serait le Un, non pas le nombre mais le principe, qui précède et contient le zéro cosmique du big bang. Déjà pour Pythagore, le sommet d’un tel triangle est dit  le père, le côté gauche est la duade, la mère, le côté droit représente le fils que l’on retrouve comme époux de la mère dans beaucoup de cosmogonies. La base est l’univers réalisé en ce que l’on peut imaginaliser en père-mère-fils dans le monde phénoménal et, en même temps, unifié dans le monde primordial de l’unité. Par la perception symbolique d’une unique origine qui ne se différencie que dans la perception humaine, le franc-maçon peut s’attacher à voir plus loin qu’avec le seul regard manichéen du profane, cessant de se soumettre à toute affirmation moraliste ou dogmatique.

Ithloaèdes. Le triangle pointe en bas, est aussi un ternaire, son symbolisme diffère-t-il ?

Kyrios. Le triangle pointe en bas peut être interprété, dans une visée mystique, comme un retour à l’unité, le chemin pour s’unir au créateur. Mais c’est aussi deux termes préalables qui génèrent un troisième terme, une sorte d’émergence comme dans le ternaire «thèse, antithèse, synthèse». Le troisième terme généré est une affaire d’interprétation personnelle. Je dirai que ce sont des tunnels de réalité (au sens où on les a définis) alors que le triangle pointe en haut est un universel.

Ithloaèdes. Alors, l’origine verbale du mot «symboliser», «reconnaitre, mettre ensemble, assembler»  se situe dans le contexte du ternaire ? Car, n’est-ce pas une façon de retrouver l’unité sous-jacente avec ce qui est épars ? Par exemple, la réalisation de ce que nous appelons l’égrégore ne fait-elle pas émerger une structure d’unanimité, quelque chose comme un essaim ? L’égrégore, perçu du point de vue quantique,  pourrait très bien n’être que la manifestation spirituelle de l’intrication de nos particules avec celles des FFø et SSø mais aussi avec celles de tout l’univers, cela est montré visiblement par l’entrelacement de la chaîne d’union, en tout cas c’est une hypothèse.

Kyrios.  Si tous les êtres ne cessent jamais d’actualiser l’Unité, par contre, ils perdent de vue ce rattachement. Le symbole nous permet de comprendre que, quel que soit le sens du mouvement, à l’ensemble, préside l’Unité ou le retour à elle. Leur  connaissance s’est obscurcie, d’où par exemple la souffrance et les erreurs sur la prétendue «autonomie» de l’individu. Ce qui est appelé «mental», c’est le monde mouvant, intermédiaire entre le corps terrestre et l’esprit de nature universelle : il est fait des échanges de nos émotions, de nos imaginaires, de nos pensées que nous avons avec l’univers et avec nous-mêmes, il est appelé aux métamorphoses et aux transformations. J’ai l’impression que Platon avait dit la même chose dans son Théétète, dans ce passage où il montre que la perception que nous procurent nos cinq sens ne peut accéder à ce qui est.  Il écrivait : «C’est dans leurs approches mutuelles que toutes choses naissent du mouvement sous des formes de toutes sortes, car il est  impossible de concevoir fermement l’élément actif et l’élément passif comme existant séparément, parce qu’il n’y a pas d’élément actif, avant qu’il soit uni à l’élément passif… Il résulte de tout cela que rien n’est un en soi, qu’une chose devient toujours pour une autre et qu’il faut retirer de partout le mot être… Il faut dire, en accord avec la nature, qu’elle est en train de devenir, de se faire, de se détruire, de s’altérer». Le mental fluctuant du monde sensible et dual ne peut donc pas approcher le Un universel et, de ce fait, nous ne pouvons pas atteindre ce niveau d’unité par le seul mental. Cette conception est dans la philosophie orientale qui conclut : «ce n’est pas par la pensée que l’on atteint la Voie». Après tout, si l’Énergie est la seule vie, et la Raison  la borne de l’encerclement de l’Énergie, à chacun de choisir d’être au cœur des choses ou à leur périphérie ; ce n’est pas trop de toute une vie pour confronter, l’un par l’autre, ce monde où nous sommes et ce monde qui est en nous.

Ithloaèdes. Voilà, Ellimac, ce que fut, pour l’essentiel, notre entrevue avec Kyrios. Mais je vais te résumer en quelques mots ce que nous sommes parvenus à comprendre. Tout est Un, le Un est avant le Zéro Cosmique,  tout n’est que mouvement que nous appelons énergie, les choses ne nous sont perceptibles que parce que le mouvement donne l’illusion de la matière, nous n’existons que parce que nos cellules communiquent entre elles, nous sommes cet échange, cette animation. C’est pourquoi il n’est peut-être pas suffisant de se penser en termes de «qui suis-je» mais qu’il faut aussi s’interroger en ces termes : «que suis-je» ? Quelle est mon essence ? Quelle interférence de tunnels de réalité me fait exister ? Quelles sont les consciences, y compris la mienne et mon inconscient, qui objectivent ma vie ? Ne suis-je sujet actif, créateur de réel que lorsque je mets une information sur ce qui m’entoure ?  Si je me vois comme je suis, ne suis-je pas aussi comme tu me vois ?

Et maintenant que nous sommes presque arrivés à Garibaldi, Ellimac, permets-moi une question : pour  harmoniser ce qu’est la vie, ne suffit-il pas de générer la plus rayonnante des connexions avec ce qui nous entoure ?

Ellimac. Comme le dit le Tao te Qing, «parler beaucoup épuise sans cesse ; mieux vaut garder le milieu»; alors de tout ce que tu m’as rapporté, j’ai juste un mot à te proposer pour te répondre : rien que de le prononcer, il irradie, comme une lumière primordiale, des myriades d’émergences, il est l’essentiel du mot animer, c’est le verbe «Aimer».


[1] Planche présentée en 2015 (ce qui explique que du seul point de vue scientifique les propos sont dépassés) avec le TCF Raphaël Massarelli, Docteur d’État ès Sciences, Professeur Emérite des Universités, Trophée d’Or de l’Ordre des Physiothérapeutes au Liban, participant à de nombreuses sociétés savantes, responsable des Conventions Internationales, auteur et coauteur de centaines d’articles et d’ouvrages spécialisés internationaux, Chevalier des Palmes Académiques, … Un CV de savant de dizaines de pages dont l’importance est impossible à reproduire ici.

[2]Le gaz parfait de bosons devait subir à basse température une transition de phase, dite condensation de Bose-Einstein, amenant un nombre macroscopique de particules dans leur état fondamental. Le condensat obtenu est un fluide quantique car cette transition se produit lorsque les effets de statistique quantique commencent à se manifester, autrement dit lorsque la distance inter-atomique devient de l’ordre de la longueur de cohérence des ondes de matière.”

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Graphique 3D montrant 3 états successifs : les atomes sont de plus en plus denses (de la gauche vers la droite)

 Source : https://450.fm/2023/05/09/cantique-du-quantique-pour-un-franc-macon/?fbclid=IwAR3Ob6b_Q_uoEGt3dmkIc1EYjR6HoBQtk0EfS9W19H3Zlhq4z06w7w0HCMg

 

Solange Sudarskis
Solange Sudarskis

Maître de conférences honoraire, chevalier des Palmes académiques. Initiée au Droit Humain en 1977. Auteur de plusieurs livres maçonniques dont le « Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique », prix littéraire de l’Institut Maçonnique de France 2017, catégorie « Essais et Symbolisme ».
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Divagations autour de Pythagore 30 avril, 2023

Posté par hiram3330 dans : Contribution,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Divagations autour de Pythagore

 
Divagations autour de Pythagore dans Contribution solange-sudarskis-150x150

Par Solange Sudarskis
4 octobre 2022
theoreme-de-pythagore dans Recherches & Reflexions

« Et puisqu’un dieu me fait parler, j’obéirai religieusement à ce dieu qui dicte mes paroles ; j’étalerai au grand jour les secrets de ce Delphes qui est en moi, ceux du ciel même, et je dévoilerai les oracles de l’ultime sagesse. Je proclamerai les grands mystères que le génie de nul homme avant nous ne put pénétrer, et qui restèrent longtemps cachés. » (Les Métamorphoses, Livre XV, Vers 131-167)

Vers le 6ème siècle avant J.-C., en Égypte ancienne, les nombres ne codaient encore que les impôts, le commerce, les salaires. L’évaluation, par les harpédonaptes (fonctionnaires royaux, arpenteurs géomètres), de la surface des champs cultivables dont la crue du Nil a effacé les bornes limitatives, ne géométrise pas, mais ne cherche qu’à clore les contentieux entre voisins par la force de l’État. Avec le droit de propriété, voici du droit civil et privé. Mais aussi, en délimitant les bornes, le cadastre royal fixe l’assiette de l’impôt. Voilà du droit public et fiscal. Les nombres ne disent, ainsi, que les relations humaines.

Et puis un jour… De la gigantesque masse de pierres, du mausolée du pharaon Kéops va naître la géométrie sur le sable ensoleillé maquillé par son ombre. En rapportant l’ombre du tombeau à celle d’un poteau de référence, ou à la mesure de son corps, selon la légende, Thalès énonce l’invariance d’une forme malgré la variation de sa taille. En effet, son théorème montre la progression ou la régression infinie de la dimension, dans la conservation d’un même rapport, du colossal, la pyramide, au plus médiocre bâton planté dans le sol. Quel effacement de toute hiérarchie dans le semblable, puisque chaque stade, du plus grand au plus petit, conserve le même rapport.

Thalès nous fait découvrir [1] ainsi un monde hors des sociétés où les choses sont en rapport avec elles-mêmes. «La proportion parle, sans bouche humaine, montre un ordre qui ne connaît pas la loi sociale, qui échappe à la toute-puissance. Une liberté, une égalité sans pareilles ! Pharaon meurt une seconde fois quand Thalès, en mesurant la pyramide, la réduit à un simple polyèdre dans l’homothétie de son ombre de géomètre [2].

La proportion analogique, voici la grande conceptualisation grecque, pas celle du rapport simple a/b, mais celle qui intéresse en tant que médiété [3], celle qui va d’un rapport à un autre, tel a/b = c/d et par substitution peut passer de celui-ci à un troisième rapport et ainsi de suite. Il ne s’agit point de couper quelque chose en part, donc de partager ou de prélever, ce que chacun, généreux ou léonin, sait faire depuis les commencements, mais de construire, pas à pas, une chaîne, donc de trouver ce qui, sous-jacent, stable et glissant, transite le long de son enchaînement. Les Grecs appelleront ce rapport d’analogie «logos». Comme Platon et Aristote, les Stoïciens penseront que le logos pur est parole, intelligence, un accès direct et véritable aux choses, ce que les nombres et leurs rapports peuvent enfin faire.

En ce temps-là, vers le 6ème siècle avant J.-C.  vivaient aussi Zarathoustra, Lao-Tseu, Bouddha, Confucius, dans les ailleurs de la Perse, de la Chine, de l’Inde.

Ici, en Grèce, vers 530 av. J.-C., à Crotone, justement revenu d’Égypte mais aussi de Perse, d’Inde, de Chaldée, de Thrace, un homme né 40 ans plus tôt à Samos, ramène avec lui des savoirs ancestraux, une sagesse du monde que ses voyages, ses probables rencontres avec ces personnages suscités, ses initiations reçues ont sans aucun doute forgés. Il est probable qu’il fut initié aux mystères, ceux de Thèbes, ceux des Mages chaldéens, aux pratiques orphiques ; il aurait reçu le baptême dans l’Euphrate, aurait été enseigné par le fameux Thalès et purifié par Zoroaste et Bouddha eux-mêmes. De cette appréhension particulière et métissée du monde d’Asie et d’Asie mineure, Pythagore, car c’est de lui qu’il s’agit, le «premier maître universel» comme l’appelait Hegel, en fera une philosophie.. Comme le rapporte Cicéron, c’est Pythagore qui aurait forgé le mot philosophe pour se définir ainsi devant le tyran Léon de Phlionte qui lui demandait qui il était, et comme il l’expliqua, le philosophe est celui qui cherche à découvrir les secrets de la nature de façon désintéressée. Il aurait participé alors à faire basculer la Grèce d’un mode de pensée religieux à un mode de pensée rationnel.

Comme on le comprend, aux conditionnels employés pour évoquer le parcours de Pythagore, il est difficile de démêler, dans la personnalité du philosophe, ce qui relève de la légende merveilleuse de ce que fut sa vie, car nous n’avons de lui aucun ouvrage, mais seulement quelques fragments d’un de ses disciples appelé Philolaos. Même les fameux vers dorés, qui lui sont attribués, sont douteux quant à leur origine. Il nous est même impossible de distinguer l’enseignement du Maître des théories des disciples. Nous ne pouvons parler que du pythagorisme, sans prétendre savoir ce qu’a pensé Pythagore. De plus, la plupart des renseignements qui nous ont été conservés, épars dans un grand nombre d’ouvrages, ne méritent que peu de confiance. Le mot Pythagore ne désignerait même pas un homme, mais une science.

Nous lisons dans le dictionnaire Welsh, d’Owen Pughes :

Pythagoras : explication de l’Univers, Cosmogonie.

Pythagori : expliquer le système de l’Univers (mot composé de pyt, période de temps ; agori, découvrir).

Python : système de l’Univers.

Pythone : une cosmogoniste, une pythonisse.

Pythoni : traité de cosmogonie.

Pythonydd : celui qui systématise le monde.

Pythagore (VIe siècle av .J.C.) dont le nom est la réduction de l’expression «Pitouï Chel Guer» (גר של פיטוי), «la séduction du converti», se serait converti au judaïsme, son nom serait issu de  l’araméen.

Pour Céline Renooz, la célèbre misandre belge, les fables inventées sur la prétendue vie d’un homme appelé Pythagore n’ont aucune réalité. Son opinion sera corroborée par Ernest Havet  qui disait : «rien de plus connu que ce nom, rien de moins connu que l’homme lui-même» et de rajouter plus loin : «Je ne considère Thalès, Pythagore, que comme des noms représentatifs d’un système scientifique». Ce qui n’empêchera pas des auteurs classiques de faire de Pythagore un personnage historique et ils lui inventeront une biographie. «Est-il rien de plus vrai que la vérité» demande Nikos Kazantzakis et de répondre : «la légende. C’est elle qui donne une immortalité à l’éphémère vérité.»

Pythagore est donc devenu de bonne heure un personnage légendaire. Laissons donc son histoire aux textes de ses disciples, à toute la littérature très abondante que cet extraordinaire personnage ne manqua pas d’inspirer, aux doxographies, ces compilations des textes grecs du début de l’ère chrétienne. Sur ce sujet, on peut citer les vies de Pythagore écrites, une par Diogène Laerce, une autre par Porphyre, la plus connue par Jamblique, vers le IIe siècle. Citons Diogène Laërce à propos de Pythagore : Comme il était jeune et studieux, il quitta sa patrie et fut initié à tous les mystères grecs et barbares. Il gagna donc l’Égypte, quand Polycrate l’eut recommandé par lettre à Amasis, et il apprit la langue du pays. Il alla aussi chez les Chaldéens et les mages. Étant en Crète, il descendit avec Épiménide dans l’antre de l’Ida. Tout comme en Égypte il était allé dans les sanctuaires, il y apprit les secrets concernant les dieux.

Ce qui paraît intéressant de rapporter ici, c’est ce en quoi son savoir, ses connaissances, ses enseignements, qui lui sont attribués, auraient pu influencer la Franc-maçonnerie.

Il y a deux choses à distinguer dans le pythagorisme : une philosophie, c’est-à-dire une explication de l’univers, et une doctrine morale. On retiendra ces deux aspects avec la philosophie des nombres d’une part , l’éthique pythagoricienne d’autre part.

1- La philosophie des nombres

C’est autour de la souveraineté des nombres que l’on peut penser l’apport de Pythagore à la connaissance universelle et le considérer comme une des sources importantes de la Franc-maçonnerie.

Tout d’abord, ce rapprochement paraît licite car, dans l’ancien Manuscrit Cooke conservé à la Bibliothèque Britannique, on peut lire aux paragraphes 281-326 que toute la sagesse antédiluvienne était écrite sur deux grandes colonnes. Après le déluge de Noé, l’une d’elles fut découverte par Pythagore et l’autre par Hermès le Philosophe, qui se consacrèrent à enseigner les textes qui y étaient gravés. Sur le frontispice des Constitutions d’Anderson on retrouve le «théorème de Pythagore» concernant les triangles rectangles, le reconnaissant sans doute comme le père de la géométrie.

Les bâtisseurs médiévaux, quant à eux, transmettront une géométrie sacrée qui remonterait à Pythagore, qui resta vivace jusqu’au XVIe siècle et dont on connaît l’influence dans la Tradition maçonnique.

Qu’en est-il de cette élaboration philosophique d’objets mathématiques et géométriques permettant la contemplation des formes intelligibles, de ces réalités invisibles qui modèlent l’Univers ?

Pour les pythagoriciens, les choses sont nombres, les nombres se trouvent dans les choses, les nombres sont la cause et les principes des choses ou encore les choses sont constituées par les nombres, comme l’exprime Aristote. Les pythagoriciens furent sans doute les premiers à penser que le nombre est la structure d’accueil pour recevoir, analyser et chercher à comprendre l’incompréhensible et que le nombre, à travers l’intelligence, parle, en symbole, pour découvrir la réalité ontologique. C’est donc la dimension symbolique, analogique, nous dirions métaphorique des nombres, qui nous interpelle. Pythagore aurait été, ainsi, à l’origine, entre autres,  de :

La symbolique des pairs et impairs

– l’impair, limité, Un, droite, mâle, en repos, rectiligne, lumière, bien, carré, domine, équilibrant, avec une partie médiane, l’unité, deux parties symétriques. Dans le monde, l’impair sera donc le principe de la totalité puisqu’il comporte un commencement, un milieu et une fin.

– Le pair apparaît, par opposition dans le principe de la dualité de l’existant, illimité, multiple, gauche, femelle, en mouvement, courbe, obscurité, mauvais, oblong.

On peut dire que notre premier grade s’appuie aussi sur ce symbolisme de la dualité pythagoricienne.

La fameuse Tétraktys

Bien sûr sa forme triangulaire montre à l’évidence le 3, la réconciliation de la dualité dans son principe qui est l’unité, l’harmonie universelle. La triade est le nombre du tout, comme le reconnaît Aristote, «c’est le nombre 3 qui définit tout et toutes choses puisque ce sont les constituants du commencement, milieu et fin». C’est pour cela que 3 fut choisi comme base numéraire. Est-ce Zoroastre qui inspira Pythagore dont la doctrine était exposée dans ses Oracles, «le ternaire partout brille dans l’Univers et la Monade est son principe» et, selon Servius, les pythagoriciens assignèrent au Dieu suprême le trois qui est parfait, car il a un commencement, un milieu et une fin. Les pythagoriciens choisirent, naturellement, le triangle pour représenter le nombre 3.

Voici bien un des premiers symboles maçonniques.

Cette forme, mise en exergue dans le temple par sa position géographique, comme point focal, dans l’est des commencements de la lumière, delta lumineux, daleth hébraïque est donc la porte d’un ailleurs. Elle est une épure de toutes les tétrades pythagoriciennes, un plérome, une forme imaginale de la progression dynamique des illimités et des limitants. Selon Philolaos, qui à l’époque de Socrate transcrivait la mémoire du maître, «les illimités et les limitant, en s’harmonisant, constituent, au sein du monde, la nature, ainsi que la totalité du monde et ce qu’il contient». En somme, la triangulation, c’est l’enveloppe qui montre les mystères de la nature.

Les pythagoriciens distinguaient, en fait, 11 tétrades exprimant la pensée analogique et gnostique que Pythagore synthétisa, sans doute, à partir de ce qu’il avait appris ou conçu et qu’il enseigna. Chaque tétrade est, non une collection, un inventaire, mais une progression arithmétique, harmonique, géométrique, physique ou biologique qui conduit du point au volume, de l’homme à la cité, de la naissance au déclin. Chaque élément engendre et limite le suivant comme le point est l’origine et la limite de la ligne, la ligne celle de la surface, la surface celle du solide. La tétrade est un métalangage, une forme pour dire comment le monde de la réalité est issu de l’unité primordiale à travers les principes exprimés par les nombres. Aristote reconnaissait aux pythagoriciens le mérite d’avoir été les premiers à poser la question de l’essence et à avoir tenté de la définir.

1 – La première tétrade est le triangle enchâssant le nombre parfait 10, représenté par 10 points répartis en triangle sur 4 lignes. Il s’agit de la tétrade originelle qui est l’addition des 4 premiers nombres et conduisant progressivement au principe du nombre 10, en même temps qu’elle engendre les 4 consonances de la gamme (première, quarte, quinte, octave). Selon la tradition,  Pythagore, par l’observation et l’expérience, avait découvert que les rapports entre la longueur des 4 cordes du tétracorde par rapport à la première étaient exprimés par les rapports numériques 4/3, 3/2, 2/1. La tétraktys donnait la clef des mystères de l’acoustique et les pythagoriciens étendirent à tous les domaines de la physique les conclusions de cette découverte. La formule du serment pythagoricien, transmises par différents auteurs et que l’on trouve dans les vers dorés sacralise la tétraktys : «Je le jure par celui qui a transmis à notre âme la tétraktys en qui se trouvent la source et la racine de l’éternelle Nature».

Certains font l’hypothèse que Pythagore rapporta, de son séjour de près de 20 ans en Égypte, la compréhension du mystère des pyramides : la pyramide de Khéops, qui semble n’avoir jamais recelé aucune momie de pharaon, ne serait-elle pas une forme sanctifiée du divin ? Ses dimensions représentant la compréhension du divin se déployant, et cette incarnation de l’intelligence divine aurait été reformulée par la tétraktys ? Qu’est-ce que Dieu, demandait saint Bernard ; il est longueur, largeur, hauteur, profondeur. La pyramide serait le symbole de toute la création, une représentation mathématique du fonctionnement de l’Univers. Dans ses dimensions se trouveraient encodées les vérités fondamentales de notre monde. Dans ce conservatoire des nombres est exprimée l’actualisation de la possibilité, c’est-à-dire l’Être, l’assurance que tout est vivant, que le Présent est éternel, la simultanéité du Temps, la notion de Tri-unité du Seul et Unique. Cela est une Connaissance que les francs-maçons atteignent par l’expérience que procure un apprentissage graduel et hiérarchisé.

Un nombre n’est pas une valeur abstraite, c’est une «vertu intrinsèque et active de l’Un suprême, de Dieu, source de l’harmonie universelle» nous rappelle Édouard Schuré, dans  Les grands initiés.

2 – 3 la deuxième et troisième tétrade embrassent, dans une double progression géométrique de raison 2 et 3, la nature de toutes les grandeurs : le point, la ligne droite, la ligne circulaire, la surface plane, la surface courbe, le solide à surfaces courbes, le solide à surfaces planes.

4 – La quatrième tétrade est physique avec 1 = le feu, 2 = l’air, 3 = l’eau, 4 = la terre qui sont nos purifications lors des voyages de l’initiation.

5 – La cinquième, celles des figures géométriques associant les 4 premiers polyèdres aux 4 éléments.

6 – La sixième, celle des choses engendrées à laquelle Aristote accorde la génération du vivant à partir de la semence et son augmentation dans les trois directions, largeur, longueur, hauteur.

7 – La septième concerne le développement de la société : homme, famille, bourg, cité.

8 – La huitième présente les facultés cognitives qui assurent la connaissance des tétrades précédentes : pensée, science, opinion, sensation.

9 – La neuvième distingue les quatre dimensions de l’être animé : âme raisonnable, âme irascible, âme concupiscible, corps.

10 – La dixième celle du temps avec ses 4 saisons : printemps, été, automne, hiver.

11 – La dernière celle des âges de la vie : enfance, adolescence, maturité, vieillesse.

Ainsi les tétrades dévoilent l’Unité génétique de toutes choses en train d’accomplir leur achèvement comme les séphiroth dans l’arbre de vie.

Le delta lumineux serait donc, aussi, une tétrade, un plérome, une représentation systématique nous répondant à la question d’où vient le monde et comment il se déploie.

L’importance de la Tétraktys pythagoricienne dans n’importe quel type de connaissance métaphysique et cosmogonique est évidente. Le rapport des harmonies musicales avec les nombres est également un thème pythagoricien que la Maçonnerie et le Corpus Hermeticum reprennent sous forme de degrés et touches de reconnaissance liés aux sphères planétaires et aux Régents qui les gouvernent.

Il faudrait y ajouter les différents théorèmes pythagoriciens, sachant l’importance que l’art et la science de construire ont pour la Maçonnerie. Parmi eux, il suffirait de signaler celui du triangle rectangle, qui formé avec les nombres de la triade «3, 4, 5» est dit égyptien avec son hypoténuse (corde tendue entre les opposés) ressemblant si grandement à la corde des harpédonaptes marquée par des nœuds en 3, 4, 5.  Et si chacun sait que la somme des carrés des côtés est égale au carré de l’hypoténuse, il est amusant de souligner les propriétés suivantes : dans un triangle rectangle de nombres entiers premiers entre eux on a toujours : -un côté pair et deux côtés impairs -l’hypoténuse est toujours la somme d’un carré pair et d’un carré impair -l’hypoténuse n’est jamais un multiple de 3 -le côté pair est toujours un multiple de 4 -Un des côtés est toujours un multiple de 5 -le périmètre est pair et la surface multiple de 6

Le nombre d’or.

Cette proportion d’harmonie, dite aussi dorée, est dérivée du rapport d’analogie a/b = c/d quand on réduit les quatre termes à deux en conservant le même rapport, soit a/b = a+b/a.  Nous devrions dire les nombres d’or, que Pythagore et sa femme bien-aimée Théano déclinèrent dans tous les sens possibles, sous toutes leurs formes possibles de rectangle, de pentacle, d’étoile ou de pentagone, les traquant et mettant ainsi en valeur les théorèmes de Thalès. Dans cette irrationalité mathématique, de Pi et de Phi, qui ne se mesure pas mais se montre dans les lois de la diagonale et du cercle, dans l’infini de leur décimales, ils virent sans doute cette part inachevée du monde en train de s’actualiser dans le temps et la forme ; cela paraît être la beauté divine des nombres eux-mêmes.

La physionomie des nombres 

Les nombres ont une physionomie et, selon celle-ci, ils sont nommés parfaits (somme des diviseurs du nombre redonne le nombre (par exemple les 3 seuls nombres parfaits compris entre 1 et 1000 soit 6, 28, 486), amicaux (la somme de diviseurs de l’un donne l’autre, 220 et 284), impairs ou pairs, triangulaires (3, 6, 10, 15), carrés (1, 4, 9,16), cubiques (1, 8, 27), rationnels, irrationnels, incommensurables. Quel vertige, quelle source pour la guématrie des cabalistes et, par là même, pour nous francs-maçons.

L’alphabet secret

Selon Oswald Wirth,  inspiré des pythagoriciens, tel que l’a formulé Théon de Smyrne (IIe siècle av. J.-C.), l’alphabet secret élaboré par Pythagore serait la source de notre table à tracer appelée aussi table tripartite avec 2 parallèles verticales et 2 parallèles horizontales délimitant 9 cases dont les limites symbolisent les lettres qui leur sont affectées[4]. Elle indique aux francs-maçons que leurs constructions doivent se baser sur les propriétés des nombres ou de la géométrie et, symboliquement, que les travaux maçonniques doivent être exécutés en tenant compte des propriétés des nombres sacrés.

Ne sera pas évoqué ici ce en quoi le regard et l’écoute du ciel par Pythagore, à travers l’harmonique des rapports mathématiques, nous permet d’entendre les planètes bruire les notes de la gamme en tournant sur elles-mêmes autour du soleil.

L’art géométrique de la Franc-maçonnerie découle de la géométrie et de l’arithmétique pythagoriciennes parce que d’après les attestations de Proclus «à part quelques propriétés géométriques attribuées, sans doute à tort, à Thalès, les pythagoriciens ont été les premiers à étudier la géométrie et les nombres». La compréhension des nombres pythagoriciens facilite la compréhension des nombres sacrés maçonniques.

En conclusion sur cette première partie : même si Pythagore n’a rien «inventé», il a reconnu, dans la série décimale qui retourne à son Origine (10 = 1 + 0 = 1), une échelle naturelle, une lumière sur les mystères qui permettrait à l’être humain de compléter l’œuvre et d’opérer ainsi la transmutation en Homme Véritable, paradigme de tout initié, situé entre l’équerre et le compas.

2 – L’enseignement éthique

Mais, c’est sur cette autre part de son enseignement, l’éthique, que Pythagore va aussi inspirer les sources maçonniques. 

Selon Céline Renooz, dans son livre Ère de vérité, histoire de la pensée humaine et de l’évolution morale de l’humanité à travers les âges et chez tous les peuples «au milieu des luttes religieuses, le VIe siècle vit se produire une réaction contre le nouvel Hellénisme, c’est-à-dire contre le désordre moral des nouveaux cultes ; il y eut un retour momentané aux grandes idées du passé. Une école se fonda dans laquelle on enseignait les lois de la Nature telles qu’elles avaient été formulées dans la brillante époque de la primitive religion pélasgique [les ancêtres étrusques]. C’est l’école pythagoricienne, dans laquelle on donnait l’enseignement de la science aux prêtresses grecques, les Pythies» (p.437).

Selon la légende, c’est à Crotone, en Italie du Sud (qui faisait à l’époque partie de la Grèce), que Pythagore, trouvant refuge, reçut le soutien de l’homme le plus riche de la ville, Milon, dont il épousa la fille Théano (à laquelle Renooz attribue la réalité de la création de l’école en tant que prêtresse de la Pythie[5]). Toujours est-il que, dans cette volonté de masculinisation, l’Histoire retiendra que c’est Pythagore, avec sa femme toutefois, qui fonda l’école mixte pythagoricienne, connue aussi sous le nom de Fraternité pythagoricienne. Les femmes purent partager l’enseignement, elles furent environ 15% des initiés. Cela est un des signes de la très grande tolérance exigée dans le comportement des initiés de l’école pythagoricienne.

On y enseignait de nombreuses disciplines, comme les mathématiques ou la philosophie. On pourrait dire que c’était une sorte d’institut, un genre de monastère qui n’est pas sans rappeler la Castalie du Jeu des perles de verre d’Hermann Hesse, une association scientifique, philosophique, politique et religieuse avec règles de vie et d’éthique.

L’École pythagoricienne était une véritable école initiatique et le savoir mathématique soumis au secret. Le recrutement des membres de l’ordre était fait avec un soin scrupuleux. Pythagore, dit-on, étudiait sévèrement la vocation des jeunes gens qui se présentaient à lui, avant de les admettre aux premières initiations de cette vie nouvelle ; il cherchait à lire sur leur visage, à deviner dans leur démarche, dans leurs attitudes, dans toutes les habitudes de leur personne, les penchants de leur âme, le fond vrai de leur caractère, les aptitudes propres de leur esprit. Voici le principe des enquêtes maçonniques, n’est-ce pas ?

Les membres de l’École étaient séparés en deux groupes. Un rideau était tiré au milieu de la salle où Pythagore professait. Les élèves devaient écouter. Ils n’avaient pas le droit de parler durant les cours. Le silence de l’apprenti est comme celui de l’élève. Les exotériques se tenaient de l’autre côté du rideau et pouvaient seulement l’entendre. Les ésotériques se trouvaient du même côté que Pythagore. Cela avait une extrême importance dans la vie de l’École. Pythagore voulait savoir si les membres étaient capables de se taire et de garder secret ce qu’ils avaient entendu. Après cinq ans, un exotérique était autorisé à traverser le rideau. Cela marquait une étape importante dans la vie de l’École. Appellerions-nous cela une augmentation de salaire ?

Les textes des pythagoriciens étaient eux aussi soumis au secret. Rédigés dans un langage à double sens, ils jouaient sur deux niveaux d’interprétation ; l’un compris par tout le monde, l’autre réservé aux seuls initiés. Les pythagoriciens parlaient de sumbola et d’ainigmata.

Pour eux aussi, tout était symbole.

La plupart des connaissances se transmettaient de bouche à oreille. Cela donna lieu à une seconde séparation. Il y avait les acousmatiques (les auditeurs) à qui l’on transmettait les résultats mais pas les démonstrations pour y parvenir, et les mathématiciens (les apprenants) qui avaient le droit à ces dernières. Tout cela n’est pas sans rappeler notre organisation où, à chaque degré, des mystères sont dévoilés avec progression, ce qui fait de la Franc-maçonnerie une société initiatique et progressive.

Tous les membres de l’École devaient exercer leur mémoire. Chaque matin, ils devaient se remémorer ce qu’ils avaient fait, ce qu’ils avaient vu, ce qu’ils avaient entendu, ce qu’ils avaient dit la veille. En se présentant à l’École, chaque prétendant devait remettre tous ses biens à la communauté. Le dépouillement des métaux ne serait-il pas une reprise symbolique de cette règle ? Celui qui était renvoyé, cependant, recevait à son départ le double des biens qu’il avait déposés. On lui donnait en argent ce qu’il n’avait pas su prendre en savoir. L’expression «recevoir son salaire» correspond aussi en Franc-maçonnerie à une valeur-savoir. Mais, dès que son exclusion était prononcée, on lui creusait un tombeau. Il s’agissait d’une mort symbolique.

Pythagore disait sa théorie et laissait ses élèves le contredire. Cela lui permettait de savoir si ses élèves étaient capables de réfléchir par eux-mêmes et les conviait à quitter l’école s’ils n’étaient pas satisfaisants, refusant un savoir de perroquet. La Maçonnerie n’est pas une science mais un art, celui d’éveiller les consciences, cet effort est au départ individuel. C’était surtout, offrir une grande liberté individuelle de penser et même de conscience. «Il faut avoir une religion, garde ta foi jurée». Il y a ici, dans ce vers doré, une relation entre l’universel et le particulier, une exigence de tolérance. Toutes nos constitutions évoquent, comme un impératif primordial la liberté de conscience de chacun. Les vers dorés sont une des premières tentatives de corpus moral théorique et pratique, philosophique, spirituel et œcuménique.

Vouloir rendre compte de Pythagore revient en fait à essayer de reprendre les fouilles des traces textuelles laissées par ses disciples ou par les historiens de cette époque, à narrer chacun des instants de sa vie exemplaire parce que sa parole était fraternelle et son vécu conforme à son enseignement. Les biographies de Pythagore, rédigées par Porphyre et Jamblique, fixèrent définitivement les traits caractéristiques du sage idéal, modèle de vertu, de piété et de sagesse, que tout adepte d’un platonisme mâtiné de pythagorisme devait imiter pour se revendiquer de cette famille spirituelle qui inspira, probablement, les premiers textes maçonniques. La Maçonnerie est aussi la médiation entre la théorie et la pratique par le biais de l’instruction, non d’un savoir désincarné, mais de l’exemple. Le franc-maçon pratique l’éthique qui est bien ce qui se produit librement, sans contrainte externe, par un sentiment d’obligation morale interne.

Ce qui est incontestable, c’est que Pythagore s’était proposé un but moral et religieux. Il avait voulu, dit l’historien Zeller, fonder une école de piété, de bonnes mœurs, de tempérance, de courage, d’ordre, d’obéissance à la loi, de fidélité dans l’amitié. Il y a trop de similitudes avec l’esprit des premiers textes maçonniques pour que ce ne soit qu’un hasard, l’influence semble indéniable. Le lien entre la Franc-maçonnerie et l’Ordre pythagoricien, sans qu’il s’agisse d’une dérivation historique ininterrompue, seulement d’une filiation spirituelle, est certain et manifeste.

Pour plagier Saint Thomas qui disait que «le mot est comme un miroir dans lequel on voit la chose», ne pourrions-nous dire que le franc-maçon est comme un miroir dans lequel on voit Pythagore ?


[1] Pour garder un esprit critique sur l’attribution à Thalès de son fameux théorème, se reporter à l’article d’Alain Herreman , Aux sources du « théorème de Thalès », Sur la condescendance et la recherche de l’origine.

[2] À lire l’article de Michel Serres, Gnomon: les débuts de la géométrie en Grèce, condensé du chapitre De la pyramide au tétraèdre, dans son éblouissant ouvrage Les origines de la géométrie (p.195 à 270).

[3] Sur ce sujet, consulter l’article de Paul-Henri Michel, Les médiétés

[4] Pour Arturo Reghini, dans son opus Les nombres sacrés dans la Tradition Pythagoricienne maçonnique, il semble hors de doute que l’origine de la table à tracer remonte à la table de Théon.

[5] Théano était une Prêtresse qui avait gardé le dépôt sacré de la tradition scientifique et qui voulut en faire un enseignement régulier. Les historiens masculins diront, dans leur langage symbolique, qu’elle livra le Palladium aux Grecs, c’est-à-dire qu’elle enseigna la science cachée, quoique son École constituât une société fermée comme les ordres secrets, un Collège d’initiés, une sorte de congrégation sacrée (p.439 de l’ouvrage cité).

Le fameux triangle de Pythagore

Ce théorème stipule que, sous son aspect mathématique et dans un univers euclidien, le carré de la longueur de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.

Le théorème de Pythagore a eu différents noms : théorème de la mariée chez les Grecs, chaise de la mariée chez les Hindous, figure de l’épousée chez les Perses pour la réciproque, maître de la mathématique au Moyen âge, pont aux ânes pour les collégiens du XIXe siècle.

Giamblicus, le biographe de Pythagore, nous conte l’anecdote suivante : quand le Maître s’est rendu compte du sens caché du  théorème , il fut tellement frappé par la profondeur du mystère entrevu qu’il crut avoir eu une révélation divine. La légende, qui dit que Pythagore aurait sacrifié 100 bœufs lorsqu’il eut trouvé le théorème de l’hypoténuse, est un non-sens  car les seules offrandes acceptées dans le pythagorisme étaient des offrandes végétales préparées.

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Pythagore n’en a pas fait de démonstration, aussi, à son époque on devait parler de la règle de Pythagore et non de théorème. En effet, les démonstrations les plus anciennes qui nous soient parvenues lui sont postérieures, celles d’Euclide en particulier[2]  avec le théorème 33 dans la 47ème proposition du Livre I et le théorème 21 de sa  31ème proposition du Livre VI  qui généralise les rapports des surfaces des figures. Ces propositions ont un aspect géométrique exprimant une égalité de surfaces et non de calcul : «Dans les triangles rectangles, la figure construite sur le côté qui sous-tend l’angle droit, est égale aux figures semblables et semblablement décrites sur les côtés qui comprennent l’angle droit.» Euclide affirme donc la primauté de la matérialité sur l’abstraction numérique. Cependant le résultat semblait déjà connu, en Mésopotamie, plus de mille ans avant Pythagore[1].

Les valeurs des carrés ne sont pas un ensemble de nombres, mais une nouvelle entité élevée sur elle-même, qui contient en synthèse les propriétés et les qualités des nombres qui l’ont produite. Le carré du nombre de l’homme caractérise le passage d’un état naturel à un état spirituel, soit l’exhaussement de l’esprit en l’homme, à l’exemple du sommet de la pierre cubique à pointe.

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Le théorème chinois de Guogu[3], reconstitué d’après les commentaires  du mathématicien chinois Liu Hui utilise le principe du puzzle : deux surfaces égales après découpage et recomposition ont même aire.

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Dans un article analysant la signification ésotérique du triangle de Pythagore, Antonietta Francini cite Plutarque, qui décrit et explique la signification égyptienne antique de ce triangle, où le côté  droit est assimilé au mâle (Osiris), la base à la femelle (Isis), et l’hypoténuse au résultat de leur union (Horus). Plutarque écrit: «Trois est le premier nombre impair parfait; quatre est un carré dont le côté est le nombre pair deux; mais cinq est en quelque sorte semblable à son père, et en quelque sorte semblable à sa mère, étant composé de trois et deux.

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Ce théorème de Pythagore est inscrit, sous forme géométrique, entre les deux personnages principaux du frontispice de la première édition des Constitutions d’Anderson de 1723. On peut lire le mot écrit en grec ευρηχα (Eurèka) sous la figure. Selon Vitruve, c’est Archimède qui aurait prononcé cette expression, en attestant, par ses expériences, la composition en or de la couronne du roi Hiéron par la mesure de la masse volumique d’eau déplacé par celle-ci. C’est une expression jubilatoire d’avoir découvert une solution scientifique aux mystères du monde.

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On en retrouve sa symbolique dans l’équerre du bijou porté par le passé Vénérable maître, faisant souvent apparaître la démonstration d’Euclide, témoignant pour la géométrie de son importance centrale dans la pensée maçonnique.

Le triangle de Képler associe le théorème de Pythagore et le nombre d’or par la figure construite à partir du rectangle d’or (parfois appelé le visage de Dieu), où les dimensions respectives des côtés du triangle sont : Φ, racine de Φ et 1.

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Pour marier les côtés : Dans un triangle rectangle de nombres entiers premiers entre eux, on a toujours un côté pair et deux côtés impairs, l’hypoténuse est toujours la somme d’un carré de pair et d’un carré d’impair,  le périmètre est pair, la surface est paire car multiple de 6.

Vous retrouverez d’autres usages du théorème dans mon ouvrage «Tracés maçonniques», éditions Numérilivre, prévu pour septembre 2022


[1] On établit que Pythagore serait né vers la fin du VIe av J.-C.

[2] IVe siècle av. J.-C.

[3] IIIe siècle

SOURCE : https://450.fm/2022/10/04/divagations-autour-de-pythagore/

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