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La Poésie en Franc-Maçonnerie 16 mars, 2023

Posté par hiram3330 dans : Contribution,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

La Poésie en Franc-Maçonnerie

cercle-silence

La rencontre d’un mot ou d’une idée est toujours essentielle dans un poème ou une planche. Ils sortent soudain de l’anonymat du langage « courant » pour embraser le vocabulaire et donnent à vivre au poète ou au Maçon l’expérience saisissante de « marcher à son pas » dans le temps subtil de l’inspiration, loin du temps linéaire des discours sans relief du quotidien.

On entre ainsi en Poésie comme en Maçonnerie par des mots d’esprit qui jaillissent en nous de sources profondes, gonflent le flot d’autres mots et idées jusqu’aux grands Deltas des Loges. Je vis personnellement comme des rencontres ces inspirations, jusqu’à me souvenir souvent des moments où elles surgissent dans mon imaginaire, tel « Etre Ici et Maintenant » traduisant l’état d’esprit de ceux et celles qui travaillent sur eux-mêmes pour sortir de la douce errance de la pensée et s’ancrer dans le présent, les sens et le mental grands ouverts à ce qu’ils perçoivent dans l’immédiat.

Avec ce poème, je découvrais la légèreté des vers octosyllabiques et les compositions par multiples de quatre vers, particulièrement adaptés aux poèmes-chansons et à l’écriture symbolique. Le nombre « quatre » symbolisant la stabilité matérielle, et le « huit » la totalité et la cohérence de la création en mouvement, les compositions artistiques qui portent leur marque gagnent en équilibre et en régularité, et peuvent illustrer pour des êtres en quête de sens un projet de vie intérieure, concentrant en quelques verbes :

être, rechercher, voir, savoir, une spiritualité en devenir et en action. « Se voir voyant sans être sage » s’inspire aussi des célèbres mots d’Anderson « Ni athée stupide, ni libertin irreligieux », extraits de la Constitution de 1723, charte de la Franc-Maçonnerie moderne, pratiquant la « double dénégation », ou l’art de conjuguer des formules contradictoires.

Or des travaux en sciences cognitives tendent à démontrer qu’ils formulent un modèle de pensée et de la cognition centré sur la fuite du déplaisir, renouvelant les racines émotionnelles premières de l’acte de connaissance, au fondement de l’initiation maçonnique.

La poésie en Maçonnerie embrasse un champ très large d’expressions, exaltant souvent la chaleur des échanges fraternels et de la vie en Loge, et donnant surtout à penser « en liberté », et comme le soleil et la lune à l’Orient des Loges, à rayonner et « réfléchir » les mots et les idées éclairant les consciences et les cœurs.

Chacun peut se projeter sur les quelques mots mis en forme dans un poème, s’y « réfléchir » sans effort et dans ce cadre où tout est mesure se remettre soi-même « en forme ». Dans une société où l’apparence et le paraître sont reine et roi, un poème partagé en fraternité touche autant l’être que le paraître, autant l’esprit que le corps, et les sourires qui fleurissent ici ou là dans l’assemblée disent en silence combien les cœurs s’en réjouissent.

Le poète Maçon est aux premières « loges » de la pratique du symbolisme et de l’analogie entre une idée abstraite et l’image chargée de l’exprimer, et s’inspire de la démarche des poètes symbolistes pour qui le monde ne saurait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle. Il est un mystère à déchiffrer dans les correspondances qui frappent d’inanité le cloisonnement des sens, car les sons, les couleurs, les visions participent d’une même intuition qui fait du poète une sorte de mage.

Le poète symboliste oscille ainsi entre des formes capables à la fois d’évoquer une réalité supérieure et d’inviter son lecteur à un véritable déchiffrement, mettant en œuvre par l’écriture la transcription du sens et la transmission, au fondement de l’initiation maçonnique.

L’écriture elle-même est initiatique, le poète semblant répondre « régulièrement » à la question d’un Frère : « Allez-vous plus loin ? » pour construire son poème, tout en apprenant de lui-même à savoir par lui-même « jusqu’où ne pas aller trop loin ».

La Maçonnerie traduit pareillement ces deux voies complémentaires d’accès à la connaissance et à la conscience par la structure en degrés des Rites, en particulier du Rite Ecossais Ancien et Accepté, où les trois premiers degrés sont dédiés aux Loges dites « symboliques », et les degrés ultérieurs à des Loges dites de Perfection, où montent en charge les Frères et les Sœurs prêts à élargir par eux-mêmes, dans un esprit de responsabilité, le cercle intérieur de leur accomplissement spirituel. Baudelaire, initiateur de l’école symboliste, a illustré magistralement ces deux cheminements par deux sonnets : « Correspondances » et « La Vie Antérieure ».

En méditant sur la Nature dans « Correspondances », écrit en 1857, Baudelaire ouvre une nouvelle voie de connaissance combinant la théorie et la pratique tout en utilisant habilement la structure du sonnet, poème composé de deux quatrains et de deux tercets, le temps de la méditation théorique des quatrains précédant le temps pratique de l’expérimentation des tercets.

Le premier quatrain est bâti sur la métaphore du temple et de la forêt, où alternent l’ombre et la lumière comme dans les temples maçonniques où la sensibilité aux mystères des Apprentis s’éveille peu à peu sous le regard bienveillant de Frères et Sœurs plus « éveillés ».

Dans le second quatrain, le poète établit des correspondances entre la vue, l’odorat et l’ouïe, comme pourrait le faire le Compagnon, pour non seulement écouter mais entendre les « confuses paroles » évoquées dans la première strophe, dont le mystère se laisse seulement approcher et non contempler.

Dans les deux tercets s’établissent des analogies de sens et des équivalences entre la mesure sensible et l’ordre psychologique ou moral, le Maître en fixant les limites tout en risquant la démesure.

Dans « La Vie Antérieure », écrit en 1857 et extrait aussi du recueil « Les Fleurs du Mal », un exotisme exacerbé amplifie le sentiment de perfection liée à l’agencement symétrique des éléments du décor.

Mais pour tendre vers l’ordre et l’harmonie, le poète et le Maçon doivent passer par l’état d’âme chaotique du « spleen », mot d’origine anglaise désignant un état mélancolique sans cause définie. Le secret préservé de la vie des Loges au travail se convertit dans les degrés dits de Perfection en un secret qui « fait languir ».

On entre dans le « vif du sujet », dans l’espace et le temps de l’Artiste et du Maçon à l’œuvre, et le poète dit « je », « j’ai longtemps habité », « j’ai vécu », s’impliquant entièrement dans l’aventure intérieure de sa propre re-connaissance.

La concorde parfaite des éléments de leur re-création n’est possible que s’ils respectent un bon équilibre entre la clarté et l’obscurité, les phases de lumière et d’ombre, de félicité et de doute qui, bien que foncièrement différentes, se complètent.

La parité « régulière » en noir et blanc fait place à des contrastes saisissants de couleurs et le travail prend une autre dimension dans l’accomplissement d’une œuvre.

Le plus ancien manuscrit maçonnique connu, le poème Régius daté de 1390, compte 794 vers octosyllabes et découle sans doute de la transmission orale d’une réglementation coutumière de Métier, assurant ainsi à la fois la transcription et la transmission des « Old Charges », les Anciens Devoirs. Ces « Old Charges », opératives et anglaises, servaient une fois par an lors de l’assemblée annuelle pour recevoir les nouveaux Apprentis et Compagnons.

Destiné aux bâtisseurs opératifs du Moyen-âge, le Régius présente une histoire, ou plutôt une légende de l’art de la construction émanant du Métier lui-même. Sans être réellement de la poésie au sens romantique du terme, le texte du Régius est assez cadencé pour être retenu en mémoire, et être ensuite récité facilement, la cadence, l’assonance et l’allitération, c’est à dire le rythme dans la répétition des sons de voyelles et de consonnes, facilitant cet apprentissage.

Comme les textes destinés à être retenus et transmis, il utilise des phrases sans verbe et de nombreuses répétitions, une construction dite « archaïque » renvoyant à un passé indéterminé et confirmant l’autorité et la sagesse des temps anciens par un « éloge des sept arts « libéraux ».

Les sept arts libéraux désignent les disciplines intellectuelles fondamentales dont la connaissance depuis l’Antiquité hellénistique et romaine était réputée indispensable à l’acquisition de la haute culture. Ils se divisent en deux degrés : le Trivium qui concerne le « pouvoir de la langue » et se divise en Grammaire, Dialectique et Rhétorique, et le Quadrivium qui se rapporte au « pouvoir des nombres » et se compose de l’Arithmétique, de la Musique, de la Géométrie et de l’Astronomie. Loin d’être obsolètes, les arts libéraux restent actuels et indispensables à la progression initiatique et ne peuvent être remplacés par aucune modernité ni virtualité numérique. Ils font partie du corpus que doit connaître le Compagnon, dont le cinquième art, la Géométrie, est aussi le premier dans le Métier.

La Géométrie crée le lien entre opératif et spéculatif, entre la matière et l’esprit. Première porte d’accès à la métaphysique pour un bâtisseur du moyen-âge, la Géométrie exhale et libère le cœur de la matière. 

La Rhétorique contribue à préparer cette libération qui s’accomplit dans les proportions harmonieuses du Temple. L’harmonie des formes fait écho aux harmonies musicales et à la sonorité du lieu sacré.

« Le poème, cette hésitation prolongée entre le son et le sens » (Paul Valery, 1871-1945) darde « à fleuret moucheté » toutes les attentions, tous ces reflets du cœur et de l’âme qui se couvrent de mots pour mieux refléter l’Autre. Dédiés d’abord à nos muses, ils ne s’offrent qu’une fois et ne vivent que « ce que vivent les roses, l’espace d’un matin » (François de Malherbe, XVIème siècle), lorsqu’ils se découvrent et « se » disent.

L’écriture perpétue leur mémoire avec plus ou moins de bonheur, dévoilant aux yeux de tous ce qui ne se destinait qu’à une seule, mais délivrant de la cage dorée du poème des mots volant déjà de leurs propres ailes dans l’esprit libre du poète et de ses semblables. Ainsi l’acrostiche du prénom d’une Maçonne, Françoise, peut-il refléter ses Sœurs tout en restant fidèle au secret qui les relie toutes.

Le poète peut aussi aspirer à dire l’indicible, l’inspiration première soufflant à son oreille l’idée et ses mots clés, ses « mots de passe » et ses « mots sacrés », car « Les œuvres de l’esprit, poèmes ou autres, ne se rapportent qu’à « ce qui fait naître ce qui les fit naître elles-mêmes », et absolument à rien d’autre.

Sans doute, des divergences peuvent se manifester entre les interprétations poéti­ques d’un poème, entre les impressions et les significations ou plutôt entre les résonances que provoquent, chez l’un ou chez l’autre, l’action de l’ouvrage. » (Paul Valery) Mais ces résonances qui se démultiplient dans le flot des idées masquent leur source empreinte de mystère et de silence. Aussi le poète croise-t-il « régulièrement » ceux qui n’ayant fait qu’une partie du chemin, restent enfermés dans le silence de l’autisme, jusqu’à s’engager auprès de ceux qui accompagnent les autistes, symboles vivants d’une société en souffrance.

L’écriture d’un poème est une expérience enivrante éveillant « continuellement en nous une soif et une source. En récompense de ce que nous lui cédons de notre liberté, elle nous donne l’amour de la captivité qu’elle nous impose et le sentiment d’une sorte délicieuse de connaissance immédiate, (de sorte) que la sensation de l’effort se fait elle-même enivrante, et que nous nous sentons possesseurs pour être magnifiquement possédés. Alors plus nous donnons, plus voulons-nous donner, tout en croyant de recevoir.

L’illusion d’agir, d’exprimer, de découvrir, de comprendre, de résou­dre, de vaincre, nous anime. » (Paul Valery) Le cœur du poète est le captif consentant des règles de ses mots d’esprit, et comme le Maçon au Travail, semble d’autant plus inspiré qu’il accepte et intègre les règles du poème, rimes et autres, conférant une « tenue » à son œuvre.

Dans le poème, la musique du vers qui dépend de l’harmonie entre les sonorités et le sens, est soulignée par la rime, l’identité entre deux ou plusieurs mots, situés en principe en fin de vers, de leur voyelle finale accentuée.

La rime a un rôle de structuration aussi bien du vers que du poème entier. Elle souligne la structure sémantique du poème par des répétitions fondées sur des signifiants, les mots, rapprochant des signifiés, les idées, qui autrement seraient restés étrangers l’un à l’autre. Ce rôle de la rime rappelle celui des règles fondatrices de la Franc-Maçonnerie défini par Anderson dans la Constitution de 1722 : « … Ces règles traditionnelles sont notre ciment et notre lien…

Elles permettent à la Franc-Maçonnerie de constituer ce vrai centre d’union où se rencontrent fraternellement des hommes qui, sans elles, seraient demeurés perpétuellement étrangers les uns aux autres. » Les idées des poètes circulent et se fixent dans les mots et les silences des poèmes comme la parole circule en Loge entre les colonnes, ordonnancée par le rituel et le respect du règlement des travaux.

Mais la rime ne saurait se contenter de sonorités banales passant inaperçues, sans trahir sa mission qui est de se faire entendre, de ponctuer le vers soit en frappant, soit en charmant l’oreille. Lors de la composition de son poème, la rime a l’immense mérite de contraindre le poète à penser par séries associatives sonores. Chercher une rime, c’est faire passer dans son esprit tout un cortège de sonorités sœurs, de sorte qu’il s’établit dans la pensée des familles de mots unies par une magie musicale. Très tôt s’est posée la question des rimes dites féminines et masculines, l’« e » atone final, fréquent dans les mots féminins, ne constituant pas un appel phonique suffisant, et l’alternance des rimes masculine et féminine s’est imposé dans les poésies lyriques provençales et françaises.

Mais il s’agit d’un mélange dont le dosage est laissé au goût du poète. Et pour grossir ce trait d’esprit jusqu’à la caricature, je prends un malin plaisir à glisser des acrostiches de prénoms féminins alternant les rimes masculines et féminines, tel « Françoise », dans des planches destinées à des auditoires mixtes.

Cet acrostiche comme tout poème active aussi de manière plaisante les ressorts de la langue, les phonèmes imprimant leurs sons et couleurs et se reliant dans les mots aux autres syllabes pour composer des bouquets harmonieux de vers. Car le poète joue d’abord avec les sons pour accompagner et soutenir le sens de son propos. Quand on parle de sens en poésie, il s’agit plutôt de sentiments, d’impressions, d’expérience à partager. Les sons aident souvent à créer ce climat particulier à chaque poète, à évoquer l’implicite ou l’indicible, cette « sorcellerie évocatoire » appelée de tous ses vœux par Baudelaire, « cette musique avant toute chose » réclamée par Verlaine.

L’harmonie résulte donc du choix et de la combinaison des syllabes pour obtenir les sonorités désirées.

Aussi le choix des mots est-il le premier souci du poète. Selon les traditions poétiques françaises, certains sons correspondent à des effets précis.

L’impression laissée par une syllabe dépend de sa longueur et de sa sonorité. Les syllabes brèves conviennent pour exprimer l’extériorité et la rapidité, les syllabes longues évoquant plutôt l’intériorité et la profondeur. Dans l’acrostiche « Françoise », seuls deux sons, « anche » et « eur », se reproduisent alternativement du premier au dernier vers. « anche » composé de la voyelle nasale « an », à l’effet voilé, atténué et lent, de la consonne « ch », dite « sourde » et « continue », au son prolongé, atténuant encore l’effet de la voyelle précédente, et d’un « e » muet final apportant une longueur et une touche supplémentaire de douceur, se renouvelle dans l’autre rime en « eur », composée de la voyelle nasale « eu » et de la consonne coulante et « ronronnante » « r ».

La rime doit tout à la fois satisfaire l’œil, l’oreille et l’esprit. Scandant la fin des vers, elle crée une accoutumance et une attente chez le lecteur/auditeur, jouant le rôle d’une balise dans les énoncés de mots successifs. Elle constitue donc un endroit privilégié pour le sens car le mot placé à la fin du vers est le mieux mémorisé. Et le sens des rimes ne dépend pas seulement de la forme, mais du sens des mots. Dans le cas présent, « blanche, s’épanche, branches, avalanches, hanches », élargit par le mouvement et l’élan du cœur le champ lexical affectif des mots « intérieur, valeurs, chaleur, Sœurs ».

Avant même l’écriture de la première lettre du poème, l’inspiration du poète passe par le prisme des règles poétiques qu’il s’assigne, les matrices convenant le mieux à l’expression de ses idées et de ses sentiments, et plus globalement à sa personnalité et à ses modèles d’écriture en cours. S’il a potentiellement le choix entre un grand nombre de modèles pour organiser horizontalement ses vers par une structure interne : mètre, césure, coupes, récurrences phoniques, et dérouler son poème selon un rythme vertical par une structure externe : rimes, strophes …, ou s’affranchir des règles précédentes dans le vers libre, le poète sait qu’il n’échappe pas à ses propres règles, et qu’il choisit celles auxquelles il s’attache, auxquelles il s’est déjà lié.

C’est dans le même état d’esprit que les Maçons s’attachent au rite et aux règles de leur Loge et Obédience pour tendre vers l’expression régulée de leurs idées, chacun trouvant son identité dans le modèle commun en apprenant à la fois à écouter et parler aux Frères et Sœurs de la Loge, tendre à « se dire » et « s’écouter » soi-même pour à la fois « s’entendre » avec les autres et « s’entendre » soi-même intérieurement.

C’est dès l’instant de sa conception que le poème « se dit » et « s’écoute », l’auteur et l’auditeur se découvrant autour du poème pour « s’entendre », et réaliser en quelques mots l’expérience de plus en plus intime de l’écoute de l’autre. Roland Barthes distingue ainsi trois niveaux d’audition : une « première écoute alerte » tendue vers la « capture d’un indice » qui, chez l’homme et l’animal, a une fonction « défensive et prédatrice », une « seconde écoute », exclusivement humaine, qui est un « déchiffrement » voué à la lecture des « signes », tendu non plus vers « la proie », mais comme en Franc-Maçonnerie vers « le secret », le « dessous du sens », et « le sacré », l’« écoute religieuse » à vocation de liaison entre le sujet écouteur et le « monde caché des dieux », et une « troisième écoute », redevable à l’écoute psychanalytique s’exerçant « d’inconscient à inconscient », tendant vers « les origines », à qui on demande non d’être « appliquée » mais de « laisser surgir », dans la lignée de « l’écoute panique » des Grecs. Accéder à une « meilleure » écoute, pour le lecteur de poésie, c’est alors intérioriser chacune des strates de l’audition jusqu’à parvenir au point ultime où « l’écoute parle ».

Enfin, pour Roland Barthes, être « meilleur auditeur » de poésie, c’est surtout substituer à une écoute passive et ensorcelée, fondée sur l’identification, une participation active à l’expérience unique de la genèse de l’œuvre.

Ces trois « niveaux » d’écoute rappellent les degrés d’Apprenti, Compagnon et Maître, ternaire structurant l’initiation maçonnique et la quête de sens qui la sous-tend. Comme tous les symboles, ces degrés qui se succèdent dans une suite progressive et linéaire peuvent aussi constituer un triangle, chacun de ses points étant relié aux deux autres. Et si chaque point est essentiel pour équilibrer le triangle commun, lui-même est un symbole rattaché au symbolisme du nombre« 3 ». Les points se relient ainsi par groupes de deux, trois, quatre, cinq, six, sept points et plus, traçant autant de figures symboliques que de grilles de lectures, vecteurs de sens. Si l’inspiration du poète et du Maçon ne diffèrent en rien à la source, ces grilles peuvent « orienter » la pensée par des séries régulées d’analogies et d’associations d’idées.

Par sa symbolique du mouvement, l’étoile à cinq branches reliant la matérialité du carré à la spiritualité du triangle, illustre la circulation des idées au sein de la Loge au travail entre les cinq Officiers qui l’éclairent, sans respecter leur ordre hiérarchique (Vénérable Maître, Premier puis Second Surveillant, Orateur, Secrétaire), mais en suivant le tracé de l’Etoile Flamboyante qui les relie (Vénérable Maître, Second Surveillant, Secrétaire, Orateur, Premier Surveillant, et à nouveau Vénérable Maître, …).

L’ordonnancement de la Loge incite les Maçons à cheminer en pensée en prenant des « chemins de traverse », à transformer intérieurement leur réflexion tout en respectant dans la Loge la fonction symbolique des Officiers qui l’encadrent. Ils peuvent « à loisir » pratiquer l’hermétisme, c’est-à-dire dé-couvrir un uni-vers sous-jacent aux apparences, et s’inspirer de la poésie symboliste de Stéphane Mallarmé et Paul Valéry, qui ne se veut pas descriptive, mais plutôt suggestive et musicale pour atteindre, au-delà des apparences, le mystère des choses.

Les poètes Maçons convertissent pareillement leurs symboles, et notamment l’étoile flamboyante, en clés d’accès à ces mystères.

La tension établie « dans les règles » entre les pointes de cette étoile à cinq branches, comme entre les strophes, les vers et les mots d’un poème, ouvre au centre de l’étoile un espace dégagé au sein duquel rien n’obstrue le cheminement des Maçons en quête de centre, inversant par la même les phases de tracé du cercle dans cette géométrie de l’esprit, la périphérie précédant le centre.

En outre, les branches de l’étoile se croisent en constituant deux segments dont le rapport des longueurs donne le nombre d’or « 1,618 », nombre de l’harmonie vénéré par Pythagore. Ce nombre omniprésent dans la Nature, l’Art et l’architecture sacrée, devient aussi le nombre de l’homme quand il ouvre les bras et s’inscrit lui-même comme ses créations dans cette étoile flamboyante. Léonard de Vinci le représente bras et jambes écartés, générant en lui-même et par lui-même cette harmonie éclairant le cheminement intérieur des êtres en quête de Sagesse, de Force et de Beauté.

Les « Vers dorés de Pythagore », texte grec de soixante et onze vers attribués par les anciens à Pythagore, publiés en 1813, traduits et commentés par Antoine Fabre d’Olivet, philologue et occultiste français, rappellent les principes guidant les Maçons dès leurs premiers pas d’initiés.

« Les anciens avaient l’habitude de comparer à l’or tout ce qu’ils trouvaient sans défaut et beau par excellence : ainsi, par l’« Age d’or » ils entendaient l’âge des vertus et du bonheur ; et par les « Vers dorés », les vers où la doctrine la plus pure étaient renfermée.

Après la mort de Pythagore, et la terrible persécution qui coûta la vie à un si grand nombre de Pythagoriciens, écrasés sous les débris de leur école incendiée, ou contraints de mourir de faim dans le temple des Muses, Lysis, le disciple transcripteur de ces vers, voulant répandre la secte de Pythagore dont on s’attachait à calomnier les principes, crut nécessaire de dresser une sorte de formulaire qui contînt les bases de la morale et les principales règles de conduite données par cet homme célèbre. » 

« Ce vers renfermait adroitement un double sens. Par le premier, il recommandait la tolérance et la réserve aux Pythagoriciens, et à l’exemple des prêtres d’Egypte, établissait deux doctrines, l’une ostensible et vulgaire, conforme à la loi (du pays où ils vivaient) ; l’autre mystérieuse et secrète, analogue à la foi. Il rassurait ainsi les peuples ombrageux de la Grèce, qui, d’après les calomnies qui courraient, auraient pu craindre que les Pythagoriciens n’eussent voulu porter atteinte à la sainteté de leurs Dieux.

Les Pythagoriciens voyaient ainsi (sans en parler) dans les Dieux des nations les attributs de l’Etre ineffable qu’il ne leur était pas permis de nommer, leur rendant le culte consacré par la loi, et les ramenaient tous en secret à l’Unité qui était l’objet de leur foi. »

« Pythagore considérait l’Univers comme un Tout animé dont les Intelligences divines, rangées chacune selon ses perfections dans sa sphère propre, étaient les membres. Ce fut lui qui désigna le premier ce Tout par le mot grec « Kosmos », pour exprimer la beauté, l’ordre et la régularité qui y règnent. C’est de l’Unité considérée comme principe du monde que dérive le nom d’Univers que nous lui donnons.

Pythagore posait l’Unité comme principe de toutes choses, et disait que de cette Unité était sortie une « Duité » infinie. L’essence de cette Unité et la manière dont cette Duité qui en émanait y était enfin ramenée, étaient les mystères les plus profonds de sa doctrine, les objets sacrés de la foi de ses disciples, les points fondamentaux qu’il leur était défendu de révéler. Jamais on n’en confiait l’explication à l’écriture : on se contentait de les enseigner oralement à ceux qui paraissaient dignes de les apprendre. Lorsqu’on était forcé par l’enchaînement des idées d’en faire mention dans les livres, on se servait de symboles et de chiffres, on employait la langue des Nombres ; et ces livres, tout obscurs qu’ils étaient, on les cachait encore avec le plus grand soin ; on évitait par toutes sortes de moyens qu’ils ne tombassent dans les mains de profanes. »

« Le premier précepte que Pythagore donnait à ses disciples entrant dans la route de la perfection, tendait à les replier en eux-mêmes, à les porter à s’interroger sur leurs actions, sur leurs pensées, sur leurs discours, à s’en demander les motifs, enfin à réfléchir sur leurs mouvements extérieurs et intérieurs, et à chercher ainsi à se connaître. La connaissance de soi-même était la première de toutes les connaissances, celle qui devait les conduire à toutes les autres. La morale de Socrate et la philosophie de Platon n’en étaient que le développement, et une inscription dans le premier temple de la Grèce, dans celui de Delphes, la recommandait après celle du juste milieu, comme l’enseignement même du Dieu qu’on y venait adorer : « Rien de trop » et « Connais-toi toi-même » renfermaient en quelques mots la doctrine des sages, et présentaient à leur méditation les principes sur lesquels reposent la vertu, et la sagesse qui en est la suite. »

« L’homme est un composé d’esprit, d’âme et de corps, (dont les modifications) se manifestent par la sensation, le sentiment et l’assentiment, développant les facultés principales de l’instinct, de l’entendement et de l’intelligence. L’instinct est le siège du sens commun ; l’entendement, celui de la raison ; et l’intelligence, celui de la sagacité, ou de la sagesse. L’homme ne peut jamais acquérir aucune science, aucune connaissance véritables, si, à la faveur de l’intelligence qui élit le principe et le pose avec sagacité, l’assentiment ne se détermine ; car on ne sait, on ne connaît jamais véritablement que ce que l’intelligence a consenti. »

« Les préceptes de Pythagore étaient symboliques, c’est-à-dire renfermaient, au figuré, un sens très différent de celui qu’ils paraissaient offrir au sens propre. C’était l’usage des prêtres égyptiens, chez lesquels il les avait puisés, de cacher leur doctrine sous l’écorce des paraboles et des allégories. Le Monde était à leurs yeux une grande énigme, dont les mystères, revêtus d’un style également énigmatique, ne devaient jamais être ouvertement divulgués.

Ces prêtres avaient trois sortes de caractères, et trois manières d’exprimer et de peindre leurs pensées.

La première manière d’écrire et de parler, était claire et simple ; la seconde, figurée ; et la troisième, symbolique.

Ils se servaient, dans la première, de caractères usités par tout le monde, et prenaient les mots dans leur sens propre ; dans la seconde, ils employaient des caractères hiéroglyphiques, et prenaient les mots dans un sens détourné et métaphorique ; enfin ils faisaient usage, dans la dernière, de phrases à double sens, de fables historiques, astronomiques, ou de simples allégories.

Le chef d’œuvre de l’art sacerdotal était de réunir ces trois manières, et de renfermer, sous l’apparence d’un style simple et clair, le sens vulgaire, le figuré et le symbolique. »

Les idées des préceptes comprises rationnellement par les initiés, constituant autant de points de connaissances, doivent encore être reliées entre elles et constituer des réseaux où elles peuvent entrer en rapports harmonieux les unes avec les autres, leurs champs d’influence rappelant les deux segments des branches de l’étoile à cinq branches, dont le rapport des longueurs donne le « nombre d’or » irrationnel, 1,618. Les nombres irrationnels, dont le symbolisme complète celui des nombres entiers dans l’initiation maçonnique, possèdent un nombre infini de chiffres décimaux, et dans cette suite infinie, aucune périodicité ne peut être trouvée permettant d’imaginer les chiffres qui viendront à partir de l’analyse des chiffres qui sont déjà venus.

Mais les nombres irrationnels étant « incommensurables », leur découverte implique celle d’une dimension supra humaine ouvrant l’esprit au sacré, ce que soulignent encore les proportions dites « d’extrême et de moyenne raison » des branches de l’étoile, c’est-à-dire l’identité de proportion entre, d’une part, ses deux parties, et, d’autre part, sa grande partie et le tout. Autrement dit dès que l’harmonie règne entre les parties du microcosme de l’homme, elle couronne pareillement ses relations avec le macrocosme.

Remontons plus avant, aux premiers âges de la Grèce, quand « la Poésie, consacrée au service des autels, ne sortait de l’enceinte des temples que pour l’instruction des peuples : elle était comme une langue sacrée dans laquelle les prêtres, chargés de présider aux mystères de la religion, traduisaient les volontés des Dieux. Les oracles, les dogmes, les préceptes moraux, les lois religieuses et civiles, les enseignements de toutes sortes sur les travaux du corps, sur les opérations de l’esprit, tout enfin ce qu’on regardait comme une émanation, un ordre ou un bienfait de la Divinité, tout était écrit en vers. On donnait à cette langue sacrée le nom de « Poésie », c’est-à-dire « Langue des Dieux » ; nom symbolique qui lui convenait parfaitement, puisqu’il exprimait à la fois son origine et son usage. On disait qu’elle était venue de « Thrace », et on appelait « Olen » celui qui, l’ayant inventée, en avait fait entendre les premiers accents.

Or ce sont encore deux noms symboliques, parfaitement adaptés à l’idée qu’on avait de cette science divine : elle était descendue de Thrace, c’est-à-dire de l’Espace éthéré ; c’est Olen qui l’avait inventée, c’est-à-dire l’Etre universel…

« Un homme né au sein de la Thrace, mais porté dès son enfance en Egypte par le désir de s’instruire, repassa dans sa patrie avec l’une des colonies égyptiennes, pour y propager de nouvelles lumières. Il était initié dans tous les mystères de la religion et de la science : il surpassait tous ceux qui l’avaient précédé, par la beauté de ses vers, la sublimité de ses chants, la profondeur de ses connaissances dans l’art de guérir les maladies et d’apaiser les Dieux.

C’était Orphée : il prit ce nom de celui de sa doctrine qui tendait à guérir, à sauver par les lumières. La tradition mythologique a consacré dans une brillante allégorie, les efforts qu’il fit pour rendre aux hommes la vérité qu’ils avaient perdue. Son amour pour Eurydice, tant chanté par les poètes, n’est que le symbole de l’amour dont il brûlait pour la science divine. Le nom de cette épouse mystérieuse, qu’il voulut en vain rendre à la lumière, ne signifie que la doctrine de la vraie science, l’enseignement de ce qui est beau et véritable, dont il essaya d’enrichir la terre. Mais l’homme ne peut point envisager la vérité, avant d’être parvenu à la lumière intellectuelle, sans la perdre ; s’il ose la contempler dans les ténèbres de sa raison, elle s’évanouit.

Voilà ce que signifie la fable que chacun connaît, d’Eurydice retrouvée et perdue…

« Orphée qui sentit, par sa propre expérience peut-être, le grand inconvénient qu’il y avait de présenter la vérité aux hommes avant qu’ils fussent en état de la recevoir, institua les mystères divins ; école admirable où l’initié, conduit de degré en degré, lentement étudié et éprouvé, recevait la dose de lumière proportionnelle à la force de son intelligence, et doucement éclairé sans risquer d’être ébloui, parvenait à la vertu, à la sagesse, à la vérité…

Les degrés principaux de l’initiation étaient au nombre de trois, comme sont encore aujourd’hui les grades d’Apprenti, de Compagnon et de Maître dans la Franc-Maçonnerie. On ajoutait quelquefois trois degrés secondaires aux trois principaux, et on les terminait par une révélation extraordinaire, qui, en élevant l’initié au rang d’« Epopte », ou de voyant par excellence, lui donnait la véritable signification des degrés qu’il avait déjà parcourus, lui montrait la nature sans voile, et l’admettait à la contemplation des lumières divines.

C’était pour l’Epopte seul que tombait le dernier voile, et qu’on écartait le vêtement sacré qui couvrait la statue de la Déesse. Cette manifestation, appelée « Epiphanie », faisait succéder l’éclat le plus brillant aux ténèbres qui, jusqu’alors, avaient entouré l’Initié. Le grade d’Elu a remplacé, parmi les Francs-Maçons, celui d’Epopte. »

Les chants d’Orphée comme les vers de Pythagore, au fondement de l’initiation aux Mystères, vibrent encore à chaque étape de l’initiation maçonnique, tendent à rendre synchrones les règles morales et la conscience mentale de leurs adeptes, et constituent en eux-mêmes un couple équilibré de forces destiné à relier harmonieusement sur l’axe vertical de la Perpendiculaire de l’Apprenti, les « niveaux » de la connaissance temporelle et de la conscience spirituelle.

L’inspiration de l’idée ou du mot juste espéré par le poète s’appuie sur l’équilibre ou le déséquilibre de ces forces, et « il semble qu’il y ait dans cet ordre des choses mentales, quelques relations très mystérieuses entre le désir et l’événement. Je ne veux pas dire que le désir de l’esprit crée une sorte de champ, bien plus complexe qu’un champ magné­tique, et qui eût le pouvoir d’appeler ce qui nous convient (le mot ou l’idée). Mais, quelles que soient la netteté, l’évidence, la force, la beauté de l’événement spirituel (les mots-idées des points de l’étoile) qui termine notre attente, qui achève notre pensée ou lève notre doute, rien n’est encore irrévocable.

Ici, l’instant suivant a pouvoir absolu sur le produit de l’instant précédent.

C’est que l’esprit réduit à sa seule substance ne dispose pas du fini, et qu’il ne peut absolument pas se lier lui-même. » (Paul Valery) Cet instant de l’inspiration qui semble « régulièrement » suspendu et résorbé lors de la clôture des travaux, semble se réactiver dans les mailles de l’étoile de la Loge au travail, où les Frères et les Sœurs participant à sa dynamique depuis les colonnes, tendent à se transformer eux aussi en poètes inspirés. Car le poète, la poétesse, géomètre de l’âme, demeure pour exercer son Art entre l’écriture et la géométrie, cette zone médiane où le Verbe s’agrège aux mots d’esprit pour ensemencer l’écriture de structures géométriques foisonnant d’idées et de traits d’esprit, exaltant autant les tracés, les plans de l’architecte que le Travail du Compagnon qui les met en œuvre.

« La Muse, dit Platon dans ses Dialogues, inspire immédiatement les poètes, et ceux-ci communiquant à d’autres leur enthousiasme, il s’en forme une chaîne d’hommes inspirés. C’est par le moyen de cette chaîne que la Divinité attire l’âme des hommes, et l’émeut à son gré, en faisant passer sa vertu de chaînon en chaînon, depuis le premier Poète inspiré jusqu’au dernier de ses lecteurs ou de ses rapsodes. »

Car une chaîne humaine vaut plus, ou mieux, que l’addition de ses maillons. Les Maçons peuvent ressentir le delta de cette différence dans la chaîne qui les relie tous, physiquement, mentalement et spirituellement, lors de la clôture des travaux de Loge, et sur les ailes de ce delta, se laisser porter vers un autre Delta à l’Orient, laissant « en plan » l’horizon immanent des contingences, et dans la chaleur fraternelle, aspirer à la dimension transcendante de l’Etre.

Cet esprit inspire les poètes Maçons européens de langue germanique depuis la naissance de la Franc-Maçonnerie moderne, tels Goethe et Schiller, au XVIIIème siècle. « Le franc-maçon est cet homme qui a le courage de croire en la lumière au plus profond de la nuit  » dit Goethe (1749-1832). Son poème « Loge de Maçon » illustre les convulsions de l’âme du Maçon en devenir, et la vie qu’il se forge par ses choix. Le Maçon embrasse sa destinée quand il ose tendre vers sa « fin », et renaître à lui-même par les mots « Meurs et Deviens » de son poème « Nostalgie bienheureuse » Ses derniers mots furent « Plus de lumière ! ».

Schiller (1759-1805), le « poète de la liberté », ami de Goethe, incarne l’idéal humaniste de l’homme. Beethoven, leur contemporain, a composé sa neuvième symphonie inspiré par le poème de Schiller « Ode à la joie ». « Elevez-vous, dit-il, d’une aile hardie, au-dessus du cours de votre temps. Que déjà, dans votre miroir, commence à poindre le siècle futur. » Dans sa « Lettre sur l’éducation esthétique de l’homme », en son siècle plus préoccupé par les besoins pratiques et l’utilité que par l’art, Schiller choisit la beauté car il estime que c’est par l’esthétique que le problème politique sera résolu. C’est par la beauté que l’homme sera conduit à la liberté. Dans ce monde gouverné par les idées, l’homme ne serait plus un « loup pour l’homme », mais le maillon heureux d’une chaîne universelle, capable de contribuer à l’élévation et à l’ennoblissement de l’espèce humaine. Il clame « Honorez les femmes ! »

Dans les pays de langue anglaise les poètes Maçons sont prolifiques, leurs poèmes exaltant particulièrement la fraternité, l’entraide et l’émulation des chaînes d’union dans des pays où les Temples sont souvent imposants, à l’instar de leurs nombreuses actions caritatives.

Leurs nombreux poètes sont aujourd’hui référencés sur des sites internet de poésie maçonnique, tel « Masonic Poets Society » où figurent sous forme bilingue quelques uns de mes poèmes. « Si » écrit par Rudyard Kipling en 1910, est un des poèmes maçonniques les plus connus dans le monde. Sa traduction habituelle en français, où le fond sacrifie l’essentiel à une forme convenue, s’écartant sensiblement de la version anglaise, le revoici fidèle au texte d’origine, modèle d’une transmission d’homme à homme. 

Les poètes Maçons pensent-ils en musique ? On serait tenté de le croire, tant depuis la lyre d’Orphée l’inspiration musicale accompagne l’écriture pour illustrer le cheminement initiatique. Comme le musicien, le poète compose et reçoit son inspiration en un lieu subtil en lui, à l’articulation entre le son et le sens, en ces moments où les sons des mots mettent en musique le silence de la pensée. L’inspiration silencieuse de l’idée s’exprime dans chacun des phonèmes du mot, jusqu’à s’agréger par ensembles limités de mots et de phrases.

A peine émise, l’idée limite son expression, cherche et trouve son « terme », son dernier son en fin de mot, son dernier mot en fin de phrase et dans le poème en fin de vers. Le poème est cette suite de limites régulièrement dépassées et renouvelées, cette succession d’aspirations aux idées et d’expirations de mots résonnant les uns par les autres, cette respiration inspirée de la parole composant des mélodies de sens.

Mais alors ce lieu subtil où se croisent et se fécondent le mot et le sens, rappelant l’Equerre et le Compas croisés sur l’Autel des Serments et régulés par la Règle ou le Livre de la Loi sacrée, n’est-il pas un passage, un pont jeté par le poète au faîte de son inspiration entre la matière et l’esprit ?

Il évoque ce « pontife » résidant sur une montagne sacrée, chargé dans la Grèce antique de l’entretien d’un pont reliant le monde des hommes au monde des dieux. Du haut de cette montagne se répandaient les oracles divins, les lois et les enseignements que les pontifes composaient en vers.

Et dès l’origine une sorte de schisme se produisit entre deux cultes, celui des Thraces consacré à Dionysos l’esprit divin et Déméter la terre-mère, et celui des Grecs proprement dits, consacré au soleil et à la lune, rendu sur le mont Parnasse et à Delphes à Apollon et à Diane. Les Rites maçonniques, et en particulier le Rite Ecossais Ancien et Accepté, garde et même entretient la marque de cette séparation par une différence de sens entre les degrés symboliques et les degrés dits de Perfection.

En Franc-Maçonnerie, dans les Loges et l’esprit des Maçons, les Thraces et les Grecs, Dionysos et Apollon, Déméter et Diane, ont vocation à se rencontrer. « C’est en liant Dionysos et Apollon que la religion grecque a atteint sa hauteur la plus sublime. Cela ne saurait être un simple hasard qu’ils soient venus l’un à l’autre. Ils se sont attirés et cherchés, parce que leurs règnes, malgré le contraste le plus brutal, sont malgré tout, sur le fond, rattachés par un lien éternel.

La lumière et l’esprit d’en haut doivent toujours avoir connu au-dessous de soi le nocturne et la profondeur maternelle, sur lesquels tout être est fondé. A la religion olympienne, qui ne devait pas être une religion de la soumission et du cœur indigent, mais celle de l’esprit clairvoyant, il fut réservé, là où d’autres séparent et maudissent, de reconnaître et d’honorer l’union des contraires, celle que montre l’arc et la lyre. » ( Walter F. Otto, L’esprit de la religion grecque ancienne : Theophania) Dans la Loge Victor Hugo deux fois née comme Dionysos, d’abord au Grand Orient de France, puis il y a onze ans à la Grande Loge de France, l’arc et la flèche du sens tendu entre les mots d’un poète a fécondé la lyre d’un musicien, Gérard Berliner, engendrant « Le Flambeau ».

L’amour fraternel qui sublime ce lien établi dans les Loges maçonniques entre le son et le sens, la lyre et la flèche, rappelle Cupidon, le dieu romain de l’Amour, portant avec son arc une torche allumée. Le feu de l’amour réchauffe le lien entre le son et le sens, et en retour ce lien éclaire l’amour, chaleur et lumière touchant au cœur les Sœurs et les Frères du foyer qu’est la Loge. Il se concentre symboliquement dans la flamme de l’étoile allumée sur le plateau du Vénérable, et se transmet aux deux colonnes lors de l’ouverture de ses travaux. « Que la lumière nous éclaire ! » dit le Vénérable. « Et que l’amour nous allume ! » rajouterait volontiers le poète.

Suspendu à l’inspiration, le poète Maçon se balance entre l’espérance collective de ses Frères et Sœurs et ses propres aspirations. Entre « Espérons ! » et « J’aspire ! » s’écrivent les vers de ses poèmes, s’entendent les sons et les sens, les mots et les idées, et les mélopées silencieuses de leurs chants secrets. Il ouvre la grande ronde des poètes à ceux et celles qui goûtent leur langue, savourent son esprit, ses accents, et quand d’autres disent « Je vous écoute », disent en souriant « Je t’entends », couvrent leurs Muses de présents, de paroles aimantant le temps, et pour étirer le présent, s’invitent au Banquet de Platon et partagent des agapes fraternelles.

Patrick Carré

Hyères, 12 octobre 2013

SOURCE  : http://www.patrick-carre-poesie.net/spip.php?rubrique2

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RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc- Maçonnerie 12 mars, 2023

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc- Maçonnerie. Part I-

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc- Maçonnerie. Part I-
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RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc- Maçonnerie. Part I-

 

Je vous propose une réflexion, en plusieurs sur les rapports entre le Pérennialisme et la Franc-Maçonnerie de tradition. Deux voies spirituelles, des itinéraires qui ne sont pas si différents. Dans le but est de se rapprocher de l’Unité, par des exercices de l’esprit, jusqu’à pouvoir le contempler et se revenir dans le monde pour agir, seul et avec le concours des autres.

Un parcours qui met en exergue l’ésotérisme en général, ceux des religions en particulier, ésotérisme réservé aux initiés et qui dépasse les exotérismes des religions souvent réducteurs et dogmatiques. Pérennialisme et Franc-Maçonnerie, permettent aux mystes d’accéder aux mystères, de construire des ponts et abattre les murs de l’incompréhension qui naissent le plus souvent de l’ignorance. Cette réflexion s’inscrit, (sans que cela en soit l’exclusivité) dans la déclaration de principe des constitutions de la Grande Loge de France. Je cite Chapitre I- La Franc-Maçonnerie Universelle et ses Principes alinéa 6 : « Dans la recherche constante de la vérité et de la justice les Francs-Maçons n’acceptent aucune entrave et ne s’assignent aucune limite. » (1)

Alinéa renforcé par l’alinéa 8 je cite à nouveau : « Ils recherchent la conciliation des contraires et veulent unir les hommes dans la pratique d’une morale universelle et dans le respect de la personnalité de chacun. » (2)

Cette réflexion sera largement inspirée de la vie et des écrits de Frithjof Schuon, le choix aurait pu tout aussi bien être celui de René Guénon ; leurs démarches spirituelles sont identiques. D’ailleurs Schuon a été fortement inspiré par Guénon qu’il a fréquenté. J’ai choisi Schuon parce qu’il est moins connu que Guénon, mais bien sûr ce sont deux figures de la pensée et de la démarche traditionnelle, avec le métaphysicien Ananda Coosmaraswany, ils sont les principaux représentants de cette pensée pérennialiste qui critiqua vivement le modernisme et l’abandon du sacré. Ont-ils été à contre-courant de la philosophie des Lumières ? De cette « filosophie universelle » que décrivait le chevalier A. M Ramsay dans son célèbre discours de 1736 et considéré comme l’un des textes fondateurs emblématique de la Franc-Maçonnerie spéculative et des Hauts Grades Maçonniques et en partie leurs références à la Chevalerie de L’Esprit.

(1 et 2) Texte des Constitutions de la Grande Loge de France.

Ce discours fortement inspiré par la Sophia, la sagesse de la philosophie antique grecque, les religions juives et chrétiennes ainsi que les croisades et non par les seules Lumières de la modernité. Je tiens, pour ma part ce discours comme un foisonnement lumineux rassemblant toutes les branches éparses de la spiritualité dans un feu régénérateur intemporel et universel. Un feu constamment entretenu par les meilleures vertus de chaque tradition, qui élèvent l’homme vers les plus hautes sphères de la spiritualité. Un discours qui relie les hommes entre eux au-delà des querelles politiques ou religieuses, un discours adogmatique qui tient sa force de deux mots dans leurs significations étymologiques, ses deux mots sont « Religare » relier, lien et « Katholikás » universel, général. Deux mots qui vont bien avec leur sens premier aux Francs-Maçons de toutes les obédiences. Ces mots sont des bienfaits pour la Franc-Maçonnerie en général, les loges et les Sœurs et les Frères en particulier.

Ainsi, nous sommes dans le cœur du sujet de notre réflexion, le rapport entre Franc-Maçonnerie et la « Tradition Primordiale » selon Guénon ou le Pérennialisme de Schuon. Ces deux penseurs partagent le même désir spirituel la recherche de l’unité, de l’Un. Ils vont agir par leurs écrits, mais aussi par l’exemplarité de leur vie, pour essayer de tendre vers leur projet. Comme la Franc-Maçonnerie se propose de rassembler ce qui est épars, elle nous demande de ne pas exclure les hommes pourvu qu’ils soient libres…. Ainsi Schuon, nous mettras en garde sur le danger du volontarisme religieux, il écrit : « Le danger du volontarisme religieux, c’est qu’il est bien près d’exiger que la foi comporte un maximum de volonté et un minimum d’intelligence ; on reproche en effet à celle-ci, soit d’amoindrir par sa nature même le mérite, soit de s’arroger illusoirement la valeur du mérite en même temps qu’une connaissance en réalité inaccessible. Pour la gnose, l’intelligence n’est qu’une partie, c’est un centre et c’est le point de départ d’une conscience qui englobe tout notre être. » (1) Ce point de réflexion, je pense doit nous amener à comprendre que foi religieuse à caractère dogmatique et foi maçonnique ne sont ni semblables, ni incompatibles.

Par ailleurs vous l’avez compris Guénon et Schuon ne sont pas des ardents défenseurs du modernisme (Voir leurs publications dans Études Traditionnelles).

  1. F. Schuon Comprendre l’Islam Chapitre voie spirituelle  Éditions Points Sagesse

Ils reconnaissent l’incontournable valeur et travail de l’intellect, mais aussi ses limites. Foi et Raison sont les deux leviers, les deux ailes qui participent à l’élévation spirituelle. Mais le réel, le beau, le vrai, le juste ne peut pas se voir sans l’œil du cœur. Le Franc-Maçon ardent défenseur de la justice, sait tempérer la Force du glaive avec la vertu d’amour. Schuon, n’est pas pour autant qu’un contemplatif, il écrit : « L’homme est fait d’intelligence et de volonté ; il est donc fait de compréhension, et de vertus, ou de choses qu’il sait et de choses qu’il accomplit, ou en d’autres termes : de ce qu’il sait et de ce qu’il est. » (1).  En des termes plus maçonniques je dirais qu’il faut : Savoir (pour combattre l’ignorance), Comprendre (travailler, persévérer à son perfectionnement), Agir (pour transmettre l’essentiel l’amour fraternel qui est vérité). C’est du moins ce que j’entrevois en poussant les portes qui sont en dedans de moi, au fil de la connaissance des degrés qui me sont donnés. Comme des grains de blé mis en terre et qui poussent en épis que je me dois de récolter et de moudre sans cesse en y ajoutant le levain de mon intelligence et l’eau de la rosée d’amour de mélanger cette nourriture spirituelle dans le pétrin de mon âme, pour en faire le pain du compagnon, le pain du partage.

Je vous propose de poursuivre cette réflexion entre le Pérennialisme et la Franc-Maçonnerie parce que selon Schuon : « L’analogie et le symbolisme concerne toute manifestation de qualités ; la Conscience concerne l’homme en tant qu’il peut se dépasser lui-même intellectuellement son esprit débouchant sur l’absolu. » (1)

  1. F. Schuon Comprendre l’Islam chapitre voie spirituelle Page 183 Éditions Points Sagesse.

                                    Jean-François Guerry.

À SUIVRE…

Pour aller plus loin, plus haut :

Lire : la Biographie de F Schuon dans Wikipédia.

          F. Schuon Comprendre l’Islam- Éditions Points Sagesse

         F. Schuon L’œil du cœur- Dervy Éditions.

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc-Maçonnerie Part II.

Frithjof Schuon

Frithjof Schuon

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc-Maçonnerie Part II.

Comme nous l’avons vu dans l’article précédent Part I. La pensée et le mouvement Pérennialiste, est une voie spirituelle qui tend à la recherche de l’Un, de l’unité, de l’harmonie par un retour au statut originel. Pensée partagée par trois principaux métaphysiciens, ésotéristes que sont René Guénon, Frithjof Schuon et Ananda Coomaraswamy ; deux penseurs occidentaux et un oriental. Un chemin, qui va donc de l’Orient vers l’Occident et inversement. Nos métaphysiciens ont pratiqué des voies spirituelles différentes, pour concevoir leur rassemblement en une seule voie, une seule tradition. Tradition qualifiée de primordiale, première par René Guénon. Ananda Coomaraswamy (Ãnanda Kentish Kumãrasvãmī ) fût avant tout un historien de l’art srilankais, spécialiste du sanskrit la langue brahmanique, avant d’être un métaphysicien. Il a étudié le bouddhisme et l’hindouisme, puis a passé une bonne partie de sa vie en occident pour décéder aux États-Unis, un chemin Orient Occident, à l’inverse de nos deux autres penseurs.

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc- Maçonnerie dans Recherches & Reflexions

Ananda Coosmaraswany

Guénon et Schuon ont étudiés les ésotérismes des religions monothéistes, dont le soufisme de l’islam avant d’aller à la rencontre de l’Orient. Guénon est devenu aussi un spécialiste du symbolisme en général et maçonnique en particulier. Notre triangle de penseurs par des voies spirituelles différentes ils ont convergés vers la connaissance et la contemplation de l’Un, ils ont été aussi inspirés par le néoplatonisme de Plotin et sans doute par la résurgence celui-ci à Florence avec Marsile Ficin, Giordano Bruno et Pic de la Mirandole. Une démarche ascensionnelle de l’esprit, qui caractérise les hypostases de Plotin. Il est probable aussi que Plotin (selon certains auteurs comme Émile Bréhier, il est probable que Plotin accompagna l’empereur Gordien III (en 242) dans une expédition en Inde qui fût brève et désastreuse.) fût influencé par les Upanishad ces textes philosophiques et religieux des Védas objets de méditation. Les analogies ne manquent pas entre l’antiquité grecque et romaine et la Franc-maçonnerie (Voir modestement mon livre Exercices Spirituels antiques et Franc-maçonnerie aux Éditions UBIK Académie Maçonnique de Provence).

 dans Recherches & Reflexions

R Guénon et F Schuon

L’on peut donc sans prendre le risque d’un syncrétisme, affirmer que l’Inde et ses upanishad, le miracle Grec, l’ésotérisme des trois religions monothéistes ( Kabbale, Évangile de Saint-Jean et Soufisme) en y ajoutant l’alchimie ont servis de ferment pour la Franc-maçonnerie spéculative. Une voie spirituelle unique, spécifique, originale et originelle en définitive une spiritualité qui n’a pas besoin d’adjectif. (C’est-à-dire ni laïque, ni religieuse par exemple, simplement Une.)

Une des caractéristiques du Pérennialisme, pourrait être l’union, la réunion de chemins spirituels qui se retrouve pour l’ascension finale au sommet de la même montagne, là où l’homme pourrait contempler la plénitude de l’Un avant de redescendre vers le monde et ses Frères. Une lente ascension vers la recherche d’une Lumière unique, d’une parole commune, d’un souffle originel qui dépasse, surpasse, surplombe tous les dogmes et leurs particularismes. Cette pensée unifiée ne connaissant ni l’espace et le temps étant consubstantielle au désir de connaissance et de sacré de l’homme. Ce Pérennialisme de nos métaphysiciens est universel et fraternel, il s’accorde bien avec l’initiation maçonnique basée sur la fraternité humaine, qui génère une unité spirituelle entre ses membres inspirée par une trois grandes lumières de la Franc-maçonnerie, je veux parler de l’ouverture du compas de l’esprit. Cette pratique permet à la fin des travaux maçonniques de constater que la joie est dans les cœurs de toutes les Sœurs et de tous les Frères et non pas seulement dans le cœur de certains. Ce Pérennialisme exprime de surcroit pour la Franc-maçonnerie qu’elle est un centre d’union qui permet la rencontre de tous les hommes.

Pour conclure aujourd’hui je soumets à votre réflexion ces quelques lignes de F. Schuon qui permettent de mieux comprendre, je pense, pourquoi la Franc-maçonnerie n’assigne à ses membres aucune limite dans la recherche de la vérité et qu’elle pourrait énoncer : « Nous ne voulons pas attribuer à une foi à une foi religieuse comme telle des thèses sapientielles qu’implicitement. »  On entend généralement par sapientielle, la sagesse de ceux qui possèdent le savoir, la science à un degré élevé et aussi les qualités de jugement, d’habileté, de raison, de prudence et j’ajouterais pour ma part l’empathie, l’altruisme. Ceux qui au terme ultime de leur initiation à la porte de l’éternel orient sont capables d’un amour fraternel inconditionnel de l’autre, des autres car sans cela leur initiation ne serait qu’une agitation inutile même si elle est, et surtout si elle n’est qu’intellectuelle, on ne voit bien le réel qu’avec les yeux du cœur. Ce Pérennialisme me fait penser à l’instant au poème du Frère Rudyard Kipling : « Ma Loge mère… »

Une dernière réflexion F. Schuon écrit aussi : Pour « la science des religions », l’ésotérisme vient après le dogme, il en est le développement artificiel, voire emprunté à des sources étrangères ; mais en réalité, l’élément sapientiel vient forcément avant la formulation exotérique, puisque que c’est lui qui, par le fait d’être une perspective métaphysique détermine la forme. Sans fondement métaphysique point de religion ; l’ésotérisme doctrinal n’est que le développement, à partir de la Révélation, de ce qui « était avant. »

C’est bien, à la recherche de ce qui était avant que nous consacrons nos nos efforts, à la recherche de la vérité originelle, du premier souffle, d’un Eden que nous ne pourrons ni retrouver, ni atteindre. C’est donc en pleine conscience que nous sommes quand même sur le chemin qui importe plus le but et que nous devons nous ériger en défenseurs de la justice et de la vérité. En étant des pèlerins de l’amour fraternel, voie unique qui apporte la joie et l’harmonie.

                                                     Jean-François Guerry.

À SUIVRE…  

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc-Maçonnerie Part II.
RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc- Maçonnerie. Part III-
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RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc- Maçonnerie. Part III-

 

Comme nous l’avons vu la recherche de la Vérité et de la Lumière, coïncide avec le désir de la recherche du réel, ce que nous ne percevons n’est pas le réel. L’idée même du réel se dissimule derrière les images et les symboles, derrière la matière et les substances. L’élévation de notre niveau de conscience nous prépare à la recherche des idées dissimulées derrière les symboles. Pour comprendre le monde et notre place dans celui-ci, nous cherchons la Substance derrière les substances, l’absolu derrière les symboles ce qui nous oblige à la levée des voiles au-delà des phénomènes. Chercher les mystères, l’invisible derrière le visible.

Frithjof Schuon écrit : « La distinction entre le réel et l’irréel coïncide en un sens avec celle entre la Substance et les accidents ; ce rapport Substance accidents rend facilement intelligible le caractère réel ou irréel du monde, et montre, à qui est capable de le saisir l’inanité de l’erreur attribuant l’absoluité aux phénomènes. » 

L’absolu étant lié au principe d’unité. Le reste n’étant que des accidents découlant du principe, issu du principe, si l’on considère une unité entre absolu et principe. Parmi les accidents découlant de la Substance-Principe, le plus élevé de ceux-ci serait l’homme accident intermédiaire entre matière et Principe, un accident soumis à la dualité au regard du Principe, Substance pure et Une.

L’initiation, est mouvement du corps et de l’esprit, un processus de concentration (Voyage de la périphérie, de la circonférence vers le point central, vers le Principe dont tout émane.), de purification de l’accident substance intermédiaire, une recherche ascensionnelle, un retournement vers le Principe.

Est-il raisonnable d’envisager ce retour, ce processus initiatique, cette ascendance des substances intermédiaires, vers la substance pure ? Utopie, sauf si l’on considère que le chemin est le but. L’initié devient en quelque sorte un Chevalier de la Lumière, un Chevalier du Soleil, un combattant sorti des ténèbres de l’erreur et prêt au combat pour faire régner la justice et l’amour. Il fait le chemin ascendant, sa transformation alchimique (Référence au Stibium, l’antimoine mâle et femelle à la fois.) pour tenter d’atteindre une forme de pureté. Le chemin vers la Lumière, commence par la sortie de la matière vers l’éther, puis la substance animique, la substance supraformelle, macrocosmique. Cette voie traditionnelle initiatique est toute entière une tension constante à l’élévation spirituelle, jusqu’à la Substance universelle métacosmique, c’est-à-dire au-delà de tout l’Un partie ou totalité de l’être.

La Substance, le Principe ne devient plus dès lors irréel ou abstrait, mais réel puisque visible dans les substances. C’est à ce stade de la réflexion que l’on peut dire que le Grand Architecte de l’Univers est plus qu’un concept, qu’il est un Principe immuable, une Substance pure, présente aussi dans l’homme, ce que certains qualifie de petite flamme éternelle. Ce principe d’unité est capable de réunir ce qui est épars, tous les hommes étant liés et possesseurs de cette parcelle de la Substance pure, du Principe. Aucun obstacle ne s’oppose dès lors au concept de Tradition primordiale de reliance universelle et fraternelle.

Réflexion personnelle : je discerne le cheminement initiatique du Franc-Maçon après être né de la terre, sorti de l’humus de la materia prima avoir éclos comme la merveilleuse fleur de lotus merveille sur les eaux boueuses des ténèbres, sous la Lune fécondante, parcouru la surface des deux globes terrestre et céleste, parvenu à réaliser le chef d’œuvre de sa vie matérielle. L’initié quitte son horizontalité et redressé réapparait plus radieux que jamais, sorti de l’âge de raison au-delà de ses 7 ans il aspire à faire alliance avec ses Frères, et bientôt il fera alliance avec la Substance pure le Principe.

Pour conclure aujourd’hui cette troisième Partie, je cite F. Schuon :

 « Seule la Substance des substances est absolument réelle, quelle est donc seule réelle, à rigoureusement parler, c’est voir la Substance dans tous les accidents (Nous en serions un)et travers eux ; grâce à cette connaissance initiale de la Réalité, le monde devient métaphysiquement « transparent ».

Quand il est dit que le Bodhisattva (1) ne regarde que l’espace, non les contenus, ou qu’il regarde ceux-ci comme étant l’espace, cela signifie qu’il voit la Substance qui par rapport au monde lui apparaît comme un « vide », ou au contraire, que le monde lui apparaît comme un vide en fonction de la plénitude principielle. (…) rapport entre l’eau et ses gouttes. »

                                                     Jean-François Guerry.

À SUIVRE …

(1) Réflexion sur le Bodhisattva :

De sattva être et Bodi éveil, initié ou être éveillé. Le Bouddhisme parle d’un être éveillé venant de l’Eden du paradis : « Un être pur », ayant atteint le Nec plus Ultra, un saint ? Mais surtout un être ayant contemplé le Principe et atteint la compassion, capable d’empathie et d’amour pour tous les hommes ses frères et même pour tous les êtres vivants.

L’on peut peut-être parler d’un être humain conscient de ses forces intérieures, qui a franchit les étapes successives et sa réalisation personnelle pour se mettre au service des autres. Pas pour moi mais pour vous dirait-il. Il a lutté contre ses mauvaises passions, c’est perfectionné pour pratiquer la vertu, à force d’efforts, de méditations, de patience, pour atteindre la sagesse.

En tradition bouddhique l’on parle d’états de l’esprit (ou de conscience) au terme de 7 étapes l’on devient plus habile (Hiram était considéré comme un homme habile dans l’art des métaux, connotation alchimique). La 8 et 9ème étape du Bouddhisme peut être mise en analogie avec les 4èmes et 5èmes degrés du R E A A de Maître S et Maître P, qu’il conviendrait à mon sens d’inverser comme il était d’usage dans les anciens rituels. Les deux initiés sont dans un niveau élevé de pratiques spirituelles. Le Bodhisattva parvenu à 10ème étape a atteint la sapience, il devient buddha. C’est le moment où il devra prononcer ses vœux, comme les F M prononcent leurs serments. Il sera honoré par une titulature spécifique à chacune de ses progressions initiatiques par exemple : doux et noble, entièrement excellent, celui qui regarde le bas avec compassion, celui qui a une grande force, celui qui est amour bienveillant.

Il s’agit vous l’aviez compris, (sauf ceux qui raillent ces titulatures sans en connaître le symbolisme, ce sont les mêmes qui lisent la Bible au premier degré sans y voir sa portée symbolique.) d’une hiérarchie spirituelle et non d’une hiérarchie d’honneur. Toute comparaison entre le bodhisattva et le Franc-Maçon n’est pas inopportune.   

Marsile Ficin et l'Académie Platonicienne de Florence à la Renaissance

Marsile Ficin et l’Académie Platonicienne de Florence à la Renaissance

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc-Maçonnerie Part-VI-

Porte d’Orient et Porte d’Occident, deux portes ouvertes vers un même chemin celui de l’élévation de l’esprit. On oppose trop souvent l’Orient et l’Occident, penseurs et initiés du Pérennialisme ont démontré dans leurs recherches, mais aussi et surtout dans leurs parcours de vie que l’on pouvait franchir ces deux portes grâce à la mise en œuvre de leur loi commune celle de l’amour.

Notre esprit occidental, cartésien a tendance à classer, caractériser ; nous voyons dans l’Occident du moins dans l’Occident moderne l’expression du rationalisme, du matérialisme, du sentimentalisme. L’Occident serait dominé par le seul règne de la raison donnant accès à toute connaissance. Pour l’occidental moderne, le spirituel et l’intellectuel se réduiraient à une forme de psychisme ou de psychologisme. Les lumières ont consacré le règne de la raison « le penser par soi-même ». La sacralisation de la raison trouve ses racines dans le Miracle Grec incarné par les philosophes figures de la sagesse, comme Platon et Aristote. Le prolongement, voir le rapt de la philosophie grecque à été réalisé par le christianisme. Cependant, on observe la résurgence à la Renaissance du platonisme ou plus précisément du néoplatonisme dont la figure emblématique est Plotin qui avec Pythagore représente la pointe la plus élevée de la Pyramide de la raison associée à la spiritualité, le monde des idées et la cosmologie et la symbolique des nombres. C’est Marsile Ficin qui fût le principal néoplatonicien de l’École de Florence où l’on trouvait Giordano Bruno ou encore le Phénix de la Renaissance Pic de la Mirandole. Plotin, était un Pérennialiste avant l’heure, il a fréquenté la marmite d’Alexandrie, (comme Pythagore) initié aux mystères de l’Égypte Ancienne, il aurait fait aussi un séjour en Inde comme nous l’avons déjà vu. Marsile Ficin hermétiste, alchimiste, féru d’ésotérisme a été sans aucun doute avec Giordano Bruno un des précoces inspirateur de la Franc-Maçonnerie spéculative (cf la thèse de Charles-Bernard Jameux sur la naissance de la Franc-Maçonnerie spéculative.) La révélation de l’ésotérisme chrétien en particulier de l’Évangile apocryphe de Saint-Jean, la loi d’amour et la compassion bouddhique et son sommet la pure altérité bienveillante concrétisent le principe d’une Tradition Primordiale centre d’union de l’Occident et de l’Orient.

Nous pouvons aussi observer, que la Renaissance et engouement pour les sciences à mis à mal le caractère exclusivement exotérique mais surtout dogmatique de la religion. Il est intéressant de lire Fritjof Schuon : « Les traditionalistes oublient… que l’on ne peut empocher l’homme de faire des découvertes, et que, la découverte une fois faite, l’homme ne peut s’empêcher d’en tirer des conséquences raisonnables. » Plus loin F. Schuon poursuit : « La réalité physique garde forcément ses droits. Ce qui implique qu’elle est symbolique à son tour. Mais c’est le traditionalisme qui garde le dernier mot… Il ne suffit pas de percevoir la réalité objective, il faut aussi pouvoir l’assimiler ; ensuite il y a quelque chose qui manque gravement à la science dite exacte, et c’est la connaissance métaphysique. Certaines réalités non perçues…sont inassimilables, et deviennent pour l’homme des facteurs de déséquilibre et de déchéance, comme le prouve la situation écologique et culturelle du monde actuel. »  Cette citation est relevée dans l’œil du cœur dont la première édition date de 1968 dans Éditions Traditionnelles on remarque le caractère prémonitoire de cette pensée quelques 55 ans avant 2023.

Une autre remarque de F.Schuon sur le concept médiéval me paraît aussi intéressante : « Il y avait de la sagesse dans le concept médiéval « de la double vérité », la théologique et la rationnelle. Car il y a le symbole et il y a le fait ; or le symbole compris vaut infiniment mieux que le fait incompris. Est « vrai » sous le regard divin,  ce qui ouvre la porte vers la vérité à la fois transcendante et immanente. » Il prolonge sa réflexion entre Orient et Occident ainsi : « L’oscillation entre le symbolisme et la réalité objective fait penser à celle entre l’Orient et l’Occident, ou encore en un certain sens, à celle entre « foi et raison », ou entre tradition et le rationalisme matérialiste. »

Je ne puis m’empêcher après cette lecture de penser à l’encyclique de 1998 de Jean Paul II : Fides et Ratio (Foi et Raison), qui nous fait prendre conscience du chemin parcouru par l’église depuis l’inquisition, Galilée ou Giordano Bruno. En exprimant que la Foi et la Raison sont deux ailes  qui permettent à l’esprit de s’élever  vers la contemplation de la vérité ou encore sont les deux ailes qui portent l’espérance du retour de l’unité, de l’harmonie dans le cœur de l’homme.

                                            Jean-François Guerry

À SUIVRE : les orientaux ou les occidentaux séduits par la modernité ?

 

Marsile Ficin la Renaissance École Platonicienne de Florence

Marsile Ficin la Renaissance École Platonicienne de Florence

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc-Maçonnerie Part -VII-

Et si la Renaissance avait été la période de la fécondation ou pour le moins celle de la germination du Pérennialisme, de la Tradition Primordiale en même temps que la naissance des idées qui allaient structurer la Franc-Maçonnerie spéculative. L’acte de naissance n’aurait pas alors été signé dans les brumes de l’Écosse, mais sur les rives fleuries de l’Arno à Florence en Toscane. Plus précisément par les penseurs de l’Académie Platonicienne Florentine, dont le directeur fût Marsile Ficin (Marsillo Ficino) et le fondateur Cosme de Médicis en 1459. Cette académie consacra la résurgence du platonisme et du néoplatonisme grecs. Alors que le christianisme s’est répandu partout en occident sans partage, à Florence Marsile Ficin entreprend la traduction en latin des œuvres de Platon, Plotin, Porphyre de Tyr, Jamblique, Proclus et Hermès Trismégiste, ce qui va faire la renommée de cette académie, on se rappelle qu’il eut aussi un célèbre élève l’encyclopédiste aussi jeune que talentueux Pic de la Mirandole. Les exégèses de Marsile Ficin sur Platon avaient pour vocation de tenter de réconcilier l’église et Platon, église qui avait reconnu l’évangile ésotérique de Saint-Jean comme texte apocryphe. Marsile Ficin ne fût pas en conflit avec l’église tant qu’il ne s’intéressa pas à l’astrologie, il eut alors des « relations conflictuelles » avec l’inquisition et n’eut la vie sauve que grâce à ses relations et protections, comme d’ailleurs Pic de la Mirandole, d’autres comme Giordano Bruno n’eurent pas cette chance. Parmi les nombreuses œuvres de Marsile Ficin, son exégèse sur le Banquet de Platon et amore, ainsi que son ouvrage de limine  sont restés à la postérité, on notera enfin qu’il s’est beaucoup inspiré de Dante et sa Divine Comédie.

Pourquoi faire une relation entre Marsile Ficin, le Pérennialisme, la Tradition Primordiale et la Franc-Maçonnerie. Simplement à cause de son intérêt pour la philosophie grecque de Platon et Pythagore, le néoplatonisme de Plotin, l’hermétisme et l’alchimie. Il dirigea et inspira cette académie de Florence, à un moment où le christianisme était dominant et qu’il s’était accordé avec la philosophie d’Aristote le meilleur élève de l’Académie de Platon. Alors que Platon voyait une certaine unité entre l’esprit et la matière, comme voie d’accès à la Connaissance. Aristote se distingua par sa méthode séparant matière et esprit, pour Aristote l’ordre matériel du monde est mesuré et organisé par la raison. Alors que tout ce qui touche au spirituel est plus intime, plus individuel et donc non mesurable par l’extérieur, grossièrement une voie de la raison associée à la science et une voie de l’esprit associée à la sagesse.

Marsile Ficin était proche dans sa pensée de l’évangile de Saint-Jean, de Plotin, de l’hermétisme et de l’alchimie on pourrait oser de ce qui allait inspirer la Franc-Maçonnerie spéculative, mêlant esprit et matière, vertus, sciences humaines et transcendance spirituelle. Je dirais équerre et compas ou encore les outils symboliques des petits mystères, et les vertus associées aux grands mystères, une forme d’ascension spirituelle, comparable aux hypostases plotiniennes.

Alors que la méthode aristotélicienne faisait peu d’ombre à l’église, séparant mieux matière et esprit, ce n’était pas le cas du platonisme et encore moins du néoplatonisme. Les grands mystères ésotériques étaient réservés aux penseurs et érudits initiés qu’ils soient laïques ou religieux. Ils étaient aussi les ferments de cette Tradition Primordiale, pérenne susceptible de traverser le temps et l’espace. Marsile Ficin peut nous apparaître dès lors en phase avec cette pensée universelle. Ne mettant aucune limite à sa recherche de la Vérité et de la Connaissance, il étudie les textes de la philosophie grecque et les ésotérismes religieux, ainsi que la Bible. Dans cette recherche de la vérité, il n’en reste pas moins comme Pic de la Mirandole un fervent catholique, démontrant que la philosophie universelle, la Tradition Primordiale n’a rien d’incompatible avec la foi religieuse, il en est de même pour les Francs-Maçons qui savent faire la différence entre foi religieuse et foi maçonnique.

C’est l’art de l’architecture et de la construction, qui expriment le mieux l’alliance entre Raison et Spiritualité. Guy Piau, ancien Grand Maître de la Grande Loge de France et 33èmedegré du R E A A dans une conférence consacrée à Marsile Ficin en Février 1992 écrit :

« Depuis l’antiquité, l’architecture est considérée comme le sommet de l’art. C’est le noble art qui permet, celui qui permet d’exprimer et d’exalter la beauté et l’harmonie. »

Cet art de la construction, ce symbolisme de la construction, construction des temples intérieurs, de ce temple qu’est l’homme qui se perfectionne, pour être en capacité de recevoir la lumière de la Connaissance et de la Vérité, élever son temple vers la vertu pour pouvoir contempler un jour l’Un. Le symbolisme de la construction du temple de Salomon Roi de Sagesse et de Justice n’a donc pas été choisi par hasard par les rédacteurs des rituels maçonniques émaillés par les mythes et les légendes qui sont exemplaires pour donner un sens à la vie des hommes de bonne volonté. Construire des temples à l’Universel.

Guy Piau toujours dans la même conférence écrit à propos de Marsile Ficin : « Pour lui l’architecture et la philosophie sont pleinement liées à l’exaltation de l’archétype universel de l’artiste qui est en l’homme dans sa vérité entre « le ciel de l’esprit » et la « terre du manifesté ». La partie la plus haute de l’homme est-elle celle ou se cache sa flamme artistique là ou se développe son intuition et son imagination qui lui fait vivre et créer des choses plus hautes et belles que lui.

Académie de Marsile Ficin à Florence

Guy Piau nous propose aussi cette citation de Marsile Ficin extraite de son commentaire sur le Banquet de Platon : « Si quelqu’un veut savoir comment la forme corporelle peut ressembler au concept de l’âme et de l’esprit et à la notion de raison, qu’il considère la construction d’un architecte. Celui-ci commence par concevoir une notion de l’édifice, comme une idée dans son âme. Puis il fait bâtir autant que possible l’édifice qu’il a imaginé. Qui peut refuser à l’édifice une certaine existence corporelle et nier qu’il ressemble à l’idée incorporelle de l’architecture à l’initiation de laquelle il a été bâti. » Ce qui constitue et fait vivre l’unité spirituelle, la tradition unique primordiale ne peut être que le lien d’amour commun à toutes les traditions, « l’amour qui meut le soleil et les autres étoiles ». Le lien d’amour est ce qui relie l’homme à son créateur, l’homme à tous les hommes de toutes les traditions et toutes les traditions à la Tradition Primordiale cette terre et ce ciel commun où se dissolvent les différences pour ne faire qu’un centre d’union fraternel.

Disserter, vivre sans cesse l’Amour, c’est reconnaître cette Tradition Primordiale pérenne dans le temps et l’espace être un fidèle d’amour.

On ne parle à mon avis pas assez dans nos Loges de la filiation entre de tels hommes comme Marsile Ficin et la Franc-Maçonnerie.

Je termine cette réflexion d’aujourd’hui avec Guy Piau Frère et poète fin connaisseur du florentin. « Nous pouvons comprendre que Marsile Ficin place l’Amour à l’origine de l’Univers, bien avant la création du monde, car il est de soi parfait. L’Amour est la clé de l’univers. Il accompagne en tout le chaos mais s’enfuit aussi du chaos afin d’illuminer les ténèbres… »

Ainsi, vous ne vous demanderez plus qu’elle est le mystère, la clé de la Franc-Maçonnerie, ni pourquoi autant de femmes et d’hommes y sont fidèles et persévérants, et pourquoi cette belle dame de 300 ans et plus est toujours aussi belle, parce qu’elle est fondée sur l’Amour fraternel, qui l’Amour inconditionnel du monde et de l’autre.

                                             Jean-François Guerry.

 

À SUIVRE …

Note : Les citations et les textes qui figurent dans cet article sont tirés du livre de Guy Piau Franc-Maçonnerie et Hauts Grades paru en Janvier 2023 aux Éditions Numérilivre…

 

Fritjof Schuon

Fritjof Schuon

RÉFLEXION : Analogies entre Pérennialisme et Franc-Maçonnerie- Part VIII- Conclusion temporaire.

 

Après cette courte réflexion, il y a lieu peut-être de renvoyer dos à dos les mystiques dogmatiques et les modernes existentialistes ? Les partisans de l’Orient qui serait un idéal spirituel et les partisans de l’Occident inconditionnels de la raison.

Souvent certains occidentaux, sont fascinés par l’Orient, sans doute une attirance sans mesure pour un exotisme spirituel idéal, parangon d’une pureté originelle. S’il existe quelques territoires peu peuplés comme le Tibet, le Bhoutan en Asie ou encore en Amazonie d’autres minorités qui même rassembler ne peuvent revendiquer une universalité et encore moins une supériorité spirituelle.

L’occidental qui au milieu de sa vie, au midi de sa vie commence un travail sur lui-même et regarde l’héritage légué par ses ancêtres peut revendiquer une spiritualité élevée. Il lui suffit parfois simplement d’ouvrir la fenêtre de sa maison, pour contempler la pâleur de la lune et les myriades d’étoiles propices à son élévation spirituelle, comme le soleil à son lever au point du jour, annonçant l’apparition de la grande lumière. Orient et Occident forment l’unité de l’univers, pourquoi n’y aurait-il pas une unité spirituelle, une unité primordiale, une religion universelle.

Suivons la pensée de Frithjof Schuon : « Pour en revenir au fond de la question : on peut dire que l’Occident moderne est « dévié » tandis que l’Orient traditionnel est « décadent ».

Il reste donc à l’homme occidental certaines qualités héritées de sa tradition et l’homme oriental résiste en tant que véhicule de sa tradition. L’homme occidental, raisonnable à une tendance à l’oubli de l’essentiel, de son essence, tandis que l’homme oriental vit partiellement sous l’hypnose de l’absolu. Et si le Franc-Maçon homme libre et ouvert à la recherche de la Vérité et la Lumière était une incarnation une conjugaison de ces deux hommes. Ou au moins à la recherche de la construction de cet homme fait de matière et d’esprit et espère se perfectionner.

Ainsi F. Schuon nous interroge : « Si l’homme oriental, du fait de son traditionalisme, était cet homme totalement supérieur que d’aucun ont imaginé, il ne se moderniserait pas avec un zèle si démesuré…inversement, si l’occidental, du fait de sa modernité, était un homme à rééduquer de fond en comble, il ne s’intéresserait pas à l’art et la spiritualité de l’Orient…Le problème, ou la solution, n’est pas une réforme de l’Occident par l’Orient, c’est une réforme du monde entier par la Vérité tout court et ceci n’est possible que part l’intermédiaire du Très haut, à laquelle nous devons participer sur notre plan. Car aide-toi et le ciel t’aidera. »

Cette recherche de la Vérité, de l’harmonie cette quête de la Connaissance est le chemin du Franc-Maçon, perfectionnement de l’homme, élévation de sa spiritualité pour une action « hic et nunc »,maintenant et sans délai, ici et maintenant. Le Franc-Maçon grâce son travail et sa persévérance dans sa construction s’élève. Il devient un humble chevalier d’Orient et d’Occident, un soldat de l’universel, conscient qu’il existe une Tradition primordiale, une forme de religion universelle centre d’union fraternelle sans limite. Dis autrement jadis il y a plusieurs pièces dans la maison de l’éternel. Chacun à sa pièce, il suffit d’avoir la clé pour ouvrir sa porte, le Chevalier du Soleil a la clé. F. Schuon évoque le fait que nous nous trouvons dans l’âge de fer ou sombre qui affecte toute l’humanité sans distinction ténèbres d’où sortira la Lumière par révélation et par apocalypse, il reste toujours après l’espoir l’espérance. Si nous constatons l’absence d’unité, la collision entre des mondes qui ne se comprennent pas, dans ce monde clivé, composé d’archipels qui consacre le règne de l’individualisme. L’Orient est-il sensé venir au secours de l’Occident, mais quel Orient ? Celui des dictateurs, des despotes, qui utilisent les religions de leur pays elles-mêmes complices, comme en Russie, en Inde, en Iran, en Turquie doit nous interroger.

Les extrémismes poussent à l’ombre des arbres des religions qui sont souvent incapables d’éliminer ces nématodes (petits animaux) qui pourrissent les racines et les branches, en détournant le meilleur de leurs vertus, dont celle de la tolérance et de la fraternité.

Inversement, quel Occident ! Cet Occident où l’intelligence est mue par la raison, par la critique poussée parfois jusqu’au déraisonnable. Un Occident qui engendre les confusions et les amalgames allant jusqu’à refuser l’éducation au fait religieux, susceptible d’ouvrir l’esprit aux hommes de bonne volonté et combattre l’ignorance, qui fait le lit aux extrémistes.

F. Schuon écrit : « Comme si la faculté rationnelle était toute l’intelligence, et la seule intelligence. » Faut-il dès lors espérer le retour d’une forme de Théosophie, Théosophie dont il est utile de rappeler la définition : doctrine ésotérique du divin, fondée sur la contemplation de l’univers et l’illumination intérieure. En résumé, une alliance du croire et du savoir, de la foi et de la raison, du combat contre l’ignorance, le fanatisme et l’ambition. C’est, le croire et savoir des grecs antiques comme : Pythagore et ses nombres sacrés, Platon son monde des idées, Aristote le maître du savoir, Plotin et son élévation spirituelle et aussi la loi d’Amour du christianisme. Cette Théosophie, est proche de la philosophie perennis. On retrouve la même démarche en Orient avec le Vedanta en Inde recherche de l’unité. On ne peut ignorer aussi, que l’ésotérisme d’Islam est aussi une voie de la Connaissance et de l’Amour.

Le Pérennialisme, la Tradition Primordiale, la philosophia perennis, la Franc-Maçonnerie présente donc des analogies avec ces pensées, on peut oser parler d’une voie spirituelle universelle permettant à l’homme de se construire, pour aller plus loin, plus haut sur le chemin de la spiritualité.

                                            Jean-François Guerry.    

F Schuon, R Guénon
F Schuon, R Guénon
F Schuon, R Guénon
F Schuon, R Guénon

F Schuon, R Guénon

 

 

Les dimensions de la Loge et l’universel maçonnique 25 février, 2023

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Qu’entend on lorsque l’on parle des dimensions de la Loge ? Pourquoi faut-il passer de la Géométrie sans limites à la philosophie temporelle pour revenir enfin dans le champ du sacré intemporel? Comment allier universalité, unité et diversité dans une seule pensée ?

La méthode maçonnique est en effet riche de ces polysémies nées en son sein, de ces correspondances qui toutes tendent vers l’universalité. L’universalité à son tour en vient à se confondre avec l’idée d’Unité. Voici un travail d’ouverture pour la conscience des francs-maçons qui permettra de superposer soi à une loge qui par ses décors illustre et met en scène dans un seul modèle archétypal la totalité cosmogonique et l’unité originelle.

 On retrouvera au centre de ce travail l’idée d’une croix tridimensionnelle, schème directeur de tout bâti sacré destiné à recueillir la Lumière, déjà largement illustré dans les précédents articles de ce blog.

Que veulent dire les dimensions de la Loge ?

Ne peut-on y voir qu’au-delà de l’aspect géométrique, la Franc-Maçonnerie affirme son universalité, à travers le temps et l’espace.

À travers un sujet qui paraît simplement géométrique au premier abord, je me suis aperçu finalement que « les dimensions de la Loge » recouvraient bien d’autres perspectives. En effet, l’instruction au premier degré au REP, nous apprend que la Franc-maçonnerie est universelle. Voyons comment s’exprime cette universalité à travers le temps et l’espace.

Cette instruction du premier degré nous apporte des réponses aux questions suivantes :

Quelle forme de votre loge avait-elle ? Un carré long

De quelle longueur était-elle ? De l’orient à l’occident.

De quelle largeur ? Du midi au septentrion.

Quelle était sa hauteur ? Du zénith au nadir. Des pieds et des coudées sans nombre.

6 directions et 3 axes [i] :

 


[i] Voir « la Geste du Maitre » et « Les Tableaux de Loge des Maîtres » Edition du Maçon 2020 – 2021

tridimensionnelle

croix tridimensionnelle en loge au REP

_________________________________________________________

Ainsi que le font voir ces questions et ces réponses, la forme de la Loge est déterminée (un carré long), tandis que ses dimensions, se confondant avec l’univers, ne le sont pas. Cette description, dans ce qu’elle a de formel, concorde effectivement avec la forme matricielle de toutes les Loges, petites ou grandes. La loge est un contenant qui produit un contenu axial illimité. Ainsi par extension symbolique, l’univers serait issu d’une Grande Loge travaillant sous le maillet du Grand Architecte de l’Univers.

Pour les francs-maçons, héritiers des tailleurs de pierre et bâtisseurs de cathédrales, le « lieu de travail » a la forme d’un carré long, en rapport avec le nombre d’or et la qualification de l’espace, carré aux dimensions incommensurables dans six directions qui sont : l’orient, l’occident, le nord, le sud, le nadir et le zénith. Ces directions sont en conformité avec la réalité de la construction du monde cosmique, monde qui est le lieu géométrique contenant ce que décrit comme étant les sphères célestes en perpétuel mouvement: la « musique des sphères » suggérant l’harmonie de l’univers. C’est d’ailleurs la raison de la présence de la voûte céleste étoilée , avec ses constellations et son pivot: l’étoile Polaire. Véritable point fixe dans l’éternelle circumambulation, elle est justement et symboliquement placée au zénith de la pensée maçonnique.

Les rituels rappellent que la Franc-maçonnerie est universelle. Elle est universelle parce que l’Humanité est une, mais chaque être humain est unique par sa singularité et sa destinée. N’y a-t-il pas ici un paradoxe que seuls les francs-maçons peuvent résoudre?

Dans ce cas posons nous la question : « Quelle signification peut avoir le mot Universel ? » Universel, vient du mot latin « universalis », dont les racines, Unus : Un et Versus : dans la direction de, évoquent au premier degré l’idée de « orienté vers l’unité », signifie donc relatif « au tout ».

                L’Universalité de la Franc-maçonnerie n’est pas une simple question de forme, mais bien une question de fond. En laissant de côté les lois physiques, on peut, sans risque de se tromper, considérer que le terme Universel définit donc l’Humanité dans son ensemble.

Le respect constant des traditions, malgré la diversité des Grandes Loges de tous les pays, malgré la variété des Loges qui les composent, malgré la variété des Frères de toutes origines, de toutes nationalités, de toutes croyances et de toutes opinions qui les animent, assure à l’ordre maçonnique son caractère universel et permet à tous les francs-maçons de se reconnaître entre eux comme Frères.

Ces règles traditionnelles de bons sens sont notre ciment et notre lien. Sans être dogmatiques, elles sont à la fois d’ordre moral et d’ordre pratique. Elles fixent dans ses grandes lignes la vie des Loges, et assignent à tous nos Frères des impératifs moraux intangibles. Elles permettent à la Franc-maçonnerie de constituer ce vrai centre d’union où se rencontrent fraternellement des hommes qui, sans elle seraient demeurés perpétuellement étrangers les uns aux autres.

La Franc-maçonnerie est vaste, complexe et riche de ses différences. L’hétérogénéité des obédiences n’enlève rien à l’universalité qu’elle prône. La Franc-maçonnerie est universelle par son état d’esprit. Les rituels pratiqués sont différents, mais les symboles eux, sont identiques.

Le Franc-maçon a la possibilité de se grandir en construisant un monde meilleur ; il éveille sa conscience et acquiert la liberté intérieure. Le Franc-maçon est épris de sagesse, de générosité, d’humanité, de rectitude. Il doit s’affranchir de ses préjugés et de toute entrave à sa liberté de pensée. Il essaie de vivre en harmonie avec les autres en évitant autant qu’il peut les querelles.

La Franc-maçonnerie est aussi une école de vie, un chemin spirituel de prédilection, une démarche de libération. Si la Franc-Maçonnerie se qualifie comme universelle c’est donc qu’elle possède cette faculté, de par ses Constitutions, ses Rituels et sa méthode d’être acceptable par tous les Hommes et d’être, par conséquent, en adéquation avec la Nature Humaine.

Affirmer une universalité basée sur l’indifférence vis-à-vis des races et des origines ainsi que sur la neutralité à l’encontre des croyances semble donc consister à privilégier l’innée de la nature humaine. C’est la seule façon, assurément, par le recours à la raison, de favoriser la prise de conscience de l’appartenance au tout cosmique en même temps qu’à la communauté humaine. Cette prise de conscience combine un oubli certain de soi à la reconnaissance de l’autre. Il s’agit d’un dépassement qui ouvre donc sur l’universel de la nature humaine et qui, de ce fait, autorise l’avènement de l’altérité, précurseur de la Fraternité. Corollaire de ce sentiment apparait l’amour de la Justice et de la Beauté ; signes de l’harmonie entre les hommes. C’est là que réside le cœur de l’universalité de la Franc-maçonnerie.

A notre époque où le temps manque, où le temps n’a plus le temps d’être, dans l’élan frénétique vers nulle part, vers ailleurs, ou vers un Au-delà, l’entendement de l’espace-temps sacré exige la faculté de synthèse, autrement dit une intelligence et une raison de cœur. La maçonnerie apporte une vision d’un espace-temps qualitativement différent qui constitue le fondement, l’objet et le sujet de l’initiation à une autre vie, à une vie harmonieuse rythmée par le temps cosmique, à une vie dans la réalité.

Notre Temple est devenu une image du Cosmos et en même temps une image de l’Homme lui-même. Un espace et un temps sacré. Une relation entre le ciel et la terre, Dieu et ses créatures.

L’action simultanée et collective des Initiés rend chaque Franc-maçon solidaire de tous ses Frères proches ou lointains dans le temps et dans l’espace. Car la Franc-maçonnerie est effectivement universelle dans le temps et dans l’espace ; elle noue entre ses adeptes un lien puissant et incomparable, parce qu’elle les unit non par le respect d’une discipline extérieure, matérielle ou morale, mais par les fibres mêmes de leur vie intérieure, par le sentiment et la réflexion librement désirée et consentie.

La méthode maçonnique est aussi une symbolique qui ne contraint la pensée de personne, le symbole n’impose rien, il suggère, il éveille ; chacun y voit ce qui correspond à sa nature profonde et tous y puisent leur inspiration.

La vocation de la Franc-maçonnerie est de rassembler et d’unir tous les Hommes de bonne volonté, libres et de bonnes mœurs, dans un idéal de recherche et de perfectionnement moral et intellectuel.
Dans ce but, elle pratique une méthode de pensée faite de complète et entière liberté, qui s’offre à tous sans distinction d’origine, de classe ou de confession.

C’est l’ensemble de ses conceptions, de ses moyens, de ses démarches, qui confèrent à la Franc-maçonnerie le caractère indiscutable d’universalité.

L’Universalité est peut-être la raison qui permet à l’homme d’aller au-delà de lui-même, s’affranchissant des dogmes qui limitent notre liberté de percevoir la profondeur et la richesse du réel. L’Universalité maçonnique s’appuierait sur une conscience libre et fertile, qui assimile et fusionne avec l’ordre de l’univers. C’est ainsi que la conscience de l’universel et de l’incommensurable en nous, permet de rassembler les diversités humaines pour enfin y découvrir l’Unité qui s’y cache…

Th:. M:.   - R:.L:. « Les Cherchants Ecossais » O:. de Hyères -

 le 16/02/2023

SOURCE  :  https://www.ecossaisdesaintjean.org/2023/02/les-dimensions-de-la-loge-et-l-universel-maconnique.html

KSl

LA FRATERNITE MAÇONNIQUE EST-ELLE UNE UTOPIE ? 21 février, 2023

Posté par hiram3330 dans : Contribution , ajouter un commentaire

LA FRATERNITE MAÇONNIQUE EST-ELLE UNE UTOPIE ?

Réflexions | 10 février 2023 |

 

 

 

Partager les ressources du Web, voilà ce que j’espère vous amener.

C’est le cas pour cet article intitulé « La Fraternité est elle une utopie ? » publié sur le blog « Forum des Forums« . C’est une réflexion sur ce lien qui nous unit tous, ou qui devrait nous unir tous. La Franc-Maçonnerie y est très attaché et ce n’est pas un hasard si nous nous côtoyons entre Sœurs et Frères.

 

Découvrez ce texte :

Fraternité, un mot qui orne les frontons de nos édifices publics, l’un des plus beaux de notre vocabulaire, mais, à dire vrai, que recouvre-t-il, qu’en est-il de la fraternité de nos jours ? Est-elle véritablement pratiquée de par le monde et l’a-t-elle jamais été, parvient-elle à fédérer les peuples, à polir les mœurs, à unir les hommes, où n’est-elle, hélas ! qu’une belle utopie ? Poser la question, c’est déjà tenter d’y répondre, aussi je compte sur mon groupe fidèle de visiteurs pour reprendre la balle au bond et élargir le propos que je vais essayer d’initier de mon mieux.

Au commencement l’idée de fraternité était conjointe de l’idée de filiation. Nous étions frères parce que nous étions fils, les fils de Dieu. Pour la raison que nous étions les enfants d’une grande famille, une famille qui se déployait sur la terre, unie par un semblable destin, nous nous devions naturellement aide et secours. Le Père, qui avait donné la vie par amour, était le ciment de cette fraternité universelle. Les hommes bénéficiaient tous du même don à l’origine : leur nature humaine et sa dimension spirituelle. De là, la force particulière que prenait dans la pensée chrétienne les notions de dignité humaine et d’égalité entre les hommes. Non qu’on ne puisse nier les inégalités circonstancielles, mais ce qui unissait alors les sociétés était la recherche d’un bien commun, ce qui signifiait qu’une cité, qu’un pays étaient des organisations unifiées par une finalité identique, à la fois celle de chacun et celle de tous.  » La cité est une communauté de semblables, et qui a pour fin la vie la meilleure possible  » – écrivait déjà Aristote dans Politique ( VIII, 7 ).

LA FRATERNITE MAÇONNIQUE EST-ELLE UNE UTOPIE ? dans Contribution fraternityfrancmaconnerie

Le Nouveau Testament n’allait faire qu’amplifier le sentiment de respect et de sollicitude qu’il nous était recommandé de vouer à autrui, cet être qui ne devait pas être considéré comme autre mais comme proche, un prochain que l’on avait le devoir d’aimer comme soi-même. La notion de fraternité n’était donc pas limitée à la fratrie familiale mais à la fratrie humaine dans son ensemble, c’est-à-dire à tous les autres, eu égard à leur ressemblance avec nous-mêmes. Nous n’étions plus seulement des semblables mais des proches. Ainsi la communauté humaine était-elle envisagée comme une communauté d’amour qui s’adressait à des personnes.

Puis, les temps ont changé et, du communautaire, nous sommes passés, après la Révolution française, au collectif. Dieu était mort ou moribond, et les fils, n’ayant plus de Père, n’avaient plus de frères, mais des contemporains, des égaux, des semblables. La société des hommes était relayée par la société des citoyens. Cependant, contre toute attente, le mot de fraternité fut conservé, bien que celui de solidarité eût mieux convenu et semblait mieux adapté à cette idée neuve de communautarisme, ce qui laissait sous-entendre que la vie de la personne devait progressivement s’effacer derrière le collectif. Au lieu d’être tournées les unes vers les autres, les sociétés portaient leur regard vers l’œuvre commune, au point que la communauté d’amour devenait une communauté d’intérêt qui s’adressait à des individus et était, par la force des choses, plus sélective. Nous verrons d’ailleurs apparaître et fructifier les associations, les cercles, les groupes, les corporations, les confréries etc.

Néanmoins, l’idée de fraternité ne disparaitra jamais pour trois raisons : d’abord parce qu’elle est en soi une aspiration profonde de chacun vers cet autre qui peut être, tout autant, le semblable que le différent, l’inconnu que le familier, le proche que le lointain ; ensuite, parce qu’elle est le lien qui relie ce que la vie tente de séparer et, enfin, parce que ce qui fonde la fraternité n’est, ni plus, ni moins, ce que l’on partage : la famille, la patrie, les souvenirs, le passé. Nous savons tous qu’un peuple disparait lorsqu’il n’a plus de mémoire, qu’un être meurt quand il n’a plus de souvenir. Davantage que sur un avenir possible, la fraternité s’établit, se construit, s’érige sur un passé commun. C’est la traversée du temps qui noue les liens et les renforce. Cette fraternité-là existera quoiqu’il arrive dans le temps et hors du temps. Elle sera, tour à tour, une fraternité de douleur ou une fraternité d’espérance, ni tout à fait utopique, ni tout à fait réelle.

 

Fraternité, un mot qui orne les frontons de nos édifices publics, l’un des plus beaux de notre vocabulaire, mais, à dire vrai, que recouvre-t-il, qu’en est-il de la fraternité de nos jours ? Est-elle véritablement pratiquée de par le monde et l’a-t-elle jamais été, parvient-elle à fédérer les peuples, à polir les mœurs, à unir les hommes, où n’est-elle, hélas ! qu’une belle utopie ? Poser la question, c’est déjà tenter d’y répondre, aussi je compte sur mon groupe fidèle de visiteurs pour reprendre la balle au bond et élargir le propos que je vais essayer d’initier de mon mieux.

Au commencement l’idée de fraternité était conjointe de l’idée de filiation. Nous étions frères parce que nous étions fils, les fils de Dieu. Pour la raison que nous étions les enfants d’une grande famille, une famille qui se déployait sur la terre, unie par un semblable destin, nous nous devions naturellement aide et secours. Le Père, qui avait donné la vie par amour, était le ciment de cette fraternité universelle. Les hommes bénéficiaient tous du même don à l’origine : leur nature humaine et sa dimension spirituelle. De là, la force particulière que prenait dans la pensée chrétienne les notions de dignité humaine et d’égalité entre les hommes. Non qu’on ne puisse nier les inégalités circonstancielles, mais ce qui unissait alors les sociétés était la recherche d’un bien commun, ce qui signifiait qu’une cité, qu’un pays étaient des organisations unifiées par une finalité identique, à la fois celle de chacun et celle de tous.  » La cité est une communauté de semblables, et qui a pour fin la vie la meilleure possible  » – écrivait déjà Aristote dans Politique ( VIII, 7 ).

Le Nouveau Testament n’allait faire qu’amplifier le sentiment de respect et de sollicitude qu’il nous était recommandé de vouer à autrui, cet être qui ne devait pas être considéré comme autre mais comme proche, un prochain que l’on avait le devoir d’aimer comme soi-même. La notion de fraternité n’était donc pas limitée à la fratrie familiale mais à la fratrie humaine dans son ensemble, c’est-à-dire à tous les autres, eu égard à leur ressemblance avec nous-mêmes. Nous n’étions plus seulement des semblables mais des proches. Ainsi la communauté humaine était-elle envisagée comme une communauté d’amour qui s’adressait à des personnes.

Puis, les temps ont changé et, du communautaire, nous sommes passés, après la Révolution française, au collectif. Dieu était mort ou moribond, et les fils, n’ayant plus de Père, n’avaient plus de frères, mais des contemporains, des égaux, des semblables. La société des hommes était relayée par la société des citoyens. Cependant, contre toute attente, le mot de fraternité fut conservé, bien que celui de solidarité eût mieux convenu et semblait mieux adapté à cette idée neuve de communautarisme, ce qui laissait sous-entendre que la vie de la personne devait progressivement s’effacer derrière le collectif. Au lieu d’être tournées les unes vers les autres, les sociétés portaient leur regard vers l’œuvre commune, au point que la communauté d’amour devenait une communauté d’intérêt qui s’adressait à des individus et était, par la force des choses, plus sélective. Nous verrons d’ailleurs apparaître et fructifier les associations, les cercles, les groupes, les corporations, les confréries etc.

Néanmoins, l’idée de fraternité ne disparaitra jamais pour trois raisons : d’abord parce qu’elle est en soi une aspiration profonde de chacun vers cet autre qui peut être, tout autant, le semblable que le différent, l’inconnu que le familier, le proche que le lointain ; ensuite, parce qu’elle est le lien qui relie ce que la vie tente de séparer et, enfin, parce que ce qui fonde la fraternité n’est, ni plus, ni moins, ce que l’on partage : la famille, la patrie, les souvenirs, le passé. Nous savons tous qu’un peuple disparait lorsqu’il n’a plus de mémoire, qu’un être meurt quand il n’a plus de souvenir. Davantage que sur un avenir possible, la fraternité s’établit, se construit, s’érige sur un passé commun. C’est la traversée du temps qui noue les liens et les renforce. Cette fraternité-là existera quoiqu’il arrive dans le temps et hors du temps. Elle sera, tour à tour, une fraternité de douleur ou une fraternité d’espérance, ni tout à fait utopique, ni tout à fait réelle.

 

SOURCE  :  https://www.gadlu.info/la-fraternite-maconnique-est-elle-une-utopie/

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Un médecin et ancien homéopathe révèle la passion pour la franc-maçonnerie de Samuel Hahnemann, père de l’Homéopathie 12 février, 2023

Posté par hiram3330 dans : Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Un médecin et ancien homéopathe révèle la passion pour la franc-maçonnerie de Samuel Hahnemann, père de l’Homéopathie

 
La Rédaction

Par La Rédaction
7 février 2023
Un médecin et ancien homéopathe révèle la passion pour la franc-maçonnerie de Samuel Hahnemann, père de l’Homéopathie dans Recherches & Reflexions samuel_Hahnemann

De notre confrère portugais portaluz.org – Portaluz/ Dr. Emília Vlckova

Le Dr Emilia Vlcková est pédiatre. Elle-même a été pendant des années adepte de l’homéopathie, mais elle en connaissait les conséquences. Dans cet article de sa paternité, elle révèle des détails peu connus du père de l’homéopathie. « Je fais cette contribution parce que je voulais souligner l’essence spirituelle cachée de l’homéopathie. Beaucoup de médecins n’en ont aucune idée. »

Il est essentiel de connaître la personnalité et les principaux travaux du Dr Samuel Hahnemann, qui a été celui qui a découvert les principes de cette méthode. Depuis la mort de ce médecin controversé, personne n’a apporté de changements significatifs à ses méthodes de traitement. 

Christian F. Samuel Hahnemann était le fils d’un peintre sur porcelaine à Meissen en 1755. Il était un élève très talentueux et eut bientôt l’opportunité d’étudier à l’école du prince Sankt Afra. En plus du français, il a également étudié l’anglais, le grec et le latin à tel point qu’il a pu plus tard gagner sa vie en traduisant (car il était l’un des étudiants les plus pauvres). À l’âge de 20 ans, il a commencé à étudier la médecine à l’Université de Leizpig. Il poursuit ensuite ses études à Vienne pendant deux ans au même endroit que le célèbre docteur Von Quarin. Il fait la connaissance du baron Samuel Von Brukenthal qui l’engage comme médecin de famille et bibliothécaire. Le franc-maçon Von Brukenthal l’a introduit dans une loge maçonnique où il a commencé à l’âge de 22 ans. Il a appris quelque chose sur le déisme (un enseignement qui dit que Dieu existe, qu’Il est la cause originelle du monde, mais qu’Il n’intervient pas dans le développement ultérieur du monde – le monde se développe selon ses propres lois – ndlr). Il termine ses études en rédigeant une thèse dans laquelle il mentionne pour la première fois le fondateur du soi-disant magnétisme animal, Anton Mesmer, personnage bien connu à cette époque. Après avoir terminé ses études, Hahnemann, déjà médecin, s’installe à Hettstedt, puis à Dassau, où il épouse Henriette Kuchler, la fille du pharmacien local. En raison d’échecs dans l’exercice de sa profession, il s’éloigne de plus en plus de la médecine. Cependant, son activité de traduction était passionnée. Lors de la traduction des articles pour Materia Medici du scientifique anglais Cullen, Hahnemann a critiqué la façon dont Cullen comprenait les effets de l’écorce de quinine. mais qu’Il n’intervient pas dans le développement ultérieur du monde – le monde se développe selon ses propres lois – ndlr). Il termine ses études en rédigeant une thèse dans laquelle il mentionne pour la première fois le fondateur du soi-disant magnétisme animal, Anton Mesmer, personnage bien connu à cette époque. Après avoir terminé ses études, Hahnemann, déjà médecin, s’installe à Hettstedt, puis à Dassau, où il épouse Henriette Kuchler, la fille du pharmacien local. En raison d’échecs dans l’exercice de sa profession, il s’éloigne de plus en plus de la médecine. Cependant, son activité de traduction était passionnée. Lors de la traduction des articles pour Materia Medici du scientifique anglais Cullen, Hahnemann a critiqué la façon dont Cullen comprenait les effets de l’écorce de quinine. mais qu’Il n’intervient pas dans le développement ultérieur du monde – le monde se développe selon ses propres lois – ndlr). Il termine ses études en rédigeant une thèse dans laquelle il mentionne pour la première fois le fondateur du soi-disant magnétisme animal, Anton Mesmer, personnage bien connu à cette époque. Après avoir terminé ses études, Hahnemann, déjà médecin, s’installe à Hettstedt, puis à Dassau, où il épouse Henriette Kuchler, la fille du pharmacien local. En raison d’échecs dans l’exercice de sa profession, il s’éloigne de plus en plus de la médecine. Cependant, son activité de traduction était passionnée. Lors de la traduction des articles pour Materia Medici du scientifique anglais Cullen, Hahnemann a critiqué la façon dont Cullen comprenait les effets de l’écorce de quinine.

Grâce à ses expériences, il est venu avec l’homéopathie. Dès lors, il a travaillé sans relâche sur des tâches de recherche pour définir les résultats du nouveau principe de guérison. En 1796, il publie son célèbre essai sur le nouveau principe de découverte des vertus curatives des substances médicinales et mentionne pour la première fois le principe homéopathique similia similibus curentur (comme guérit comme).

Immédiatement après, il y a eu une dispute entre les spécialistes de la médecine scolastique car ils ont catégoriquement rejeté cette méthode de traitement. Malgré sa grande aversion, Hahnemann fit un doctorat supérieur à l’université de Leipzig où il enseignait l’homéopathie depuis 1811. Parallèlement il était médecin généraliste et réussissait à guérir les gens de manière extraordinaire selon les témoignages de ses disciples. Dans son ouvrage “Organon thérapeutique” publié en 1810, il décrit l’origine et la manière de réaliser les principes de son traitement.

Samuel Hahnemann

Samuel Hahnemann, Fondateur de l’Homéopathie

À Leipzig, Hahnemann s’est retrouvé mêlé à une discussion sur les pharmaciens en raison de l’administration indépendante de médicaments à leurs patients. Interdit de fabriquer des médicaments, il se rendit à Kothen où il put exercer ses activités de médecine alternative sous la protection du duc. Ici, il a eu une période tranquille dans sa vie qu’il a consacrée au développement de l’homéopathie. Les articles du bulletin de l’empire allemand furent un grand moyen de diffusion de l’homéopathie. L’éditeur de ce bulletin était Rat Becker, un autre franc-maçon.

Malgré son âge avancé, Hahnemann a perfectionné son art de guérir. Il a également étendu le deuxième principe de l’homéopathie au-delà de la limite du mesurable, c’est-à-dire le principe de dynamisation ou d’autonomisation. A cette époque, il recommandait aux gens de ne pas prendre de médicaments mais de “sniffer juste un peu”. Déjà veuf à 80 ans, il épouse une peintre française de 35 ans, Mélanie d’Herville, et ils s’installent à Paris. Ici, ils ont formé un groupe d’homéopathie dans un centre extra-hospitalier. Il mourut le 2 juillet 1843.

Organon de l’art de guérir

En 1810, Hahnemann publie à Leipzig l’Organon of Rational Therapeutics. Plus tard, il a été traduit sous le titre d’Organon de l’art de guérir ou d’Organon de la médecine. Dans cet ouvrage, il a laissé incarner les fondements de la philosophie et de la méthodologie du traitement homéopathique. Dans le prologue de sa sixième édition, il critique la médecine allopathique de l’époque, et propose un nouvel art de soigner – l’homéopathie – c’est-à-dire la méthode qu’il a inventée. Il l’a défini comme une méthode de traitement complètement différente des méthodes allopathiques. Il a affirmé que les maladies étaient causées simplement par un trouble de l’énergie spirituelle qui réactive le corps humain. L’utilisation du bon remède homéopathique peut provoquer un changement dynamique et spirituel et réajuster l’état du patient. Il a administré de petites doses de ses médicaments à ses patients. Il a affirmé que la vieille école, la médecine classique est à l’opposé de l’homéopathie, de la même manière que la nuit s’oppose au jour.

Hahnemann a critiqué les principes de la médecine allopathique parce qu’elle essaie de trouver les causes de la maladie et donc d’éliminer sa cause. Cependant, il a affirmé que la plupart des maladies avaient une origine spirituelle; par conséquent, sa cause ne pouvait pas être connue par les sens humains. Il a insisté sur le fait que les causes des maladies n’étaient pas de nature matérielle. Il considérait même que les observations faites par les anatomistes, les pathologistes et les psychologues étaient toutes l’œuvre de la simple imagination. Il a insisté à plusieurs reprises sur le fait que les causes des maladies n’étaient pas de nature matérielle. Il ne croyait pas au transfert matériel d’une infection, par exemple à une plaie ou à la peau. Il pensait que les opinions sur l’origine et l’essence des maladies étaient incorrectes. Il croyait que la maladie dans l’organisme humain était causée et entretenue uniquement par l’énergie dynamique spirituelle. Hahnemann faisait référence à la sagesse et au bon Créateur qui lui ont permis de découvrir cet art de soigner l’homéopathie. Il pourrait sembler qu’il était un chrétien croyant. Mais quelles sources théologiques se cachent derrière tout cela ?

Si Hahnemann professait le christianisme, alors nous pourrions chercher une justification pour ses théories spirituelles dans la Parole de Dieu, dans les Écritures. Cependant, la vérité est au contraire. Hahnemann a rejeté les bases de l’Evangile, y compris Jésus-Christ. Dans sa lettre à son disciple Stapf (Brief an Stapf, Kothen 1830), il écrit :

« Je considère le fait que nous lisons Confucius aujourd’hui comme un signe important de notre époque. Bientôt je l’embrasserai dans le royaume des âmes heureuses. J’embrasserai le bienfaiteur de l’humanité qui nous guidait sur le droit chemin vers la sagesse et vers Dieu, six siècles et demi avant le rêveur.

Según esas afirmaciones de mal gusto de Hahnemann, ese soñador fue Jesús de Nazaret quien aparentemente no llevó a Hahnemann por el camino recto de la sabiduría, y fue quién quiso luchar al lado de los pecadores y publicanos por el arduo camino del Reino de Dios en la terre. Cet homme de douleur, qui a parlé au brigand sur la croix, est inacceptable pour Hahnemann. C’est en fait une insulte pour ceux qui aiment la sagesse ésotérique (A. Fritsche, “Hahanemann – Die Idee der Homeopatie”, “VI édition, p. 264).

La passion de Hahnemann pour la franc-maçonnerie

samuel2 dans Recherches & Reflexions

Il y a un fait tragique et inaliénable évident : Hahnemann il a construit sa connaissance selon la religion naturelle qui était répandue à cette époque.De sa jeunesse jusqu’à sa mort, il fut un fidèle adepte du déisme susmentionné. Son travail considérable (articles et manuscrits) ainsi que son affiliation précoce à une loge maçonnique révèlent son attitude spirituelle authentique.

Quelle est l’opinion actuelle sur l’Organon ? Aujourd’hui encore, l’homéopathie est pratiquée sur les mêmes principes qu’au temps d’Hahnemann. Les adeptes de cette méthode pensent que leurs opinions sont toujours vraies. Cependant, presque tous évitent les mots métaphysiques de Hahnemann et oublient que sans les idées spirituelles de son fondateur, le fonctionnement de l’homéopathie est incompréhensible. Ils suppriment les explications originales basées sur le spirituel et les remplacent par de nouveaux termes “scientifiques”. Jusqu’à présent, près de deux cents ans plus tard, aucune preuve naturelle ou scientifique basée sur des résultats de recherche n’a été démontrée pour expliquer les principes de base de l’homéopathie.

Essais cliniques et enregistrement de médicaments homéopathiques

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Aucun des essais cliniques soigneusement conçus n’a réussi à tester de manière fiable l’efficacité des médicaments homéopathiques. Dans la prestigieuse revue médicale Lancet (vol 344 – 1994), le Dr Reily, homéopathe, a présenté une étude sur l’efficacité des médicaments homéopathiques dans le traitement des rhumes allergiques. Il a affirmé que les médicaments homéopathiques étaient plus efficaces que le placebo. Cependant, dans le numéro suivant de cette revue (vol. 345 -1995), un article a été publié indiquant que cet essai comportait des erreurs importantes qui pourraient complètement fausser ses résultats.

En 2002, le British Medical Journal (vol. 324) a publié un essai clinique randomisé contrôlé en double aveugle par Lewis et al : L’utilisation des puissances ultramoléculaires des allergènes pour traiter les personnes asthmatiques allergiques aux acariens. Deux cent quarante-deux asthmatiques ayant eu une réaction positive aux acariens ont participé à l’essai. Cependant, aucune différence n’a été établie entre les résultats d’un groupe utilisant des placebos et un autre utilisant des médicaments homéopathiques.

En 2003, le British Journal Clinical Pharmacology a publié une étude de Brien, Lewith et Bryant sous le titre : L’homéopathie ultramoléculaire n’a pas d’effets cliniques observables. Il s’agit d’un essai en double aveugle, randomisé et contrôlé par placebo de Belladonna 30C. L’objectif de l’essai était d’établir si la dilution de Belladonna 30C diffère dans ses effets du placebo. Cependant, les résultats n’ont pas confirmé de différence significative entre les deux groupes examinés. Au cours de l’essai, 37 effets indésirables ont été enregistrés, dont deux graves – un mal d’oreille sévère qui pourrait être lié à l’utilisation du médicament homéopathique Belladonna.

Je tiens à souligner que les expériences ci-dessus ont été publiées dans des revues étrangères qui ne sont pas facilement accessibles aux médecins dans leur pratique habituelle. Je n’ai trouvé aucun essai clinique dans les revues médicales slovaques. Dans les travaux de Lullman Pharmacology and Toxicology (Grada 2002) on peut lire :
« Un groupe d’experts de la Commission européenne a décidé en 1996 que les médicaments homéopathiques devaient être soumis aux mêmes conditions de test que celles utilisées en médecine scientifique et que leur efficacité et leur innocuité devaient être testées dans les mêmes conditions (études cliniques contrôlées). Cependant, selon le point de vue actuel de nos autorités, le “succès” de certaines méthodes d’importance périphérique (à laquelle appartient l’homéopathie) ne peut être jugé que par le personnel exécutant la méthode respective. C’est un contre-argument qui contredit toute méthode scientifique critique.”

Par conséquent, les médicaments homéopathiques (en apparence considérés comme des médicaments) échouent dans leur attribut fondamental, c’est-à-dire leur efficacité prouvée. Dans les pays de l’Union européenne, les médicaments homéopathiques sont enregistrés même sans une telle efficacité. A l’inverse, dans les pays où l’efficacité doit être prouvée lors de la procédure d’enregistrement (par exemple la Norvège), il n’y a pas de médicaments homéopathiques enregistrés. En Slovaquie, les médicaments homéopathiques ont été enregistrés de 1991 à 1993 à l’Institut de recherche sur les médicaments et sont généralement disponibles en pharmacie. Son efficacité est jugée par l’homéopathe de service….

Point de vue des sociétés médicales professionnelles

Le conseil médical permanent de la Communauté européenne (qui regroupe les organisations médicales des pays de l’UE) classe l’hémopathie comme une méthode dont les principes ne sont pas scientifiquement justifiés. A Belgirate (Italie) en 1992, des dirigeants de sociétés pharmaceutiques européennes avaient une vision négative de l’homéopathie. Sur la base de l’analyse des principes homéopathiques et des études cliniques, de nombreux professionnels des entreprises médicales n’ont pas accepté l’homéopathie comme une méthode amateur déraisonnable. La Société homéopathique slovaque n’appartient pas aux sociétés médicales expertes. L’homéopathie en Slovaquie ne peut être pratiquée qu’en tant que « pratique de guérison ».

conclusion

Lorsque j’ai participé aux stages de formation en homéopathie, je n’étais pas tenu d’avoir un diplôme ou un diplôme de médecine. L’homéopathie n’est pas une discipline médicale d’étude et n’est donc pas couverte à l’université. Cette cure n’est pas une cure lege artis (selon les recommandations des méthodes scientifiques). Si les médecins ne tiennent pas compte des méthodes de guérison scientifiquement recommandées et prescrivent un traitement homéopathique, ils pourraient être poursuivis pour cela. La Société slovaque d’homéopathie accepte officiellement les médecins et les pharmaciens, mais uniquement pour le fait qu’elle souhaite s’établir dans le secteur médical. Mais jusqu’à présent, il n’a pas atteint son objectif (à cause de sa méthode non scientifique).

Je fais cette contribution parce que je voulais souligner l’essence spirituelle cachée de l’homéopathie. Beaucoup de médecins n’en ont aucune idée. Diverses formulations pseudoscientifiques sont utilisées dans les cours de formation : énergie vitale, information, etc. Les médecins qui étudient en profondeur l’homéopathie commencent par pratiquer la méthode EAV, la médecine chinoise, etc. Ils peuvent tomber dans les pièges de l’occulte. Leurs points de vue commencent peu à peu à changer, et il n’est pas facile de s’en affranchir…

SOURCE  :  https://450.fm/2023/02/07/un-medecin-et-ancien-homeopathe-revele-la-passion-de-s-hahnemann-pour-la-franc-maconnerie-du-pere-de-lhomeopathie/

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Si Versailles (maçonnique) m’était conté 19 janvier, 2023

Posté par hiram3330 dans : Contribution , ajouter un commentaire

Si Versailles (maçonnique) m’était conté

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Il est des légendes tenaces qui résistent à la vérité historique. L’une d’entre elles est celle qui voudrait faire croire que la royauté a été mise à bas par la Franc-maçonnerie, qu’elle a préparé et fomenté l’état républicain par l’organisation d’un complot ourdi dans ses Loges et qu’elle a donné à la République la devise « Liberté-Egalité-Fraternité ». 

Puisque nous somme à Versailles, commençons par chercher à savoir ce qu’est réellement cette mystérieuse Franc-maçonnerie dont on parle tant autour du roi Louis XV, le Bien-aimé, dont on dit qu’elle fourmille de membres autour de la personne royale et dont le roi, ce qui se dit en le chuchotant de bouche à oreille, en ferait même partie !

Parmi les nouvelles formes de comportement social, dont les célèbres « salons » furent la plus connue, apparaît en France au début du XVIIIe siècle une société de sociabilité étrange, celle des Frey Maçons ou Francs-maçons , comme il se dit le plus souvent. Elle serait venue des terres d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande.

Et l’on dit que là-bas des membres éminents de la famille royale en feraient partie ! On ne sait pas encore grand-chose d’elle quand les premières loges se forment en France vers 1725.

On avait entendu dire, qu’il y a une cinquantaine d’années, des militaires des régiments écossais et irlandais se réunissaient dans des réunions très secrètes, appelées « Loges » ; et qu’ils y pratiquaient des cérémonies très mystérieuses.

Mais on ne savait rien de ces réunions. Ils étaient venus renforcer la garde dite « écossaise » du Roy Soleil, avec le roi d’Angleterre, d’Irlande et d’Ecosse, Jacques II Stuart, déchu de son trône, en 1688, exilé en France à Saint-Germain-en-Laye et désireux de le reconquérir.

Mais le roi déchu Jacques II était mort en 1701 après une nouvelle défaite de ses partisans sur le sol anglais ; son propre fils, le prince Charles-Edouard, dit « Bonnie », allait quitter la France en 1748 avec ses régiments après sa défaite définitive dans les marais de Colluden, en Ecosse, le 16 avril 1746. Ce que l’on commence à savoir de cette société anglaise, c’est qu’elle a pour membres des gens de classe sociales élevées ; pas d’ouvriers, de petits bourgeois ni d’artisans. Bizarre cette société : ritualiste (elle a des cérémonies étranges, on dit que ses membres se revêtent de tabliers baroques et s’appellent entre eux « Frères » et « initiés »), très attachée à la hiérarchie mais pas à celle de l’ordre social ; on dit que ses Loges évoquent et exaltent les vertus et les mérites civiques, l’égalité entre les hommes, ou … du moins, entre ses membres, et exhortent les Frères à s’élever à la morale, à la spiritualité et à la philosophie !

Le bon Roy chrétien ferait-il partie de cette société, certes brillante mais mystérieuse par les secrets qu’elle impose à ses membres ? Eh bien oui, le roi Louis XV est initié en 1745. Peut-être, dit-on, sous l’influence toute récente de la belle Mme de Pompadour dont la curiosité était piquée par cette société de gens bien et peut-être en piquait-elle aussi pour certains de ces beaux gens de bien ! Pour se faire recevoir de Franc-maçon, le bon Roy a attendu la mort du cardinal de Fleury, en 1743, car il tenait cette « cabale » en méfiance du fait de son origine anglaise et de la présence de protestants dans ses Loges qui côtoient les bons sujets catholiques, misère ! Ce que l’on sait, de source sûre, c’est que la Loge de Louis XV, existe bien dans le château de Versailles et qu’elle s’appelle « La Loge des Petits Appartements du Roy » ou, en abrégé « La Loge de la Chambre du Roy ». 

Elle a été créée le 20 octobre 1745, peut-être pour la réception du Roy. Ce n’est pas tout, il y aussi dans le palais, une autre Loge « La Loge du Roy » ou « Loge Royale », à ne pas confondre avec « la Loge de la Chambre du Roy ».

Et elle aurait même été créée avant 1739, donc avant celle de la « Chambre du Roy » pour permettre à ses proches de pratiquer ce que l’on appelle aussi « l’Art Royal ».

C’est beau ! C’est dire si la Franc-maçonnerie a droit de présence auprès du Roy et jouit naturellement de ses faveurs ! Et qu’y trouve-t-on dans cette Loge ? Les plus grands noms de cette époque et tous très proches du Roy, les ducs de Richelieu et d’Antin, le comte de Noailles, le maréchal de Saxe, les princes de Tingry et de Soubise, ainsi que, il se dit, les ducs du Croÿ et de Luynes, et tant d’autres célébrités encore. Et ce n’est pas tout ! Trois autres Loges se constituent à la Cour pour des Grands de la Cour ; elles portent les noms de « La Militaire des Trois Frères Unis », le 7 septembre 1775, « Le Patriotisme », 17 février 1780 et « La Concorde », le 17 janvier 1782.

En dehors de ces Loges du Château, Versailles bourgeonne de Loges en ville. On en comptait dix avant la révolution. Citons, dans l’ordre chronologique de leur création, celles qui y furent en activité avant la Révolution et dont les noms évoquent de manière si touchante leurs quartier de réunion, leurs buts ou leurs références historiques ou spirituelle : la Loge « La Parfaite Union », fondée en la bonne ville de Versailles, un 24 juin 1747, jour de la fête de Saint-Jean Baptiste, par maître Collandières, tailleur du Roy ;

Une Loge bien connue de plusieurs de nos Frères, « Saint-Louis des Croisades », constituée le 17 ou le 27 juin 1758, en faveur d’un certain Danthiau probablement Louis Danthiau, horloger, dont une pendule était placée dans les appartements intérieurs du Roy, et dont la particularité était que la différence de dilatation de l’acier et du cuivre dont elle était composée la faisait se hausser et baisser une lentille, le balancier pouvant ainsi être utilisé comme thermomètre naturel ;

 la Loge « Saint-Jean et Saint-Philippe », fondée le 1er mai 1759, par un certain Crosnier, marchand de bois ; la Loge « Saint Nicolas », créée le 8 octobre 1759 par Jean-François Etienne Bressier duquel on sait pas grand-chose ; la Loge « Saint-Louis-Saint Jean des Frères Réunis », constituée le 20 janvier 1766 en faveur de Jean-Baptiste Arnaud, peut-être le magistrat à la cour d’Aix, venu à Versailles avant la Révolution ;

la Loge « Militaire Écossaise du Génie », fondé elle aussi un 24 juin, celui de 1766, par un certain Etienne-Nicolas Calon, ingénieur des camps et armées du Roi, dont le nom pourrait indiquer qu’elle avait dans ses rangs des militaires écossais ou irlandais (on les appelait alors aussi « écossais »), venus avec le roi Jacques II Stuart se réfugier dans le bon royaume de France, du temps du roi Louis XIV, pour repartir à la reconquête de son trône perdu ;

la Loge « Saint-Jean de la Concorde », constituée en mars 1768, par Jean Bobigny, architecte au baillage de Versailles ; la Loge « Saint-Jean de la Réunion », constituée le 14 février 1782 pour un certain Leleu ; la Loge « Saint-Jean de Mars et Bellone », constituée le 7 juillet 1783, par Maxime du Perrier, maçon de Versailles, inspecteur des « frotteurs » du Château, de son état ; la Loge « Saint-Jean du Parfait Accord », constituée le 9 février 1784 par Joseph-Charles Martigue, agent des troupes suisses et commis de la Surintendance.

Au citer de ces quinze Loges, dont la plupart disparurent dans la tourmente révolutionnaire … avec leurs membres (il y en aura encore beaucoup d’autres créées à partir du XIXe siècle), il est aisé de constater que Versailles fut, avant la Révolution, un foyer actif de Franc-maçonnerie et que cette société avait plus que simple droit de cité dans la ville royale. 

Et après Louis XV ? Eh bien, tous les rois de France, pour ne parler que d’eux, puisque nous sommes à Versailles, jusqu’au dernier, furent membres de l’honorable société des Francs-maçons ! Les Bourbons Louis XVI, Louis XVII, reçu comme « louveteau », c’est-à-dire fils de Franc-maçon, le comte de Provence, futur Louis XVIII, initié en 1784, en même temps que son Frère, le comte d’Artois, futur Charles X, Louis-Philippe d’Orléans.

On pense que la Loge dite « Militaire des Trois Frères », prit le nom de « Loge des Trois Frères Unis », après la Révolution, pour remémorer qu’elle réunissait ces trois frères Bourbons de sang et Frères en Maçonnerie. Et puisqu’on parle de sang et de Révolution, la vérité oblige à dire que les Loges furent interdites et les Maçons cruellement persécutés, bien que les Loges aient eu plus de rapports avec la vie morale, spirituelle, sociale ou intellectuelle qu’avec l’action politique.

Ce fut le cas en particulier sous la sinistre Convention de 1793 et cela même avant son régime de la Terreur.

Les gardes suisses de la Maison Militaire du Roi, dont de très nombreux d’entre eux étaient Francs-maçons et avaient une Loge appelée « Guillaume Tell », furent massacrés le 10 août 1792, aux Tuileries et dans les rues adjacentes où ils furent systématiquement pourchassés et taillés en pièces sur place, les survivants furent tués lors des massacres de septembre et le reste, guillotiné ; leur Loge « Guillaume Tell », réveillée après la Terreur sous le nom de « Centre des Amis », si familière à nos Frères, fut dévastée ; les Loges s’endormirent quand elles ne furent pas détruites physiquement et matériellement.

Le nombre de Frères qui furent décapités, dont le Roy Louis XVI et son cousin Philippe d’Orléans, Grand Maître de la Franc-maçonnerie française, royalistes ou simplement parce qu’ils étaient Francs-maçons, fut très considérable. C’est pourquoi, la légende des Loges organisatrices du complot contre la monarchie, remplies d’idéologues impitoyables et de républicains révolutionnaires assoiffés de sang, ne tient pas.

Quant à la devise de la République, c’est la sienne ! De simple « Liberté-Egalité » en 1789, elle fut complétée par « Fraternité », apparue sur les drapeaux des fédérés lors de la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790. Elle ne doit donc aucunement son origine à la Franc-maçonnerie, comme on le prétend souvent. 

Aujourd’hui, les Francs-maçons de Versailles sont fiers de porter en eux ce riche patrimoine historique et maçonnique ; et, si l’on appelle parfois « Art Royal » la Franc-maçonnerie, nous autres comprenons et assumons ce que cela veut dire, quelles que soient nos opinions politiques, mais simplement comme hommes respectueux d’un noble héritage, même s’il fut tragique.

A Versailles, Samedi 10ème du IIIème mois de l’an 6014 (V. L.), 10 mai An de Grâce 2014.

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Merci mon F:. Pierre pour ce partage …

LE MYTHE DU BREVET MAÇONNIQUE 8 janvier, 2023

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LE MYTHE DU BREVET MAÇONNIQUE


L’un des sujets les plus fréquents de contentieux et de procès divers, notamment au sein de la franc-maçonnerie française, est la question des brevets. On a vu, maintes fois, des Obédiences ou Juridictions de Degrés Supérieurs récemment créées – par division ou par essaimage » – à l’initiative de membres « régulièrement » initiés dans les divers degrés que ces structures qu’elles prétendaient contrôler de manière indépendante, se mettent en quête, souvent douloureux et tumultueux, du « brevet » qui seul, selon eux, et selon d’autres, pouvait légitimer leur travail.

LE MYTHE DU BREVET MAÇONNIQUE – Publié  par Victor Guerra Garcia sur son blog LA FRANC-MAÇONNERIE DU XXI SIÈCLE– Blog dédié à la réflexion maçonnique dans une perspective critique

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 Le sujet n’est pas nouveau et a donné lieu à certains des épisodes les plus pittoresques de l’histoire de la franc-maçonnerie, bien que parfois aussi les événements les plus déchirants, qui incluent la France, mais se produisent également sous d’autres latitudes.

  Cependant, un rapide rappel historique éclaire d’emblée cette question, sur laquelle je voudrais donner ici quelques indications, en plus d’autres considérations que je me réserve de compléter de manière beaucoup plus approfondie dans un livre paru il y a quelque temps : MÉMOIRE ET AVENIR.

 Qu’est-ce qu’un brevet ?

D’où vient cette idée qu’un document appelé Patent « Warrant » – en anglais – est indispensable pour que l’œuvre maçonnique soit parfaitement indiscutable, du moins devant la loi, sinon dans les faits ?

 Il faudrait ici se référer à toute l’histoire de la notion juridique sur la notion de « brevet », car c’est de là que tout vient.

 Dans le droit ancien, une lettre patente  (Letters Patent) était un acte public (lat. patère : « être ouvert ») par lequel le roi conférait un droit, un statut ou un privilège à ceux qui dépendaient de son autorité. Ce document s’opposait à la Lettre fermée ou en français à la lettre de cachet (scellée !) qui n’était adressée qu’à son destinataire, et pas forcément pour l’emprisonner !

 Comme vous l’aurez compris, le brevet était un instrument juridique par lequel une autorité civile permettait à une personne, un groupe de personnes ou une institution d’exercer une certaine activité, le bénéficiaire reconnaissant d’autre part la suprématie du brevet – et admettant , le cas échéant nécessaire, qu’il peut aussi décider de le retirer : on le voit, il ne s’agit que d’une procédure de soumission politique…

 Le brevet maçonnique

Quand le brevet est-il apparu en franc-maçonnerie ? Une fois de plus, et comme à maintes reprises, c’est en Angleterre que tout a commencé.

 À partir de 1721 et avec l’arrivée du premier noble comme Grand Maître de la Grande Loge de Londres, Jean 2e duc de Montagu, les loges étaient presque toujours dirigées par un haut aristocrate. La Grande Loge, soucieuse d’asseoir son autorité, qui reposait sur des bases traditionnelles, du moins pour les moins faibles, inventa en même temps la notion de « régularité », qui signifiait alors simplement : « être sous une autorité connue dont les règlements sont suivie ». , et le brevet en était la manifestation officielle. [1]

 Ces mêmes coutumes et usages ont été suivis en France dès que la Grande Loge a commencé son voyage, bien plus tard, et non sans peine, elle a commencé à vouloir imposer son autorité aux loges du royaume.

 En tout cas, le point le plus intéressant était que justement cette délivrance de brevets donnait lieu au paiement d’une chancellerie…

 Aujourd’hui, toutes les loges anglaises ont des brevets… sauf ceux qui dérivent des quatre loges considérées comme fondatrices en 1717 (il n’en reste que trois), dont on dit qu’elles datent de temps immémoriaux !

 La saga des faux brevets et les documents fondateurs apocryphes

On pourrait écrire un roman sur les brevets ornés par les fondateurs d’Obédiences ou de rites, avec l’idée de tenter d’établir – souvent contre toute évidence – qu’ils n’avaient rien inventé mais ne faisaient que transmettre « purement et simplement, une ancienne tradition ». dont ils avaient « régulièrement » reçu le dépôt, comme le montre précisément le « brevet », c’est-à-dire la « preuve publique » rapidement démontrée.

 Après tout, l’exemple est venu d’en haut et de loin, c’est-à-dire qu’il a été établi sur les fondations sur lesquelles la Grande Loge de Londres a été établie en 1717 (ou plus précisément vers 1721, prétendant remonter à 1717), du moins selon à Anderson. , en fait, il n’avait été que « réveillé », bien que ses Constitutions soient le résultat d’une refonte et dotées d’un plan et, surtout, d’un contenu complètement nouveau au moins en 1723, étant le dernier maillon de la longue chaîne de textes connus sous le nom de Old Charges, dont l’origine s’est perdue dans la nuit des temps : George Payne, réputé avoir été Grand Maître en 1720, n’avait-il pas montré le Manuscrit Cooke , datant d’environ 1420 ? Cela n’en valait-il pas la peine dans le cadre du « dépôt de fondation »

 Vient ensuite la longue liste des documents qui plus tard – bien qu’ils soient tous de faux manifestes, et parfois de manière éhontée, ou simplement des documents grossièrement altérés – ont servi de base et de justification originelle à de vénérables institutions ou rites d’aujourd’hui, assurant jalousement que rien ne devrait être fait ! sans brevet délivré, bien sûr par celui qui l’exprime ainsi !

 Je vous présente ici une liste non exhaustive, mais suffisante pour donner une idée :

 Le brevet Gerbier , réputé depuis 1721, apparu en 1785, est un faux manifeste comme Thory le pensait et l’affirmait déjà au début du 19ème siècle, cependant, le Chapitre du Dr Gerbier qui s’appuyait sur ce prétendu brevet en était pourtant un co-fondateur du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France !

 Le brevet de Martinès de Pasqually , daté de 1738, prétendument attribué par Charles Stuard, et qu’il exposa très tôt dans sa carrière pour ouvrir les portes des loges et imposer son Rite, qui devait avoir une influence décisive sur le RER, est d’une absolue invraisemblance, tant dans sa forme que dans son contenu.

 Le brevet Morin (1761) Il existait, mais les pouvoirs attribués à son bénéficiaire furent révoqués cinq ans plus tard par l’autorité qui l’avait délivré, ce qui ne l’empêcha pas d’être l’un des documents fondateurs de ce qui allait devenir, après les aventures improbables , dans la REAA.

 Les Grandes Constitutions, dites Grandes Constitutions de 1786, absurdement attribuées à Frédéric de Prusse, texte de référence de l’autorité de la REAA, sont un faux grossier inspiré d’un texte émis par la Grande Loge de France en 1763, scandaleusement plagié.

 L’aventure se poursuit à l’époque contemporaine. Ainsi, nos amis anglais, si exigeants en matière de « régularité », c’est-à-dire dans le respect des règles qui sont les leurs, et pas les autres, n’ont cessé de créer purement et simplement de nouveaux systèmes Side Degree qui, au 20ème siècle, nous appelons les diplômes supérieurs

 Et ceci pour ne citer que quelques notables, nous avons l’August Order of Light, créé en 1902, l’Ordre maçonnique des précepteurs de pèlerins en 1984, l’Ordre commémoratif de Saint Thomas d’Acre en 1998 et l’Ordre maçonnique d’Athelstan en 2005.

 Ces créations sont clairement des créations contemporaines, au demeurant très intéressantes et très intelligemment construites, et donc dépourvues de « brevets immémoriaux », leurs auteurs ont néanmoins ressenti le besoin de revendiquer, également, un « document fondateur », même de manière très vague et indirecte, par exemple, en mentionnant les « archives anciennes » de ceux qui auraient fait la découverte providentielle.

 Cependant, ces organisations ont été reconnues par la GLUA comme d’authentiques « Corps maçonniques » – car dans ce pays, ce sont elles qui donnent aux tribunaux le droit d’exister « régulièrement » – et, par exemple, on compte actuellement environ 5000 membres dans le « Tribunaux » (Cours) de l’Ordre d’Athelstan…

Le brevet maçonnique aujourd’hui en France

Le « brevet » en France, disons-le crûment, est souvent devenu un instrument pour gérer l’influence politique et le pouvoir affiché par une Obédience ou juridiction sur toutes les autres.

Cependant, en plus de toutes les considérations historiques évoquées plus haut, et qui relativisent largement la notion de brevet en franc-maçonnerie, certains cas conduisent tout simplement à différentes absurdités : par exemple, lorsqu’on demande – comme cela a été fait avec moi à plusieurs reprises, en les diverses responsabilités maçonniques que j’exerce ou ai exercées – un « Brevet d’émulation »

Ne semble-t-on pas mesurer à quel point une telle demande est grotesque ? D’abord parce que, à proprement parler, seul l’Emulation lodge à Londres pouvait le faire… et ils ne l’ont jamais fait. Cela lui attribue un « label », qui reconnaît en quelque sorte que telle ou telle loge suit le rituel défini par elle, mais si une loge, au sein de la GLUA, décide de travailler « Émulation avec quelques altérations » ( « Émulation avec quelques altérations »)   ou tout autre travail (travail) , bien sûr vous recevrez un brevet de la GLUA pour travailler les Degrés de Métier , c’est-à-dire les trois degrés de la Profession) sous son autorité, mais certainement pas le brevet d’un Rite – cette Emulation est pas pas du tout, au sens français du mot « Rite »

 Dès lors, de quel droit, en France, une quelconque autorité maçonnique attribuerait-elle un « Brevet d’émulation » ?

Mais allons plus loin. Lorsque René Guilly- (alias Désaguliers) et ses compagnons de route, en 1968, créent la LNF (Loge Nationale Française) rétablissant ainsi le Rite Traditionnel Français (RFT) selon les formes du XVIIIème siècle ; On peut se demander s’ils ont ressenti le besoin de déposer une demande de brevet GODF, qui n’aurait sans doute pas été accordée à cette époque, surtout pour une forme de Rite Français qu’ils n’avaient pas pratiquée depuis longtemps, et qui curieusement ira plus tard contre ses principes et pratiques les mieux établis, du GOdF.

Fallait-il donc que les Frères de la LNF soient interdits de leur refondation héroïque ?

Enfin, on pourrait étendre l’observation à tous les Rites : si les Frères – ou les Sœurs, évidemment – ​​ayant été reçus dans un ou plusieurs degrés d’un Rite, rappelant que, pour diverses raisons, ils ne peuvent plus les pratiquer dans le cadre d’une Obédience ou d’une Juridiction déterminée, ils décident de s’en débarrasser et de refonder une nouvelle structure, plus à leur avis, à tort ou à raison, selon les définitions originelles, une telle matière doit-elle être interdite car personne ne leur donnera de Brevet ?

C’est alors admettre que tout titulaire d’un brevet « reconnu », mais par qui ? – dont les origines lointaines sont souvent infiniment douteuses ou obscures. Peuvent-ils décider que désormais il faudra passer par là pour en obtenir un à l’avenir ? On voit vite à quelles conséquences absurdes ce type de raisonnement nous amène…

Laissant de côté certains aventuriers maçonniques contemporains, qui dans le droit commun seraient appelés des escrocs , puisqu’ils vendent à bon prix des brevets « indiscutables », mais lorsqu’une juridiction bien établie l’exige, reconnaître une nouvelle structure maçonnique qui souhaite pratiquer un rite qu’il prétend détenir, obtenir un brevet dessus et stipuler que le nouveau titulaire ne pourra le concéder à d’autres, ce qui n’a plus rien à voir avec la « régularité initiatique » et relève simplement de la volonté de puissance et de l’arrogance politique.

J’entends tout de suite l’argument qu’on peut opposer à cette vision des choses : « Mais alors, désormais, tout le monde peut faire n’importe quoi et le transmettre à n’importe qui, sans brevet ?! »

On peut y répondre de plusieurs manières : Premièrement, et pour commencer avec le sourire, quand on pose un regard un peu distant sur les us et coutumes du paysage maçonnique français, on se demande souvent si on ne fait pas déjà un peu de rien. Discret et protégé par d’innombrables brevets !

Alors, et plus sérieusement, ce n’est pas ce que j’ai dit, mais je le maintiens d’un point de vue traditionnel, au sens presque guénonien du terme, une fois n’est pas coutume – un groupe de Frères et de Sœurs qui ont été reçus dans un certaine mesure dans des structures généralement considérées historiquement fondées pour la communiquer, sont légitimes pour la transmettre à leur tour, avec ou sans brevet.

Et si demain ils décidaient de fonder un nouveau Rite et de créer de nouveaux grades, comme cela s’est fait, surtout en France, tout au long du XVIIIe siècle et comme les Anglais l’ont toujours fait et continuent de le faire aujourd’hui. – nous pourrons les reconnaître ou non, admettre leur existence ou non, mais nous n’aurons pas à leur demander de détenir un quelconque brevet pour légitimer leur action – ni même leur demander de reprendre leur création si nous le souhaitons (sauf s’ils l’ont déposée auprès de INPI!).

Enfin, la liberté n’exclut évidemment ni la rigueur ni la raison. Ce n’est pas parce que vous pouvez tout faire que vous devez tout faire. Il faut toujours s’efforcer de faire preuve de discernement et de bon sens dans toutes ses actions : ce sont malheureusement des qualités qui manquent souvent à la franc-maçonnerie.

Le brevet a été introduit dans l’univers maçonnique dans le but de contrôler les actions des autres. Or, la possession d’un brevet dans ce domaine n’offre que de faibles garanties, mais en tout cas elle n’a pas d’autre finalité. Si par contre on considère comme un critère d’authenticité traditionnelle, de « légitimité spirituelle » de pratiquer tel ou tel degré de franc-maçonnerie, alors on se trompe de sujet et on se trompe complètement.

Tous ceux qui, souvent avec génie, ont créé l’essentiel des grades qui composent notre univers maçonnique entre 1725 et 1760, au-dessus des grades d’apprenti et de boursier, l’ont fait sans autorisation ni brevet. Leur travail est le patrimoine commun et le patrimoine indivisible de tous les francs-maçons de bonne volonté, même si certains jugent utile de s’octroyer des brevets de légitimité exclusive.

Ce qui garantit la pratique la plus juste de la franc-maçonnerie, ce ne sont pas les brevets. C’est la sincérité, l’esprit de vérité, l’humilité, le travail persévérant et l’étude attentive et sérieuse de l’immense et passionnant patrimoine symbolique et rituel accumulé par les francs-maçons depuis trois siècles.

« C’est par mes œuvres que je montrerai ma foi. » Jacques, 2, 18 ans.

Tout un programme.

Jean-Pierre Duhal   5ème Ordre, Chevalier de la Sagesse, 9ème et dernier Degré du Rite Français des Modernes, Souverain Grand Inspecteur Général, 33ème du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Fondateur du Sublime Conseil « Provence et Fidélité », Membre Fondateur du Cinquième Ordre et Ancien Très Sage et Parfait Grand Vénérable de la Chambre d’Administration du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France. Membre de l’Académie Internationale du Cinquième Ordre de l’Union Maçonnique Universelle du Rite Moderne.

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Merci mon TCF:. Lionel pour ce partage

Maçonnerie et Bouddhisme 29 décembre, 2022

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Emission du 18 janvier 2004

Maçonnerie et Bouddhisme

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Serge Dekramer : Aujourd’hui, nous avons le plaisir de recevoir Jean-François Gantois, qui est maçon à la G.L.T.S.O. et qui est également bouddhiste.

Cette émission fait suite à celle du mois dernier où nous avons parlé de voie maçonnique et de voie soufi. Aujourd’hui, nous allons parler de voie bouddhiste et de voie maçonnique.

 

Jean-François Gantois, vous êtes un vieux maçon, je crois ?

Jean-François Gantois  : Depuis 35 ans.

 

S.D.  : Dites-nous quelle importance votre adhésion au bouddhisme a eu dans votre démarche maçonnique ou inversement ?

J.F.G.  : Je suis entré en maçonnerie parce que j’étais en recherche d’une voie spirituelle. J’étais en recherche d’une tradition pour une évolution intérieure, de part ma propre évolution, mais également physique, du fait des connexions qui se sont produites dans ma vie.

Mon entrée en maçonnerie m’a permis d’être prêt pour rencontrer le bouddhisme.

Je l’ai rencontré à Kagyu Ling, le Grand Monastère qui est en Saône-et-Loire, à la limite de la Nièvre.

Du fait de mon histoire personnelle j’avais des difficultés à accomplir des gestes religieux. Je devais dépasser ce barrage et je l’ai dépassé. Quand je l’ai eu dépassé, j’ai adhéré formellement au bouddhisme. C’est-à-dire que j’ai pris refuge.

 

S .D. : Nous avons le mois dernier parlé d’ésotérisme, et nous avons dit que toutes démarches ésotériques se rejoignent.

Entre la maçonnerie et le bouddhisme, il y a un point commun qui est l’absence de dogme.

Comment se passe la démarche bouddhiste, est-ce qu’elle s’appuie sur un rituel rigoureux comme en maçonnerie ?

J.F.G.  : Oui, il y a des rituels dans le bouddhisme, on dit plutôt le Dharma en tant que science de l’esprit.

Les rituels bouddhistes sont d’ailleurs extrêmement différents d’une école à une autre (comme en maçonnerie). Ils sont beaucoup plus importants et je dirais compliqués dans les écoles dites tibétaines, c’est-à-dire du Vajrayna (école à laquelle j’appartiens)   mais avant tout, c’est une science intérieure, comme   la maçonnerie.

Les enseignements du bouddha, les rituels et toutes les pratiques, y compris la gestuelle, les attitudes corporelles, ont pour but une évolution de l’esprit qui va nous permettre de réaliser notre propre nature ultime qui est notre nature de bouddha.

 

A.P.  : Est-ce que vous n’avez pas l’impression qu’en maçonnerie le contenu, la méthode, la tradition, est un peu estompée, alors que dans le bouddhisme elle est encore très vivante et c’est ce qui fait que beaucoup d’occidentaux se tournent vers l’Orient, alors que nous avons tout chez nous, si nous savions le décrypter !

J.F.G.   : La grande difficulté c’est celle de la transmission.

Est-ce qu’en Occident, notre richesse traditionnelle et spirituelle est bien transmise !

 

S.D . : C’est une grande question !

  Lorsque l’on parle de bouddhisme et que l’on réfléchit à l’origine même du bouddhisme, on s’aperçoit que ce qui est le plus important c’est cette notion de souffrance et de douleur dans laquelle l’homme se trouve et c’est cette souffrance et cette douleur qu’il faut éradiquer dit le bouddhisme.

Le Christianisme aussi parle de douleur et de souffrance.

 

J.F.G.   : Ce que le Bouddha enseignait c’est que dans notre vie tout est souffrance ou plus exactement on dit dans la tradition bouddhiste dukha qui implique la souffrance, le mal être, la non-plénitude de l’accomplissement de tous nos souhaits. Même nos joies comprennent en essence de la souffrance.

La méthode bouddhiste, c’est une méthode pour éradiquer définitivement toute possibilité de souffrance. Je dirais accessoirement en soi-même, ce qui n’est pas négligeable, mais d’une façon beaucoup plus large, beaucoup plus définitive pour tous les êtres.

Le plus grand cadeau que nous pouvons faire à tous les êtres c’est de réaliser notre propre nature de bouddha pour leur permettre de se libérer à leur tour, d’éradiquer à leur tour en eux-mêmes toute possibilité de souffrance.

 

A.P.  : Oui, tout à l’heure vous nous interrogiez pour savoir si en Occident, nous savions transmettre la Tradition. Il me semble qu’en maçonnerie elle est parfaitement transmise avec la différence peut-être qu’en Orient, il y a des Maîtres vivants qui parlent et qui s’adressent à leurs disciples, alors qu’en maçonnerie le Maître c’est le Rite. C’est le rite qui en différentes étapes sait ce que doit accomplir le Frère maçon et les paroles du Rite se retrouvent dans les rituels. On retrouve très exactement la méthode et l’ascèse que devraient suivre les Maçons. Peut-être sommes-nous moins disciplinés que l’Orient nous amène à l’être !

J.F.G.   : Il faut bien considérer que toute voix spirituelle, toute science de l’esprit et je considère que la Dharma, comme la Franc-maçonnerie sont tous les deux des sciences de l’esprit. Ce sont des outils, ce sont des méthodes. Il faut bien les appliquer.

Avec un maillet et un ciseau, on peut sculpter un chef d’œuvre ; on peut aussi défoncer la tête de son voisin.

Alors nos rituels sont-ils toujours bien appliqués, conformes à la Tradition. Nous tournent-ils vraiment vers la spiritualité et vers notre propre transcendance, c’est toute la question !

 

A.P.  : Ils le devraient.

J.F.G.   : Ils le devraient et incontestablement ils l’ont en eux.

 

S.D. : Je voudrais revenir sur cette notion de douleur, de douleur du désir finalement, de souffrance du désir. Devant son questionnement existentiel l’homme ne reçoit pas de réponse. Cette non-réponse crée en lui un manque. C’est ce manque qui crée le désir, le désir de vivre, le désir de Dieu.

Comment les choses se passent si dans la voie bouddhiste, on tue cette notion de désir ?

J.F.G.   : C’est que pour nous mettre en route, ici et maintenant, dans l’état où nous sommes, et nous sommes des ignorants pour les dharmas, nous avons ce que nous appelons la saisie dualiste qui nous fait saisir un moi stable, permanent, et autonome, radicalement différent des autres.

Tant qu’il y a cette saisie, nos désirs sont égoïstes. Ils visent à la satisfaction de notre ego ou à le protéger de ce qui peut l’attaquer, de ce qui peut le contrarier d’une façon ou d’une autre.

Ce sont des désirs qui ne mènent qu’à la souffrance et perpétuellement au renouvellement de cette souffrance.

Il y a aussi pour nous en sortir le désir de nous mettre sur la voie, de nous dépasser nous-mêmes, d’abandonner cette saisie dualiste, d’abandonner toutes espèces de référence égotique et de là à devenir ce que nous sommes déjà mais que nous ne reconnaissons pas, c’est-à-dire Bouddha.

 

A.P.  : Pour les apprentis, revenir à nous-mêmes c’est déjà savoir ce que nous sommes au départ ;   reconnaître que nous sommes duels, reconnaître que nous sommes des mécaniques et des automates et que nous agissons en fonction de notre ego. Petit à petit, à partir de cette connaissance de soi, se lève à l’intérieur, le Maître Architecte qui va prendre en main notre destinée et qui est plus nous-même que nous le sommes.

Les voies sont très identiques, peut-être avons-nous escamoté un peu la notion de souffrance, parce qu’elle était tellement reprise par l’église catholique qu’au XVIIIe siècle, quand on a voulu recréer la maçonnerie, on a atténué cette souffrance mais c’est bien la souffrance d’être un homme en vie vers son destin qui est plus important que nos misères.

J.F.G.   : Il y a beaucoup de convergences, de différents ordres entre le bouddhisme et la franc-maçonnerie. Je n’en voudrais citer que quelques-uns très rapidement et en particulier l’absence de dogme, ce sont deux voies spirituelles expérimentales qui sont complémentaires l’une de l’autre ; dans le Dharma, on n’a pas à adhérer à une doctrine.

On a à l’expérimenter pour déterminer si elle est juste ou non.

Le symbolisme en maçonnerie bien qu’issu entièrement de la Tradition judéo-chrétienne fait appel à une forme d’esprit qui n’est pas du tout aristotélicienne, qui ne repose pas sur le dilemme.

  A et B, sont semblables ou sont différents, il n’y a pas de 3 e terme.

On fonctionne d’une façon explicite dans le Dharma et   d’une façon implicite en Franc-maçonnerie sous le tétra lemme, c’est-à-dire qu’il y a 4 possibilités A et B sont :

semblables

ou différents

ou à la fois semblables et différents

ou à la fois ni semblables ni différents.

 

Cela crée une très grande ouverture d’esprit, une très grande possibilité, et je dirais qui est naturellement tolérante et non dogmatique.

 

S.D. : Il est clair que ce que nous enseigne la maçonnerie c’est que chaque chose contient son contraire en elle-même. C’est finalement, la confrontation de ces deux choses différentes opposées qui créent un troisième élément qui est l’unité. Est-ce qu’on retrouve la même chose dans la voie bouddhiste ?

J.F.G.   : Oui, en particulier Bouddha a enseigné la voie du milieu qui transcende en les réfutant, les deux extrêmes de l’éternalisme et du nihilisme.

Il y a toujours dans le bouddhisme un système ternaire, une troisième voie.

Il y a les trois Kayas, que l’on appelle les trois corps de Bouddha. Il y a les trois joyaux dans lesquels prennent refuge tous les bouddhistes de toutes les écoles, c’est-à-dire le bouddha, le dharma, son enseignement et la sangha, la communauté bouddhiste et les trois sont une seule et même chose indissociables. Le Bouddha est indifférencié de son enseignement et son enseignement est indifférencié du Bouddha lui-même et il en est de même pour la sangha.

 

A.P.  : Oui, nous sommes un homme lorsque nous sommes tout à fait indifférenciés de notre être intérieur et   de notre être extérieur .Les deux s’unissent et s’expriment au quotidien.

J.F.G.   : Tant que nous sommes dans la dualité, nous ne sommes pas dans cette indifférenciation mais le but, c’est précisément de dépasser cette dualité, de réaliser notre propre nature et à ce moment-là nous sommes dans une réalisation qui est au-delà de toute définition, qui est ineffable et qui n’est pas dépendante ni de cause extérieure à elle-même, ni de ses composantes.

 

A.P.  : En cela je retrouve la difficulté de nous comprendre même sur le chemin parce que les mots ont un sens différent pour chacun, en fonction de notre conscience. Si nous avons une conscience très élargie, nous avons une compréhension, et si nous avons une conscience restreinte, nous avons une compréhension restreinte sans le savoir. C’est pour cela que l’enseignement est un enseignement oral car il s’adresse à l’état exact de la personne dans lequel elle se trouve à ce moment-là.

 

S.D.  : Et cette démarche du bouddhiste, qui va vers une espèce d’illumination personnelle, qu’en est-il, si j’ose dire de l’illumination du monde. Est-ce que le processus du bouddhiste se réduit à sa propre démarche sur lui-même, à sa propre réalisation, quel est le rapport avec le reste du monde ?

J.F.G.   : Mon Cher Serge j’ai dit le contraire tout à l’heure, à savoir que le bouddhiste médite, approfondit sa voie, pour l’illumination du monde, bien avant sa propre illumination. On ne peut pas envisager de se libérer soi-même de l’illusion d’un ego stable, permanent, autonome, et oublier le monde.

Le Bouddha, la 1ière vertu transcendante Bodhi-Sattva, c’est-à-dire des êtres courageux, qui ont une réalisation spirituelle, c’est le don, la générosité, et ces êtres courageux font passer l’éveil de tous les êtres avant le leur propre et le bouddha nous a très souvent, dans différents sûtras, dans de nombreux enseignements, invité à considérer chaque être avec lequel nous sommes en contact, ne serait-ce que le plus petit insecte qui passera une seule fois dans notre champ visuel comme ayant été plusieurs fois notre mère dans une vie antérieure.

Aussi devons-nous rendre à tous les êtres la bonté que nous devons rendre aujourd’hui à notre mère de cette existence.

 

S.D . Comment prendre conscience que nous procédons du monde, de l’univers, si nous devons dissoudre notre moi !

J.F.G.   : Ce n’est pas dissoudre notre moi. Le Bouddhisme n’a jamais dit qu’il fallait éliminer l’ego sans cela la pratique du dharma mènerait à l’autisme et non pas à l’éveil. Ce qu’il dit c’est que nous devons essayer d’éliminer l’illusion d’un moi stable, permanent et autonome ou éternel. Ce n’est pas l’ego en tant que tel, l’ego qui fait que nous disons je, que nous signons des chèques, que nous avons une place dans la vie civile parmi nos concitoyens, c’est l’illusion de ce moi. Cette illusion qui fait que nous, nous sommes pas ceux que nous croyons être quand nous sommes dans la saisie dualiste.

 

A .P. : Nous sommes hypnotisés par l’extérieur et par le rôle que nous prétendons être. Nous faisons semblant d’être autre chose. Nous voulons paraître autre chose que ce que nous sommes. Ce que nous sommes est tout à fait à l’intérieur de nous-même. Tellement profond que nous ne savons même pas, c’est peut-être cela qu’il faut petit à petit éveiller, nourrir et faire grandir.

 

S.D . :   Est-ce qu’il n’y a pas une contradiction, une manière d’appréhender les choses entre bouddhisme et maçonnerie, à savoir que le bouddhisme considère le monde comme virtuel, comme une illusion, alors que la maçonnerie, me semble-t-il considère le monde comme une réalité. Comme une réalité tangible, qu’il faut améliorer en quelque sorte.

J.F.G.   :   Alors je crois que quand nous ouvrons les travaux en Loge nous avons des heures différentes, nous créons un monde, c’est-à-dire que nous sommes clairement dans un mandala. Nous fabriquons un mandala. Le monde, il est le résultat du regard que nous portons sur lui.

De même, avec les heures maçonniques, avec notre façon de travailler, nous créons un espace intermédiaire, c’est-à-dire un bardeau, ce que nous appelons un bardeau dans la tradition tibétaine.

Nous sommes tellement liés au temps, dans notre situation présente d’être illusionné, qu’un Grand Maître qui s’appelle Doguen, qui est un patriarche de la Fondation Zen, a écrit un ouvrage majeur le Shôbo-gen-gô dont un chapitre entier s’appelle l’être temps

La maçonnerie nous fait au contraire travailler sur ces notions et d’une façon convergente avec le bouddhisme mais la franc-maçonnerie a un certain nombre de principes, a une méthode, mais n’a pas de doctrine.

En revanche on trouve dans les deux, les quatre éléments, cinq dans le Dharma, puisqu’il y a l’élément espace, on trouve les directions de l’espace, on trouve la circumambulation, on circule dans le sens d’extro centrique autour des stupas et également l’ange ; on parle aussi beaucoup de la sagesse et la sagesse dans le bouddhisme c’est la réalisation de l’absence d’existence propre de soi et des phénomènes.

Il y a de multiples convergences qui font que bien que la maçonnerie, son symbolisme soit issu complètement du judéo-christianisme, elle est souvent plus proche dans son contenu initiatique de la tradition orientale.

 

S.D.  : Ce qui ressort de ce que vous dîtes c’est qu’il ne peut y avoir de démarche mystique, de démarche vers la transcendance si j’ose dire, si l’on ne crée pas un espace sacré ; un espace différent de l’espace du temps quotidien, c’est un peu ce que vous disiez à propos du mandala !

 

A.P.  : L’espace sacré, que nous représentons, en maçonnerie, dans nos Temples, est le centre comme dans les mandalas. Dans le bouddhisme et dans la maçonnerie l’espace sacré c’est nous. L’espace n’est pas sacré à l’extérieur, le Temple est un espace sacré que si nous sommes sacrés et si nous pouvons le rendre sacré. Par lui-même le Temple est un bâtiment, comme tous les autres bâtiments même s’il en est un lieu privilégié.

 

S.D.  : Nous arrivons au terme de cette émission, Jean-François Gantois, nous vous remercions très vivement.

J.F.G.  : Nous nous sommes rendus compte que nous étions nombreux à la fois maçons et bouddhistes et nous procédons à des études que nous éditons sous forme d’une petite lettre intérieure qui s’appelle la Lettre de l’Acacia et le Lotus.

https://www.acacia-et-lotus.org/

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ETRE FRANC MACON OU NE PLUS L’ETRE…. 15 décembre, 2022

Posté par hiram3330 dans : Bleu,Contribution,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

ETRE FRANC MACON OU NE PLUS L’ETRE….

 

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J’ai longtemps hésité à écrire cet article fleuve !
Je m’y résous dans le mesure où toute expérience est bonne à partager, pour autant qu’elle soit le reflet d’un vécu, exposé de manière sincère, réfléchie et non malveillante vis à vis de personnes qui pensent différemment.

Oui, j’ai été Franc Maçon.

De la manière la plus simple qu’il soit, je vous raconte comment c’est arrivé.

Un jour, une connaissance avec lequel j’avais lié d’amitié m’interpelle, se révélant comme étant lui-même Franc Maçon.
Appelons le « Jean » : il me dit en résumé : « J’apprécie beaucoup ton regard sur le monde qui t’entoure : je pense que tu es un Franc Maçon qui s’ignore »

J’écoutai ce qu’il avait à me dire…ou me proposer.

De mon côté, il est vrai, j’avais (et ai toujours) une soif de dialogue ouvert sur toutes les questions qui concernent notre existence et nos relations aux autres.
J’écoutai ce qu’il avait à me dire, sans aucun à priori, ni pour, ni contre.

Je me contentai ensuite de lui témoigner mon intérêt, sous réserve que

J’écoutai Jean pendant un très long moment, qui se termina par sa proposition d’être mon « parrain » si je décidais de franchir le pas de ma candidature à envoyer, par son intermédiaire, au « Président » de sa Loge, faisant elle-même partie du GODF
(Grand orient de France)

Je pris longuement le temps de la réflexion, avant de lui répondre de manière positive.
Je revis Jean pour lui remettre ma lettre de candidature.
Il précisa que je serais contacté par différents « enquêteurs » pour trois rendez vous distincts en mon domicile…( pourquoi pas ?)

Quelque deux mois plus tard, je reçu la visite de 3 personnes, qui ne déclinèrent pas leur identité (par discrétion, disaient t’ils…) et qui m’interrogèrent, de manière fort courtoise sur :

Au bout de quelques mois encore, Jean m’informa que j’étais attendu tel jour, telle heure, à tel endroit…

Que de mystères !
Arrivé sur place, en bordure de ville, bâtisse aussi sombre que son quartier, je fus introduit dans une grande salle où l’on me pria d’attendre…

J’eus tout le temps de découvrir les lieux : grandes tables, chaises, bar/cuisine, tableaux, écriteaux divers…

Des bruits me parvenaient, laissant supposer qu’une réunion se passait aux étages supérieurs, auxquels on accédait par un grand escalier en marbre.

Après un certain temps, une personne, fort courtoise, m’invita à le suivre.
En haut des escaliers, il me mis un bandeau sur les yeux, et me pria à nouveau d’attendre : les brouhahas entendu précédemment avaient plus ou moins cessé.

N’y voyant rien, je fus introduit et guidé dans une salle, au centre de laquelle m’attendait un siège sans accoudoirs.

Différentes questions me furent posées, par différents intervenants, questions auxquelles je répondis franchement, et sans complaisance.

A la fin de cette curieuse audition, je fus congédié, et la même personne qui m’avait accueilli me ramena au rez de chaussée, dans cette salle qui, je l’apprendrai bien plus tard, s’appelle : « La Salle Humide ».

Durant mon trajet de retour, je me sentais perplexe, pris en tenaille entre ma curiosité d’en savoir plus, et tout ce mystérieux cérémonial qui n’était pas, je l’avoue, ma tasse de thé…

Quelques semaines plus tard, Jean me re-contacta, m’annonçant que ma candidature avait été retenue et que je serais « initié » à telle date.

Le terme « initiation » me rebutait à ce point que j’ai failli tout arrêter.

Initié à quoi ? pour apprendre quoi en dehors du monde dit « profane » ?

Mais bon, comme on dit en Languedoc-Roussillon, le vin était tiré, et il n’y avait plus …qu’à le boire …

 

Le jour J, retour à la même adresse, accueil par la même personne, qui me conduisit dans un « cabinet de réflexion » d’à peine plus de 1m x 1m, peint tout en noir, avec une bougie, un crâne humain, du sel, et que sais je encore.
Qu’étais je venu faire en cette galère !?

Au bout d’une demi heure, la même personne revint m’apporter un formulaire, destiné à écrire mon « testament de vie » : patienter à nouveau !
Enfin, eu lieu mon Initiation (toujours les yeux bandés) selon tout un cérémonial centré sur différents « voyages » symbolisant le Feu, l’Eau, La Terre et l’Air ( références bien connues dans les différents signes du Zodiaque…)

Le but de l’Initiation était de me faire passer du statut de Profane au stade de Franc Maçon, par le cérémonial qui m’apporterait « La Lumière ».

Je vous passe les détails du cérémonial, qui, en fin de course, aboutit à ce que l’on enlève le bandeau, vous permettant de découvrir…vos Frères.

Vous dire que je n’y ai ressenti aucune émotion, serait un gros mensonge….

 

Mais devenir Franc Maçon commence par être Apprenti.

En fin d’initiation, je reçus un petit tablier blanc, une paire de gants, blancs, et une rose, destinée à ma compagne de cœur.

Je découvris que le « Temple » était organisé selon les quatre points cardinaux Orient (Est) , Occident (Ouest) , Nord et Sud.

L’accès au Temple se fait par l’Occident (La porte, symbolisée par des colonnes)

A l’Orient officient le Vénérable Maître (le chef élu) le Secrétaire et l’Orateur, sur une estrade.

Au Nord siègent les Apprentis et le Second Surveillant (chargé de leur formation)
Au Sud siègent les Compagnons et le Premier Surveillant (chargé de leur formation)

Les Maîtres, eux, s’installent au Nord ou Sud, comme ils le souhaitent et selon les places disponibles.

En son milieu, côté Oriental, un ensemble de carrelages noir et blanc rappelant le jeu de dames, et  constituant le « Pavé Mosaïque »

Lorsqu’il y a une Tenue (réunion) , les Frères sont introduits dans le temple, par le Maître de Cérémonie, et selon l’ordre croissant de leur grade :

D’abord les Apprentis, puis les Compagnons, puis les Maîtres, puis le Collège des Officiers, suivi par le Vénérable Maître et d’éventuels  invités de Haut Rang Maçonnique.
Quel qu’ils soient, les Frères circulent dans le sens des aiguilles d’une montre, en ayant soin de ne jamais fouler le « Pavé Mosaïque »
Être apprenti suppose que

Durant les quelque 16 mois de mon statut d’apprenti réduit au silence, j’observai avec grande acuité, les modes de fonctionnement de notre Atelier (Loge).
A l’ouverture des Travaux, l’Orateur rappelle les principes constitutifs de notre Ordre, repris dans l’article 1 de la Constitution du GODF, rappelant que, je cite :

« La Franc Maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité, elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience.
Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclusif de l’appréciation individuelle de ses membres, elle se refuse à toute affirmation dogmatique. Elle a pour devise Liberté-Egalité-Fraternité »

A force de l’entendre tous les 15 jours, je connaissais cet article par cœur, et il n’éveillait en soi, rien de négatif à mes yeux, étant donné qu’il s’agissait que de grands principes auxquels j’adhérais dans leur ensemble.

 

Par la suite, j’eus droit à des « augmentations de salaire », comprenez par là l’élévation au grade de Compagnon d’abord, et de Maître, ensuite.
Tout ou presque, en Franc Maçonnerie est symboles et rituels :

Les trois grades de base font référence aux bâtisseurs du moyen âge, appelée « La Maçonnerie Opérative » alors que la Franc Maçonnerie est dite « Spéculative ».

 

L’Apprenti apprend à tailler la pierre brute à l’aide du ciseau et du maillet.

Il est pour cela revêtu d’un tablier dont la bavette est relevée, de sorte de le protéger contre les éclats supposés de la pierre, et de gants blancs.
Le Compagnon a pour tâche de polir la pierre brute et de veiller à sa rectitude : il utilise pour cela, essentiellement la règle et l’équerre.
Comme il ne risque plus la projection d’éclats, la bavette de son tablier est rabattue,
mais dispose toujours de gants.
Le Maître veille à ce que les pierres ainsi créées s’inscrivent parfaitement dans la Construction, utilisant pour cela divers instruments tels le niveau et le compas.
Ses « décors » sont constitués d’un tablier plus sophistiqué et d’un cordon transversal rappelant celui des Maires.

Chemin faisant, je m’aperçus que les Tenues auxquelles je participais s’appelait
« La loge Bleue » à laquelle se superposait d’autres Loges appelées « Ateliers Supérieurs ou de Perfectionnement » dont faisaient partie la plupart des membres du
« Collège des Officiers »
Le temps de m’y retrouver dans ce lexique opaque, je m’aperçus au fil du temps que ces mêmes Ateliers Supérieurs, constituaient un véritable organe de pouvoir au sein de la Loge,  uns sorte d’État dans l’État des Loges Maçonnique.

Une sorte de microcosme qui oriente ou prend ses décisions, sans jamais en rendre compte de manière limpide à la modeste « Loge Bleue ».

Chaque année, en Juin, ont lieu les élections du nouveau Collège des Officiers, pour l’année Maçonnique suivante, sachant que les « usages » veulent qu’aucun Officier ne peut rester à son poste plus de trois ans, mais doit être réélu chaque année intermédiaire…
Le Collège des Officiers est constitué de :

Ces élections, sensées être démocratiques, ne le sont pas tant que cela, car déjà toute préparées par le Collège des Officiers sortant (où les principaux d’entre eux dans l’ordre hiérarchique)

J’eus sans doute l’impertinence de relever certains dysfonctionnements, manipulations ou mensonges,  preuves à l’appui… : cela fit un grand « plouf » dans la Loge Bleue au sein de laquelle je l’exprimai.

En « Salle Humide » après la tenue, l’un ou l’autre Frère me disait : « j’ai apprécié ton intervention » : c’est gentil mais cela ne change rien au fait que de manière habituelle, une majorité de Frères font figures de …figurants, ou en tout cas ne se « mouillent pas » dès qu’il s’agit de relever de quelconques contradictions entre les grands principes et leur application sur le terrain.

Je n’ai jamais recherché aucune forme de pouvoir : quel pouvoir ? par rapport à qui ? pour quelle motivation ?
Par contre, j’ai toujours été rebelle à toutes formes de manipulations des pouvoirs en place, quels qu’ils soient.

Cela on le connaît déjà par trop, dans « la vie Profane ».

Si l’on retrouve la même chose en Franc Maçonnerie…
Si l’on y retrouve les mêmes nébuleuses hiérarchiques souterraines,
Si l’on y cultive les mêmes principes du non dit, du silence et des clans intérieurs,

A quoi bon ?

 

Il faut également savoir que la notion d’argent n’est pas étrangère au fonctionnement des Obédiences, en effet.

La « Capitation » autrement dit la cotisation annuelle obligatoire pour tous les Frères était en 2010 de 235€ dont 80% retourne à l’Obédience (Paris) et le solde étant consacré à de divers frais de fonctionnement de la Loge locale.
Le GODF gère via de quelconques sociétés connexes, un parc immobilier de bâtiments la plupart du temps conçus à usage de « Temple » et mis à disposition moyennant redevance, à diverses loges appartenant au Grand Orient de France, ou autres Obédiences sœurs voir concurrentes.

Mais bon, rien d’exceptionnel en cela.
Il n’empêche que toutes les Loges, quelles qu’elles soient ont intérêts à garder un nombre suffisant d’adhérents pour faire face à leurs charges.

C’est ainsi par exemple que tout Frère désirant « prendre du recul » quelles qu’en soient les raisons, peut demander d’être mis « en sommeil » , c’est-à-dire qu’il ne participe provisoirement plus aux Tenues, mais continue à payer ses Capitations.

Tel ne fut pas mon choix.

J’ai donc décidé de tirer ma révérence, pour l’unique raison que je ne retrouvais plus les raisons philosophiques et morales essentielles pour lesquelles j’y étais entré.


Mes réflexions, mes doutes, mes questions…

 

  Les conclusions de cet article :

Que la Franc Maçonnerie soit une organisation « secrète » est une évidence, même si certains la considèrent comme uniquement « discrète ».

C’est jouer sur les mots, au vu de son opacité, qui demeure même lorsque l’on en fait partie.

 

Liens

Si vous le souhaitez, vous trouverez sur Internet, des centaines de liens allant de l’éloge, passant par la critique jusqu’à l’abject….

Je vous en propose un seul ayant trait au vocabulaire Maçonnique : pour l’approcher, voir même pour comprendre certains passage de mon article, cliquez ici

 

Il y a sur Internet de nombreux sites ou blogs traitant de ce sujet à des titres divers.
Il est très rare que vous puissiez laisser librement un commentaire…
Ce n’est pas le cas ici : dites ce que vous pensez ou posez vos questions.

La démocratie, c’est aussi et surtout pouvoir s’exprimer librement…
de sorte que… « la parole circule »….

4 décembre 2010

 

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SOURCE  : http://veillecitoyennelibre.over-blog.com/article-etre-franc-macon-ou-ne-plus-l-etre-62323975.html

VEILLE CITOYENNE LIBRE  – BLOG D’EDDY DELHAYE

 

Propriétés du nombre 33 11 décembre, 2022

Posté par hiram3330 dans : Chaine d'union,Recherches & Reflexions , ajouter un commentaire

Propriétés du nombre 33

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Symbolisme

Bible

Général

Guématrie

Occurrence

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Merci mon F:. Roger pour ce partage

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